L'origine et la nature de la parole Flashcards
De la nature, Lucrèce
Origine de la parole peut sembler naturelle
▪ En considérant les organes de la parole : les variations de sons reposent sur les modifications naturelles de l’organe
↳ homme n’aurait pu émettre les sons variés de la langue si les autres n’avaient su le faire simultanément
▪ Analogie avec le monde animal : l’usage d’un organe ou d’un attribut ne précède pas son existence mais son achèvement (état juvénile - nata → état de maturité - extent)
Veau et la pousse de ses cornes, lionceaux dotés de débuts de dents et griffes, ailes tremblantes des oisillons
↳ sentiment de l’usage postérieur à l’apparition de l’organe
▪ Par ce résultat, Lucrèce montre que la parole n’est pas le fruit de conventions :
« Croire qu’alors un homme a nommé chaque chose, que dès lors les humains surent les premiers mots, c’est folie», De la nature
▪ Causes primitives de la langue seraient naturelles :
∙ Sous l’effet des sentiments, la nature pousse à une modulation de la voix (commun aux hommes et animaux)
∙ Sous l’effet du besoin (utilitas), la nature pousse à exprimer les noms pour désigner les choses
⇒ L’homme invente la finalité de la parole, mais la nature le fait parler
Le langage. Introduction à l’étude de la parole, E. Sapir
Processus d’acquisition de la parole est très spécifique
▪ Le sens commun présente la parole comme innée est naturelle
↳ Pourtant, une étude approfondie du processus d’acquisition de la parole remet en cause cette caractérisation
▪ La parole ne vient pas comme la marche ou la respiration
▪ Comparaison avec les processus d’acquisition de la parole ou de la marche :
∙ Marche : culture n’est pas un facteur décisif ; individu équipé individuellement (hérédité biologique) pour concrétiser les adaptations qui aboutissent à la marche - marche inhérente à l’être humain
∙ Langage : modèle différent, ne se conforme pas à ce dernier
▪ Sapir : l’homme est destiné à parler, car il né dans une société certaine de lui inculquer ses propres traditions
« Eliminez la société et il y a toute raison de croire qu’il apprendra quand même à marcher, en supposant qu’il survive. Mais il est tout aussi certain qu’il n’apprendra jamais à parler, c’est-à-dire à communiquer ses idées selon le système traditionnel d’une société particulière »
Biffures, M. Leiris
La parole semble être une faculté acquise
▪ La parole se développerait chez l’humain pendant l’enfance, au contact des semblables qui en sont déjà dotés
▪ Biffures : description de l’acquisition de la parole comme un lien entre une période pré/post langage dans l’enfance
↳ révélation symbolique : chute d’un jouet qui ne se casse pas. Le petit Leiris, heureux, s’écrie « …reusement »
mais il est corrigé par un adulte : « L’on ne dit pas « …reusement » mais « heureusement » »
▪ La rectification polarise d’une part le monde de la règle et du langage commun, et d’autre part le monde de l’enfance, du jeu, et du langage propre
« De chose propre à moi, [le langage] devient chose commune et ouverte. […] tissu arachnéen de mes rapports avec les autres, [qui] me dépasse, en poussant de tous côtés ses antennes mystérieuses »
▪ Acquisition de la parole ≈ seconde naissance : moi séparé de lui-même par une confrontation au monde extérieur (≠ langage propre de l’enfance, qui permet un repli sur soi)
Problèmes de linguistique générale, E. Benveniste
La parole apparaît comme faculté qui sépare l’homme de l’animal
▪ L’animal émet un signal en réaction à un stimulus, à une situation particulière ou une action inopinée. Le signal ne nécessite pas d’articulation
▪ La parole humaine est nécessairement articulée, ne répond pas à un choc et renvoie à une idéalité (fruit de l’esprit, et notion imaginée qui se distingue du réel)
▪ La différence repose sur la distinction signal/symbole. L’animal est capable de signal mais non de symbole
▪ La parole est représentative, elle présuppose la pensée, ainsi elle se distingue de la communication animale
Cours de linguistique générale, F. Saussure
La parole semble être l’expression d’un système
▪ La parole correspond à l’usage de la langue, assimilable à un ensemble d’éléments indépendants
▪ Le signe linguistique est arbitraire. Il est composé du signifiant (le son) et du signifié (le contenu sémantique) qui forment ainsi une particularité de la langue
▪ D’une langue à l’autre, le signifié diffère du signifiant et n’a pas les mêmes liens (opposition, proximité) avec d’autres concepts, voire est absent
↳ Les concepts employés par les langues n’expriment pas une réalité ou une notion préexistante : mots et catégories grammaticales n’ont pas toujours de correspondance
▪ Langage : faculté humaine servant à s’exprimer de façon générale au moyen de signes. Celle-ci se construit à partir de liens (oppositions, distinctions, etc.) entre les signes
Structures syntaxiques, N. Chomsky
La parole peut apparaître comme l’expression d’une fonction universelle
▪ À sa venue au monde, l’enfant est immergé dans la langue qu’il doit apprendre (les signes et mots se combinent en phrase, l’ensemble a une signification)
▪ Avant tout apprentissage formel (grammaire, etc.), l’enfant s’exprime en phrases correctes, sans pour autant les avoir déjà entendues
↳ Individus disposent de principes innées quant à l’expression et l’utilisation de la langue
▪ Chomsky : faculté énoncée résulte de l’existence d’une « grammaire universelle » dans nos cerveaux, en accord avec la structure fondamentale de sa langue. Universalité car repose sur des principes syntaxiques communs à toutes les langues
↳ Enfant comprend toutes les langues en appréhendant leur structure, repère la validité d’une phrase avant de l’énoncer