LA LIBRE CIRCULATION DES MARCHANDISES Flashcards
Définition LCDM
Régime juridique dans lequel la circulation des biens ne rencontre pas, à l’importation comme à l’exportation, d’entraves juridiques érigés par les Etats membres = suppression des barrières tarifaires et non tarifaires dans les échanges transfrontaliers.
La LCDM suppose la mise en place d’une union douanière.
Union douanière
Définition : «l’interdiction entre les Etats membres des droits de douane, à l’exportation et importation et de toute taxe équivalente ainsi que l’adoption d’un tarif douanier commun dans leurs relations avec les pays tiers» (art 28§1 TFUE).
-> les Etats membres abandonnent l’essentiel de leur souveraineté douanière, ils ne peuvent plus imposer leurs propres droits de douane dans l’Union ou à l’extérieur de l’Union.
Ainsi l’union douanière a deux aspects :
- externe
- interne
Aspect externe de l’Union douanière
l’Union douanière repose sur la mise en place d’une politique commerciale commune -> tarif douanier commun = tarif commun à toutes les frontières extérieures de l’UE pour un même type de marchandises.
Objectif : libéralisation des échanges avec les Etats tiers (règlement 2015/478 + 2015/479).
MAIS l’UE peut protéger le territoire douanier européen par la mise en place de mesure de défense commerciale pour préserver la concurrence loyale entre les entreprises européennes et les Etats tiers (= augmentation des droits de douane ou empêcher l’accès de la marchandise au marché européen).
Aspect interne de l’Union douanière
C’est l’aspect interne de l’union douanière qui est le + important = les échanges entre les Etats membres. L’Union douanière entre les Etats membres repose sur le principe de libre circulation des marchandises (LCDM) = interdiction de toutes les barrières nationales, tarifaires, mais également non tarifaires.
Condition d’application de la LCDM
La LCDM interdit les barrières tarifaires et non tarifaires sur l’importation et l’exportation de marchandises européennes.
Il faut donc :
- une marchandise,
- qui soit européenne
Notion de marchandise
Définition : CJUE Commission/Italie,10 décembre 1968 : tout produit appréciable en argent et susceptible de faire l’objet de transactions commerciales. -> notion large qui englobe les biens dans leur sens large (culturels, déchets, électricité..)
Critère = un produit. C’est à dire que le bien doit posséder une MATÉRIALITÉ, ne suffit pas qu’il fasse l’objet de transaction commerciale (Arrêt JägerSkiold).
Mais tous les biens susceptibles de transactions commerciales ne sont pas des marchandises : c’est le cas des produits hors commerce = dont la commercialisation est illicite en raison de leur nature. Appréciation souveraine du juge européen quant au caractère illicite (≠ tolérance étatique).
D’autres biens sont des marchandises mais leur nature autorise une limitation de la LCDM : produits liés à La Défense (arrêt Commission c/Finlande, 15 décembre 1995) peuvent faire l’objet de mesures ≠ LCDM si nécessaires pour protéger les interêts essentiels de l’Etat.
Libre circulation des marchandises / libre circulation des services
2 situations pour déterminer si c’est la LCDM ou la LCDS qui s’applique en présence d’une marchandise :
- Situation où une marchandise et un service sont en même temps en cause : théorie de l’accessoire la Cour cherche à déterminer si le produit n’est qu’un outil qui permet d’effectuer le service (= LCDS) OU si le service est un instrument de la fourniture du produit. (= LCDM). PAS de LCDM si le produit n’est pas détachable de l’activité principe (service) - Arrêt Schindler, 14 mars 1994.
- CJUE, Arrêt Canal Satellite et digital SL, 22 janvier 2002 : la Cour juge que la marchandise est indispensable au service et le service est indispensable à la marchandise. DONC la Cour fait une application globale des dispositions relatives à la LCDM et à la LCDS. Elle ne choisit pas si la mesure a pour objet une marchandise ou un service, elle se passe de la qualification d’obstacle à la LCDM ou à la LCDS.
Le caractère européen de la marchandise
Art 28 al 2 TFUE : principe de LCDM s’applique uniquement aux «produits qui sont originaires des Etats membres ainsi qu’aux produits en provenance de pays tiers qui se trouvent en libre pratique dans les Etats membres». DONC 2 types de marchandise qui bénéficient de la LCDM :
- Les marchandises origine européenne
- Les marchandise mises en pratique dans l’UE
Les marchandises d’origine européenne
Critère = l’Etat d’œuvre de création de la marchandise. Si l’œuvre de création a été réalisée dans l’UE, la marchandise est européenne. Pour le déterminer, le code des douanes de l’Union (CDU) distingue selon :
- participation d’un seul Etat à l’œuvre de création
- participation de plusieurs Etats à l’œuvre de création
Le caractère européen de la marchandise en cas de participation par un seul Etat à l’œuvre de création
Dans ce cas, la marchandise est originaire de ce seul pays (art 60 §1). S’il s’agit d’un pays européen, la marchandise est européenne.
Participation de plusieurs Etats à la création du produit
2 critères :
- critère principal : lieu de la dernière transformation substantielle du produit
- critères subsidiaires :
Critère principal
Art 60 §2 : l’origine correspond au pays où le produit a subi sa dernière transformation substantiel et ayant abouti à la fabrication d’un produit nouveau. Dernière transformation substantielle = produit qui résulte de l’œuvre présente des propriétés et une composition spécifique propre qu’il ne possédait pas avant cette transformation (CJUE, arrêt HEKO, 10 décembre 2009. ).
Il faut une modification de la SUBSTANCE (≠ présentation).
Critères subsidiaires
En cas de doute sur l’Etat dans lequel la dernière transformation substantielle a eu lieu, 2 critères subsidiaires :
- La valeur ajoutée (Arrêt Thomson, 8 mars 2007) : la Cour considère que l’origine européenne peut être identifié avec l’Etat de montage, si ce montage donne 45% de valeur ajoutée.
- Le changement de position tarifaire : à la suite d’une transformation, le produit peut changer de position tarifaire (sur le TDC), ce qui est un indice du caractère substantiel de la transformation (peut être un indice).
Les marchandises mises en libre pratique
Notion (art 29 TFUE) : mécanisme d’assimilation de marchandises en provenance d’Etats tiers à des marchandises européennes. 2 conditions :
- le dédouanement auprès d’un Etat membre qui applique les règles européennes en vigueur : pendant le dédouanement, l’autorité nationale détermine la position tarifaire du produit (TDC) en fonction de son USAGE + identifie l’origine du produit -> l’Etat tiers paie un droit de douane pour que sa marchandise soit assimilée à une marchandise européenne et bénéficie de la LCDM.
- L’absence de remboursement par cet Etat des droits de douane qu’auraient payé les importateurs : une fois que le TDC est payé, la marchandise de l’Etat tiers peut circuler librement dans l’UE, à condition de ne pas s’être faite rembourser d’une manière ou d’une autre le TDC payé.
Conséquences : la marchandise est assimilée de manière définitive à une marchandise européenne, aucun Etat membre ne peut demander des droits de douane ou des taxes d’effet équivalent.
L’interdiction des barrières TARIFAIRES
2 sortes de barrières tarifaires nationales :
- les entraves douanières (art 28-30 TFUE) : droits de douane + TEE -> concernent les obstacles au commerce entre les États membres de l’UE ou avec des pays tiers. elles sont interdites en elles-mêmes par le traité de manière inconditionnelle et sans aucune possibilité de dérogation (interdiction par nature). La CJUE considère que l’élimination des entraves douanières = principe fondamental pour la LCDM -> interdiction absolue.
- Les impositions intérieures discriminatoires (art 110 TFUE) : elles portent sur des pratiques discriminatoires à l’intérieur d’un État membre et sont prohibées uniquement si on établit leur effet discriminatoire ou protectionniste -> interdiction conditionnée.
La suppression des droits de douane et taxes d’effet équivalent (TEE)
L’interdiction des entraves douanières comprend :
- les droits de douane
- les TEE
Les droits de douane
Définition : charge pécuniaire qui frappe les marchandises au passage d’une frontière et qui sont inscrites dans un tarif douanier prédéterminé («droits de douane sur l’alcool, le tabac…).
-> Ils sont autorisés aux frontières extérieures MAIS sont interdits entre les Etats membres, à l’importation (pour les Etats qui apportent des marchandises d’un autre pays) comme à l’exportation (pour les Etats qui veulent exporter des marchandises hors de leur pays).
-> disparition TOTALE des droits de d’aune depuis le 1er Juliet 1968
Les TEE (définition)
Les TEE sont aussi visées par l’interdiction, et elles existent toujours (≠ droits de douane) -> ce sont des mesures tarifaires déguisées sous une appellation différente, mais qui aboutissent au même résultat que le droit de douane (= augmenter le coût de la marchandise exportée/importée). CJUE, Commission C/Italie, 1er juillet 1969.
Les TEE (critères)
CJUE, Commission C/Italie, 1er juillet 1969 : 2 conditions :
- une charge pécuniaire
- un franchissement de frontière
Une charge pécuniaire
- indifférence du montant
- prélèvement relevant d’une autorité nationale publique : soit unilatéralement (arrêt Ligur Carni),, soit par des conventions privées (afaire Garonor) = prélèvement qui est le résultat de l’attribution à une entreprise privée d’une mission qu’aurait dû exercer gratuitement l’Etat.
Un franchissement de frontières
C’est le critère essentiel de qualification de TEE -> une TEE = somme d’argent dont le seul fait générateur est le franchissement d’une frontière :
- à l’importation (à l’entrée du territoire national) comme à l’exportation (à la sortie du territoire national)
- prélèvement EN RASION du franchissement de frontière
- frontières nationales et régionales : la LCDM s’applique à l’ensemble des frontières intérieures à l’UE, qu’elles soient nationales, régionales ou communales (CJUE, Cargoneti, 9 septembre 2004).
Les prélèvements qui ne sont pas des TEE interdites
2 prélèvements ne sont pas des TEE :
- les taxes constituant la rémunération d’un service rendu
- les impositions intérieures