Introduction à l'éthique Flashcards
Qu’est-ce que l’éthique?
- discours rationnel sur l’agir humain
- prendre les meilleures décisions et poser les meilleures actions possibles (sur la base des meilleures justifications possibles)
Dans le cours, on va parler d’éthique médicale et clinique (donc l’éthique dans la pratique médicale et dans les décisions de soins)
Qu’est-ce qu’un discours rationnel?
– Savoir clarifier, distinguer et expliciter les concepts et les enjeux
– Pouvoir donner des arguments valides et valables aux décisions et aux actions
Est-ce que le discours rationnel peut être modulé par son expérience et ses mentors?
Oui, cela n’empêche pas d’avoir de bonnes intuitions, de puiser dans son expérience ou de se modeler sur nos mentors
– Mais implique d’être critique, exigeant
– Et aussi de bonne foi et ouvert à adapter sa position si nécessaire
– Chercher à bien raisonner plutôt qu’à avoir raison
Quel est l’objectif d’un discours rationnel?
C’est de s’approprier réellement une réflexion et de pouvoir assumer une position authentique.
– Dépasser ses propres préjugés et a priori et la tendance à s’y conforter
– Dépasser les arguments historiques, populaires, d’autorité et autres rationalisations
– Se confronter aux meilleurs arguments possibles pour ou contre une position, décision ou action en clinique
Quels sont les rôles des cadres légal et déontologique dans un discours rationnel?
– Balisent la pratique et circonscrivent les options
– Éthique sous-jacente est certainement souvent valide…
* Ou pas, on ne peut que le préjuger si on ne s’approprie pas une réflexion authentique
–> Il est donc bien important de les connaitre!
Est-ce que les discours rationnels sont fixés dans le temps?
Non, c’est qqch de dynamique :
* Tensions saines entre la tradition, l’évolution de la société, la raison, la majorité, etc.
Quels sont les buts d’un discours rationnel?
- Il faut se demander quelle est la chose à faire éthiquement (serait-elle aussi la chose à faire légalement ou déontologiquement, et inversement)
- Il permet aussi de résoudre quand il y a plus qu’une option recevable légalement ou déontologiquement
Comment est-ce que le discours rationnel peut intervenir dans la science?
- Il peut agit comme trousse de secours quand la science de dit pas quoi faire.
- En fait, un des gros problèmes de la médecine, c’est de déterminer ce qu’elle doit faire ou non des tous les moyens dont elle dispose (c’est l’objectif de la bioéthique au sens large)
Est-ce que les sciences biomédicales peuvent, à elles seules, déterminer les bonnes actions?
Non, elles ne déterminent que les moyens pour réaliser certaines fins, elles n’éclairent que les enjeux…
–> Elles ne font pas, seules, le bon médecin.
Qu’est-ce qui fait un bon médecin?
- Il est important de déterminer quels moyens sont les mieux adaptés, proportionnés, acceptables pour un individu donné dans des circonstances données
- C’est un exercice chargé de valeurs, de jugements, de subjectivité…
Est-ce que la maladie est la seule chose au centre de la pratique médicale?
NON!
– Il y a aussi une relation d’emblée chargée éthiquement
– Une personne malade, souffrante, vulnérable avec une conscience, un vécu, des contraintes
– Un médecin qui professe compétence et engagement à aider avec une conscience, un vécu, des contraintes
En gros, c’est quoi la médecine?
C’est une pratique axée vers le soin, le soulagement et la guérison :
* Qui cherche les actions justes et bonnes en chaque circonstance et dans toutes les disciplines où elle se décline…
* L’éthique clinique est donc inhérente à une bonne pratique médicale, implicitement ou explicitement
Exemple AMM - comment est-elle considérée légalement au Canada?
- initialement un homicide (meurtre par compassion…)
- Décriminalisé suite à un jugement de la Cour Suprême et changement du code criminel par la suite
- L’argument a été fait notamment sur la base de la Charte des droits et libertés…
Exemple AMM - comment est-elle considérée légalement au Québec?
- considérée comme un soin
- Suite à une consultation et une législation (qui ont précédé la décriminalisation)
– Pour les majeurs aptes, couverts par la RAMQ, souffrance physique ou psychologique intolérable, mort prévisible… - C’est en mouvement, à coup de contestations judiciaires
– Mineurs, patients inaptes, directives anticipées, conditions non terminales - Présence d’un droit à l’objection pour motif personnel et une obligation de référer pour les médecins
– Mais qui voudrait et pourquoi voudrait-on s’objecter ?
Exemple AMM - comment est-elle considérée déontologiquement?
– Collège des Médecins du Québec a adapté le code de déontologie suivant l’évolution du cadre légal :
* Propose un guide pour que « tout se passe bien » à l’intérieur de ce cadre
* Ne propose pas de cadre de réflexion particulier pour que ses membres se fassent leur idée…
* Ne dit pas pourquoi on pourrait vouloir ou non s’objecter, sinon que pour des motifs personnels…
Exemple AMM - comment est-elle considérée éthiquement?
– Dire que l’AMM est une pratique médicale bien fondée parce que les cadres légal et déontologique l’autorisent n’est pas exactement un raisonnement (circulaire, comme dire qu’auparavant c’était mal parce que c’était interdit… et que maintenant c’est bien parce que c‘est permis…)
– Vide de raisonnement qui ne préjuge en rien qu’éthiquement l’AMM telle que proposée soit généralement une bonne chose ou non, ou qu’un médecin devrait l’endosser ou s’y objecter dans sa pratique…
Exemple AMM - comment peut-on pousser la réflexion plus loin pour se faire une opinion?
– Il faut tenter de constituer une vraie réflexion :
* Clarifier et expliciter les enjeux et les concepts (cerner de quoi il est question)
* Examiner les meilleurs arguments en présence (pour et contre)
* Spécifier les enjeux autant que nécessaire
– Et espérer ainsi pouvoir assumer une position réfléchie et authentique qui guidera sa pratique
* Et être éventuellement à l’aise, en conscience, autant de prodiguer l’AMM, que de décliner toute participation dans sa pratique, ou toute autre position intermédiaire
Exemple AMM - quelle forme pourrait prendre une amorce de réflexion éthique sur l’AMM?
– D’abord s’entendre sur ce dont il s’agit :
* Au minimum, c’est un geste (une injection) qui précipite la mort… –> Et fait par un médecin, car ce n’est pas le patient qui s’injecte… pas un suicide au sens strict
* Et il faut ajouter volontairement –> Pas par erreur ou accidentellement, mais bien avec l’intention en agissant de causer la mort
Exemple AMM - qu’est-ce qu’on veut dire par «aide»?
– Dans un suicide assisté, la notion d’aide ferait du sens…
* En rendant disponible un poison que le patient prendrait ensuite lui-même par exemple
– Mais quand le médecin injecte lui-même un cocktail mortel, le mot aider est problématique
* Mais à chacun de juger…
- Pourquoi pas « euthanasie » comme avant qui consiste à donner une « bonne mort »
- Ou reconnaître simplement, pour un médecin, qu’il s’agit :
– De précipiter ou provoquer la mort d’un patient souffrant qui en fait la demande
* À l’intérieur d’un cadre légal qui l’autorise
* Avec des moyens techniques propres et efficaces
Exemple AMM - quelle est l’intention derrière cette pratique?
Est-elle de faire mourir ou de soulager…
- Il faudrait être certain
- Au Québec, légalement, l’AMM est un soin, mais éthiquement, est-ce que cela se tient?
Exemple AMM - est-ce qu’une mort est davantage l’objet de souffrance ou de soulagement?
- Un mort ne peut être davantage l’object de souffrance que de soulagement.
- C’est précisément l’impossibilité de soulager la souffrance (et particulièrement le sentiment de dépendance, de dégradation et d’indignité) qui souvent fait demander la mort…
- S’il y a soulagement, c’est par analogie
Exemple AMM - si elle ne soulage, guérit et rétablit rien, peut-on vraiment dire que c’est un soin?
– Alors dire de l’AMM que c’est un soin pourrait être éthiquement problématique, même si légalement, au Québec, c’est comme ça…
* À chacun d’en juger…
– L‘AMM est certainement une réponse à l‘option de ne plus exister, et qui actuellement sollicite la profession médicale et son expertise pour recevoir les demandes et donner suite à celles qui respectent les balises et cautions applicables
Exemple AMM - comment peut-on la justifier?
il faut surtout se demander si cela nous apparaît légitime :
– Qu’une personne qui juge sa situation inacceptable puisse demander à être euthanasiée
– Sous supervision et par une intervention médicale, de façon propre et efficace
– Et si oui dans quels cas ou non, etc.
- Et on peut être d’avis
(ou non) qu’une société dans laquelle il y a une pluralité d’opinions sur la question devrait permettre ce choix
– Pas tant parce qu’une majorité le souhaiterait (argument populaire), que parce qu’une partie des gens, majoritaire ou non, le souhaite…
– Ce qui n’implique pas une obligation pour un médecin d’être d’accord ou de procéder contre sa conscience personnelle ou professionnelle
– La provocation de la mort est un interdit qui remonte à Hippocrate…
Exemple AMM : en tant que médecin, que faut-il se demander?
– Est-ce que donner suite à une demande d’AMM serait éthiquement recevable pour vous comme médecin traitant
– Ou comme exécutant seulement, via une pratique euthanasique circonscrite et distincte des soins
– Ou d’aucune façon, ou seulement dans certaines situations et pas dans d’autres…
–> Et ainsi à chaque étape, vous approprier une réflexion et développer une opinion authentique, réfléchie, et digne de respect et de considération