II. Diversité des acteurs internationaux Flashcards
De quoi s’inspire le paradigme réaliste?
Il s’inspire d’un ensemble de propositions énoncées au cours de l’âge classique par Hobbes, nous l’avons vu, mais aussi par Machiavel, et, plus en amont, durant l’Antiquité grecque, par Thucydide (Histoire de la guerre du Péloponnèse).
Qui est, pour les réalistes, l’auteur canonique par excellence?
Hobbes
Qu’est-ce que l’anarchie pour les réalistes?
L’état de guerre hobbesien dans lequel se trouvent les États. En effet, ceux-ci jouissent des attributs de la souveraineté, par le fait de n’être soumis à aucun supérieur commun. Ils ont acquis le statut de sujets non seulement autonomes mais dotés d’une personnalité historique, ils sont juges de leur propre cause et libres de se faire justice, et ils convoitent les mêmes ressources rares.
Pour les réalistes, l’État est le principal acteur de la scène internationale. Quel est le corollaire de la souveraineté étatique?
Le corollaire de la souveraineté étatique est que les relations internationales ont pour caractéristique première leur faible niveau d’intégration institutionnelle.
En définitive, les normes juridiques et les institutions s’avèrent fragiles, car les États interprètent à leur guise les obligations qu’elles imposent ; ils les transgressent volontiers en invoquant la défense de leurs « intérêts nationaux ».
Il n’existe pas de pouvoir supérieur capable d’instaurer et maintenir un ordre politique en imposant son arbitrage dans les conflits entre États ; aucune autorité n’est en mesure de produire un ensemble de lois universellement reconnues. Il n’y a pas de cour internationale habilitée à juger de manière systématique et cohérente l’ensemble des différends étatiques.
Dans Paix et guerre entre les nations, Aron énonce le trait spécifique des relations internationales. Quel est-il?
L’absence d’une instance qui détienne le monopole de la violence légitime.
Pourquoi dit-on que l’ONU, comme la SDN, a échoué à instaurer un ordre international pacifique?
Créée après la Première guerre mondiale, la Société des Nations a ultimement échoué. Les gouvernements fascistes ont invoqué toutes sortes de prétextes fallacieux pour défendre leurs politiques expansionnistes.
En 1945, l’ONU devient le symbole des efforts des États pour instaurer un ordre international pacifique, fondé sur le respect de la justice et du droit. En fait, les membres de cette institution n’ont pas eu la volonté ni les moyens de mettre en œuvre les principes énoncés dans la Charte.
Depuis sa création, l’ONU n’a pas constitué un véritable obstacle à la guerre, sa capacité de mobiliser des sanctions contre les agresseurs ayant presque toujours été défaillante. D’autre part, ce sont les grandes puissances qui définissent les conditions de la sécurité internationale et s’arrogent une bonne marge de manœuvre dans l’interprétation des principes de la Charte des Nations unies.
Qui a affirmé que « le droit et la morale dans les rapports interétatiques ne constituent qu’une rationalisation dissimulée des intérêts des puissances dominantes » ?
Les réalistes en général, et notamment Carr. Cependant, ils partagent ce point de vue avec les marxistes.
Quel est le principe du sauve-qui-peut (self-help)?
Le corollaire du postulat d’anarchie est que les États sont contraints d’assurer leur propre survie. C’est le principe du sauve-qui-peut (self-help).
La très grande majorité des gouvernements entretiennent des forces armées, et ceux qui y renoncent – le Costa Rica est un exemple rare – doivent nécessairement confier leur défense à la protection d’une puissance hégémonique.
Suivant leur position et leur statut, ils participent à des systèmes d’alliances politiques et militaires, ou tentent d’assurer par eux-mêmes leur indépendance.
Qu’est-ce qui permettrait d’éviter l’anarchie?
Il faudrait une autorité supranationale, capable d’arbitrer les conflits entre les États et d’imposer son jugement par la force. Or les réalistes le soulignent à l’unisson : cette paix par l’empire ne serait pas nécessairement moins violente, ni plus juste.
Comment les réalistes expliquent-ils la permanence des crises et des guerres dans les rapports entre les États?
Les gouvernements, selon les réalistes, n’ont d’autre choix que de veiller à la défense de leurs « intérêts nationaux » ; c’est là un objectif rationnel, mais sa poursuite désordonnée par une grande variété d’acteurs étatiques confère aux relations internationales leur dimension conflictuelle, et parfois chaotique.
Pourquoi reproche-t-on aux réalistes l’ambiguïté de la notion d’« intérêt national »?
Affirmer que les gouvernements sont dépositaires d’intérêts nationaux, c’est souligner une évidence ayant finalement peu de valeur heuristique, à savoir qu’ils représentent, à un moment donné, les objectifs défendus par certains groupes politiques, économiques ou sociaux capables de faire passer leurs intérêts spécifiques pour des intérêts généraux.
Elle ne devrait pas être employée au singulier, car elle recouvre des conceptions qui varient au gré des circonstances historiques et politiques, selon la nature des régimes, des idéologies et des élites dirigeantes. Les États ne sont pas des acteurs unitaires, puisqu’ils comprennent en leur sein des partis politiques et des groupes d’intérêt qui n’ont pas les mêmes projets diplomatiques et stratégiques.
Pour quelle raison Aron a-t-il défini les relations internationales comme constituant un champ « diplomatico-stratégique »?
Parce qu’elles mobilisent en permanence le diplomate et le stratège.
Qui a affirmé que « la politique internationale, comme toute politique, est politique de puissance »?
Morgenthau.
Comment les gouvernements cachent-ils leur volonté de puissance?
Les gouvernements s’emploient à occulter cette volonté de puissance en invoquant des idéaux grandioses – la justice, l’égalité, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – ou par des discours de nature essentiellement idéologique.
Aron fait une distinction entre « pouvoir » et « puissance ». Expliquez la différence entre ces deux concepts.
Les relations de pouvoir caractérisent selon lui les différentes formes de commandement interne découlant des institutions. L’action de l’homme d’État n’a pas le même sens selon qu’elle est orientée vers la sphère intérieure ou vers la politique étrangère.
Dans le premier cas, elle découle d’un commandement légitime ou tout au moins tendant à prendre un caractère légal.
Dans le milieu peu structuré de la politique internationale, la lutte pour la puissance prend, selon Aron, des formes différentes des luttes de partis pour la conquête du pouvoir de l’État : l’absence de loi commune, de sanctions internationales, la possibilité de recourir à des moyens non codifiés pour assurer la réalisation d’un objectif confèrent à cette conduite « diplomatico-stratégique » une dimension particulière.
On peut également faire une distinction utile entre le pouvoir qui s’impose par le biais d’un commandement et celui, diffus, qui émane des pratiques sociales courantes. Développez…
L’exemple des contraintes économiques est l’expression de ce type de pouvoir, où l’action d’innombrables individus produit une structure relativement contraignante, qu’il sera difficile de modifier, et dont les effets sociopolitiques peuvent s’avérer importants.
Dans une société fondée sur une division poussée du travail et des fonctions, l’organisation est source d’un pouvoir. Son institutionnalisation signifie que l’obéissance est acquise par l’intériorisation du respect des lois et des contraintes structurelles qui lui sont inhérentes.
L’individu ne peut rien contre le groupe organisé, et la masse est souvent impuissante face à une minorité qui contrôle un ensemble institutionnel cohérent. Les structures sociales, les institutions qui en découlent et qui les renforcent, ont pour effet de limiter le champ des possibles.
Quel auteur s’est efforcé de montrer que la puissance des États-Unis sur la scène internationale était liée au contrôle des structures de sécurité, de la finance, de la production et de la connaissance?
Susan Strange
Certains auteurs, dont Steven Lukes dans son ouvrage Power: a Radical View (1974), ont insisté sur le fait que le pouvoir ne se manifeste pas seulement dans la décision, mais dans la « non-décision » et dans l’agenda politique. Développez…
Le contrôle des symboles, des valeurs idéologiques, des institutions par les tenants du pouvoir peut limiter les choix politiques. Selon cette conception, le pouvoir ne doit pas être confondu avec son exercice effectif, en particulier avec les processus de prise de décision.
Selon Lukes, dès lors que des acteurs sont en mesure de façonner ou de renforcer des valeurs et des pratiques institutionnelles qui limitent le processus politique aux seuls objets qui les avantagent, ils disposent d’un pouvoir réel.