II. Diversité des acteurs internationaux Flashcards

1
Q

De quoi s’inspire le paradigme réaliste?

A

Il s’inspire d’un ensemble de propositions énoncées au cours de l’âge classique par Hobbes, nous l’avons vu, mais aussi par Machiavel, et, plus en amont, durant l’Antiquité grecque, par Thucydide (Histoire de la guerre du Péloponnèse).

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2
Q

Qui est, pour les réalistes, l’auteur canonique par excellence?

A

Hobbes

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3
Q

Qu’est-ce que l’anarchie pour les réalistes?

A

L’état de guerre hobbesien dans lequel se trouvent les États. En effet, ceux-ci jouissent des attributs de la souveraineté, par le fait de n’être soumis à aucun supérieur commun. Ils ont acquis le statut de sujets non seulement autonomes mais dotés d’une personnalité historique, ils sont juges de leur propre cause et libres de se faire justice, et ils convoitent les mêmes ressources rares.

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4
Q

Pour les réalistes, l’État est le principal acteur de la scène internationale. Quel est le corollaire de la souveraineté étatique?

A

Le corollaire de la souveraineté étatique est que les relations internationales ont pour caractéristique première leur faible niveau d’intégration institutionnelle.

En définitive, les normes juridiques et les institutions s’avèrent fragiles, car les États interprètent à leur guise les obligations qu’elles imposent ; ils les transgressent volontiers en invoquant la défense de leurs « intérêts nationaux ».

Il n’existe pas de pouvoir supérieur capable d’instaurer et maintenir un ordre politique en imposant son arbitrage dans les conflits entre États ; aucune autorité n’est en mesure de produire un ensemble de lois universellement reconnues. Il n’y a pas de cour internationale habilitée à juger de manière systématique et cohérente l’ensemble des différends étatiques.

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5
Q

Dans Paix et guerre entre les nations, Aron énonce le trait spécifique des relations internationales. Quel est-il?

A

L’absence d’une instance qui détienne le monopole de la violence légitime.

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6
Q

Pourquoi dit-on que l’ONU, comme la SDN, a échoué à instaurer un ordre international pacifique?

A

Créée après la Première guerre mondiale, la Société des Nations a ultimement échoué. Les gouvernements fascistes ont invoqué toutes sortes de prétextes fallacieux pour défendre leurs politiques expansionnistes.

En 1945, l’ONU devient le symbole des efforts des États pour instaurer un ordre international pacifique, fondé sur le respect de la justice et du droit. En fait, les membres de cette institution n’ont pas eu la volonté ni les moyens de mettre en œuvre les principes énoncés dans la Charte.

Depuis sa création, l’ONU n’a pas constitué un véritable obstacle à la guerre, sa capacité de mobiliser des sanctions contre les agresseurs ayant presque toujours été défaillante. D’autre part, ce sont les grandes puissances qui définissent les conditions de la sécurité internationale et s’arrogent une bonne marge de manœuvre dans l’interprétation des principes de la Charte des Nations unies.

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7
Q

Qui a affirmé que « le droit et la morale dans les rapports interétatiques ne constituent qu’une rationalisation dissimulée des intérêts des puissances dominantes » ?

A

Les réalistes en général, et notamment Carr. Cependant, ils partagent ce point de vue avec les marxistes.

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8
Q

Quel est le principe du sauve-qui-peut (self-help)?

A

Le corollaire du postulat d’anarchie est que les États sont contraints d’assurer leur propre survie. C’est le principe du sauve-qui-peut (self-help).

La très grande majorité des gouvernements entretiennent des forces armées, et ceux qui y renoncent – le Costa Rica est un exemple rare – doivent nécessairement confier leur défense à la protection d’une puissance hégémonique.

Suivant leur position et leur statut, ils participent à des systèmes d’alliances politiques et militaires, ou tentent d’assurer par eux-mêmes leur indépendance.

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9
Q

Qu’est-ce qui permettrait d’éviter l’anarchie?

A

Il faudrait une autorité supranationale, capable d’arbitrer les conflits entre les États et d’imposer son jugement par la force. Or les réalistes le soulignent à l’unisson : cette paix par l’empire ne serait pas nécessairement moins violente, ni plus juste.

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10
Q

Comment les réalistes expliquent-ils la permanence des crises et des guerres dans les rapports entre les États?

A

Les gouvernements, selon les réalistes, n’ont d’autre choix que de veiller à la défense de leurs « intérêts nationaux » ; c’est là un objectif rationnel, mais sa poursuite désordonnée par une grande variété d’acteurs étatiques confère aux relations internationales leur dimension conflictuelle, et parfois chaotique.

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11
Q

Pourquoi reproche-t-on aux réalistes l’ambiguïté de la notion d’« intérêt national »?

A

Affirmer que les gouvernements sont dépositaires d’intérêts nationaux, c’est souligner une évidence ayant finalement peu de valeur heuristique, à savoir qu’ils représentent, à un moment donné, les objectifs défendus par certains groupes politiques, économiques ou sociaux capables de faire passer leurs intérêts spécifiques pour des intérêts généraux.

Elle ne devrait pas être employée au singulier, car elle recouvre des conceptions qui varient au gré des circonstances historiques et politiques, selon la nature des régimes, des idéologies et des élites dirigeantes. Les États ne sont pas des acteurs unitaires, puisqu’ils comprennent en leur sein des partis politiques et des groupes d’intérêt qui n’ont pas les mêmes projets diplomatiques et stratégiques.

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12
Q

Pour quelle raison Aron a-t-il défini les relations internationales comme constituant un champ « diplomatico-stratégique »?

A

Parce qu’elles mobilisent en permanence le diplomate et le stratège.

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13
Q

Qui a affirmé que « la politique internationale, comme toute politique, est politique de puissance »?

A

Morgenthau.

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14
Q

Comment les gouvernements cachent-ils leur volonté de puissance?

A

Les gouvernements s’emploient à occulter cette volonté de puissance en invoquant des idéaux grandioses – la justice, l’égalité, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – ou par des discours de nature essentiellement idéologique.

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15
Q

Aron fait une distinction entre « pouvoir » et « puissance ». Expliquez la différence entre ces deux concepts.

A

Les relations de pouvoir caractérisent selon lui les différentes formes de commandement interne découlant des institutions. L’action de l’homme d’État n’a pas le même sens selon qu’elle est orientée vers la sphère intérieure ou vers la politique étrangère.

Dans le premier cas, elle découle d’un commandement légitime ou tout au moins tendant à prendre un caractère légal.

Dans le milieu peu structuré de la politique internationale, la lutte pour la puissance prend, selon Aron, des formes différentes des luttes de partis pour la conquête du pouvoir de l’État : l’absence de loi commune, de sanctions internationales, la possibilité de recourir à des moyens non codifiés pour assurer la réalisation d’un objectif confèrent à cette conduite « diplomatico-stratégique » une dimension particulière.

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16
Q

On peut également faire une distinction utile entre le pouvoir qui s’impose par le biais d’un commandement et celui, diffus, qui émane des pratiques sociales courantes. Développez…

A

L’exemple des contraintes économiques est l’expression de ce type de pouvoir, où l’action d’innombrables individus produit une structure relativement contraignante, qu’il sera difficile de modifier, et dont les effets sociopolitiques peuvent s’avérer importants.

Dans une société fondée sur une division poussée du travail et des fonctions, l’organisation est source d’un pouvoir. Son institutionnalisation signifie que l’obéissance est acquise par l’intériorisation du respect des lois et des contraintes structurelles qui lui sont inhérentes.

L’individu ne peut rien contre le groupe organisé, et la masse est souvent impuissante face à une minorité qui contrôle un ensemble institutionnel cohérent. Les structures sociales, les institutions qui en découlent et qui les renforcent, ont pour effet de limiter le champ des possibles.

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17
Q

Quel auteur s’est efforcé de montrer que la puissance des États-Unis sur la scène internationale était liée au contrôle des structures de sécurité, de la finance, de la production et de la connaissance?

A

Susan Strange

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18
Q

Certains auteurs, dont Steven Lukes dans son ouvrage Power: a Radical View (1974), ont insisté sur le fait que le pouvoir ne se manifeste pas seulement dans la décision, mais dans la « non-décision » et dans l’agenda politique. Développez…

A

Le contrôle des symboles, des valeurs idéologiques, des institutions par les tenants du pouvoir peut limiter les choix politiques. Selon cette conception, le pouvoir ne doit pas être confondu avec son exercice effectif, en particulier avec les processus de prise de décision.

Selon Lukes, dès lors que des acteurs sont en mesure de façonner ou de renforcer des valeurs et des pratiques institutionnelles qui limitent le processus politique aux seuls objets qui les avantagent, ils disposent d’un pouvoir réel.

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19
Q

Quels sont les éléments constitutifs de la puissance dans le paradigme réaliste ?

A
  • Morgenthau assimile cette dernière à la capacité d’un gouvernement de contrôler les actions d’autres États ou de les influencer.
  • La puissance découle de trois sources : l’attente d’un bénéfice, la crainte d’un désavantage, le respect pour les hommes et les institutions.
  • Aron a défini la puissance sur la scène internationale comme « la capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités ». Il reconnaît aussi que la puissance politique « n’est pas un absolu mais une relation humaine ».
20
Q

Pourquoi dit-on que la puissance s’inscrit dans une relation dialectique?

A

La politique de puissance s’inscrit dans une relation dialectique entre le commandement et l’obéissance. Ses dimensions psychologiques sont évidentes, puisqu’elles impliquent un affrontement de volontés.

21
Q

Wolfers fait une distinction entre puissance et influence. Quelle est-elle?

A

La puissance est la capacité d’altérer le comportement des autres acteurs par la coercition, alors que l’influence est la possibilité de l’infléchir par la persuasion.

Il admet toutefois un continuum entre ces deux notions qui se recouvrent en partie.

22
Q

Pourquoi dit-on que la puissance ne se résume jamais à la force des armes?

A

Parce que définie en termes strictement militaires, elle ne permet pas d’évaluer les capacités d’un acteur étatique.

Si cette dernière était clairement mesurable, la guerre deviendrait invraisemblable, car son résultat serait constamment prévisible.

La plupart des auteurs réalistes utilisent la notion de puissance dans une acception très large – impliquant des éléments matériels et immatériels :

  • Morgenthau inclut parmi ces éléments constitutifs des réalités telles que les ressources militaires, les capacités industrielles, les matières premières, les avantages géostratégiques, le nombre d’habitants. Il intègre aussi les caractéristiques culturelles, le moral national, les qualités diplomatiques ou gouvernementales.
  • Kenneth Waltz accorde dans ses ouvrages une grande importance aux dimensions militaires de la puissance, mais admet qu’il n’est guère possible de les dissocier des capacités économiques ou des autres ressources politiques que les nations peuvent mobiliser pour s’imposer.
23
Q

Aron fait la distinction entre la force et la puissance. Développez…

A

Aron fait la distinction entre la force et la puissance.

Il voit dans les ressources militaires, économiques et morales, des éléments de la force.

Leur mise en œuvre dans des circonstances conflictuelles et en vue d’objectifs déterminés relève de la puissance. L’utilité des ressources, leur mobilisation éventuelle, sont en effet déterminées par la nature des objectifs.

24
Q

Quels sont les trois éléments fondamentaux de la puissance selon Aron?

A

Aron a cru bon de distinguer trois éléments fondamentaux de la puissance :

  1. l’espace occupé par les unités politiques ;
  2. les matériaux disponibles et le savoir ;
  3. la capacité d’action collective.
25
Q

Aaron a également souligné que la puissance d’une unité en temps de paix ne se mesurait pas comme celle utilisée en temps de guerre. Développez.

A

En temps de guerre, ou lorsque s’établissent les assises d’un nouvel ordre politique international, les rapports de forces militaires priment sur le reste. La puissance se comptabilise alors en termes de divisions, de chars, d’avions, d’artillerie, mais aussi de stratégies, de ressources économiques, de logistique, de commandement et de géographie.

En temps de paix, lorsque diminuent les risques d’engagement militaire, et que le recours à la guerre n’est plus d’actualité, ces facteurs de puissance peuvent devenir d’un faible apport.

26
Q

Qu’est-ce que la notion d’équilibre des puissances?

A

La notion d’équilibre définit selon les réalistes un objectif primordial de la politique étrangère des grandes puissances.

Cette notion d’équilibre des puissances n’est pas moins entachée d’ambiguïté que les précédentes. Ernst Haas a dressé un inventaire de ses multiples usages descriptifs, conceptuels ou de pure propagande. On l’a employée tour à tour pour décrire une situation de stabilité ou d’instabilité, de paix ou de guerre ; pour conceptualiser un système à maintenir ou une loi universelle de l’histoire ; pour justifier une politique visant à obtenir une égalité parfaite des forces, un léger avantage ou l’hégémonie

27
Q

L’analyse des phénomènes d’équilibre peut déboucher sur l’adoption d’un cadre conceptuel systémique. Développez.

A

Pour les adeptes de cette perspective (notamment Aron), la société internationale présenterait des caractéristiques suffisamment stables pour qu’on puisse l’envisager comme un système, en recherchant la configuration particulière qui naît de l’interaction de ses principaux acteurs, et des contraintes structurelles inhérentes à l’organisation qui en découle.

La démarche systémique part donc de l’hypothèse que la structure née de l’interaction des États a des effets contraignants ou qu’elle exerce une influence non négligeable sur leur comportement.

La valeur heuristique de ce cadre conceptuel est incontestable. Reste qu’il n’est pas facile de dégager les caractéristiques structurelles d’un système international, ni de démarquer ses frontières avec celles des sous-systèmes régionaux.

Dans la dynamique des interactions conflictuelles entre grandes puissances, le système international s’oriente soit vers un empire, soit vers une forme d’équilibre entre les principaux États. L’anarchie du système tend d’ordinaire à se cristalliser en ordre relatif.

28
Q

Morton Kaplan s’est efforcé dans un ouvrage intitulé System and Process in International Politics (1957) de définir six modèles de systèmes internationaux. Quels sont-ils?

A
  1. L’équilibre des puissances ;
  2. Le bipolaire relâché comportant des acteurs détachés des blocs ;
  3. Le bipolaire hermétique excluant de tels acteurs ;
  4. L’universel correspondant à une confédération mondiale ;
  5. Le hiérarchique apparenté à une fédération ;
  6. Le système à veto unitaire (unit-veto system) où chaque acteur serait doté de capacités de riposte susceptibles de dissuader les autres de l’attaquer.
29
Q

Décrivez brièvement le néoréalisme de Waltz.

A

K. Waltz a tenté de renouveler la perspective réaliste en s’inspirant de l’analyse systémique.

Il commence par définir ce qui lui paraît constituer les trois principales caractéristiques d’un système politique :

  1. ses principes organisateurs ;
  2. la différenciation des fonctions parmi ses membres ;
  3. les capacités dont ces derniers disposent.

Alors que dans les systèmes politiques internes, l’organisation est hiérarchique (1), les fonctions des instances sont différenciées (2) et leurs capacités instituées (3), dans le système politique international, l’organisation est anarchique (1), les fonctions des unités que constituent les États sont indifférenciées (2), et leurs capacités fortement inégales et sujettes au changement (3).

30
Q

Waltz fait une comparaison entre le système internationale et la structure du marché capitaliste. Expliquez cette analogie.

A

Pour survivre, les entreprises doivent développer leur propre stratégie, ce qui rend à la longue impossible l’optimisation des profits collectifs. Leur compétition est « anarchique », puisqu’elle n’obéit à d’autre loi que celle du profit, mais de cette compétition entre des acteurs poursuivant leur propre stratégie « rationnelle » surgit une structure cohérente, insensible à l’action singulière des principales entreprises de ce marché, à leur organisation interne, à leurs buts spécifiques.

De même, en politique internationale, l’équilibre né de l’action non coordonnée des États ne tient pas au développement d’une politique concertée. Il résulte des conditions de fonctionnement du système international, c’est-à-dire de la dynamique des conflits d’intérêts entre les acteurs étatiques.

31
Q

Pour quelle raison, selon Waltz, les États ne parviennent-ils pas à assumer ensemble certains problèmes globaux auxquels ils sont confrontés dans des sphères politiques exigeant coopération et partage des ressources?

A

Dans le domaine de la défense, comme dans celui de l’économie ou de l’environnement, la structure du système international impose aux États des comportements pouvant aller à l’encontre de leurs intérêts communs.

32
Q

Qui a donné la première définition de la souveraineté?

A

Bodin, qui l’a définie comme « la puissance absolue et perpétuelle de la République ».

33
Q

Les fondements de la souveraineté externe telle que nous l’entendons aujourd’hui ont été posés par quelle entente internationale?

A

Les fondements de la souveraineté externe telle que nous l’entendons aujourd’hui ont été posés par les traités de Westphalie mettant fin, en 1648, à la guerre de Trente Ans qui avait dévasté l’Allemagne.

Le but des signataires de ces traités fut de maintenir, en Europe centrale, un équilibre des forces et des confessions religieuses.

34
Q

Quand le modèle de l’État-nation prendra-t-il son grand essor?

A

C’est au terme de la Seconde Guerre mondiale que le modèle de l’État-nation prendra son grand essor, lorsque les peuples sous domination coloniale revendiqueront, avec l’appui de l’URSS et des États-Unis, leur droit à l’indépendance dans le cadre des frontières et des structures politico-administratives mises en place par les métropoles européennes.

35
Q

Expliquez la place qu’occupe de principe de souveraineté dans la Charte des Nations unies.

A

Si la Charte condamne les empires et affirme la volonté des Nations unies de promouvoir les droits de l’homme, elle ne remet donc pas en cause l’existence d’un ordre mondial fondé sur la souveraineté étatique, bien au contraire.

Sa conception de la souveraineté nationale est d’inspiration libérale, impliquant une appréciation particulière du lien social. Elle défend une légitimité fondée sur la participation des citoyens aux affaires publiques.

La Charte des Nations unies réaffirme le principe de l’égalité souveraine des États aux termes de son article 2.1. Elle reconnaît leur indépendance politique et interdit les ingérences dans leurs affaires intérieures.

Formellement, tous les gouvernements peuvent faire entendre une voix égale dans le concert des nations. L’article 51 leur confère, de plus, un « droit de légitime défense ». Ainsi, la Charte accorde aux États existants et à leurs frontières une présomption de légitimité.

36
Q

Quelles sont les limites du principes de souveraineté?

A

Le principe de la souveraineté comporte des limites indéniables.

  • Il est restreint, tout au moins formellement, par le droit international, en particulier par les obligations que les États ont assumées depuis la fin de la guerre dans toutes sortes de domaines, mais notamment en matière de droits de l’homme et des affaires économiques et sociales.
  • Il fait également l’objet de nouvelles interprétations ou de réaménagements dans le cadre des processus d’intégration économique et politique, dans la logique des rapports d’hégémonie et de dépendance politique, ou encore dans la remise en cause des frontières politiques établies.
  • Enfin, et c’est sans doute l’argument limitatif le plus important, il n’est pas intangible. Il fut souvent bafoué par les grandes puissances. Le président Brejnev propagea même une doctrine qui fut traduite en français par les termes de « souveraineté limitée » pour justifier la tutelle de l’URSS sur les pays du « camp socialiste ».
37
Q

Qu’est-ce qu’un « quasi-État » ?

A

Un État qui n’a pas tout les éléments effectifs de sa souveraineté. Robert H. Jackson (1990) a employé le terme de « quasi-État » pour qualifier certains régimes africains dans un ouvrage consacré à la souveraineté dans les pays du Sud.

38
Q

Plusieurs auteurs croient que la « Nation » est un construit. Développez.

A
  • Gellner soutient que l’idéologie nationaliste invente des nations même là où elles n’existaient pas. La nation est selon lui une construction politique et idéologique.
  • Benedict Anderson a souligné l’importance du capitalisme éditorial, notamment la presse, et d’autres technologies comme le recensement, la cartographie et la muséologie, dans la construction du sentiment d’appartenance à une communauté nationale qu’il qualifie de fondamentalement « imaginaire ».
  • Anthony Smith insiste sur les dimensions culturelles de la légitimité nationale. Il montre combien l’invocation de l’identité nationale est un élément essentiel des processus d’intégration politique. Il croit que les nations sont des constructions politiques modernes, mais il en tempère l’argument en soulignant qu’elles se fondent sur des bases ethniques primordiales, même si toutes les ethnies n’engendrent pas nécessairement des nations.
39
Q

Quel est le point de vue des marxistes sur le nationalisme?

A

En opposition aux explications idéalistes du nationalisme, l’historiographie marxiste cherche les fondements de cette idéologie dans les phénomènes d’aliénation culturelle et psychologique engendrés par les modes de production capitalistes.

Elle s’emploie à mettre au jour les orientations instrumentales du nationalisme, tout en affirmant que cette idéologie diffuse une « fausse conscience » dans les masses. Selon cette perspective, le nationalisme sert les intérêts des classes dirigeantes, même lorsqu’elle est articulée et propagée par des groupes sociaux moins privilégiés.

40
Q

Pierre de Senarclens a montré dans Le Nationalisme. Le Passé d’une illusion (2010) que l’idée de nation encourage des postures émotionnelles et des attitudes qui ont été historiquement d’une constance remarquable. Développez.

A

Les nationalistes assouvissent en effet dans leurs croyances et leurs aspirations un besoin de dignité, qui s’affirme par une défense ombrageuse de leurs frontières politiques et symboliques à l’encontre des peuples étrangers.

Leur quête de reconnaissance et d’identité comprend l’envie d’appartenir à une nation de haut lignage historique, chargée d’assumer une destinée exceptionnelle, le besoin d’une communauté harmonieuse, dont seraient exclus les dissidents ou ceux qui sont soupçonnés de contrarier ce projet, position qui entretient nécessairement des tendances agressives.

Discours d’affirmation identitaire, la défense de la nation porte toujours en elle des ferments de sectarisme, de haine et de fanatisme, même lorsqu’elle se justifie en se définissant comme « patriotique ».

41
Q

Quel est la première organisation intergouvernementale de l’époque contemporaine?

A

Elle remonte au congrès de Vienne qui établit en 1815 la Commission permanente pour la navigation sur le Rhin.

42
Q

Pourquoi est-il impossible de proposer une classification précise des organisations internationales?

A

Car elles diffèrent sensiblement par leurs objectifs, leurs structures institutionnelles, leur mode de fonctionnement, la nature de leurs programmes et leurs capacités politiques.

Les organisations diffèrent beaucoup également selon la nature de leurs organes constitutifs, les compétences attribuées à leur secrétariat, leurs modes de recrutement, notamment l’importance du facteur géographique dans la répartition des postes, leur degré d’autonomie par rapport aux directives des gouvernements, l’importance de leur bureaucratie.

43
Q

R. Cox et H. Jacobson ont distingué les organisations établissant un « forum » pour la négociation de celles offrant des « services » dans des domaines spécifiques. Développez.

A

Cette typologie célèbre manque toutefois de précision. La plupart des organisations du système des Nations unies exercent à la fois des fonctions politiques et des tâches spécialisées.

En outre, même si les auteurs s’en défendent, la notion de service suggère une entreprise neutre du point de vue idéologique et politique, ce qui est loin d’être le cas la plupart du temps. Certes, les fonctions de l’Organisation internationale de l’aviation civile ou de l’Union postale universelle apparaissent essentiellement techniques. En revanche, la gestion et la maîtrise de bien des activités à première vue pragmatiques peuvent comprendre des enjeux politiques importants.

44
Q

Les organisations internationales disposent-elles d’une autonomie institutionnelle?

A

Les bureaucraties internationales constituent des pôles d’autorité pouvant échapper partiellement à l’emprise des gouvernements. Si les organisations internationales ne jouissent donc pas d’une indépendance complète des pouvoirs étatiques leur permettant de prendre des décisions à l’abri de toute instruction ou pression, elles possèdent cependant une autonomie relative.

Leur influence dépend non seulement de leur mandat et des ressources dont elles disposent, mais de la qualité de leur direction et du niveau général d’expertise de leur secrétariat. Une organisation dont le directeur général est défaillant du point de vue de la gestion et de l’autorité intellectuelle perd de sa crédibilité, comme le montrent les exemples de plusieurs institutions spécialisées des Nations unies au cours des dernières décennies.

45
Q

On peut départager les activités des organisations internationales en trois grands domaines, quels sont-ils?

A
  1. Les activités normatives et cognitives.
    Les organisations internationales participent à la création des normes et des valeurs fondant l’ordre international et orientant la politique des États ou des autres acteurs internationaux. À ce titre, elles constituent des instances de légitimation. Mais elles produisent aussi des connaissances, autrement dit des jugements raisonnés et les matériaux, notamment statistiques, pour les formuler, et contribuent à en assurer la diffusion.
  2. Les activités diplomatico-stratégiques.
    Les Nations unies ont pour mandat explicite de contribuer à la défense de la paix et de la sécurité internationales. Offrant un espace pour le