Fabliaux Flashcards

1
Q

Flou terminologique dans notre anthologie

A

BODEL parle de :
- « fabliaus » : Brunain et la vache au prestre
- « fablel » : Boivin de Provins

De Gombert et de deus clers : « fable » + « fablel »

Baillet : « chançon »

Du Prestre crucifié : «example »

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2
Q

Le rire dans les fabliaux : une dimension comique manifestement centrale

A

BÉDIER Joseph : « contes à rire en vers »

BOUTET Dominique : « narrations plaisantes »

« Les Trois aveugles de Compiègne », CORTEBARBE : le clerc éclate de rire quand l’hôtelier se plaint de ne pas avoir été payé par les aveugles : « de ris en aise se pasmoit » (v. 178)

« Estula » : le comique repose sur
- L’équivoque onomastique
- « Teus rit au main [tel rit le matin] qui au soir pleure », et Estula pleure au v. 138 et dernier.
- « s’an ont assez gabé et ris, / car li rires lor ert randuz / qui devant lor ert defanduz » (v. 134-136) : les auteurs des fabliaux sont attentifs à la mise en abyme de la réception attendue.

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2
Q

De qui rie-t-on dans les fabliaux ?

A
  • Paysan fruste (Vilain de Bailleul)
  • Roi d’Angleterre (La Male honte)
  • Prostituée (Boivin de Provins)
  • Un voleur devenu paysan (Haimet et Barat)
  • Bourgeois crédule (Les Trois aveugles de Compiègne)
  • Un chevalier (les Tresses)
  • Prêtre, moine, etc. (Prêtre teint)
    = Presque autant de situations comiques que de fabliaux.
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2
Q

Mise en abyme d’un compteur – conteur

A

BOIVIN DE PROVINS, v. 369-371 :

« Boivin s’en vint droit au provost,/ Se lie a conté mot a mot, / de chief en chief la verité »

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3
Q

Présence d’animaux dans les fabliaux ?

A

Présence d’animaux à valeur symbolique :
- La pie dans « Haimet et Barat » : symbole de la voleuse.
- Le cheval dans « les tresses » : symbole de l’impuissance

Présence d’animaux comme véritables protagonistes du fabliau
- « Brunain et la vache du prêtre » : la vache se comporte en véritable chevalier épique, c’est le personnage central du fabliau autour duquel l’histoire se déroule.
- « C’est li testament de l’asne », Rutebeuf : le récit se concentre sur l’âne qui a œuvré à l’accumulation de richesses
« Mais ne sai s’onques teil serf vi » (v. 36)
= je ne sais pas si jamais j’ai vu un serviteur tel que lui.

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3
Q

La véracité des fabliaux remise en question ironiquement par leurs auteurs

A

« Du Vilain de Bailluel », BODEL, v. 1-3 :
« Se fabliaus peut veritez estre, / dont advint il ce dist mon mestre, / c’uns vilains a Bailluel manoit. »
= Si un fabliau peut être vrai, alors il arriva, dit mon maître, qu’un paysan vécût à Bailluel.
> Mise en question de la véracité du fabliau par l’hypothèse limianire « se […] peut ».

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4
Q

L’instance narrative cherche à établir une connivence avec le lecteur/l’auditeur en se manifestant pour intéresser le public

A
  • « Du Vilain de Bailluel » BODEL, v. 18 : « Si com je cuit »
    = Si comme je le pense/ je le crois/je l’imagine.
    > Emploi de « cuidier » assertif et interpellant.
  • « D’estormi », Huon PIAUCELE, v. 1-3

« Por ce que je vous ai molt chier / vous vueil un fablel commencier / D’une aventure qui avint »
= Parce que je vous aime bien, je veux commencer pour vous un fabliau à partir d’une authentique aventure.

« Oublïé avoie une chose » v. 135 : = mais j’ai oublié un point

= marques d’oralité

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4
Q

L’instance narrative prend soin de lever le voile sur la comédie qui se joue aux dépens du vilain (prolepse)

A

« Du Vilain de Bailluel », BODEL, v. 77-78 :
« Mes si se set faindre dame Erme / Qu’ainz de ses ieus ne cheï lerme »
= Mais dame Erme joue si bien la comédie, que de ses yeux ne tombe pas une seule larme.

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5
Q

Les différentes formes de fin de fabliaux

A

o Une morale formulée à la manière d’un proverbe
- « Du Vilain de Bailluel », BODEL, v. 115-116
« On doit por fol tenir celui/qui mieus croit sa fame que lui. »

o Le fabliau se termine par une question ouverte
- « Du bouchier d’Abevile », Eustache d’AMIENS, v. 587-590
« Chascuns en die son voloir / Liquels doit miex la pel avoir / Ou li prestres ou la prestresse / ou la meschine piprenesse. »
= Que chacun donne son avis : qui doit de préférence avoir la peau ? Le prêtre, la prêtresse ou la friponne de servante ?

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6
Q

Une passivité/impuissance/débilité du vilain qui se manifeste formellement dans le texte

A

Du Vilain de Bailluel, BODEL,
v. 36 « Couchiez vous tost », v. 50 « Couchiez me donques » : me est COD de la phrase. C’est la femme qui porte la culotte.

De Gombert et de deus clers, BODEL
V. 120-124 : « Sire Gombert, fet dame Gille / Si vieus con estes et usez, / Trop estes anuit eschaufez ; / Ne sai de quoi il vous souvint ; / Grant piece a mes ne vous avint »
= Messire Gombert, fit dame Gille, pour un vieux complètement usé comme vous êtes, vous voici, cette nuit, drôlement en chaleur. Je ne sais à quoi vous avez pensé. Il y a longtemps que ça nous était plus arrivé.

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6
Q

Une écriture allégorique/qui a recours au symbole pour proposer plusieurs niveaux de lectures

A

Du Vilain de Bailluel, BODEL, v. 16-19
« Ja ert li vins enz ou bareil, / Et si avoit le chapon cuit, / Et li gastiaus, si com je cuit / Estoit couvers d’une touaille. »

= Le vin était déjà dans le baril, le chapon était cuit, et le gâteau, je crois était recouvert d’une serviette.
 La description des mets contribue à annoncer les ébats sexuels des amants
o Le baril par sa rondeur renvoie au bas-ventre,
o Le chapon à un mâle émasculé et gras,
o Le gâteau couvert d’une serviette au corps bientôt dénudés.

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7
Q

Mélange registraux : quand l’épopée se mêle aux fabliaux

A

Traduction des vers 160 à 165 de De Gombert et de deus clers, BODEL

“Il l’attrapa par les hanches et le frappa du poing près de l’oreille, mais l’autre lui répliqua par une telle gifle, qu’il en vit cent mille chandelles et ils s’empoignèrent par les cheveux si fort”

> Hyperboles + champ lexical qui rappellent l’épopée.

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8
Q

Burlesque : traitement sur un ton trivial de thèmes sublimes

A

« Du bouchier d’Abbeville », Eustache d’Amiens :
C’est un conte à rire : tout est comique et burlesque. Dimension intertextuelle forte autour de la toison d’or (mythe du -3e s), où la peau (toison d’un bélier ailé volant) est remplacée par une peau de mouton

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9
Q

Un écho biblique détourné ironiquement pour proposer une satire du clergé

A

De Brunain la vache au prestre, BODEL, v. 6-9
« Et dist qu’il fesoit bon doner / por Dieu, qui reson entendoit / Que Dieus au double li rendoit / Celui qui le fesoit de cuer. »
= il dit qu’il faisait bon donner pour l’amour de Dieu, si l’on suivait la raison, car Dieu rendait le double à celui qui donnait de bon cœur.
> En référence à l’évangile de Saint Matthieu [19, 29] : « Et quiconque abandonnera pour mon nom sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, en recevra le centuple et aura pour héritage la vie éternelle. Mais plusieurs qui avaient été les derniers seront les premiers. »
> Dans le fabliau le prêtre ne promet pas autant que dans l’évangile. On retrouve donc sur un mode mineur la parole évangélique qu’à dû citer le prêtre : l’annonce d’un renversement entre premier et derniers.

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10
Q

L’instance narrative peut avoir recours a des prolepses pour faire avancer le récit plus rapidement

A

De Haimet et de Barat, BODEL, v. 128-129
« Mieuz lit venist avoir vendu, / Si fust de grant paine delivres ! »
= Il eût mieux valu pour lui l’avoir vendu ; ainsi aurait-il échappé à de gros ennuis.

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11
Q

Clin d’œil intertextuel entre les différents fabliaux de BODEL (circularité)

A

De Haimet et de Barat, BODEL, v. 252-253
« En l’estable trova sa vache : / Mout fut liez quant il la trouva »
= Dans l’étable il trouva sa vache : il en fut tout joyeux
// contrairement au prêtre de De Brunain et la vache au prestre, il a encore sa vache.

12
Q

Ambition comique des fabliaux clairement assumée

A
  • « Baillet », ANONYME : « Mos sans vilennie » (v. 1) rime avec « afin que s’en rie » (v. 3)
  • « Le dit des perdrix », ANONYME : Comique de situation du vilain croyant poursuivre un voleur qui croit être poursuivi par un fou sanguinaire, redoublé d’un comique de langue fondé sur le quiproquo entre les perdrix et les testicules du prêtre
    « Bien les en portez eschaufées ! / Ca les lerez se vous ataing ! » (v. 119-120) = Vous les emportez toutes chaudes. Mais vous les laisserez ici si je vous attrape !
13
Q

L’auteur à travers l’instance narrative montre clairement ses préférences pour tel ou tel personnage

A

Baillet, ANONYME :
- « Mout bien s’en chevi » (v. 8) : sut fort bien s’en tirer = PROLEPSE
- « Baillet sot sans doute » (v. 33) : Baillet n’eut plus de doutes = PROPOS OMNISCIENTS

Du bouchier d’Abevile, Eustache d’AMIENS, v. 7-10 :
« A Abevile ot un bouchier / Que si voisin orent molt chier. / N’estoit pas fel ne mesdisanz, / Mes sage, cortois et vaillanz»
= Il y avait à Abbeville un boucher que ses voisins aimaient beaucoup. Loin d’être méchant et médisant, il était sage, courtois et valeureux.

14
Q

BÉDIER Joseph, Les Fabliaux, « Place des fabliaux dans la littérature du XIIIe siècle », 1893

A

« La moitié des œuvres du XIIIe siècle sont animées du même souffle que les fabliaux »

15
Q

Les fabliaux, des productions littéraires ouvertement mysogines

A
  • Le dit des Perdrix, ANONYME, v. 151-153
    « Fame est fete por decevoir, / mençonge fet devenir voir, / et voir fet devenir mençonge »
    = la femme est faite pour tromper, transformant le mensonge en vérité et la vérité en mensonge
    > Phrase au présent gnomique dont le chiasme mime la confusion induite par la menteuse.
  • La dame qui fit trois fois le tour de l’église, ANONYME, v. 5-7
    « Cil qui fame veut justicier, / chascun jor la puet combrisier / Et l’endemain reste toute saine »
    = Si l’on veut maîtriser une femme, on a beau la rouer de coups chaque jour, le lendemain elle se retrouve toute fraîche.
16
Q

Per NYKROG, Les Fabliaux, étude d’histoire littéraire et de stylistique médiévale, 1957

A

« Un certain nombre de fabliaux ne trouvent leur raison d’être que dans une parodie de ce genre [courtois]. Si on les lit sans avoir cette idée présente à l’esprit, ils sont tout à fait insipides. »

17
Q

Jean RYCHNER, Contribution à l’étude des fabliaux, 1960

A

« Nous croyons donc avec M. Nykrog que le fabliau a été, dans l’intention et sous la plume de certains auteurs au moins […] destiné au même public que la littérature courtoise, tantôt aristocratique, tantôt bourgeois. »

18
Q

Omer JODOGNE, Le Fabliau, 1975

A

« Des œuvres sont appelées fabliaux, certes, mais portent aussi d’autres noms. Des œuvres similaires se prétendent conte, dit, ditié, exemple, fable, lai, proverbe, risée, roman, truffe. »

19
Q

Alain CORBELLARI, L’étude des fabliaux après le « Nouveau recueil complet des fabliaux », 2014

A

Idée d’un esprit matérialiste des fabliaux (et non réaliste) qu’il voit comme des « machines de guerre […] contre l’idéalisme majoritaire de la littérature de leur temps. »

20
Armand STRUBEL, Le rire au Moyen-Âge,1983 :
« Chaque personne est figé dans un rôle sans surprise : la femme ne peut être que frivole et retorse, le prêtre ivrogne et débauché, le paysan grotesque et borné. » - Il serait question de « types », « d’archétypes » plutôt que de personnages - Triangle adultère : femme, clerc, paysan qui semblent déterminé par leur appartenance socioculturelle.