EXAM 2 Flashcards

1
Q

Ablaut

A
  • [processus] Synonyme: apophonie. L’alternance en timbre (la quantité est un cas particulier) de la voyelle radicale, exploitée à des fins grammaticales.
  • Le cas le mieux connu, et où l’ablaut est encore vivant aujourd’hui, sont les verbes dits forts (ou irréguliers) des langues germaniques.
    -> Dans l’anglais sing- sang- sung, la modification du timbre de la voyelle radicale, entre le présenti, le prétérita et le participeu, est le seul moyen de différencier (ou de reconnaître) le statut grammatical (temps et aspect) des formes en question.
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2
Q

Acoustique

A
  • [phonétique] Propriétés du signal phonétique (ou sonore, c’est-à-dire de l’onde physique représentée souvent par un sonagramme), telles la durée, l’amplitude, la fréquence (en hertz),etc.
  • Différentes des propriétés articulatoires d’une consonne ou d’une voyelle.
  • L’action des organes de la parole (l’articulation) produit le signal phonétique (acoustique).
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3
Q

Acquisition

A
  • Processus d’appropriation, par l’enfant, de sa ou ses langues maternelles.
  • Le terme a été établi à dessein pour s’opposer à l’apprentissage, qui concerne l’appropriation de toutes sortes de savoirs par l’humain, y compris d’artefacts culturels comme la maîtrise d’un instrument (violon, piano), d’une danse folklorique, du Code de la route,etc.
  • Contrairement à ces facultés apprises, et comme d’autres facultés génétiquement programmées qui ont besoin d’être étayées par l’expérience telles que manger ou marcher, l’acquisition du langage se fait sans effort (visible ou ressenti par le sujet), est toujours couronnée de succès (et de succès égal: il n’y a pas d’enfants qui apprennent moins bien la syntaxe de leur langue maternelle que d’autres), et ne peut être évitée (un enfant ne peut pas ne pas acquérir sa langue maternelle, fût-il opposé à ce processus).
  • La différenciation entre acquisition (développement d’une faculté génétiquement programmée) et l’apprentissage est un fondement (aussi historique) de l’approche générative du langage (Chomsky 1959). Elle s’oppose ainsi à la vision behavioriste (courant dominant en psychologie de la première moitié du xxesiècle) qui considère que le mécanisme de l’apprentissage est le même pour toute faculté apprise (langue, Code de la route, manger, jouer au piano confondus : stimulus et réponse (chien de Pavlov).
  • On parle aussi, par extension, de l’acquisition de langues qui ne sont pas maternelles, par exemple d’une langue étrangère à l’école (acquisitionL2).
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4
Q

Quels sont les 3 niveaux d’adéquation?

A
  • Observationnelle
  • Descriptive
  • Explicative
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5
Q

Observationnellement adéquat
ADÉQUATION

A
  • On dit d’un énoncé qu’il est observationnellement adéquat s’il énumère les faits (à propos d’un phénomène, d’une langue,etc.) correctement et exhaustivement.
    -> Dire que les consonnes pré-consonantiques et finales se comportent de la même manière, et que cette manière est différente du comportement des consonnes dans toutes les autres positions, est donc un énoncé observationnellement adéquat. En revanche, il ne dit rien sur le fait que le destin, disons, des consonnes finales et intervocaliques n’est jamais partagé, ni dans la langue en question ni ailleurs.
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6
Q

Descriptivement adéquat
ADÉQUATION

A
  • Avoir une idée de la raison pour laquelle la disjonction __{#,C} fait partie des observations pertinentes mais non pas __{#,V} revient à proposer un énoncé qui est descriptivement adéquat.
  • C’est ce que fait la théorie syllabique standard en introduisant le constituant syllabique de la coda (voir §25).
  • Cependant, il peut y avoir d’autres analyses, différentes et concurrentes mais basées sur les mêmes observations. Par exemple, CVCV propose que l’identité phonologique de la disjonction __{#,C} n’est pas un constituant dans une arborescence syllabique, mais le fait que les deux consonnes en question sont suivies d’un noyau vide (non gouverné). Cette perspective est tout autant descriptivement adéquate.
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7
Q

Explicativement adéquat
ADÉQUATION

A

Le jour où on sera capable de départager avec certitude ces deux analyses (ainsi que toutes les autres concernant la disjonction en question), et où on aura donc trouvé laquelle est réellement opérationnelle dans la grammaire des locuteurs, on aura atteint le niveau dit explicativement adéquat.

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8
Q

Les trois niveaux d’adéquation ont été introduits par qui?

A

Les trois niveaux d’adéquation ont été introduits par Chomsky (1965: 18 et suiv.), et les termes utilisés (observation, description, explication) sont davantage techniques qu’intuitifs (la différence entre observation et description, dans l’usage courant de ces mots, ne tombe pas sous le sens).

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9
Q

Algorithme

A
  • Ensemble d’instructions qui transforment un objet selon une règle précédemment établie (où le processus de transformation n’a pas d’emprise sur la manière dont l’objet est transformé).
    -> Un algorithme définit ce qui se passe entre l’input et l’output par exemple d’une opération mathématique (3 est transformé en 10, et 4 en 13, par l’instruction «multiplie l’input par trois et ajoute un»), d’une candidature sur un poste (circuit du dossier: visa d’un certain nombre de responsables, passage dans une commission,etc.), d’une application informatique,etc.
  • En linguistique en général et en phonologie en particulier, les processus (par exemple ‑re est effacé dans liv’’ d’art) sont le résultat de l’application d’algorithmes. Dans un système à la SPE qui fonctionne avec des règles ordonnées, l’ensemble des règles constitue l’algorithme de la composante phonologique de la grammaire.
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10
Q

Allomorphie (supplétifs)

A
  • [synonyme: supplétion] Situation où un morphème a deux ou plusieurs réalisations de surface, au lieu d’une seule.
  • Le cas normal est celui où un morphème donné est toujours réalisé par la même forme: ainsi la première personne du pluriel, en français, est toujours signifiée par ‑ons quel que soit le verbe et sans aucune variation. Or parfois deux ou plusieurs formes réalisent le même morphème, et sont alors choisies selon le contexte morpho-syntaxique ou phonologique. On les appelle les allomorphes de ce morphème.
    -> La racine du verbe aller par exemple apparaît sous la forme de all‑ à l’infinitif (all‑er), à l’imparfait (j’all‑ais), au participe (je suis all‑é), au passé simple (j’all‑ai) et pluriel du présent (nous all‑ons). Elle se rencontre sous la forme ir‑ au conditionnel (j’ir‑ais) et au futur (j’ir‑ai), se manifeste en tant que aill‑ au subjonctif (que j’aill‑e), et enfin fait surface en tant que va(i)‑ au singulier du présent (je vais, tu vas, il va). Le conditionnement ici est purement morphologique: la sélection des allomorphes est fonction de la forme grammaticale.
    -> Les possessifs féminins ma, ta, sa en revanche sont impliqués dans une allomorphie phonologiquement conditionnée. Lorsqu’ils se trouvent devant un mot féminin à initiale vocalique, ils se trouvent supléés par la forme masculine correspondante mon, ton, son. On a ainsi mon armoire et non pas *ma armoire ou *m’armoire. À noter que le h aspiré protège contre la supplétion, malgré le fait qu’il n’ait aucune matérialité phonétique: on dit ma hache [ma aʃ] et non pas *mon hache.
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11
Q

Allophonie/allophones

A
  • [analyse distributionnelle] Relation distributionnelle entre deux segments, qui sont alors appelés allophones.Un allophone est l’une des réalisations sonores possibles d’un phonème.
  • Contrairement à deux phonèmes entre eux, deux allophones d’un même phonème ne peuvent s’opposer en distinguant des unités de sens distincts dans une langue: les locuteurs leur attribuent le même rôle fonctionnel en phonologie, même quand ils perçoivent la différence phonétique entre les deux.
    -> Ainsi en français le r est normalement uvulaire [ʁ, χ], mais il existe des variétés (régionales ou dialectales, en Bourgogne par exemple) où il est «roulé», c’est-à-dire [r]. Cette différence, très marquée à l’oreille, pourra fournir des informations non grammaticales sur le locuteur (provenance géographique, statut social,etc.), mais ne conduira jamais à un malentendu.
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12
Q

Alternance voyelle-zéro

A
  • [processus] Le fait pour un morphème de présenter une forme où une de ses voyelles est absente, qui dans une autre forme du même morphème est présente.
  • L’alternance peut être optionnelle (variation libre comme en français dans devenir- dev’nir où le locuteur décide d’utiliser la forme sans ou avec voyelle), ou obligatoire en fonction d’un contexte grammatical, comme dans le tchèque pes «chien Nsg»- p’s‑a «chien Gsg» (*ps, *pes‑a).
    -> Voir index thématique: §22, §128, fds§129.4-5.
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13
Q

Amuïssement

A
  • [processus] Effacement d’un segment, typiquement de manière définitive et en diachronie.
    -> On dira que la voyelle posttonique de lat. pip(e)re s’est amuïe en français, qui présente poivre.
    -> En revanche, on ne dira plutôt pas que schwa s’est amuï lorsqu’il n’est pas prononcé dans dev’nir (on dira qu’il alterne avec zéro).
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14
Q

Analyse distributionnelle (ou phonématique)

A
  • [analyse distributionnelle] Étudie l’occurrence d’objets par rapport à d’autres objets, en phonologie par rapport au contexte positionnel.
    -> En français par exemple, la distribution de [χ] est telle que l’on ne peut le rencontrer que dans certaines positions, et jamais dans d’autres (voir contraste): après obstruante non voisée (et devant voyelle: t[χ]ois), avant obstruante non voisée (et après voyelle: pa[χ]ti).
  • Lorsqu’il n’y a aucune restriction distributionnelle (que l’objet en question peut se rencontrer dans n’importe quelle position), on dit que la distribution est libre, et l’objet est alors un phonème (voir contraste).
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15
Q

Quelles sont les 4 situations distributionnelles de base?

A
  • Opposition
  • Variation libre
  • Distribution complémentaire
  • Neutralisation
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16
Q

Contraste/opposition

A

[analyse distributionnelle] On dit de deux segments qu’ils contrastent (ou sont contrastifs ou distinctifs, ou s’opposent, ou encore qu’ils sont en contraste ou en opposition) lorsque, dans une langue donnée, ils produisent des paires minimales.

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17
Q

Paire minimale

A

Une paire minimale est une paire de deux mots qui ne se distinguent que par un seul segment, comme pas [pa] et chat [ʃa]. Dans ce cas, on dit que les deux segments en question, [p] et [ʃ] ici, sont chacun un phonème (distinct): leur différence est significative puisqu’elle est capable de porter une différence de sens à elle seule.

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18
Q

Variation libre

A

[r] et [ʁ] sont phonétiquement distincts, mais il n’y a aucune paire de mots en français dont le sens soit distinct sur la seule base de cette différence physique. Pa[r]is et Pa[ʁ]is ont le même sens. On appelle la situation distributionnelle dans laquelle se trouvent [r] et [ʁ] la variation libre.

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19
Q

Distribution complémentaire

A

Les deux consonnes [ʁ] et [χ] ne sont pas opposables non plus: elles ne différencient aucune paire minimale –mais pour d’autres raisons que [r] et [ʁ]. En effet, [ʁ] et [χ] ne se rencontrent jamais dans le même contexte. On trouve [ʁ] en début de mot ([ʁ]oute), après obstruante voisée (et devant voyelle: d[ʁ]oit), devant obstruante voisée (et après voyelle: cle[ʁ]gé) et en fin de mot (me[ʁ]). En revanche, [χ] ne se rencontre jamais dans ces contextes, on le trouve uniquement ailleurs: après obstruante non voisée (et devant voyelle: t[χ]ois), avant obstruante non voisée (et après voyelle:pa[χ]ti). Lorsque comme [ʁ] et [χ] deux segments ne se rencontrent jamais dans le même contexte, on dit qu’ils sont en distribution complémentaire (ou des variantes contextuelles).

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20
Q

Neutralisation

A
  • Ici un contraste qui existe par ailleurs dans la langue est neutralisé, c’est-à-dire éliminé, dans une certaine position.
    -> Le dévoisement en finale (voir §20) est une neutralisation prototypique. En allemand par exemple, t et d sont en opposition partout sauf en finale de mot: à l’initiale on a des paires minimales telles que Torf «tourbe» vs Dorf «village», mais la différence phonétique entre [t] et [d] ne différencie jamais deux mots en position finale. Ainsi Rad «roue» et Rat «conseil» sont prononcés de manière identique [ʁaat]. Or on sait qu’il s’agit bien de deux phonèmes distincts en considérant le pluriel Räd‑er [χææd‑ɐ] «roues» et Rät-e [ʁæætə] «conseils». On dit alors que l’opposition entre deux phonèmes X et Y (ici /t/ et /d/) est neutralisée dans un contexte donné (ici en finale de mot) au profit de l’un des deux (celui qui se rencontre dans ce contexte, ici t).
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21
Q

Dans quelles situations distributionnelles est-ce qu’on retrouve des allophones d’un même phonème?

A
  • Distribution complémentaire
  • Variation libre
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22
Q

Antépénultième

A

On dit d’une voyelle qu’elle est antépénultième lorsqu’elle se trouve être l’avant-avant-dernière voyelle d’un mot. Ce qui est le cas du a dans lat. calidu (>fr. chaud). Dans l’évolution ultérieure du latin (au français et aux autres langues romanes), et plus généralement dans les langues, la position d’une voyelle par rapport à la marge droite du mot conditionne la place de l’accent tonique, et partant, son devenir.

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23
Q

Proparoxyton

A

On dit d’un mot dont l’antépénultième est tonique qu’il est un proparoxyton (par exemple lat. calidu).

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24
Q

Pénultième

A

L’avant-dernière voyelle d’un mot.

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25
Q

Paroxyton

A

Un mot dont la pénultième (donc l’avant-dernière voyelle) est tonique est un paroxyton (par exemple lat. teela >fr. toile).

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26
Q

Ultième

A

La dernière voyelle d’un mot.

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27
Q

Oxyton

A

Lorsque la dernière voyelle, l’ultième, est accentuée, on parle d’oxytons (par exemple lat. mel >fr. miel).

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28
Q

Anthropométrie

A
  • Technique qui concerne la mesure des particularités dimensionnelles d’un homme. Elle est particulièrement utilisée en ergonomie. L’anthropométrie a servi l’idée que certains traits caractériels ou raciaux/ethniques sont reflétés dans la morphologie.
    -> Ainsi la criminalistique naissante dans la seconde moitié du xixesiècle développait l’idée du «criminel-né»: à partir d’études phrénologiques et physionomiques, [Cesare Lombroso] tentait de repérer les criminels en considérant qu’il s’agissait d’une classe héréditaire qu’on pourrait distinguer par l’apparence physique.
    -> Dans l’Allemagne nazie, l’anthropométrie a servi à identifier les Juifs. Les nazis pensaient eneffet qu’un Juif se dénonce par les propriétés de sa morphologie (circonférence du crâne, longueur du nez, longueur du lobe de l’oreille,etc.).
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29
Q

Aperture

A
  • [phonétique] Dans la bouche, le pharynx et la trachée, l’aperture est la mesure physique (en millimètres) de la distance entre les articulateurs inférieur (lèvre inférieure, dents inférieures, langue,etc.) et supérieur (lèvre supérieure, dents supérieures, alvéoles, palais dur et mou, velum,etc.).
  • L’aperture d’une occlusive (p, d, k,etc.) est nulle puisque les deux articulateurs sont en contact alors que celle de la voyelle [a] est maximale, car c’est la voyelle la plus ouverte. Les autres segments sont produits à des niveaux d’aperture intermédiaires.
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30
Q

L’aperture et la sonorité concernent la même réalité physique, mais s’opposent par quoi? Explique.

A

Par leur statut ontologique: celle-ci est la version cognitive (grammaticalisée) de celle-là. Ou encore, l’aperture est une notion de phonétique, alors que la sonorité est phonologique. Quand l’aperture se mesure en millimètres, la sonorité réplique les grandes lignes de l’aperture tout en ne répondant à aucune mesure physique. Ainsi /a/ est bien le segment le plus sonore, et les occlusives, les segments qui ont la sonorité la plus petite. Se trouvent au milieu les fricatives (plus proches des occlusives: f, ʒ, x,etc.) et les sonantes (plus proches des voyelles). On appelle ces catégories les classes majeures de segments.

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31
Q

Pourquoi est-ce que le système cognitif (la grammaire) a procédé à une classification hiérarchique?

A

Car la classe des sonantes pose des problèmes insurmontables à une classification fondée sur la distance physique: que penser de la vibrante [r] («r roulé») dont les battements de l’apex font qu’il y a tantôt contact, tantôt non-contact entre les deux articulateurs? Ou encore des nasales (m, n, ɲ, ŋ,etc.), qui obstruent totalement le chenal vocal (contact entre les deux articulateurs), mais laissent échapper l’air par le nez (et à ce titre comme les fricatives sont des continuantes). Ou, enfin, des latérales (l, ʎ, ł), qui se caractérisent par le contact entre les deux articulateurs mais pour autant, au même titre que les fricatives, laissent échapper l’air par le chenal vocal en abaissant les deux côtés latéraux de la langue?

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32
Q

Échelle de sonorité

A
  • Le système cognitif (la grammaire) a procédé à une classification hiérarchique du plus au moins sonore, en tranchant les questions indécidables ex cathedra.
  • L’échelle de sonorité (le classement des familles de segments en fonction de leur aperture transformée en sonorité), est universelle dans ses grandes lignes, mais admet quelque variation entre les langues (qui peuvent décider, par exemple, si les nasales comptent ou non parmi les occlusives). Elle est présentée en détail §49.
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33
Q

API

A

[phonétique] Alphabet phonétique international. Transcription conventionnelle, au moyen de signes spécifiques dérivés des caractères latins, qui ambitionne d’offrir la possibilité de rendre par écrit tous les sons de toutes les langues du monde.
- Le principe est la biunivocité: «un son, un symbole» et vise la transcription d’un son donné par un symbole unique, et l’utilisation d’un symbole donné pour un seul son.
- Il est utile de garder à l’esprit qu’une transcription, aussi fine qu’elle soit, ne rend jamais la totalité de ce que les locuteurs produisent. Elle demeurera toujours une interprétation par le transcripteur, et donc une approximation (plus ou moins) lointaine de la réalité du signal phonétique.

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34
Q

Syncope

A

Élimination d’une voyelle à l’intérieur d’un mot. Par exemple, la syncope a frappé les voyelles prétoniques internes du latin lors de leur évolution en français: lat. lib(e)raare >fr. livrer (voir §6).

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35
Q

Apocope

A

Lorsqu’une voyelle finale de mot est perdue, on parle d’apocope. C’est le cas du lat. mare qui devient mer en français.

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36
Q

Appendix probi

A
  • Vocabulaire de 227 mots retrouvé au revers d’un manuscrit et datant du IIIe ou IVesiècle apr.J.-C.
  • Chaque mot est donné en deux formes: en latin classique et dans une forme altérée. L’ambition est visiblement pédagogique, et l’auteur a rassemblé ainsi un catalogue de ce qu’il ne faut pas dire (ou écrire) si on veut bien parler (le latin).
    -> Par exemple, il faut dire (ou écrire) calida «chaud» et non pas calda, cette dernière forme ayant subi la syncope de la voyelle posttonique (>it. calda, fr. chaud).
  • Les «erreurs» contre lesquelles l’auteur met en garde constituent autant de formes de la langue de son époque (du latin vulgaire) et ouvrent ainsi une fenêtre sur cet état de langue.
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37
Q

Articulatoire

A
  • Propriétés articulatoires d’une consonne ou d’une voyelle, qui décrivent l’état et le mouvement des organes de la parole (ou de la phonation): labial, vélaire, vibration des cordes vocales, occlusion,etc.
  • L’action des organes de la parole (l’articulation) produit le signal phonétique (acoustique).
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38
Q

Aspiration

A
  • [phonétique] Fait de prolonger la prononciation d’une consonne (typiquement d’une occlusive, et au sein de ce groupe, typiquement les occlusives sourdes) avec ce qui est perçu comme un [h] (ou un souffle).
  • La réalité articulatoire peut cependant être diverse. Un VOT (fortement) positif est le corrélat phonétique typique de l’aspiration, et perçu en tant que tel (par les locuteurs dont la langue possède un contraste fondé sur l’aspiration).
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39
Q

Assibilation

A

[processus] Processus phonologique qui transforme une occlusive en affriquée. Un exemple du français québécois est décrit §65.

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40
Q

Assimilation

A

[processus] Transfert d’une propriété articulatoire d’un segment à un autre. Une assimilation rend deux objets similaires qui l’étaient moins. Voir §6 pour un exemple, et §8.4 pour des références.

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41
Q

Dissimilation

A
  • La dissimilation, rend plus dissemblables qu’ils ne l’étaient auparavant deux segments partageant des propriétés.
    -> En grec classique par exemple, la loi de Grassmann décrit la dissimilation de deux consonnes aspirées: lorsqu’un mot en comporte deux, la première perd son aspiration, comme dans thrik‑s- trikh‑os «cheveu Nsg, Gsg». La forme sous-jacente de la racine (synchroniquement ou diachroniquement, selon l’angle que l’on préfère) étant /thrikh‑/, l’aspiration du /kh/ ne peut s’exprimer devant consonne (suffixale) au nominatif. Au génitif, elle apparaît ensurface, et alors dissimile celle du /th/, qui ne peut la manifester. Sur la dissimilation, voir par exemple Katamba (1989: 94 et suiv.), Kenstowicz (1994: 162 et suiv.), Jensen (2004: 55).
  • L’assimilation et la dissimilation s’opposent aux effets positionnels, voir §7 (et Scheer 2004a: §567, 570).
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42
Q

ATRité

A
  • [phonétique] Advanced Tongue Root, décrit la différence articulatoire qui existe par exemple entre [e,o,ø] (+ATR) et [ɛ, ɔ, œ] (–ATR). La réalité dont l’ATRité cherche à rendre compte est la même que celle décrite par la terminologie française classique qui oppose les voyelles (moyennes) mi-fermées [e,o,ø] et mi-ouvertes [ɛ,ɔ,œ], ou encore la terminologie ultimement néogrammairienne qui attribue la différence à une activité musculaire en opposant les voyelles tendues [e,o,ø] aux voyelles relâchées [ɛ,ɔ,œ].
  • Aucune différence liée à une activité musculaire n’a pu être décelée depuis que l’on dispose de techniques adéquates de mesure. La terminologie française peut faire l’affaire pour la description du français où seules les voyelles moyennes sont concernées. Or dans d’autres langues, germaniques par exemple, la même différence s’observe pour les voyelles hautes (et est alors typiquement, mais non pas systématiquement, associée à la longueur): [i,u,y] (longues) ici correspondent à [e,o,ø], et [ɪ,ʊ,ʏ] (brèves), à [ɛ,ɔ,œ]. Ces voyelles n’étant en rien «mi-» puisqu’elles ne sont pas moyennes, la terminologie française n’a pas de validité générale.
  • L’ATRité est alors un pis-aller: il n’est pas sûr que le trait articulatoire qui unit [i,u,y] et [e,o,ø] soit l’avancement de la racine de la langue, ni que ce qui unifie [ɪ,ʊ,ʏ] et [ɛ,ɔ,œ] soit son non-avancement. Ni d’ailleurs qu’il existe une base articulatoire universelle pour la généralisation que l’on a envie de faire. Mais on peut peut-être s’accorder que la façon la moins erronée de parler du phénomène, parmi celles dont on dispose, est l’ATRité.
  • Notons, enfin, que les voyelles basses ne se prêtent pas à distinction d’ATRité, jamais et dans aucune langue: elles sont toujours non ATR (ou relâchées).
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43
Q

Bien formé et mal formé

A
  • On dit d’un objet linguistique (morphème, forme, mot, phrase,etc.) qu’il est bien formé s’il est grammatical, c’est-à-dire si les locuteurs natifs d’une langue s’accordent pour dire qu’il est acceptable et fait partie de leur langue.
    -> En français par exemple, brique [bʁik] et «Je vois une maison» sont bien formés.
  • Un objet mal formé en revanche est agrammatical, c’est-à-dire de l’avis des locuteurs natifs non acceptable et ne faisant pas partie de leur langue.
    -> Les locuteurs français s’accorderont par exemple pour dire que rbique [ʁbik] et «Une vois maison je» sont mal formés.
    -> Notons que dans le premier cas, cette mal-formation n’est pas simplement due au fait que le mot rbique n’existe pas: la réaction des francophones à blique, qui est aussi dans ce cas, est assez différente. Ils diront que blique n’existe pas mais pourrait devenir un mot demain si on y attachait un sens. De leur avis, rbique en revanche ne pourra jamais avoir cette carrière, même si un sens venait de s’y attacher. C’est que ce mot contrevient à une propriété de la phonologie française, celle de restreindre les groupes initiaux de mot à des séquences obstruante-liquide (voir §79) –alors que blique y satisfait.
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44
Q

Quelles sont les classes majeures des segments? (3)

A

Catégories de segments importants dans les langues du monde dont les processus phonologiques les concernent souvent.

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45
Q

Consonne

A
  • [phonétique] S’oppose à voyelle, par ses caractéristiques acoustiques et articulatoires ainsi que par son comportement phonologique.
  • Les consonnes et les voyelles forment les deux grandes catégories de segments, dont les descripteurs articulatoires sont brièvement exposés ici (et dans l’entrée voyelle). Voir les introductions à la phonétique articulatoire pour davantage de détail (par exemple Carvalho et al. 2010: 29 et suiv.).
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46
Q

Les consonnes sont classifiées par 3 types de propriétés quelles sont-elles?

A
  • Le lieu d’articulation.
  • Le mode d’articulation.
  • L’état de la glotte.
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47
Q

Lieu d’articulation

A

Le lieu d’articulation décrit un endroit dans le chenal vocal, c’est-à-dire depuis la glotte jusqu’aux lèvres, en référence à l’articulateur supérieur (lèvres supérieures, dents supérieures, alvéoles, palais dur, palais mou, velum, pharynx) ou inférieur (lèvres inférieures, dents inférieures, portion de la langue qui agit, c’est-à-dire cacuminale, apicale, laminale, dorsale, radicale, ou encore le pharynx), ou aux deux. En pratique, l’usage a souvent imposé un seul adjectif, souvent appartenant à l’articulateur supérieur.
-> Ainsi une palatale ([j,ç,],etc.) est une consonne pour l’articulation de laquelle la langue s’approche, ou touche, le palais dur. La même chose vaut pour les dentales ([t,d],etc.), vélaires [k,g,x,ɣ],etc.), uvulaires ([q,ʁ,χ],etc.) et ainsi de suite. Une bilabiale, en revanche, décrit des objets comme [p,b,ɸ,β] dont l’articulation implique les deux lèvres, supérieure et inférieure, et une labio-dentale décrit [f,v], produites avec la lèvre inférieure et les dents supérieures.

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48
Q

Mode d’articulation

A

Le mode d’articulation décrit, phonétiquement, la distance entre les deux articulateurs (aperture), mais dans bien des cas n’est pas déterminable (latérales, nasales, vibrantes) –voir l’entrée aperture. Il définit ce que l’on appelle les classes majeures qui distinguent notamment, du moins au plus sonore (voir entrée aperture et §49), les occlusives (contact entre les deux articulateurs, l’air est bloqué avant d’être brusquement relâché), fricatives (rapprochement, sans aller jusqu’au contact), nasales (contact, mais le velum est abaissé et ainsi laisse échapper l’air par le nez), latérales (contact, mais les côtés latéraux de la langue sont abaissés et laissent ainsi échapper l’air latéralement), vibrantes (allers-retours entre contact et non-contact), semi-voyelles (ou semi-consonnes, ou glides, proche des voyelles), et enfin voyelles. Les occlusives et les fricatives forment les obstruantes, et les nasales, latérales, vibrantes et semi-voyelles, les sonantes.

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49
Q

État de la glotte

A

La glotte peut fournir un certain nombre de distinctions, mais il suffira pour notre propos de faire la différence entre un état actif (les cordes vocales vibrent), et un état non actif (elles ne vibrent pas) –le voisement. Celui-ci décrit les consonnes non voisées (ou sourdes, comme [p,t,k,ʃ,x]), quand celui-là concerne les consonnes voisées (comme [b,d,g,ʒ,ɣ]). Sur le voisement, voir également VOT.

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50
Q

Consonnes syllabiques

A
  • Androgynes: ont un corps consonantique, mais se comportent comme des voyelles. En cela l’inverse des semi-voyelles (ou glides), qui par leur nature sont des voyelles, mais se comportent comme des consonnes.
  • Les consonnes syllabiques se rencontrent (presque) seulement dans des positions où aucune voyelle n’est adjacente: en début de mot devant consonne (#__C, par exemple en koromfe, une langue gur parlée au Burkina Faso,m̩pa «tu donnes»), entre deux consonnes (par exemple tchèque prst [pr̩st] «doigt»), ou en fin de mot après consonne (par exemple anglais apple [æpl̩] «pomme»).
  • En API, la syllabicité d’une consonne est notée par une petite barre verticale centrée en dessous du symbole consonantique.
  • Typiquement, seules les sonantes peuvent être syllabiques (la littérature fait état de quelques rares cas de syllabicité d’obstruantes, mais celle-ci dépend de l’analyse).
  • On peut reconnaître une consonne syllabique en demandant aux locuteurs combien de syllabes a un mot (les locuteurs ont des intuitions sur le nombre de syllabes, mais non sur leurs frontières).
  • Enfin, une consonne syllabique, puisqu’elle fait office de voyelle, peut comme celle-ci (et contrairement aux consonnes) accueillir l’accent (être tonique). C’est ainsi que l’on sait qu’en tchèque par exemple, le r de vrtat «vriller» est syllabique, alors que celui de rtuť «mercure» ne l’est pas. S’il l’était, il porterait l’accent, qui est toujours initial dans la langue.
  • Les consonnes syllabiques ont des cousines, les consonnes dites piégées (trapped en anglais), qui partagent avec elles la distribution (#__C, C__C, C__#), mais n’ont aucune vertu vocalique. Elles se comportent selon leur apparence physique, comme des consonnes. Le r du tchèque rtuť, déjà évoqué, est une consonne piégée, ainsi que le ř (vibrante alvéolo-palatale) du tchèque hřbitov «cimetière», accentué sur le i.
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51
Q

Débuccalisation

A
  • [processus] Processus phonologique qui transforme un segment impliquant un articulateur supra-laryngal, c’est-à-dire qui se trouve dans la bouche, en une articulation uniquement glottale. Les aboutissements sont typiquement le coup de glotte [ʔ] et [h].
  • Dans certaines variété de l’anglais britannique du sud de l’île (par exemple cockney), p,t,k apparaissent sous la forme d’un coup de glotte, comme dans water [wooʔə] ou city [sɪʔɪ]. Dans un certain nombre de variétés d’espagnol, s devient [h] en coda: costa «côte» et después «après» sont prononcés co[h]ta, despué[h], respectivement.
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52
Q

Dérivation

A
  • Action qui relie un input et un output (voir algorithme) de façon que la transformation de l’input se fasse pas par pas, c’est-à-dire par petites étapes qui se succèdent dans le temps, et dont la succession est logique (l’action n +1 suppose l’achèvement de l’action n).
  • Le prototype d’une dérivation, en phonologie, est celle qui relie la forme sous-jacente (ou lexicale) à la forme de surface. En SPE, cette dérivation se faisait au moyen de règles ordonnées dont chacune ne pouvait s’appliquer que sur l’output de la règle précédente: on transforme une forme sous-jacente /X/ pas par pas en appliquant les règles R1, R2, R3… Rn dans cet ordre, pour aboutir à la forme de surface. Ainsi il était impossible de «sauter» une règle, et chaque étape intermédiaire devait être obligatoirement calculée sur la base de l’étape précédente.
  • On appelle une action dérivationnelle également sérielle, ou procédurale. Le contraire de la computation dérivationnelle est la computation parallèle, où toutes les actions individuelles ont lieu simultanément. Alors qu’en sciences cognitives, la computation dérivationnelle est une idée centrale du modèle standard (Turing- von Neumann, voir §176), la computation parallèle est mise en œuvre par le connexionnisme (voir §179.2). La théorie de l’optimalité l’applique au langage (et surtout à la phonologie).
53
Q

Dévoisement

A
  • [processus] Processus qui au moyen d’une modification de l’état de la glotte (vibration ou non des cordes vocales) fait qu’une consonne (typiquement une obstruante) voisée devient non voisée. En français par exemple, le d de«médecin est voisé lorsque le schwa suivant est prononcé ([medəsɛ̃]), mais non voisé lorsqu’il est omis ([metsɛ̃]). On dira alors que le /s/, mis en contact avec le /d/, l’a assimilé en voisement, c’est-à-dire lui a imposé sa valeur de voisement (assimilation régressive).
  • Un processus particulier, récurrent dans les langues du monde, est le dévoisement en finale, décrit §20.
54
Q

Diphtongue

A
  • Deux articulations vocaliques adjacentes qui valent une seule voyelle phonologiquement.
    -> En français, le oi de roi par exemple est une diphtongue (forme un seul son).
  • L’équivalent consonantique de la diphtongue est l’affriquée (voir entrée monopositionnel).
55
Q

Hiatus

A
  • L’hiatus implique également deux articulations vocaliques, mais qui ont la valeur de deux voyelles indépendantes comme le aï dans le mot cocaïne (reste 2 sons distincts).
56
Q

Disjonction

A
  • Une disjonction, en phonologie, est une situation où un processus affecte plusieurs objets ayant des caractéristiques diverses en même temps.
    -> La disjonction de la coda __{#,C} par exemple décrit une distribution où deux consonnes qui a priori ne partagent aucune propriété sont la cible récurrente de processus phonologiques (alors que ces processus ne s’appliquent pas à des consonnes dans d’autres positions).
  • L’appellation «disjonctif» tient au fait que les processus concernent l’une ou l’autre des deux consonnes (mais il est vrai que le terme «conjonction» siérait mieux: en réalité c’est l’une et l’autre).
57
Q

Distinctif

A
  • Deux segments sont distinctifs lorsqu’ils sont en opposition.
  • Des segments distinctifs serviront à faire la distinction au niveau du sens entre deux mots. Ils serviront à identifier des paires minimales.
58
Q

Distribution

A

Les différents contextes dans lesquels un segment peut se trouver.

59
Q

Élision

A
  • [processus] Non-prononciation d’une voyelle finale d’un mot déclenchée par le fait que le mot suivant commence par une voyelle.
  • Une séquence de deux voyelles est un hiatus, et l’élision est donc une manière spécifique de résoudre un hiatus lorsqu’il se présente en sandhi externe (voir cette entrée), c’est-à-dire entre deux mots.
    -> En français, l’élision est obligatoire par exemple lorsque les articles le et la sont suivis d’un mot à initiale vocalique: /la armoire/ donne l’armoire, /le appel/ est prononcé l’appel (à comparer avec la chanson et le café).
60
Q

Enclise

A
  • Agglutination d’un mot fonctionnel à droite d’un mot plein, de façon que les deux ne fassent plus qu’un seul domaine accentuel.
    -> En français par exemple (dans un registre haut), le pronom de la première personne du singulier est enclitique lorsqu’il est inversé par rapport au sujet: tu étais d’accord, pensais-je. Ici je ne porte pas l’accent, alors que d’autres pronoms, dans les mêmes circonstances, sont toniques: par exemple très bien, disais-tu.
61
Q

Proclise

A

La proclise décrit le même phénomène à la marge gauche des mots (en français, les pronoms objets faibles par exemple sont proclitiques par rapport au verbe: je l’ai vu).

62
Q

Entrave

A

Une voyelle se trouvant dans une syllabe fermée est dite entravée (par la coda).

63
Q

Épenthèse

A
  • [processus] Insertion dans la chaîne linéaire d’un segment (voyelle ou consonne) absent de la forme lexicale (ou sous-jacente).
    -> En français, par exemple, le [t] dans a-t-il bien regardé? ne fait partie ni du verbe a ni du pronom il: son apparition est provoquée par la configuration syntaxique particulière (inversion sujet-verbe) et le fait qu’elle produise un hiatus (voir cette entrée).
64
Q

Faculté de langage

A

La capacité de chaque bébé d’apprendre n’importe quelle langue naturelle.

65
Q

Def. noeuds soeur, mère et fille

A

Sur le modèle de l’arbre généalogique, on utilise les termes féminins du vocabulaire de la parenté pour indiquer les relations entre deux ou plusieurs nœuds dans un arbre syntaxique, morphologique, syllabique,etc. en linguistique. Dans une configuration [AB]X, c’est-à-dire où A et B sont dominés par X :
1)A et B sont des sœurs
2)X est la mère de A et B
3)A et B sont les filles de X.

66
Q

Fortition (renforcement)

A

[processus] [du lat. fortis «fort, robuste» et lenis «mou, tendre»]
- Augmentation de la force d’un segment par modification de ses caractéristiques articulatoires.
- Classiquement, les segments (voyelles autant que consonnes) sont classés sur une échelle de force, du plus faible au plus fort.
- Pour les consonnes, cette échelle coïncide très largement avec l’échelle de sonorité (voir aperture), de telle façon que les consonnes les plus faibles sont les plus sonores (les sonantes), et les plus fortes, les moins sonores (obstruantes).
- Ainsi un processus qui transforme une semi-voyelle en occlusive (ou affriquée) est une fortition (ou renforcement).
-> C’est le cas de l’évolution en français de yod latin en position initiale: lat. jocu >afr. [dʒ]eu >fr. [ʒ]eu.

67
Q

Lénition

A
  • Le processus inverse est la lénition (ou adoucissement), qui implique donc l’augmentation de la sonorité d’un segment.
    -> Toujours dans l’évolution en français du latin, par exemple, p devient v à l’intervocalique (spirantise) comme dans lat. ripa >fr. rive.
68
Q

Trajectoires de lénition

A

Affaiblissement successif d’une consonne jusqu’à son amuïssement.

69
Q

Glides

A
  • [phonétique] Aussi appelés semi-voyelles ou semi-consonnes, faisant partie de la classe majeure des sonantes (voir aperture, §49).
  • Il existe trois glides, [j], [w] et [ɥ], qui par leur lieu d’articulation correspondent aux voyelles hautes [i], [u] et [y]. Phonologiquement parlant, les glides sont les versions consonantiques de ces voyelles, et ainsi les articulations consonantiques les plus proches des voyelles (les plus sonores parmi toutes).
  • Le fonctionnement des glides en tant que versions consonantiques des voyelles hautes se voit bien en français à l’occasion des radicaux à finale vocalique (voir §139): les verbes lier, louer, suer se prononcent li‑j-er, lou‑w-er, su‑ɥ-er, avec un glide correspondant à la voyelle haute finale des radicaux (et qui ne fait partie ni de celui-ci ni du suffixe). À noter que l’apparition d’un glide se produit seulement avec les voyelles hautes: créer [kree], créons [kχeɔ̃],etc., demeure en hiatus.
70
Q

Grammaire universelle

A
  • Ensemble de propriétés grammaticales qui constituent la faculté de langage de l’homme, c’est-à-dire la capacité de chaque bébé d’apprendre n’importe quelle langue naturelle.
  • La faculté de langage, et donc la grammaire universelle, est partagée par tous les humains, et seulement par les membres decette espèce. Elle est donc encodée génétiquement et transmise de génération en génération par voie biologique.
  • La grammaire universelle et la faculté de langage sont des marques de fabrique de l’approche générative (ou chomskienne) du langage. Voir par exemple Chomsky (1968).
71
Q

Hétérosyllabique (polysyllabique)

A

[voir aussi syllabe] Se dit de deux segments qui appartiennent à deux syllabes différentes. Par exemple, le r et le t de par.tie sont hétérosyllabiques (ou polysyllabiques).

72
Q

Tautosyllabique

A

La situation inverse est décrite par le terme tautosyllabique (ou homosyllabique): c’est ce que l’on dit de deux segments qui appartiennent à la même syllabe, comme le t et le r de pa.trie.

73
Q

Homorganique

A
  • [phonétique] Se dit de deux segments (adjacents) qui partagent le même lieu d’articulation.
  • Typiquement, les groupes nasale-obstruante NC sont homorganiques, tels les groupes produits par la préfixation de in‑ en anglais: im‑possible, iŋ‑credible (alors que la préfixation de un‑ donne des groupes NC non homorganiques: u[n]‑predictable, u[n]‑critical).
74
Q

Universaux (implicationnels)

A

Recherchés et reconnus depuis l’Antiquité, les universaux sont des propriétés grammaticales partagées par toutes les langues du monde et auxquelles, selon l’idée de la grammaire universelle, aucune langue humaine ne peut déroger. Pour les universaux implicationnels, voir §50, §55.

75
Q

Intervocalique

A

[phonétique] Se dit d’une consonne qui est précédée et suivie d’une voyelle, comme le t de fatal.

76
Q

Langue (vs parole)

A
  • La Langue étant le siège du savoir grammatical partagé par la communauté linguistique, elle est actualisée par les individus au moyen d’actes de Parole. Ceux-ci rendent la Langue mâtinée de facteurs sociaux, culturels, physiologiques,etc.
  • La Langue se suffit donc à elle-même et est parfaitement autonome: elle n’est façonnée d’aucune manière par l’environnement interne (autres systèmes cognitifs) ou externe au cerveau (société, culture, physiologie,etc.).
77
Q

Laryngales

A
  • Classe de consonnes dans la langue mère des langues indo-européennes, l’indo-européen.
  • L’existence des laryngales a été déduite par Ferdinand de Saussure.
78
Q

Linéaire

A
  • On oppose aux structures autosegmentales, ou multilinéaires, ou non linéaires, les théories (antérieures) qui connaissent comme seule représentation phonologique la consécution linéaire d’objets de base, sans interrelation: c’est ce que l’on appelle une structure linéaire.
  • SPE notamment est dans ce cas, où les représentations forment une séquence monotone de matrices de traits distinctifs, chacune représentant un segment (voir §12).
  • Mais c’est également le cas des théories structuralistes, où l’unité de base, concaténée linéairement, est le phonème.
79
Q

Liquide

A

[phonétique] Ensemble des consonnes latérales et vibrantes. Voir aperture.

80
Q

Marque

A
  • Il y a un assez grand nombre d’usages de l’opposition marqué vs non marqué.
  • Le plus répandu et le plus banal est simplement celui qui dit qu’un objet rare est marqué, alors qu’un objet fréquent est non marqué. On parle de la marque d’un objet pour faire référence à cette distinction.
    -> Par exemple, le segment [ř] que l’on trouve en tchèque (par exemple dans řidit «conduire»), une vibrante alvéolo-palatale, est marqué: il n’existe que dans quelques langues au monde. En revanche, [t] est non marqué puisqu’on le trouve dans presque toutes les langues du monde.
81
Q

Mélodie

A
  • Les objets qui, dans une représentation autosegmentale, se trouvent en dessous du squelette constituent la mélodie d’un segment, qui s’oppose à sa structure (surtout syllabique), qui est localisée au-dessus du squelette (ou de la ligne des C et V en CVCV).
82
Q

Métrique

A
  • En poésie, étude des propriétés formelles des vers.
  • Des catégories utilisées en métrique sont par exemple la césure, l’hémistiche, l’alexandrin, le pied, la scansion.
83
Q

Monopositionnel

A
  • Qui occupe une seule position (ou un seul point squelettal). S’oppose à des objets bipositionnels, qui occupent deux positions (ou deux points squelettaux).
    -> Même si elles sont constituées de deux phases chronologiquement successives, une affriquée ([ts], [tʃ],etc.) ou une diphtongue (voir cette entrée) représentent un seul objet phonologique, qui est donc monopositionnel (n’occupe qu’un seul point squelettal). Un groupe TR peut être mono- ou bipositionnel (voir section8.5).
84
Q

Mot phonologique

A
  • En phonologie prosodique (voir §181.1), unité qui dans une structure arborescente située au-dessus de la structure syllabique (la hiérarchie prosodique, voir §177) encode de l’information morpho-syntaxique.
  • Les unités de cette arborescence représentent des portions de la chaîne linéaire qui vont de la taille d’un mot à la taille d’une phrase. Comme son nom l’indique, le mot phonologique correspond à peu près (mais non nécessairement: les préfixes par exemple peuvent ou non être inclus) à un mot morphologique quant au découpage de la chaîne linéaire.
85
Q

Muta cum liquida

A
  • Séquence d’une obstruante et d’une liquide (pour ces termes, voir aperture), comme pl, tr, fl.
  • Forme prototypique d’une attaque branchante, c’est-à-dire d’un groupe tautosyllabique (voir syllabe et hétérosyllabique).
86
Q

Nasale

A

Ils obstruent totalement le chenal vocal (contact entre les deux articulateurs), mais laissent échapper l’air par le nez

87
Q

Néogrammairiens (all. junggrammatiker)

A

École linguistique, essentiellement allemande, née à Leipzig au début des années1870.
-> Lire diapo 12 (def. vraiment longue ça sert à rien de l’apprendre).

88
Q

Paragogique

A
  • Une voyelle est dite paragogique si elle est insérée à droite d’une consonne finale de mot, comme c’est parfois le cas en italien (voir §133.3).
  • Il s’agit donc d’un cas particulier d’épenthèse (voir cette entrée).
89
Q

Période critique

A

Période pendant laquelle un enfant peut acquérir une langue de façon maternelle. Lorsqu’un enfant est exposé à une langue seulement au-delà de cette fenêtre qui s’ouvre à la naissance (ou même avant) et se termine quelque part avant 10ans, il ne pourra plus en développer une maîtrise identique à celle des enfants qui étaient dans le bain de la langue avant la fin de la période critique. Les avis divergent sur la limite supérieure de la période critique, qui par ailleurs varie selon des facteurs liés à la maturation de l’individu ainsi qu’à la nature et la qualité du stimulus (par exemple degré d’isolation de l’individu). Pour un survol, voir par exemple Newport et al. (2001).

90
Q

Phonème

A
  • Une unité uniquement cognitive, dont les représentants phonétiques (ayant une réalité physique) permettent de distinguer des mots les uns des autres.
  • Les phonèmes ont une fonction distinctive dans la langue.
91
Q

Phonétique vs phonologie

A

Phonologie :
- L’étude des propriétés cognitives des sons porteurs de message linguistique (segments). C’est l’étude de la composante de la grammaire qui gère les représentations mentales liées aux sons langagiers.
- L’objet d’étude de la phonologie est invisible.
Phonétique :
- L’étude des caractéristiques physiques des sons langagiers.
-> Voir diapos 13-14 pour une explication plus détaillée.

92
Q

Position

A

Endroit dans la chaîne linéaire où se trouve un objet. Voir §15, §144.

93
Q

Position appuyée

A
  • Terme utilisé dans la tradition française pour désigner une consonne en position post-consonantique hétérosyllabique.
    -> Par exemple, la latérale de mer.le se trouve en position appuyée (le r précédent n’appartient pas à la même syllabe), alors que celle de peu.pler ne l’est pas (puisque le p précédent est tautosyllabique).
  • L’idée qui a présidé à la création du terme au xixesiècle est que les consonnes appuyées sont fortes (voir section 9.2) parce qu’elles s’appuient sur la consonne précédente.
94
Q

Positionnel

A

Relatif à la position de la chaîne linéaire dans laquelle se trouve un segment. Synonyme de syllabique: un effet positionnel est un effet dû à la structure syllabique, et s’oppose à un effet provoqué par l’échange de primitives mélodiques lors d’une assimilation (voir chapitre1).

95
Q

Pression systémique

A
  • Influence qu’exerce le système phonématique (l’ensemble des phonèmes d’une langue) sur les propriétés ou le comportement d’un objet.
    -> Un phonème /i/ par exemple peut avoir des propriétés ou des comportements très différents selon qu’il se trouve dans un système à trois voyelles (/i,a,u/), cinq voyelles (/i,e,a,o,u/), ou selon que le système dans lequel il se trouve est symétrique (/i,e,a,o,u/) ou asymétrique (/i,a,o,u/, il manque le /e/).
  • La pression systémique agit typiquement selon deux situations: chaîne de traction ou chaîne de poussette (Martinet 1955). À cause d’un événement extérieur (par exemple phonétique), la symétrie d’un système vient à être rompue, ou bien par l’ajout d’un nouvel élément (par exemple celui d’un /e/ dans un système à trois voyelles /i,a,u/), ou bien par l’élimination d’un phonème (par exemple celle de /e/ d’un système à cinq voyelles /i,e,a,o,u/). Le système aura alors tendance à reconstituer la symétrie, ou bien en poussant un intrus dans une zone de «trop-plein» ailleurs dans l’espace phonétique (chaîne de poussette), ou alors en faisant en sorte qu’un phonème voisin investisse un vide du système (chaîne de traction).
  • Le système et la pression systémique sont des notions centrales, sinon la notion centrale, du structuralisme. Ils ont été totalement évacués du paysage phonologique lors de l’établissement de la théorie générative dans les années1960 et sont donc absents de SPE. Ce n’est que depuis relativement peu de temps que certains représentants de la théorie générative cherchent à réconcilier les deux approches, l’une considérant que la cause des alternances est le système (et rien d’autre, ou presque), l’autre que ce sont les propriétés phonologiques des segments (les traits distinctifs, et rien d’autre).
96
Q

Réduplication (ou redoublement)

A
  • À côté de l’affixation (de la concaténation d’un préfixe, suffixe ou infixe), moyen d’expression d’un morphème.
  • Alors que l’affixation utilise des segments propres à l’affixe qui sont enregistrés dans le lexique, la réduplication prend un ou plusieurs segments d’un morphème, typiquement de la racine, et les répète à gauche ou à droite de celui-ci.
  • Outre de segments répétés (ou rédupliqués, ou redoublés), un morphème réduplicationnel peut être fait de segments propres, enregistrés dans le lexique.
    -> C’est le cas de la réduplication en grec classique discutée §72, où le morphème du parfait est exprimé par un préfixe CV‑ dont le V est toujours e (qui vient donc du lexique) et le C, la première consonne de la racine qui est mise au parfait. Ainsi paideu-ō «éduquer» donne au parfait pe-paideu-mai, mais sin-ō «endommager», se-sim-mai.
97
Q

Rétroflexe

A
  • [phonétique] Se dit d’une articulation lors de laquelle l’apex (la pointe de la langue) est relevée.
  • Étant donné que les rétroflexes impliquent l’apex, elles n’existent que dans la région dentale.
  • L’API note la rétroflexivité par un crochet à droite sous le symbole principal: [ɽ,ʐ,ɳ,ɖ] sont les versions rétroflexes de [r,z,n,d].
98
Q

Rigveda

A

[…] collection d’hymnes […] sacrés de l’Inde antique composés en sanskrit védique. Il fait partie des quatre grands textes canoniques […] de l’hindouisme qui sont connus sous le nom de Veda. C’est l’un des plus anciens textes existant en langue indo-européenne. Sa composition remonte entre 1500 et 900 av. J.-C.

99
Q

Sandhi (interne, externe)

A
  • [processus] Terme de la grammaire traditionnelle indienne qui décrit les endroits dans la chaîne linéaire qui correspondent à des divisions morphologiques et syntaxiques.
  • Une transition entre deux morphèmes (au sein d’un mot) est un sandhi interne, celle entre deux mots, un sandhi externe.
  • On dit qu’un processus a lieu «en sandhi (interne ou externe)»: par exemple, l’élision se rencontre en sandhi externe (voir élision).
100
Q

Schwa

A
  • [phonétique] Terme à usage multiple.
  • Sur le plan phonétique, il s’agit simplement d’une voyelle centrale, et on distingue alors, selon la hauteur, le schwa haut [ɨ], le schwa moyen (ou schwa tout court) [ə] et le schwa bas [ɐ].
  • Il existe aussi un usage fondé sur un critère phonologique, la «faiblesse» de la voyelle: est schwa ce qui alterne avec zéro. Cette alternance peut être optionnelle comme en français (dev[ə]nir/ dev[œ]nir ou dev’nir), ou obligatoire comme en arabe marocain k’tɨb «il a écrit»- kɨt’b‑u «ils ont écrit».
  • La tradition française utilise le terme selon cette dernière définition: on parle de «e caduc», «e muet» ou «e instable» en référence au fait que les voyelles qui alternent avec zéro sont transcrites par la lettree.
  • Or la qualité phonétique des voyelles en question est fort variable, et aujourd’hui la plupart du temps [œ] (plutôt que [ə]).
101
Q

Segment

A

Afin de différencier les sons non linguistiques (chant d’oiseau, marteau-piqueur, voiture,etc.) des sons porteurs de message linguistique, on appelle ces derniers des segments. S’oppose au phonème, voir contraste.

102
Q

Signifiant, signifié

A
  • Les deux faces du signe linguistique saussurien.
  • L’unité minimale dotée d’un sens est le morphème, dont la définition est précisément de posséder une forme (Signifiant) et un sens (Signifié).
  • Dans son Cours de linguistique générale, Saussure (1916) enseigne que l’association des deux est arbitraire (il n’y a pas de raison pour laquelle le sens de table est associé à la séquence sonore [tablə], plutôt qu’à une autre, et vice versa).
103
Q

Sommet de la syllabicité

A
  • Maximum local de sonorité.
  • Fonction généralement assumée par une voyelle (dans CVC, V est l’élément le plus sonore), mais qui peut également être remplie par une consonne, qui est alors syllabique (comme dans anglais apple [æpl̩] «pomme»). Voir consonnes syllabiques.
104
Q

Sonante

A
  • La classe majeure la plus proche des voyelles en terme de sonorité.
  • Les semi-voyelles, les nasales et les liquides sont sonantes (possèdent le trait [+ sonantique]).
  • La classe des sonantes pose des problèmes insurmontables à une classification fondée sur la distance physique, donc une hiérarchie s’est formée en lien avec la sonorité (échelle de sonorité).
105
Q

Forme sous-jacente

A
  • On dit d’une forme qu’elle est sous-jacente (ou profonde) si elle est enregistrée dans le lexique, c’est-à-dire stockée dans la mémoire à long terme (tous les morphèmes sont ainsi sous-jacents), ou encore si elle est le départ d’une dérivation (voir cette entrée) et contient plusieurs morphèmes (après concaténation par la morpho-syntaxe).
  • La forme en question est sous-jacente et non pas dérivée lorsqu’elle n’a été transformée par aucune computation (phonologique ou autre).
106
Q

Forme de surface

A

Le contraire d’une forme sous-jacente est une forme de surface, qui est le résultat de l’application d’une computation à la forme sous-jacente correspondante.

107
Q

Spectrogramme

A
  • [phonétique] Représentation graphique du signal acoustique au moyen de l’analyse spectrale.
  • Un sonagramme représente la fréquence et l’intensité en fonction du temps.
  • Le temps est porté en abscisse, la fréquence en ordonnée et l’intensité de chaque composante est représentée par la couleur, la noirceur ou l’épaisseur de la trace correspondante.
108
Q

Spirantisation

A

[processus] Processus qui transforme une occlusive en fricative. Dans l’évolution en français du latin, par exemple, p devient v à l’intervocalique comme dans lat. ripa >fr. rive.

109
Q

Suprasegmental

A
  • Il existe plusieurs usages de ce mot.
  • Le plus courant est celui où le terme désigne, dans une représentation autosegmentale, l’espace au-dessus du squelette.
  • Ainsi l’accent est une propriété suprasegmentale d’un mot, tout autant que les tons.
  • Le suprasegmental s’oppose au segmental, qui renvoie à l’espace en dessous du squelette, c’est-à-dire à la mélodie (voir cette entrée).
110
Q

Syllabe

A

La syllabe étant l’objet du livre, cette entrée ne précise que quelques équivalences terminologiques.
- Lorsqu’une syllabe possède une coda elle est fermée: elle est ouverte dans le cas contraire.
- Une voyelle se trouvant dans une syllabe fermée est dite entravée (par la coda), alors qu’une voyelle en syllabe ouverte est libre (voir §26).
- Lorsqu’il faut décider si deux consonnes intervocaliques représentent une séquence coda-attaque (donc hétérosyllabique et entravant la voyelle à leur gauche) ou une attaque branchante (donc tautosyllabique et laissant libre la voyelle à leur gauche), c’est la sonorité relative des deux consonnes qui décide (voir sections4.4 et 4.5).
- Selon la terminologie utilisée, on appelle un groupe tautosyllabique (TR et plus particulièrement muta cum liquida) une attaque branchante (terme génératif) ou un groupe explosif (terme structuraliste).
- Un groupe hétérosyllabique (RT, TT, RR) en revanche est une séquence coda-attaque (terme génératif) ou un groupe implosif (terme structuraliste).

111
Q

Synérèse

A
  • [processus] Non-prononciation (en français) d’une voyelle haute Vh [i,u,y] dans une séquence Vh-glide-V, c’est-à-dire lorsque la voyelle haute est suivie d’un glide et d’une autre voyelle (dans les descriptions classiques, on ne parlera pas du glide puisqu’il n’a pas de trace dans l’orthographe).
    -> Par exemple, li‑er, lou‑er et tu‑er sont probablement plus souvent prononcés [lje], [lwe], [tɥe] aujourd’hui, c’est-à-dire avec synérèse, que [lije], [luwe], [tyɥe], c’est-à-dire sans synérèse.
  • La synérèse est aujourd’hui bloquée après groupe TR (voir §139.3): *[plje], *[tχwe] et *[ɛ̃flɥe] ne sont pas des prononciations valables de plier, trouer et influer. Mais il s’agit d’une interdiction relativement récente puisque la métrique (voir cette entrée) classique française (codifiée au xviiesiècle) ne compte que deux syllabes pour un mot comme meurtrier [mœr.trje] (le <r> était encore apical à cette époque), auquel la synérèse est donc appliquée (et qui aujourd’hui est nécessairement [mœχ.tχi.je]).</r>
112
Q

Timbre

A
  • [phonétique] On dit que les voyelles ont un timbre, qui est défini par leur lieu et leur manière d’articulation (voir voyelle).
    -> Par exemple, i et a ont un timbre différent.
113
Q

Ton

A
  • [phonétique] Hauteur de la voix (anglais: pitch), mesurée en fréquence (hertz).
    -> Par exemple, les femmes ont une voix plus haute que les hommes.
  • La possibilité de moduler la hauteur de la voix est exploitée, par certaines langues, à des fins grammaticales.
    -> En français par exemple, l’élévation de la voix vers la fin de l’énoncé, dans une interrogation qui n’emploie ni l’inversion sujet-objet (viens-tu?) ni l’élément est-ce que (est-ce que tu viens?), marque seule le fait qu’il s’agit d’une question: tu viens?
  • Cet emploi de la hauteur de la voix au sein d’une phrase entière s’appelle intonation. Son emploi au sein d’un seul mot produit ce qu’on appelle des tons.
    -> Il existe ainsi des langues, typiquement en Afrique noire et en Asie du Sud-Est (mais le suédois et des dialectes franconiens en Allemagne et aux Pays-Bas en font également partie), qui différencient des mots seulement au moyen de la hauteur de la voix. En kono (langue mandé parlée en Sierre Leone) par exemple, búú veut dire «corne», mais bùù, «croix». L’accent aigu transcrit le ton haut, et l’accent grave (ou l’absence d’accent), le ton bas.
  • Ici comme ailleurs (voir phonétique), le continuum phonétique de la hauteur de la voix est discrétisé par les langues en deux ou trois catégories (guère davantage): ton haut, ton bas, éventuellement ton moyen.
114
Q

Tonique

A

Se dit d’une position ou d’une voyelle qui porte l’accent tonique.
-> Par exemple, on dit que la tonique (sous-entendu: la voyelle tonique) d’un mot latin (contrairement aux atones) n’est jamais réduite en français.

115
Q

Typologie

A
  • Étude de la variation entre les langues dans le but de les classifier selon des critères grammaticaux.
    -> Par exemple, on distinguera les langues à tons (voir cette entrée) des langues qui n’utilisent pas ce moyen à des fins distinctives. Les langues à tons sont alors un type, et les langues sans tons, un autre type.
  • La classification typologique s’oppose à la classification par appartenance à des familles de langues. La première est strictement synchronique et ne prend pas en compte les génétiques entre langues, alors que la seconde repose sur la filiation génétique où un certain nombre de langues existant à un moment donné dans le temps sont issues par évolution d’une même langue mère.
116
Q

Vocalisation

A
  • [processus] Se dit d’un processus qui transforme une consonne en glide ou en voyelle.
  • Les consonnes en question sont généralement (mais non pas systématiquement) des sonantes, et le contexte où a lieu la vocalisation est typiquement une position faible (coda ou intervocalique).
    -> Un certain nombre de vocalisations de sonantes sont décrites dans le livre: de r en allemand (§16), de l en portugais brésilien (§16), de r,l en espagnol parlé à Cibao (§16), de l en ancien français (§85). On peut citer en exemple d’une vocalisation d’obstruante le sort en français des vélaires.
117
Q

Voisement

A

Décrit l’état de la glotte, c’est-à-dire des cordes vocales, qui peuvent (articulation voisée) ou non (articulation non voisée ou sourde) vibrer. Voir consonne.

118
Q

VOT

A
  • [phonétique] Voice Onset Timing.
  • Propriété acoustique des consonnes occlusives.
  • Le VOT mesure le temps (en millisecondes) qui, au sein d’une séquence occlusive-voyelle, s’écoule entre le moment où l’occlusion est relâchée (où l’explosion a lieu) et le moment où les cordes vocales commencent à vibrer.
  • Il existe trois situations: 1)les deux événements sont simultanés (zéro VOT); 2)le relâchement précède les vibrations (VOT positif); 3)les vibrations précèdent le relâchement (VOT négatif).
  • Le VOT est fortement corrélé à trois types de consonnes (en production et en perception): les consonnes voisées (typiquement, VOT négatif), les consonnes non voisées (typiquement, VOT légèrement positif) et les consonnes aspirées (typiquement, VOT fortement positif).
119
Q

Voyelle

A
  • [phonétique] S’oppose à consonne, par ses caractéristiques acoustiques et articulatoires ainsi que par son comportement phonologique. Les consonnes et les voyelles forment les deux grandes catégories de segments, dont les descripteurs articulatoires sont brièvement exposés ici (et dans l’entrée consonne).
  • Les voyelles sont définies par trois types de propriétés: 1)l’aperture, définissant la position plus ou moins haute de la langue; 2)la position plus ou moins avancée (ou arrière) de la langue; 3)l’arrondissement des lèvres.
  • Dans l’espace articulatoire des voyelles, habituellement représenté par un triangle ou un trapèze, l’aperture (voir cette entrée) décrit la position sur l’ordonnée: une voyelle peut être haute ([i,u,y]), moyenne ([ɛ,ɔ,œ]) ou basse ([a,ɒ]). Il y a encore davantage de distinctions de hauteur, que certaines langues grammaticalisent (voir ATRité), mais les trois degrés de base suffiront ici.
  • La position de la langue sur l’abscisse de l’espace articulatoire est décrite par trois catégories: les voyelles d’avant (ou antérieures, [i,y,e,ɛ,ø,œ,æ]), les voyelles centrales ([ɨ,ə,ɐ]) et les voyelles d’arrière (ou postérieures, [u,o,ɔ]).
  • Enfin, les voyelles peuvent être prononcées avec ou sans protrusion (arrondissement) des lèvres: [y,ø,œ,u,o,ɔ] sont arrondies, [i,e,ɛ] ne le sont pas. Il existe également des voyelles non arrondies d’arrière, [ɯ,ɤ,ʌ], mais dont l’arrondissement est très rarement distinctif. Ce fait est révélateur de l’asymétrie de base que l’on observe pour l’arrondissement: l’état normal des voyelles d’arrière est arrondi, alors que les voyelles d’avant sont non arrondies de droit. Indépendamment du fait qu’objectivement toutes les combinaisons existent (et sont évidemment prononçables), cette asymétrie se manifeste par un universel implicationnel (voir cette entrée): si une langue a des voyelles antérieures arrondies, elle aura également des voyelles antérieures non arrondies (mais l’inverse n’est pas vrai); de la même manière, si une langue a des voyelles postérieures non arrondies, elle aura également des voyelles postérieures arrondies (mais l’inverse n’est pas vrai).
120
Q

Non linéaire (multilinéaire)

A

Les théories (antérieures) qui
défendent le fait que le langage n’est pas ne suite de mots linéaires. Il y a une relation hiérarchique entre les
différents objets linguistiques.

121
Q

Primitive mélodique

A

Les objets mélodiques sont les primitives qui définissent le lieu d’articulation, l’état de la glotte,etc. –classiquement des traits distinctifs tels [±labial], [±voix] (traits permettant de distinguer des sons], dans d’autres approches des primitives unaires tels A, I, U (voir Backley 2011).

122
Q

Procédural (sériel)

A

Synonymes d’une action dérivationnelle.

123
Q

Règles ordonnées

A

En SPE, la dérivation se faisait au moyen de règles ordonnées dont chacune ne pouvait s’appliquer que sur l’output de la règle précédente: on transforme une forme sous-jacente /X/ pas par pas en appliquant les règles R1, R2, R3… Rn dans cet ordre, pour aboutir à la forme de surface. Ainsi il était impossible de «sauter» une règle, et chaque étape intermédiaire devait être obligatoirement calculée sur la base de l’étape précédente.

124
Q

Segment complexe

A

Des segments qui sont constitués de deux phases chronologiquement successives, comme les affriquées et les diphtongues.

125
Q

Système (phonématique)

A

L’ensemble des phonèmes d’une langue.

126
Q

Trait distinctif

A
  • Traits sont binaires.
  • Traits permettent de faire la distinction entre des segments.
127
Q

Variante contextuelle

A

Lorsque deux segments ne se rencontrent jamais dans le même contexte on dit que ce sont des variantes contextuelles.

128
Q

Verbes forts (langues germaniques)

A

Verbes irréguliers des langues germaniques.

129
Q

Voyelles moyennes (en français)

A

Les voyelles mi-ouvertes et les voyelles mi-fermées.