EXAM 2 Flashcards
Ablaut
- [processus] Synonyme: apophonie. L’alternance en timbre (la quantité est un cas particulier) de la voyelle radicale, exploitée à des fins grammaticales.
- Le cas le mieux connu, et où l’ablaut est encore vivant aujourd’hui, sont les verbes dits forts (ou irréguliers) des langues germaniques.
-> Dans l’anglais sing- sang- sung, la modification du timbre de la voyelle radicale, entre le présenti, le prétérita et le participeu, est le seul moyen de différencier (ou de reconnaître) le statut grammatical (temps et aspect) des formes en question.
Acoustique
- [phonétique] Propriétés du signal phonétique (ou sonore, c’est-à-dire de l’onde physique représentée souvent par un sonagramme), telles la durée, l’amplitude, la fréquence (en hertz),etc.
- Différentes des propriétés articulatoires d’une consonne ou d’une voyelle.
- L’action des organes de la parole (l’articulation) produit le signal phonétique (acoustique).
Acquisition
- Processus d’appropriation, par l’enfant, de sa ou ses langues maternelles.
- Le terme a été établi à dessein pour s’opposer à l’apprentissage, qui concerne l’appropriation de toutes sortes de savoirs par l’humain, y compris d’artefacts culturels comme la maîtrise d’un instrument (violon, piano), d’une danse folklorique, du Code de la route,etc.
- Contrairement à ces facultés apprises, et comme d’autres facultés génétiquement programmées qui ont besoin d’être étayées par l’expérience telles que manger ou marcher, l’acquisition du langage se fait sans effort (visible ou ressenti par le sujet), est toujours couronnée de succès (et de succès égal: il n’y a pas d’enfants qui apprennent moins bien la syntaxe de leur langue maternelle que d’autres), et ne peut être évitée (un enfant ne peut pas ne pas acquérir sa langue maternelle, fût-il opposé à ce processus).
- La différenciation entre acquisition (développement d’une faculté génétiquement programmée) et l’apprentissage est un fondement (aussi historique) de l’approche générative du langage (Chomsky 1959). Elle s’oppose ainsi à la vision behavioriste (courant dominant en psychologie de la première moitié du xxesiècle) qui considère que le mécanisme de l’apprentissage est le même pour toute faculté apprise (langue, Code de la route, manger, jouer au piano confondus : stimulus et réponse (chien de Pavlov).
- On parle aussi, par extension, de l’acquisition de langues qui ne sont pas maternelles, par exemple d’une langue étrangère à l’école (acquisitionL2).
Quels sont les 3 niveaux d’adéquation?
- Observationnelle
- Descriptive
- Explicative
Observationnellement adéquat
ADÉQUATION
- On dit d’un énoncé qu’il est observationnellement adéquat s’il énumère les faits (à propos d’un phénomène, d’une langue,etc.) correctement et exhaustivement.
-> Dire que les consonnes pré-consonantiques et finales se comportent de la même manière, et que cette manière est différente du comportement des consonnes dans toutes les autres positions, est donc un énoncé observationnellement adéquat. En revanche, il ne dit rien sur le fait que le destin, disons, des consonnes finales et intervocaliques n’est jamais partagé, ni dans la langue en question ni ailleurs.
Descriptivement adéquat
ADÉQUATION
- Avoir une idée de la raison pour laquelle la disjonction __{#,C} fait partie des observations pertinentes mais non pas __{#,V} revient à proposer un énoncé qui est descriptivement adéquat.
- C’est ce que fait la théorie syllabique standard en introduisant le constituant syllabique de la coda (voir §25).
- Cependant, il peut y avoir d’autres analyses, différentes et concurrentes mais basées sur les mêmes observations. Par exemple, CVCV propose que l’identité phonologique de la disjonction __{#,C} n’est pas un constituant dans une arborescence syllabique, mais le fait que les deux consonnes en question sont suivies d’un noyau vide (non gouverné). Cette perspective est tout autant descriptivement adéquate.
Explicativement adéquat
ADÉQUATION
Le jour où on sera capable de départager avec certitude ces deux analyses (ainsi que toutes les autres concernant la disjonction en question), et où on aura donc trouvé laquelle est réellement opérationnelle dans la grammaire des locuteurs, on aura atteint le niveau dit explicativement adéquat.
Les trois niveaux d’adéquation ont été introduits par qui?
Les trois niveaux d’adéquation ont été introduits par Chomsky (1965: 18 et suiv.), et les termes utilisés (observation, description, explication) sont davantage techniques qu’intuitifs (la différence entre observation et description, dans l’usage courant de ces mots, ne tombe pas sous le sens).
Algorithme
- Ensemble d’instructions qui transforment un objet selon une règle précédemment établie (où le processus de transformation n’a pas d’emprise sur la manière dont l’objet est transformé).
-> Un algorithme définit ce qui se passe entre l’input et l’output par exemple d’une opération mathématique (3 est transformé en 10, et 4 en 13, par l’instruction «multiplie l’input par trois et ajoute un»), d’une candidature sur un poste (circuit du dossier: visa d’un certain nombre de responsables, passage dans une commission,etc.), d’une application informatique,etc. - En linguistique en général et en phonologie en particulier, les processus (par exemple ‑re est effacé dans liv’’ d’art) sont le résultat de l’application d’algorithmes. Dans un système à la SPE qui fonctionne avec des règles ordonnées, l’ensemble des règles constitue l’algorithme de la composante phonologique de la grammaire.
Allomorphie (supplétifs)
- [synonyme: supplétion] Situation où un morphème a deux ou plusieurs réalisations de surface, au lieu d’une seule.
- Le cas normal est celui où un morphème donné est toujours réalisé par la même forme: ainsi la première personne du pluriel, en français, est toujours signifiée par ‑ons quel que soit le verbe et sans aucune variation. Or parfois deux ou plusieurs formes réalisent le même morphème, et sont alors choisies selon le contexte morpho-syntaxique ou phonologique. On les appelle les allomorphes de ce morphème.
-> La racine du verbe aller par exemple apparaît sous la forme de all‑ à l’infinitif (all‑er), à l’imparfait (j’all‑ais), au participe (je suis all‑é), au passé simple (j’all‑ai) et pluriel du présent (nous all‑ons). Elle se rencontre sous la forme ir‑ au conditionnel (j’ir‑ais) et au futur (j’ir‑ai), se manifeste en tant que aill‑ au subjonctif (que j’aill‑e), et enfin fait surface en tant que va(i)‑ au singulier du présent (je vais, tu vas, il va). Le conditionnement ici est purement morphologique: la sélection des allomorphes est fonction de la forme grammaticale.
-> Les possessifs féminins ma, ta, sa en revanche sont impliqués dans une allomorphie phonologiquement conditionnée. Lorsqu’ils se trouvent devant un mot féminin à initiale vocalique, ils se trouvent supléés par la forme masculine correspondante mon, ton, son. On a ainsi mon armoire et non pas *ma armoire ou *m’armoire. À noter que le h aspiré protège contre la supplétion, malgré le fait qu’il n’ait aucune matérialité phonétique: on dit ma hache [ma aʃ] et non pas *mon hache.
Allophonie/allophones
- [analyse distributionnelle] Relation distributionnelle entre deux segments, qui sont alors appelés allophones.Un allophone est l’une des réalisations sonores possibles d’un phonème.
- Contrairement à deux phonèmes entre eux, deux allophones d’un même phonème ne peuvent s’opposer en distinguant des unités de sens distincts dans une langue: les locuteurs leur attribuent le même rôle fonctionnel en phonologie, même quand ils perçoivent la différence phonétique entre les deux.
-> Ainsi en français le r est normalement uvulaire [ʁ, χ], mais il existe des variétés (régionales ou dialectales, en Bourgogne par exemple) où il est «roulé», c’est-à-dire [r]. Cette différence, très marquée à l’oreille, pourra fournir des informations non grammaticales sur le locuteur (provenance géographique, statut social,etc.), mais ne conduira jamais à un malentendu.
Alternance voyelle-zéro
- [processus] Le fait pour un morphème de présenter une forme où une de ses voyelles est absente, qui dans une autre forme du même morphème est présente.
- L’alternance peut être optionnelle (variation libre comme en français dans devenir- dev’nir où le locuteur décide d’utiliser la forme sans ou avec voyelle), ou obligatoire en fonction d’un contexte grammatical, comme dans le tchèque pes «chien Nsg»- p’s‑a «chien Gsg» (*ps, *pes‑a).
-> Voir index thématique: §22, §128, fds§129.4-5.
Amuïssement
- [processus] Effacement d’un segment, typiquement de manière définitive et en diachronie.
-> On dira que la voyelle posttonique de lat. pip(e)re s’est amuïe en français, qui présente poivre.
-> En revanche, on ne dira plutôt pas que schwa s’est amuï lorsqu’il n’est pas prononcé dans dev’nir (on dira qu’il alterne avec zéro).
Analyse distributionnelle (ou phonématique)
- [analyse distributionnelle] Étudie l’occurrence d’objets par rapport à d’autres objets, en phonologie par rapport au contexte positionnel.
-> En français par exemple, la distribution de [χ] est telle que l’on ne peut le rencontrer que dans certaines positions, et jamais dans d’autres (voir contraste): après obstruante non voisée (et devant voyelle: t[χ]ois), avant obstruante non voisée (et après voyelle: pa[χ]ti). - Lorsqu’il n’y a aucune restriction distributionnelle (que l’objet en question peut se rencontrer dans n’importe quelle position), on dit que la distribution est libre, et l’objet est alors un phonème (voir contraste).
Quelles sont les 4 situations distributionnelles de base?
- Opposition
- Variation libre
- Distribution complémentaire
- Neutralisation
Contraste/opposition
[analyse distributionnelle] On dit de deux segments qu’ils contrastent (ou sont contrastifs ou distinctifs, ou s’opposent, ou encore qu’ils sont en contraste ou en opposition) lorsque, dans une langue donnée, ils produisent des paires minimales.
Paire minimale
Une paire minimale est une paire de deux mots qui ne se distinguent que par un seul segment, comme pas [pa] et chat [ʃa]. Dans ce cas, on dit que les deux segments en question, [p] et [ʃ] ici, sont chacun un phonème (distinct): leur différence est significative puisqu’elle est capable de porter une différence de sens à elle seule.
Variation libre
[r] et [ʁ] sont phonétiquement distincts, mais il n’y a aucune paire de mots en français dont le sens soit distinct sur la seule base de cette différence physique. Pa[r]is et Pa[ʁ]is ont le même sens. On appelle la situation distributionnelle dans laquelle se trouvent [r] et [ʁ] la variation libre.
Distribution complémentaire
Les deux consonnes [ʁ] et [χ] ne sont pas opposables non plus: elles ne différencient aucune paire minimale –mais pour d’autres raisons que [r] et [ʁ]. En effet, [ʁ] et [χ] ne se rencontrent jamais dans le même contexte. On trouve [ʁ] en début de mot ([ʁ]oute), après obstruante voisée (et devant voyelle: d[ʁ]oit), devant obstruante voisée (et après voyelle: cle[ʁ]gé) et en fin de mot (me[ʁ]). En revanche, [χ] ne se rencontre jamais dans ces contextes, on le trouve uniquement ailleurs: après obstruante non voisée (et devant voyelle: t[χ]ois), avant obstruante non voisée (et après voyelle:pa[χ]ti). Lorsque comme [ʁ] et [χ] deux segments ne se rencontrent jamais dans le même contexte, on dit qu’ils sont en distribution complémentaire (ou des variantes contextuelles).
Neutralisation
- Ici un contraste qui existe par ailleurs dans la langue est neutralisé, c’est-à-dire éliminé, dans une certaine position.
-> Le dévoisement en finale (voir §20) est une neutralisation prototypique. En allemand par exemple, t et d sont en opposition partout sauf en finale de mot: à l’initiale on a des paires minimales telles que Torf «tourbe» vs Dorf «village», mais la différence phonétique entre [t] et [d] ne différencie jamais deux mots en position finale. Ainsi Rad «roue» et Rat «conseil» sont prononcés de manière identique [ʁaat]. Or on sait qu’il s’agit bien de deux phonèmes distincts en considérant le pluriel Räd‑er [χææd‑ɐ] «roues» et Rät-e [ʁæætə] «conseils». On dit alors que l’opposition entre deux phonèmes X et Y (ici /t/ et /d/) est neutralisée dans un contexte donné (ici en finale de mot) au profit de l’un des deux (celui qui se rencontre dans ce contexte, ici t).
Dans quelles situations distributionnelles est-ce qu’on retrouve des allophones d’un même phonème?
- Distribution complémentaire
- Variation libre
Antépénultième
On dit d’une voyelle qu’elle est antépénultième lorsqu’elle se trouve être l’avant-avant-dernière voyelle d’un mot. Ce qui est le cas du a dans lat. calidu (>fr. chaud). Dans l’évolution ultérieure du latin (au français et aux autres langues romanes), et plus généralement dans les langues, la position d’une voyelle par rapport à la marge droite du mot conditionne la place de l’accent tonique, et partant, son devenir.
Proparoxyton
On dit d’un mot dont l’antépénultième est tonique qu’il est un proparoxyton (par exemple lat. calidu).
Pénultième
L’avant-dernière voyelle d’un mot.
Paroxyton
Un mot dont la pénultième (donc l’avant-dernière voyelle) est tonique est un paroxyton (par exemple lat. teela >fr. toile).
Ultième
La dernière voyelle d’un mot.
Oxyton
Lorsque la dernière voyelle, l’ultième, est accentuée, on parle d’oxytons (par exemple lat. mel >fr. miel).
Anthropométrie
- Technique qui concerne la mesure des particularités dimensionnelles d’un homme. Elle est particulièrement utilisée en ergonomie. L’anthropométrie a servi l’idée que certains traits caractériels ou raciaux/ethniques sont reflétés dans la morphologie.
-> Ainsi la criminalistique naissante dans la seconde moitié du xixesiècle développait l’idée du «criminel-né»: à partir d’études phrénologiques et physionomiques, [Cesare Lombroso] tentait de repérer les criminels en considérant qu’il s’agissait d’une classe héréditaire qu’on pourrait distinguer par l’apparence physique.
-> Dans l’Allemagne nazie, l’anthropométrie a servi à identifier les Juifs. Les nazis pensaient eneffet qu’un Juif se dénonce par les propriétés de sa morphologie (circonférence du crâne, longueur du nez, longueur du lobe de l’oreille,etc.).
Aperture
- [phonétique] Dans la bouche, le pharynx et la trachée, l’aperture est la mesure physique (en millimètres) de la distance entre les articulateurs inférieur (lèvre inférieure, dents inférieures, langue,etc.) et supérieur (lèvre supérieure, dents supérieures, alvéoles, palais dur et mou, velum,etc.).
- L’aperture d’une occlusive (p, d, k,etc.) est nulle puisque les deux articulateurs sont en contact alors que celle de la voyelle [a] est maximale, car c’est la voyelle la plus ouverte. Les autres segments sont produits à des niveaux d’aperture intermédiaires.
L’aperture et la sonorité concernent la même réalité physique, mais s’opposent par quoi? Explique.
Par leur statut ontologique: celle-ci est la version cognitive (grammaticalisée) de celle-là. Ou encore, l’aperture est une notion de phonétique, alors que la sonorité est phonologique. Quand l’aperture se mesure en millimètres, la sonorité réplique les grandes lignes de l’aperture tout en ne répondant à aucune mesure physique. Ainsi /a/ est bien le segment le plus sonore, et les occlusives, les segments qui ont la sonorité la plus petite. Se trouvent au milieu les fricatives (plus proches des occlusives: f, ʒ, x,etc.) et les sonantes (plus proches des voyelles). On appelle ces catégories les classes majeures de segments.
Pourquoi est-ce que le système cognitif (la grammaire) a procédé à une classification hiérarchique?
Car la classe des sonantes pose des problèmes insurmontables à une classification fondée sur la distance physique: que penser de la vibrante [r] («r roulé») dont les battements de l’apex font qu’il y a tantôt contact, tantôt non-contact entre les deux articulateurs? Ou encore des nasales (m, n, ɲ, ŋ,etc.), qui obstruent totalement le chenal vocal (contact entre les deux articulateurs), mais laissent échapper l’air par le nez (et à ce titre comme les fricatives sont des continuantes). Ou, enfin, des latérales (l, ʎ, ł), qui se caractérisent par le contact entre les deux articulateurs mais pour autant, au même titre que les fricatives, laissent échapper l’air par le chenal vocal en abaissant les deux côtés latéraux de la langue?
Échelle de sonorité
- Le système cognitif (la grammaire) a procédé à une classification hiérarchique du plus au moins sonore, en tranchant les questions indécidables ex cathedra.
- L’échelle de sonorité (le classement des familles de segments en fonction de leur aperture transformée en sonorité), est universelle dans ses grandes lignes, mais admet quelque variation entre les langues (qui peuvent décider, par exemple, si les nasales comptent ou non parmi les occlusives). Elle est présentée en détail §49.
API
[phonétique] Alphabet phonétique international. Transcription conventionnelle, au moyen de signes spécifiques dérivés des caractères latins, qui ambitionne d’offrir la possibilité de rendre par écrit tous les sons de toutes les langues du monde.
- Le principe est la biunivocité: «un son, un symbole» et vise la transcription d’un son donné par un symbole unique, et l’utilisation d’un symbole donné pour un seul son.
- Il est utile de garder à l’esprit qu’une transcription, aussi fine qu’elle soit, ne rend jamais la totalité de ce que les locuteurs produisent. Elle demeurera toujours une interprétation par le transcripteur, et donc une approximation (plus ou moins) lointaine de la réalité du signal phonétique.
Syncope
Élimination d’une voyelle à l’intérieur d’un mot. Par exemple, la syncope a frappé les voyelles prétoniques internes du latin lors de leur évolution en français: lat. lib(e)raare >fr. livrer (voir §6).
Apocope
Lorsqu’une voyelle finale de mot est perdue, on parle d’apocope. C’est le cas du lat. mare qui devient mer en français.
Appendix probi
- Vocabulaire de 227 mots retrouvé au revers d’un manuscrit et datant du IIIe ou IVesiècle apr.J.-C.
- Chaque mot est donné en deux formes: en latin classique et dans une forme altérée. L’ambition est visiblement pédagogique, et l’auteur a rassemblé ainsi un catalogue de ce qu’il ne faut pas dire (ou écrire) si on veut bien parler (le latin).
-> Par exemple, il faut dire (ou écrire) calida «chaud» et non pas calda, cette dernière forme ayant subi la syncope de la voyelle posttonique (>it. calda, fr. chaud). - Les «erreurs» contre lesquelles l’auteur met en garde constituent autant de formes de la langue de son époque (du latin vulgaire) et ouvrent ainsi une fenêtre sur cet état de langue.
Articulatoire
- Propriétés articulatoires d’une consonne ou d’une voyelle, qui décrivent l’état et le mouvement des organes de la parole (ou de la phonation): labial, vélaire, vibration des cordes vocales, occlusion,etc.
- L’action des organes de la parole (l’articulation) produit le signal phonétique (acoustique).
Aspiration
- [phonétique] Fait de prolonger la prononciation d’une consonne (typiquement d’une occlusive, et au sein de ce groupe, typiquement les occlusives sourdes) avec ce qui est perçu comme un [h] (ou un souffle).
- La réalité articulatoire peut cependant être diverse. Un VOT (fortement) positif est le corrélat phonétique typique de l’aspiration, et perçu en tant que tel (par les locuteurs dont la langue possède un contraste fondé sur l’aspiration).
Assibilation
[processus] Processus phonologique qui transforme une occlusive en affriquée. Un exemple du français québécois est décrit §65.
Assimilation
[processus] Transfert d’une propriété articulatoire d’un segment à un autre. Une assimilation rend deux objets similaires qui l’étaient moins. Voir §6 pour un exemple, et §8.4 pour des références.
Dissimilation
- La dissimilation, rend plus dissemblables qu’ils ne l’étaient auparavant deux segments partageant des propriétés.
-> En grec classique par exemple, la loi de Grassmann décrit la dissimilation de deux consonnes aspirées: lorsqu’un mot en comporte deux, la première perd son aspiration, comme dans thrik‑s- trikh‑os «cheveu Nsg, Gsg». La forme sous-jacente de la racine (synchroniquement ou diachroniquement, selon l’angle que l’on préfère) étant /thrikh‑/, l’aspiration du /kh/ ne peut s’exprimer devant consonne (suffixale) au nominatif. Au génitif, elle apparaît ensurface, et alors dissimile celle du /th/, qui ne peut la manifester. Sur la dissimilation, voir par exemple Katamba (1989: 94 et suiv.), Kenstowicz (1994: 162 et suiv.), Jensen (2004: 55). - L’assimilation et la dissimilation s’opposent aux effets positionnels, voir §7 (et Scheer 2004a: §567, 570).
ATRité
- [phonétique] Advanced Tongue Root, décrit la différence articulatoire qui existe par exemple entre [e,o,ø] (+ATR) et [ɛ, ɔ, œ] (–ATR). La réalité dont l’ATRité cherche à rendre compte est la même que celle décrite par la terminologie française classique qui oppose les voyelles (moyennes) mi-fermées [e,o,ø] et mi-ouvertes [ɛ,ɔ,œ], ou encore la terminologie ultimement néogrammairienne qui attribue la différence à une activité musculaire en opposant les voyelles tendues [e,o,ø] aux voyelles relâchées [ɛ,ɔ,œ].
- Aucune différence liée à une activité musculaire n’a pu être décelée depuis que l’on dispose de techniques adéquates de mesure. La terminologie française peut faire l’affaire pour la description du français où seules les voyelles moyennes sont concernées. Or dans d’autres langues, germaniques par exemple, la même différence s’observe pour les voyelles hautes (et est alors typiquement, mais non pas systématiquement, associée à la longueur): [i,u,y] (longues) ici correspondent à [e,o,ø], et [ɪ,ʊ,ʏ] (brèves), à [ɛ,ɔ,œ]. Ces voyelles n’étant en rien «mi-» puisqu’elles ne sont pas moyennes, la terminologie française n’a pas de validité générale.
- L’ATRité est alors un pis-aller: il n’est pas sûr que le trait articulatoire qui unit [i,u,y] et [e,o,ø] soit l’avancement de la racine de la langue, ni que ce qui unifie [ɪ,ʊ,ʏ] et [ɛ,ɔ,œ] soit son non-avancement. Ni d’ailleurs qu’il existe une base articulatoire universelle pour la généralisation que l’on a envie de faire. Mais on peut peut-être s’accorder que la façon la moins erronée de parler du phénomène, parmi celles dont on dispose, est l’ATRité.
- Notons, enfin, que les voyelles basses ne se prêtent pas à distinction d’ATRité, jamais et dans aucune langue: elles sont toujours non ATR (ou relâchées).
Bien formé et mal formé
- On dit d’un objet linguistique (morphème, forme, mot, phrase,etc.) qu’il est bien formé s’il est grammatical, c’est-à-dire si les locuteurs natifs d’une langue s’accordent pour dire qu’il est acceptable et fait partie de leur langue.
-> En français par exemple, brique [bʁik] et «Je vois une maison» sont bien formés. - Un objet mal formé en revanche est agrammatical, c’est-à-dire de l’avis des locuteurs natifs non acceptable et ne faisant pas partie de leur langue.
-> Les locuteurs français s’accorderont par exemple pour dire que rbique [ʁbik] et «Une vois maison je» sont mal formés.
-> Notons que dans le premier cas, cette mal-formation n’est pas simplement due au fait que le mot rbique n’existe pas: la réaction des francophones à blique, qui est aussi dans ce cas, est assez différente. Ils diront que blique n’existe pas mais pourrait devenir un mot demain si on y attachait un sens. De leur avis, rbique en revanche ne pourra jamais avoir cette carrière, même si un sens venait de s’y attacher. C’est que ce mot contrevient à une propriété de la phonologie française, celle de restreindre les groupes initiaux de mot à des séquences obstruante-liquide (voir §79) –alors que blique y satisfait.
Quelles sont les classes majeures des segments? (3)
Catégories de segments importants dans les langues du monde dont les processus phonologiques les concernent souvent.
Consonne
- [phonétique] S’oppose à voyelle, par ses caractéristiques acoustiques et articulatoires ainsi que par son comportement phonologique.
- Les consonnes et les voyelles forment les deux grandes catégories de segments, dont les descripteurs articulatoires sont brièvement exposés ici (et dans l’entrée voyelle). Voir les introductions à la phonétique articulatoire pour davantage de détail (par exemple Carvalho et al. 2010: 29 et suiv.).
Les consonnes sont classifiées par 3 types de propriétés quelles sont-elles?
- Le lieu d’articulation.
- Le mode d’articulation.
- L’état de la glotte.
Lieu d’articulation
Le lieu d’articulation décrit un endroit dans le chenal vocal, c’est-à-dire depuis la glotte jusqu’aux lèvres, en référence à l’articulateur supérieur (lèvres supérieures, dents supérieures, alvéoles, palais dur, palais mou, velum, pharynx) ou inférieur (lèvres inférieures, dents inférieures, portion de la langue qui agit, c’est-à-dire cacuminale, apicale, laminale, dorsale, radicale, ou encore le pharynx), ou aux deux. En pratique, l’usage a souvent imposé un seul adjectif, souvent appartenant à l’articulateur supérieur.
-> Ainsi une palatale ([j,ç,],etc.) est une consonne pour l’articulation de laquelle la langue s’approche, ou touche, le palais dur. La même chose vaut pour les dentales ([t,d],etc.), vélaires [k,g,x,ɣ],etc.), uvulaires ([q,ʁ,χ],etc.) et ainsi de suite. Une bilabiale, en revanche, décrit des objets comme [p,b,ɸ,β] dont l’articulation implique les deux lèvres, supérieure et inférieure, et une labio-dentale décrit [f,v], produites avec la lèvre inférieure et les dents supérieures.
Mode d’articulation
Le mode d’articulation décrit, phonétiquement, la distance entre les deux articulateurs (aperture), mais dans bien des cas n’est pas déterminable (latérales, nasales, vibrantes) –voir l’entrée aperture. Il définit ce que l’on appelle les classes majeures qui distinguent notamment, du moins au plus sonore (voir entrée aperture et §49), les occlusives (contact entre les deux articulateurs, l’air est bloqué avant d’être brusquement relâché), fricatives (rapprochement, sans aller jusqu’au contact), nasales (contact, mais le velum est abaissé et ainsi laisse échapper l’air par le nez), latérales (contact, mais les côtés latéraux de la langue sont abaissés et laissent ainsi échapper l’air latéralement), vibrantes (allers-retours entre contact et non-contact), semi-voyelles (ou semi-consonnes, ou glides, proche des voyelles), et enfin voyelles. Les occlusives et les fricatives forment les obstruantes, et les nasales, latérales, vibrantes et semi-voyelles, les sonantes.
État de la glotte
La glotte peut fournir un certain nombre de distinctions, mais il suffira pour notre propos de faire la différence entre un état actif (les cordes vocales vibrent), et un état non actif (elles ne vibrent pas) –le voisement. Celui-ci décrit les consonnes non voisées (ou sourdes, comme [p,t,k,ʃ,x]), quand celui-là concerne les consonnes voisées (comme [b,d,g,ʒ,ɣ]). Sur le voisement, voir également VOT.
Consonnes syllabiques
- Androgynes: ont un corps consonantique, mais se comportent comme des voyelles. En cela l’inverse des semi-voyelles (ou glides), qui par leur nature sont des voyelles, mais se comportent comme des consonnes.
- Les consonnes syllabiques se rencontrent (presque) seulement dans des positions où aucune voyelle n’est adjacente: en début de mot devant consonne (#__C, par exemple en koromfe, une langue gur parlée au Burkina Faso,m̩pa «tu donnes»), entre deux consonnes (par exemple tchèque prst [pr̩st] «doigt»), ou en fin de mot après consonne (par exemple anglais apple [æpl̩] «pomme»).
- En API, la syllabicité d’une consonne est notée par une petite barre verticale centrée en dessous du symbole consonantique.
- Typiquement, seules les sonantes peuvent être syllabiques (la littérature fait état de quelques rares cas de syllabicité d’obstruantes, mais celle-ci dépend de l’analyse).
- On peut reconnaître une consonne syllabique en demandant aux locuteurs combien de syllabes a un mot (les locuteurs ont des intuitions sur le nombre de syllabes, mais non sur leurs frontières).
- Enfin, une consonne syllabique, puisqu’elle fait office de voyelle, peut comme celle-ci (et contrairement aux consonnes) accueillir l’accent (être tonique). C’est ainsi que l’on sait qu’en tchèque par exemple, le r de vrtat «vriller» est syllabique, alors que celui de rtuť «mercure» ne l’est pas. S’il l’était, il porterait l’accent, qui est toujours initial dans la langue.
- Les consonnes syllabiques ont des cousines, les consonnes dites piégées (trapped en anglais), qui partagent avec elles la distribution (#__C, C__C, C__#), mais n’ont aucune vertu vocalique. Elles se comportent selon leur apparence physique, comme des consonnes. Le r du tchèque rtuť, déjà évoqué, est une consonne piégée, ainsi que le ř (vibrante alvéolo-palatale) du tchèque hřbitov «cimetière», accentué sur le i.
Débuccalisation
- [processus] Processus phonologique qui transforme un segment impliquant un articulateur supra-laryngal, c’est-à-dire qui se trouve dans la bouche, en une articulation uniquement glottale. Les aboutissements sont typiquement le coup de glotte [ʔ] et [h].
- Dans certaines variété de l’anglais britannique du sud de l’île (par exemple cockney), p,t,k apparaissent sous la forme d’un coup de glotte, comme dans water [wooʔə] ou city [sɪʔɪ]. Dans un certain nombre de variétés d’espagnol, s devient [h] en coda: costa «côte» et después «après» sont prononcés co[h]ta, despué[h], respectivement.