Déviance Flashcards
Définition de la déviance proposée par Maurice Cusson
La déviance est un ensemble des conduites et des états que les membres d’un groupe jugent non conforme à leurs attentes, à leurs normes ou à leurs valeurs et qui de ce fait risque de susciter de leur part réprobation et sanction. Le mot déviance est apparu à la fin des années 1950.
7 catégories
On recense 7 catégories :
Crimes et délits Le suicide La toxicomanie (dont l’alcoolisme) Les transgressions sexuelles Les hérésies religieuses Les maladies mentales Les handicaps physiques
Délinquance composante de la déviance
La délinquance apparait alors comme l’une des composantes de la déviance, elle rassemble des comportements que l’on caractérise comme des délits interdits et sanctionnés par la loi. S’il on raisonne d’un point de vue juridique, on a au summum les crimes qui relèvent de la cour d’assises puis, les délits qui relèvent du correctionnel et enfin, les contraventions qui relèvent des tribunaux de police.
La relation entre norme et déviance est simple, elle n’existe que par rapport à la norme dont elle est dérivée. La déviance désigne tout comportement qui est jugé non conforme aux normes d’un groupe. Cela rentre alors dans la déviance.
Durkheim
Pour Emile Durkheim, dans Les règles de la méthode sociologique, la déviance est normale. C’est un phénomène normal c’est-à-dire que l’on rencontre dans toutes les sociétés humaines. Ce qui varie c’est son ampleur et les formes qu’elle revêt d’une société à l’autre et dont elle est sanctionnée.
A l’intérieur d’une société, il existe une pluralité de systèmes normatifs qui peuvent être contradictoires entre eux. Cela veut dire que l’on n’est jamais déviant d’une manière absolue, mais par rapport à un ou plusieurs groupes sociaux. Les normes changent selon le contexte social, le meurtre est normal en temps de guerre. Les normes sont souvent ambiguës et laissent aux individus une marge d’interprétation. Distinction entre la déviance et la variance. Comportement atypique, mais toléré par la société. Le repérage de la déviance se fait à partir de la sanction. La déviance concerne l’écart où un comportement fait l’objet d’une sanction pénale ou sociale. La sanction contribue à révéler l’existence de comportements déviants et la solidarité du groupe face à la déviance.
Evolution de la déviance
Le niveau de la déviance peut augmenter parce que le nombre de comportements déviants augmente à système normatif inchangé. Le niveau de la déviance peut augmenter parce que la multiplication des normes fait entrer dans le champ de la déviance des comportements qui n’en relevaient pas avant.
Un affaiblissement du système normatif peut conduire à affirmer que la déviance diminue, les comportements déviants n’ont pas diminué quantitativement, c’est leur qualification par rapport à la société. Ce qui relevait de la déviance devient variance. Exemple : l’homosexualité qui longtemps a été considérée comme une transgression sexuelle est maintenant tolérée dans les sociétés occidentales. L’avortement, longtemps considéré comme un crime a été légalisé par la loi Veil sur l’IVG en 1975.
Anomalie individuelle ?
Le triomphe d’une explication biologique : depuis le XVIIIe siècle, les scientifiques ont souscrit à la thèse que les individus déviants socialement, ne pouvaient être qu’un individu anormal biologiquement alors qu’une civilisation de plus en plus raffinée stabilisait. Cela ne pouvait donc être que biologique. En 1876, Césaré Lombroso énonce une thèse, celle du criminel né. À partir d’études sur des crânes, squelettes, cerveaux, il considère que les criminels possèdent des caractéristiques physiques qui expliquent les actes criminels. La criminalité est innée, marque d’atavisme (régression évolutive). Le milieu social et la société globale ne peuvent agir sur la criminalité. Elle n’est pas responsable.
Un préjugé naturaliste a totalement dominé la compréhension de la déviance jusqu’au début du XXe siècle. Durant l’entre-deux-guerres, la biologie conduit à l’eugénisme avec la stérilisation massive de déviants aux États-Unis puis en Allemagne au nom de la purification biologique avec la stérilisation et l’euthanasie de délinquants, malades mentaux, clochards, prostitués… En France, malgré le soutien de scientifiques comme Alexis Carrel et C. Richet, ce courant ne réussira pas à s’imposer. Dans les années 1960, le projet naturaliste se renouvelle dans le monde médical avec le développement de la recherche génétique qui conduit les scientifiques à postuler l’existence d’un gène du crime et de l’alcoolisme. Cela ne sera pas démontré malgré des études couteuses. On peut dire que même si des individus délinquants présentaient des anomalies génétiques, cela ne présume pas le crime.
Depuis les années 1950, pour le crime et la déviance, des psychologues tentent de dégager des traits de la personnalité innée ou résultants d’un échec de la socialisation familiale. Pour eux, ces traits provoqueraient nécessairement des comportements déviants. On peut citer le cas de classifications des jeunes délinquants qui émanent de psychologues plus que de sociologues. On retrouve :
Les délinquants socialisés : ont été mal socialisés, commettent cela parce qu’ils appartiennent à un milieu délinquant.
Les délinquants névrotiques : ont des problèmes personnels rencontrés depuis l’enfance, sources de remords et découragements.
Les délinquants psychotiques et neuro psychologiquement perturbés : les premiers sont atteints de schizophrénie, perdant contact avec la réalité ce qui affecte leurs logique, jugement et maitrise de soi. Les seconds ont des liaisons cérébrales qui déclenchent des crises épileptiques avec des explosions de colères, d’agressions et des comportements antisociaux.
Les délinquants caractériels : ont une personnalité d’orientation antisociale, se sont des solitaires qui n’ont aucun lien d’appartenance ou de loyauté envers un groupe.
Déviant acteur rationnel ?
Voir Filleul avec Gary Becker et Maurice Cusson
Emile Durkheim et le suicide
Pour Emile Durkheim, la déviance résulte des contradictions sociales, la cohésion est remise en question par les mutations et conflits qui en résultent. Le terme lien social n’apparait pas, mais le terme de la solidarité apparait bien. Il caractérise selon lui, la période de transition entre les sociétés traditionnelles caractérisées par une solidarité mécanique et les sociétés modernes où va s’imposer une solidarité organique. Durkheim s’interroge sur les racines de l’affaiblissement du lien social. Le travail sur Le suicide constitue une base de réflexion, l’acte est isolé et intime, relevant d’une décision individuelle, Durkheim va s’efforcer de démontrer qu’il s’agit d’un fait social. Il utilise pour cela la statistique pour dégager des régularités dont les individus pris dans leurs actes ont rarement conscience. Il utilise le taux de suicide comme indicateur dont il observe le niveau et les variations. La hausse du taux de suicide qu’il constate dans les décennies 1850-60 le préoccupe, il va tente d’expliquer cette hausse et de dégager les facteurs sociaux qui influent sur le suicide. Il construit une typologie à partir de deux variables : intégration (attachement au groupe) et régulation (attachement aux règles sociales).
4 types de suicides :
Altruiste
Fataliste
Égoïste
Anomique
Les deux derniers sont les plus présents dans les sociétés modernes. Le suicide égoïste vient d’une intégration insuffisante et l’anomique par une régulation défaillante.
L’affaiblissement des normes sociales prive l’individu de repères sociaux et moraux, source d’anomie, il le condamne à l’insatisfaction permanente, au suicide. Il met en relation le suicide avec
4 variables explicatives qui confirment la dimension sociale du suicide :
L’âge
Le sexe : les femmes se suicident moins que les hommes.
L’état matrimonial : le mariage préserve du suicide, le célibat l’aggrave, le veuvage est entre les deux. A l’exception des hommes célibataires entre 40 à 80 ans, les individus se suicident plus dans le département de la Seine qu’en province, impact négatif de l’univers urbain sur la cohésion sociale. Les solidarités rurales jouent un rôle de préservation.
Le taux de suicide reflète donc le degré de cohésion des sociétés, son augmentation notable fait qu’il est pathologique.
Emile Durkheim et le crime
Durkheim définit le crime comme un comportement que la loi autorise à sanctionner par une peine. A la différence de Gabriel Tarde, le crime est un phénomène normal qui remplit un rôle social, raviver les états forts de la conscience collective et dans certains cas préparer sa future évolution. Il se caractérise par la réaction qu’il suscite, il offense certains sentiments collectifs.
Approche de Merton
Dans le cadre d’une démarche fonctionnaliste ouverte aux dysfonctionnements des sociétés, Merton analyse la déviance comme résultat d’une inadéquation entre les buts socialement valorisés par la société et les moyens licites ou illicites dont disposent les individus pour atteindre ces buts qui sont déterminés par les normes sociales.
4 types de déviances :
Evasion
Innovation
Ritualisme
Rébellion
Seul un comportement échappe à la déviance : le conformisme.
Concept d’anomie qui sera différent de celui de Durkheim en se penchant sur la société américaine, observant qu’elle valorise l’enrichissement par l’activité professionnelle et l’épargne. Cela est porté par les classes supérieures et par un degré moindre, les classes moyennes. Les individus des classe populaires n’ont pas les mêmes atouts et devront dès lors renoncer à s’enrichir ou alors utiliser des moyens illégaux pour atteindre leurs fins. Sous le même concept de déviance, sont rassemblés des comportements qui relèvent de l’anomie, ont des statuts et des comportements divers. Comme dans le cas de l’évasion, des individus qui n’acceptent ni les buts, ni les règles de la société en vivant en retrait. On utilise des moyens illégitimes en adhérant à la valeur d’enrichissement.
Changement sociale ?
Le poids du chômage et de la précarité, durant les trente glorieuses, on a évoqué une délinquance de prospérité. A partir des années 1970, on va entrer dans un délinquance de récession, marquée par un ralentissement de la croissance économique et du pouvoir d’achat. Maintien voire creusement des inégalités et fort accroissement du chômage. La récession va écarter des jeunes et d’adultes des voies légales de réalisation de soi par des emplois stables et rémunérés. On insiste sur l’explication que la société forme des délinquants d’abord parmi les jeunes. Un fort taux de chômage parmi les jeunes et parfois répétitif s’accompagne par un processus de désaffiliation qui éloigne progressivement les individus d’un travail stable et d’un système relationnel lié. La désaffiliation touche les jeunes de quartiers périphériques notamment ceux issus de l’immigration. L’obtention d’un style de vie conforme à celui des personnes aisées se réalise à travers des réussites alternatives à celles de l’école comme l’économie de la drogue et les délits. (Voir Dominique Duprez et Robert Castel) Des jeunes font de l’activité de drogue, une activité s’apparentant à un travail, conjuguant de manière intermittente des opportunités légales et inégales. (Voir V. Ruggero et N. South) Cela touche aussi des individus plus âgés qui basculent vers l’exclusion ou la précarité alors que les liens familiaux peuvent se distendre. Plusieurs formes comme la délinquance, la maladie physique ou psychique ou encore le vagabondage lié à la désaffiliation.
Ecole de Chicago ?
Urbanisation avec l’école de Chicago qui voit le nombre de ses habitants augmenter fortement à partir de migrations. Des problèmes ont été soulevés dans différents domaines dont la ségrégation spatiale. Voir Robert Park et E. Burgess dans The City.
Les quartiers où se déploient les gangs avec Frederic Trasher et ses travaux. Il évoque des espaces interstitiels qu’il appelle la ceinture de pauvreté qui sont situés entre le centre urbain et les quartiers périphériques. Dans ces quartiers se déploient les gangs. Ce sont des quartiers pauvres où, selon C. Shaw et H. Mackay, la culture de la délinquance se transmet à travers des contacts liés entre différents groupes locaux. On évoque les ghettos aux Etats-Unis, quartiers difficiles voire « chauds » dans des pays comme la France sont à notre époque, des lieux où la ségrégation sociale et spatiale se conjuguent et se nourrissent réciproquement. Dans les quartiers défavorisés ont été placés des logements sociaux où vivent des familles souvent nombreuses aux revenus faibles dans des zones enclavées et pauvres en équipements collectifs. Cela a nourri des comportements délinquants chez des jeunes regroupés dans les quartiers d’exils, privés de repères donc en situation d’anomie, sans perspective d’avenir. Souvent, les violences urbaines déployées par des groupes de jeunes ont, dans ses conditions constituées des mouvements de révoltes, des réponses plus ou moins spontanées à des processus d’exclusion sociale. Voir S. Beaud et M. Pialoux. On peut dire qu’il est essentiel de prendre en compte des éléments objectifs qui conduisent la société à engendrer des comportements déviants notamment durant des périodes marquées par d’importants changements sociaux qui ébranlent le lien social.
Défaillance d’instances de socialisation ?
Thème récurrent en sociologie, à la fin du XIXe siècle, Durkheim soulignait déjà les défaillances de plusieurs instances de socialisation et de contrôle social : la religion, la famille, l’école, l’activité professionnelle et la communauté politique. Il proposait des solutions comme les corporations. Ce type d’approche s’appuie sur des analyses qui à travers le temps, ont vu l’affaiblissement de la famille et sa difficulté à remplir son rôle auprès des jeunes. La thématique de la famille brisée qui favorise la délinquance. Cela apparait des les années 1930 avec C. Shaw, ce type d’approche est présent tout au long du XXe avec T. Hirshi souligne les insuffisances de la fonction de la famille. Plus récemment, les difficultés des familles nombreuses, désunies, touchées par des difficultés financières et sociales, à remplir leur fonction de socialisation auprès des enfants. On va insister sur les fractures entre générations. L’école va être également accusait avec ses responsabilités, C. Shaw évoquait chez certains jeunes une scolarité inexistante peu propice à une bonne insertion. Thème de l’échec scolaire. François Dubais à évoqué l’expérience négative de jeunes issus de l’immigration et des classes populaires.
Question de la désorganisation sociale et conflit des cultures : les théories culturalistes contestent le postulat d’uniformité des normes au sein d’une société. L’intériorisation des normes peut placer l’individu en conflit avec les normes dominantes ou légales de nos sociétés. La déviance est alors analysée comme résultant d’un apprentissage culturel. Au début du XXe siècle, deux fondateurs d l’école de Chicago, W. Thomas et F. Znaniecki observent que de nombreux immigrants qui arrivent régulièrement aux Etats-Unis sont concentrés dans des quartiers pauvres (cercles concentriques), contraints de cohabiter avec d’autres groupes, confrontés aux contradictions qui surgissent entre cultures d’origine de leur communauté et la culture américaine plus individualiste. Contradiction renforcée par la densification urbaine.
La tension entre leur culture d’origine et la culture dominante de la société d’accueil, des contradictions même, affaiblissent les normes du groupe, ses solidarités internes créant une ambivalence et une incertitude morale. Dans cette situation, l’une des pseudo-solutions c’est la déviance. La situation d’acculturation à laquelle sont confrontés les polonais semble fabriquer automatiquement des individus sans repères normatifs et on peut dire que cette situation de désorganisation des instances première de la formation de la personnalité dans le cadre d’une socialisation primaire, en premier lieu la famille et la communauté, va contribuer à la naissance de situations comme la pauvreté et à la mise en œuvre de comportements marginaux comme la délinquance ou le divorce.
Concept de désorganisation des instances premières de la formation de la personnalité dans le cadre de la socialisation primaire dans le cadre de la communauté va contribuer à la mise en oeuvre de situations comme la pauvreté et mise en oeuvre de comportements marginaux comme le divorce et la délinquance. Thomas Sellin vont, à partir des mêmes constats de Znaniecki et Thomas, analyser le conflit entre deux cultures, celui ci relève d’un conflit de normes. La déviance provient de la coexistence entre deux cultures dont l’une valorise ou tolère une pratique ou des pratiques interdites par d’autres. Albert Cohen, dans les années 1950, prend en compte non seulement les normes traditionnelles transmises par la famille mais aussi les normes instituées par les adolescents dans des groupes de pairs qui réagissent contre la domination en commettant des actes valorisées par la sous-culture adolescente (proscrits par la culture dominante). Cohen évoque un conflit de rôle chez les jeunes de classe populaire qui ne parviennent pas à ajuster les rôles que leur apprend l’école et ceux que transmet la famille, se réfugiant alors dans une sous-culture délinquante qui se caractérise par la négativité et l’opposition systématique aux valeurs des classes moyennes.
A la même époque William White observe les adolescents de la « Lover class » (classe populaire) qui refuse toute idée de promotion dans les classes moyennes et se satisfont des modes de vie des classes populaires. Ils refusent les idées diffusées par l’Ecole, celles des classes moyennes, ils défendent bec et ongle leur sous-culture qui se traduit par des comportements délinquants et l’opposition aux classes moyennes.
Frederic Trasher en 1924 a écrit un ouvrage sur les bandes et les gangs. Il a défini les gangs de quartier comme une forme de réorganisation sociale palliative face à une désorganisation sociale.
Edith Sutherland, de l’école de Chicago en 1930 a étudié l’éducation à la déviance, la déviance ne résulte pas d’un manque ou d’un conflit mais d’un apprentissage. Le comportement déviant est choisi quand l’individu se trouve dans une situation de décalage culturelle par rapport aux normes dominantes. Le point de départ n’est pas le même mais la conclusion est la même c’est à dire le décalage culturel. Albert Cohen associe la culture délinquante de certains jeunes aux gangs dans laquelle elle se déploie. Dans les années 1960, des études sont menées en France, modèle des blousons noirs, ce sont des jeunes issus de la classe ouvrière. H. Bloch et A. Niederhoffer mènent des enquêtes sur des bandes d’adolescent appartenant aux blousons noirs, la sous-culture de gang ou de bande est considérée comme reposant sur une socialisation spécifique : code de l’honneur avec la loi du silence, l’esprit de corps avec la solidarité interne, l’argot, le parrainage, contrôle d’un territoire dans le cadre d’organisations, de valeurs et de stratégies au sein d’une hiérarchie (leaders). David Lepoutre dans Coeur de banlieue à fait une observation participante dans un quartier de banlieue dit difficile, il décrit les micro-univers des bandes adolescentes, importance de l’occupation d’un territoire, jeux de langes, échanges marqués par la violence, l’étiquetage et la cohésion vont renforcer la cohésion et vont contribuer à la construction de carrières délinquantes.
Approches interactionnistes
Construction d’une nouvelle problématique : les théories interactionnistes sont complémentaires des théories culturalistes quand elles soulignent le fait que la délinquance résulte des réactions des autres individus à un acte commis par un individu se construisant à travers un processus d’interaction collective qui conduit à la stigmatisation pour E. Goffman et à l’étiquetage pour H. Becker. Pour les auteurs de ce courant, plusieurs hypothèses convergent avec les hypothèses énoncées par Michel Foucault, il s’agit moins d’expliquer pourquoi certains individus commettent des actes déviants que de comprendre comment les institutions, groupes sociaux ou la société globale en arrive à fabriquer des déviants et à travers eux de la déviance. La délinquance, forme de la déviance, est appréhendée à travers des sources diverses : statistiques policières, condamnations pénales, enquêtes de victimisation (INSEE) et enquêtes d’auto-déclaration (les individus acceptent de dire qu’ils ont commis tel ou tel acte). Exemple : La surreprésentation des jeunes de classes populaires dans les statistiques portant sur la délinquance résulte du fait que lors des voles, les jeunes issus de classes plus favorisées et leurs familles trouvent plus souvent des ententes amiables avec les parties concernées et la police. De plus, si la délinquance mesurée par les statistiques augmente, cela peut s’expliquer par l’augmentation des contrôles qui augmente le délits identifiés. La délinquance urbaine augmente mais probablement plus faiblement que ne l’indique certaines statistiques, c’est surtout le sentiment d’insécurité notamment face aux incivilités à travers les comportements irrespectueux, perçus comme tels par les individus. Le sentiment d’insécurité révélé par des enquêtes se développe et devient très important. Laurent Muccelli souligne le rôle des médias dans la construction du sentiment d’insécurité dans la délinquance juvénile, considérant qu’il s’accompagne d’un renforcement de la répression à travers les hommes politiques. La sous-estimation de la criminalité astucieuse des cols blancs ou l’exemple du suicide avec de nombreux auteurs qui ont montré une sous-estimation du taux de suicide par la sous-déclaration ou de l’existence de suicides cachés (intoxication, over-dose et accidents). `
Normes dominantes et stigmatisation. Goffman considère que les stigmates sont des différences : difformités corporelles, problèmes mentaux et psychiques, attributs comme la race, nationalité ou la religion. Ce sont des différences qui jettent un discrédit sur ceux qui les possèdent. Il distingue trois types de stigmates :
Difformités corporelles
Les handicapés
Les stigmates sociaux ou tribaux, mépris pour le vagabonds, pauvres…
Altérations du caractère : drogués ou fous
Une différence est jugées anormale par des individus qui se considèrent comme normaux, il s’agit donc davantage d’une caractérisation attribuée par d’autres individus que d’attributs distinctifs. La relation de stigmatisation met face à face les individus stigmatisés, discréditables, discrédités et les autres dits normaux. Le résultat de la stigmatisation est le résultat de l’identité réelle sociale de l’individu stigmatisé et son identité sociale virtuelle (ce que la société attend de lui). La stigmatisation désigne davantage une interaction entre des rôles que d’individus. Un individu subira des discriminations ce qui réduire ces chances d’être intégré socialement. L’individu qui subi la stigmatisation va être conduit à reproduire dans le jeu de l’interaction, l’ensemble des préjugés des individus dits normaux.
Pendant 3 ans, Goffman va tester ces hypothèses en observant un hôpital psychiatrique, va analyser ce type d’hôpital comme une institution totalitaire, un lieu dans lequel les individus mènent une vie recluse dont les modalités sont imposées et réglées minutieusement. Dans l’univers de l’hôpital psychiatrique, la folie n’est pas perçue comme une forme d’aliénation mentale, elle est aussi et surtout une aliénation sociale. Le « fou » est l’individu stigmatisé comme tel par les autres et les institutions. Il est dès lors mis en dehors de la société (out). Il ne va pas subir passivement nécessairement, il va tenter de résister au rôle social que les membres du corps médical ou de sa famille souhaite lui voir jouer (stratégies de contournement).
La construction de carrières déviantes avec H. Becker Outsiders : il va avancer une hypothèse polémique que Maurice Cusson va critiquer. Rupture radicale avec les approches de la déviance : « le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès ». La déviance apparait dès lors comme une forme de jugement sur les actes d’un individu ou même attribuée à un individu, un label, une qualification. « Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à des individus et en les étiquetant comme des déviants. » La société qui en sacralisant ces normes et en étiquetant le non respect de ces normes, fabrique non pas directement mais indirectement par un processus complexe, les déviants et à travers eux, les déviants. A l’origine, il va confronter ces hypothèses à des études concrètes menées sur les fumeurs de marihuana et les musiciens de jazz. Il s’agissait dans ces études, d’étudier des actes et surtout la perception de ces actes qui relèvent de la délinquance mais aussi des comportements atypiques d’individus qui vivent en marge des normes reconnues qui relèveraient de la déviance. A l’origine des normes dominantes, on trouve les entrepreneurs de morale qui élaborent et font appliquer les normes auxquels les déviants ne se conforment pas : prohibitionnistes, de ceux « qui veulent supprimer le vice, la délinquance sexuelle ou les jeux d’argent ». Les groupes de statuts supérieurs fondent leur pouvoir et le maintiennent, le reproduisent sur leur capacité à produire de nouvelles règles et à punir les déviants. Le processus d’étiquetage voit la société créer le déviant en le labelisant comme tel et forger son unité en manifestant par le rejet des déviants son adhésion à un système normatif. Paradoxalement, H. Becker prolonge l’analyse de Durkheim. Ici, il prolonge l’analyse du crime, qui considérait les comportements criminels comme normaux au sens où ils faisaient partie de la vie en société. Durkheim soulignait ainsi le caractère situationel et relatif de la déviance que Becker va prolonger. C’est un jeu d’interactions fait dans un contexte social et économique. La mobilisation contre e déviant permet de renforcer la société. H. Becker appréhende la déviance comme un processus interactif et séquentiel qui va du premier acte commis où s’engage un processus interactif qui va conduire dans certains cas à la réalisation d’une carrière déviante (concept de E. Hughs). La dernière étape est l’intégration de l’individu au groupe des déviants. Ici, les proches (familles, amis) puis les institutions officielles de contrôle social (police, justice) vont contribuer à amplifier la déviance à travers des comportements d’étiquetage. On peut montrer avec l’analyse de Becker, que l’évolution de la déviance est liée à celle des normes comme l’avortement : crime, délit, légal. Cela relève de la variance. L’homosexualité considéré comme une pathologie, comportement délinquant, davantage admis avec un recul des discriminations et mise en place du PACS en 1999 au prix d’actions collectives déterminées. Ces exemples aboutissent à l’idée que le décalage entre normes juridiques et sociales conduit à une évolution des normes juridiques. L’interactionnisme a permis d’ouvrir d’autres perspectives à propos des effets de la société sur la déviance.
Remarques sur la délinquance
Le chiffre noir de la délinquance : c’est la différence entre la criminalité enregistrée dans les statistiques et la criminalité réelle. La criminalité apparente (stat) reflète le niveau d’activité des instances de contrôle social, toutes les infractions ne donnent pas lieu à des plaintes. Une partie de l’augmentation des statistiques du viol provient d’une plus grande déclaration. Une hausse des réglementations peut contribuer à une augmentation des infractions.
La théorie de la vitre cassée : processus qui à partir d’un acte isolé de dégradation non réparé comme une vitre brisée qui entrainera une montée du sentiment d’insécurité et une augmentation de la délinquance. La vitre cassée, si elle n’est pas réparée va révéler l’abandon du lieu et les dégradations à partir de là vont se multiplier. Si les institutions ne réagissent pas, c’est un signe de l’abandon du lieu qui devient un point de rencontre sûr pour les gangs, délinquants… Le délabrement des lieux contribue au sentiment d’insécurité, les jeunes de classe moyenne vont quitter la zone d’habitation. Cela crée un ghetto.
Tolérance zéro : cela vient des états-unis pour caractériser une politique répressive de lutte contre les incivilités et la délinquance. La justification de cette politique se justifie par la théorie de la vitre cassée. La loi de février 2003 en France sur l’interdiction de réunions aux bas des immeubles est un exemple de l’application de ce principe.