Conflit et mobilisation sociale Flashcards
Conflit social
il s’agit de conflit au sens d’opposition entre des groupes sociaux défendant des valeurs ou et des intérêts divergents et cherchant à instaurer un rapport de force en leur faveur. Conflit qui oppose salariés et employeurs sur des enjeux professionnels.
Conflit hors travail
Les conflits hors travail opposent les groupes sociaux sur des enjeux qui se situent hors sphère professionnelle.
Conflits très divers dans leurs modalités, acteurs et objectifs.
Mobilisation sociale
La notion de mobilisation sociale renvoie aux approches en termes de mobilisation des ressources dans lesquelles ils vont s’appuyer pour mener des conflits et agir collectivement. 4 types de ressources: Economiques Culturelles Politiques Symboliques
Marx
L’action des individus est située dans une double perspective:
Environnement économique et social
Dynamique historique
Le conflit social pour lui découle des rapports sociaux de production qui sont des rapports d’exploitation, domination et aliénation. C’est un conflit de classe aux intérêts antagonistes. Le conflit trouve son origine dans l’infrastructure économique à partir de contradictions qui ne cessent de s’exacerber entre forces productives et rapport de production.
Ce conflit oppose deux classes fondamentales:
Bourgeoisie
Prolétariat
A la racine de ce conflit, il y a l’appropriation privée des moyens de production par la bourgeoisie. La possession de capitaux qu’elle tente de faire valoriser par les prolétaires auxquels elle va extorquer une survaleur appelée plus-value.
Le conflit comme produit du changement social:
On assiste à un développement des forces productives mais freiné par les rapports de production. Des mutations se produisent dans les rapports de classe:
Elimination des classes moyennes (paysans, artisans, commerçants, petits patrons…etc.): se sont des indépendants
Il considère que celles-ci vont être éliminées par les capitalistes, développement des effectifs du prolétariat et vont tomber pour la majorité dans le prolétariat. Egalisation mais par le bas des conditions de travail et des revenus du prolétariat dans le cadre d’une aggravation des inégalités. Deux pôles:
Pauvres
Riches
On assiste à des interventions de plus en plus fortes de l’Etat en faveur de la bourgeoisie. Tout cela favorise les conflits.
Le conflit est producteur de changement social: permet au prolétaire d’arracher des revendications qui améliorent les conditions de vente de leur force de travail.
Les prolétaires instaurent ce que MARX appelle une «dictature du prolétariat» en s’emparant de l’état et en le mettant à leur service. Les moyens de production vont être socialisés de manière collective pendant une période qui s’appellera «socialisme» jusqu’à ce que l’on parvienne à une société sans classe ni conflit qui sera le communisme.
Problématique de la classe «pour soi» (lorsque les prolétaires prennent conscience de leurs intérêts commun à défendre face à un adversaire) et «en soi» (les prolétaires ont objectivement des intérêts).
L’essor des conflits de classes
Comme le préconisait MARX, à propos des pays les plus avancés, on assiste dans les dernières décennies une multiplication et diversification des conflits du travail avec de nombreuses grèves, pétitions, manifestations, actions de boycott…
Le «mouvement ouvrier» (expression de TOURAINE) est au centre de ces conflits qui centrés sur la production porte principalement sur les salaires, la durée du travail et sur les droits des salariés.
Dans un premier temps, la répression prédomine avec le «lock out» (fermer les usines provisoirement), les licenciements et l’envoie de l’armée. Elle peut démoraliser les salariés mais à terme, elle ne peut que compliquer les actions collectives. Mais comme les problèmes n’ont pas été réglés, l’action collective va revenir avec un agissement plus organisé par la suite. La répression n’est pas la solution et une partie des politiques et patrons va en prendre conscience. Des conflits puissants et très durs sont parfois menés:
Mineurs
Métallurgistes
Cheminots
Ouvriers du livre
Les acquis des conflits
Les acquis de ces conflits:
Des revendications vont être arrachées par l’action collective, on assiste à une hausse des salaires non seulement nominaux mais réels à partir de 1850.
Entre 1825 et 1850, les salaires réels ont baissé en France.
On a un rapport défavorable dans cette période car O > D de travail. Mais à partir de 1850 et la révolution industrielle permet un rapport favorable aux ouvriers. Il y a des lois qui vont être votées pour réduire le temps de travail:
Enfants, Femmes
Progressivement, légalisation progressive de l’action collective notamment en 1864. Mise en place de lois sociales en Allemagne avec BISMARCK.
La légalisation des syndicats intervient dans une autre étape en 1884 en France qui va favoriser les conflits du travail. Elle traduit un rapport de force plus favorable aux salariés et met à leur disposition de nouveaux instruments pour l’action collective. Des partis politiques sont crées par le mouvement ouvriers et des intellectuels acquis à sa cause: partis socialistes, sociaux démocrates, anarchistes…etc.
Nouvel essor des conflits du travail
Des grèves très dures sont menées comme le mouvement puissant de juin 1936 qui se traduit par une grève générale reconductible avec occupation des entreprises. Le front populaire: élection d’une majorité de gauche au parlement dans le cadre d’une crise économique forte et d’une montée du fascisme avec des socialistes, radicaux et communistes. Ce gouvernement est présidé par Léon BLUM Ce sont les accords de Matignon (différent de Grenelle en 1968) qui sont négociés entres syndicats et patrons sous la présidence de BLUM.Après 1945, la puissance du mouvement ouvrier et d’un salariat en expansion grandit encore.
Apogée des forteresses ouvrières: grandes entreprises avec de nombreux ouvriers syndiqués et des grèves puissantes. Comme l’établissement Renault Biancourt.
Durant les trente glorieuses (FOURASTIER) vont se développer tout de même des conflits sur le partage de la VA.
En mai juin 1968, occupation des entreprises s’inscrit dans la lignée de 1936 par sa puissance et acquis, jusqu’à 9 millions d’ouvriers grévistes. En 1968, DE GAULLE est au pouvoir, le premier ministre est POMPIDOU et ministre du travail CHIRAC.
Ils vont obtenir des acquis:
Augmentation du SMIG et SMAG (salaire minimum agricole): 35% et 60% d’augmentation.
Retour aux 40 heures.
4e semaine de congés payés.
Reconnaissance officielle dans les entreprises.
Durkheim
Dans son ouvrage «De la division du travail social» (1893), DURKHEIM va évoquer dans le dernier chapitre les problèmes que peut rencontrer la mise en place de la division du travail social:
es formes anomiques que peut prendre la division du travail: les conflits sont pathologiques qui n’est pas lié au fait que les ouvriers et capitalistes auraient des intérêts antagonistes mais par le fait que les contacts entre ouvriers et employeurs sont trop limités et superficiels. Cela provoque des frustrations chez les ouvriers. Les conflits et grèves ne résolvent pas les problèmes pour DURKHEIM mais les aggravent.
Vision négative des conflits, il faut mettre en place des processus de régulation et d’intégration permettant d’éviter les conflits avec notamment les corporations.
Simmel
Il a influencé des auteurs comme: G. SIMMEL («Le conflit», préfacé par J. FREUND).
SIMMEL va développer une analyse différente avec une vision plus positive sur les conflits: il considère que les conflits peuvent être distingués selon plusieurs critères:
Leur intensité: les plus violents sont ceux où le rôle de l’affectif est maximal et selon le nombre d’acteurs, quand ce nombre est important, cela permet des alliances et arbitrages.
Mode de résolution:
Victoire totale de l’un des protagonistes
Destruction de tous les protagonistes
Solutions négocies qui vont constituer des compromis
Approche des conflits plus psychologisante que celle de MARX.
SIMMEL aborde les conflits sociaux:
Les conflits sociaux présentent des effets positifs en favorisant l’ouverture de négociations sur des bases constructives afin de trouver des compromis acceptables pour les deux parties. Les adversaires deviennent partenaires. Le conflit de classe à la différence de MARX est finalement un facteur d’équilibre et de renforcement du système capitaliste. Il aide à détecter et réduire ces disfonctionnements par des négociations et réformes qui vont le conclure.
Il ouvre une voie à plusieurs auteurs qui vont étudier les conflits sans se référer à des contradictions structurelles, étude des conflits autrement que comme le résultat des contradictions du capitalisme.
L. Coser
L. COSER (fonctionnalisme) a écrit en 1956, traduit en 1982: «Les fonctions du conflit social».
Il se réfère à SIMMEL et affirme que l’ordre et le désordre sont entremêlés et leur tension est inéluctable. Il est illusoire de supprimer les conflits mais il faut les étudier, déceler leur racine et favoriser les solutions positives pour les différents protagonistes. Il appelle à les canaliser, les réglementer et les maîtriser pour affaiblir ce qu’il appelle «leur impact destructeur».
Il affirme que les conflits ne sont pas toujours un facteur négatif qui déchire le tissu social et dénoue les liens de la vie sociale. Au contraire, les conflits peuvent contribuer à la stabilisation des groupes sociaux et à l’émergence de nouveaux groupes en provoquant des changements dans l’équilibre du pouvoir entre les différents groupes.
A la source des conflits, il place «la concurrence pour des biens rares ou pour un pouvoir et des statuts qui eux aussi sont rares». WEBER l’influence clairement.
Les conflits sont l’expression de divergences et contradictions d’intérêts qui contribuent à la cohésion sociale. A condition que la structure sociale par l’institutionnalisation et la tolérance des conflits favorise le retour au consensus que les conflits remettent en question. Il considère également que dans les groupes où les membres ne sont pas très unis et qui déploient de multiples conflits d’intérêts, les énergies des membres du groupe sont mobilisées dans différentes directions et les conflits seront moins explosifs.
En permettant au système social de s’adapter aux tensions qui le traversent, les conflits canalisent le changement social en provoquant la naissance de nouveaux équilibres.
JD. Reynaud
Jean Daniel REYNAUD: l’objectif poursuivit par les initiateurs du conflit n’est pas de bouleverser le système social mais d’obtenir un réajustement des rapports entre les parties avec des mutations dont le fond et procédures.
Pour lui la grève à pour but de réaménager les rapports salariés, employeurs. La grève a avant tout une fonction de régulation sociale. C’est le processus de production, transformation et de disparition des règles qui organisent le monde social. Dans son ouvrage «les règles du jeu», il place ces règles au cœur des rapports sociaux.
Les règles ne sont pas naturelles, pas figées et unilatérales. Elles sont le fruit de deux facteurs:
Action collective
Négociation
Les règles peuvent être normalisées, tacites et ne sont pas produites par une instance unique mais par différents acteurs. R. souligne les principes de:
Pluralité
Autonomie
Opposition
La vie sociale résulte de la rencontre d’acteurs collectifs et de systèmes de règles qui selon les cas s’influencent, se complètent mais qui peuvent aussi se contredire sans jamais former un ensemble stable et cohérent. La règle commune résulte souvent d’un compromis (donnant-donnant) entre des projets concurrents ou même conflictuels portés par des acteurs constitués en communauté. Ce sont des compromis provisoires, les règles deviennent des enjeux et les résultats de conflits multiformes.
Les règles se multiplient: on en produit de plus en plus mais c’est peut être parce qu’elles sont de moins en moins appliquées.
es avancées de l’institutionnalisation
Le conflit va être reconnu et admis dans les sociétés des PDEM mais en tentant en même temps de le vider de tout impact subversif. On va tenter de le canaliser. Dans ce cadre là, des procédures et instances de régulation vont être mises en place dès la première moitié du XXe dans les PDEM.
Développement et généralisation des conventions collectives.
Conventions collectives: conventions qui couvrent un collectif d’individus. Ce sont les salariés d’une branche d’activité (métallurgie, etc.). C’est un texte signé par les représentants des employeurs (syndicats) et les employés qui prévoit une régulation des rémunérations, du temps de travail, des règles de promotion, des congés, etc. L’intérêt de cette convention collective est d’utiliser l’avantage du nombre, garanti et protection pour les salariés.
Dans le cas de la France, date importante: 1936 dans le cadre des accords de Matignon, les conventions collectives vont être développées et sont négociées par les partenaires sociaux. En 1950, un accord local quand il est bon pour les salariés peut être étendu à toute une branche voire tout un pays.
Mise en place d’instances de représentation des salariéses salariés sont représentés souvent par des délégués qui sont souvent élus et présentés par des syndicats.
1936: les délégués du personnel sont créés lors des accords de Matignon pour les entreprises de plus de 10 salariés. Ils ont pour fonction de représenter les salariés auprès de l’employeur et ils font part à l’employeur de réclamations individuelles ou collectives en matière d’application de la réglementation du travail (convention collective, code du travail, règles salariales, durée du travail, règles d’hygiènes et de sécurité, etc.).
Comité d’entreprise: d’autres représentants qui vont être informés sur les décisions économiques et sociales de l’entreprise. Dans certains cas, ils assurent la gestion en ce qui concerne les œuvres sociales ou protection sociale. Cela a été créé en 1945, dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale (MRP).
Ce comité est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, composé de représentants de personnels élus pour 4 ans (sur liste syndicale au premier tour) et présidé par l’employeur (PDG, patron). Le secrétaire général est salarié. La direction l’informe de ces choix: économiques, sociaux, etc. Lors de ce comité d’entreprise, le vote n’est que consultatif. Un expert comptable peut être appelé une fois par an pour faire le point sur le budget et consulter le bilan de l’entreprise. Le CE gère des activités culturelles et sociales.
Il y a également des délégués syndicaux sont une création de 1968 (accords de Grenelle). Chaque syndicat représentatif dans une entreprise ou dans un établissement (unité de l’entreprise) de 50 salariés ou plus, peut élire un délégué syndical qui représente son syndicat mais il a une portée plus large. C’est lui qui négocie les conventions collectives.
En 1982, dans le cadre d’un gouvernement d’union de la gauche (socialistes, communistes, radicaux de gauche), Louis AUROUX, le ministre du travail élargit les fonctions et attributions des délégués du personnel avec la mise en place de collectif où ils s’expriment sur le contenu et l’organisation du travail. C’est l’obligation de négociations au moins annuelles entre représentants du personnel (pas seulement les délégués du personnel et CE mais c’est aussi les délégués syndicaux) et direction.
Cela porte sur les salaires,la durée du travail et organisation du temps de travail.
Les représentants des syndicats participent à des instances de représentation et de gestion: du conseil économique et social à l’Unedic, en passant par la sécurité sociale.
On assiste dès lors à un processus d’institutionnalisation des syndicats:
Conflits
Organisations qui fédèrent les acteurs lors des conflits
Les droits et moyens (juridiques et financiers) s’accroissent. Ralph DAHRENDORF évoque la naissance d’une «démocratie industrielle».
Conflits présents depuis le RI
Le féminisme:
Apparait dès la fin du XVIIIe siècle et se structure à la fin du XIXe siècle à partir de revendications sur les droits civiles (travail sans consentement du mari) et politiques (droit de vote, suffragettes).
Deux courants existent:
Universalistes: tous les êtres humains doivent bénéficier des mêmes droits
Différencialistes: on assiste sur les qualités spécifiques des femmes.
Régionalisme: présent dans certaines régions (Corse, Basque, Breton).
Pacifisme: très présent à la veille de la 1e guerre mondiale. Porté par des intellectuels et des dirigeants du mouvement ouvrier. (Jean JAURES)
Marches des chômeurs dans les années 1930.
Etapes décisive de la fin des années 1960
L’étape décisive dans les années 1960:
Mouvement consumérisme: protection des consommateurs dans deux espaces en Europe du Nord et dans les Etats-Unis. Notamment, R. NADER aux Etats-Unis.
Mouvement étudiant se structure en France autour de la critique de la guerre d’Algérie et en faveur de l’indépendance algérienne.
Contestation des structures et fonctions de l’université.
Mœurs rétrogrades: contraception, IVG, etc.
Anthony Oberschall
- Anthony OBERSCHALL: «Social conflit and social movement» (1973)Il analyse la mobilisation sociale et politique en s’appuyant sur le modèle de la mobilisation économique qui marquerait les conflits du travail. Cependant, partant de ce modèle, il l’enrichit par une approche sociologique en tentant de répondre à: Quelles sont les conditions sociales susceptibles de favoriser ou freiner la mobilisation des mouvements sociaux et politiques au sein d’une collectivité donnée?
Hypothèse de base: les collectivités les plus organisées sont susceptibles de se mobiliser. Deux niveaux d’organisation:
Horizontal: il renvoie à la nature des liens sociaux au sein d’une société. Ces liens sont de type associatif, quand ils sont étroits, ils favorisent le sentiment de solidarité du groupe et donc sa capacité à se mobiliser.
Vertical: il renvoie au degré d’intégration social et politique entre les différentes communautés.
Dans les sociétés segmentées (communauté A, B, etc.) où la mobilité sociale est faible et où les dirigés sont coupés des dirigeants constituent les sociétés où les groupes sont les plus mobilisables. C’est en conjuguant les deux variables qu’il va dégager les hypothèses:
C’est dans les sociétés les plus segmentés, les moins atomisés où les mouvements sociaux ont le plus de chance de se mobiliser.
considère qu’au Sud, les conditions étaient les plus favorables:
Noirs organisés dans une communauté organisée par son Eglise et son clergé.
Segmentation plus grande qu’au Nord, persistance de phénomène de ségrégation et de domination forte.
Caractère non violent du mouvement lui a procuré le soutien externe d’une partie des médias et également d’une partie des élites blanches du nord dont l’administration Kennedy.