Des Cannibales Flashcards
L’auteur
Michel Eyquem de Montaigne 1533-1592 Philosophe, moraliste français Mouvement de l’humanisme, scepticisme Œuvres principales : les essais (1580), Journal de voyage (1774)
L’œuvre
Essais (1580)
Traite de tous les sujets
Mêle des réflexions sur sa vie et sur l’Homme
Met sous les yeux du lecteur un homme en train de se décrire
L’extrait
?
I/une leçon de relativisme culturel
1/barbare et sauvage au cœur de la réflexion
Montaigne récuse l’emploi des termes «barbares», «sauvages» -> peuples du Nouveau Monde
Nature des êtres dits «sauvages»
Cœur de sa réflexion
Barbare -> relativisé -> affirmation à valeur d’aphorisme
Montaigne -> concept de barbarie relatif
Barbare = étranger/ne possède pas les mêmes mœurs
Réfute la modalisation péjorative de ces deux mots, antonymes de «civilisés»
2/Étymologie latine
Reprend le mot «sauvage» -> d’applique aux Indiens
Montaigne ne l’utilise pas dans son sens péjoratif -> étymologie latine du mot
Salvaticum (de la forêt, de la nature)
Référence aux fruits -> développer raisonnement par analogie -> fruits sauvages vertus qualités supérieures -> fruits issus de la culture
3/Réflexion sur les Européens
Reprend le mot sauvage -> send péjoratif (l.10)
Paradoxalement -> fruits cultivés
Logique du raisonnement par analogie -> Europeens
Termes qui stigmatisent ces derniers
Raisonnement pas analogie -> Montaigne conclut que les hommes dits «sauvage» possèdent eux aussi des qualités une supérieures aux homme dits civilisés
Sens péjoratif «sauvage» -> Indiens d’Amerique -> renversé complexe de supériorité ethnocentrique des Européens
Leçon de scepticisme -> Montaigne se moque de l’incapacité des Européens à se décentrer, à à accepter la différence des autres «parfaite religion, parfait police…»
Anaphore de l’adjectif «parfait» souligne posture culturelle + hyperboles «toujours» et «toutes choses» -> ironie
II/Réflexion humaniste sur la nature et la culture
Analogie avec les fruits -> opposition nature/culture -> élargit la portée philosophique de l’extrait
1/la valorisation de la Nature et éloge des Indiens
Fruits produits par la nature qualifiés termes mélioratifs
Fruits produits pas l’Homme qualifiés termes péjoratifs
L’action de l’Homme sur nature -> jugée néfaste + corruptrice par Montaigne
Référence aux send -> exemple des fruits
Utilisation de comparatifs de supériorité Vocabulaire moral mélioratif -> «vertus» associées adjectifs «vives», «vigoureuses», «vraies» -> allitération en v -> met en valeur les termes
Fin du texte -> jugement moral mélioratif -> notions «beauté», «richesse», «pureté»
Montaigne oppose art (artifice)/nature (allégorie méliorative «grande et puissante mère nature») -> l’Homme inférieur à la nature + incapable d’égaler ses créations
Argument d’autorité de Properce (citation en italique) + exemple concrets (nid de l’oiseau) -> souligne la merveilleuse beauté de la nature + perfection de ses créations pour mieux rabaisser l’Homme
L’Homme ne peut par des artifices et sa culture que corrompre la nature
Montaigne -> Nature supérieure à la culture
Nature proche de la perfection
Culture -> corruption de la nature
Réflexion -> énoncer implicitement -> syllogisme : si la nature est supérieure à la culture et si les Indiens sont proches de la nature contrairement aux Européens cultivés -> Indiens supérieurs aux Européens
2/une civilisation corrompue et ethnocentrisme
Montaigne offre une représentation très critique de la civilisation européenne
a/ethnocentrisme et artifice
Tournure réductrice et restrictive «n’avons autre … que» (l.4) exprime l’idée -> critères utilisés par les Européens dont limités à leur propres habitudes + restent dans l’erreur
Principal reproche -> artifice + abatardissement = champs lexical de la corruption largement employé «altéré» «détourné» «artifice» «corrompu» -> appliqué aux Européens + goût
Artifice -> l.9 ->rapproché de la notion d’art l.16 -> européens éloignés de la nature (artifice antonyme de nature)
Abatardissement -> l.12 -> souligné forme de décadence de la société européenne
b/ le registre polémique
Registre polémique -> phrases affirmatives présent de vérité générale + modalisation péjoratives -> certitude + conviction
«Altérés», «détournés» -> implique action coupable de transformation de la nature par les Européens
«Corrompue» -> condamnation morale sans appel -> les Européens sacrifient les valeurs essentielles, naturelles à leur seul «plaisir»
L’auteur s’inclure parmi ces Européens -> 1ère personne du pluriel l.4
Ironie l.6-7 encore plus significatif
Vocabulaire ostensiblement mélioratif + répétition de l’adjectif «parfait» -> opposer au vocabulaire péjoratif de la suite -> vanité aveugle et ethnocentrique des personnes concernées
Conclusion
Montaigne critique donc les Européens, avec un registre polémique, dans le vocabulaire notamment, et avec ironie et écrit l’éloge de ces peuples indigènes, considérés à tort comme«barbares» en reprochant aux Européens de s’être éloignés des vraies valeurs, celles de la nature par une démonstration rigoureuse de la supériorité de la nature sur la culture.
Montaigne s’appuie sur les idées de Bartolomé de Las Casas, qui, dans sa «très brève relation de la destruc ion des Indes» (1552) décrit les terres colonisées comme des lieux paradisiaques peuplés d’hommes bons et généreux, trahis ensuite par des conquistadors avides de richesses et de pouvoir. Ces visions aboutiront à la création du mythe du «bon sauvage» qui connaîtra une longue prospérité (jusqu’à 20eme siècle).