Cours 2 - Notions de base de bilinguisme Flashcards
Quelles sont les différentes sortes de bilingues?
- Il y a plusieurs sortes de bilingues :
o Bilingues simultanées : bilingues natifs
o Bilingues précoces : on a une langue maternelle mais la deuxième va être introduite très tôt également, généralement avant adolescence/âge adulte. Plus c’est précoce, plus les compétences vont ressembler à celles d’un bilingue simultané
o Bilingues tardifs : dès l’âge adulte, donc à 20 ans p.ex., on serait tardif (quelqu’un qui atteint les capacités d’un bilingue mais à l’âge adulte)
o Bilingues parlant deux langues de la même famille : pourrait faciliter l’acquisition car il y a des éléments qui sont semblables déjà acquis (nous avons aussi le contraire, bilingues de deux langues de familles différentes)
o Bilingues plus doués : il y a des gens qui ont plus de facilité à apprendre des nouvelles langues **avoir un accent ne signifie pas avoir une bonne compétence, c’est un aspect très physique d’apprendre une nouvelle langue
o Etc.
Quelles sont les différentes questions que l’on peut se poser dans le domaine du bilinguisme?
- Un enfant bilingue va-t-il éprouver un « retard » dans le vocabulaire d’une des deux langues comparé aux enfants unilingues?
- Ce retard se replace-t-il par la suite?
- Romaine (1999) :
o Est-ce que le développement linguistique d’un enfant bilingue est similaire à celui d’un enfant unilingue?
o L’acquisition simultanée d’une « langue seconde » constitue-t-elle un frein à la capacité de l’enfant à développer sa langue maternelle
o Est-ce qu’un bilingue = ou ≠ deux monolingues? (réponse : non) - Y a-t-il des répercussion sur le développement général de l’enfant
o Au niveau cognitif? Scolaire? Éducationnel? - Est-ce que l’enfant passe par une phase où il ne peut apprendre qu’une seule langue?
o Si oui : effet négatif sur sa capacité à intégrer des connaissances à l’école ou d’avoir une perte d’identité culturelle s’il est confronté à plus d’une langue. - Aspects cliniques :
o Qu’en est-il des enfants montrant des trouble de développement du langage (dysphasie) mais néanmoins à un environnement bilingue?
o Est-il plus adéquat de leur « épargner » l’usage d’une langue seconde?
o Quelles stratégies offrir pour remédier à ces troubles lorsque ceux-ci se doublent d’un environnement bilingue (dans quelle langue doit-on les traiter)
Que doit-on identifier avant de répondre à ce type de questions dans le domaine du bilinguisme?
- Identifier le type d’acquisition bilingue auquel on a affaire :
- L’âge auquel la personne est exposée à la langue seconde
o Le processus développemental peut varier si l’exposition se fait dès la naissance où quelques mois/années plus tard (tout le problème de la période critique) - Identifier les niveaux de compétence dans certains domaines. Ceux qui nous intéresseront ici sont :
1) Les sous-composantes du langage
a. La morphosyntaxe
b. Le lexique
c. La phonologie
2) Le « code-mixing » : est-ce qu’il mélange les langues n’importe comment? Forment des phrases agrammaticales?
Quelles sont les deux grandes hypothèse de l’acquisition bilingue?
Hypothèses
- Deux grandes hypothèses de l’acquisition bilingue chez l’enfant
- Proposent des choses différentes sur statut d’une langue par rapport à l’autre
L’hypothèse dite du système unique
- Suggère que l’enfant ne dispose que d’un système d’acquisition dans lequel les deux langues coexistent pour graduellement former deux systèmes distincts. Les phases sont :
o Phase 1 : un seul système lexical, contenant les mots des deux langues
–> Ex : cat et chat sont synonymes
o Phase 2 : deux systèmes lexicaux distincts, mais pour un seul système de règles (syntaxiques et morphologiques) pour les deux langues
o Phase 3 : différentiation des deux systèmes morphosyntaxiques
- Pour que cette hypothèse se vérifie, on doit retrouver ces phrases dans le développement langagier de l’enfant bilingue
L’hypothèse du développement duel
- Suggère, au contraire, que dès le départ, l’enfant développe deux systèmes distincts
- Prédiction : l’enfant ne mélangera jamais les deux langues tant au niveau lexical que morphosyntaxique
Qu’est-ce que les recherches sur les deux hypothèses de l’acquisition bilingue suggèrent?
- La plupart des recherches qui se sont penchées sur l’acquisition bilingue de la morphosyntaxe ont étudié la production plutôt que la perception
- Les observations tendent à démontrer une distinction précoce entre les différents systèmes langagiers chez l’enfant (exemple de Anglais-Français)
Quelles sont les observations de l’acquisition bilingue au niveau de la morphosyntaxe?
A. Morphosyntaxe : trois observations
i. Enfants commencent à fléchir leurs verbes en français plus tôt qu’en anglais (français morphologiquement plus riche que l’anglais) –> semble démontrer un développement indépendant
ii. Enfants tendent à utiliser le pronom sujet :
o En français, seulement avec les verbes fléchis
o En anglais, avec des verbes fléchis et non fléchis
o Il va (et non il aller), he go, he goes
iii. Les enfants respectent l’ordre syntaxique propre à l’anglais et au français et avant le verbe en anglais :
o N’aime pas, do not like
o Les formes suivantes ne sont pas attestées : *ne pas aime, *do like not
Quelles sont les observations de l’acquisition bilingue au niveau du lexique?
- L’acquisition bilingue suit-elle le même rythme développemental que l’acquisition unilingue?
- Premiers mots (stade holophrastique) ont lieu vers un an chez les unilingues
- Observations :
o Même chose pour les enfants bilingues ; premiers mots (dans les deux langues) attestés aux environ de 12-13 mois
o Par contre : importance de la durée d’exposition dans chaque langue sur l’accroissement du lexique chez l’individu –> exposition plus importante favorisera l’accroissement du lexique dans cette langue par rapport à l’autre
Chez le monolingue : principe d’exclusivité mutuelle :
o Chaque mot est appris pour désigner un référent unique (un mot/une chose)
o Même les synonymes ont de subtiles différences - Qu’en est-il alors du lexique bilingue?
o Si l’enfant acquiert à la fois le mot perro en espagnol et dog en anglais pour référer à un chien, a-t-il violé le principe d’exclusivité mutuelle? - L’enfant ne tarde pas à procéder à des traductions directes pour un même référent
- Les traductions apparaissent à partir de 1;5 et s’accroissent de 20 à 25%
- Semble favoriser l’hypothèse du développement duel (hypothèse 2)
Quelles sont les observations de l’acquisition bilingue au niveau de la phonologie?
- Chez le monolingue, à la naissance, l’enfant est capable de discriminer les sons pertinent dans sa langue
- Il perçoit également les variations phonémiques de toutes les langues naturelles. Ce n’est qu’à partir de 5-6 mois que sa perception va se raffiner et s’adapter à sa langue maternelle
- Chez le bilingue, comment l’enfant parvient-il à distinguer les variations propres à L1 et celles propres à L2 à partir d’un même « pool » de variations phonémiques sans pour autant mélanger les deux?
o Observation générale : il semble que, tout comme pour le lexique, l’enfant est en mesure de distinguer et de développer deux systèmes phonologiques distincts très rapidement
Quelles sont les observations de l’acquisition bilingue au niveau de la perception?
- Sur le plan général :
o Dès 4 mois et demi, les enfants sont en mesure de différentier leur langue maternelle d’une langue « étrangère » lorsque L1 et L2
–> Diffèrent au niveau rythmique (français-russe)
–> Appartiennent au même groupe rythmique (espagnol-catalan)
Sur le plan segmental (phonèmes) :
- Court délai dans la perception des paires minimales chez les enfants bilingues par rapport aux monolingues
o Ex : les enfants monolingues discriminent des paires minimales comme /bih/ et /dih/ à 17 mois
o Cette même aptitude apparait vers 20 mois chez les enfants bilingues
Quelles sont les observations de l’acquisition bilingue au niveau de la production?
- Un enfant monolingue « babille dans sa langue »
- Question : qu’en est-il d’un enfant bilingue?
o Peut-on prédire qu’il babillera dans ses langues? - En termes de babillage canonique, on n’observe aucune différence quant à son apparition chez les enfants bilingues par rapport aux enfants monolingues
- Le babillage canonique est universel dans la mesure où les mêmes contrastes seront visibles chez tous les enfants du monde (bababababa, mamamama)
- Ce n’est qu’à environ 10-15 mois qu’une différentiation aura lieu
- Par contre, l’application d’un système phonologique au lexique de l’une ou l’autre langue n’est jamais croisée. Un enfant bilingue qui prononce un mot en espagnol ne le fera jamais en utilisant la prosodie du français
Qu’est-ce que le code-mixing?
- Code-mixing : omniprésent en contexte bilingue/multilingue
- Définition : mélanger les langues qu’on parle
o Dans quelle mesure le code mixing est-il (ou non) un signe de confusion? - Propriétés grammaticales du code-mixing :
o Le code mixing est contraint par les règles de grammaire de L1 et L2
o Le code-mixing n’a lieu que lorsque les deux grammaires arrivent à des points de convergence (ordre des mots, par exemple
Donnez un exemple de cas possible d’interférence en code mixing.
- Mais : CAS D’INTERFÉRENCE
o Ex : les enfants allemand/anglais tendent à passer par une phase où l’ordre verbe objet dans les phrases subordonnées suit le patron de l’anglais
o L’anglais suit invariablement l’ordre -VO dans les proposition principales et subordonnées, tandis que l’allemand alterne l’ordre VO et OV (VO dans les principales -OV dans les subordonnées et infinitives)
–> I will brush my teeth.
–> *Ich werde putzen meine Zahne
–> (Ich werde meine Zahne putzen)
o Il faut savoir si les enfants unilingues allemand font la même erreur
o Ici, ce sont des erreurs parfaitement normales que font les enfants unilingues allemand. Ce n’est donc pas un exemple ici que l’on peut utiliser pour démontrer que le bilinguisme introduit un retard. - L’ordre VO était plus courant lorsque l’allemand et l’anglais était pris ensemble –> surgénéralisation
Quels sont des facteurs importants à prendre à compte lors de l’analyse d’un cas d’interférence en code mixing?
o Intensité d’exposition à l’une ou l’autre langue
o Il est probable qu’une langue pratiquée plus souvent et dans plus de milieux (école, famille, etc.) aura l’ascendant sur le développement d’une langue pratiquée moins souvent
o Il est donc important de distinguer ce qui est strictement linguistique (la grammaire) de ce qui ne l’est pas (la durée d’exposition, etc.)
Quelles sont les propriétés fonctionnelles du code mixing?
- Propriétés fonctionnelles :
o « Gap-filling » : le fait d’utiliser un mot dans une langue X plutôt que Y parce que le mot n’est pas accessible dans la langue Y
–> Ex : like vs love en anglais
o Contexte social
–> Anglais à la maison/français à l’école
–> Fonction pragmatique ou symbolique
Quel est le modèle hiérarchique révisé de Kroll et Stewart, 1994?
o L1 est la langue dans laquelle on est le plus compétent et pas nécessairement la langue maternelle
o Flèche de L1 à concepts est pleine car lien est plus fort entre la L1 et les concepts (langue qui nous permet d’accéder le plus rapidement aux concepts)
o Possible d’accéder aux concepts aussi en L2 mais demande plus de travail
o Flèches entre L1 et L2 signifient « être influencé par » (donc L2 plus influencée par L1 que L1 par L2)