Cours 14 Flashcards
Qu’est-ce que la psychopathie?
Fonctionnement antisocial combiné à des traits de personnalité typique à la psychopathie
- Se manifeste dans différentes sphères de vie; pas seulement dans la criminalité (ou élément du passage à l’acte);
- Relativement stable à travers le temps : certains chercheurs en parlent comme d’un prédicteur « statique » de la récidive criminelle
Parfois utilisé dans la population générale pour décrire quelqu’un qui est « fou », un « maniaque », etc.
- Cette description repose toutefois sur la nature souvent brutale, impulsive et soudaine des gestes commis par un individu.
- Le psychopathe n’est pas désorienté : il est en contact avec la réalité, il n’a pas d’hallucinations, il est rationnel.
- Comportement criminel = le résultat d’un choix
- Reconnu criminellement responsable
Philippe Pinel (1801)
Certains attribuent les premières observations de ce qui sera plus tard appelé psychopathie à Philippe Pinel – avec qui débute la psychiatrie moderne en France
Il évoque une sorte de folie raisonnante où l’individu a pourtant la raison
Une folie définie comme une « manie sans délire »; impulsivité aveugle, actes de violence ou même fureur sanguinaire, aucune illusion de l’imagination
James C. Pritchard (1835)
Un psychiatre anglais, J.C. Pritchard reprend et développe ces observations.
Il parle plutôt d’aliénation morale :
Une incapacité de s’auto-gouverner en vertu de principes moraux : individu est dépossédé de la capacité de suivre des règles, valeurs, croyances du groupe.
L’individu est capable de raisonner, mais est incapable de se conduire avec « décence et convenance »
Ces observations demeurent toutefois trop vagues
Kurt Schneider (1923)
À l’époque, les psychiatres s’entendent pour distinguer deux grandes catégories de troubles mentaux : la psychose et la névrose
La psychopathie ne s’apparente pas à ni l’une ni l’autre de ces catégories : l’individu est en contact avec la réalité (pas une psychose et n’a aucun conflit interne (pas une névrose)
Il propose alors le terme psychopathie
- Psyche : esprit
- Pathos : maladie
Ernest Dupré (1925)
Pour Dupré, psychiatre français, la psychopathie est instinctive, l’individu est pour ainsi dire né ainsi.
Ce sera le début d’une division au sein des chercheurs-cliniciens :
a) La psychopathie (innée)
b) La sociopathie (origine liée à l’environnement)
Qui est à l’origine de la première conceptualisation moderne de la psychopathie et comment?
Psychiatre américain à l’origine de la première véritable conceptualisation moderne de la psychopathie
- Publie le livre « Mask of Sanity »
- Selon Cleckley, « derrière une apparence de normalité, se cache un trouble important »
- Il réalise des entrevues auprès de patients d’un institut psychiatrique… des individus qui, selon lui, sont des psychopathes;
- Il fait une série d’observations cliniques
D’un point de vue clinique, le psychopathe est …
Un individu intelligent, avec un charme superficiel
Peu sincère et manipulateur, égocentrique, avec peu de remords et de culpabilité
Vie sexuelle impersonnelle, comportement ne suit pas un plan de vie particulier, propension vers les comportements antisociaux
Qui ne présente pas de troubles mentaux de type anxieux ou psychotiques
Que fait Robert Hare?
Les travaux de Cleckley exerceront une influence marquée sur un psychologue canadien qui travaille auprès de détenus au sein des services correctionnels du Canada (SCC), Robert Hare.
- Reformule la conceptualisation de Cleckley
- Met l’accent sur des aspects liés à la criminalité et au style de vie socialement déviant
- Il est maintenant reconnu comme une sommité dans le champ de recherche portant sur la psychopathie.
En 1991, Robert Hare propose un premier modèle conceptuel de la psychopathie à deux facteurs
Qu’est-ce que le modèle à deux facteurs de Robert Hare?
En 1991, Robert Hare propose un premier modèle conceptuel de la psychopathie à deux facteurs.
- Validité du concept clinique de psychopathie : le but de son modèle conceptuel est d’augmenter la validité diagnostic de la ^psychopathie
- Identifier le nombre de dimensions et la nature de celles-ci est un premier pas vers la mesure/ l’évaluation de la psychopathie
- La psychopathie est présente lorsque ces deux facteurs suivants le sont.
FACTEUR 1: Émotions et relations interpersonnelles :
Axé sur la personnalité; aux caractéristiques qui se rattachent à la personnalité du psychopathe. Fait référence à des traits de personnalité caractérisés par le détachement émotionnel (manque d’empathie) et un mode relationnel bine particulier (ex. profiter d’autrui) Une personne sans remords, insensible et égocentrique; tendance à être centré sur lui-même.
FACTEUR 2: Style de vie antisocial :
Comportement du psychopathe; tout ce qui touche la sphère comportementale. On retrouve donc un style de vie antisocial de la personne. Fait référence à un style de vie chroniquement instable et antisocial, caractérisé par de l’irresponsabilité
Quelles sont les critiques du modèle à deux facteurs?
Certains chercheurs critiquent le modèle de Hare et proposent des révisions :
- Certains psychopathes n’ont pas de style de vie « antisocial » et ne sont pas des « délinquants chroniques » par ex. : peut occuper emploi en politique, médecine, finance, etc.
- Remet en question la prédominance des aspects liés à l’antisocialité comme l’une des dimensions de la psychopathie. – rien n’empêche la psychopathie de se manifester dans ces contextes par des conduites antisociales et criminelles (fraude, crimes cols blancs, pots-de-vin, spéculation financière, etc.)
- Le modèle de Robert Hare demeure la référence mondiale.
Qu’est-ce que le modèle à quatre facteurs de Robert Hare?
En 2002, Robert Hare propose un second modèle conceptuel plus élaboré qui repose sur 4 facteurs.
- En réponse à différentes critiques concernant le modèle à 2 facteurs;
- Il propose alors le modèle à 4 facteurs afin que la conceptualisation soit encore plus valide, que le modèle permette de décrire adéquatement la psychopathie, en étant représentatif de toutes ses dimensions
- Ce modèle vient préciser davantage les 2 facteurs
- Hare souligne d’ailleurs l’importance du nombre de dimensions par souci de validité; afin de pouvoir bien mesurer le concept et d’identifier correctement les personnes qui présentent réellement la psychopathie. Ceci est important compte tenu de l’impact de cette étiquette de psychopathe, notamment dans le système pénal (par ex. : influence la cote de sécurité, les conditions de libération)
Quels sont les facteurs du Modèle à quatre facteurs de Robert Hane?
Facteur 1: Émotions et relations interpersonnelles
Sous-facteur 1.1: Émotions : Détachement émotionnel Facteur - Renvoie aux émotions; problèmes au niveau affectif * se traduit par un détachement émotionnel; à savoir une absence de remords, de culpabilité et d’empathie, une insensibilité.
Sous-facteur 1.2: Relations interpersonnelles : Arrogant et manipulateur - Le style interpersonnel, à savoir la façon dont la personne interagit avec les autres * on retrouve ici une arrogance et de la manipulation * Par ex., sentiment de supériorité, surestimation de soi, dénigrant
Facteur 2: Style de vie antisocial
Sous-facteur 2.1: Style de vie : Irresponsabilité et parasitisme - Habitudes de vie, attitudes et comportements au quotidien, reflet de ses valeurs; * se manifeste par de l’irresponsabilité et du parasitisme (tendance à profiter des autres, croire que les autres doivent subvenir à leurs besoins); Par ex., ne respecte pas leurs responsabilités dans différentes facettes de leur vie
Sous-facteur 2.2: Antisocialité : Délinquance et criminalité - Fait référence au passage à l’acte qui caractérise le psychopathe; * tendance importante à poser des gestes délinquants; commettre des délits transgresser des lois; * Par ex., criminalité précoce et polymorphe
Quel outil peut être utilisé pour mesurer la psychopathie?
Hare Psychopathy Checklist (PCL)
Le PCL fut développé en 1980 par Robert Hare
- Outil d’évaluation clinique
- Développé pour des personnes adultes (judiciarisées ou non)
- Révisé en 1985 (PCL-R)
- Développe également une version similaire pour adolescents (PCL :YV)
- Validité du PCL-R et du PCL :YV bien démontrée
Qu’est-ce que le PCL-R?
C’est un instrument pour établir un diagnostic de psychopathie
Bien que le PCL-R soit utilisé dans les pénitenciers fédéraux, le PCL-R n’est pas un outil de prédiction du risque de la récidive criminelle.
- PCL-R, considéré comme l’un des meilleurs indicateurs cliniques du potentiel de la récidive criminelle
- Très bon « prédicteur » de la récidive violente et générale
- Particulièrement le facteur 2 de la psychopathie
- Il n’est pas recommandé d’utiliser uniquement le PCL-R pour évaluer le risque de récidive et la dangerosité
- La psychopathie, selon Hare, doit être évaluée par un clinicien à partir d’entrevues semi structurées, à l’aide de diverses sources d’informations
- L’évaluateur doit également multiplier les sources d’information pour s’assurer de la validité des informations (par ex. antécédents judiciaires, rapports de police, proches, etc.)
Quelles sont les caractéristiques du PCL-R?
- 20 items; chaque item reçoit un score de 0,1 ou 2 par l’évaluateur
- (0) absent, (1) modérément présent, (2) présent
- Scores varient entre 0 et 40
- Moyennement dans les pénitenciers : un score d’environ 22-23
- Un score de 30 et plus au PCL-R représente le point de coupure qui permet d’identifier les individus qui présentent des traits marqués de la psychopathie
- ATTENTION : Il ne suffit pas qu’un seul élément soit présent ou un seul facteur (mais presque tous les items du PCL-R caractérise la personne, dans une certaine mesure)
Qu’en est-il de la prévalence de la psychopathie?
Les taux de prévalence sont généralement basés sur l’échelle de psychopathie de Hare (PCL-R)
- Varient entre 15-30% chez les hommes en détention en Amérique du Nord
- Prévalence similaire (11-30%) observée auprès des femmes en détention
- Taux observés varient en fonction du niveau de sécurité de l’institution : susceptibles de venir d’un établissement à sécurité maximale ou modérée; population concentrée dans ces établissements compte tenu de la nature de la criminalité des psychopathes (délinquance violente)
- Variations selon le type de délits (par ex.; agression sexuelle) :
-chez les agresseurs sexuels de femmes 35-75%
-chez ceux ayant commis un abus sexuel d’enfant 3 à 15%