Cours 11: les sens chimiques Flashcards
Sur quoi reposent les sens chimiques ?
Les sens chimiques reposent sur la captation de molécules (sous forme gazeuse pour l’odorat; sous forme solide ou liquide pour le goût) émises par, ou constituant certains objets de notre environnement.
Quels sont les deux éléments qui donnent naissance à la saveur?
Bien qu’étant tous deux des sens chimiques, le goût et l’odorat sont distincts sur bien des plans. C’est leur action conjointe qui donne naissance à l’expérience de la saveur.
Quelles conditions une molécule doit-elle remplir pour stimuler le système olfactif?
Pour stimuler le système olfactif, une molécule doit :
être volatile (flotter dans l’air),
être petite et légère (≤ 5,8 x 10⁻²² g),
être hydrophobe (ne pas se mélanger ou dissoudre dans l’eau).
Ces caractéristiques permettent aux molécules de rester en suspension dans l’air et d’atteindre les récepteurs (NRO) dans l’épithélium olfactif.
où et comment sont captés ces stimuli (molécules volatiles) dans le nez pour être senties (étapes jusqu’au traitement cognitif de l’odeur) ?
Ces molécules peuvent être captées par des récepteurs situés au sommet de la cavité nasale, les neurones récepteurs olfactifs (NRO), qui sont localisés au niveau de l’épithélium olfactif, où leurs dendrites pendent dans l’air.
L’épithélium olfactif est divisé en quatre zones distinctes (zones 1 à 4). Chaque type de récepteur olfactif (RO) est exprimé préférablement dans une seule zone spécifique, mais pas exclusivement
Les récepteurs olfactifs (RO) se trouvent à l’extrémité des cils des neurones récepteurs olfactifs (NRO), qui traversent la muqueuse olfactive. Ces cils pendent dans la cavité nasale et permettent aux RO (les dendrites des NRO) d’entrer en contact avec les molécules odorantes.
principe de compatibilité de forme : la molécule doit s’adapter au récepteur pour être détectée. Lorsque la molécule s’y fixe, cela active une modification de la perméabilité membranaire du neurone.
La fixation déclenche un influx nerveux (potentiel d’action), qui marque le début du signal sensoriel. Ce signal est ensuite transmis vers le bulbe olfactif, où il sera traité par le cerveau.
l’épithélium olfactif est à distinguer de la muqueuse olfactive, qui est plus étendue et caractérisée par le fait qu’elle est couverte de mucus.
Combien de neurones récepteurs olfactifs (NRO) l’humain possède-t-il (et pourquoi autant?)
L’humain a environ 10 millions de neurones récepteurs olfactifs (NRO) par narine, soit 20 millions au total.
Ils sont petits, ce qui permet d’en loger autant dans un espace restreint.
Mais comme leurs cils sont directement exposés à l’environnement, ils sont vulnérables aux dommages (pollution, infections, etc…).
Combien de types de récepteurs olfactif l’humain possède?
L’humain possède environ 350 types différents de récepteurs olfactifs, chacun sensible à des molécules spécifiques selon leur forme et leur structure chimique.
Cette diversité permet une perception fine et variée des odeurs, selon les composés rencontrés.
Quelle est la durée de vie des neurones récepteurs olfactifs (NRO) et comment sont-ils remplacés ?
Les NRO vivent 5 à 7 semaines seulement.
Ils sont constamment remplacés grâce aux cellules basales, qui agissent comme précurseurs :
→ Elles donnent naissance à de nouveaux NRO au fur et à mesure que les anciens meurent.
Quelle est la diversité des récepteurs olfactifs (RO) chez l’humain comparée à la souris, et comment sont-ils répartis dans les neurones récepteurs olfactifs (NRO) ?
L’humain possède environ 350 types différents de récepteurs olfactifs (RO), tandis que la souris en a environ 1000.
Les 1000 types de RO de la souris rend son système olfactif beaucoup plus efficace et sensible que celui des humains: leur capacité discriminative serait théoriquement encore plus élevée.
Un NRO n’exprime qu’un seul type de récepteur, mais en plusieurs exemplaires sur ses cils.
Jusqu’à combien d’odeurs pouvons nous discriminer et quel procédé nous le permet?
Le codage combinatoire (code distribué) signifie qu’un même odorant peut activer plusieurs types de RO (récepteur olfactif)
Un même RO peut répondre à plusieurs odorants.
Ce système permet à l’humain de discriminer environ 10 000 odeurs, même avec seulement 350 types de RO.
Expliqué autrement: Chez l’humain, on dénombre environ 350 types différents de RO. Chaque NRO dispose de nombreux RO, qui sont tous du même type. Chaque RO peut répondre à une variété d’odorants. Ainsi, la représentation d’une odeur au niveau des RO (i.e. son “profil de reconnaissance”) se fait selon un code distribué. L’humain arrive à discriminer environ 10 000 odeurs différentes sur cette base.
Qu’est-ce qui détermine si deux odeurs seront perçues comme similaires ?
Ce n’est pas la similarité de la structure moléculaire des odorants qui détermine leur similarité perceptive, mais leur profil de reconnaissance.
En général, des molécules similaires ont des profils similaires. Cependant, deux molécules structurellement similaires peuvent activer des RO très différents.
Ainsi, ce qui prédit l’expérience perceptive, c’est le profil de reconnaissance (et non la structure chimique).
Si deux odorants ont des profils de reconnaissance similaires (profil similaire de RO), l’expérience olfactive sera similaire, même si leur structure chimique est différente.
Inversement, des molécules très proches chimiquement peuvent produire des odeurs totalement différentes si leur profil de RO (récepteurs olfactifs) est différent.
Quand tu sens une odeur, elle active plusieurs types de récepteurs olfactifs en même temps — certains plus fortement, d’autres faiblement, certains pas du tout.
Ce “pattern” d’activation (quels récepteurs sont activés, et à quel degré) = le profil de reconnaissance de cette molécule.
Quelle est la différence entre un code combinatoire et un code spécifique (comme la “théorie de la cellule grand-mère”) ?
Le code combinatoire (distribué) repose sur la participation de plusieurs neurones à la représentation d’un stimulus. Chaque odorant possède des composantes chimiques qui peuvent s’imbriquer dans certaines formes spécifiques de RO. Un même odorant peut activer plusieurs types de RO, et un RO peut répondre à plusieurs odorants. Ce pattern d’activation à travers l’ensemble des RO = profil de reconnaissance de l’odorant = le code neural qui le représente.
À l’inverse, le code spécifique (ex. : “théorie de la cellule grand-mère”) suppose qu’un seul neurone représenterait un objet précis. Cette idée est aujourd’hui largement dépassée, car elle ne permet pas de rendre compte de la complexité des expériences perceptives.
Quelle est la différence entre le traitement analytique et le traitement synthétique de l’odeur ?
🧠 Niveau périphérique (récepteurs + bulbe olfactif) : Traitement analytique.
Le signal olfactif est décomposé en ses composantes moléculaires. Chaque composante active certains récepteurs : on fait donc une analyse des parties qui constituent l’odeur.
🧠 Niveau cortical : Traitement synthétique.
Le cerveau intègre les différentes composantes activées pour former une représentation globale de l’objet olfactif.
Ce principe ressemble beaucoup à ce qu’on observe dans le système visuel :
À la rétine, l’image est décomposée en points. Au cortex visuel, ces points sont rassemblés pour former des objets cohérents.
Quel est le trajet des signaux olfactifs depuis les neurones récepteurs olfactifs (NRO) jusqu’au cortex olfactif?
Les axones des neurones récepteurs olfactifs (NRO) se regroupent pour former le nerf olfactif, qui :
traverse la plaque cribriforme (plancher osseux sous les lobes frontaux. Elle est fragile : en cas de traumatisme crânien, les axones peuvent être sectionnés, entraînant une perte olfactive permanente),
rejoint le bulbe olfactif ipsilatéral (même côté),
fait synapse dans les glomérules.
(zones entre les axones des NRO (pré-synaptiques) et les cellules mitrales (post-synaptiques) ; Chaque type de RO projette vers deux glomérules : un médian et un latéral.
Après la synapse dans les glomérules, les cellules mitrales envoient directement leurs signaux vers le cortex olfactif primaire, sans passer par le thalamus.
C’est une exception parmi les systèmes sensoriels, qui passent habituellement par un relais thalamique.
Que sont les glomérules, en lien avec les récepteurs olfactifs?
(glomérules = zones de synapse entre les axones des NRO (pré-synaptiques) et les cellules mitrales (post-synaptiques)).
Chaque type de RO projette vers deux glomérules : un médian et un latéral.
Bien qu’en général spécifiques, les glomérules peuvent aussi recevoir des afférences de plus d’un type de RO.
Quelle est la particularité de la projection olfactive vers le cerveau comparée aux autres sens ?
Après la synapse dans les glomérules, les cellules mitrales envoient directement leurs signaux vers le cortex olfactif primaire,
➡️ sans passer par le thalamus.
C’est une exception parmi les systèmes sensoriels, qui passent habituellement par un relais thalamique.
en cas de traumatisme crânien au niveau de la plate cribiforme, qu’est-ce qui pourrait être une conséquenceles axones peuvent être sectionnés, entraînant une perte olfactive permanente.
Elle est fragile : en cas de traumatisme crânien, les axones peuvent être sectionnés, entraînant une perte olfactive permanente.
Que révèle l’imagerie optique du bulbe olfactif chez le rat au niveau de l’olfaction?
Elle montre que chaque type d’odorant active une zone particulière du bulbe olfactif.
Plus la chaîne de carbone de la molécule est longue, plus la zone activée est située vers l’avant (zone antérieure) du bulbe.
➡️ Cela suggère une organisation spatiale partielle (codage topographique) selon des caractéristiques chimiques.
que sont les cartes chemotopiques (en lien avec visualisation TEP dans le bulbe olfactif du rat) ?
L’imagerie TEP (tomographie par émission de positrons) montre que chaque odorant produit une carte chemotopique
➤ Une zone d’activation bien définie et focalisée dans le bulbe olfactif.
Contrairement au cortex olfactif (où l’activation est plus diffuse et distribuée), le bulbe olfactif présente un profil d’activation plus spécifique et stable.
On constate également une sensibilité à la forme moléculaire pour certains composés (e.g. carvone) mais pas pour d’autres (e.g. limonène). Toutefois, le profil d’activation du bulbe olfactif prédit mieux l’odeur perçue.
Des études comparent des molécules similaires pour observer si leur forme moléculaire entraîne une carte chemotopique similaire dans le bulbe :
Qu’est-ce qu’elles ont constaté?
Parfois, des molécules très similaires (ex. : deux formes miroir du limonène) ont des cartes identiques, donc une perception olfactive similaire.
D’autres fois, des molécules similaires (ex. : les deux formes de carvone) entraînent des profils d’activation différents, donc des perceptions distinctes.
Donc…
La structure moléculaire n’est pas toujours un bon prédicteur du profil d’activation dans le bulbe olfactif. En revanche, le profil d’activation dans le bulbe (carte chemotopique) est un bon prédicteur de l’odeur perçue :
Si deux cartes sont similaires → les odeurs sont perçues comme similaires.
Si les cartes sont différentes → les odeurs sont perçues comme différentes.
Quel est le trajet des projections centrales du système olfactif à partir du bulbe olfactif ? [4 structures connectées]
À partir du bulbe olfactif, des projections sont envoyées vers le cortex olfactif primaire (cortex piriforme: situé dans la partie médiane et inférieure du lobe temporal, proche des régions impliquées dans la vision. C’est la première cible corticale du traitement olfactif),
qui lui-même projette vers le cortex olfactif secondaire, qui est localisé dans le cortex orbitofrontal (la base des lobes frontaux).
Cette région reçoit également : des projections gustatives (cortex gustatif secondaire), des informations visuelles et tactiles. Il s’agit donc d’un site multimodal, impliqué dans l’intégration sensorielle.
Ce circuit est connecté à l’amygdale et à l’hippocampe, qui seraient impliqués respectivement dans les réactions émotionnelles associées au traitement perceptif (en général, qu’il soit olfactif ou non) et dans l’évocation de souvenirs (effet Proust).
Quel est le rôle du cortex orbitofrontal dans le traitement olfactif ?
Le cortex orbitofrontal est une région multimodale :
il reçoit des informations olfactives, mais aussi gustatives, visuelles et tactiles.
➡️ Il intègre ces modalités pour former une perception sensorielle unifiée, ce qui permet de traiter les objets olfactifs complexes.
Qu’est-ce que l’effet Proust et qu’est-ce qui l’explique?
Ce phénomène tire son nom de l’écrivain Marcel Proust, qui dans son œuvre décrit comment l’odeur de madeleines évoque spontanément des souvenirs d’enfance. Ce lien rapide et puissant entre odeur, mémoire et émotion serait rendu possible grâce aux connexions olfactives directes vers l’hippocampe et l’amygdale.
En plus des cibles corticales, le système olfactif envoie des projections vers :
L’amygdale : impliquée dans les réactions émotionnelles, notamment en lien avec des odeurs chargées émotionnellement.
L’hippocampe : impliqué dans l’encodage et la récupération de souvenirs.
Ces connexions sous-corticales expliqueraient l’effet Proust : une odeur peut automatiquement et puissamment raviver un souvenir autobiographique, souvent accompagné d’une charge émotionnelle
En quoi le traitement de l’odeur dans le cortex piriforme diffère-t-il de celui du bulbe olfactif au niveau de l’organisation ?
Contrairement au bulbe olfactif, qui présente des activations focalisées et organisées pour différents odorants, le cortex piriforme montre une activation très distribuée.
Des enregistrements électrophysiologiques (image en haut à gauche) montrent que des neurones répartis dans toute la région du cortex piriforme réagissent à divers odorants.
L’imagerie optique (image en haut à droite) confirme ce phénomène → des points rouges (hexanal) et verts (octanol) s’activent de façon entremêlée, sans organisation spatiale claire. Ce type de réponse suggère un traitement de type synthétique, dans lequel l’ensemble de l’activation représente l’objet olfactif.
Comment se développe la représentation neuronale d’un objet olfactif ?
Un objet olfactif (ex. : une rose) n’émet pas une seule molécule, mais une collection complexe d’odorants.
Exemple : une rose associée à cinq molécules odorantes distinctes / l’odeur du café pourrait impliquer plus de 200 molécules différentes.
C’est cette collection d’odorants, perçue simultanément, qui génère l’expérience olfactive globale.
Lors de la première exposition, l’activation dans le cortex piriforme est désorganisée.
Mais à force de répétitions, des connexions intracorticales se forment entre les neurones activés ensemble.
➡️ Cette intégration neuronale permet la reconnaissance stable d’un objet olfactif lors des expositions futures.
Une fois la représentation neuronale bien établie, la perception complète d’une odeur peut être réactivée même si une seule partie de ses composantes est détectée.
➡️ Cela est rendu possible par les connexions intracorticales qui relient les neurones sensibles aux différentes molécules.