Cours 10: perception du langage écrit Flashcards
Quelle est la caractéristique fondamentale de la lecture et sur quoi repose-t-elle?
La lecture permet d’accéder à des représentations linguistiques, notamment phonologiques et sémantiques, à partir d’un code visuel abstrait : les lettres.
Ce code est indépendant des propriétés physiques des objets référés. La correspondance entre l’orthographe et le sens est arbitraire.
Elle exige la création de connexions spécifiques entre perception visuelle et langage, qui ne sont pas présentes spontanément.
l’apprentissage de la lecture est culturel et ou naturel?
Contrairement au langage oral, qui se développe naturellement par exposition, la lecture nécessite un enseignement structuré et explicite.
Elle ne s’acquiert pas d’elle-même, car les connexions entre les systèmes visuels et linguistiques doivent être guidées et renforcées par l’apprentissage.
Quels sont les principaux contrastes entre lecture et reconnaissance d’objets?
En lecture, l’accès linguistique est essentiel : on doit décoder le mot pour en comprendre le sens. En reconnaissance d’objets, on peut identifier sans nommer.
Les éléments visuels sont limités (les lettres) et soumis à des règles orthographiques strictes. En reconnaissance d’objets, les indices sont plus variés et libres.
En lecture, il existe des règles stables de correspondance entre lettres et sons (grapho-phonémiques). Aucune règle équivalente n’existe pour les objets.
Comment le cerveau traite-t-il la lecture et en quoi ce traitement est-il particulier? (qu’est-ce qu’on peut constater en neuroimagerie?)
La lecture mobilise une voie spécialisée dans le cortex visuel, distincte de celle utilisée pour la reconnaissance d’objets.
Cette spécialisation n’est pas présente à la naissance : elle se développe avec l’apprentissage, ce qui reflète la plasticité cérébrale.
Ce développement progressif illustre comment le cerveau s’adapte à des tâches culturelles complexes comme la lecture.
Comment l’information visuelle est-elle transformée en représentation linguistique dans la lecture?
Le processus débute avec un stimulus visuel (le mot écrit) qui est analysé à différents niveaux pour permettre l’identification et la compréhension du mot lu.
Encodage des traits visuels : analyser les caractéristiques visuelles de l’écriture, telles que les formes, les contours et les orientations des lettres. [Ce traitement est comparable à celui réalisé pour la reconnaissance d’objets, mais ici appliqué spécifiquement aux caractères écrits]
Identification des lettres : Une fois les traits encodés, les lettres sont reconnues. Cette étape est essentielle pour permettre la lecture et constitue une passerelle vers les processus linguistiques.
Décris les deux voies de traitement des mots et comment elles interagissent ensemble.
1.Voie de conversion graphème-phonème
utilise des règles régulières pour associer une lettre ou un groupe de lettres à un son spécifique. Elle est particulièrement sollicitée chez les débutants en lecture et dans les cas où un mot inconnu est rencontré. Cette voie permet de générer une prononciation même pour un mot inconnu, mais elle est limitée par les irrégularités orthographiques.
2.Voie lexicale (lexique orthographique)
Représentations orthographiques des mots connus. Elle permet une reconnaissance rapide et automatique des mots sans conversion graphème-phonème. Une fois un mot reconnu dans le lexique orthographique, il peut être relié à :
- La mémoire sémantique (pour en comprendre la signification).
- Les représentations phonologiques (pour sa prononciation).
Ce système repose sur l’expérience et l’exposition répétée aux mots écrits.
L’activation du lexique orthographique facilite la reconnaissance des lettres dans un mot connu. Par exemple, il est plus facile d’identifier les lettres dans un mot réel que dans un non-mot.
Une rétroaction se produit du lexique orthographique vers l’identification des lettres, améliorant la vitesse et l’efficacité de la lecture.
Les représentations phonologiques et sémantiques interagissent librement, ce qui permet un passage fluide entre l’orthographe, la prononciation et la signification des mots.
Quels sont les 3 postulats principaux concernant l’utilisation des voies de lecture?
- La lecture s’appuie sur deux voies distinctes :
La voie de conversion graphème-phonème (CGP)
La voie lexicale (lexique orthographique) - Le choix de la voie dépend du type de mot ou de non-mot.
- Ces voies sont fonctionnellement complémentaires et mobilisées différemment selon la tâche, le contexte, et les caractéristiques du mot.
Quelle est la différence de traitement entre les non mots, les mots irréguliers vs réguliers? [type de voie utilisée et pourquoi]
Non-mots :
N’existent pas dans le lexique orthographique → doivent être lus via la voie CGP [conversion graphèmes-phonèmes]
Mots irréguliers :
Leur prononciation ne suit pas les règles grapho-phonémiques classiques → seule la voie lexicale permet une lecture correcte.
Exemples : “chlore”, “yacht”, “femme”.
Mots réguliers :
Peuvent être lus soit par la CGP, soit par la voie lexicale, selon leur familiarité et le contexte.
la tâche de dénomination vs catégoriation influence l’activation de quelle voie et pourquoi?
En lecture à voix haute (tâche de dénomination), la voie CGP est souvent mobilisée, surtout pour les mots nouveaux.
En tâche sémantique (ex. catégorisation), la voie lexicale est privilégiée, car elle permet un accès rapide au sens.
Comment différents types de non mots [imprononcables, prononcables, homophones de vrais mots] influencent différemment l’activation des voies?
Contexte :
Dans une tâche de décision lexicale (distinguer mot vs non-mot), c’est principalement la voie lexicale qui est sollicitée.
Effets selon le type de non-mot :
- Non-mots imprononçables (ex. kzxlp)
→ Reconnaissables immédiatement comme des non-mots, grâce au traitement visuel.
→ Aucune voie activée réellement. - Non-mots prononçables (ex. fablio)
→ Ils peuvent activer la voie graphème-phonème (CGP), car on peut les lire à voix haute.
→ Traitement phonologique en jeu. - Homophones de vrais mots (ex. klore pour chlore)
→ Créent de la confusion car la prononciation est correcte.
→ Nécessitent une vérification lexicale pour détecter l’erreur.
Nommes 2 caractéristique (internes) du mot qui influencent la voie utilisée.
- Fréquence lexicale
• Mots fréquents → accès rapide via la voie lexicale (car ils sont déjà bien représentés en mémoire).
• Mots rares → la voie graphème-phonème (CGP) peut être utilisée si le mot n’est pas bien représenté orthographiquement.- Régularité orthographique
• Mots réguliers (ex. : “table”) → les deux voies peuvent être utilisées.
• Mots irréguliers (ex. : “monsieur”) → seule la voie lexicale permet une bonne prononciation, car la CGP mènerait à une erreur.
- Régularité orthographique
Quelle est la différence de traitement par rapport à la rareté et la régularité du mots? (voie empruntée mot rare vs fréquent; régulier vs irrégulier)
Voie lexicale = on reconnaît le mot globalement, car il est stocké en mémoire.
• Voie sublexicale (CGP) = on décode lettre par lettre (Conversion Graphème-Phonème).
⸻
• Mot fréquent & régulier : → Voie lexicale activée en priorité (reconnaissance rapide), mais CGP possible si besoin. • Mot fréquent & irrégulier : → Seule la voie lexicale fonctionne. La CGP donnerait une mauvaise prononciation. • Mot rare & régulier : → Voie CGP activée (on décode, car mot pas connu en mémoire), mais voix lexicale possible si déjà vu. • Mot rare & irrégulier : → Doit passer par la voie lexicale, mais c’est difficile car le mot n’est pas familier → lecture plus lente ou erreurs.
La voie activée dépend de plusieurs facteurs : nommes-en 4.
type de mot, tâche, fréquence, régularité
Quels sont les principaux facteurs qui influencent la performance en lecture fluide chez l’adulte?
La performance normale en lecture (vitesse et précision) est influencée par divers facteurs liés à la structure des mots, leur fréquence et leur richesse sémantique. Ces effets révèlent l’organisation fonctionnelle du système de lecture adulte, basé sur un traitement parallèle et interactif.
Comment la longueur d’un mot affecte le traitement en lecture?
En lecture fluide, toutes les lettres d’un mot sont traitées simultanément, et non de façon séquentielle.
la latence de lecture est indépendante du nombre de lettres.
Le traitement est parallèle et accélère la reconnaissance du mot entier.
Quelles sont les caractéristiques importantes de la performance (latence, taux d’erreurs) normale
- indépendante de la longueur du mot (nombre de lettres)
- meilleure avec les mots plus fréquents
- meilleure avec les mots que les non-mots
- meilleure avec les mots réguliers qu’irréguliers
- meilleure avec les mots imageables que peu imageables
- meilleure avec les mots ayant plus de voisins orthographiques (main: bain, gain, nain, pain, sain, tain, vain)*
Quel impact a la fréquence d’un mot [dans le sens, à quel point on le connait] sur sa lecture?
Les mots fréquents sont lus plus rapidement et avec moins d’erreurs que les mots rares.
Cette supériorité s’explique par un accès facilité au lexique orthographique, dû à l’exposition répétée.
Les représentations des mots fréquents sont plus consolidées en mémoire.
Explique l’effet de supériorité du mot ?
Les lettres sont mieux identifiées lorsqu’elles font partie d’un mot réel que d’une séquence aléatoire.
Cela est dû à une activation descendante du lexique orthographique qui facilite l’identification des lettres.
Ce phénomène est comparable à l’effet de supériorité de l’objet en reconnaissance visuelle.
Explique l’effet de régularité orthographique sur la voie de traitement empruntée
Mots réguliers : Peuvent être lus par la voie CGP ou lexicale, ce qui permet une lecture plus flexible.
Mots irréguliers : Dépendent exclusivement de la voie lexicale, ce qui peut ralentir la lecture, surtout s’ils sont peu fréquents.
Explique l’effet d’imageabilité et de concrétude des mots
Mots imageables (ex. “arbre”) sont lus plus rapidement que mots abstraits (ex. “justice”).
Les mots concrets activent des représentations sémantiques plus riches, ce qui accélère leur traitement.
L’imageabilité est généralement corrélée à la concrétude du mot.
Explique l’effet des voisins orthographiques
Les mots ayant plus de voisins orthographiques (ex. : “main” → bain, pain, tain…) sont lus plus facilement.
La présence de ces voisins renforce l’activation du mot dans le lexique, grâce à une rétroaction descendante.
À l’inverse, un mot isolé sans voisins (ex. “yak”) est plus difficile à reconnaître.
L’imagerie cérébrale fonctionnelle de la lecture a donné lieu à une très grande variété de zones activées lors de l’exécution de cette tâche et des résultats très variables à travers les études.
Grâce à des méthodologies plus robustes, certaines zones activées de manière plus constante ont été isolées, ce qui a permis d’établir une architecture plus cohérente des circuits neuronaux impliqués dans la lecture.
Nommes 3 zones et comment elles sont impliquées
Gyrus fusiforme gauche : appelé VWFA (Visual Word Form Area), spécialisé dans la reconnaissance visuelle des mots.
Régions temporales et pariétales : impliquées dans les traitements phonologiques et la conversion grapho-phonémique.
Régions frontales : associées à l’articulation et à la planification du langage oral (lecture à voix haute notamment).
Quelle région cérébrale joue un rôle central dans la reconnaissance des mots écrits, et pourquoi?
la Visual Word Form Area (VWFA)
Quel est le rôle principal de la VWFA?
Elle est spécialisée dans l’analyse orthographique et la reconnaissance rapide des mots écrits. région clé du cortex visuel impliquée dans la lecture.
Son développement est apprentissage-dépendant : Elle n’est pas présente chez les jeunes enfants avant l’apprentissage de la lecture. Son activation augmente avec l’exposition au langage écrit.
la VWFA reflète donc la plasticité cérébrale liée à la lecture
Les recherches récentes suggèrent que, malgré sa proximité anatomique avec les aires d’objets, la VWFA est fonctionnellement distincte et plus sélective aux mots.