C. LE RÔLE DES CONTRAINTES COGNITIVES Flashcards

0
Q

C. LE ROLE DES CONTRAINTES COGNITIVES DANS LA COMPREHENSION DES PHRASES
_______________________
La compréhension des phrases implique plus qu’un simple accès à la signification de chaque mot. Il faut […] ces significations pour finalement aboutir à une [… …] du […] de la phrase entière. Chez l’adulte qui entend ou qui lit une phrase de sa langue maternelle, les opérations qui assurent la compréhension sont généralement […] : elles se déroulent […], sans exiger un effort mental particulier et sans que le sujet ait un accès […] à ces opérations. Pour intégrer les mots successifs d’une phrase, le lecteur doit faire appel à des […] relatives à la […] de sa langue. Ces connaissances permettent de déterminer les groupes de mots assumant ensemble une même […] (par exemple le groupe qui est [… …] de la phrase), leur […] dans la phrase mais aussi les phénomènes [d’… …] intervenant entre les mots (par exemple [l’… entre le … et son …]).

A

La compréhension des phrases implique plus qu’un simple accès à la signification de chaque mot. Il faut [intégrer] ces significations pour finalement aboutir à une [représentation mentale] du [sens] de la phrase entière. Chez l’adulte qui entend ou qui lit une phrase de sa langue maternelle, les opérations qui assurent la compréhension sont généralement [automatiques] : elles se déroulent [rapidement], sans exiger un effort mental particulier et sans que le sujet ait un accès [conscient] à ces opérations. Pour intégrer les mots successifs d’une phrase, le lecteur doit faire appel à des [connaissances] relatives à la [grammaire] de sa langue. Ces connaissances permettent de déterminer les groupes de mots assumant ensemble une même [fonction] (par exemple le groupe qui est [sujet grammatical] de la phrase), leur [ordre] dans la phrase mais aussi les phénomènes [d’accord grammatical] intervenant entre les mots (par exemple [l’accord entre le verbe et son sujet]).

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
1
Q

Une question centrale abordée par les travaux psycholinguistiques concerne la nature des informations utilisées par le système cognitif assurant la compréhension des phrases. On peut distinguer deux points de vue « extrêmes » à ce sujet. Lesquels ?

A

1) Le point de vue modulaire strict

2) Le point de vue interactif

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
2
Q

Point de vue modulaire strict vs Point de vue interactif
_______________________
1) Le point de vue modulaire strict
En référence à la théorie de la modularité* de l’esprit défendu par [… (19..)], le point de vue modulaire strict stipule que l’analyse grammaticale de la phrase opère d’abord en tenant compte d’un nombre […] d’informations : essentiellement les catégories […] des mots successifs (i.e. nom, verbe, etc.). Les connaissances […] et certains […] sont appliqués à ces informations pour organiser les mots successifs en une [… …]. Les informations relatives au […] des mots et à la [… d’…] sont ensuite prises en compte pour aboutir à une […].

A

En référence à la théorie de la modularité* de l’esprit défendu par [Fodor (1986)], le point de vue modulaire strict stipule que l’analyse grammaticale de la phrase opère d’abord en tenant compte d’un nombre [limité] d’informations : essentiellement les catégories [lexicales] des mots successifs (i.e. nom, verbe, etc.). Les connaissances [grammaticales] et certains [principes] sont appliqués à ces informations pour organiser les mots successifs en une [structure grammaticale]. Les informations relatives au [sens] des mots et à la [situation d’énonciation] sont ensuite prises en compte pour aboutir à une [interprétation].

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
3
Q

Point de vue modulaire strict vs Point de vue interactif
_______________________
2) Le point de vue interactif
Le point de vue interactif suppose au contraire que la […] des mots et la [… d’…] sont prises en compte dès la […] de la [… …].

A

Le point de vue interactif suppose au contraire que la [signification] des mots et la [situation d’énonciation] sont prises en compte dès la [construction] de la [structure grammaticale].

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
4
Q

Point de vue modulaire strict vs Point de vue interactif
_______________________
Dans ce cours est illustré le débat entre ces deux approches théoriques en considérant la compréhension de certaines phrases […]. Aujourd’hui les partisans des deux approches s’accordent sur un point : la compréhension des phrases est une opération mentale soumise à une [… …]. Les mots perçus se succèdent, il faut donc […] des informations pour les […] à celles qui suivent, et la mémoire de travail qui assure le […] et le […] des informations a une [… …]. Cette […] peut expliquer certaines données relatives à la […]. A fortiori dans le cas où les mots à intégrer sont […]. Dans cette condition, les modularistes et les interactivistes admettent en effet que la […] des […] de mémoire de travail induit une [… de …].

A

Dans ce cours est illustré le débat entre ces deux approches théoriques en considérant la compréhension de certaines phrases [ambiguës]. Aujourd’hui les partisans des deux approches s’accordent sur un point : la compréhension des phrases est une opération mentale soumise à une [contrainte majeure]. Les mots perçus se succèdent, il faut donc [maintenir] des informations pour les [intégrer] à celles qui suivent, et la mémoire de travail qui assure le [maintien] et le [traitement] des informations a une [capacité limitée*]. Cette [limitation] peut expliquer certaines données relatives à la [compréhension]. A fortiori dans le cas où les mots à intégrer sont [distants]. Dans cette condition, les modularistes et les interactivistes admettent en effet que la [limitation] des [ressources] de mémoire de travail induit une [difficulté de traitement].
_______________
*cf. Puf COGN partie 1, chap. 2

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
5
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
_______________________
Phrase (1) : La femme repousse l’homme avec le parapluie.
~~~~~~~~~~~~
La phrase (1) est ambiguë : « le parapluie » peut être l’instrument que la femme utilise pour repousser l’homme, mais il peut aussi être un objet que possède l’homme. Cette seconde interprétation revient à dire que « la femme repousse l’homme qui a un parapluie ».
Selon la grammaire traditionnelle, la première interprétation de la phrase (1) revient à attribuer au groupe de mots « avec le parapluie » une fonction de complément de moyen, alors que, dans la deuxième interprétation, ce même groupe vient compléter le nom « homme ». Il s’agit donc d’une ambiguïté grammaticale.
Comment savoir quelle interprétation est adoptée au moment où le mot « parapluie » est lu ?

A

Pour savoir quelle interprétation est adoptée au moment où le mot « parapluie » est lu, une méthode possible consiste à présenter successivement chacun des mots de la phrase (1), en mesurant le temps de lecture de chaque mot, et à ajouter après la phrase (1) une suite de mots qui n’est compatible qu’avec l’une des interprétations possibles. La phrase (2) est un exemple possible de ce genre d’énoncé.
~~~~~~~~~~
Phrase (2) : La femme repousse l’homme avec le parapluie en se servant d’une canne.
~~~~~~~~~~
Dans ce cas, si le lecteur parvenant au mot « parapluie » a pensé qu’il s’agissait de l’instrument utilisé par la femme, il devrait être gêné par les derniers mots « en se servant d’une canne » de la phrase (2). En effet, « en se servant d’une canne » n’est pas compatible avec cette interprétation. La gêne du lecteur sera objectivable par un ralentissement de sa lecture.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
6
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
_______________________
Pourquoi ce ralentissement est-il parfois appelé « effet d’impasse » ?

A

Ce ralentissement est parfois appelé « effet d’impasse » (“garden-path effect” en anglais), car le lecteur a d’abord l’impression d’une impasse dans sa compréhension de la phrase.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
7
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
_______________________
Les études rapportées dans cette section du cours adoptent cette méthode de mesure de l’effet d’impasse pour évaluer l’interprétation d’une ambiguïté grammaticale. Quels sont les deux modèles théoriques considérés dans ce cours qui tentent d’expliquer comment un lecteur interprète des ambiguïtés grammaticales ?

A

1) Un modèle modulaire

2) Un modèle interactif

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
8
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
_______________________
Le premier modèle stipule qu’un système cognitif opère une [… …] de l’énoncé : ce système serait modulaire, car il tient compte seulement [d’… …] contenues dans l’énoncé.

A

1) Le premier modèle stipule qu’un système cognitif opère une [analyse grammaticale] de l’énoncé : ce système serait modulaire, car il tient compte seulement [d’informations grammaticales] contenues dans l’énoncé.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
9
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
_______________________
Le deuxième modèle est interactif : il suggère que l’analyse de la phrase est aussi sensible à [d’… …] d’informations, par exemple des informations relatives au […] où l’énoncé est produit.

A

Le deuxième modèle est interactif : il suggère que l’analyse de la phrase est aussi sensible à [d’autres types] d’informations, par exemple des informations relatives au [contexte] où l’énoncé est produit.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
10
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
______________________
Que suppose au juste un modèle modulaire ?

A
Un modèle modulaire suppose que, lors des premières étapes de la compréhension, chaque mot se voit attribuer une catégorie grammaticale (e. g. article, nom, verbe, etc.), comme illustré ci-dessous.
\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_
Article : La 
Nom : femme 
Verbe : repousse 
Article : l' 
Nom : homme 
Préposition : avec
Article : le 
Nom : parapluie… 
\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_
How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
11
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
_______________________
Dans le modèle modulaire, un système cognitif appelé [l’… …] (“parser”en anglais) assemble ces catégories en des [… …]. Pour cela, il applique des […], comme celle qui stipule qu’un article suivi d’un nom forment un [… … (…)], une préposition (P) suivie d’un GN forment ensemble un [… … (…)]. Le verbe (V) est regroupé avec le GN qui le suit, pour former un [… … (…)].
Le premier GN qui précède le GV forment ensemble un […] de [… …], qui correspond à la […]. Suivant une tradition bien établie en [… …] ([…, 19…]), la figure 1 représente ces [… …] en les rejoignant par des […] aux éléments qui les constituent. La figure 1 présente ainsi une organisation […] qui correspond à la [… …] de la phrase, c’est-à-dire à son organisation en [… …].

A

Dans le modèle modulaire, un système cognitif appelé [l’analyseur syntaxique] (“parser”en anglais) assemble ces catégories en des [groupes grammaticaux]. Pour cela, il applique des [règles], comme celle qui stipule qu’un article suivi d’un nom forment un [groupe nominal (GN)], une préposition (P) suivie d’un GN forment ensemble un [groupe prépositionnel (GP)]. Le verbe (V) est regroupé avec le GN qui le suit, pour former un [groupe verbal (GV)].
Le premier GN qui précède le GV forment ensemble un [groupe] de [niveau supérieur], qui correspond à la [phrase]. Suivant une tradition bien établie en [grammaire générative] ([Chomsky, 1971]), la figure 1 représente ces [groupes grammaticaux] en les rejoignant par des [traits] aux éléments qui les constituent. La figure 1 présente ainsi une organisation [arborescente] qui correspond à la [structure syntaxique] de la phrase, c’est-à-dire à son organisation en [groupes grammaticaux].

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
12
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
~~~~~~~~~~~~
À quoi tient l’ambiguïté de la suite de mots dans la figure 1 ?
________________
◽️FIG.1 _ Structure syntaxique partielle de « La femme repousse l’homme avec le parapluie »
◽️FIG.2 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète le verbe.

A

Dans la figure 1, le GP n’a pas été assemblé avec un autre groupe de la phrase. En fait, l’ambiguïté de la suite de mots tient précisément au type de regroupement adopté pour ce GP. Il peut être uni au Verbe et au GN qui le précèdent : il est alors directement dominé par le GV, comme dans la figure 2. Cette analyse met le GP au même niveau que le verbe. Le groupe « avec le parapluie » complète alors le verbe. Cela correspond à l’interprétation où « le parapluie » désigne l’instrument employé par la femme

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
13
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
_______________________
Mais il existe une autre analyse possible. Laquelle ?
~~~~~~~~~~~
◽️FIG.2 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète le verbe
◽️FIG.3 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète « l’homme »

A

L’autre analyse possible consiste à considérer le GP comme un complément du nom qui le précède. Dans ce cas, le GP est uni au GN qui précède pour former un groupe nominal plus ample, qui est entouré dans la figure 3.
Dans cette dernière analyse, le verbe « repousse » prend pour complément d’objet direct le GN entouré : « l’homme avec le parapluie ». Il s’agit donc de l’autre interprétation possible : celle où la femme repousse un homme qui possède un parapluie.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
14
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
_______________________
Le modèle modulaire de la compréhension propose que l’analyseur syntaxique applique un principe pour choisir immédiatement entre les deux structures possibles. Quel est ce principe ?
~~~~~~~~~~~
◽️FIG.2 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète le verbe
◽️FIG.3 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète « l’homme »

A

Frazier et Rayner (1982) ont appelé ce principe le « principe d’attachement minimal ». Il énonce que la structure adoptée est celle qui implique le moins de groupes à l’intérieur de l’arborescence. C’est donc un principe d’économie. Il conduit à adopter la structure de la figure 2, car celle de la figure 3 implique un groupe supplémentaire : le GN entouré.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
15
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
_______________________
Concernant le modèle modulaire, deux points sont à souligner :
1) Il considère que l’analyse de la structure grammaticale d’une phrase est un processus qui n’est sensible qu’aux [… …] des mots (article, nom, etc.) et aux [… …] (GN, GP, etc.). Ce processus est régi par un [… d’… …] qui n’est lui-même sensible qu’au […] des groupes grammaticaux. La […] des mots ou la [… d’…] de la phrase serait négligées par le processus qui construit la structure grammaticale. C’est d’ailleurs cette propriété qui explique pourquoi le modèle est modulariste : la construction de la structure est opérée par un module [« … »] à certaines informations.
2) Selon ce type de modèle, si un lecteur perçoit les mots « en se servant de la canne » après le mot « parapluie », il éprouvera une gêne, encore appelée [« … d’… »]. En effet, ce nouveau groupe prépositionnel devient un [… …] de « avec un parapluie » et le lecteur doit […] son analyse initiale pour adopter l’analyse représentée dans la figure 3.
~~~~~~~~~~~~~
◽️FIG.2 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète le verbe
◽️FIG.3 _ Structure syntaxique complète où « avec le parapluie » complète « l’homme »

A

Concernant le modèle modulaire, deux points sont à souligner :
1) Il considère que l’analyse de la structure grammaticale d’une phrase est un processus qui n’est sensible qu’aux [catégories grammaticales] des mots (article, nom, etc.) et aux [groupes grammaticaux] (GN, GP, etc.). Ce processus est régi par un [principe d’attachement minimal] qui n’est lui-même sensible qu’au [nombre] des groupes grammaticaux. La [signification] des mots ou la [situation d’énonciation] de la phrase serait négligées par le processus qui construit la structure grammaticale. C’est d’ailleurs cette propriété qui explique pourquoi le modèle est modulariste : la construction de la structure est opérée par un module [« imperméable »] à certaines informations.
2) Selon ce type de modèle, si un lecteur perçoit les mots « en se servant de la canne » après le mot « parapluie », il éprouvera une gêne, encore appelée [« effet d’impasse »]. En effet, ce nouveau groupe prépositionnel devient un [concurrent direct] de « avec un parapluie » et le lecteur doit [réviser] son analyse initiale pour adopter l’analyse représentée dans la figure 3.
____________
NB. Des études mesurant le temps de lecture des mots ont confirmé cet effet d’impasse (Frazier et Rayner, 1982)

16
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
____________________
Mais le modèle modulariste va plus loin : dans tous les contextes, la structure privilégiée par le principe d’attachement minimal devrait être la première adoptée. C’est précisément cette dernière hypothèse qui a été remise en cause. Développez.

A

Cette hypothèse a été remise en cause par une étude de Spivey, Tanenhaus, Eberhard, et Sedivy (2002). La méthode employée par Spivey et al. était tout à fait originale puisqu’elle consistait à évaluer ce que les sujets regardaient pendant l’audition d’une phrase les invitant à déplacer un objet. Les participants écoutaient des phrases les invitant à réaliser des actions, comme dans la phrase (4).
Phrase (4) : Mettez la clé sur l’enveloppe dans la boîte.
Phrase (4’) : Mettez la clé sur l’enveloppe…
Le lecteur notera que le principe d’attachement minimal, s’il est appliqué pendant l’audition du fragment (4’) conduit à faire de « sur l’enveloppe » un complément de lieu du verbe : « sur l’enveloppe » désigne alors la destination du geste. L’autre analyse et celle où « sur l’enveloppe » est un complément du nom « clef », elle indique que la clef est déjà sur l’enveloppe. Cette analyse devient pertinente en écoutant les derniers mots de la phrase (4). Le principe d’attachement minimal suggère que l’auditeur de la phrase (4) devrait d’abord estimer que « sur l’enveloppe » est la destination de son action. Puis, lors de l’audition du dernier complément « dans la boîte », l’auditeur serait obligé de réviser sa première analyse grammaticale, pour privilégier une interprétation de « sur l’enveloppe » qui désigne le lieu où la clé est déjà située, « dans la boîte » devenant la destination. Spivey et al. ont présenté à l’auditeur une situation visuelle analogue à la zone de gauche dans la figure 4. Grâce à un dispositif enregistrant les mouvements des yeux (cf. partie 2, chapitre 10), ils ont pu évaluer où la personne fixait son regard pendant l’audition d’une phrase comme (4).

17
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
a. Le principe d’attachement minimal : des modèles modulaires aux modèles interactifs
____________________
Que montre l’étude de Spivey et al. (2002) et quelles en sont les conséquences ?

A

L’étude de Spivey et al. (2002) montre donc que l’attachement minimal n’est pas constant. Le contexte peut influencer immédiatement l’analyse grammaticale, ce qui suggère que l’analyseur ne tient pas compte seulement des catégories grammaticales et des groupes grammaticaux de la phrase actuellement perçue. Cela conduit de nombreux auteurs à privilégier aujourd’hui des modèles interactifs de la compréhension, c’est-à-dire des modèles où l’analyse de la phrase s’effectue en tenant compte d’informations très diverses qui interagissent immédiatement pour déterminer l’analyse adoptée. L’existence d’effets d’impasse n’est pas contestée par les modèles interactifs. C’est plutôt la systématicité de ces effets qui est remise en cause.

18
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
b. Principe de fermeture tardive et révision de l’analyse grammaticale
_____________________
Un effet d’impasse suggère que le lecteur révise une analyse adoptée antérieurement. Mais cette révision implique-t-elle obligatoirement une élimination de l’analyse initiale et de ses implications ?

A

Pour répondre à cette question, Christianson, Hollingworth, Halliwell et Ferreira (2001) ont envisagé un cas d’ambiguïté transitoire illustré par la phrase (5).
_____________
Phrase (5) Pendant que le journaliste photographiait la fusée atterrissait sur Mars. Phrase (5’) Pendant que le journaliste photographiait la fusée…
___________
Comme l’illustre la phrase (5’), lorsque le lecteur arrive au mot « fusée », deux interprétations sont possibles : soit « la fusée » est l’objet direct du verbe « photographiait », soit « la fusée » est un sujet grammatical d’un verbe qui va être perçu ensuite.
En effet, deux structures syntaxiques sont possibles pour le fragment (5’). La première est illustrée dans la figure 5.
◽️FIG.5 _ Structure syntaxique de la suite de mots « Pendant que le journaliste photographiait la fusée… » où le GN « la fusée » est le complément d’objet direct de « photographiait ».
◽️FIG.6 _ Structure syntaxique de la suite de mots « Pendant que le journaliste photographiait la fusée » où le GN « la fusée » est le sujet d’une deuxième proposition.
Pour simplifier l’illustration, la catégorie grammaticale de chaque mot n’est pas indiquée en bas de l’arbre. La structure illustrée dans la figure 5 regroupe le verbe « photographiait » avec le GN « la fusée », ce qui revient à faire de « la fusée » le complément d’objet direct de ce verbe. Le GN « la fusée » est alors un groupe entrant dans la composition de la première proposition (Prop1). La deuxième structure est illustrée dans la figure 6. Elle dissocie le GN « la fusée » du verbe précédent, et elle place ce GN dans une seconde proposition (Prop2) dont « la fusée » sera le sujet grammatical.

19
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
b. Principe de fermeture tardive et révision de l’analyse grammaticale
_____________________
Que montre l’examen des deux structures possibles ?

A

L’examen des deux structures possibles montre que le principe d’attachement minimal ne peut pas déterminer quelle structure sera préférée. En effet, les deux structures impliquent le même nombre de groupes grammaticaux. Les partisans du modèle modulaire ont donc proposé un second principe pour sélectionner une seule structure : le principe de fermeture tardive.

20
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
b. Principe de fermeture tardive et révision de l’analyse grammaticale
_____________________
En quoi consiste le principe de fermeture tardive ?

A

Ce principe énonce que l’analyseur syntaxique privilégie l’attachement du mot actuellement perçu à la proposition en cours de construction. Cela conduit à fermer tardivement une proposition, plutôt qu’à ouvrir précocement une deuxième proposition. La structure illustrée dans la figure 5 serait donc préférée si ce principe est appliqué. Cette structure n’est pas compatible avec les derniers mots de la phrase complète (5). L’application du principe de fermeture tardive devrait induire un effet d’impasse lors de la lecture des mots « atterrissait sur Mars ». En d’autres termes, les lecteurs qui perçoivent la phrase (5) devraient déclencher une réanalyse de la phrase lorsque le mot « atterrissait » est perçu. Cette réanalyse devrait induire des temps de lecture longs sur les derniers mots de la phrase. Pour bien mettre en évidence cette augmentation du temps de lecture, il suffit de prendre comme condition de comparaison la lecture d’une phrase comme la phrase (6), où l’ambiguïté transitoire disparaît grâce à la virgule qui interdit de prendre « la fusée » comme l’objet direct du verbe « photographiait ».
Phrase (6) : Pendant que le journaliste photographiait, la fusée atterrissait sur Mars. De fait, Christiansen et al. ont constaté que la phrase (6) était lue presque une seconde plus vite que la phrase (5). Ce résultat est cohérent avec l’existence d’un « effet d’impasse » lors de la lecture de la phrase (5), les lecteurs doivent réanalyser la phrase pour assigner aux premiers mots la structure de la figure 6. La question principale qui intéressait ces auteurs portait précisément sur le processus de « réanalyse ». Une hypothèse simple considère que la réanalyse opérée sur la phrase (5) devrait aboutir à une interprétation identique à celle adoptée pour la phrase (6). Le lecteur corrigerait son analyse incorrecte initiale, en éliminant purement et simplement la structure où « la fusée » est prise comme l’objet direct de « photographiait » et en adoptant l’option où « la fusée » est le sujet grammatical du verbe « atterrissait ». Les auteurs ont fait suivre les phrases (5) et (6) de questions portant sur les deux aspects qui viennent d’être mentionnés. Pour les deux types de phrases, les lecteurs estimaient très majoritairement que « la fusée atterrissait sur Mars », et donc que « la fusée » était bien prise, in fine, comme le sujet de « atterrissait ». Les auteurs demandaient aussi aux lecteurs si « Le journaliste photographiait la fusée ? ». Dans le cas de la phrase (6), les lecteurs répondaient « Oui » dans environ 42 % des cas. En revanche, après la phrase transitoirement ambiguë (5), ils répondaient « Oui » dans 72 % des cas. La lecture des deux phrases n’aboutissait donc pas à des interprétations identiques. Christiansen et al. notent que répondre « Oui » à cette dernière question ne peut pas être pris comme le signe d’une erreur d’interprétation. Le lecteur peut inférer que « le journaliste » photographiait « la fusée aussi bien pour la phrase (5) que pour la phrase (6). Mais il reste à expliquer pourquoi cette inférence légitime est plus fréquente après lecture de la phrase transitoirement ambiguë (5).

21
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
b. Principe de fermeture tardive et révision de l’analyse grammaticale
_____________________
Mais il reste à expliquer pourquoi cette inférence légitime est plus fréquente après lecture de la phrase transitoirement ambiguë (5). Développez.

A

Pour Christiansen et al., cela reflète le fait que la phrase (6) a transitoirement conduit les lecteurs à adopter l’interprétation où « le journaliste photographiait la fusée », qui était compatible avec l’analyse grammaticale initialement adoptée par le principe de fermeture tardive. Même si les lecteurs de la phrase (6) admettaient finalement que « la fusée » était le sujet du verbe « atterrissait », leur interprétation restait influencée par la mauvaise analyse initiale qui faisait de « la fusée » l’objet direct de « photographiait ». Ainsi les lecteurs qui doivent réanalyser une suite de mots, préfèrent minimiser leur révision. Ils corrigent la structure, mais ils ne vont pas jusqu’à une correction d’un aspect de l’interprétation associé à la structure initialement calculée. Pour la phrase (6), cela est compréhensible puisqu’il est plausible que le journaliste ait photographié la fusée. De manière plus générale, cette étude montre que les lecteurs calculent une interprétation « suffisamment bonne » de l’énoncé, c’est-à-dire une interprétation cohérente avec ce qui est explicitement dit, mais qui implique un minimum de révision.

22
Q

I. La compréhension des ambiguïtés grammaticales transitoires
b. Principe de fermeture tardive et révision de l’analyse grammaticale
_____________________
Les études sur la compréhension des ambiguïtés grammaticales conduisent donc à trois conclusions. Lesquelles ?

A

Conclusion 1. Le lecteur ou l’auditeur adopte immédiatement une analyse grammaticale, sans attendre des informations permettant éventuellement de lever l’ambiguïté. Cette tendance reflète sans doute une limitation de la capacité permettant de maintenir plusieurs analyses grammaticales pour une séquence de mots.*
Conclusion 2. Le modèle modulaire est remis en cause par des études récentes suggérant que l’analyse grammaticale peut tenir compte immédiatement de certaines informations non grammaticales.
Conclusion 3. La capacité pour réviser une analyse inexacte est limitée. Une analyse initiale peut être seulement partiellement abandonnée lorsque des informations indiquent qu’elle n’était pas exacte.
__________________
* Cette hypothèse est développée dans le cours dans la section consacrée à la limitation de la mémoire de travail et à son rôle dans la compréhension des phrases.

23
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
______________________
Une propriété fondamentale des langues humaines et que certains mots ne peuvent être interprétés entièrement dans la position qu’ils occupent dans la phrase. Deux exemples simples peuvent servir pour illustrer cette propriété. Développez.

A

Phrase (7) : Le journaliste critique le politicien
Phrase (8) : C’est le politicien que le journaliste critique.
Phrase (8’) : C’est le politicien…
Pour la phrase (7), au moment où l’auditeur entend le mot « politicien », il peut l’interpréter comme désignant le personnage qui subit l’action de « critiquer » (i. e. le Patient de cette action)
En revanche, quand l’auditeur perçoit le mot « politicien » en entendant la phrase (8), il ne peut pas encore lui assigner le rôle de Patient. Les informations perçues à cet instant, qui sont illustrées dans (8’), sont insuffisantes pour attribuer un rôle au personnage désigné par le mot « politicien », car le verbe n’a pas encore été entendu. C’est seulement quand le verbe « critique » est perçu, à la fin de la phrase, que le « politicien » peut être interprété comme le Patient de l’action.

24
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
______________________
Une propriété fondamentale des langues humaines et que certains mots ne peuvent être interprétés entièrement dans la position qu’ils occupent dans la phrase. Cette propriété a des conséquences pour la compréhension des phrases. Quelle hypothèse centrale peut-on envisager d’emblée concernant le mécanisme psychologique assurant la compréhension ?

A

L’hypothèse centrale envisageable quant au mécanisme psychologique assurant la compréhension est que plus la distance entre l’apparition du mot et son lieu d’interprétation est longue, plus l’interprétation de la phrase exige un effort mental important.

25
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
______________________
Comment mesurer la distance entre l’apparition du mot et son lieu d’interprétation et qu’est-ce que cela permettrait ?

A

Pour mesurer cette distance, Gibson (1998) a proposé une métrique simple consistant à compter le nombre de mots de contenu (i.e. nom, verbe, adjectif) apparaissant entre le mot et son lieu d’interprétation.
Cette distance permettrait de prédire le temps de lecture au niveau de la zone du texte où le mot est interprété.

26
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
______________________
À cause de la limitation de la [… de …], un lecteur ne peut pas maintenir sous forme […] une information distante. Si la distance devient trop importante, le temps requis pour réactiver l’information […]. Selon certains chercheurs, la mémoire de travail impliquée dans l’effet de distance ne serait pas spécifique à l’activité de compréhension du langage, elle assurerait le […] et le […] des informations dans toutes les [… …].

A

À cause de la limitation de la [mémoire de travail], un lecteur ne peut pas maintenir sous forme [active] une information distante. Si la distance devient trop importante, le temps requis pour réactiver l’information [augmente]. Selon certains chercheurs, la mémoire de travail impliquée dans l’effet de distance ne serait pas spécifique à l’activité de compréhension du langage, elle assurerait le [stockage] et le [traitement] des informations dans toutes les [activités cognitives].
_______________
Cf. Puf COGN partie 1, chap. 2
Cf. Dans la deuxième section, les arguments en faveur d’une telle conception.

27
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
______________________
Des recherches récentes suggèrent que certains facteurs gênant le maintien des informations en mémoire de travail, comme la similarité entre les informations maintenues, induisent aussi une gêne de la compréhension des phrases.
VRAI OU FAUX ?

A

VRAI

28
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
a. La distance entre les mots à intégrer
______________________
L’interprétation d’un nom peut impliquer la prise en compte du verbe dont il est le complément.
Phrase (9) : Le journaliste que le député attaque admet l’erreur.
Phrase (10) : Le député qui attaque le journaliste admet l’erreur.
Dans les exemples des phrases (9) et (10), « le journaliste » est ainsi le personnage qui est le complément du verbe « attaque ». King et Just (1991) ont mesuré le temps de lecture de chacun des mots de ces phrases, ils ont noté que ce temps était plus long pour la phrase (9) au niveau du verbe « attaque » que pour la phrase (10) au niveau du même verbe, ou au niveau du nom « journaliste ». Cela suggère que le verbe « attaque » de la phrase (9) est un mot particulièrement difficile à intégrer.
Comment peut-on expliquer cette difficulté d’intégration notée sur le verbe « attaque » ?

A

Gibson (1998) suggère que, lors de la perception du verbe, le lecteur essaie d’attribuer le rôle de Patient du verbe à son objet direct apparu précédemment. Cette attribution impliquerait donc de réactiver en mémoire de travail le nom « journaliste » qui reçoit ce rôle. Gibson propose une mesure du coût d’intégration de chaque mot qui dépend de la distance séparant le mot et l’information à laquelle il doit être intégré (cf. encadré). Plus cette distance est importante, plus le temps de lecture du mot est long. Avec cette métrique, le coût d’intégration de « attaque » dans la phrase (9) est plus important que celui de « attaque » ou de « journaliste » dans la phrase (10).

29
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
a. La distance entre les mots à intégrer
______________________
La distance entre mots à intégrer
Gibson (1998) propose que la distance entre deux mots à intégrer est mesurée par le [… de … de …] ([…, …]) entre les deux mots à intégrer. Le [premier/dernier mot] à intégrer est systématiquement compté dans la distance. Dans les exemples qui suivent, les deux éléments intégrés sont entourés, la barre sous chaque phrase indique le [… d’…] intervenant dans la distance entre ces deux éléments. Les mots en gras qui sont au-dessus de cette barre permettent de mesurer la [… d’…]. Ainsi, l’intégration du complément « journaliste » au verbe « attaque », qui permet d’attribuer à « journaliste » le rôle de […] implique une distance de deux mots, les mots « que » et « le » n’étant pas des mots de contenu, ils ne sont pas comptés dans la distance. Le coût cognitif de cette intégration dépend directement de la [… …], il est donc de deux unités. En outre, au moment où le verbe « attaque » est perçu, il est intégré à son sujet « député » qui reçoit le rôle [d’Agent/Patient] de l’action « attaquer », la distance pour cette seconde intégration est de 1 mot, puisque le dernier mot à intégrer est compté dans la distance, comme l’illustre la flèche sous la phrase ci-dessous. Cette fois, le coût est de [?] unité.
__________________________
Intégration 1 (du complément « journaliste » au verbe « attaque », qui permet d’attribuer à « journaliste » le rôle de Patient) :
▫️Le journaliste que le député attaque admet l’erreur.&raquo_space;> député + attaque = 2
Intégration 2 (le verbe « attaque » est intégré à son sujet « député » qui reçoit le rôle d’Agent de l’action « attaquer ») :
▫️Le journaliste que le député attaque admet l’erreur. &raquo_space;> attaque = 1
__________________________
Les deux intégrations pour lesquels les distances ont été indiquées sont opérées lors de la […] du verbe « attaque ». Le [… d’…] de ce mot est finalement obtenu en sommant les coûts des deux intégrations qu’il implique, soit (2) + (1) = 3. Pour la phrase plus simple ci-dessous, une intégration est faite lors de la perception du verbe « attaque », elle assigne à « député » le rôle [d’Agent/Patient] et implique une distance de [?] mot de contenu, puisque « qui » est un mot […].
__________________________
Phrase simple : Le député qui attaque le journaliste admet l’erreur.
__________________________
Pour le mot « journaliste », son intégration comme Patient du verbe « attaquer » implique aussi une distance de 1 mot. Chacun de ces mots a donc un coût d’intégration de 1. Les deux mots ont ensemble un coût d’intégration de 2.
________________________

A

La distance entre mots à intégrer
Gibson (1998) propose que la distance entre deux mots à intégrer est mesurée par le [nombre de mots de contenu] ([nom, verbe]) entre les deux mots à intégrer. Le [dernier mot] à intégrer est systématiquement compté dans la distance. Dans les exemples qui suivent, les deux éléments intégrés sont entourés, la barre sous chaque phrase indique le [nombre d’éléments] intervenant dans la distance entre ces deux éléments. Les mots en gras qui sont au-dessus de cette barre permettent de mesurer la [distance d’intégration]. Ainsi, l’intégration du complément « journaliste » au verbe « attaque », qui permet d’attribuer à « journaliste » le rôle de [Patient] implique une distance de deux mots, les mots « que » et « le » n’étant pas des mots de contenu, ils ne sont pas comptés dans la distance. Le coût cognitif de cette intégration dépend directement de la [distance impliquée], il est donc de deux unités. En outre, au moment où le verbe « attaque » est perçu, il est intégré à son sujet « député » qui reçoit le rôle [d’Agent] de l’action « attaquer », la distance pour cette seconde intégration est de 1 mot, puisque le dernier mot à intégrer est compté dans la distance, comme l’illustre la flèche sous la phrase ci-dessous. Cette fois, le coût est de [1] unité.
__________________________
Intégration 1 (du complément « journaliste » au verbe « attaque », qui permet d’attribuer à « journaliste » le rôle de Patient) :
▫️Le journaliste que le député attaque admet l’erreur.&raquo_space;> député + attaque = 2
Intégration 2 (le verbe « attaque » est intégré à son sujet « député » qui reçoit le rôle d’Agent de l’action « attaquer ») :
▫️Le journaliste que le député attaque admet l’erreur. &raquo_space;> attaque = 1
__________________________
Les deux intégrations pour lesquels les distances ont été indiquées sont opérées lors de la [perception] du verbe « attaque ». Le [coût d’intégration] de ce mot est finalement obtenu en sommant les coûts des deux intégrations qu’il implique, soit (2) + (1) = 3. Pour la phrase plus simple ci-dessous, une intégration est faite lors de la perception du verbe « attaque », elle assigne à « député » le rôle [d’Agent/Patient] et implique une distance de [1] mot de contenu, puisque « qui » est un mot [grammatical].
__________________________
Phrase simple : Le député qui attaque le journaliste admet l’erreur.
__________________________
Pour le mot « journaliste », son intégration comme Patient du verbe « attaquer » implique aussi une distance de 1 mot. Chacun de ces mots a donc un coût d’intégration de 1. Les deux mots ont ensemble un coût d’intégration de 2.
_________________________________________

30
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
a. La distance entre les mots à intégrer
______________________
L’augmentation de la difficulté d’une phrase avec l’accroissement de la distance entre éléments à intégrer est d’ailleurs pertinente pour l’étude des troubles de compréhension constatés chez certains malades ayant une lésion cérébrale.
VRAI OU FAUX ?

A

VRAI

31
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
a. La distance entre les mots à intégrer
______________________
L’augmentation de la difficulté d’une phrase avec l’accroissement de la distance entre éléments à intégrer est pertinente pour l’étude des [… de …] constatés chez certains malades ayant une lésion cérébrale. Ainsi [R…, B… et K… (20..)] ont pu montrer que certains malades souffrant d’une lésion de l’hémisphère […] du cerveau ont un déficit spécifique pour comprendre les phrases où les éléments à intégrer sont distants. Ce déficit pourrait refléter une restriction de la […] de [… de …] chez ces malades.

A

L’augmentation de la difficulté d’une phrase avec l’accroissement de la distance entre éléments à intégrer est pertinente pour l’étude des [troubles de compréhension] constatés chez certains malades ayant une lésion cérébrale. Ainsi [Rigalleau, Baudiffier et Kaplan (2004)] ont pu montrer que certains malades souffrant d’une lésion de l’hémisphère [gauche] du cerveau ont un déficit spécifique pour comprendre les phrases où les éléments à intégrer sont distants. Ce déficit pourrait refléter une restriction de la [capacité] de [mémoire de travail] chez ces malades.

32
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
b. La similarité entre les mots et la compréhension des phrases
______________________
L’effet de distance est compatible avec la […] des ressources de […] disponibles en mémoire de travail. Les études portant sur le rappel immédiat de suites de lettres (cf. dans ce volume partie 1, chapitre 2) montrent que la mémoire de travail maintient plus difficilement des lettres qui sont [similaires/dissimilaires] du point de vue [visuel/sonore] (e.g. V, D, G, B ) que des lettres [similaires/dissimilaires] (e.g. V, R, J, Q). Cet effet de […] a inspiré des travaux récents portant sur le rôle de la mémoire de travail dans la […] des phrases. Ainsi, [Gordon, Hendrick et Levine (2002)] ont proposé que charger la mémoire de travail d’un lecteur avec des mots [similaires/dissimilaires] à ceux de la phrase qu’il lit devrait gêner sa lecture. Ces auteurs ont même suggéré que l’effet néfaste d’une telle charge devrait concerner avant tout la lecture des phrases où des mots [proches/distants] sont à intégrer. Ainsi, à l’endroit de la phrase où le lecteur doit réactiver une information [proche/éloignée], il serait handicapé par la présence en mémoire de travail de mots [similaires/dissimilaires] à celui qui doit être réactivé. Pour vérifier cette hypothèse, [… et al. (20..)] ont réalisé une expérience avec des phrases où les deux noms étaient [similaires/dissimilaires], soit des […], soit des [… …]. Ils ont demandé aux lecteurs de mémoriser une brève liste de […] mots présentés [après/avant] la lecture de la phrase. Les lecteurs devaient ensuite lire la phrase, répondre à une question concernant la phrase, et finalement rappeler la [… des … … …]. Ce type de paradigme est parfois appelé un [… de …].

A

L’effet de distance est compatible avec la [limitation] des ressources de [maintien] disponibles en mémoire de travail. Les études portant sur le rappel immédiat de suites de lettres (cf. dans ce volume partie 1, chapitre 2) montrent que la mémoire de travail maintient plus difficilement des lettres qui sont [similaires] du point de vue [sonore] (e.g. V, D, G, B ) que des lettres [dissimilaires] (e.g. V, R, J, Q). Cet effet de [similarité] a inspiré des travaux récents portant sur le rôle de la mémoire de travail dans la [compréhension] des phrases. Ainsi, [Gordon, Hendrick et Levine (2002)] ont proposé que charger la mémoire de travail d’un lecteur avec des mots [similaires] à ceux de la phrase qu’il lit devrait gêner sa lecture. Ces auteurs ont même suggéré que l’effet néfaste d’une telle charge devrait concerner avant tout la lecture des phrases où des mots [distants] sont à intégrer. Ainsi, à l’endroit de la phrase où le lecteur doit réactiver une information [éloignée], il serait handicapé par la présence en mémoire de travail de mots [similaires] à celui qui doit être réactivé. Pour vérifier cette hypothèse, [Gordon et al. (2002)] ont réalisé une expérience avec des phrases où les deux noms étaient [similaires], soit des [prénoms], soit des [noms communs]. Ils ont demandé aux lecteurs de mémoriser une brève liste de [trois] mots présentés [avant] la lecture de la phrase. Les lecteurs devaient ensuite lire la phrase, répondre à une question concernant la phrase, et finalement rappeler la [liste des mots initialement présentée]. Ce type de paradigme est parfois appelé un [paradigme de charge].

33
Q

II. La compréhension des phrases complexes sans ambiguïté
a. La distance entre les mots à intégrer
______________________
Le paradigme de charge
La séquence des événements survenant dans l’étude de Gordon, Hendrick et Levine (2002) est schématisée dans la figure 7. Développez.

A

Les participants commençaient par lire à voix haute chacun des trois mots constituant la charge à maintenir (Événement 1). Puis, ils lisaient chacun des mots d’une phrase, leur temps de lecture de chaque mot était mesuré (Événement 2). Une affirmation concernant la phrase lue devait ensuite être vérifiée (Événement 3). Enfin, les participants devaient rappeler les mots de la charge à maintenir (Événement 4).
◽️FIG.7 _ Schéma représentant le déroulement d’un essai dans l’expérience de charge réalisée par Gordon, Hendrick et Levine (2002). Si les mots de la phrase sont des prénoms, une charge similaire est constituée de prénoms, une charge dissimilaire contient des noms communs.
◽️FIG.8 _ Pourcentages moyens d’erreurs pour les énoncés (Vrai/Faux) testant la compréhension des phrases à coût d’intégration faible ou important, selon la similarité entre les mots à maintenir et les mots de la phrase lue (d’après Gordon, Hendrick, et Levine, 1993).
_____________________
En effet, la liste de mots à mémoriser constitue une charge préalable s’imposant à la mémoire de travail pendant l’activité mentale. Si le système cognitif qui maintient la charge est aussi celui qui intervient pour assurer l’intégration des mots lors de la compréhension de la phrase, la compréhension de la phrase doit être gênée par la charge. En revanche, si la mémoire de travail qui maintient la charge est indépendante de la mémoire de travail impliquée dans la compréhension, aucune gêne spécifique n’est attendue. Les auteurs examinaient les effets de deux variables : la similarité entre les mots de la charge et ceux contenus dans la phrase, et la complexité de l’intégration des mots dans la phrase. Cette dernière variable était manipulée en présentant soit une phrase avec un coût d’intégration élevé au niveau du verbe comme « C’est Patrick que Maurice voit dans le garage », soit une phrase avec un coût d’intégration faible comme « C’est Maurice qui voit Patrick dans le garage ». Les résultats de cette étude doivent être considérés pour deux variables mesurées. Tout d’abord la compréhension des phrases était évaluée par la réponse (Vrai ou Faux) à l’énoncé suivant la phrase lue. Les erreurs étaient plus fréquentes pour les phrases avec un coût d’intégration élevé. Mais, comme l’illustre la figure 8, cette différence imputable au coût d’intégration était plus importante si une charge de mots similaires était maintenue pendant la compréhension. La charge de mots similaires augmentait donc spécifiquement la difficulté de compréhension des phrases à coût d’intégration élevée.
En évaluant les temps de lecture des mots des phrases, les auteurs ont également mis en évidence un effet spécifique de la similarité pour le temps de lecture des mots ayant un coût d’intégration élevée (en particulier le verbe). La similarité augmentait donc la difficulté de compréhension des phrases complexes, et ce pendant la lecture de la phrase, et au niveau des mots impliquant un fort coût d’intégration. Les résultats de cette étude sont entièrement cohérents avec les hypothèses de Gordon concernant l’effet de la similarité sur les coûts d’intégration. En effet, augmenter la similarité entre les mots de la charge maintenue en mémoire de travail et ceux de la phrase à comprendre induit une gêne spécifique de la lecture au niveau des mots de la phrase impliquant une réactivation et une intégration de mots précédemment perçus. Les auteurs concluent donc que le système de mémoire de travail servant à maintenir les mots de la charge est aussi celui qui est impliqué dans le maintien et l’intégration des mots dans une phrase. Stocker des mots à rappeler, et comprendre une phrase serait deux activités faisant appel à une même mémoire de travail.

34
Q

III. Conclusion
La compréhension des phrases est une activité mentale soumise à différentes […].
L’étude de la compréhension des phrases ambiguës montre que le lecteur (ou l’auditeur) a tendance à privilégier immédiatement une des […] de l’ambiguïté, quitte à […] ensuite son […]. L’interprétation initialement adoptée peut être déterminée par le […] de l’énoncé, contrairement à ce que suppose une conception strictement […] du système cognitif. Quand une mauvaise analyse grammaticale est d’abord adoptée, le processus de révision engagé peut ne pas être complet dans la mesure où il a un [… … …]. Les résultats actuels sur la compréhension des phrases ambiguës sont donc compatibles avec l’hypothèse d’une […] des […] permettant de […] ou de […] des […] pendant la […]. Les études sur la compréhension des phrases sans ambiguïté montrent aussi qu’une mémoire de travail de capacité limitée assure le […] et [l’…] des informations pendant la […]. En effet, la […] de ce système permet d’expliquer pourquoi il est difficile d’intégrer des informations […] dans une phrase. De même, l’intégration des éléments d’une phrase est plus difficile si la mémoire de travail maintient des informations […] à celles contenues dans la phrase. Ce dernier point suggère que la mémoire de travail impliquée dans la compréhension grammaticale n’est pas […] à cette activité. Cette mémoire de travail peut servir à stocker des informations qui ne sont pas contenues dans [l’…] dont la structure grammaticale est actuellement construite. Il peut s’agir d’un argument supplémentaire en défaveur d’un système modulaire spécifiquement dévolu à [l’… …].

A

III. Conclusion
La compréhension des phrases est une activité mentale soumise à différentes [contraintes].
L’étude de la compréhension des phrases ambiguës montre que le lecteur (ou l’auditeur) a tendance à privilégier immédiatement une des [alternatives] de l’ambiguïté, quitte à [réviser] ensuite son [interprétation]. L’interprétation initialement adoptée peut être déterminée par le [contexte] de l’énoncé, contrairement à ce que suppose une conception strictement [modulaire] du système cognitif. Quand une mauvaise analyse grammaticale est d’abord adoptée, le processus de révision engagé peut ne pas être complet dans la mesure où il a un [coût cognitif important]. Les résultats actuels sur la compréhension des phrases ambiguës sont donc compatibles avec l’hypothèse d’une [limitation] des [ressources] permettant de [maintenir] ou de [traiter] des [informations] pendant la [compréhension]. Les études sur la compréhension des phrases sans ambiguïté montrent aussi qu’une mémoire de travail de capacité limitée assure le [maintien] et [l’intégration] des informations pendant la [compréhension]. En effet, la [limitation] de ce système permet d’expliquer pourquoi il est difficile d’intégrer des informations [distantes] dans une phrase. De même, l’intégration des éléments d’une phrase est plus difficile si la mémoire de travail maintient des informations [similaires] à celles contenues dans la phrase. Ce dernier point suggère que la mémoire de travail impliquée dans la compréhension grammaticale n’est pas [spécifique] à cette activité. Cette mémoire de travail peut servir à stocker des informations qui ne sont pas contenues dans [l’énoncé] dont la structure grammaticale est actuellement construite. Il peut s’agir d’un argument supplémentaire en défaveur d’un système modulaire spécifiquement dévolu à [l’analyse grammaticale].

35
Q

LECTURES CONSEILLEES

A

▫️Caron, J. (1989). Précis de psycholinguistique. Paris : PUF. ▫️Gineste, M. D., & Le Ny, J.-F. (2002). Psychologie cognitive du langage. De la reconnaissance à la compréhension. Paris : Dunod.
▫️Le Ny, J.-F. (2005). Comment l’Esprit produit du Sens. Paris : Odile Jacob.
▫️Schelstraete, M.A. (1993). La conception du traitement syntaxique en compréhension de phrases. L’année psychologique, 93, 543-582.
▫️Spinelli, E., Ferrand, L., (2005). Psychologie du langage. L’écrit et le parler, du signal à la signification.. Paris : Armand Colin, collection « Cursus