Texte 2 Flashcards
Mouvements du texte
On peut distinguer 4 mouvements qui correspondent aux 4 strophes :
Quatrain 1 : l’apparition d’une ‘tête’
Quatrain 2 : la description du buste
Terset 1 : description de ‘l’échine’
Terset 2 : la provocation de la beauté selon Rimbaud
Développement
Analyse du titre :
annonce la reprise d’un poncif (=lieu commun) des arts classiques: la naissance de Vénus, sortie des eaux. Le lecteur va donc s’attendre à quelque chose de positif (hymne, éloge…), mais sa représentation va être déconstruite de manière radicale
Mouvement 1 : Le 1er quatrain
v1
Le 1er vers commence par une comparaison qui crée un effet de surprise. En effet on a plusieurs renversements qui apparaissent :
-Couleur bleu, idéalisé -> rouillé, sale ; Naissance / mort : cercueil
le lieu naturel est tout vert, la mer devient un lieu humain
Les sonorités du vers : allitération en r et en dentale : des sons durs
Contre rejet v1 et Rimbaud qui met valeur l’arrivée de Vénus mais cette apparition est finalement très banale par l’article indéfinis ‘une’ et le mot ‘tête’, très prosaïque.
v2 :
poursuit la désacralisation de Vénus : complément du nom femme et non pas de déesse. Il y a également un contraste avec la blondeur légendaire de Vénus et l’artifice de mauvais goût de cette femme : ‘fortement pommadée ; ses cheveux sont très gras, impression de péjorative de gras, de lourdeur et allitération en f et m qui confirment cette sensation poisseuse.
v3
Explique de manière retardée la 1ere comparaison : cercueil = vieille baignoire à la place du coquillage (habituel). Le décor se précise : on est dans une salle de bain, banale, vieille.
Le verbe ‘émerge’ est lui retardé, la syntaxe retarde cette apparition.
Cette apparition se passe au ralentit (≠ gracieux, fluide, élégant). L’adjectif lente confirme cette impression de lenteur, ‘bête’ -> rapproche à la ‘tête’ du v1, qui est une métonymie de la femme, c’est une insulte à la Vénus traditionnelle. L’adjectif “bête” renvoie à la bêtise de la femme et l’animalise.
v4
Qualifie la tête de Vénus : ‘déficit assez mal ravaudé’ -> métaphore : défaut physique qu’elle peine à cacher en se maquillant à outrance.
Première Synthèse :
on peut donc dire que le Q1 continue de surprendre par rapport aux titres : au lieu du portrait attendu, on assiste à une parodie en présentant une femme vielle, sale.
Mouvement 2
Toujours dans la même phrase : juxtaposition (jusqu’au vers 11)
v5-6 :
entame une description descendante.
Après la ‘tête’ ; ‘le col’, ‘omoplates’, ‘le dos’, ‘les reins’.
Semble
évoquer un blason mais :
-certain termes appartiennent au domaine médicale : ‘omoplates’, ‘rein’: on peut se dire que le poète décrit la femme de manière froide
-d’autres appartiennent au vocabulaire animal : col <-> cou, vocabulaire employé pour les animaux.
Toutes ces descriptions physiques de la femme sont négatives : il s’agit réalité d’un contre blason.
v5 ‘gras et gris’
-> paronomase
gras : reprend l’idée de la saleté (dans le v1) et le gris reprend l’idée de vieillesse (v3-4): c’est complètement à l’opposé de la Vénus que l’on s’imagine.
Description physique : larges omoplates qui saillent v5-6-> rejet : déstructure le vers et montre l’embonpoint de la femme comme les verbes qui débordent. Son corps est disgracieux, disharmonieux- antithèse entre la largeur de ses omoplates et le dos court.
v7 :
anaphore ‘puis’. La description continue à descendre -> ‘rein’ ; elle a du mal à sortir ; même connotations : mouvement contrarié.
v8 :
rapprochement comme au microscope sur Vénus en dessous de la peau -> idée de femme observé avec une froideur, détachement de la part du poète.
Seconde synthèse
dégradation qui continue, non seulement elle est vieille est grasse mais en plus elle est disgracieuse et maladroite.
Mouvement 3
Premier tercet, est lui aussi enchainé aux strophes précédentes par la parataxe, c’est toujours la même phrase qui se prolonge et se termine ici. La longueur de la phrase participe au ralentissement de l’apparition de Vénus.
v9 :
le regard prend à nouveau du recul ; le poète observe le corps de la femme une nouvelle fois, mais utilise le mot “échine” -> c’est un terme très animal, la femme est ici animalisée. Avec ce mot, il s’éloigne encore de la Vénus que l’on connaît.
Une nouvelle couleur apparaît : le rouge, qui n’est pas présent dans le tableau de Botticelli. Cette couleur montre que le poème peint un tableau en [faisant attention aux couleurs]; de plus il met fin au rappel chromatique de la toile de Botticelli. Cette couleur nous rappelle également l’étale d’un boucher.
v9-10 :
Présence d’un enjambement important :
-mélange des sens : synesthésie (=proche de l’univers de Baudelaire) -> l’odorat convoque le goût
-l’expression “Horrible étrangement” invite le lecteur à être attentif à ce qui est étrange et unique dans ce poème. Le poète nous incite à nous interroger sur les normes de beauté.
v11 :
cette expression “des singularités qu’il faut voir à la loupe” possède 2 sens :
-Ces défaut du corps de la femme (le sens littérale), sont observé à la loupe de manière impitoyable
-Ces singularités sont les originalités du poème (si l’on applique ce sens au poème cette fois ci); Le ‘il faut” incite le lecteur à être plus attentif aux choses uniques du poème.
point de suspension : nous invite à imaginer ces singularités et pique la curiosité du lecteur
Troisième Synthèse :
la laideur semble dominer le 1er tercet : 3 sens sont sollicités pour susciter le dégoût. Mais certain indice invite le lecteur à chercher si il n’y a pas une autre forme de beauté
Mouvement 4 :
la prononciation de la beauté selon Rimbaud
Le v12
Le v12 possède deux rôles :
-Il permet de justifier le titre, on apprend que cette femme est surnommée Vénus
- On apprend que ce tatouage jette un nouveau regard sur la femme -> le tatouage était à l’époque un signe de reconnaissance des prostituées (aux XIX -ème siècle). Comble de la parodie, le mythe est détourné de manière encore plus violente ici.
Il y a l’emploi du participe gravé, et non pas tatoué. qui suggère qu’il est également question d’art dans ce poème. Rimbaud invite une nouvelle fois le lecteur à comprendre qu’il y a plus qu’une critique.
Les vers 13 et 14, les 2 derniers vers
Les 2 derniers vers: chute-> mis en avant par le tiret.
C’est une chute audacieuse : Rimbaud opère en grandissant un détail anatomique (une nouvelle fois), obscène, atroce, c’est l’apogée, le comble de la provocation : ‘anus’ rime avec ; ‘Vénus’, c’est également une rime riche.
Rimbaud termine donc par ce qu’est une insulte à la beauté académique ; à travers cette insulte, il fait un pied de nez à toutes les poésies traditionnelles. Rimbaud ne dit pas que ce qui se faisait avant était “mauvais”, il dit qu’il faut passer à autre chose. On peut citer l’oxymore “belle hideusement” (qui fait écho au vers 10) ; c’est une revendication de Rimbaud qu’il existe une autre forme de beauté : la beauté de la laideur, du mal
Quatrième Synthèse :
C’est un dernier tercet qui pousse l’audace à son summum/paroxysme. Il se termine sur une provocation mais qui valorise une nouvelle forme de beauté.
Conclusion générale :
Rimbaud nous surprend; en effet le titre s’avère ironique; en total contradiction avec ce qu’il suit, tant dans la forme que dans le fond.
Sa Vénus, loin d’être un canon de beauté sacré, est une prostituée, laide, vieille, malade, repoussante. Mais derrière cette parodie provocatrice, le vrai sujet est plus profond, Rimbaud cherche une autre beauté qui dépasse les modèles classiques. Pour lui, la beauté existe même dans l’imperfection, la laideur, même extrême, peut offrir une forme surprenante de beauté. Autrement dit, Rimbaud, comme Baudelaire, s’intéresse aux fleurs du Mal, comme lui, il fait de l’or avec de la boue.
Ouverture 1 :
Rimbaud s’amuse avec liberté mais ne cherche pas encore à détrôner les grandes figures de la poésie.
Ouverture 2 :
La peinture moderne naît à peu près à la même époque, avec l’Olympia de Manet. L’artiste fait là encore d’une femme réelle, l’égale d’une déesse, c’est à dire que Manet joue avec le tableau du Titiller et suggère lui aussi que cette femme est une prostitué; et elle porte un nom qui suggère, là encore une référence antique, elle aussi détournée