Pluralisme cochoy Flashcards
De quoi prennent actes les sociologues d’aujourd’hui ?
Les sociologues d’aujourd’hui (Luc Boltanski, Eve Chiapello, Nicolas Dodier, François Dubet, Jean-Claude Kaufmann, Bernard Lahire, Bruno Latour…) prennent acte de l’existence d’une pluralité de schèmes d’action
Face à la diversité du monde et des gens, faire son métier de sociologue consisterait moins à…
Face à la diversité du monde et des gens, faire son métier de sociologue consisterait moins à…
- proposer une théorie unifiée de l’action
- … qu’à étudier la façon dont différents registres explicatifs s’expriment et se coordonnent dans le monde empirique
Jusqu’ici, comment était la sociologie ?
Jusqu’ici : histoire de la sociologie comme succession de théories de l’action.
- Mais pour nombre de sociologues, le spectacle de cet empilement continu des modèles est de moins en moins supportable.
- Ce problème commence à recevoir des réponses convaincantes, et convergentes.
Quelles sont les trois périodes de traitement du pluralisme en sociologie ?
Le traitement du pluralisme en sociologie : 3 périodes :
1. On a d’abord masqué le problème (« la » sociologie).
2. Prendre acte du morcèlement disciplinaire :
- Crise de la sociologie (Boudon)
- Vertus du pluralisme explicatif (Berthelot)
3. Nouvelle attitude : vers l’articulation des approches disponibles.
- Certains auteurs fondent le pluralisme sur la pluralité des mondes sociaux.
§ Boltanski et Thévenot .
§ François Dubet.
§ Bernard Lahire situe la pluralité au sein de l’acteur lui-même.
§ Latour : « autant d’acteurs, autant de théories de l’action.
§ De nouvelles questions : par exemple, que se passe-t-il lorsqu’un acteur intéressé rencontre un agent habitué ?
En quoi la sociologie des affaires est un miroir de la pratique du sociologue ?
Au tournant des années 1980 : Luc Boltanski et la sociologie des affaires.
- Comment faire la sociologie des indignations d’autrui ?
- Sociologie des « affaires » devient alors la sociologie de la « justice ».
- La sociologie des affaires comme miroir de la pratique du sociologue :
- La sociologie dénonçant les apparences de l’ordre établi en dévoilant les forces sociales donc cet ordre procède, à désigner les pesanteurs ou la violence qui sont au fondement des hiérarchies sociales.
- Les deux dévoilent la réalité derrière l’illusion.
§ Et l’instruction des procès personnels s’appuie sur la mobilisation d’arguments emprunté à des spécialistes.
- Pour comprendre les affaires, éviter d’y tomber soi-même :
- s’abstenir à la dénonciation ambiante.
§ Renoncer à mêler sa cause à celle des autres acteurs.
- Écarter les déterminants sociaux a priori car la justice exige que l’on ne désigne pas à l’avance les coupables.
- Et les raisons qui les désignent tel quel.
Le sociologue de la justice doit se garder de ramener a priori les rapports de justice à des ?
Le sociologue de la justice doit se garder de ramener a priori les rapports de justice à des rapports de force.
Selon Boltanski, comment comprendre les affaires de justices ?
La force et l’habitude ne sont que deux explications du sentiment d’injustice parmi d’autres possibles.
Donc pour comprendre les affaires de justice :
- S’abstenir de réduire les situations concernées à des motifs a priori.
- Au contraire :
- partir des situations elles-mêmes.
- mettre à jour la « grammaire » des affaires.
- décrire la façon dont les acteurs s’y prennent pour monter ou démonter une action en justice.
Bref : Boltanski : « passer de la sociologie critique à la sociologie de la critique ».
Qu’est ce que la sociologie de la critique ?
Sociologie de la critique :
- Mission : faire le rapport des rapports.
- Laisser les acteurs désigner eux-mêmes ce qui importe.
- Prendre au sérieux les preuves et les arguments auxquels chacun d’entre eux réfère sa plaidoirie.
- Et le pluralisme explicatif :
- l’aggrave car ajoute aux difficultés de la coexistence des visions d’un acteur incapable de saisir les logiques qui l’anime un clivage nouveau.
- Mais, prend acte de la pluralité des enjeux de l’action.
§ Montre que c’est dans cette pluralité que les acteurs trouvent le fondement de leur compétence à s’orienter dans le monde.
Dire que “L’idée de fin de la critique pourrait laisser penser que le sociologue devient insensible à l’injustice sociale” est un grave contresens, pourquoi ?
L’idée de fin de la critique pourrait laisser penser que le sociologue devient insensible à l’injustice sociale.
Mais raisonner ainsi serait commettre un grave contresens, pour trois raisons :
1. L’idée de fin de la critique s’applique autant à des pratiques « progressistes » qu’à des pratiques « conservatrices ».
2. L’occultation de tout parti pris politique a priori n’est pas une affaire d’engagement, mais de méthode.
- Les rapports de force sont un résultat possible de l’enquête parmi d’autres.
- Permet a posteriori de distinguer ce qui relève des accords de justice et ce qui relève des rapports de domination.
3. La violence n’est qu’une modalité de l’action parmi d’autres.
- cf. la typologie des régimes d’action.
§ Justesse : où la paix des personnes procède d’une juste répartition des choses.
§ Justice : où la dispute se réfère à des principes d’équivalence.
§ Amour : où la paix des personnes découle de la soumission gratuite des uns aux autres.
§ Violence : où la dispute se déroule indépendamment de toute forme de justification.
Qu’est ce qui ressort du schémas de la typologie des régimes d’actions ?
- De ce schéma il ressort que :
1. Le régime de dispute qui en appelle à la justice n’est qu’un régime d’action parmi d’autres.
2. Les autres régimes se déduisent clairement de l’observation du premier.
3. Cette façon de procéder permet d’y voir plus clair en matière politique.
Qu’est ce que le modèle de la justification de Bolstanski ?
Ne pas ramener les rapports de justice à des rapports de force.
- Prendre en compte l’ensemble des « raisons » invoquées par les acteurs.
- Penser la justice comme un processus visant à accorder des objets et des personnes relevant tous d’une pluralité de mondes.
§ Motifs personnels, éthiques, matériels, etc.
- Les protestations d’injustice ne sont reçues que lorsqu’elles font l’objet d’une dé-singularisation.
§ Que si le plaignant réussit à sortir de son cas personnel : ordre de grandeur plus général.
§ Invoquer un principe d’équivalence auquel le grief privé puisse être référé.
□ Conséquence : toute entreprise de « justification » repose sur la mobilisation d’une ou de plusieurs « conventions » générales auxquelles les justiciables rapportent l’examen de leur situation particulière.
□ Ces conventions correspondent à diverses « cités ».
Ensemble de personnes soumises à un principe d’équivalence spécifique, principe d’après lequel les acteurs en litige peuvent justifier leur position, évaluer leurs grandeurs respectives.
Quelles sont les 7 cités de Boltanski ?
Les 7 mondes :
1. Le monde domestique.
2. Le monde marchand.
3. Le monde industriel.
4. Le monde civique.
5. Le monde de l’opinion.
6. Le monde inspiré.
La cité par projets.
Selon Boltanski, chaque monde faire intervenir sa propre grammaire, notamment ?
Les acteurs engagent des disputes et nouent des accords en se référant à des valeurs qui permettent de justifier ces accords.
- Chaque monde est fondé sur des valeurs spécifiques.
- La grammaire propre à chacun des mondes fait intervenir (notamment) :
- La mise à l’épreuve (engage une procédure et une évaluation : par exemple, l’examen).
- Un principe supérieur (par exemple, l’efficacité) et une grandeur : on est grand ou petit selon que m’on satisfait ou non au principe supérieur.
Le prix à payer : investissement à consentir pour correspondre aux valeurs du monde de référence.
Comment la scène en trois épisode permet de comprendre le choix des mondes des acteurs selon boltanski ?
Exemple : un ingénieur licencié pour faute grave.
- Premier épisode : la dispute.
- Deuxième épisode : l’examen du dossier.
- Troisième épisode : la photo de famille.
Le passage d’un épisode à l’autre n’a rien de nécessaire : il dépend autant…
- de l’existence de preuves matérielles (passage du premier au second épisode).
- que de la capacité des personnes à passer d’un monde à un autre (passage du second au troisième épisode).
Le choix des mondes est à la discrétion des acteurs.
Le passage de la sociologie critique à la sociologie de la critique et donc l’analyse de la justification a deux conséquences majeures, lesquelles ?
Le passage de la sociologie critique à la sociologie de la critique et donc l’analyse de la justification a deux conséquences majeures :
- montrer ce dont les gens sont capables.
montrer la nécessité d’aller au-delà des champs.
Comment expliquer l’existence d’accords stables et généraux ?
Fréquence des accords « en justice » ou « en justesse ».
- se démarquer des thèses ethnométhodologiques.
- Qui concluaient à la contingence spatiale et temporelle (indexicalité) des arrangements humains.
- Comment expliquer l’existence d’accords stables et généraux ?
- Hypothèse d’une « compétence » et d’un « sens moral » des acteurs.
Ces ressources permettent aux personnes d’identifier les situations et de s’y adapter.
Qu’est ce que le sens moral selon Boltanski ?
Sens moral = aptitude à… :
- sortir du cadre strict de son intérêt immédiat.
- juger la situation (se mettre à la place d’autrui) .
- identifier les « êtres » qui importent (hommes et objets) .
rapporter sa position à un principe général d’équivalence permettant de trouver un accord.
Selon Boltanski : Doter les personnes d’une aptitude à s’extraire de leur situation immédiate, c’est leur reconnaître ?
Doter les personnes d’une aptitude à s’extraire de leur situation immédiate, c’est leur reconnaître :
- Une capacité critique (sortir d’un régime d’action « normal » suppose d’être capable de le mettre en crise)
- Un libre arbitre (après avoir identifié plusieurs régimes d’action possibles, les acteurs ont la « capacité d’ouvrir et de fermer les yeux »)
Selon Boltanski, en quoi la capacité critique et libre arbitre sont dépendants de la définition de l’espace d’action ?
Capacité critique et libre arbitre sont dépendants de la définition de l’espace d’action :
- la critique suppose que l’on puisse sortir de la situation pour se situer dans un autre monde ;
- le libre-arbitre suppose que l’on puisse passer d’un monde à l’autre.
Qu’est ce qui fonde la double compétence des personnes ?
C’est bien l’existence d’une pluralité de mondes qui fonde la double compétence des personnes.
Un modèle à plusieurs mondes donne aux acteurs la possibilité de se soustraire à une épreuve et, en prenant appui sur un principe extérieur, d’en contester la validité ou même de retourner la situation en engageant une épreuve valide dans un monde différent.
Selon Boltanski, qu’est ce qui fait l’acteur ?
C’est la situation qui fait l’acteur :
- Acteur enfermé dans un seul monde -> acteur réduit à sa position (habitus, agent, capacité critique impossible).
- Acteur plongé dans une pluralité de mondes -> l’agent redevient acteur (nécessité d’opérer des choix, d’articuler différents principes de justification : acteur, dignité, liberté, critique).
- « Clé des champs » ( F. Cochoy) = savoir rendre compte d’un univers à plusieurs mondes / capacité à sortir d’un seul monde.
Le sociologue doit abandonner le monopole de la critique et le partager avec les acteurs / en effet les acteurs ont la capacité de « prendre la clé des champs ».
l’acteur est nécessairement conduit à opérer des choix, à mobiliser et à articuler différents principes de justifications.