Partie 4 : L'évaluation quantitative en psychopathologie : les échelles d'évaluation des troubles psychopathologiques Flashcards
Objectif de l’évaluation quantitative en psychopathologie ?
L’évaluation quantitative en psychopathologie a pour objectifs, non seulement de quantifier ou de diagnostiquer les troubles psychopathologiques, mais elle vise également, au delà des mesures, à proposer un recensement, une description et une classification des syndromes psychopathologiques.
Qu’est-ce que le MMPI-2 ?
Le Minnesota Multiphasic Personnality Inventory a été en constante évolution depuis sa création initiale en 1940 par deux psychiatres américains Hathaway et McKinley de l’Université du Minnesota. Traduit et adapté dans plus de 150 langues, le MMPI-2 est un questionnaire standardisé de personnalité, à partir d’auto-descriptions, qui permet d’identifier des caractéristiques psychopathologiques et d’évaluer l’état affectif et relationnel. C’est l’un des tests d’évaluation des troubles psychopathologiques les plus utilisés dans le monde.
De quoi est constitué le MMPI-2 ?
Le MMPI-2 est un inventaire de personnalité sous forme d’auto-questionnaire de 567 items suscitant des réponses vrai-faux, et qui décrivent tant des symptômes psychiatriques, psychologiques, neurologiques que somatiques. Il est constitué de :
- 10 échelles dites de « base » (identiques à la version originale).
- 3 échelles dites de « validité ».
- 15 échelles dites de « contenu » (construites à partir du contenu des items).
- 28 sous-échelles cliniques de personnalité établies à partir du regroupement du contenu de certains items, dites échelles « de Harris-Lingoes ».
- 15 sous-échelles obtenues empiriquement dites « échelles supplémentaires ».
- Le regroupement d’items corrélés à des dimensions significatives de la personnalité, dits « items critiques ».
Pourquoi les indications du MMPI sont-elles nombreuses ?
Les indications du MMPI sont nombreuses, car cette échelle permet de décrire des aspects dysfonctionnels de la personnalité, des caractéristiques liées à des problématiques actuelles (par exemple, prises de substances, stress post-traumatique), des aspects spécifiques du fonctionnement de la personnalité, et des attitudes dites « défavorables » vis à vis du test lui-même, de soins ou de traitements.
Dans quel contexte, le MMPI est-il utilisé ?
Le MMPI est utilisé dans des contextes cliniques variés tels qu’en médecine, en psychiatrie, en psychologie légale, dans le domaine des addictions ou des douleurs chroniques, voir même dans le cadre de l’évaluation thérapeutique (selon Finn, 1996). Il s’adresse à des populations de 16 ans et plus, et capables de capacités de concentration, d’un niveau d’étude type brevet des collèges, d’un niveau suffisant de motivation, et d’un certain niveau d’intellectualisation et d’honnêteté pour répondre à des questions portant sur des comportements indésirables. En revanche, selon Butcher et al. (2000), il est contre-indiqué pour des personnes en état de détresse psychologique aiguë ou des personnes porteuses de pathologies somatiques graves. L’état psychologique et affectif du patient étant modifié dans ces situations spécifiques, la passation ne correspond pas à celle de l’échantillon de référence.
Comment se déroule la passation du MMPI-2 ?
L’administration du MMPI-2 est longue (environ entre 1h et 1h30) et peut susciter un certain inconfort et une certaine anxiété. L’entretien clinique préalable est une nécessité, dont l’objectif est d’obtenir, par l’empathie et l’établissement d’une relation de confiance mutuelle, l’intérêt et la motivation du sujet. Le MMPI-2 peut être administré dans sa totalité, et à certaines conditions, sous forme abrégée (les 370 premiers items). C’est la seule tolérance dans la méthode de passation. La cotation implique le comptage des réponses sur chacune des échelles du test et se déroule selon les indications fournies par le Manuel du MMPI-2.
En quoi consiste l’interprétation du MMPI-2 ?
L’interprétation des résultats consiste en l’attribution d’un sens psychologique aux données quantitatives ou issues de l’observation du sujet. Comme pour tout test psychologique, dans une approche intégrative, les résultats doivent être mis en perspective avec les informations globales issues du test lui-même, avec les éléments contextuels de la vie du sujet, ainsi que les faits issus de l’anamnèse. Les échelles du MMPI-2 représentent des configurations de la personnalité, et non de simples catégories diagnostiques. La précision de la description de la personnalité vient donc nuancer fortement la compréhension de la personne évaluée.
Description de la SCL-90-R.
La SCL-90-R ( La Hopkins Symptom Checklist) est un inventaire des symptômes par auto-questionnaire de 90 items, publiée la première fois en 1975 aux USA. Cette échelle mesure la détresse symptomatique de neuf dimensions primaires et trois indices globaux de gravité. Les neuf dimensions sont la somatisation, l’obsession compulsive, la sensibilité interpersonnelle, la dépression, l’anxiété, l’hostilité, l’anxiété phobique, l’idéation paranoïaque et la psychose. Les trois indices de gravité mesurent la gravité globale des symptômes (GSI : le score total divisé par 90), la diversité des symptômes (PST calculé à partir du nombre de réponses non nulles), et le degré de malaise (PSDI, calculé à partir du score total divisé par le PST). Les scores sont établis à partir de la graduation, par le sujet, des items de 1 à 5.
Dans quel contexte utiliser la SCL-90-R ?
Cette échelle est adaptée pour des sujets de 13 à 70 ans. Elle est utilisée, par exemple, dans les
études cliniques des troubles affectifs, des troubles sexuels, des réactions au stress, de l’alcoolisme chronique, des dépressions et du syndrome anxio-dépressif, de l’oncologie pour l’évaluation des réactions émotionnelles.
Version abrégée et traduction française du SCL-90-R ?
Cette échelle existe en plusieurs versions abrégées, dont une très utilisée : une version de 53 items appelée BIS – Bref Inventaire des Symptômes (in Derogatis, 1992) pour la France. Les résultats des dimensions au BIS sont très comparables aux résultats du SCL-90-R. Dans des contextes de recherche clinique, le BIS s’est révélé sensible aux troubles psychiatriques.
La traduction française et l’étalonnage de cette échelle (Pariente et Guelfi, 1990 ) ont fait l’objet de plusieurs analyses factorielles, qui diffèrent sensiblement des publications américaines, en raison des fluctuations de l’échantillonnage de population. Les deux dimensions fondamentales « la somatisation » et « l’obsession compulsive » figurent dans diverses analyses, alors que les dimensions « anxiété » et « la sensibilité interpersonnelle » s’avèrent instables. Les normes ont été réévaluées en France pour des populations adultes non-consultants, des patients souffrant de troubles psychiatriques hospitalisés ou non, des adolescents non-consultants, et une population âgée en institution.
Par qui a été mis au point le QSG (historique)
Le Questionnaire de Santé Générale (General Health Questionnaire) fut mis au point par Goldberg aux USA (1972) en tant qu’inventaire de symptômes multidimensionnel, sous la forme d’un auto-questionnaire. Puis Goldberg et Hillier (1978) élaborent 4 sous-échelles analytiques : les symptômes somatiques, l’anxiété et l’insomnie, le dysfonctionnement social et la dépression sévère, à coter par le sujet sur une échelle en 4 points (0, 1, 2, 3).
Objectif du QSG ?
Il s’agit donc d’un auto-questionnaire de troubles psychopathologiques, qui permet de quantifier le degré de souffrance subjective et de déterminer, à partir de notes-seuils, des cas pathologiques ou non-pathologiques. Le questionnaire évalue avant tout un état de souffrance générale, et donc ne tient pas compte des manifestations symptomatiques liés aux traits de personnalité ou à des troubles chroniques anciens. Le QSG est l’un des tests de dépistage les plus couramment utilisés dans le monde, mais ne permet donc pas de faire de diagnostics cliniques.
Pour quoi le QSG a été validé ?
Le QSG a été validé pour le dépistage des troubles psychopathologiques, et l’évaluation des résultats pour des populations spécifiques telles que des accidentés traumatisés, des cancéreux, des populations gériatriques (Golberg et Williams, 1988). Dans le cadre de recherches sur une population définie, les auteurs français (Pariente et al., 1992) recommandent une étude de validité concourante, afin de tester la note-seuil appropriée à cette population spécifique.
Description IDB.
L’échelle de la dépression : Beck Depression Inventory (1961-1979-1994) est un auto-questionnaire d’évaluation de l’intensité de la dépression, composé initialement de 21 items, et dont la version abrégée comporte 13 items (Beck et Beck, 1972). Chaque item représente un symptôme caractéristique de la dépression ( par exemple, le pessimisme ou le mépris de soi) sur lequel le sujet doit se noter sur une échelle en 4 points (de 0 à 3). Ces résultats aux 21 items sont additionnés pour donner le résultat total de l’intensité de la dépression Beck justifie cette évaluation par le fait que la fréquence des symptômes dépressifs se répartit tout au long d’un continuum qui va du « non déprimé » au « gravement déprimé ». De plus, un certain nombre de symptômes est considéré comme lié à l’intensité et à la gravité de la dépression.
IDB utilisée pour le dépistage de quoi ?
Cette échelle d’évaluation est utilisée pour le dépistage de la dépression en médecine générale, en épidémiologie et en pharmacologie. La version abrégée à 13 items est destinée à évaluer la dimension subjective de la dépression. Les 13 items retenus mesurent les symptômes suivants : tristesse, pessimisme, échec personnel, insatisfaction, culpabilité, dégoût de soi, tendances suicidaires, retrait social, indécision, modification négative de l’image de soi, difficultés au travail, fatigabilité, anorexie. Pour une évaluation approfondie de la dépression, il est conseillé de compléter l’échelle de Beck par une échelle en hétéro-évaluation, comme par exemple l’échelle de Hamilton ou la MADRS.
Réactualisation IDB ?
La réactualisation de l’IDB-II (2e éd. 1994) est une importante révision de l’échelle. Quatre items ont été supprimés et remplacés, et deux items ont été modifiés pour évaluer plus finement l’appétit et le sommeil. Elle est indiquée pour des sujets à partir de 16 ans. L’étalonnage en français a été fait sur un groupe de 96 sujets “contrôle” et 341 sujets dits “psychiatriques”. La consistance interne est satisfaisante et l’échelle différencie bien les sujets déprimés des sujets “contrôle” et des sujets “anxieux”. Les notes seuils ont été modifiées par rapport à la 1ière version. Ce sont des indices de la sévérité de la dépression, et elles ne remplacent pas l’examen clinique et le diagnostic clinique.
Présentation de la SDS.
La Self Rating Depression Scale (SDS) ou Echelle de Dépression Auto-Chiffrée (EDA) publiée par Zung en 1965 est composée de 20 items, sous la forme d’un auto-questionnaire unidimensionnel. Chaque item est coté comme une graduation pour quatre réponses possibles, qui vont de « jamais ou parfois » à « la plupart du temps ou tout le temps ». Les 20 items représentent des symptômes de dépression et fournissent une mesure quantitative de la durée de la symptomatologie dépressive.
Chez quel groupe l’EDA efficace ?
L’EDA a aussi beaucoup été utilisée avec des populations âgées et s’est révélée valide dans des applications chez des personnes âgées malades, hospitalisées ou vivant en foyer (Zung et Zung, 1986). La sensibilité et la spécificité de l’EDA sont remarquables pour ces groupes de population, eu égard à la complexité du diagnostic de dépression chez les personnes âgées.
Expliquer l’ISD de Zung (dans l’EDA).
Zung a également créé une échelle clinique auto-chiffrée basée sur l’EAD, l’Inventaire du statut de dépression ISD (Depression Status Inventory ISD, Zung, 1972). L’ISD est évalué sur la même échelle de valeurs sur l’EDA. Il existe une version abrégée en 10 items (Short Zung IDS, 1987), et dont la passation est faite par un clinicien, très utile pour les personnes âgées malades qui ne peuvent pas répondre seules à l’auto-questionnaire de l’EDA ou de l’IDS.
Présenter la MADRS.
L’échelle de dépression de Montgomery et Asberg : La Montgomery and Asberg Depression Rating est une hétéro-évaluation en 10 items de la dépression très employée en France depuis les années 80 (traduite par T. Lemperière, 1984 ). Elle est construite à partir d’une échelle de psychopathologie générale d’origine scandinave (Comprehensive Psychiatric Rating Scale, CPRS, une échelle globale en 7 items). Les 10 items sont à coter en 7 points (de 0 à 6), et représentent les dix variables cliniques les plus sensibles au changement sous traitement antidépresseur efficace. Ces 10 items sont : la tristesse apparente, la tristesse exprimée, la tension intérieure, la réduction de sommeil, la réduction de l’appétit, les difficultés de concentration, la lassitude, l’incapacité à ressentir, les pensées pessimistes et les idées suicidaires.
Sensibilité de la MADRS est-elle bonne ?
La sensibilité de l’échelle est bonne puisque sur 75 sujets non déprimés et non-ralentis, aucune note n’est supérieure à 14. La note-seuil de dépression est autour de 15, et la zone de doute de 15 à 20.
L’échelle est sensible au changement et différencie les différents degrés de gravité de la dépression. Les items psychologiques prédominent sur les items somatiques, ce qui en fait une échelle tout à fait adaptée aux patients atteints de pathologies somatiques. En effet, les symptômes dépressifs peuvent être masqués par la symptomatologie somatique. Cette échelle explore très succinctement l’anxiété, et il est conseillé d’y adjoindre une échelle d’anxiété et de ralentissement pour une évaluation plus exhaustive de la dépression.
Quand se fait l’évaluation de la MADRS ?
L’évaluation se fait après un entretien clinique avec le patient, en se référant à la fois au contenu général de l’item et à la formulation qui en est faire pour chacun d’entre eux. La note globale résulte de l’addition des 10 scores à chaque item.
Présenter l’ERD.
L’Echelle de Ralentissement Dépressif (ERD) est une échelle d’évaluation de la dépression est une hétéro-évaluation du Syndrome de Ralentissement Dépressif (SRD ). Les auteurs (1983) conçoivent le ralentissement dépressif comme le noyau commun à différentes états dépressifs, comme un organisateur de la vie psychique, et enfin, la cible privilégiée des traitements chimiothérapeutiques (définition du SRD). Cette échelle n’explore donc pas les aspects thymiques de la dépression, mais uniquement l’activité psychomotrice (voix, posture, gestes, motricité générale, etc.) et la sphère cognitive, autrement dit le comportement moteur, verbal, idéïque, hédonique et cognitif des sujets déprimés. Elle comprend 14 items cotés de 0 à 4 (1 pour le doute sur le caractère pathologique de l’activité motrice ou cognitive observée ; 2 pour la présence d’un signe discret, 3 pour un ralentissement moyen et 4 pour un ralentissement important). Sa cotation demande une certaine expérience clinique. En effet, il s’agit de dégager l’ensemble du pattern comportemental du patient, méthode qui se rapproche de l’entretien clinique semi-directif puisqu’elle demande, à partir de l’observation clinique et l’entretien clinique, une étude de la motricité et de l’activité idéique permettant de répondre aux 14 items.
Sur quoi se fonde le concept de ralentissement ?
Le concept de ralentissement se fonde historiquement sur les descriptions des formes graves de « maladies mentales » du début du 20ième siècle, et en particulier le tableau de la mélancolie (décrit par Aratée de Cappadoce), montrant des symptômes de stupeur, de prostration et d’inhibition des capacités intellectuelles, avec plus ou moins de délire. Le concept de ralentissement apparaît donc lié à la notion de stupeur. Il a évolué avec de nouvelles descriptions qui le rapprochent de la symptomatologie dépressive, en même temps que la théorie de troubles de l’humeur et le rôle de la douleur morale dans la mélancolie.
Présentation de la HAS.
Publiée en 1959, la Hamilton Anxiety Scale (HAS) ou Echelle d’Anxiété d’Hamilton (EAH) est une échelle hétéro-évaluative qui est composée de 14 items qui représentent chacun un trait clinique d’anxiété. Elle permet d’évaluer l’intensité de l’anxiété chez des sujets ayant un diagnostic d’anxiété, en cotant les symptômes anxieux sur une échelle de 0 à 5. La note globale est la somme des notes obtenues à chacun des items - la somme partielle des items 1, 2, 3, 4, 5, 6, et 14 cotant l’anxiété psychologique, et la somme partielle des items de 7 à 13, l’anxiété somatique.
Que réflètent les items de la HAS ?
Les items reflètent des manifestations somatiques de l’anxiété (troubles cardio-vasculaires, respiratoires, gastro-intestinaux, génito-urinaires, etc.) et les manifestations psychologiques et cognitives ( la concentration, la mémoire, etc.). Elle est donc conçue pour obtenir deux catégories de résultats séparés, « l’anxiété psychologique » et « l’anxiété somatique ». Cette échelle a été utilisée en psychologie médicale, pour des patients souffrant de pathologies cardiaques, des patients hospitalisés en médecine et en chirurgie, mais également pour des patients hospitalisés en psychiatrie.
Cette échelle, malgré son ancienneté, est encore largement utilisée du fait de sa grande sensibilité au changement. Elle possède une bonne fidélité inter-juges. Cependant, selon Bech (1992), le score total et les deux dimensions n’ont pas une consistance interne suffisante, et certains items n’ont pas été suffisamment définis par Hamilton. Bech et al. (1989) ont donc mis au point un Manuel de cotation.