Partie 3 : Evaluation du fonctionnement affectif et relationnel Flashcards
Sur quoi Rorschach travaillait à l’origine ?
Rorschach travaillait sur la perception et pensait contribuer à l’approche différentielle de la schizophrénie. Il s’agissait pour lui de dégager des données objectives lui permettant d’identifier des styles de personnalité et de déterminer l’implication des processus perceptifs dans un but diagnostique. Il indique dans son Manuel qu’il faut considérer les résultats comme des données empiriques issues d’observations cliniques plutôt que des déductions théoriques. Bien qu’intéressé par la psychanalyse, le test restait pour lui une procédure athéorique et expérimentale.
Quelle est la double sollicitation du test des tâches d’encre selon Chabert ?
une double sollicitation : des données sensorielles perceptives, soutenues par des conduites cognitives et adaptatives (les sollicitations manifestes du test), et des données subjectives projectives, soutenue par des conduites projectives (les sollicitations latentes du test). Selon l’auteur, l’approche psychanalytique permet de repérer les sollicitations (ou contenus) latentes et manifestes du test, ainsi que la réactivation, par le stimulus, des problématiques psychiques spécifiques du sujet.
Hypothèse générale de Chabert ?
L’auteur fait l’hypothèse centrale que les opérations mentales mises en œuvre au cours de la passation du test sont susceptibles de rendre compte des modalités du fonctionnement psychique propre à chaque sujet, tels que la théorie psychanalytique freudienne les conçoit, et en particulier dans la notion de continuité du normal et du pathologique.
Quels sont les 2 aspects que Chabert dégage de ce stimulus non-figuratif ?
D’une part, une organisation perceptive, issue de la construction formelle de la tâche (la forme réelle de la tâche, compacte, fermée, bilatérale, ouverte) et soutenant la dimension structurale des réponses ; d’autre part, la présence d’éléments chromatiques liés à la couleur (tâches noires, grises, noir/rouge, pastel) qui soutient la dimension sensorielle des réponses. Ces deux dimensions vont servir de base à la méthode d’analyse : l’appréhension de l’organisation formelle est considérée comme relevant d’une approche perceptivo-cognitive, sous-jacente aux processus de pensée ; « à ce qui se connaît » ; la sensibilité aux couleurs est empiriquement associée aux sensations, aux affects, « à ce qui s’éprouve ».
Expliquer la deuxième approche théorique de l’auteur américain Exner. (la première étant celle de Chabert)
Le projet de l’auteur est de standardiser la cotation et de valider statistiquement la signification des différents facteurs.
En revanche, les fondements théoriques sont radicalement différents. Exner interprète les données du test dans une perspective pragmatique, au sein d’une théorie de la personnalité qui définit des styles défensifs (plutôt que des mécanismes psychiques de défense), des conduites mentales (plutôt que des conduites psychiques), et des perceptions de soi et d’autrui, d’affects et des processus cognitifs (plutôt que des conflits psychiques, internes et externes à l’appareil psychique). On estime aujourd’hui que ces concepts renvoient à un modèle théorique cognitivo-perceptif. En effet, la notion de « Système Intégré » appliquée à sa perspective pragmatique recouvre 4 opérations cognitives.
Donner les 4 opérations cognitives du “Système Intégré” d’Exner.
Un processus d’encodage, concernant la réception et la médiation des qualités du stimulus, et nécessitant de reconnaître et d’évoquer mentalement toutes les catégories d’objets auxquelles tout ou partie de la tâche peut ressembler.
Un processus de classification du stimulus : la hiérarchisation organisée des possibilités évoquées est déterminée par des facteurs psychologiques liés aux « besoins et aux désirs » du sujet, ainsi qu’à la nécessité d’adéquation à la réalité extérieure.
Un processus de rejet par la censure, dépendant de la « désirabilité sociale » du sujet.
Un processus de formulation de la réponse, qui indique des éléments dominants de la structure de la personnalité du sujet, et qui intègre la situation environnementale.
Point commun entre Chabert et Exner ?
Quelque soit l’approche théorique, elles rendent compte toutes les deux de tous les éléments constitutifs du « discours Rorschach », à savoir les qualités perceptives et la dimension projective des tâches elles-mêmes, c’est-à-dire du stimulus non-figuratif. Le test de Rorschach ainsi conçu est un outil particulièrement utile pour l’évaluation psychologique, le diagnostic, les indications thérapeutiques et le pronostic.
Dans quoi s’inscrit l’évaluation projective ?
D’autre part, l’évaluation projective s’inscrit soit dans un contexte de troubles psychopathologiques, soit dans un contexte de recherche. Dans le contexte de troubles psychopathologiques, il s’agit le plus souvent de procédures d’investigation dont l’objectif est essentiellement diagnostique. Le test projectif permet d’apprécier l’ensemble des processus psychiques du sujet, afin de proposer une prise en charge thérapeutique adéquate. Le type de troubles, l’âge, la situation familiale, sociale et professionnelle, l’histoire du sujet sont autant d’éléments cliniques à prendre en compte. Dans le contexte de la recherche, les situations les plus fréquemment rencontrées associent demande d’aide et collaboration à la recherche.
Pourquoi le test du Rorschach est souvent associé au test thématique TAT ?
La confrontation des deux épreuves permet une finesse accrue de l’évaluation diagnostique, d’une part en étayant le diagnostic à partir d’une double argumentation, et d’autre part, en recueillant un matériel spécifique pour chacune des deux. Si la congruence des deux tests est généralement bonne pour des organisations psychiques stables et clairement définies (en termes de psychoses ou de névroses), en revanche, l’association des deux tests permet une plus grande précision des diagnostics différentiels (en particulier pour les fonctionnements limites et narcissiques, selon Chabert, 2007 ). Il y a donc sensibilisation d’une épreuve par l’autre, dans une perspective d’analyse et de synthèse des diverses modalités du fonctionnement psychique d’un sujet.
Pourquoi la restitution de la consultation projective est toujours proposée ?
Afin de soumettre au sujet les apports du test projectif, des éclaircissements et les nouvelles questions qu’il permet de formuler.
En quoi les qualités relationnelles et cliniques du psychologue sont essentielles ?
Il ne s’agit en aucun cas de figer un diagnostic ou des interprétations narcissiquement blessantes ou culpabilisantes, ni même un « profil psychologique » rigide formulé dans un jargon savant. Les éléments cliniques proposés par le psychologue doivent prendre en compte les capacités psychiques et cognitives du patient à entendre certaines propositions sur son fonctionnement et à proposer des projets d’orientation. L’entretien clinique s’appuie toujours sur l’importance de la relation clinique entre le psychologue clinicien et le patient, et sur l’importance des facteurs subjectifs dans le discours.
Combien de tâches comprend le test du Rorschach ?
Le test comprend 10 tâches imprimées sur 10 planches cartonnées . Au verso des planches cartonnées apparaît la mention de l’éditeur, dans le sens conventionnel de l’imprimerie. Au recto des planches cartonnées, la planche I figure une tâche noire et grise, les planches II et III des tâches noires et rouges, les planches IV et V des tâches noires, les planches VI et VII des tâches noires et grises, et les planches VIII, IX et X sont les tâches « couleurs » du test, des tâches dites « pastels ». Néanmoins, les tâches sur les planches n’ont pas de sens de lecture, hormis le sens conventionnel destiné à l’examinateur et à la cotation. Lors de la passation, il se peut que le patient retourne la planche pour produire une ou plusieurs réponses. Ce retournement est noté et coté par l’examinateur. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de « bonnes » ou de « mauvaises » réponses au test de Rorschach. La consigne est identique pour tous les examinateurs et tous les sujets : « Je vais vous montrer 10 planches et vous me direz à quoi elle vous font penser, ce que vous pouvez imaginer à partir de ces planches ».
Expliquer la passation spontanée du test du Rorschach.
Lors de la passation spontanée, Les 10 planches sont présentées dans l’ordre standard de I à X au patient, qui donne une ou plusieurs réponses à chaque planche, et qu’on chronomètre. L’examinateur note par écrit la totalité du matériel verbal du patient, en respectant absolument les caractéristiques de son discours, sans rectification grammaticale ou syntaxique, puisque l’analyse des données repose en partie sur les structures langagières. De même, les interventions du psychologue, si elles sont nécessaires, doivent être notées.
Expliquer la passation dite enquête du test du Rorschach.
Après la passation « spontanée », s’effectue une seconde passation dite « enquête », au cours de laquelle le sujet est invité à regarder une seconde fois les planches et à préciser, si nécessaire, certaines caractéristiques de ses réponses ou d’en apporter d’autres.
Quelles sont les 4 catégories communes au modèles psychanalytique et cognitif du test du Rorschach ?
- La localisation de la réponse sur la tâche (sur quelle partie de la tâche la réponse est-elle perçue ?).
- La manière dont la réponse est formulée (quelles sont les qualités de la tâche qui ont déterminé la réponse ? En fonction de la forme de la tâche, de la couleur de la tâche, des qualités sensorielles de la tâche, des impressions de mouvements – les kinesthésies – que procure la tâche, la sensibilité à la symétrie des tâches).
- Le contenu de la réponse (différentes catégories de contenus répertoriées statistiquement).
- La présence d’une ou de plusieurs réponses statistiquement les plus fréquentes (les « banalités » définies statistiquement planche par planche, dont la liste est fixe pour chacun des deux modèles, français et américain. Bien évidemment, ces réponses sont dépendantes de facteurs culturels et sociaux, et donc les deux listes, celle de l’Ecole de Paris et celle d’Exner sont différentes).
Quelles sont les cotations supplémentaires ajoutées par l’école d’Exner et l’Ecole de Paris dans le test du Rorschach ?
Exner a cependant rajouté à ces 4 catégories communes de cotation (même si les symboles utilisés pour coter sont différents dans chacun des deux modèles), deux cotations supplémentaires : le degré d’organisation perceptive, et les cotations spéciales (qui correspondent à des aspects subjectifs, et fournissent un repérage des éléments singuliers du discours du sujet). L’Ecole de Paris a, quant à elle, rajouté l’épreuve des choix de deux planches (+ ou -)2.
Comment se termine la cotation du test du Rorschach ?
La cotation se termine par la rédaction d’un résumé, appelé Psychogramme pour l’Ecole de Paris, et Résumé Formel pour Exner. Cette synthèse des données cliniques est une synthèse quantitative, qu’il faudra dans un second temps d’analyse, transformer en synthèse qualitative. C’est l’objet de l’interprétation.
Sur quoi se fonde l’interprétation d’un protocole de Rorschach ?
L’interprétation d’un protocole de Rorschach se fonde, d’une part sur les données cliniques transformées en données quantitatives, et d’autre part, sur les fondements théoriques de chacun des deux modèles, psychanalytique et cognivo-comportemental . Chaque catégorie de critères de cotation de la synthèse quantitative est examinée à l’aune de tables normatives statistiques. Par exemple, le nombre total de réponses d’un protocole de Rorschach permet de situer le sujet par rapport à une norme issue d’un échantillon statistiquement valide. Exner constate que le nombre de réponses (R) est souvent en baisse chez des sujets déprimés qui fournissent en moyenne 14 réponses par protocole. De même, l’Ecole de Paris s’appuie sur les pourcentages des différentes catégories de cotation. Par exemple, R=17 est une production verbale plutôt faible qui contraste avec le temps total de la passation lorsque celui-ci est relativement long (33 mn). Ainsi un critère de cotation n’est jamais interprété seul, mais mis en relation avec d’autres critères de cotation.
En quoi consiste le TAT ?
Le TAT (Thematic Apperception Test) est issu des travaux de Murray (1935, version définitive du test, 1943). La passation du test comprenait les 31 planches sélectionnées et on demandait au sujet d’imaginer une histoire en rapport avec la situation représentée.
Hypothèse de Murray concernant le TAT ?
L’hypothèse de Murray était que « l’identification du sujet au personnage central » était utilisée pour exprimer ses « besoins ». Les « besoins » du héros étaient cotés en rapport avec les « pressions » issues de l’environnement, c’est-à- dire centrés sur le contenu de l’histoire. Le modèle théorique de Murray, exposé dans son ouvrage Exploration de la personnalité (1938), était fondé une théorie des « besoins-pressions ». Elle présupposait que les histoires racontées par le sujet contiennent tout un héros qui exprimerait les besoins du sujet ; des personnages autour de ce héros, en interactions avec lui, représenteraient les forces du milieu familial et social dont le sujet ressentirait la pression ; le heurt entre les deux entraînerait un conflit inconscient et le TAT permettrait d’en étudier sa nature et son modèle de résolution. La liste des besoins établie par Murray était supposée exhaustive, susceptible de rendre compte de tous les comportements humains, depuis le plus petit acte ou la plus petite séquence verbale, jusqu’aux comportements les plus élaborés. Cette interprétation en termes de besoins individuels, de pression de l’environnement et de comportements réduit le contenu manifeste des histoires TAT au vécu subjectif, et donc la fantaisie produite témoignerait de la réalité du sujet, sans tenir compte, en réalité, de l’existence d’un quelconque conflit inconscient. Cette théorisation n’a pas été développée par les chercheurs de l’Ecole de Paris en France.
Comment Bellak considère l’interprétation du TAT ?
Certains chercheurs américains (dont Bellak, 1954) soulignent ultérieurement que l’interprétation du contenu d’une histoire devrait se faire comme on interprète un rêve, c’est-à-dire qu’il faudrait d’abord découvrir le contenu latent caché derrière le contenu manifeste, et que l’on devrait tenir compte de l’analyse des mécanismes de défense. Ils redéfinissent, en fait, le modèle théorique de Murray en fonction de la théorie psychanalytique, en mettant l’accent, non plus sur le contenu des histoires, mais sur l’aspect formel du discours. Ce ne seraient pas les conflits du sujet avec l’extérieur qui seraient à évaluer, mais la façon dont le psychisme du sujet s’est structuré avec le conflit psychogénétique – entre réalité externe et réalité interne. Pour ces auteurs, l’analyse de la nature du conflit est importante, mais reste secondaire.
Modification psychanalytique proposée par L’Ecole Française du TAT ?
L’Ecole Française du TAT, avec Vica Shentoub et Rosine Debray, va proposer ensuite une modification théorique psychanalytique supplémentaire. Ces auteurs reprennent les travaux de l’Ecole Américaine, en conservant la proposition de Bellak – l’analyse du contenu explicite d’une histoire serait moins importante que le sens latent. Puis elles font l’hypothèse que les récits TAT sont des formations de discours qui témoignent des relations intra-psychiques avec les exigences de la réalité externe (le stimulus, c’est-à-dire les planches). Elles construisent donc une méthode de cotation et d’analyse des différents types de mécanismes de défense repérables dans les histoires TAT, déterminant ainsi la structure psychique du sujet, la qualité des défenses du Moi, et le type de défenses préférentielles du sujet. Le discours témoignerait alors d’un mode de résolution du conflit entre fantasme et réalité . Ce serait une « fantaisie consciente induite ».
Dans quoi s’inscrivent les fondements théoriques du TAT ?
Ces fondements théoriques s’inscrivent donc dans la perspective de la métapsychologie freudienne, dont les principales notions sont : la première topique (Inconscient/Préconscient/Conscient), la seconde topique (ça/Moi/Surmoi) et les trois points de vue, dynamique, économique et topique. Chaque image représenterait donc une situation se rapportant aux conflits psychiques universels (la problématique œdipienne, la différence des sexes et des générations, sur fond de maniement de la libido et de l’agressivité). De plus, pour chacune des planches, les auteurs identifient un contenu manifeste (éléments de la réalité) et un contenu latent (susceptible de réactiver telle ou telle problématique psychique)
Dans la perspective métapsychologique freudienne, que permettrait chaque protocole ?
Chaque protocole de TAT permettrait de dégager une ou des problématiques psychiques rendant compte des mécanismes de défense et du fonctionnement psychique spécifiques d’un sujet. La production d’un récit face à une image serait sous-tendue par un travail de liaison entre processus primaires et processus secondaires, c’est-à-dire l’articulation entre une élaboration intellectuelle de la réponse et une résonance fantasmatique
Comment est considérée la construction d’une histoire au TAT ? selon Shentoub
Ainsi, pour Shentoub (1990), construire une histoire au TAT est un acte d’organisation, dans une situation d’évaluation qui favorise la régression et la réorganisation. Analyser ces mouvements d’organisation, de désorganisation et de réorganisation revient à évaluer l’autonomie (toute relative) du Moi, qui implique la communication entre les structures inconscientes (ça/Moi/Surmoi) et les activités adaptatives créatrices. Le stimulus (les images du TAT) est à la fois figuratif et ambigu. De ce fait, le sujet, en élaborant une histoire, montre sa capacité à appréhender l’objet perçu dans sa double appartenance objective/perceptive et subjective/projective, autrement dit, sa capacité à élaborer un espace psychique interne qui permet une activité de rêverie, sans être désorganisé, c’est-à-dire des limites entre un espace interne et un espace externe, des limites entre dedans et dehors.
Décrire la méthodologie de l’Ecole Française pour la passation ?
Shentoub (1957-1990 ) a sélectionné 16 des 31 planches qu’elle a validé comme étant les plus significatives. Les planches sont constituées de dessins, de gravures, de photographies ou de reproductions de tableaux. Certaines planches sont communes à tous les sujets, d’autres particulières aux enfants ou aux adultes, ou encore à l’un ou à l’autre sexe. Les initiales anglaises imprimées au recto de chaque planche précisent ces distinctions : B pour “boy” – garçon, G pour “girl” – fillette jusqu’à 14 ans, M pour “male” – homme et F pour “female” – femme. Les planches retenues par Shentoub sont donc : 1, 2, 3 BM, 4 et 5 proposées aux garçons, filles, hommes et femmes. Les planches 6BM, 7BM et 8BM proposées aux garçons et aux hommes. Les planches 6GF, 7GF et 9GF proposées aux filles et aux femmes. Les planches 10, 11, 12 BG, 13B, 13MF, 19 et 16 (dernière planche du test, « blanche ») proposées aux garçons et aux filles, à l’exception de la 13MF, seulement proposée aux hommes et aux femmes. Les 16 planches se passent en une seule fois et l’ordre de passation est standardisé, car le stimulus évolue du plus structuré et figuratif au plus ambigu. La consigne est fixe, comme pour tout test : « Imaginez une histoire à partir de la planche », sauf pour la planche 16 – planche « blanche » sans représentation, qui nécessite une nouvelle consigne : « jusqu’à présent, je vous ai montré des images qui représentaient des personnages ou des paysages, maintenant, je vous propose cette planche qui est la dernière : vous pourrez me raconter l’histoire que vous voudrez ». Le psychologue doit rester neutre au cours de la passation, mais peut intervenir face à un sujet très inhibé pour le soutenir. Toute intervention dépend de la qualité de la relation clinique instaurée. Il faudra ensuite évaluer comme cette intervention est vécue par le sujet, en termes d’intrusion, de renforcements des défenses, d’effraction ou de désorganisation, par exemple. Tout comme au Rorschach, on tient compte du temps écoulé pour chaque planche, on retranscrit intégralement le discours du sujet, y compris les éventuelles interventions du psychologue.
Comment s’appelle le travail de cotation du TAT ?
On appelle le travail de cotation du TAT le “dépouillement des récits TAT”. Cette cotation porte sur les récits racontés par le sujet, dans l’ordre de passation des planches. La méthode de dépouillement repose, dans un premier temps, sur la cotation des « procédés » du discours, et dans un second temps, sur leur articulation avec les problématiques psychiques que ces « procédés » de discours s’efforcent de traiter, comme suit :
- Cotation des récits planche par planche, à l’aide d’une feuille de dépouillement recensant tous les « procédés » de discours ( élaborée par Shentoub et Debray ). La feuille se remplit en cochant les procédés utilisés. Analyse de ces « procédés » de discours en repérant les problématiques psychiques abordées par le sujet, et en tenant compte de la nature, du poids et de la variété des procédés de discours, ainsi que de leur articulation avec d’autres procédés de la même série ou d’une autre série.
- L’analyse « planche par planche » permet de dégager les premières impressions (qualité des histoires, adaptation, participation imaginaire, type de relation au test et au psychologue). Puis on évalue le contenu manifeste et le contenu latent des histoires, en fonction des mécanismes de défense et de la problématique que réactive chaque planche.
- Synthèse des informations sur une feuille de dépouillement des « procédés » de discours, au terme de la cotation et de l’analyse du protocole tout entier. Cette synthèse doit permettre d’apprécier la qualité du processus associatif en tenant compte des relations entre affects, représentations et mécanismes de défense. Elle doit permettre de rendre compte de la diversité des problématiques psychiques, des aménagements défensifs et poser des hypothèses cliniques quant à l’organisation psychique du sujet.
Sur quoi est fondée l’interprétation du matériel TAT ?
L’interprétation du matériel TAT ainsi coté et analysé est fondée sur la présence, inhérente à la situation d’évaluation du TAT, d’un conflit entre principe de plaisir et principe de réalité, entre représentations de choses et représentations de mots, entre désirs et interdits. On confronte la problématique psychique abordée par le sujet en regard du contenu latent sollicité par les planches, et on étudie la manière dont ces contenus sont formulés. La référence aux contenus latents du matériel permet de situer le sujet en appréciant les différents registres conflictuels qu’il peut se permettre d’aborder et de traiter. Cette évaluation est décisive pour l’évaluation diagnostique, puisque la psychanalyse considère qu’à chaque organisation psychopathologique correspond une problématique psychique dominante : névroses (avatars du conflit œdipien, angoisse de castration, troubles des identifications secondaires) ; états-limites (problématiques de perte d’objet, angoisse dépressive, fragilité narcissique mobilisant des aménagements défensifs spécifiques) ; psychoses (angoisse de morcellement, problèmes identitaires, perte des liens du sujet avec l’autre et avec lui- même)
La cotation du TAT doit répondre à quelles questions ?
La cotation du TAT doit permettre de répondre aux questions suivantes : l’identité est-elle stable ou difficile à réaliser ? Les personnages sont-ils différenciés ou non ? Les identifications sont- elles claires ? Les repères sont-il sexués ou non, tant du point de vue de la différence des sexes que de la différence des générations ?, etc.
But du TAT ?
Le TAT est donc une méthode d’évaluation du fonctionnement psychique d’un sujet, qui permet de formuler des hypothèses cliniques sur son organisation psychique, ses mécanismes de défenses, la qualité de ses identifications, de ses relations d’objet, du type d’angoisse. L’analyse dynamique permet également de repérer les mouvements d’investissement et de désinvestissement de l’objet. L’ensemble des données cliniques du test doit être synthétisé, et comme toujours, être articulé, dans le cadre d’un bilan psychologique, à une évaluation du fonctionnement cognitif.