Les troubles de la cognition sociale Flashcards
Cognition sociale et théorie de l’esprit
- La cognition sociale est définie comme l’ensemble des aptitudes,
expériences émotionnelles et sociales régulant les relations entre les
individus et permettant d’expliquer les comportements humains. - La cognition sociale renvoie à de multiples dimensions comme les
connaissances sur soi, sur le monde social, sur les règles du monde social,
le traitement des informations émotionnelles et sociales, ainsi que la
représentation des états mentaux d’autrui. - La théorie de l’esprit représente la capacité permettant à un individu
d’attribuer des états mentaux (intention, désir, croyance…) à soi-même ou à
d’autres individus
La théorie de l’esprit
- Le terme de « théorie de l’esprit » a été utilisé pour la première fois par des
primatologues (Premack et Woodruff, 1978).
– Dans leur étude, ces auteurs ont montré qu’un chimpanzé visionnant des
vidéos mettant en scène un humain face à une situation problématique (un
homme essayant d’ouvrir une porte) était capable de sélectionner une
photographie permettant de compléter une séquence d’actions.
Ils en concluent que le primate non humain est capable de prédire et
d’interpréter une action humaine en termes d’états mentaux.
– L’individu est doté d’une théorie de l’esprit s’il est en mesure d’attribuer
un état mental à autrui ou à lui- même. Il s’agit d’une théorie car les états
mentaux ne sont pas directement observables, l’individu utilisant cette
théorie afin de faire des prédictions. - Cette aptitude cognitive permet de prédire, de décoder, d’anticiper et
d’interpréter les comportements et les états mentaux d’autrui. - Ces états mentaux peuvent être des pensées, des désirs, des croyances, des
intentions ou des émotions et des sentiments. - C’est une capacité de métacognition, ce qui signifie que le sujet se construit
une métareprésentation, c’est-à-dire une représentation de l’état mental
d’une tierce personne. - La théorie de l’esprit nécessite de faire la distinction entre soi et autrui, ainsi
qu’entre ce que nous supposons de l’autre et de sa réalité intérieure. - Les processus d’attribution d’états mentaux impliquent de percevoir et de
reconnaître les indices sociaux environnementaux et font appel aux facultés
de raisonnement pour comprendre, expliquer et prédire les actions.
2 composantes de la théorie de l’esprit sont distinguées :
– La composante affective se définit comme la capacité à se représenter les
états mentaux affectifs d’autrui, à comprendre et à déduire ses sentiments,
émotions et intentions dans un contexte social.
– La composante cognitive fait référence à la capacité à se représenter les
états mentaux épistémiques d’autrui et donc de comprendre, d’inférer ou
raisonner sur les pensées, croyances ou intentions, indépendamment de
toute connotation émotionnelle.
* Les personnes souffrant d’un trouble du spectre autistique ont de
meilleures performances au niveau de la composante cognitive de la
théorie de l’esprit alors qu’un pattern de performance inverse a été
observé chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
– Des études lésionnelles ont montré que ces 2 composantes sont soustendues par des substrats cérébraux différents, une voie dorsale pour la
composante cognitive et une voie ventrale pour celle affective.
2 processus interviennent au sein de la théorie de l’esprit :
– Le processus de décodage est la capacité à décoder des états mentaux en
se fondant sur des éléments disponibles dans l’environnement perceptif
(observation des actions, reconnaissance des émotions à partir des
expressions faciales, contagion émotionnelle).
Il implique des processus pré-conceptuels, automatiques et inconscients et
est indépendant de la nature des représentations.
– Le processus de raisonnement, plus coûteux sur le plan cognitif, permet
d’inférer un état mental en se fondant sur des informations qui ne sont pas
directement observables dans l’environnement.
Il implique des processus contrôlés, conscient et est dépendant de la nature
des représentations
La récursivité
- La théorie de l’esprit implique que les représentations des états mentaux
des autres s’emboîtent les unes dans les autres, selon un principe de
récursivité.
La récursivité est la propriété de pouvoir appliquer une même règle plusieurs fois
en elle-même
2 niveaux de représentation en fonction de leur complexité (théorie de l’esprit) :
– Les représentations de 1er ordre correspondent aux représentations
mentales qu’un individu possède de l’état mental d’une autre personne en
rapport avec la réalité et en adoptant sa perspective. Elles indiquent que
l’individu est capable de faire la distinction entre soi et autrui.
* « Pierre pense que Paul pense que… ».
– Les représentations de 2e ordre font référence aux représentations
mentales qu’une personne possède sur les représentations mentales d’une
autre personne vis-à-vis des représentations d’un tiers
* « Pierre pense que Paul pense que Julie pense que… ».
Plus le niveau de récursivité est important et plus le coût cognitif est
conséquent car cela requiert de prendre en compte plusieurs perspectives
simultanément.
La théorie de l’esprit et l’empathie
L’empathie fait référence à une compétence socio-émotionnelle permettant
de former et de maintenir des liens sociaux.
* Pour Decety et al. (2011), l’empathie se caractérise par l’intervention de 3
composantes neurocognitives dissociables mais interdépendantes:
– La composante affective correspond à une résonnance émotionnelle face à
l’émotion ressentie par autrui conduisant à partager un affect avec lui
(contagion émotionnelle, reconnaissance des émotions, partage de douleur).
– La composante motivationnelle est lié au désir de prendre soin d’autrui.
– La composante cognitive est la capacité à reconnaître, comprendre et
prendre en compte la perspective émotionnelle d’autrui.
C’est par rapport à cette dernière composante qu’un chevauchement
conceptuel avec la théorie de l’esprit affective a été envisagé.
Les connaissances sociales
- La connaissance des règles sociales est nécessaire pour une conduite
adaptée dans le monde social. - Dana Samson a proposé que les processus inférentiels soient guidés par
des représentations stockées en mémoire à long terme sur la théorie de
l’esprit et les connaissances sociales (Samson, 2009). - Les expériences passées pourraient permettre de mémoriser de nombreuses
représentations sur les événements sociaux, soit des savoirs sociaux, mais
également de générer des séquences d’activités nommées « scripts » ou
« schémas » permettant la mise en œuvre de comportements adaptés en
fonction des différentes situations.
Le terme de connaissances sociales fait à la fois référence à des
connaissances déclaratives et à des connaissances procédurales, pouvant
s’exprimer et être utilisées de manière explicite ou implicite:
– Les connaissances déclaratives comprennent un vaste stock de
connaissances et de faits sur des schémas sociaux acquis, les relations
interpersonnelles et les situations sociales.
– Les connaissances procédurales incluent les règles, habiletés et stratégies,
acquises grâce à nos expériences passées et stockées en mémoire.
Ces connaissances sociales procédurales sont utilisées quotidiennement
dans les relations sociales, sans pour autant être verbalisées.
Évaluation de la dimension cognitive de la théorie de l’esprit : Le paradigme d’attribution d’intentions
La tâche consiste à compléter une séquence d’actions en utilisant l’intention
attribuée au personnage sur la base de son comportement lors de la
séquence, le plus souvent présentée sous la forme de bandes dessinées.
Évaluation de la dimension cognitive de la théorie de l’esprit : Les paradigmes de fausses croyances
– Ce type de paradigmes impose d’adopter la perspective d’autrui pour
résoudre la tâche.
– Ce paradigme permet d’évaluer l’habileté d’une personne à comprendre
qu’une autre personne possède une croyance différente de la sienne et qui
est contraire à la réalité.
– Il s’agit d’une histoire présentant une situation du quotidien mettant en scène
plusieurs personnages, parmi lesquels le personnage principal prend
connaissance de la situation, puis en son absence la situation est modifiée,
l’amenant à se construire une représentation erronée de la réalité, une
fausse-croyance.
– La tâche du participant consiste à attribuer la représentation en accord avec
la situation perçue par le personnage, sachant que celle-ci est différente de la
réalité et de sa propre connaissance.
– Le participant doit être en mesure de différencier sa propre connaissance de
l’histoire et donc sa croyance dite vraie croyance, de celle fausse du
personnage.
Évaluation de la dimension affective de la théorie de l’esprit : Les épreuves de reconnaissance d’émotions à partir d’expressions faciales
– Test d’Ekman-Friesen pour la reconnaissance des émotions de base que
sont la joie, la surprise, la colère, la tristesse, la peur et le dégoût.
– Le test de Reading the Mind in the Eyes (Baron-Cohen et al. 2001)
Évaluation de la théorie de l’esprit : Les épreuves mixtes
– Les faux pas sociaux
* Un faux pas peut se définir comme une maladresse embarrassante dans
un contexte social.
* Pour cette épreuve, il s’agit de paroles prononcées par un protagoniste
qui n’auraient pas dû être dites dans ce contexte, car elles vont blesser
son interlocuteur, sans que le protagoniste se rende compte de sa
maladresse.
* Cette épreuve est constituée de vingt histoires que le participant doit lire,
dans la moitié desquelles un des protagonistes commet une maladresse
sociale non intentionnelle. Les autres histoires ne présentent pas de faux
pas social.
* La tâche du participant consiste à détecter les maladresses sociales non
intentionnelles et à déterminer la réaction émotionnelle de la personne
victime de ces maladresses
* Par exemple confondre ouvertement une petite fille avec un petit garçon,
parce que celle-ci a les cheveux courts.
* Cette épreuve requiert la capacité à distinguer 2 états mentaux distincts:
– La théorie de l’esprit cognitive intervient lorsque le participant doit
comprendre que le discours d’un protagoniste est déplacé par
rapport à la situation.
– La théorie de l’esprit affective intervient lorsqu’il s’agit de saisir que
le discours du protagoniste est blessant pour son interlocuteur.
* “Maxime acheta à Richard un avion miniature pour son anniversaire.
Quelques mois plus tard, ils étaient en train de jouer avec et Maxime le fit
tomber accidentellement. « Ne t’inquiète pas » dit Richard. « Je ne l’ai
jamais aimé de toute façon. Quelqu’un me l’avait offert pour mon
anniversaire. »”
– “Qu’avait offert Maxime à Richard pour son anniversaire ?”
– “Richard se souvient-il que c’est Maxime qui lui avait offert l’avion
pour son anniversaire ?”