Le normal et le pathologique Flashcards
Georges Canguilhem à propos de l’approche mécaniste et hippocratique
Canguilhem critique l’approche mécaniste du corps issue du XVIIe siècle, qui le réduit à une machine autonome, et oppose cette vision à celle des idées hippocratiques prenant en compte le milieu de vie. Il défend l’idée que la médecine est un art nécessitant la prise en compte de la subjectivité du patient.
Le concept de normalité et normativité selon Canguilhem
Canguilhem distingue deux types de normes :
* Norme descriptive : basée sur des constats statistiques (fréquent).
* Norme prescriptive : un idéal à atteindre, qui oriente les pratiques médicales.
Canguilhem différencie aussi :
- L’anomalie, un écart mesurable par rapport à une moyenne (objectif).
- L’anormalité, un jugement subjectif influencé par la perception individuelle et sociale.
Pour lui, le normal est dynamique : être en bonne santé signifie pouvoir s’adapter et créer de nouvelles normes selon les situations. L’exemple des yogis illustre cette idée : leurs capacités physiologiques extrêmes sont une adaptation à leur mode de vie, sans être forcément pathologiques.
la norme devient un idéal, et un principe positif d’appreciation.
Jakob von Uexküll
- Umgebung (environnement) : Il représente le monde extérieur objectif, composé d’éléments physico-chimiques et géographiques indépendants des vivants.
- Umwelt (milieu) : C’est l’environnement propre à chaque être vivant, construit selon ses perceptions et interactions spécifiques.
Les vivants délimitent leurs propres milieux (Umwelten) au sein d’un environnement commun (Umgebung), ce qui signifie qu’ils ne se contentent pas de subir passivement leur environnement, mais l’interprètent et y réagissent activement.
Différence entre environnement et milieu
- L’environnement est descriptif, neutre et observable scientifiquement.
- Le milieu est axiologique, c’est-à-dire qu’il est subjectif et renvoie à des valeurs propres au vivant (ex: favorable ou hostile).
Spécificité humaine
L’humain se distingue par sa capacité à façonner son propre milieu social et technique, effaçant progressivement la frontière entre environnement objectif et milieu subjectif. mais cela peut engendrer des effets négatifs sur les écosystèmes et la vie humaine, comme l’illustre le concept d’anthropocène, qui désigne l’impact global de l’activité humaine sur la planète
def santé et maladie Canguilhem
Canguilhem redéfinit la santé comme la capacité d’instaurer de nouvelles normes. « Être en bonne santé, c’est pouvoir tomber malade et s’en relever. » À l’inverse, la maladie est une restriction de cette plasticité, un rétrécissement du rapport au milieu.
Le pathologique est donc une expérience de vie différente, où l’individu subit des contraintes qui limitent son pouvoir d’adaptation. Le diagnostic médical doit tenir compte de cette dimension subjective et globale du patient.
nuance def de la santé avec l’adaptation contrainte
Toute adaptation n’est pas nécessairement bonne pour l’individu. Une adaptation imposée, sans marge de liberté, peut être pathologique. Exemple : les effets délétères du travail à la chaîne sur la santé des ouvriers, analysés par des sociologues tels que Robert Linhart.
La santé réside dans la capacité à adapter son mode de vie sans être contraint par des normes imposées.
Canguilhem norme et écologie et envirronement
Selon Canguilhem, la normativité repose sur la capacité des vivants à s’adapter aux « infidélités du milieu », c’est-à-dire aux variations naturelles. Toutefois, l’ampleur des transformations actuelles, qualifiées de « disruptions », dépasse ces variations et engendre des ruptures profondes qui compromettent les capacités d’adaptation des vivants.
Cela entraînant des perturbations irréversibles, comme les déséquilibres endocriniens et la désorganisation des écosystèmes, mettant en péril les relations construites entre les vivants et leurs milieux au fil de l’histoire.
d’où vient le mot norme
Norma : traduction latine du grec orthos (« droit », « correct »)