L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie Flashcards

1
Q

La guerre d’Algérie s’étend de :

A

1954 à 1962

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Q

la mémoire =

A

Présence sélective des souvenirs du passé dans une société donnée. La mémoire est souvent plurielle et conflictuelle : les différents groupes qui ont vécu des événements douloureux se font leur propre construction du passé et ces différentes visions peuvent s’opposer. Les groupes qui portent les mémoires cherchent une reconnaissance dans le présent de leur vision des événements.

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3
Q

L’histoire a pour vocation de…

A

restituer le passé de la manière la plus objective possible. Elle s’appuie sur une étude critique des sources (écrites, orales, archéologiques, etc.).

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4
Q

Ainsi histoire et mémoire ont des différences :

A
  • Les mémoires veulent réhabiliter, “sauver de l’oubli”
  • L’histoire veut comprendre et expliquer le passé
    Il existe cependant de nombreux liens et interactions entre les deux.
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5
Q

Le FLN est :

A

le Front de Libération Nationale.
Un parti indépendantiste algérien à l’origine de l’insurrection du 1er novembre 1954. Ses membres sont partisans de l’utilisation des armes pour l’accès à l’indépendance.
Il est à l’origine du boycott du couvre-feu le 17 octobre 1961

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6
Q

FNACA =

A

Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie.
Créée pendant la guerre d’Algérie, cette association vise à défendre les droits des anciens combattants. Elle est particulièrement attachée à la commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962, qu’elle estime être la seule date légitime de la fin du conflit.

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7
Q

Groupes mémoriels =

A

Groupes qui élaborent et transmettent une mémoire commune. Ils agissent souvent comme des groupes de pression souhaitant voir s’imposer leur vision du passé.

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8
Q

Harkis =

A

Algériens musulmans servant comme auxiliaires dans l’armée française contre le FLN.

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9
Q

Histoire officielle =

A

Écriture de l’histoire sous l’impulsion d’un État qui exerce une censure sur la recherche historique et privilégie une version de l’histoire susceptible de lui fournir une légitimité.

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10
Q

OAS =

A

Organisation Armée Secrète.
Organisation politico-militaire créée en février 1961. Farouchement opposés à l’indépendance de l’Algérie, ses membres s’engagent dans l’usage de la violence et multiplient les attentats en Algérie et en France.

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11
Q

Pieds-noirs =

A

Expression désignant les Européens d’Algérie rapatriés à partir de l’indépendance.

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12
Q

La guerre d’Algérie commence…

A

Le 1er Novembre 1954 suite à une série d’attaques commises en Algérie par le Front de libération nationale algérie (FLN)

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13
Q

Comment, alors que le conflit s’intensifie, le gouvernement français minimise-t-il les combats ?

A
  • Il parle “des événements d’Algérie”
  • Décrit l’intervention des forces françaises comme des “opérations de police” visant à “pacifier le pays”.
  • Les combattants algériens sont décrits comme des “rebelles”.
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14
Q

Face à cette négation officielle du conflit, des voix discordantes dénoncent le rôle de la France dans la guerre :

A
  • Le Parti communiste, anti-colonial, dénonce l’intervention française et la pratique de la torture.
  • En référence au militant communiste Maurice Audin,tué sous la torture, des “comités Audin” se mettent en place.
  • Des journaux comme L’Express critiquent l’intervention française.
  • Henri Alleg rédige La question en 1958, ouvrage dans lequel il dénonce la torture comme la gégène (torture électrique)
  • Des intellectuels dont Jean-Paul Sartre signent le “Manifeste des 121” pour dénoncer le militarisme français et la torture.
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15
Q

Cependant, le gouvernement déploie une intense répression à l’encontre de ces oppositions :

A
  • La Question d’Henri Alleg est interdite et son auteur est condamné à la prison.
  • La police réprime de manière très violente les manifestations dénonçant le conflit (17 octobre 1961 et 8 février 1962).
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16
Q

Que s’est-il passé le 17 octobre 1961 ?

A

une manifestation pacifique d’Algériens en France dénonçant le couvre-feu imposé aux Nord-Africains provoque une répression sanglante de la police sous les ordres du préfet Papon. Environ une centaine d’Algériens sont tués et plusieurs centaines de blessés sont recensés.

17
Q

Que s’est-il passé le 8 février 1962 ?

A

Une manifestation de protestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie est organisée. La répression policière au niveau de la station de métro “Charonne” à fait 8 morts.

18
Q

En 1962 sont signés …

A

Les accords d’ Évian. L’ Algérie devient alors indépendante.

19
Q

Comment est nomée la guerre d’Algérie par l’Etat Algérien ?

A

La “Révolution nationale” ou encore la “Guerre de libération”

20
Q

Comment l’Etat Algérien encadre-t-il l’histoire du conflit ?

A
  • La “guerre de libération” est présentée comme un soulèvement spontané du peuple algérien.
  • L’histoire officielle fait état de 1,5 million de morts algériens (chiffre exagéré: env 300 000).
  • Le gouvernement minimise les divisions entre les nationalistes algériens pendant la guerre (opposition entre le FLN et le MNA) et fait le silence sur le rôle des Kabyles dans la guerre.
  • Les livres scolaires, les monuments, les commémorations, le travail des historiens sont des relais de cette histoire officielle, qualifiée d’“hyper commémoration obsessionnelle” par l’historien Guy Pévillé. L’historien Mohammed Harbi conteste l’histoire officielle et s’enfuit en France.
21
Q

Pourquoi Benjamin Stora parle d’une “guerre ensevelie” ?

A

Car en France, après l’indépendance de l’Algérie, le conflit est passé sous silence.

22
Q

Pourquoi les groupes concernés par le conflit cherchent, en France, à oublier les souffrances et les douleurs de la guerre ?

A
  • Les “Pieds-Noirs” rapatriés (env.800 000) arrivent démunis dans un pays qu’ils connaissent peu. Ils veulent tourner la page et surtout s’intégrer. À cause des attentats commis par l’OAS en France, ils pensent qu’il est préférable de rester discrets.
  • Les Algériens présents en France, arrivés en grande partie dans le cadre de l’immigration de masse organisée par la France, ne veulent pas faire ressortir la mémoire du conflit et les attentats perpétrés par le FLN.
23
Q

L’État français, présidé par De Gaulle, cherche aussi à faire oublier la guerre :

A
  • Place de la France qui décline ds le monde depuis la fin de la 2nd GM, en grande partie à cause de la perte de son empire colonial Ll’État veut préserver l’unité nationale.
  • L’Etat veut oublier les pratiques commises pendant la guerre (torture..), par une France qui se veut le “pays des droits de l’Homme”.
  • Des lois sont votées pour amnistier tous ceux qui ont participé au conflit en 1968 et les soldats qui ont participé au putsch des généraux en 1961 sont réintégrés dans l’armée en 1982.
  • Aucune mention du conflit dans les livres scolaires.
  • Les historiens n’ont pas accès aux archives
24
Q

Malgré l’impossibilité d’accéder aux archives, des historiens s’emparent du thème de la guerre d’Algérie. Ces historiens, qui ont vécu durant le conflit, veulent rompre le silence officiel de l’État :

A
  • Pierre Nora publie Les Français d’Algérie en 1961.
  • L’historien Pierre Vidal-Naquet publie en 1972 La Torture dans la République.
  • En 1966, Gillo Pontecorvo tourne La Bataille d’Alger qui n’est pas autorisé à sortir dans les salles.
  • En 1972, René Vautier tourne Avoir vingt ans dans les Aurès qui parle de la violence de la guerre.
25
Q

Qu’est-ce que l’anamnèse ?

A

La prise de conscience des mémoires refoulées

26
Q

Comment, après une période de silence sur le conflit, les différents groupes impliqués dans la guerre d’Algérie veulent faire reconnaître leurs revendications ?

A
  • Les Pieds-Noirs, qui entretiennent une vision idéalisée de leur vie en Algérie (“la nostalgérie”) forment des associations. En 1970, une loi leur accorde des indemnités.
  • Les anciens combattants, regroupés dans des associations obtiennent en 1974 le statut d’anciens combattants.
  • Les harkis, qui s’estiment trahis par l’État français, se révoltent en 1975 et 1976 pour dénoncer leurs conditions de vie dans les camps. Ils veulent une reconnaissance de leur rôle pendant la guerre.
  • Des groupes proches de l’extrême droite et de l’OAS organisent des manifestations et érigent des stèles en souvenir de “l’Algérie française”, particulièrement dans le Sud-Est de la France. Parmi ces personnes, Jean-Marie Le Pen, ancien combattant de la guerre d’Algérie, légitime les méthodes françaises et est accusé par de nombreux témoignages d’avoir pratiqué lui-même la torture
  • En 1983, une “marche contre le racisme et pour l’égalité” (“marche des beurs”) réunit des membres de la communauté maghrébine qui réclament une réelle place dans la société française.
  • En 1983, la guerre d’Algérie est intégrée dans les manuels scolaires.
27
Q

Comment, à partir des années 1990, la France entreprend-elle la reconnaissance officielle du conflit ?

A
  • En 1992, les archives de la guerre sont ouvertes.
  • L’Assemblée nationale reconnaît la “guerre d’Algérie” en 1999.
  • Des anciens généraux, comme le général Aussaresses et le général Massu, témoignent de l’utilisation de la torture durant la guerre.
  • En 2002, Jacques Chirac inaugure le mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie.
  • En 2012, François Hollande, en visite en Algérie, parle de la “souffrance du peuple algérien”, évoque la torture et reconnaît le massacre du 17 octobre 1961.
  • En 2012, la journée du 19 mars devient la journée du souvenir des “victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie”
28
Q

Malgré la reconnaissance officielle de la guerre d’Algérie, le conflit des mémoires persiste dans un contexte d’hypermnésie, c’est-à-dire d’excès des mémoires :

A
  • En 2005 le groupe des “Indigènes de la République” critique les pratiques passées mais aussi présentes de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies.
  • En 2005, la loi Mekachera fait scandale car elle propose la reconnaissance du “rôle positif de la présence française en Afrique du Nord”.
  • L’Algérie reproche à la France de ne pas avoir présenté d’excuses officielles et réclame la repentance.
  • En 2007, à Perpignan, un mur est inauguré rendant hommage aux seuls morts européens de la guerre.
  • La journée de souvenir des “victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie” est contestée, car elle prend pour référence le cessez-le-feu du 19 mars 1962, et les opposants estiment qu’elle passe sous silence les Européens et les harkis tués après le cessez-le-feu par les Algériens.
29
Q

Une nouvelle génération d’historiens, nés après le conflit, travaille dans les années 1990 sur la guerre d’Algérie :

A
  • Raphaëlle Branche publie La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie en 2001.
  • Sylvie Thénault publie Une drôle de justice en 2001.
30
Q

En 2005, des historiens, dont Benjamin Stora, lancent…

A

une pétition “Liberté pour l’Histoire” qui dénonce les lois mémorielles. Ce texte affirme que “ce n’est pas le Parlement ou l’autorité qui doit définir la vérité historique”.

31
Q

le travail des historiens ne doit pas céder …

A

Aux pressions et revendications des différents groupes mémoriels.
Les historiens réaffirment l’objectivité de leurs recherches.

32
Q

Il ne faut pas se limiter à une simple opposition entre ….

A

Mémoire et Histoire.
Les mémoires se nourrissent des travaux historiques et bien que les mémoires réalisent une approche sélective du travail des historiens, ces derniers contribuent, en montrant la complexité des faits, à apaiser les débats sur les différentes mémoires.

33
Q

Lois mémorielles =

A

Lois déclarant un point de vue officiel sur un événement historique. Ces lois peuvent être seulement déclaratives, c’est-à-dire reconnaître des événements, ou effectives, c’est-à-dire assortir la loi de sanctions pénales.

34
Q

Le climat politique change en Algérie au cours des années 1980 :

A
  • Les émeutes de 1980 en Kabylie brisent le mythe d’une unité nationale algérienne.
  • En 1988, la jeunesse algérienne se révolte contre le pouvoir et exige la libéralisation du système politique.
  • Ces révoltes aboutissent à la mise en place d’un processus démocratique, interrompu en 1992 par la junte militaire au pouvoir.
  • L’enlisement du pays dans la guerre civile qui oppose les islamistes à l’armée et fait environ 100 000 morts achève la démocratisation du pays.
35
Q

L’attitude du gouvernement algérien sur le conflit reste la même après 1992 :

A
  • L’accès aux archives est interdit.
  • Les harkis sont encore perçus comme des traîtres.
  • Les actes de violence reconnus sont limités aux seuls agissements des Français.
  • Les violences faites par le FLN, notamment contre les civils qui refusaient de payer “l’impôt révolutionnaire”, sont ignorées.
  • En 1995, Bouteflika réintègre les pères fondateurs du nationalisme algérien, tel que Messali Hadj, dans la mémoire nationale.
  • Cependant, cette ouverture est rapidement remise en cause. Les historiens sont censurés et leurs communications à l’étranger doivent être approuvées par le ministère algérien de l’Éducation. (censure et contrôle)
36
Q

Amnistie =

A

Notion de droit public pénal qui invoque l’« oubli » d’actes contraventionnels, délictueux ou criminels constitués et qui, en temps normal, entraîneraient une sanction pénale.

37
Q

Citation de Benjamin Stora en 1992 dans “La Gangrène et l’oubli” :

A

“La guerre est ensevelie”

38
Q

Citation d’Abdelaziz Bouteflika en 2005 (président algérien)

A

“La France a commis un génocide contre l’identité algérienne”