IV. Citations de critiques Flashcards

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Q

J.-C. Mathieu, article “Aphorisme” du Dictionnaire René Char

A

“La persistance des aphorismes à travers l’oeuvre, visant ici à éclaircir les “maitresses ombres” que sont le poème ou le poète, là à affirmer un droit ou un devoir, s’est enracinée dans l’entrelacs fondamental de l’acte poétique, de la responsabilité éthique du “passeur de justice” et du souci politique de la communauté.” p.32

“Si l’acte poétique est éprouvé comme une marche, que le poète frappe les mots “ de son talon frangé d’écume” (…) les aphorismes, eux, sont des pauses dans cette marche, des stases de lucidité, des suspens pour éclaircir la tâtonnante avancée dans l’inconnu de la poésie” p.33

Char préférait parler de “propositions” : “le mot montre un poète s’engageant dans des choix, qu’il met en avant, se risquant dans une parole qui ne fait pas définitivement autorité.”

Sur l’influence d’Héraclite: “Il ouvre l’aphorisme à la vérité d’énoncés contradictoires, à une logique où peuvent être affirmés simultanément des contraires (…) et à des assertions sibyllines, indécidables, qui réservent au delà des mots la vérité, n’affirmant ni ne niant, (…)” p33

“Mais l’aphorisme, qui marque un temps d’arrêt lucide, un “repère éblouissant”, n’est pas pour autant la pétrification d’un sens (…) Il est un instantané pris dans un passage (…)” p34

“Char, par le resserrement de l’aphorisme aggrave des notions essentielles”

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Q

Deux alternatives sur l’usage du poème en prose par Char et définition du poème en prose

A
  • J.C. Mathieu : forme radicalement nouvelle, poèmes en prose = réponse visuelle et sonore à la structuration, au déchiquetage de la page par le vers.
  • O. Belin: pas une forme singulière qui se place dans une histoire, avec des prédécesseurs comme Baudelaire et Rimbaud
Définition du poème en prose par Suzanne Bernard, Le poème en prose de Baudelaire jusqu'à nos jours: « Il s'agit d'un texte en prose bref, formant une unité et caractérisé par sa ‘gratuité’, c'est-à-dire ne visant pas à raconter une histoire ni à transmettre une information, mais recherchant un effet poétique »
Critère formel pour le reconnaître: 
1. Le titre
2. La structuration en §
3. Le marquage en alinéas
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Q

JP Sartre formules de Qu’est ce que la littérature ?

A
  • « Bien que la littérature soit une chose et la morale une tout autre chose, au fond de l’impératif esthétique, nous discernons l’impératif moral ».
  • « Un écrivain est engagé lorsqu’il tâche à prendre la conscience la plus lucide et la plus entière d’être embarqué, c’est-à-dire lorsqu’il fait passer pour lui et pour les autres l’engagement de la spontanéité immédiate au réfléchi ».
  • « c’est notre tâche d’écrivain que de faire entrevoir les valeurs d’éternité qui sont impliquées dans les débats sociaux et politiques ».
  • L’écrivain « est ‘dans le coup’, quoi qu’il fasse, marqué, compromis, jusque dans sa plus lointaine retraite ».
  • « Puisque l’écrivain n’a aucun moyen de s’évader, nous voulons qu’il embrasse étroitement son époque ; elle est sa chance unique ; elle est faite pour lui et il est fait pour elle ».

Pour Sartre, dans le rapport entre le fond et la forme, le fond prime sur la forme : « il s’agit de savoir de quoi l’on veut écrire […]. Et quand on le sait, il reste à décider comment on écrira. Souvent les deux choix ne font qu’un, mais jamais, chez les bons auteurs, le second ne précède le premier » (Qu’est-ce que la littérature ? p. 31)

« Alors, l’écrivain se lancera dans l’inconnu : il parlera, dans le noir, à des gens qu’il ignore […] ; il prêtera sa voix à leurs colères et à leurs soucis ; par lui, des hommes qui n’ont jamais été reflétés par aucun miroir et qui ont appris à sourire et pleurer comme des aveugles, sans se voir, se trouveront tout à coup en face de leur image ». (p. 267)

« La prose est utilitaire par essence » (p. 26)

Fonction de l’écrivain engagé: « faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s’en puisse dire innocent »

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4
Q

Barthes l’engagement de l’écrivain dans la forme

A

Le Degré zéro de l’écriture, p. 17
« […] l’identité formelle d’un écrivain ne s’établit véritablement qu’en dehors de l’installation des normes de la grammaire et des constantes du style, là où le continuum écrit, rassemblé et renfermé d’abord dans une nature innocente, va devenir enfin un signe total, le choix d’un comportement humain, l’affirmation d’un certain Bien, engageant ainsi l’écrivain dans la communication d’un bonheur ou d’un malaise, et liant la forme à la fois normale et singulière de sa parole à la vaste Histoire d’autrui. Langue et style sont des forces aveugles ; l’écriture est un acte de solidarité historique. Langue et style sont des objets ; l’écriture est une fonction : elle est le langage littéraire transformé par sa destination sociale, elle est la forme saisie dans son intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l’Histoire. »

Barthes « L’écriture moderne est un véritable organisme indépendant qui croît autour de l’acte littéraire, le décore d’une valeur étrangère à son intention, l’engage continuellement dans un double mode d’existence, et superpose au contenu des mots des signes opaques qui portent en eux une histoire, une compromission ou une rédemption secondes, de sorte qu’à la situation de la pensée, se mêle un destin supplémentaire, souvent divergent, toujours encombrant de la forme ». (Degré zéro)

Cf. Le Degré zéro de l’écriture « La forme est la première et la dernière instance de la responsabilité littéraire » ; L’ « écriture »: « la morale de la forme », forme chargée de « signifier à la fois l’Histoire et le parti qu’on y prend ». La forme est la première et la dernière instance de la responsabilité littéraire

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Q

Barthes - Le degré 0 de l’écriture, sur la tradition du retrait de la littérature

A

« Notre littérature serait-elle donc toujours condamnée à ce va-et-vient épuisant entre le réalisme politique et l’art-pour-l’art, entre une morale de l’engagement et un purisme esthétique, entre la compromission et l’asepsie ? » (p. 138) Barthes, Essais critiques.

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6
Q

Pensée sur le lyrisme de la poésie moderne du XXème siècle

A
  1. Hugo Friedrich, Structures de la poésie moderne : 1. Perte de sentiment du moi (≠ 19ème), 2. Perte de réalité
  2. Käte Hamburger, Logique des genres littéraires : dissipation du monde objectal
  3. Dominique Rabaté: réintroduction de la référentialité et de la circonstance.
    1. JM. Maulpoix, La Poésie comme l’amour. Essai sur la relation lyrique : le sujet lyrique « n’est ni le ‘Je’ biographique de l’individu, ni le ‘tu’ dramatique du dialogue, ni le ‘il’ épique ou romanesque, mais une personne potentielle et contradictoire que travaillent de concert ces trois instances. Elle dit ‘je’ afin d’exprimer, d’ordonner et de contrôler comme elle peut cette étrangeté qu’elle demeure à elle-même. Elle dit ‘tu’ car elle a besoin du détour d’autrui pour se saisir, ou pour localiser ‘les autres’ qu’elle porte en elle […] Cette quatrième personne ira jusqu’à parler de soi en disant ‘il’ ou ‘elle’, parce que l’expérience qu’elle fait de la langue porte en soi sa propre critique et met la subjectivité à distance, en l’objectivant ».
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