Inflation, désinflation, déflation Flashcards
inflation
hausse des prix générale et auto-entretenue
inflation rampante
le taux est modéré (quelques %) mais permanent. C’est la situation des années 1950-1973.
inflation galopante
le taux augmente, puis dépasse 2 chiffres, l’inflation devient cumulative, le mécanisme central est la spirale prix-salaire, qu’on craint de ne pouvoir arrêter sans des mesures brutales. C’est la situation des années 1950 et surtout durant les années 1970 dans la période de stagflation.
hyper inflation
le taux annuel dépasse 100% et peut atteindre chaque mois des centaines de %.
La cause se trouve dans la déliquescence de l’Etat, et l’explosion de la dette publique menant à la faillite de l’Etat qui se finance en demandant à la banque centrale de créer des masses de monnaie toujours plus gigantesques (et non par l’emprunt). La méfiance à l’égard de la monnaie est elle qu’elle finit par disparaître dans une inflation qui lui ôte toute valeur.
L’exemple canonique est l’effondrement du mark en 1922-23 : il perd en 14 mois plusieurs milliards de fois sa valeur, si bien qu’il fallait une brouette de billets pour acheter des pommes de terre et l’on modifiait sans cesse la valeur inscrite sur les billets par simple rature. L’économie monétaire disparait au profit d’un système de troc et d’une dollarisation générale.
La seule porte de sortie consiste à émettre une nouvelle monnaie, solidement gagée sur des réserves d’or et de devises, ou sur des biens. Le 1er décembre 1923, le Rentenmark (ou mark-seigle) est créé au taux de 1/1 mds pour 1 md de Reichsmarks. Il est garanti par des hypothèques sur des terres agricoles et d’autres biens. Il va rapidement supplanter l’ancienne monnaie. C’est une nouvelle preuve que la monnaie est un bien fiduciaire, il faut rétablir la confiance pour rétablir l’économie monétaire.
déflation
baisse de la quantité de monnaie (le montant des crédits remboursés de crédits, càd la destruction de monnaie, dépasse celui des nouveaux crédits, càd la création de monnaie) qui s’accompagne d’une baisse des prix (taux d’inflation négatif).
C’est le cas notamment lors des crises classiques du cycle Juglar (de la fin du 18e siècle aux années 1930) étaient des crises déflationnistes, d’où leur extrême brutalité et la gravité de leurs conséquences (faillites, chômage, baisse des salaires).
C’est la pire situation qui peut se produire dans une économie de marché :
- les marchés des biens durables et du logement s’effondrent car les acheteurs attendent de nouvelles baisses ;
- les firmes subissent des coûts déterminés par le niveau des prix du moment, mais elles n’encaisseront le produit des ventes que plus tard, càd quand les prix auront baissé : leurs marges deviennent négatives, elles courent à la faillite.
désinflation
le taux d’inflation reste positif, mais il diminue progressivement, l’inflation ralentit.
Cette situation est typique des années 1980 quand les gouvernements, face à la stagflation des années 1970, ont changé de priorité en passant de la lutte contre le chômage à la lutte contre l’inflation (politique de “désinflation compétitive” ou de “franc fort”)
stagflation
conjonction de l’inflation et de la récession. Dans ce cas, on voit de produire en même temps un regain d’inflation et une hausse du chômage, comme si la récession et la surchauffe coexistaient, ce qui invalide la politique traditionnelle qui consiste à lutter soit contre l’inflation (par le stop) ou contre le chômage (par le go).
Cette situation ne s’est produite qu’une fois dans les années 1970 car les chocs pétroliers ont à la fois accéléré l’inflation (tous les coûts augmentent) et diminué le pouvoir d’achat (la hausse du coût des dérivés du pétroles se répercute sur les revenus), donc la consommation et la croissance.
Les gagnants du jeu de mistigri inflationniste : l’emprunteur - l’inflation allège les dettes
ce mécanisme (l’inflation allège les dettes) favorise en premier lieu l’Etat et les entreprises, mais également les ménages qui, dans la période d’inflation des années 1945-80 se sont massivement tournés vers l’investissement immobilier. Entre 1955 et 1974, les crédits aux ménages augmentent de 55 fois en France.
Supposons qu’un salarié acquiert un logement à crédit. Son revenu augmente plus vite que les prix (jusqu’en 1982) alors que la mensualité reste fixe, et donc baisse en pourcentage.
Le SMIG était de 289F en 1960 et le SMIC était à 2.484F en 1980. Une mensualité de 200F représentait plus du tiers (200/578) du revenu d’un couple de smigards en 1950 contre 4% en 1980 (200/4968).
Les gagnants du jeu de mistigri inflationniste : propriétaire et locataire - l’effet de levier et de l’investissement immobilier
Supposons que l’on ait à choisir entre acheter son appartement avec un remboursement mensuel sur 20 ans de 1.000 euros, et le louer pour 500 euros. C’est l’inflation qui permet de choisir entre les deux options, car le loyer augmentera avec la moyenne des prix, alors que la mensualité du crédit restera identique sur 20 ans. A 10% d’inflation, le loyer atteint 1.179 euros, la 10è année et 3.058 euros la 20è année. Les loyers cumulés sur 20 ans dépassent 340.000 euros, contre 240.000 euros pour l’emprunt. Dès la 16è année , le loyer cumulé dépsse le coût global de l’achat ! Par contre, à 2% d’inflation, le loyer augmente à 552 euros en 10 ans et à 604 en 20 ans, soit un total cumulé de 132.000 euros. Il faut attendre la 33è année pour amortir l’achat.
N.B. : l’inflation s’applique à tous les prix, mais pas à la dette.
Les gagnats du jeu de mistigri inflationniste : entreprise - l’inflation augmente l’effet de levier de l’endettement
l’effet de levier de l’endettement augmente le taux de profit de l’entreprise qui investit sur ressources empruntées lorsque la rentabilité économique dépasse le taux d’intérêt réel du crédit. L’inflation, en allégeant le coût de l’emprunt, augmente l’effet de levier à condition que la rentabilité ne baisse pas plus vite que le taux d’intérêt.
Ce fut le cas des années 1970.
Les gagnants du jeu de mistigri inflationniste : agents bénéficiant de revenus indexés - quand le rapport des forces sociales le permet, une catégorie peut fixer elle-même, ou obtenir des autres, une indexation sur l’inflation
elle (cette catégorie) bénéficie à plein de la dépréciation de la monnaie car ses recettes sont protégés tandis qu’elle peut gagner en s’endettant. Ces groupes ont tendance à s’endetter, car la hausse de leur revenu augmente leur capacité de remboursement
Les gagants du jeu de mistrigri inflationniste : l’inflation favorise les forts et ponctionne les faibles
Elle s’apparente à un jeu de mistigri : il faut répercuter la perte sur quelqu’un, celui qui ne peut s’imposer paye pour les autres. Le syndicats impose une hausse salaire à l’entreprise mais qui se défausse sur le consommateur ; les fonctionnaires obtiennent un avantage mais l’Etat le répercute sur le contribuable.
Par contre, l’épargnant assiste à la dépréciation de ses économies, le travailleur isolé voit son salaire bloqué, le retraité subit une revalorisation trop lente de sa pension.
- L’Etat bénéficie d’une sur-indexation sur l’inflation, il prélève un impôt d’inflation. Les prélèvements obligatoires sont un pourcentage des revenus et dépenses nominaux des agents. Une partie suit un barème progressif, son gain moyen augmente donc plus vite que le PIB nominal.
- Les entreprises fixent églament leur prix, mais le gain diffère selon la caractéristique du secteur. Quand la concurrence est vive et les produits banalisés, elles subissent l’inflation sur leurs coûts, notamment salariaux, mais doivent comprimer leurs marges pour limiter la répercussion sur les prix de vente. Par contre, les professions protéges, les services de proximité, ceux soumis à un oligopole ou à une compétition sur la qualité peuvent pratiquer l’indexation sans grand dommage.
- Les ménages de salariés ne sont pas en position de fixer le prix du travail, leur situation est un pur rapport de forces social. Il semble qu’ils aient pu maintenir leur part dans la valeur ajoutée durant les années 1950-60, l’aient fortement amélioré durant les années 1970, mais ils sont les grands perdants depuis les années 1980, la désinflation s’est faite en grande partie en rogant sur les salaires.
inflation par la demande
l’économiste américain d’origine autrichienne Fritz Machlup appelait “pull inflation” l’inflation due à un excès de demande.
Ainsi, durant la guerre existe un gap inflationniste : l’offre de biens de consommation manque car la priorité est à la production militaire alors que la demande de consommation augmente sous l’effet des revenus distribués par les industries militaires et par l’armée.
inflation par les coûts
Machlup appelait également “push inflation” la hausse des prix due au prix des matières premières importées ou des salaires, qui sont les principaux déterminants de la variation des coûts de production
conflit social pour le partage des richesses
dans la lignée de Marx, mais aussi de Keynes, on peut voir dans l’inflation une solution aux conflits sociaux.
Pour les marxistes, les firmes utilisent l’inflation pour freiner la baisse tendancielle du taux de profit.
Pour les keynésiens, l’inflation est un moyen de résoudre les difficultés du dialogue social. Pour éviter un conflit trop violent pour le partage de la valeur ajoutée entre l’Etat, le patronat et les syndicats, on peut choisir de laisser l’inflation s’installer.
Cela permet d’amortir le conflit en l’étalant dans le temps : augmenter les salaires, tout en maintenant l’investissement et les dépenses publiques. La valeur sera récupérée progressivement au détriment des consommateurs tandis que la hausse de la consommation et des revenus en valeur nominale augmentera les recettes fiscales.