III/ Le renouvellement des méthodes qualitatives : l'exemple de la santé mentale Flashcards
Objet d’étude la psychiatrie (santé mentale)
En psychiatrie on s’occupe des malades dits mentaux. Faire une recherche quali auprès des malades mentaux ? quelle valeur à la parole d’un « fou » ?
Le manque de discernement, insight, désorganisation de la pensée fréquemment associés aux troubles psychiques et psychologiques semblent peu compatibles avec un quelconque porté aux données quali.
Foucault : « Une personne malade est considérée comme une personne s’échappant à toute logique. Une personne s’éloignant de l’idéal rationnel de l’homme et représentant son côté irrationnel. »
C’est en autre la raison pour laquelle qu’il fallait en psychiatrie créer une approche fondée sur les preuves qu’on appelle l’Evidence Based Medicine (EBM). C’est l’incarnation même du positivisme avec comme illustration le DSM.
Problème avec l’EBM ?
Depuis 90-2000, l’EBM tend à laisser en marge une multitude de pblématiques fondamentales concernant la souffrance psychique. On réalise notamment que finalement la recherche se focalise davantage sur la compréhension des causes de la maladie, au détriment de recherches davantage compréhensives sur le devenir des personnes = Etiologie VS devenir.
On parle de devenir et non pas évolution de la maladie.
Emergence d’un nouveau paradigme dans année 90 dans le champ de la santé mentale
C’est une approche dans la psychiatrie qui permet de nous décaler de l’EBM pour remettre au centre des préoccupations la personne, son vécu, son devenir et à côté sa maladie, ses causes et son évolution.
Les usagers « survivants » de la psychiatrie = le fait qu’un tournant paradigmatique a émergé par des facteurs sociétaux et non pas des facteurs médicaux ou scientifiques. Ce ne sont pas les scientifiques qui ont initié ce tournant mais des associations aux EU. A cette époque, contexte sociétal particulier aux EU, fait des revendications, de droits civiques américains mais aussi dans le champ de la santé, l’émergence de mouvements, d’entraide sont venus révolutionner la compréhension des soins notamment dans les addictions, les alcooliques anonymes (AA)
5 particularités de la nouvelle approche : groupes d’auto-gestion
- cette particularité est 0 soignant.
C’est ce qu’on appelle un groupe d’auto-gestion, on parle aussi d’auto-support, d’entraide mutuelle. - Pas de soins médicamenteux prescrits
- Approche TCC, motivationnel
- Pas de contraintes (venir ou pas)
- Redevient maître de son devenir, incarné par ce concept : empowerment (pouvoir d’agir, auto-détermination, sentiment de contrôle sur sa vie)
Principe, pensée de ce groupe d’entraide
Addiction : trouble qui nous prive de nos choix persos.
Ces regroupements soulignent qu’on peut s’en sortir, sans aide de pros de la santé, sans traitement, dans le processus on peut rechuter mais on ne revient pas forcément à 0. Ce qui compte est la démarche perso de rétablissement, ne s’annulant pas si on l’a au cours reproduit. Ce rétablissement vient des AA. Ce qui compte est le processus de reconstruction de soi, qui nous permettra de devenir différent d’avant, nous transformera. Tous ces groupes d’autogestion sont bien plus forts que tous les traitements médicamenteux ou thérapeutiques. Une efficacité sans précédent.
Nothing about us without us : mot d’ordre qui prouve…
Nothing about us, without us : mot d’ordre qui prouve que la psychiatrie à trop longtemps laisser de côté la personne atteinte du trouble. Notamment les personnes atteintes de schizophrénie, idée du trouble inéluctable, qui évolue sans qu’on puisse le faire. Ces usagers (‘’survivants de la psychiatrie’’) sont venus pour réclamer le droit d’avoir un destin autres que celui qu’on leur prédit. Volonté de ne pas voir que les personnes qui vont mal, qui rechute, qu’en est-il des personnes qui ont été diagnostiquer mais qui n’ont plus besoin des psychothérapeutes. Ces usagers mettent en lumière ‘’l’illusion des cliniciens’’ : tendance des cliniciens, à généraliser à partir de ses observations d’un groupe de personnes porteur d’un diagnostic, des caractéristiques à l’ensemble des personnes porteurs de ce diagnostic (qq schizo qui rechutent, donc tous les schizo rechutent). Rétablissement mis en lumière, vient du terme anglo-saxon ‘’recovery’’. Ingrédients essentiels pour s’en sortir : l’espoir, l’institution psychiatrique nous prive de cet espoir, le devenir n’est pas contrainte par le devenir, retrouver le pouvoir d’agir cad la possibilité de décider par nous-même et pas se remettre aux décisions médicales ou sociétales.
Histoire de Patricia Deegan
Patricia Deegan : diagnostiquée schizo à l’âge de 17 ans et a réussi à surmonter les obstacles liés à sa maladie. Ce n’est pas guérir, son objecitf n’était pas d’éradiquer sa maladie, surmonter les obstacles sociétales, stigmatisation la privant de jouer un rôle social et l’auto-stigmatisation. Elle a mis en évidence que le diagnostic de schizo peut empêcher la personne de se voir comme une personne et du fait d’avoir été enfermé dans une étiquette de malades mentaux. elle a souhaité réaliser des recherches en recueillant des données sur les personnes atteintes de maladie mentales. Ces recherches ont permis de réaliser une thèse et d’être prof à l’université.
En 1988, elle publie un article ou elle met en avant « la médecine personnelle ».
Expliquer la médecine personnelle développée par Deegan
pouvoir réaliser des recherches qualitatives auprès de personnes dont la parole à été trop longtemps trop silencieuse, donner la voix aux minorités. S’intéresse aux stratégies personnelles que développent les personnes elles-mêmes pour faire face à la maladie. On part du présupposé (pas simple à l’époque), que les personnes ont de base des ressources : hurler dans ma maison pour faire taire les voix, si je deviens fou je résous des petits problèmes mathématiques. De plus en plus de recherches qualitatives voient le jour. Les personnes essayent alors de plus en plus d’améliorer leur quotidien.
Importance de l’inclusion sociétal dans le pronostic (ex des schizo)
Larry Davidson (2003) : ouvrage fondateur, chercheur en psycho, il publie les résultats de 20 années de recherches qualitatives sur des personnes atteintes de schizo pour atteindre un nouveau modèle : le rétablissement. D’autres études sont venues renforcer la nécessite d’un paradigme alternatif : troubles psychiatriques graves montrant étonnamment que ce devenir est bien plus favorable dans certains pays en voie de développement que les pays développés. Notamment en Inde et au Sri Lanka est meilleurs que dans les pays occidentaux. L’inclusion sociétale est un facteur fondamentale dans le pronostic des personnes. Le fait de se sentir inclue dans la société va avoir un poids très important pour le mieux-être des personnes et va influencer l’évolution de la maladie. Autrement dit ces résultats suggèrent que le facteur médical n’est pas le principal déterminant dans le devenir des personnes et nous poussent donc à considérer d’autres facteurs.
Symptomatologie et réinsertion professionnelle
D’autres études en France s’intéressent à la réinsertion socioprofessionnelle. On se rend compte avec ça que la symptomatologie ou les troubles cognitifs ont un très faible pouvoir prédictif et significatif de la réinsertion professionnel (Pachaud, Laplège, Plagnol, 2004). Ces facteurs sociétaux ont un impact fort sur la stigmatisation. D’autres facteurs existent aussi comme le facteur économique ou les facteurs subjectifs (motivation, auto stigmatisation), qui comptent que dans la qualité de la réinsertion. Facteurs sociétaux et facteurs subjectifs :
On va se rendre compte que la motivation, l’estime de soi, représentations de soi, ils compte plus que les symptomatologie et les troubles cognitives dans la réinsertion des personnes.
Expliquer l’étude schizophrénie qui mène sur le VBM
Une récente étude (2017) publié dans schizophrénie research : plusieurs manières d’évaluer le mieux être dans la schizo. Selon notre angle d’évaluation on peut retrouver des résultats différents. Soit un rétablissement d’un point de vue objectif (symptômes, fonctionnement, déficit cognitive) et médical soit un rétablissement d’un point de vue subjectif experienciel (ressenti, sentiment d’utilité).
On peut faire 3 ganrdes catégories de patients : ABC. Les patients qui vont très mal, en début de maladie, ils vont pas bien sur le point subjectif et pas bien sur le point objectif.
Approche qui se développer depuis 2012, voie alternative sur l’EBM = médecine fondée sur les valeurs (VBM : values based medicine). VBM se développe depuis 15 années aux RU mais d’autant plus forte depuis 2010-2015, porté par le psychiatre et philosophe Fulford.
L’VBM est un cadre conceptuel qui prétend que l’intervention de valeur notamment en psychiatrie n’est pas une marque d’immaturité. Si on se fonde sur des valeurs, on sort du réductionnisme scientifique, on va d’avantage voir la complexité des facteurs.
VBM s’oppose à EBM ?
La démarche de soin centrée sur les valeurs ne prétend pas s’opposé à celle centrée sur les faits, mais plutôt de la complémenter. VBM dit qu’en psychiatrie lorsqu’on prend une décision de soin, se serait se mentir de se dire qu’on se fonde que sur les faits. on se fonde aussi sur des valeurs : prescription, internement, hospitalisation sous contrainte
Consensus et dissensus dans notre pratique
Un certain nombre de valeurs constituent des orientations précieuses pour nos pratiques. Pour prendre une décision, la meilleure qui soit, on va explorer la diversité des valeurs qui rentre en compte dans le processus de prise de décision et que cette diversité ne va pas forcément faire l’objet d’un consensus mais plutôt par dissensus. C’est-à-dire que toutes les positions ne sont pas les mêmes (consensus), on va faire apparaitre les divergences entre les valeurs (dissensus). On n’aura pas pris la décision choisie par tous mais au moins on aura la décision fondée sur une réflexion concernant la divergence de chaque possibilité. Ce ne sera pas le reflet d’une position subjective
Principe de l’open dialog
Cette question du dialogue a amené une question très récente : l’open dialog : méthode alternative de résolution de crise à l’hospitalisation sous contrainte. Principe : échanges, interactions qui sont assez pensées, formalisées entre 3 personnes, et deux autres pros de santé. Interactions ont montré qu’elles avaient un impact très positif, diminuaient considérablement le taux sous contraintes. Reformuler de manière privilégiée ses émotions.
On se rend compte que cette intervention vient apaiser cette personne. La personne est davantage dispo pour suivre les soins.