III - La centration sur l'enfant en développement Flashcards
L’invention du développement psychologique comme objet spécifique de
l’investigation scientifique se fait dans la seconde moitié
du xixe siècle.
L’invention du développement psychologique comme objet spécifique de
l’investigation scientifique se fait dans la seconde moitié du xixe siècle. Deux ouvrages
nous permettent d’apprécier le contexte de cette évolution :
celui de G. Canguilhem,
G. Lapassade, J. Piquemal et J. Ulmann (1962/2003) et celui de Ottavi (2001) qui, à ce
propos, s’appuie en grande partie sur le premier.
Pour l’essentiel, il faut comprendre que les chercheurs du xix’ siècle se sont interrogés
sur la nature des changements à trois niveaux d’échelle :
l’évolution des espèces
(la phylogenèse, terme apparu en 1874), l’évolution des sociétés (la sociogenèse, selon la terminologie
employée par Cellerier et Ducret en 1992), l’évolution de l’individu (l’ontogenèse,
terme apparu en 1874 et d’abord limité au développement de l’embryon).
Notons
que le terme de « sociogenèse » est également employé pour désigner le caractère social
de
l’ontogenèse (voir les théories socioculturelles, chap. 2, II).
À considérer tout d’abord les relations entre phylogenèse et ontogenèse, Ottavi
(2001, p. 40) rappelle que plusieurs auteurs ont inventé à peu près simultanément la
fameuse loi de
« récapitulation »
À considérer tout d’abord les relations entre phylogenèse et ontogenèse, Ottavi
(2001, p. 40) rappelle que plusieurs auteurs ont inventé à peu près simultanément la
fameuse loi de « récapitulation » que l’on attribue habituellement à
Ernst Haeckel
1866
la
fameuse loi de « récapitulation » que l’on attribue habituellement à Ernst Haeckel
(1866). Cette loi, d’abord formulée à propos de l’embryon, stipule que, au cours de son
développement, l’individu reproduirait en raccourci temporel la succession des
formes
d’évolution de son espèce.
Quant à l’évolution des sociétés, il est véritablement surprenant de relire les textes de l’époque où l’idée d’une hiérarchie entre les
« races » apparaît
comme une évidence qui n’a même pas besoin d’être discutée.
L’enfant en développement
est alors assimilé au
« primitif» qui est lui aussi considéré comme « moins
développé ».
Par exemple Herbert Spencer écrit en 1876 (p. 47) : « On comprendra les
différences qui existent entre les races selon que la structure de leur cerveau est plus ou
moins développée, si l’on se rappelle quelles sont au milieu de nous les dissemblances
entre l’intelligence d’un enfant et celle d’un homme fait, dissemblances qui représentent
si bien la différence existant entre
l’intelligence des sauvages et celle des hommes civilisés.
»
Cette croyance en la possibilité de situer les groupes sociaux sur une
échelle
d’évolution perdurera fort longtemps.
Dans le manuel de psychologie de l’enfant coordonné
par Leonard Carmichael (1946/1952), on trouve encore un chapitre intitulé
« Recherches sur les enfants primitifs
Dans le manuel de psychologie de l’enfant coordonné
par Leonard Carmichael (1946/1952), on trouve encore un chapitre intitulé
« Recherches sur les enfants primitifs », c’est-à-dire sur les enfants des sociétés encore
qualifiées de « primitives », et ce chapitre est rédigé par…
Margaret Mead que l’on ne
peut soupçonner d’ethnocentrisme.
De nos jours, si l’on parle de « sociogenèse » (en
particulier sous la plume de Cellerier et Ducret, 1992) c’est pour désigner les transformations
culturelles inhérentes à toute société mais sans
hiérarchisation évaluative.
Revenons au xixe siècle, où les comparaisons que l’on vient d’évoquer ne sont pas
simplement descriptives. Elles s’insèrent au contraire dans des débats théoriques dont
on peut rappeler trois aspects. Le premier aspect a tout d’abord concerné
l’embryologie. Il oppose, depuis la fin du )(vile siècle les préformationnistes aux théories
épigénétiques du développement de l’embryon. Selon les premiers, tout l’individu
se
trouve déjà présent soit dans l’ceuf (pour certains) soit dans le spermatozoïde (pour les
autres), et ce « germe » n’a plus qu’à grandir.