devoirs 2015 Flashcards
Texte 2
Burnout en contexte professionnel soignant : la valorisation sociale des explications causales en termes d’effort, par Catherine Esnard et collègues.
-Pourquoi le type d’explications causales mobilisées par le sujet-cible influence-t-il le pronostic d’évolution, ainsi que les traits de personnalité attribués ?
Les résultats indiquent que le type d’explications causales a un effet sur le pronostic d’évolution. Les participants ont attribué le meilleur score d’évolution au cas présentant un discours de type « effort » (score = 3.88), comparativement aux discours « traits » (3.35), « autrui » (3.30) et « hasard » (2.80).
Concernant les traits de personnalité, les résultats indiquent que les participants ont attribué plus significativement plus de traits au cas « effort » (15.18), puis ensuite au cas « traits » (13 .98), au cas « autrui » (13 .87) et enfin au cas « hasard » (12.46). Si l’on considère les résultats en groupant « effort » et « traits » d’un côté (explications internes), et « autrui » et « hasard » de l’autre (explications externes), on constate là-aussi une différence significative.
On constate aussi que le type de discours a un effet significatif sur la nature des traits attribués (utilité sociale vs désirabilité sociale). Le graphique présenté ci-dessous, issu de l’article, montre que le cas « effort » reçoit beaucoup plus de traits « utilité sociale » que les trois autres cas. On note aussi que dans les cas « autrui » et « hasard », les proportions sont inversées : les traits « désirabilité sociale » sont plus nombreux que les traits « utilité sociale ».
Ces résultats se placent dans la tradition des études portant sur la norme d’internalité. Globalement on observe que les 2 cas internes (effort et traits) ont obtenu des scores plus élevés que les 2 cas externes (autrui et hasard), tant sur le plan des pronostics que sur le plan du nombre et de la nature des descripteurs. Le fait que les deux cas externes soient plus décrits en termes de désirabilité sociale que d’utilité sociale, laisse penser que les participants les ont perçus beaucoup plus selon leurs capacités à s’intégrer dans un collectif de travail, et moins sur leur potentialité à prendre des responsabilités (liée à l’utilité sociale). Le fait que les pronostics d’évolution soient meilleurs pour les deux cas internes (et surtout pour le cas « effort »), indique

que les participants ont « vu » dans l’internalité un gage de réussite bien meilleur que dans les cas externes.
Texte 2
Burnout en contexte professionnel soignant : la valorisation sociale des explications causales en termes d’effort, par Catherine Esnard et collègues.
-Pourquoi les résultats concernant le statut du répondant peuvent-ils être perçus comme un argument soutenant l’importance des rapports sociaux dans l’approche socio-cognitive ?
Cette question vise à pointer les éventuelles différences des réponses entre les deux populations interrogées : cadres de santé et personnels soignants. Les résultats indiquent qu’une différence significative est à relever, concernant les traits d’utilité sociale. Les cadres ont attribué significativement plus de traits d’utilité sociale (17.22) au cas « effort », par rapport aux trois autres cas, comparativement aux non cadres (15.83).
Ces résultats sont en phase avec une lecture socio-cognitive soulignant l’importance du statut social, et donc des pratiques et comportements associés, pour comprendre les discours et perceptions des individus. Ainsi, les cadres se distinguent des non cadres dans l’attribution nettement plus forte de descripteurs d’utilité sociale pour le cas « effort ». Cela peut être interprété ainsi : les cadres ont des pratiques de gestion et de management des personnels soignants, ce qui suppose qu’ils sont sensibles aux indicateurs de manifestation d’implication et d’engagement. Le discours « effort » est probablement celui qui illustre le mieux ces indicateurs. Les cadres le percevraient donc comme un gage d’implication, et donc d’utilité sociale dans le cadre de leur fonctions professionnelles, nettement plus favorable que les autres discours.
Article “Domination masculine et identité de genre”, par Armand Chatard et collègues.
Quelle est l’argumentation théorique à la base de la recherche présentée dans cet article? Quelle est l’hypothèse centrale développée ?
Cette recherche mobilise plusieurs éléments théoriques importants.
La problématique de départ est celle des inégalités sociales, et plus précisément celle de la répartition sociale inégale et permanente des groupes sociaux (blancs/noirs, hommes/femmes…). Pour tenter de comprendre et de donner du sens à ces inégalités persistantes, les analyses, aussi bien celles communes, quotidiennes et politiques, que celles scientifiques, s’organisent sur un axe opposant les facteurs “naturels” aux facteurs “sociaux”.
La psychologie sociale contribue à ces débats. Des chercheurs (Sidanius et Pratto, 1999) ont développé le concept de “dominance sociale” pour rendre compte de cette tendance à maintenir et reproduire les inégalités entre les groupes. Cette théorie propose que deux processus majeurs sont impliqués : les rapports de force de domination intergroupes, se traduisant par des inégalités d’accès aux ressources (politiques, de propriété, financière…), et la diffusion d’idéologies légitimant ces inégalités. L’adhésion individuelle à cette lecture de l’organisation sociale est nommée “orientation vers la dominance sociale” (ou social dominance orientation, SDO). Sidanius et Pratto attribuent un rôle important à la SDO dans la reproduction sociale, car elle serait associée, au niveau individuel, à des comportements et des stratégies visant à obtenir et préserver des avantages et des situations de domination sociale. Il s’agit maintenant de spécifier les résultats concernant les liens entre le sexe et la SDO.
Dans une étude portant sur 19000 participants issus de 10 pays, Sidanius et Pratto (1999) constatent que les hommes ont un score de SDO significativement plus élevé que les femmes. Le lien de la SDO avec la place dominante des hommes dans les rapports sociaux H/F est une hypothèse que bon nombre de travaux vont alimenter. Cependant une question mérite d’être posée, et investiguée : lorsque l’on constate que les hommes ont un score de SDO plus élevé que les femmes, est-ce parce que leur “nature biologique” d’hommes les conduit “naturellement” à adhérer à la SDO, ou bien est-ce parce qu’en tant qu’hommes, ils adhèrent à une identité de genre masculine, qui serait le lien avec une adhésion à la SDO ? Dans cet article, Chatard et ses collègues vont tester cette hypothèse alternative : l’effet du sexe sur l’adhésion à la SDO n’est pas direct, il est médiatisé par l’adhésion à une identité de genre. Ainsi, les hommes auraient un score de SDO
Quelle est l’argumentation théorique à la base de la recherche présentée dans cet article? Quelle est l’hypothèse centrale développée ?
plus élevé que les femmes car ils déclarent une identité de genre masculine plus forte que les femmes. Il convient alors de contrôler l’effet de l’adhésion à l’identité de genre, pour vérifier si l’effet du sexe sur la SDO est toujours significatif (pas de médiation de l’effet du sexe par le genre) ou non (médiation de l’effet du sexe par l’adhésion au genre).
Article “Domination masculine et identité de genre”, par Armand Chatard et collègues.
Qu’est-ce que l’hypothèse d’invariance de la SDO (orientation pour la dominance sociale) selon la variable “sexe” ?
Les facteurs qui peuvent influencer la SDO sont relatifs à la socialisation, le rang social, et à des caractéristiques individuelles stables (personnalité, sexe). Parmi ces caractéristiques individuelles, le sexe est identifié dans les études comme un facteur dont l’influence est systématiquement significative. Les hommes ont un score de SDO plus élevé que les femmes. C’est cette stabilité dans les études, de la corrélation entre le sexe et la SDO qui conduit certains chercheurs à évoquer “l’invariance de la SDO” selon le sexe.
Si cette corrélation est réelle, les auteurs ont bien du mal à l’expliquer, se satisfaisant d’un appel à la psychologie évolutionniste pour proposer que les hommes et les femmes ont connu des évolutions “naturelles” en partie distinctes, conduisant les hommes à des positions sociales de domination. L’analyse formulée par ces chercheurs repose sur l’apport hypothétique de l’adhésion à la SDO, plus forte chez les hommes pour expliquer, en partie, leur domination sociale à l’égard des femmes. Les caractéristiques naturelles distinguant les hommes et les femmes serviraient de bases stables, invariantes, pour expliquer cette orientation vers la dominance plus forte chez les hommes.
Article “Domination masculine et identité de genre”, par Armand Chatard et collègues.
Quel est l’intérêt de la variable “comparaison intergroupe/intragroupe/sans comparaison” ? Quel résultat est associé à cette variable ?
L’étude présentée ici s’attache à remettre en cause 2 postulats récurrents dans les travaux sur la SDO.
Le premier renvoie à la question précédente : les hommes sont “naturellement” orientés vers la dominance sociale. Cette étude a pour objectif de montrer que si les hommes ont des scores de SDO plus élevés que les femmes, c’est plus par leur adhésion à une identité de genre masculine, que par une orientation “biologiquement” déterminée.
Le deuxième est théoriquement en cohérence avec le premier : si l’on observe que la SDO est déterminée par un facteur d’origine sociale, et donc fluctuant, telle que l’identité de genre, alors on peut faire l’hypothèse que l’adhésion à la SDO peut être influencée par d’autres facteurs contextuels. Si cela se confirme, cela renforce la critique de la SDO comme “invariante”. Dans cette étude, c’est le contexte de comparaison sociale (intragroupe/intergroupe/sans comparaison) qui opérationnalise l’effet du contexte sur l’adhésion à la SDO.
Les résultats vérifient l’hypothèse formulée par Chatard et ses collègues : “Il en découle que les différences de sexe sur la mesure de l’identité de genre sont plus importantes dans le contexte intergroupes (Ms= 3.66 et 2.69) que dans le contexte neutre (Ms= 3.14 et 2.48), et plus importantes dans celui-ci que dans le contexte intragroupe (Ms= 3.15 et 2.69)” (p.119).
Qu’est-ce que l’hypothèse d’invariance de la SDO (orientation pour la dominance sociale) selon la variable “sexe” ?
Quel est l’intérêt de la variable “comparaison intergroupe/intragroupe/sans comparaison” ? Quel résultat est associé à cette variable ?
On note que les femmes sont peu sensibles au point de comparaison (intergroupe, moyenne = 2.69 / intragroupe, moyenne = 2.69). Par contre, on observe que les hommes sont beaucoup plus sensibles à ce point de comparaison (intergroupe, moyenne = 3.66 / intragroupe, moyenne =3.15). Comme l’indiquent les auteurs dans la partie discussion, ce résultat est cohérent avec les conclusions auxquelles parviennent les travaux sur les rapports groupes dominants/groupes dominés (Lorenzi-Cioldi, 2002) : les groupes dominés homogénéisent leur perception d’eux- mêmes, beaucoup plus que les groupes dominants. A l’inverse, les groupes dominants privilégient l’accentuation des différences individuelles, notamment lors de comparaisons intergroupes.
Article “Domination masculine et identité de genre”, par Armand Chatard et collègues.
Citez les résultats statistiques qui permettent de valider l’hypothèse de la médiation par l’identité de genre, de l’effet du sexe sur la SDO ?
Pour répondre à cette question il est possible de s’appuyer sur plusieurs données.
Les auteurs ont d’abord procédé à une ANOVA, avec pour VI le sexe (H/F), pour VD le score de SDO, et avec le score d’identité de genre pour covariable de la VI sexe. Cette ANOVA indique que l’effet significatif du sexe sur le SDO disparaît lorsque l’identité de genre est intégrée dans l’ANOVA en tant que covariable du sexe (F(1,696) = 1.22, ns).
Mais ce sont surtout les résultats issus de la régression linéaire qui donnent les éléments de médiation les plus significatifs. Le test de médiation par le genre, de l’effet du sexe sur le SDO, est présenté par groupe de sexe à la page 119. On voit que cet effet de médiation est significatif, aussi bien chez les H (β= .30, t(243) = 5.02, p