Développement théorique des RI Flashcards
RI et histoire des idées politiques
Quelles sont les trois traditions philosophiques de l’anarchie?
- Tradition réaliste: Hobbes (nature humaine), Rousseau (anarchie): “l’anarchie est une donnée constante, une structure déterminant objectivement le comportement des États qui sont les acteurs de référence au sein des RI”
- Tradition libérale: Grotius, Locke “l’anarchie est une variable évolutive, le produit des préférences subjectives des sociétés civiles elles-mêmes composéees d’individus, unité fondamentale de la scène internationale”
- Tradition globaliste: Kant, Marx “l’anarchie est un moment dialectique, une étape historique dans le processus d’émergence d’une communauté mondiale, dont l’humanité constitue in fine l’unité de base”
Développement RI en quatre débats
Quels sont les quatre débats?
- 1er débat (1930-40): Opposition entre libéralisme et réalisme. Pourquoi les relations internationales? C’est une attaque en règle des réalistes (qui cherchent à expliquer les RI) contre les “utopistes” (qui cherchent à changer la politique internationale).
- 2e débat (1960): Opposition épistémologique et méthodologique entre le réalisme classique et le behaviorisme. Comment les relations internationales? C’est une reproche du behaviorisme quant au “manque de scientificité” des RI.
- 3e débat (1970): Opposition ontologique entre le réalisme, le transnationalisme libéral et le marxisme. Sur quoi les relations internationales? Ce sont des approches finalement plus complémentaires qu’opposées (elles ne cherchent pas à expliquer le même monde).
- 4e débat (années 1980): Opposition entre positivisme dit “rationaliste” (néo-néo, transnationalistes et marxistes) et postpositivistes dit “reflexivistes” (critiques, postmodernistes, poststructuralistes, etc.). Peut-on étudier les RI? Développement d’une voie médiane avec une réalité intersubjective (constructivisme). Finalement, ces débats ont démontré l’absence de toute possibilité de connaissance cumulative en RI.
Débats métathéoriques
Différences entre théorie explicative et compréhensive?
Il y a deux grandes conceptions de la théorie, en fonction de l’objectif qu’on lui assigne.
* Théorie explicative: qui est objectiviste, présumant la séparabilité de l’observateur et de l’observé et la neutralité de la théorie, capable d’étudier et de connaître le monde objectivement. Cette théorie est héritée des Lumières et de la Renaissance, c’est le triomphe du rationalisme et des sciences de la nature. Idée que les RI sont déterminées par des causes objectives et existant indépendamment de la conscience que peuvent en avoir les acteurs que les mêmes causes provoquent les mêmes effets. Celle-ci s’est imposée en RI avec le mouvement behavioriste, qui souligne la différence entre comprendre et expliquer (ex. Waltz: de sa théorie il définit les structures et unités des RI comme explications nomologico-causale, comparables aux sciences naturelles)
* Théorie compréhensive: qui cherche à comprendre ou interpréter, qui présume la non-séparabilité de l’observateur et de l’observé et affirme qu’on ne peut prétendre à l’objectivité, car le regard lui-même étant constituant, les théories contribuent à la construction du monde. C’est le rejet du positivisme et de son universalisme rationaliste. (ex. Aron: il ne peut y avoir de théorie « pure » des RI, car on ne peut prêter aux États un objectif unique, car on ne peut pas discriminer entre variables endogènes et exogènes. Pour Aron, toute étude des RI doit être sociologique.)
Débats métathéoriques
Quels sont les types de théories?
Il faut s’interroger sur les objectifs avoués (ou non) de l’approche théorie qui est utilisée.
- Théories critiques (Cox): celles qui proposent une critique des fondements mêmes du système; elles cherchent à comprendre comment on en est arrivé là et à transformer le système ou du moins à le comprendre autrement
- “Problem-solving théory”: qui cherchent à résoudre des problèmes dans le système international; elles prennent le monde tel qu’elles le trouvent, avec les rapports sociaux et de pouvoir existants et les institutions à l’intérieur desquelles ils sont organisés, ce sont des théories conservatrices de statu quo.
- Théories normatives: qui évalue les politiques étrangères par des jugements normatifs, c’est-à-dire formulés en termes de bien et de mal. Elle puise son origine dans l’idéalisme de l’entre-deux-guerres.
Débats métathéoriques?
Quels sont les courants philosophiques?
- Positivistes: Ce qui caractérise ce mouvement, c’est sa volonté d’identifier et d’expliquer les régularités transhistoriques ou des lois de la nature à l’aide de lois théories et expérimentales. Il est possible d’identifier des régularités menant à des lois générales par la répétition des observations. La causalité est découverte par la détection de régularité dans les comportements observables. L’existence doit être perçue par les sens.
- Postpositivistes: Le postpositivisme rompt avec le positivisme au niveau de sa conception du sujet et la relation qu’entretient ce sujet avec son objet de connaissance. Le postpositivisme cherche à situer le sujet connaissant dans son contexte social et historique, et à comprendre comment les conditions sociales qui ont participé à la formation de sa subjectivité influencent la façon dont il questionne et analyse son objet de connaissance.
Débats métathéoriques
Quelles sont les approches méthodologiques?
- Rationalisme (Keohane): est essentiellement une méthodologie construite d’un engagement à une description positiviste de la science. Elle accepte la complexité du monde social, mais en ignore la majorité pour produire des prédictions sur du savoir particulier des individus. Il faut traiter les individus, et par extension les États, comme des “utility maximiser” et ignorer les autres aspects de l’être social.
- Reflectivisme: Toutefois, ce rationalisme est critiqué par les théories critiques, le constructivisme, le structuralisme et le féminisme, ce que Keohane appelle les “approches reflecivistes”, car elles rejettent les approches positivistes/explicatives des théories RI, et mettent l’accent plutôt sur la réflexivité et la nature non-neutre des explications sociales et politiques.
Concepts clefs
Qu’est-ce que la théorie du choix rationnel?
Il s’inspire des modèles économiques, la théorie du choix rationnel se conçoit comme une méthode selon laquelle nous expliquons les actions individuelles et collectives des agents comme la poursuite d’objectifs, réalisée sous la contrainte. Elle suppose que, lorsque vient le temps d’agir sur la scène internationale, les différents acteurs internationaux font face à une multitude d’actions possibles et doivent faire un choix. Ainsi, les acteurs évaluent les gains et les coûts associés à chacun des scénarios possibles afin de déterminer l’option maximisant leur bien-être. Le comportement des agents sur la scène internationale est tributaire d’un calcul rationnel soupesant l’ensemble des options possibles.
Concepts clefs
Qu’est-ce qu’un tournant en RI? Est-ce la fin de la théorie en RI?
En Europe, de nombreux chercheurs choisissent de se situer implicitement ou explicitement avec leur contribution à l’intérieur d’un tournant que prendrait la discipline, ou qu’ils aimeraient qu’elle prenne, plutôt que de s’associer à un paradigme. Les tournants se sont donc multipliés.
Ces tournants ont en commun trois caractéristiques (1) Ils sont centrés sur un objet d’étude vers lequel convergent différents travaux (ex. les émotions, les images, etc.) (2) Une pluralité de chercheurs se tournent vers eux (d’où la nécessité de nouveaux labels) et (3) Ils innovent par rapport à ce qui existait avant.
L’évolution de chaque tournant comporte des étapes similaires : Ils partent tous d’un constant d’un manque dans la discipline. À partir de ce manque, quelques précurseurs identifient une voie à suivre en créant le label auquel ils espèrent accoler leur nom. Ils proposent ensuite des analyses théoriquement élaborées et empiriquement solide des nouveaux phénomènes qu’il s’agit de comprendre. Viennent alors une série de débats épistémologiques et méthodologiques qui répondent aux appels à non plus seulement étudier un aspect des RI inexploré jusqu’ici, mais à l’étudier de façon rigoureuse et méta-théoriquement rigoureuse. Ces débats amènent généralement à des questionnements sur les limites théoriques, métathéoriques et empiriques de chaque tournant. Finalement, il se produit un appel à retourner à l’élaboration de travaux empiriques à même de ne pas faire perdre l’élan initial qui avait rendu nécessaire le tournant en question et d’éviter qu’il tombe dans le piège des paradigmes précédents en s’enfermant dans des débats théoriques insolubles et abstraits.
Ces tournants sont attractifs (1) Car associés à un choix du pluralisme théorique (2) Attrait pour les recherches empiriques (3) Pour ceux qui ne cherchent pas à se constituer en paradigme.
Les tournants complètent les paradigmes existants en prolongeant leurs analyses, plutôt que de s’engager avec un au sein d’un dialogue d’égal à égal ou de prétendre les remplacer. C’est d’autant plus vrai que l’ancrage est souvent interdisciplinaire.
Concepts clefs
Quel est le concept de “niveaux d’analyse”?
Entre dans le vocabulaire des RI avec Singer (1961), mais Waltz qui établit les termes du débat (1959, 1979). Il parle de trois “images” des RI. 1ère image: les individus (le caractère, les ambitions et les actions des décideurs politiques). 2e image: les États (la nature du régime, les forces politiques et sociales). 3e image: le système international (avant tout on parle de sa nature anarchique). Définition (Buzan): Le problème du niveau d’analyse concerne la façon d’identifier et de traiter différents types de lieux où on peut trouver des sources d’explication pour des phénomènes observés. Le niveau à privilégier dépend de l’approche théorique, de l’objet, etc.
Attributs de la science
Qu’est-ce que l’ontologie?
C’est la branche de la philosophie qui s’intéresse à l’étude de l’être en tant qu’être, c’est-à-dire l’étude des entités dont on peut affirmer qu’elles existent et de ce que cela implique d’affirmer qu’elles existent. L’ontologie propose une définition du cadre, du contenu et des éléments qui constituent les RI. Ces questions, au sein de la discipline, s’intéressent à la spécificité des RI, soit de ce qui distingue ce champ des autres.
Attributs de la science
Qu’est-ce que la méthodologie?
Elle s’intéresse à la façon dont on fait de la recherche en RI. Les approches qualitatives sont aujourd’hui les plus employées, les méthodes les plus populaires sont les études de cas comparatives, les études de cas isolées, l’analyse discursive, l’analyse de contenu, le récit analytique. Les autres approches sont quantitatives, emiriques, basées sur la théorie du choix rationnel ou la théorie des jeux, procédant à partir d’exemples historiques, ou en analysant les rapports de forces entre les acteurs.
Attributs de la science
Qu’est-ce que l’épistémologie?
C’est un domaine de la philosophie qui s’intéresse à la nature, les origines, l’acquisition et la vérification des connaissances. Elle s’intéresse à la façon dont on acquiert des connaissances et dont on tente de tracer la ligne de démarcation entre la connaissance valide et invalide; intérêt sur la connaissance en tant que tel, soit à la réflexion sur ce que signifie connaître, savoir et croire en la vérité, la validité ou la justesse d’une proposition. Il existe différents types d’épistémologie: l’empirisme, où l’ensemble de nos connaissances valides est dérivé de l’expérience sensible à travers l’observation et l’expérimentation, avec le risque de croire en l’objectivité de l’observation. L’idéalisme, à distinguer de l’idéalisme comme théorie RI; la réalité est fondamentalement de nature mentale, l’ensemble de nos connaissances sont filtrées par des catégories a priori de notre entendement.
Attributs de la science
Qu’est-ce que la normativité?
C’est la position éthique, idéologique, sociale ou politique qui sous-tend la théorie et qui l’oriente. Toute théorie est normative, même si pas toujours assumée, car elles ont toutes un point de vue, une perspective, même si elles revendiquent une parfaite objectivité. Toute théorie, même celles prétendument purement explicatives ou empiriques, comporte une dimension éthique souvent implicite. Certains en font une dimension explicite, ils appartiennent à la théorie normative ou éthique des RI.
Attributs de la science
Qu’est-ce que l’heuristique?
Méthode ou discipline méthodologique dont le sujet est la solution de problème dans des conditions d’incertitude. Art de faire des découvertes, ou d’inventer en résolvant des problèmes avec des connaissances incomplètes. Permet d’arriver à des solutions acceptables compte tenu des connaissances disponibles. Une heuristique négative c’est les voies qui doivent être éviter dans un programme de recherche.
Textes
Raymond Aron 1967 (Qu’est-ce qu’une théorie des RI?)
Ce texte s’inscrit dans un moment où Morgenthau est l’auteur marquant. Il réfute sa conception de la théorie générale (système hypothético-déductif) des RI, sa conception de l’intérêt national et du champ des RI. Pour Aron, la théorie de l’intérêt nationale (avancée par Morgenthau) n’est pas une théorie, c’est une pseudo-théorie ou une idée vague et incontestable, car on ne peut pas prêter aux acteurs ni à travers les siècles ni en un système donné un objectif unique d’une certaine “maximisation”. Aron privilégie une conception compréhensive à travers l’analyse sociologique des buts des États. Il y a des situations régulières, chaque situation présente des traits singuliers, trop pour que la déduction à partir de généralités puissent se substituer à l’intuition. Ce faisant, il devient un des premiers auteurs « compréhensif » versus « explicatif » de Morgenthau. De plus, Aron définit le sous-système des RI comme “légitimité et légalité du recours à la force armée de la part des acteurs” et la société internationale comme « la société internationale est caractérisée par l’absence d’une instance qui détienne le monopole de la violence légitime”.