Développement théorique des RI Flashcards

1
Q

RI et histoire des idées politiques

Quelles sont les trois traditions philosophiques de l’anarchie?

A
  1. Tradition réaliste: Hobbes (nature humaine), Rousseau (anarchie): “l’anarchie est une donnée constante, une structure déterminant objectivement le comportement des États qui sont les acteurs de référence au sein des RI”
  2. Tradition libérale: Grotius, Locke “l’anarchie est une variable évolutive, le produit des préférences subjectives des sociétés civiles elles-mêmes composéees d’individus, unité fondamentale de la scène internationale”
  3. Tradition globaliste: Kant, Marx “l’anarchie est un moment dialectique, une étape historique dans le processus d’émergence d’une communauté mondiale, dont l’humanité constitue in fine l’unité de base”
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2
Q

Développement RI en quatre débats

Quels sont les quatre débats?

A
  1. 1er débat (1930-40): Opposition entre libéralisme et réalisme. Pourquoi les relations internationales? C’est une attaque en règle des réalistes (qui cherchent à expliquer les RI) contre les “utopistes” (qui cherchent à changer la politique internationale).
  2. 2e débat (1960): Opposition épistémologique et méthodologique entre le réalisme classique et le behaviorisme. Comment les relations internationales? C’est une reproche du behaviorisme quant au “manque de scientificité” des RI.
  3. 3e débat (1970): Opposition ontologique entre le réalisme, le transnationalisme libéral et le marxisme. Sur quoi les relations internationales? Ce sont des approches finalement plus complémentaires qu’opposées (elles ne cherchent pas à expliquer le même monde).
  4. 4e débat (années 1980): Opposition entre positivisme dit “rationaliste” (néo-néo, transnationalistes et marxistes) et postpositivistes dit “reflexivistes” (critiques, postmodernistes, poststructuralistes, etc.). Peut-on étudier les RI? Développement d’une voie médiane avec une réalité intersubjective (constructivisme). Finalement, ces débats ont démontré l’absence de toute possibilité de connaissance cumulative en RI.
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3
Q

Débats métathéoriques

Différences entre théorie explicative et compréhensive?

A

Il y a deux grandes conceptions de la théorie, en fonction de l’objectif qu’on lui assigne.
* Théorie explicative: qui est objectiviste, présumant la séparabilité de l’observateur et de l’observé et la neutralité de la théorie, capable d’étudier et de connaître le monde objectivement. Cette théorie est héritée des Lumières et de la Renaissance, c’est le triomphe du rationalisme et des sciences de la nature. Idée que les RI sont déterminées par des causes objectives et existant indépendamment de la conscience que peuvent en avoir les acteurs que les mêmes causes provoquent les mêmes effets. Celle-ci s’est imposée en RI avec le mouvement behavioriste, qui souligne la différence entre comprendre et expliquer (ex. Waltz: de sa théorie il définit les structures et unités des RI comme explications nomologico-causale, comparables aux sciences naturelles)
* Théorie compréhensive: qui cherche à comprendre ou interpréter, qui présume la non-séparabilité de l’observateur et de l’observé et affirme qu’on ne peut prétendre à l’objectivité, car le regard lui-même étant constituant, les théories contribuent à la construction du monde. C’est le rejet du positivisme et de son universalisme rationaliste. (ex. Aron: il ne peut y avoir de théorie « pure » des RI, car on ne peut prêter aux États un objectif unique, car on ne peut pas discriminer entre variables endogènes et exogènes. Pour Aron, toute étude des RI doit être sociologique.)

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4
Q

Débats métathéoriques

Quels sont les types de théories?

A

Il faut s’interroger sur les objectifs avoués (ou non) de l’approche théorie qui est utilisée.

  • Théories critiques (Cox): celles qui proposent une critique des fondements mêmes du système; elles cherchent à comprendre comment on en est arrivé là et à transformer le système ou du moins à le comprendre autrement
  • “Problem-solving théory”: qui cherchent à résoudre des problèmes dans le système international; elles prennent le monde tel qu’elles le trouvent, avec les rapports sociaux et de pouvoir existants et les institutions à l’intérieur desquelles ils sont organisés, ce sont des théories conservatrices de statu quo.
  • Théories normatives: qui évalue les politiques étrangères par des jugements normatifs, c’est-à-dire formulés en termes de bien et de mal. Elle puise son origine dans l’idéalisme de l’entre-deux-guerres.
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5
Q

Débats métathéoriques?

Quels sont les courants philosophiques?

A
  • Positivistes: Ce qui caractérise ce mouvement, c’est sa volonté d’identifier et d’expliquer les régularités transhistoriques ou des lois de la nature à l’aide de lois théories et expérimentales. Il est possible d’identifier des régularités menant à des lois générales par la répétition des observations. La causalité est découverte par la détection de régularité dans les comportements observables. L’existence doit être perçue par les sens.
  • Postpositivistes: Le postpositivisme rompt avec le positivisme au niveau de sa conception du sujet et la relation qu’entretient ce sujet avec son objet de connaissance. Le postpositivisme cherche à situer le sujet connaissant dans son contexte social et historique, et à comprendre comment les conditions sociales qui ont participé à la formation de sa subjectivité influencent la façon dont il questionne et analyse son objet de connaissance.
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6
Q

Débats métathéoriques

Quelles sont les approches méthodologiques?

A
  • Rationalisme (Keohane): est essentiellement une méthodologie construite d’un engagement à une description positiviste de la science. Elle accepte la complexité du monde social, mais en ignore la majorité pour produire des prédictions sur du savoir particulier des individus. Il faut traiter les individus, et par extension les États, comme des “utility maximiser” et ignorer les autres aspects de l’être social.
  • Reflectivisme: Toutefois, ce rationalisme est critiqué par les théories critiques, le constructivisme, le structuralisme et le féminisme, ce que Keohane appelle les “approches reflecivistes”, car elles rejettent les approches positivistes/explicatives des théories RI, et mettent l’accent plutôt sur la réflexivité et la nature non-neutre des explications sociales et politiques.
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7
Q

Concepts clefs

Qu’est-ce que la théorie du choix rationnel?

A

Il s’inspire des modèles économiques, la théorie du choix rationnel se conçoit comme une méthode selon laquelle nous expliquons les actions individuelles et collectives des agents comme la poursuite d’objectifs, réalisée sous la contrainte. Elle suppose que, lorsque vient le temps d’agir sur la scène internationale, les différents acteurs internationaux font face à une multitude d’actions possibles et doivent faire un choix. Ainsi, les acteurs évaluent les gains et les coûts associés à chacun des scénarios possibles afin de déterminer l’option maximisant leur bien-être. Le comportement des agents sur la scène internationale est tributaire d’un calcul rationnel soupesant l’ensemble des options possibles.

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8
Q

Concepts clefs

Qu’est-ce qu’un tournant en RI? Est-ce la fin de la théorie en RI?

A

En Europe, de nombreux chercheurs choisissent de se situer implicitement ou explicitement avec leur contribution à l’intérieur d’un tournant que prendrait la discipline, ou qu’ils aimeraient qu’elle prenne, plutôt que de s’associer à un paradigme. Les tournants se sont donc multipliés.

Ces tournants ont en commun trois caractéristiques (1) Ils sont centrés sur un objet d’étude vers lequel convergent différents travaux (ex. les émotions, les images, etc.) (2) Une pluralité de chercheurs se tournent vers eux (d’où la nécessité de nouveaux labels) et (3) Ils innovent par rapport à ce qui existait avant.

L’évolution de chaque tournant comporte des étapes similaires : Ils partent tous d’un constant d’un manque dans la discipline. À partir de ce manque, quelques précurseurs identifient une voie à suivre en créant le label auquel ils espèrent accoler leur nom. Ils proposent ensuite des analyses théoriquement élaborées et empiriquement solide des nouveaux phénomènes qu’il s’agit de comprendre. Viennent alors une série de débats épistémologiques et méthodologiques qui répondent aux appels à non plus seulement étudier un aspect des RI inexploré jusqu’ici, mais à l’étudier de façon rigoureuse et méta-théoriquement rigoureuse. Ces débats amènent généralement à des questionnements sur les limites théoriques, métathéoriques et empiriques de chaque tournant. Finalement, il se produit un appel à retourner à l’élaboration de travaux empiriques à même de ne pas faire perdre l’élan initial qui avait rendu nécessaire le tournant en question et d’éviter qu’il tombe dans le piège des paradigmes précédents en s’enfermant dans des débats théoriques insolubles et abstraits.

Ces tournants sont attractifs (1) Car associés à un choix du pluralisme théorique (2) Attrait pour les recherches empiriques (3) Pour ceux qui ne cherchent pas à se constituer en paradigme.

Les tournants complètent les paradigmes existants en prolongeant leurs analyses, plutôt que de s’engager avec un au sein d’un dialogue d’égal à égal ou de prétendre les remplacer. C’est d’autant plus vrai que l’ancrage est souvent interdisciplinaire.

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9
Q

Concepts clefs

Quel est le concept de “niveaux d’analyse”?

A

Entre dans le vocabulaire des RI avec Singer (1961), mais Waltz qui établit les termes du débat (1959, 1979). Il parle de trois “images” des RI. 1ère image: les individus (le caractère, les ambitions et les actions des décideurs politiques). 2e image: les États (la nature du régime, les forces politiques et sociales). 3e image: le système international (avant tout on parle de sa nature anarchique). Définition (Buzan): Le problème du niveau d’analyse concerne la façon d’identifier et de traiter différents types de lieux où on peut trouver des sources d’explication pour des phénomènes observés. Le niveau à privilégier dépend de l’approche théorique, de l’objet, etc.

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10
Q

Attributs de la science

Qu’est-ce que l’ontologie?

A

C’est la branche de la philosophie qui s’intéresse à l’étude de l’être en tant qu’être, c’est-à-dire l’étude des entités dont on peut affirmer qu’elles existent et de ce que cela implique d’affirmer qu’elles existent. L’ontologie propose une définition du cadre, du contenu et des éléments qui constituent les RI. Ces questions, au sein de la discipline, s’intéressent à la spécificité des RI, soit de ce qui distingue ce champ des autres.

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11
Q

Attributs de la science

Qu’est-ce que la méthodologie?

A

Elle s’intéresse à la façon dont on fait de la recherche en RI. Les approches qualitatives sont aujourd’hui les plus employées, les méthodes les plus populaires sont les études de cas comparatives, les études de cas isolées, l’analyse discursive, l’analyse de contenu, le récit analytique. Les autres approches sont quantitatives, emiriques, basées sur la théorie du choix rationnel ou la théorie des jeux, procédant à partir d’exemples historiques, ou en analysant les rapports de forces entre les acteurs.

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12
Q

Attributs de la science

Qu’est-ce que l’épistémologie?

A

C’est un domaine de la philosophie qui s’intéresse à la nature, les origines, l’acquisition et la vérification des connaissances. Elle s’intéresse à la façon dont on acquiert des connaissances et dont on tente de tracer la ligne de démarcation entre la connaissance valide et invalide; intérêt sur la connaissance en tant que tel, soit à la réflexion sur ce que signifie connaître, savoir et croire en la vérité, la validité ou la justesse d’une proposition. Il existe différents types d’épistémologie: l’empirisme, où l’ensemble de nos connaissances valides est dérivé de l’expérience sensible à travers l’observation et l’expérimentation, avec le risque de croire en l’objectivité de l’observation. L’idéalisme, à distinguer de l’idéalisme comme théorie RI; la réalité est fondamentalement de nature mentale, l’ensemble de nos connaissances sont filtrées par des catégories a priori de notre entendement.

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13
Q

Attributs de la science

Qu’est-ce que la normativité?

A

C’est la position éthique, idéologique, sociale ou politique qui sous-tend la théorie et qui l’oriente. Toute théorie est normative, même si pas toujours assumée, car elles ont toutes un point de vue, une perspective, même si elles revendiquent une parfaite objectivité. Toute théorie, même celles prétendument purement explicatives ou empiriques, comporte une dimension éthique souvent implicite. Certains en font une dimension explicite, ils appartiennent à la théorie normative ou éthique des RI.

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14
Q

Attributs de la science

Qu’est-ce que l’heuristique?

A

Méthode ou discipline méthodologique dont le sujet est la solution de problème dans des conditions d’incertitude. Art de faire des découvertes, ou d’inventer en résolvant des problèmes avec des connaissances incomplètes. Permet d’arriver à des solutions acceptables compte tenu des connaissances disponibles. Une heuristique négative c’est les voies qui doivent être éviter dans un programme de recherche.

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15
Q

Textes

Raymond Aron 1967 (Qu’est-ce qu’une théorie des RI?)

A

Ce texte s’inscrit dans un moment où Morgenthau est l’auteur marquant. Il réfute sa conception de la théorie générale (système hypothético-déductif) des RI, sa conception de l’intérêt national et du champ des RI. Pour Aron, la théorie de l’intérêt nationale (avancée par Morgenthau) n’est pas une théorie, c’est une pseudo-théorie ou une idée vague et incontestable, car on ne peut pas prêter aux acteurs ni à travers les siècles ni en un système donné un objectif unique d’une certaine “maximisation”. Aron privilégie une conception compréhensive à travers l’analyse sociologique des buts des États. Il y a des situations régulières, chaque situation présente des traits singuliers, trop pour que la déduction à partir de généralités puissent se substituer à l’intuition. Ce faisant, il devient un des premiers auteurs « compréhensif » versus « explicatif » de Morgenthau. De plus, Aron définit le sous-système des RI comme “légitimité et légalité du recours à la force armée de la part des acteurs” et la société internationale comme « la société internationale est caractérisée par l’absence d’une instance qui détienne le monopole de la violence légitime”.

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16
Q

Textes

Stanley Hoffmann 1977 (An American Social Science: International Relations)

A

Les RI sont devenues une discipline aux É-U avant tout. Les circonstances étaient la croissance des É-U comme puissance mondiale, accompagnée par deux impulsions contradictoires, soit l’utopisme renouvelée et une révulsion contre l’idéalisme américain impotent post-PGm. “Père fondateur”: Morgenthau. Il critique l’utopisme et veut enseigner aux nouvelles puissances les leçons d’une Europe suicidaire. Trois raisons de développement des RI: (1) Prédispositions intellectuelles (“applied enlightment” comme idéologie nationale; pas le même scepticisme envers la science sociale; immigration d’intellectuels étrangers) (2) circonstances politiques (étrangers qui cherchent à comprendre cata euro; É-U source de pouvoir et attrait de recherche) (3) opportunités institutionnelles (liens entre le monde académique et politique; relais entre l’académie et le politique; flexibilité de l’université et absence de régulations publiques). ⇒ Ajd, le champ a pris des traits distinctifs américains (1) quête de la certitude (2) prépondérance de recherche sur le présent. Hoffmann appuie la critique d’Aron contre Morgenthau. Frustration double quête de développement d’une science et qui serait utile. Bcp de théories seraient de “grandes conceptualisations”, il appuie la critique de la théorie générale de Aron (ex. Waltz théorie si “rigoureuse” qu’elle laisse tomber bcp de réalité qu’elle cherche à expliquer). Trois conseils, (1) se distancier du présent (aller vers l’histoire) (2) se distance de la perspective centrée sur les É-U (3) se distancer de la science pour les décisions politiques.

17
Q

Textes

Robert Cox 1981 (Social Forces, States and World Orders: Beyond International Relations Theory)

A

Ce texte de Cox amène à penser au-delà des limites de la théorisation conventionnelle et d’enquêter sur les prémisses qui sous-tendent et lient les RI et la réflexion académique. Il crée la distinction entre théorie « critique » et « résolution de problème » (problem-solving theory). La théorie est toujours pour quelqu’un et pour un objectif. Toute théorie a une perspective, cette perspective découle d’une position dans le temps et dans l’espace, particulièrement dans le temps et l’espace social et politique. Il n’y a pas de théorie en elle-même, qui soit divorcée du temps et de l’espace. La résolution de problèmes prend le monde tel qu’il est et se concentre sur la correction de certains dysfonctionnements, de certains problèmes spécifiques. La théorie critique s’intéresse à la façon dont le monde, c’est-à-dire toutes les conditions que la théorie de la résolution de problèmes prend comme cadre donné, peut changer. Parce que la théorie de la résolution de problèmes doit prendre les relations de pouvoir existantes de base comme données, elle sera biaisée vers la perpétuation de ces relations, tendant ainsi à rendre l’ordre existant hégémonique.

18
Q

Textes

Ole Waever 1996 (The Rise and Fall of the Inter-Paradigm Debate)

A

En faisant l’histoire des trois premiers débats dans l’histoire des RI, puis en s’intéressant particulièrement au débat interparadigmatique, Weaver souligne deux éléments : était-ce réellement un débat ? Oui, car schémas de comportements et d’attitudes qui ont changé dans les années 1970, mais d’un autre côté, non, car débat artificiel qui a servie à présenter, enseigner et l’autoréflexion ex post. A-t-on raison de parler d’incommensurabilité ? Selon Waever, non : l’auteur ne croit pas en l’incommensurabilité totale des trois paradigmes. Selon lui, dans les années 1990, les paradigmes sont pensés en division du travail. Chaque approche explique une même réalité sociale, mais qui ne se chevauche pas. Elles ne compétitionnent plus, mais prennent des angles de vue différents. On ne doit pas les tester les unes contre les autres. Si ces paradigmes expliquent une même réalité sociale, elles n’expliquent pas la même chose. Vers la fin du débat, mouvement vers synthèse néo-néo : le débat (émergence d’un 4e) devient entre rationalisme et reflectivisme (débat postmoderniste), ie entre la synthèse néo-néo c. reflectivisme

19
Q

Textes

Jens Bartelson 2006 (Y-a-t-il encore des RI?)

A

Cet article traite de l’enjeu de l’identité de la discipline des RI. Il y a une convergence de changements politiques et épistémologiques qui mènent à des préoccupations envers l’identité disciplinaire des RI. L’émergence de la discipline vient d’un discours sur la souveraineté. Il y a une historiographie qui a conceptualisé l’État comme une entité ayant immuablement traversé l’histoire. Aujourd’hui, les RI feraient face à une alternative : soit choisir de conserver les principes centrés sur l’État pour préserver une identité disciplinaire héritée, ou prendre un virage mondial et sacrifier une perte d’autonomie. Pour l’auteur, il s’agit d’un faux problème : il est possible de tirer parti des deux solutions, si on redéfinit notre ontologie sociale en vue de comprendre les complexités d’une « société mondiale » émergente. Selon lui, cette intégration a été difficile, parce que la théorie des RI a été sélective dans la réception du tournant linguistique, ce qui a conduit à un consensus autour d’un constructivisme modéré (État existe, mais identités et intérêts construits). Ce n’est que lorsque nous aurons convenu de la nature purement symbolique du social que nous pourrons être tout à fait objectifs à propos de ce qui se passe dans ce monde. Il faut aller vers le langage (constructivisme ontologique) pour s’intéresser aux différentes formes d’organisations sociales dans la « société mondiale » et mettre l’accent sur l’avantage comparatif des RI, soit l’exploration des rapports sans autorité suprême.

20
Q

Textes

Stanley Hoffman 2006 (Raymond Aron et la théorie des RI)

A

Résumé de la contribution scientifique de Raymond Aron à la théorie des RI par Stanley Hoffmann. Double originalité de Aron: (1) Par rapport aux travaux en France: création d’une véritable discipline autonome des RI, située au carrefour de l’histoire, du droit, de l’économique, mais aussi de la science politique et de la sociologie. Celle-ci est caractérisée par un ensemble cohérent et rigoureux de questions sur un type original d’action: les actions représentants des unités, diplomates et soldats, sur la scène internationale (2) Par rapport aux spécialistes américains, ses constructions sont plus “souples” et ses analyses ont parfois précédés celles américaines. Les analyses de Aron semblent se rattacher à l’école réaliste, pourtant quelques différences : (1) Au niveau conceptuel: il refuse de voir dans la quête de la puissance l’essence de toute politique, il distingue politique intérieure et extérieure, il distingue puissance comme moyen et comme fin. En plus, il se méfie des concepts passe-partout qui semblent cerner la spécificité de la conduite diplomatico-stratégique, il critique comme ça la notion d’intérêt national (critique des concepts trop abstraits et simplistes). (2) Il faut soumettre la théorie à l’histoire, il s’agit d’une sociologie historique. (3) Il est critique du primat réaliste de la politique extérieure. (4) Différences du rapport entre système interétatique et système économie mondial. Pour Aron, le système économique est partiellement indépendant du système diplomatique-stratégique, et il ne se laisse pas réduire aux règles quasi belliqueuses du mercantilisme.

21
Q

Textes

Benjamin De Carvalho, Leira Halvard, et John M. Hobson 2011 (The Big Bangs of IR: The Myths that Your Teachers Still Tell You About 1648 and 1919)

A

L’article remet en question deux mythes fondamentaux dans le domaine des Relations Internationales (RI) : le “mythe de 1648” lié à l’État souverain et au système anarchique, et le “mythe de 1919” concernant l’origine de la discipline. Le mythe de 1648, basé sur le traité de Westphalie, est critiqué pour sa simplification de l’évolution de la souveraineté et du système d’États, occultant ainsi une histoire complexe. De même, le mythe de 1919, qui lie la naissance de la discipline aux événements de la Première Guerre mondiale, est remis en question pour son caractère eurocentrique et son rôle dans la perpétuation de l’impérialisme. Ces mythes persistent en raison de leur utilité pour maintenir une identité eurocentrique et impériale dans le domaine des RI. L’article souligne la nécessité d’une approche réflexive et critique pour déconstruire ces récits conventionnels et engager un dialogue plus authentique dans le domaine des RI.

22
Q

Textes

Anthony Burke, Stefanie Fishel et Audra Mitchell 2016 (Planet Politics: A Manifesto from the Ends of IR)

A

Ce manifeste est un appel à l’imagination politique, à aller au-delà de la politique usuelle dans le contexte de la destruction écologique globale. La crise écologique globale a fait un “trou” dans la fabrique de notre compréhension; maintenant, nos paradigmes en RI n’apprécient plus le “réel”. Les RI, comme système de savoir et institutions de pratiques, se voient mis à mal par la réalité sur la terre. Politique planétaire comme nouvelle approche dépassant l’humain et les frontières étatiques. Prise en compte de toutes les espèces, du monde du vivant, de l’écosystème. Multidisciplinarité, notamment avec les sciences de la terre. Concept central : Anthropocène. Les RI ont échoué car le système institutionnel et les différentes approches actuelles ne pensent pas prendre en compte la planète dans son ensemble comme objet. La menace la plus importante aujourd’hui : notre existence, l’extinction de notre espèce à cause de changements planétaires qu’on a en grande partie induits. L’humain et les activités humaines ne peuvent être séparés de l’environnement planétaire et des autres conditions de vie. Il faut reconnaître notre appartenance et nos liens à la Terre, ainsi que nos vulnérabilités en tant qu’espèce. Il est intéressant de noter que malgré la critique de l’anthropocentrisme des auteurs et de leur proposition d’une politique planétaire, leur conception est également, en quelque sorte, anthropocentrique. Les problèmes identifiés sont causés en majorité par les humains, et les solutions passent par les humains. Ce sont les humains qui vont établir les lois et déterminer ce qui doit être fait et comment cela doit être fait. Les auteurs disent que nos approches anthropocentriques ont tort, alors que leur approche est aussi anthropocentrique.

23
Q

Textes

David Chandler, Erika Cudworth and Stephen Hobden 2018 (Anthopocene, Capitalocene and Liberal Cosmopolitan IR: A Reponse to Burke et al.’s Planet Politics)

A

Ce texte est en accord avec le Manifeste dans le constat de la double crise écologique et que les RI soient mal équipées pour y répondre. Mais, en désaccord avec beaucoup de l’analyse de la logique et des propositions. Il est ironique que le cadrage méthodologique et déclarations programmatiques tombent dans les enjeux et perspectives traditionnelles des RI, particulièrement ceux avancés dans les années 90 par les théories libérales internationales de démocratie cosmopolitaine. Il est clair que leur crainte se trouve plus au niveau du cadrage stato-centré du réalisme, plutôt que le libéralisme institutionnel qui cherche à constituer une nouvelle gouvernance. En effet, échanger le mot « global » par « planétaire » n’en fait pas une nouvelle approche. Il y a peu en qui soit original dans ce texte. Argument : Le texte de Burke et al. est fortement lié à une perspective libérale cosmopolitaine des RI. Ils reproduisent un cadre libéral institutionnel déjà discréditer en (1) cherchant à l’amélioration plutôt que la transformation (2) ils mettent de l’avant une approche coercitive en top-down du droit international comme mécanisme essentiel (3) ils se basent sur de grands concepts abstraits comme une « éthique globale ». Les auteurs proposent une différente approche en prenant l’Anthropocène comme césure épistémologique et ontologique, ce qui peut permettre un engagement qui risque moins de reproduire les contraintes disciplinaires des RI, comme elles ont été historiquement constituées. Chandler et al proposent de s’en prendre aux causes de la crise actuelle, le capitalisme. La politique ne devrait pas se limiter à la préservation des écosystèmes. Proposent une gouvernance par le bas plutôt que par le haut comme Burke et al. Pas de fin possible de la crise avec le capitalisme. Les auteurs proposent un changement de la conscience humaine. Burke et al proposent de subordonner l’humain à la planète par une gouvernance par les élites au nom de l’Anthropocène. Chandler et al propose des réflexions critiques sur les causes de cette crise. Il faut s’opposer aux pratiques systémiques et institutions du pouvoir dominant qui ont causé la crise.

24
Q

Différences entre approches fondationnalistes et anti-fondationnalistes?

A

Une théorie fondationnaliste dans la mesure où elle considère qu’il existe une base indiscutable sur laquelle on peut fonder une interprétation ou une explication des choses. Le marxisme se repose, en dernière instance, sur la notion de l’omniprésence de la lutte des classes pour expliquer la réalité sociale, économique et politique. Les antifondationalistes rejettent l’existence même d’un tel fondement. Les poststructuralistes partent de l’idée qu’il ne peut y avoir aucune grande théorie qui expliquerait le monde et qui permettrait par lui-même la supériorité d’une théorie sur une autre. ⇒ Difficile d’établir un débat entre ces deux postulats opposés. Certains auteurs concluent qu’un tel débat est devenu impossible ou peu utile, car il existe une véritable incommensurabilité entre les deux approches.

25
Q

Qu’est-ce que l’Anthropocène?

A

Néologisme créé à la fin du 20e siècle par le météorologue et chimiste, Paul J. Crutzen, ce terme marque une rupture avec celui d’Holocène. L’Holocène a débuté à l’époque de la fonte des grands glaciers, et est témoin de la naissance des civilisations humaines. C’est considéré comme « l’état normal de la planète », au moment où les êtres humains ne perturbaient pas le climat et l’environnement, ou du moins pas au niveau global. L’Anthropocène marque dès lors une rupture et représente l’avènement des impacts de l’espèce humaine sur terre. Or, tous les humains ne sont pas égaux devant les changements climatiques, géologiques et écologiques qui caractérisent cette nouvelle période. L’espèce humaine est bien plus ancienne que le début de l’Anthropocène (1950), donc ce n’est pas la seule présente de l’être humain sur Terre qui aurait eu un impact sur l’environnement. Ce sont plutôt les activités humaines depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ie lors de l’essor du capitalisme, qui seraient les responsables de l’Anthropocène. Certains parlent donc du Capitalocène, mettant en exergue le rôle du système économique et les activités humains, mais Crutzen et Steffen s’y opposent, puisqu’on trouve les premières traces du système capitaliste il y a déjà plus de six siècles. L’Anthropocène est une période d’instabilité et d’incertitude, autant pour la planète que les sociétés humaines qui en dépendent. Les êtres humains, les sociétés et les États sont liés à la planète, à l’environnement et au climat.

26
Q

Qu’est-ce que la gouvernementalité?

A

La gouvernementalité peut être définie comme le processus à travers lequel une forme de gouvernement avec des fins spécifiques (une société heureuse et stable), des moyens pour atteindre ces fins (‘appareils de sécurité’), et avec un type particulier de connaissance (‘économie politique’) pour atteindre ces fins, a évolué d’un état médiéval de justice à un État administratif moderne avec des bureaucraties complexes.

27
Q

Qu’est-ce que le behaviorisme?

A

Le behaviorisme représente avant tout une certaine conception de la façon de mener la recherche en science politique, et donc en RI, plutôt qu’un véritable paradigme dans le sens kuhnien du terme. Il part de trois idées fondamentales : l’unité des sciences, la possibilité de soumettre l’analyse du comportement politique aux méthodes des sciences dites naturelles et de la possibilité de faire de la recherche « objective » et neutre du point de vue des valeurs du chercheur.

28
Q

Qu’est-ce que le dilemme du prisonnier?

A

Issu de la théorie des jeux, c’est un jeu classique illustrant les jeux à sommes variables. Ce jeu a été utilisé pour étudier plusieurs types de situations, comme les imperfections du marché, la tragédie des biens commun, la stratégie nucléaire ou encore la course aux armements. Cette anecdote met en scène deux acteurs qui ont le choix de coopérer entre eux ou de tricher, et où la tricherie est récompensée par la façon dont les gains sont répartis entre les joueurs.

Exemple : Gestion des stocks de poissons en eaux internationales. Signataires d’un traité international, deux États doivent chacun déterminer quel comportement ils adopteront vis-à-vis des engagements qu’ils ont pris : soit coopérer (respecter le traité) ou tricher (pêcher au-delà des quantités permisses par le traité). La solution optimale, à long terme, est que les deux coopèrent, ils pourraient ainsi pêcher un plus grand nombre de poissions tout en permettant une régénération de la ressource. Par contre, si l’un des deux États décident de ne pas respecter l’accord, et donc de tricher, celui-ci pêchera plus de poissons mais épuisera la ressource et privera en conséquence l’autre État de pêcher les quantités auxquelles il a le droit. Si les États sont rationnels, chacun sera tenté de maximiser ses prises et donc de tricher, mais si les deux trichent, perte de la ressource de poissions et donc situation pire pour les deux. La somme de ces comportements non-coopératifs, ayant pourtant pour objectif de maximiser le gain individuel, entrainera un résultat sous-optimal, soit un total de prises moindre.

Pour les réalistes, la logique du dilemme du prisonnier souligne qu’il est préférable d’adopter un comportement compétitif dans un système international où la communication est difficile. Pour les institutionnalistes (Keohane), en utilisant le même modèle, on arrive à la conclusion que le comportement coopératif est la meilleure attitude, car la réalité du système international s’apparente davantage à des séries de jeux du dilemme du prisonnier. Parce que les joueurs s’inscrivent dans le temps long et à répétition, le comportement le plus rationnel afin de maximiser le gain à long terme serait de favoriser, malgré l’absence de communication.