Autres approches, tournants et débats Flashcards
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Ruda Sil et Peter J. Katzenstein 2010 (Analytic Eclecticism in the Study of World Politics: Reconfiguring Problems and Mechanisms across Research Traditions)
En réponse à ce que les auteurs appellent la « perte de vue de la nature de leur objet d’étude », Sil et Katzenstein proposent l’éclectisme analytique. C’est une position intellectuelle que peut adopter un chercheur qui s’engage sans cadrer parfaitement au sein de paradigmes de recherches de la discipline. Cela se différencie de la recherche de tradition classique: (1) Ethos pragmatique; aversion aux principes fondationnels excessivement abstraits et rigide. (2) Intérêt envers des problèmes politiques étendus. (3) Production d’histoires causales complexes qui capturent les intersections entre différents mécanismes causaux qui sont habituellement étudiés de façon isolée les uns des autres. C’est un appel à faire attention à ces simplifications excessives requises si on applique une seule lentille théorique à la complexité du terrain. Il faut un cadre de recherche d’éclectisme analytique, ce qui est plus qu’un appel au pluralisme politique. Il faut une réelle alternative à la pratique présente de la recherche. Ce qui empêche de tomber dans le « everything matters », c’est que la recherche qui est produite par les traditions de recherches est importante, car elle permet de voir les facteurs importants. Ainsi, l’élément distinctif de l’éclectisme analytique est de montrer comment différentes histoires causales peuvent coexister comme éléments d’un argument plus complexe.
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John Meyer et coll. 1997 (World Society and the Nation-State)
Les auteurs examinent l’État-nation comme une entité mondiale formée par des processus culturels et associatifs mondiaux. Ils identifient quatre thèmes clés : les caractéristiques des États-nations résultant de leur construction externe, l’influence de la culture mondiale rationaliste, les aspects renforçant cet impact culturel, et les dynamiques générant expansion, conflit et changement. Leur proposition soutient que de nombreux éléments de l’État-nation moderne dérivent de modèles mondiaux, rationalisés et consensuels, façonnant les politiques et structures des États-nations dans divers domaines sociaux. Ils critiquent les approches théoriques classiques pour expliquer l’État-nation et mettent en évidence des propriétés telles que l’isomorphisme, la rationalité de l’acteur, le découplage et la structuration expansive. Ils expliquent comment la société mondiale impacte l’État-nation en construisant son identité, en maintenant son statut d’acteur, et en légitimant les pratiques et acteurs sous-nationaux. Les éléments de la société mondiale qui lient l’État-nation comprennent des cadres organisationnels, la diffusion entre États, les mouvements sociaux, les sciences et professions.
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John Boli et Thomas George M 1997 (World Culture in World Polity: A Century of International Non-Governmental Organization)
Les auteurs étudient la croissance des NGO internationales, car elles sont le reflet et contributeur à une culture mondiale. Ces NGO auraient aidé à construire une « world polity » qui ne peut être réduit à des interactions économiques et politiques. Les recherches empiriques d’une perspective de « world polity » démontrent une homologie structurelle entre les États, qui viendraient d’une culture mondiale, mais les recherches n’ont pas démontré le lien direct. Pour les auteurs, depuis 100 ans, le monde est devenu une « polity » singulière, ie un système social unitaire et intégré d’une façon à ce que les acteurs trouvent « naturels » de voir le monde entier comme leur sphère d’action et de discours. Le néoréalisme a de la difficulté à expliquer ce niveau d’intégration en l’absence d’un État mondial, cette intégration n’est ni directement politique ou économique. Le développement de la « world polity » est plus dialectique que le dit la perspective néo-réaliste, car il y a une tension mutuellement renforçant de l’organisation globale et du système d’États-nations. La recherche des structures et objectif de ces organisations identifient les principes d’universalisme, d’individualisme, d’autorité volontariste, du progrès rationnel, et de la citoyenneté mondiale comme éléments centraux de la culture mondiale.
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Séverine Autesserre 2014 (Studying the Everyday)
Cette recherche explore les similarités dans la manière dont différents acteurs nationaux comprennent et mettent en œuvre des interventions internationales malgré des contextes nationaux, professionnels, sociaux et économiques divergents. Elle remet en question l’approche macro qui suppose une traduction automatique des politiques nationales aux opérations sur le terrain, soulignant plutôt l’importance des dynamiques quotidiennes. Les intervenants sur le terrain ne sont pas simplement des exécutants, mais des interprètes qui, confrontés à des instructions vagues, jouent un rôle crucial dans l’adaptation de ces mandats aux réalités locales. Trois concepts - pratiques, habitudes et récits - sont employés pour analyser la vie quotidienne des intervenants, montrant comment ces éléments influent sur leurs actions et façonnent leur compréhension du monde. Les pratiques quotidiennes, les habitudes inconscientes et les récits construits socialement révèlent les mécanismes qui perpétuent des modes d’opération inefficaces malgré la connaissance de leur inefficacité. En outre, la recherche explore la création d’une culture propre aux travailleurs humanitaires, souvent déconnectés des communautés locales, et met en lumière les implications néolibérales qui sous-tendent l’industrie de la paix. Ainsi, elle appelle à une analyse approfondie des aspects quotidiens des interventions pour comprendre les défis persistants dans ce domaine.
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Vincent Pouliot 2017 (La logique du praticable : une théorie de la pratique des communautés de sécurité)
On explore les ramifications théoriques de la logique du praticable en relations internationales. Tant dans la vie sociale que politique, on ne saurait réduire les pratiques à de simples produits de la rationalité instrumentale, de la conformité avec les normes ou de l’agir communicationnel. Ces trois logiques de l’action sociale révèlent un même penchant pour la connaissance réflexive, se concentrant sur ce à quoi (plutôt que ce à partir de quoi) pensent les agents. Pourtant, les pratiques sont souvent issues d’un savoir-faire tacite qui les fait paraître comme coulant de source, comme relevant du bon sens. Puisant à la philosophie, à la psychologie et surtout à la sociologie bourdieusienne, l’article élabore une théorie de la pratique des communautés de sécurité qui conçoit la paix internationale comme le résultat du sens pratique des acteurs de la sécurité, grâce auquel la diplomatie devient le moyen qui va de soi pour régler les conflits interétatiques.
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Delphine Lagrange, Louis Marieke and Olivier Nay 2021 (Le tournant social des OI : dynamiques d’ouverte et jeux de frontière)
Ce texte examine l’ouverture croissante des systèmes multilatéraux, illustrée par l’intensification des échanges entre les organisations internationales (OI) et une variété d’acteurs non gouvernementaux (ONG). Il met l’accent sur les pratiques des OI en relation avec ces acteurs, considérant les jeux entre les agents gouvernementaux et les acteurs sociaux et économiques liés aux organisations. L’émergence d’acteurs non gouvernementaux, regroupés en coalitions transnationales, est examinée, soulignant leurs objectifs variés, tels que l’obtention de ressources et l’accroissement de leur visibilité. Les OI ont développé des dispositifs pour offrir un accès limité à ces acteurs, tandis que des réformes ont été entreprises pour intégrer une représentation institutionnelle non gouvernementale. L’ouvrage explore les défis conceptuels liés à la catégorisation de ces acteurs, proposant le terme “écosystème des OI” pour décrire l’environnement complexe, professionnel, et organisationnel dans lequel les OI évoluent. Finalement, l’auteur examine l’essor de la participation des acteurs non gouvernementaux dans la gouvernance des OI, soulignant son évolution en tant que norme contraignante dans les réformes de gouvernance mondiale, tout en considérant les implications complexes de ces partenariats pour la réalisation des mandats des OI.
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Sandrine Lefranc 2021 (Comment une chimère est devenue une politique internationale : l’arène de la « paix positive »)
Ce texte explore la diffusion et l’adoption généralisée de l’idée de “paix positive” dans les interventions internationales post-conflit, malgré des critiques issues de la littérature en sciences sociales sur la paix et la guerre. La “paix positive” cherche à dépasser la simple absence de guerre en favorisant des relations de confiance entre les membres de la société à travers des dialogues informels. L’auteur soutient que cette diffusion découle de la formation d’une arène internationale autour de cette proposition critique, en réaction aux paradigmes dominants de la “paix négative”. Cette arène fonctionne comme un carrefour où divers acteurs, souvent des ONG internationales, promeuvent cette conception alternative de la paix.
Cet extrait explore la diffusion d’une conceptualisation de la violence largement acceptée malgré des critiques de la part d’acteurs formés aux sciences sociales. L’explication ne réside pas dans la simple demande locale ou la mobilisation transnationale, mais plutôt dans le contexte international, en particulier dans le cadre des intérêts américains. La notion de paix positive devient une ressource de différenciation critique interne à la politique étrangère des États-Unis, manifestant des tensions au sein des bureaucrates de l’establishment en politique étrangère. La perspective de la sociologie des professionnels de l’international met en lumière l’importance des contextes locaux dans la constitution des arènes internationales. Les techniques de résolution de conflits sont souvent adaptées des conflits de moindre échelle, comme les conflits interpersonnels ou les tensions sociales, et sont réemployées dans le cadre des conflits politiques. Les ONG spécialisées agissent en périphérie du jeu réaliste d’intervention dans les conflits, apportant des critiques sans pour autant être marginales, et bénéficiant d’une intégration croissante dans les arènes internationales grâce à des circulations professionnelles. Ces propositions de transformation des conflits, bien qu’elles ne subvertissent pas les pratiques établies, sont valorisées pour leur nature critique.
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Emma Hutchison et Roland Bleiker 2014 (Theorizing Emotions in World Politics)
Ce texte examine la place des émotions en relations internationales (RI), soulignant leur rôle souvent implicite, mais crucial, dans des théories comme le réalisme politique. Malgré cette reconnaissance, les émotions ont été négligées dans l’analyse académique en raison de leur perception comme irrationnelles ou personnelles. Cependant, au début du XXIe siècle, la psychologie politique et la politique étrangère ont commencé à étudier sérieusement les émotions en RI, remettant en question la dichotomie entre émotions et rationalité. Les recherches actuelles catégorisent les émotions en termes cognitifs/affectifs et latents/émergents, et proposent une approche micro-macro pour comprendre comment les émotions individuelles deviennent collectives et politiques. La difficulté majeure réside dans la théorisation des processus transformant les émotions individuelles en phénomènes collectifs, et les approches macro et micro offrent des perspectives complémentaires. Les représentations jouent un rôle clé dans ce processus, en permettant aux émotions de devenir politiques à travers des interprétations et des expériences vécues. En mettant l’accent sur le lien entre émotions et pouvoir, les auteurs proposent une théorie intermédiaire qui souligne le caractère toujours collectif et politique des émotions en RI.
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Roland Bleiker 2018 (Mapping Visual Global Politics)
L’auteur discute du “virage visuel” dans notre monde contemporain, soulignant l’importance croissante des images en politique. Deux aspects clés de ce changement sont la rapidité et l’ubiquité de la circulation des images, ainsi que la démocratisation de la production visuelle, permettant à chacun de participer. Les images, en tant qu’icônes, ont le pouvoir de façonner l’opinion publique et peuvent devenir des symboles détachés de leur contexte d’origine. La capacité des images à évoquer des émotions est également mise en avant, bien que la surexposition puisse conduire à une fatigue de la compassion. L’auteur explore l’importance politique des images et d’autres artefacts visuels, soulignant leur capacité à fonctionner différemment des mots et à évoquer des émotions difficiles à saisir. En examinant la relation entre visualité et politique mondiale, l’auteur aborde des concepts tels que l’illusion d’authenticité, les choix esthétiques et le besoin d’interprétation. Les images sont présentées comme jouant un rôle crucial dans la politique de visibilité et d’invisibilité, influençant la distribution de la sensibilité et cadrant la politique en ancrant ou en contestant les configurations existantes. Les images ne sont pas simplement utilisées à des fins politiques, mais elles font des choses politiques en elles-mêmes, contribuant à la construction de l’identité et de la communauté. En fin de compte, l’auteur souligne le pouvoir visuel en tant que force qui peut à la fois ancrer et déraciner les relations de pouvoir, participant ainsi à la création et à la transformation du politique.
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Michael Barnett et Martha Finnemore 1999 (The Politics, Power, and Pathologies of International Organizations)
Les chercheurs proposent une approche novatrice pour étudier les organisations internationales (OI), élargissant la perspective traditionnelle centrée sur la coopération entre États. Ils adoptent un cadre constructiviste ancré dans l’institutionnalisme sociologique, considérant les OI comme des bureaucraties selon la conception de Weber. L’autonomie des OI découle de leur capacité à rationaliser leurs actions en termes de moyens et résultats, établissant ainsi une culture organisationnelle influente. Les auteurs soulignent que les OI vont au-delà de faciliter la coopération entre États, attribuant à ces entités un pouvoir en tant qu’acteurs autonomes qui structurent la réalité politique mondiale par la production et la diffusion de règles et normes. Ils défient l’ontologie stato-centrée dominante en traitant les OI comme des acteurs indépendants, offrant ainsi un cadre théorique alternatif. Les contributions de leur approche incluent une vision différente de la puissance des OI, les considérant comme des créateurs d’acteurs, définissant les responsabilités et l’autorité. Le livre offre également une base théorique pour évaluer les performances des OI, remettant en question l’optimisme traditionnel sur leur utilité. Les auteurs identifient des “pouvoirs” spécifiques des OI, tels que la classification de l’information, l’attribution de sens, et la transmission de normes. Ils explorent les “pathologies” des OI en identifiant cinq caractéristiques de bureaucratie pouvant conduire à des comportements dysfonctionnels, soulignant l’irrationalité de la rationalisation, l’universalisme bureaucratique, la normalisation de la déviance, l’isolation, et les contestations culturelles. Cette analyse complexe remet en question les perceptions conventionnelles et propose une compréhension nuancée du rôle et de l’impact des OI dans la politique mondiale.
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Barbara Koremenos et al. 2001 (The Rational Design of International Institutions)
Les auteurs abordent le débat actuel en relations internationales sur l’importance des institutions internationales en se concentrant sur la manière dont ces institutions fonctionnent plutôt que sur leur importance per se. Ils soulignent que les différences dans la conception des institutions résultent des choix rationnels et des interactions entre États, s’opposant ainsi aux perspectives constructivistes et réalistes. Les auteurs proposent un cadre de “façonnage rationnel” pour comprendre comment les acteurs internationaux délibérément façonnent les institutions pour résoudre les problèmes de coopération. Ils étudient cinq dimensions du façonnage des institutions, notamment les règles de membership, l’étendue des enjeux, la centralisation des tâches, les règles de contrôle, et la flexibilité de l’arrangement institutionnel. Les institutions sont définies comme des arrangements négociés entre acteurs internationaux, prescrivant, proscrivant, ou autorisant des comportements. Les auteurs examinent six variables indépendantes pour expliquer la variation dans le façonnage des institutions, telles que les problèmes de distribution, les problèmes de mise en œuvre, le nombre d’acteurs, et l’incertitude. Leurs conjectures soulignent des postulats tels que le design rationnel, l’importance de la “shadow of the future”, les coûts de transaction, et l’aversion au risque des États. Ces conjectures établissent des liens entre les variables indépendantes et dépendantes, offrant une perspective globale sur le processus de création et de modification des institutions internationales.
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Franck Petiteville 2016 (Les OI dépolitisent-elles les RI ?)
Cet article examine la dialectique de la politisation et de la dépolitisation des organisations internationales (OI) dans les relations internationales (RI). Les OI, conçues pour réguler les RI au bénéfice de tous de manière impartiale et dépolitisée, ont été historiquement associées à des efforts de neutralisation de la politique. Les auteurs identifient trois modalités de dépolitisation, à savoir la dépolitisation normative, discursive, et par l’expertise. Ils soulignent le recours des OI à des normes éthiques, à une rhétorique d’impartialité, et à l’expertise technique pour dépolitiser leurs actions. Cependant, ils nuancent cette thèse en mettant en évidence deux processus de “repolitisation” : l’instrumentalisation stratégique des OI par les États, qui conservent des intérêts politiques au sein de ces organisations, et le déplacement du conflit et la politisation résiliente des enjeux traités par les OI. Ainsi, malgré les tentatives de dépolitisation, les OI demeurent des arènes où les enjeux politiques persistent, remettant en question l’idée selon laquelle elles seraient des hauts lieux de dépolitisation des questions internationales.
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Tanja A. Börzel and Michael Zürn 2021 (Contestations of the Liberal International Order: From Liberal Multilateralism to Postnational Liberalism
L’article aborde la contestation croissante envers l’ordre libéral international (OLI), mettant en lumière un virage vers un libéralisme postnational plus intrusif après la fin de la Guerre froide. Les auteurs identifient deux dimensions clés de cette contestation : l’autorité accrue des institutions internationales et la diversité des stratégies utilisées par les États du Nord et du Sud pour contester l’OLI. Ils proposent une typologie des stratégies de contestation basée sur la position du contestateur par rapport à l’autorité libérale et leur pouvoir au sein des institutions contestées. L’intrusivité croissante du libéralisme est mesurée en termes d’autonomie de l’État et de contraintes imposées par les règles des organisations internationales. Les auteurs soulignent que cette contestation pourrait résulter en partie des dynamiques endogènes à l’OLI lui-même, suggérant que l’augmentation de son intrusivité a généré des tensions et des contradictions. En examinant des cas concrets, tels que la contestation de la Chine et de la Russie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, l’article explore les implications de cette contestation pour l’avenir de l’OLI, envisageant des scénarios possibles allant de sa robustesse accrue à une éventuelle fin de son intrusivité.
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Stephen D. Krasner 1982 (Structural causes and regime consequences: Regimes as intervening variables)
Un régime international se définit comme un ensemble de principes, normes, règles, et procédures de prise de décision autour desquels convergent les attentes des acteurs concernant un enjeu spécifique en relations internationales (RI). Les principes représentent des croyances fondamentales, tandis que les normes sont des standards de comportement, et les règles sont des prescriptions spécifiques pour l’action, le tout soutenu par des procédures de prise de décision. Les régimes, caractérisés par leur stabilité relative, subissent des changements qui peuvent être des altérations au niveau des règles et procédures (changement au sein du régime) ou des altérations au niveau des normes et principes (changement de régime). Les perspectives sur l’importance des régimes varient, du structuralisme qui les considère comme superficiels par rapport aux relations de pouvoir, au structuralisme modifié qui reconnaît leur utilité limitée, et à la perspective grotienne qui les voit comme des éléments intrinsèques aux relations humaines, renforçant les comportements motivés par l’intérêt. Les explications du développement des régimes incluent des facteurs tels que le calcul d’intérêt égoïste, le pouvoir politique, la place des normes et principes, l’usage et la coutume, ainsi que l’importance du savoir dans la création et le maintien des régimes internationaux.
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Friedrich Kratochwil et John Ruggie 1986 (International Organization: A State of the Art on an Art of the State)
Constat d’un intérêt croissant envers l’étude des OI, alors qu’elles se détériorent selon des auteurs. Ils expliquent cela vers le déplacement de l’intérêt envers les formes internationales institutionnalisées de coopération, vers la gouvernance internationale, les régimes internationaux. En effet, le champ sur l’organisation internationale ne s’est pas développé d’une variable à l’autre, mais plutôt d’un effet cumulatif et progressif en s’intéressant à l’idée de la gouvernance entre les nations. Selon eux, introduction du régime international pour répondre à la lacune de définition de gouvernance internationale (contexte années 1970 déclin É.-U. + changements internationaux ; idée que le régime contraint/conditionne le comportement malgré les changements, donc certain degré d’autonomie). Le régime occupe une place ontologique entre institution formelle et facteurs systémiques. L’ontologie du régime se base sur un fort élément d’intersubjectivité (convergence d’attentes), mais épistémologie positive qui oriente la recherche = contradiction. Le problème est que dans le monde simulé, les acteurs ne peuvent communiquer et s’engager dans un comportement ; ils sont condamnés à communiquer à travers le comportement. Pour les auteurs, la solution est interprétativiste : En contraste au positiviste qui sépare objet et sujet, il faut ouvrir l’analyse de régime à la fonction communicative, plutôt qu’à la seule fonction référentielle des normes en interaction sociale. Ainsi, ce qui constitue la brèche d’une obligation dans un régime n’est pas seulement une « description objective » d’un fait, mais une évaluation intersubjective. Les régimes sont dialogiques.