Autres approches, tournants et débats Flashcards

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Q

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Ruda Sil et Peter J. Katzenstein 2010 (Analytic Eclecticism in the Study of World Politics: Reconfiguring Problems and Mechanisms across Research Traditions)

A

En réponse à ce que les auteurs appellent la « perte de vue de la nature de leur objet d’étude », Sil et Katzenstein proposent l’éclectisme analytique. C’est une position intellectuelle que peut adopter un chercheur qui s’engage sans cadrer parfaitement au sein de paradigmes de recherches de la discipline. Cela se différencie de la recherche de tradition classique: (1) Ethos pragmatique; aversion aux principes fondationnels excessivement abstraits et rigide. (2) Intérêt envers des problèmes politiques étendus. (3) Production d’histoires causales complexes qui capturent les intersections entre différents mécanismes causaux qui sont habituellement étudiés de façon isolée les uns des autres.  C’est un appel à faire attention à ces simplifications excessives requises si on applique une seule lentille théorique à la complexité du terrain. Il faut un cadre de recherche d’éclectisme analytique, ce qui est plus qu’un appel au pluralisme politique. Il faut une réelle alternative à la pratique présente de la recherche. Ce qui empêche de tomber dans le « everything matters », c’est que la recherche qui est produite par les traditions de recherches est importante, car elle permet de voir les facteurs importants. Ainsi, l’élément distinctif de l’éclectisme analytique est de montrer comment différentes histoires causales peuvent coexister comme éléments d’un argument plus complexe.

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John Meyer et coll. 1997 (World Society and the Nation-State)

A

Les auteurs examinent l’État-nation comme une entité mondiale formée par des processus culturels et associatifs mondiaux. Ils identifient quatre thèmes clés : les caractéristiques des États-nations résultant de leur construction externe, l’influence de la culture mondiale rationaliste, les aspects renforçant cet impact culturel, et les dynamiques générant expansion, conflit et changement. Leur proposition soutient que de nombreux éléments de l’État-nation moderne dérivent de modèles mondiaux, rationalisés et consensuels, façonnant les politiques et structures des États-nations dans divers domaines sociaux. Ils critiquent les approches théoriques classiques pour expliquer l’État-nation et mettent en évidence des propriétés telles que l’isomorphisme, la rationalité de l’acteur, le découplage et la structuration expansive. Ils expliquent comment la société mondiale impacte l’État-nation en construisant son identité, en maintenant son statut d’acteur, et en légitimant les pratiques et acteurs sous-nationaux. Les éléments de la société mondiale qui lient l’État-nation comprennent des cadres organisationnels, la diffusion entre États, les mouvements sociaux, les sciences et professions.

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3
Q

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John Boli et Thomas George M 1997 (World Culture in World Polity: A Century of International Non-Governmental Organization)

A

Les auteurs étudient la croissance des NGO internationales, car elles sont le reflet et contributeur à une culture mondiale. Ces NGO auraient aidé à construire une « world polity » qui ne peut être réduit à des interactions économiques et politiques. Les recherches empiriques d’une perspective de « world polity » démontrent une homologie structurelle entre les États, qui viendraient d’une culture mondiale, mais les recherches n’ont pas démontré le lien direct. Pour les auteurs, depuis 100 ans, le monde est devenu une « polity » singulière, ie un système social unitaire et intégré d’une façon à ce que les acteurs trouvent « naturels » de voir le monde entier comme leur sphère d’action et de discours. Le néoréalisme a de la difficulté à expliquer ce niveau d’intégration en l’absence d’un État mondial, cette intégration n’est ni directement politique ou économique. Le développement de la « world polity » est plus dialectique que le dit la perspective néo-réaliste, car il y a une tension mutuellement renforçant de l’organisation globale et du système d’États-nations. La recherche des structures et objectif de ces organisations identifient les principes d’universalisme, d’individualisme, d’autorité volontariste, du progrès rationnel, et de la citoyenneté mondiale comme éléments centraux de la culture mondiale.

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Séverine Autesserre 2014 (Studying the Everyday)

A

Cette recherche explore les similarités dans la manière dont différents acteurs nationaux comprennent et mettent en œuvre des interventions internationales malgré des contextes nationaux, professionnels, sociaux et économiques divergents. Elle remet en question l’approche macro qui suppose une traduction automatique des politiques nationales aux opérations sur le terrain, soulignant plutôt l’importance des dynamiques quotidiennes. Les intervenants sur le terrain ne sont pas simplement des exécutants, mais des interprètes qui, confrontés à des instructions vagues, jouent un rôle crucial dans l’adaptation de ces mandats aux réalités locales. Trois concepts - pratiques, habitudes et récits - sont employés pour analyser la vie quotidienne des intervenants, montrant comment ces éléments influent sur leurs actions et façonnent leur compréhension du monde. Les pratiques quotidiennes, les habitudes inconscientes et les récits construits socialement révèlent les mécanismes qui perpétuent des modes d’opération inefficaces malgré la connaissance de leur inefficacité. En outre, la recherche explore la création d’une culture propre aux travailleurs humanitaires, souvent déconnectés des communautés locales, et met en lumière les implications néolibérales qui sous-tendent l’industrie de la paix. Ainsi, elle appelle à une analyse approfondie des aspects quotidiens des interventions pour comprendre les défis persistants dans ce domaine.

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5
Q

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Vincent Pouliot 2017 (La logique du praticable : une théorie de la pratique des communautés de sécurité)

A

On explore les ramifications théoriques de la logique du praticable en relations internationales. Tant dans la vie sociale que politique, on ne saurait réduire les pratiques à de simples produits de la rationalité instrumentale, de la conformité avec les normes ou de l’agir communicationnel. Ces trois logiques de l’action sociale révèlent un même penchant pour la connaissance réflexive, se concentrant sur ce à quoi (plutôt que ce à partir de quoi) pensent les agents. Pourtant, les pratiques sont souvent issues d’un savoir-faire tacite qui les fait paraître comme coulant de source, comme relevant du bon sens. Puisant à la philosophie, à la psychologie et surtout à la sociologie bourdieusienne, l’article élabore une théorie de la pratique des communautés de sécurité qui conçoit la paix internationale comme le résultat du sens pratique des acteurs de la sécurité, grâce auquel la diplomatie devient le moyen qui va de soi pour régler les conflits interétatiques.

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6
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Delphine Lagrange, Louis Marieke and Olivier Nay 2021 (Le tournant social des OI : dynamiques d’ouverte et jeux de frontière)

A

Ce texte examine l’ouverture croissante des systèmes multilatéraux, illustrée par l’intensification des échanges entre les organisations internationales (OI) et une variété d’acteurs non gouvernementaux (ONG). Il met l’accent sur les pratiques des OI en relation avec ces acteurs, considérant les jeux entre les agents gouvernementaux et les acteurs sociaux et économiques liés aux organisations. L’émergence d’acteurs non gouvernementaux, regroupés en coalitions transnationales, est examinée, soulignant leurs objectifs variés, tels que l’obtention de ressources et l’accroissement de leur visibilité. Les OI ont développé des dispositifs pour offrir un accès limité à ces acteurs, tandis que des réformes ont été entreprises pour intégrer une représentation institutionnelle non gouvernementale. L’ouvrage explore les défis conceptuels liés à la catégorisation de ces acteurs, proposant le terme “écosystème des OI” pour décrire l’environnement complexe, professionnel, et organisationnel dans lequel les OI évoluent. Finalement, l’auteur examine l’essor de la participation des acteurs non gouvernementaux dans la gouvernance des OI, soulignant son évolution en tant que norme contraignante dans les réformes de gouvernance mondiale, tout en considérant les implications complexes de ces partenariats pour la réalisation des mandats des OI.

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Sandrine Lefranc 2021 (Comment une chimère est devenue une politique internationale : l’arène de la « paix positive »)

A

Ce texte explore la diffusion et l’adoption généralisée de l’idée de “paix positive” dans les interventions internationales post-conflit, malgré des critiques issues de la littérature en sciences sociales sur la paix et la guerre. La “paix positive” cherche à dépasser la simple absence de guerre en favorisant des relations de confiance entre les membres de la société à travers des dialogues informels. L’auteur soutient que cette diffusion découle de la formation d’une arène internationale autour de cette proposition critique, en réaction aux paradigmes dominants de la “paix négative”. Cette arène fonctionne comme un carrefour où divers acteurs, souvent des ONG internationales, promeuvent cette conception alternative de la paix.

Cet extrait explore la diffusion d’une conceptualisation de la violence largement acceptée malgré des critiques de la part d’acteurs formés aux sciences sociales. L’explication ne réside pas dans la simple demande locale ou la mobilisation transnationale, mais plutôt dans le contexte international, en particulier dans le cadre des intérêts américains. La notion de paix positive devient une ressource de différenciation critique interne à la politique étrangère des États-Unis, manifestant des tensions au sein des bureaucrates de l’establishment en politique étrangère. La perspective de la sociologie des professionnels de l’international met en lumière l’importance des contextes locaux dans la constitution des arènes internationales. Les techniques de résolution de conflits sont souvent adaptées des conflits de moindre échelle, comme les conflits interpersonnels ou les tensions sociales, et sont réemployées dans le cadre des conflits politiques. Les ONG spécialisées agissent en périphérie du jeu réaliste d’intervention dans les conflits, apportant des critiques sans pour autant être marginales, et bénéficiant d’une intégration croissante dans les arènes internationales grâce à des circulations professionnelles. Ces propositions de transformation des conflits, bien qu’elles ne subvertissent pas les pratiques établies, sont valorisées pour leur nature critique.

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Emma Hutchison et Roland Bleiker 2014 (Theorizing Emotions in World Politics)

A

Ce texte examine la place des émotions en relations internationales (RI), soulignant leur rôle souvent implicite, mais crucial, dans des théories comme le réalisme politique. Malgré cette reconnaissance, les émotions ont été négligées dans l’analyse académique en raison de leur perception comme irrationnelles ou personnelles. Cependant, au début du XXIe siècle, la psychologie politique et la politique étrangère ont commencé à étudier sérieusement les émotions en RI, remettant en question la dichotomie entre émotions et rationalité. Les recherches actuelles catégorisent les émotions en termes cognitifs/affectifs et latents/émergents, et proposent une approche micro-macro pour comprendre comment les émotions individuelles deviennent collectives et politiques. La difficulté majeure réside dans la théorisation des processus transformant les émotions individuelles en phénomènes collectifs, et les approches macro et micro offrent des perspectives complémentaires. Les représentations jouent un rôle clé dans ce processus, en permettant aux émotions de devenir politiques à travers des interprétations et des expériences vécues. En mettant l’accent sur le lien entre émotions et pouvoir, les auteurs proposent une théorie intermédiaire qui souligne le caractère toujours collectif et politique des émotions en RI.

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9
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Roland Bleiker 2018 (Mapping Visual Global Politics)

A

L’auteur discute du “virage visuel” dans notre monde contemporain, soulignant l’importance croissante des images en politique. Deux aspects clés de ce changement sont la rapidité et l’ubiquité de la circulation des images, ainsi que la démocratisation de la production visuelle, permettant à chacun de participer. Les images, en tant qu’icônes, ont le pouvoir de façonner l’opinion publique et peuvent devenir des symboles détachés de leur contexte d’origine. La capacité des images à évoquer des émotions est également mise en avant, bien que la surexposition puisse conduire à une fatigue de la compassion. L’auteur explore l’importance politique des images et d’autres artefacts visuels, soulignant leur capacité à fonctionner différemment des mots et à évoquer des émotions difficiles à saisir. En examinant la relation entre visualité et politique mondiale, l’auteur aborde des concepts tels que l’illusion d’authenticité, les choix esthétiques et le besoin d’interprétation. Les images sont présentées comme jouant un rôle crucial dans la politique de visibilité et d’invisibilité, influençant la distribution de la sensibilité et cadrant la politique en ancrant ou en contestant les configurations existantes. Les images ne sont pas simplement utilisées à des fins politiques, mais elles font des choses politiques en elles-mêmes, contribuant à la construction de l’identité et de la communauté. En fin de compte, l’auteur souligne le pouvoir visuel en tant que force qui peut à la fois ancrer et déraciner les relations de pouvoir, participant ainsi à la création et à la transformation du politique.

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Michael Barnett et Martha Finnemore 1999 (The Politics, Power, and Pathologies of International Organizations)

A

Les chercheurs proposent une approche novatrice pour étudier les organisations internationales (OI), élargissant la perspective traditionnelle centrée sur la coopération entre États. Ils adoptent un cadre constructiviste ancré dans l’institutionnalisme sociologique, considérant les OI comme des bureaucraties selon la conception de Weber. L’autonomie des OI découle de leur capacité à rationaliser leurs actions en termes de moyens et résultats, établissant ainsi une culture organisationnelle influente. Les auteurs soulignent que les OI vont au-delà de faciliter la coopération entre États, attribuant à ces entités un pouvoir en tant qu’acteurs autonomes qui structurent la réalité politique mondiale par la production et la diffusion de règles et normes. Ils défient l’ontologie stato-centrée dominante en traitant les OI comme des acteurs indépendants, offrant ainsi un cadre théorique alternatif. Les contributions de leur approche incluent une vision différente de la puissance des OI, les considérant comme des créateurs d’acteurs, définissant les responsabilités et l’autorité. Le livre offre également une base théorique pour évaluer les performances des OI, remettant en question l’optimisme traditionnel sur leur utilité. Les auteurs identifient des “pouvoirs” spécifiques des OI, tels que la classification de l’information, l’attribution de sens, et la transmission de normes. Ils explorent les “pathologies” des OI en identifiant cinq caractéristiques de bureaucratie pouvant conduire à des comportements dysfonctionnels, soulignant l’irrationalité de la rationalisation, l’universalisme bureaucratique, la normalisation de la déviance, l’isolation, et les contestations culturelles. Cette analyse complexe remet en question les perceptions conventionnelles et propose une compréhension nuancée du rôle et de l’impact des OI dans la politique mondiale.

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11
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Barbara Koremenos et al. 2001 (The Rational Design of International Institutions)

A

Les auteurs abordent le débat actuel en relations internationales sur l’importance des institutions internationales en se concentrant sur la manière dont ces institutions fonctionnent plutôt que sur leur importance per se. Ils soulignent que les différences dans la conception des institutions résultent des choix rationnels et des interactions entre États, s’opposant ainsi aux perspectives constructivistes et réalistes. Les auteurs proposent un cadre de “façonnage rationnel” pour comprendre comment les acteurs internationaux délibérément façonnent les institutions pour résoudre les problèmes de coopération. Ils étudient cinq dimensions du façonnage des institutions, notamment les règles de membership, l’étendue des enjeux, la centralisation des tâches, les règles de contrôle, et la flexibilité de l’arrangement institutionnel. Les institutions sont définies comme des arrangements négociés entre acteurs internationaux, prescrivant, proscrivant, ou autorisant des comportements. Les auteurs examinent six variables indépendantes pour expliquer la variation dans le façonnage des institutions, telles que les problèmes de distribution, les problèmes de mise en œuvre, le nombre d’acteurs, et l’incertitude. Leurs conjectures soulignent des postulats tels que le design rationnel, l’importance de la “shadow of the future”, les coûts de transaction, et l’aversion au risque des États. Ces conjectures établissent des liens entre les variables indépendantes et dépendantes, offrant une perspective globale sur le processus de création et de modification des institutions internationales.

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12
Q

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Franck Petiteville 2016 (Les OI dépolitisent-elles les RI ?)

A

Cet article examine la dialectique de la politisation et de la dépolitisation des organisations internationales (OI) dans les relations internationales (RI). Les OI, conçues pour réguler les RI au bénéfice de tous de manière impartiale et dépolitisée, ont été historiquement associées à des efforts de neutralisation de la politique. Les auteurs identifient trois modalités de dépolitisation, à savoir la dépolitisation normative, discursive, et par l’expertise. Ils soulignent le recours des OI à des normes éthiques, à une rhétorique d’impartialité, et à l’expertise technique pour dépolitiser leurs actions. Cependant, ils nuancent cette thèse en mettant en évidence deux processus de “repolitisation” : l’instrumentalisation stratégique des OI par les États, qui conservent des intérêts politiques au sein de ces organisations, et le déplacement du conflit et la politisation résiliente des enjeux traités par les OI. Ainsi, malgré les tentatives de dépolitisation, les OI demeurent des arènes où les enjeux politiques persistent, remettant en question l’idée selon laquelle elles seraient des hauts lieux de dépolitisation des questions internationales.

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13
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Tanja A. Börzel and Michael Zürn 2021 (Contestations of the Liberal International Order: From Liberal Multilateralism to Postnational Liberalism

A

L’article aborde la contestation croissante envers l’ordre libéral international (OLI), mettant en lumière un virage vers un libéralisme postnational plus intrusif après la fin de la Guerre froide. Les auteurs identifient deux dimensions clés de cette contestation : l’autorité accrue des institutions internationales et la diversité des stratégies utilisées par les États du Nord et du Sud pour contester l’OLI. Ils proposent une typologie des stratégies de contestation basée sur la position du contestateur par rapport à l’autorité libérale et leur pouvoir au sein des institutions contestées. L’intrusivité croissante du libéralisme est mesurée en termes d’autonomie de l’État et de contraintes imposées par les règles des organisations internationales. Les auteurs soulignent que cette contestation pourrait résulter en partie des dynamiques endogènes à l’OLI lui-même, suggérant que l’augmentation de son intrusivité a généré des tensions et des contradictions. En examinant des cas concrets, tels que la contestation de la Chine et de la Russie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, l’article explore les implications de cette contestation pour l’avenir de l’OLI, envisageant des scénarios possibles allant de sa robustesse accrue à une éventuelle fin de son intrusivité.

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14
Q

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Stephen D. Krasner 1982 (Structural causes and regime consequences: Regimes as intervening variables)

A

Un régime international se définit comme un ensemble de principes, normes, règles, et procédures de prise de décision autour desquels convergent les attentes des acteurs concernant un enjeu spécifique en relations internationales (RI). Les principes représentent des croyances fondamentales, tandis que les normes sont des standards de comportement, et les règles sont des prescriptions spécifiques pour l’action, le tout soutenu par des procédures de prise de décision. Les régimes, caractérisés par leur stabilité relative, subissent des changements qui peuvent être des altérations au niveau des règles et procédures (changement au sein du régime) ou des altérations au niveau des normes et principes (changement de régime). Les perspectives sur l’importance des régimes varient, du structuralisme qui les considère comme superficiels par rapport aux relations de pouvoir, au structuralisme modifié qui reconnaît leur utilité limitée, et à la perspective grotienne qui les voit comme des éléments intrinsèques aux relations humaines, renforçant les comportements motivés par l’intérêt. Les explications du développement des régimes incluent des facteurs tels que le calcul d’intérêt égoïste, le pouvoir politique, la place des normes et principes, l’usage et la coutume, ainsi que l’importance du savoir dans la création et le maintien des régimes internationaux.

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15
Q

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Friedrich Kratochwil et John Ruggie 1986 (International Organization: A State of the Art on an Art of the State)

A

Constat d’un intérêt croissant envers l’étude des OI, alors qu’elles se détériorent selon des auteurs. Ils expliquent cela vers le déplacement de l’intérêt envers les formes internationales institutionnalisées de coopération, vers la gouvernance internationale, les régimes internationaux. En effet, le champ sur l’organisation internationale ne s’est pas développé d’une variable à l’autre, mais plutôt d’un effet cumulatif et progressif en s’intéressant à l’idée de la gouvernance entre les nations. Selon eux, introduction du régime international pour répondre à la lacune de définition de gouvernance internationale (contexte années 1970 déclin É.-U. + changements internationaux ; idée que le régime contraint/conditionne le comportement malgré les changements, donc certain degré d’autonomie). Le régime occupe une place ontologique entre institution formelle et facteurs systémiques. L’ontologie du régime se base sur un fort élément d’intersubjectivité (convergence d’attentes), mais épistémologie positive qui oriente la recherche = contradiction. Le problème est que dans le monde simulé, les acteurs ne peuvent communiquer et s’engager dans un comportement ; ils sont condamnés à communiquer à travers le comportement. Pour les auteurs, la solution est interprétativiste : En contraste au positiviste qui sépare objet et sujet, il faut ouvrir l’analyse de régime à la fonction communicative, plutôt qu’à la seule fonction référentielle des normes en interaction sociale. Ainsi, ce qui constitue la brèche d’une obligation dans un régime n’est pas seulement une « description objective » d’un fait, mais une évaluation intersubjective. Les régimes sont dialogiques.

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16
Q

Robert Keohane 2005 (After Hegemony: Cooperation and Discord in the World Political Economy)

A

L’auteur explore la possibilité de coopération multilatérale après le déclin d’une puissance hégémonique, en se concentrant sur la théorie fonctionnelle des régimes internationaux. Cette théorie, basée sur une inversion du théorème de Coase, considère les régimes comme des solutions aux problèmes de droits de propriété, d’incertitude et de coûts de transaction. Les régimes facilitent la coopération en organisant les relations de manière mutuellement bénéfique et en réduisant les coûts de transaction lors des négociations. Ils résolvent également les échecs politiques de marché en fournissant des mécanismes sans autorité centrale, aidant à juger la réputation des acteurs et réduisant l’asymétrie de l’information. L’article examine comment les régimes internationaux encouragent la conformité en formant des quasi-accords qui facilitent la coopération, et comment les calculs de l’intérêt national sont influencés par ces régimes. En fin de compte, l’auteur remet en question le pessimisme réaliste quant à la possibilité de coopération internationale en déclinant l’hégémonie, soulignant comment les régimes internationaux persistent et facilitent la collaboration même après le déclin d’une puissance dominante.

L’analyse explore la conformité des États aux régimes internationaux, défiant l’idée selon laquelle ils agissent uniquement par intérêt propre immédiat. Les régimes, considérés comme des structures décentralisées, induisent des calculs d’intérêt national plus larges grâce à l’anticipation des avantages de la coopération à long terme et à l’effet multiplicateur des liens entre divers régimes (« issue linkage »). La création coûteuse et complexe des régimes les rend maintenables, tandis que les pressions sociales et les répercussions sur d’autres régimes encouragent la conformité. Ainsi, même dans une perspective réaliste, les intérêts partagés et les conséquences étendues incitent les gouvernements à créer et à maintenir des régimes internationaux, réfutant ainsi le scepticisme réaliste quant à la coopération internationale.

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Q

Textes

Johnston Alastair Iain 2001 (Treating International Institutions as Social Environments)

A

En relations internationales, la socialisation, souvent négligée, est un concept central pour les constructivistes, qui la définissent comme l’internalisation de normes jusqu’à ce qu’elles soient tenues pour acquises. Deux processus principaux de socialisation sont identifiés : la persuasion, impliquant un changement d’opinion et d’attitudes en l’absence de coercition matérielle ou mentale, et l’influence sociale, un processus qui conduit à un comportement pro-norme par la distribution de récompenses et de punitions sociales. La persuasion repose sur la cognition, la réflexion et l’argumentation, tandis que l’influence sociale opère par la conformité publique à des normes socialement approuvées, motivée par la maximisation du statut. La coopération résulte d’une compréhension partagée et d’une structure institutionnelle fournissant des informations sur la conformité au standard socialement approuvé, générant des effets de récompenses et de sanctions sociales. Ainsi, la socialisation en relations internationales est influencée par les caractéristiques de l’environnement social et les traits de l’agent, participant à un processus interactif serré.

18
Q

Textes

Susan Strange 1996 (The State of the State)

A

Strange explique que beaucoup a changé en RI dans le monde post-Guerre froide. S’inscrivant dans l’IPE, elle critique l’incapacité des RI à voir ces changements. Elle explique que pour les RI, le rôle de l’État est plus important (IPE propose d’autres types d’acteurs). Elle critique aussi l’acteur rationnel et unitaire, ainsi la problématique que la sécurité n’est pas le seul enjeu central de l’international. Finalement, pour les réalistes, rien n’a changé après la Guerre froide, car l’identification des individus reste à l’État (et y sont loyaux). L’identité est nationale. Pour IPE, l’identité nationale est une identité et loyauté parmi d’autres. Strange teste son postulat que l’État est une source d’autorité parmi d’autres en dix points. Ce ne veut pas dire que l’État n’a plus de rôle, mais son autorité se voit effritée, voire partagée avec d’autres. Exemples : La responsabilité du choix du développement capitaliste, mais tendance à la convergence des modèles, donc limites du rôle de l’État ; La responsabilité de corriger les cycles économiques, mais ça s’effrite dans le temps, car pas assez fort au national, et manque de coopération au niveau international.

19
Q

Textes

William Walters 2004 (Some Critical Notes on ‘Governance’)

A

La gouvernance, en études politiques, met l’accent sur l’analyse des processus plutôt que sur les institutions, soulignant la fluidité et la polycentricité de l’autorité politique dans un monde caractérisé par des réseaux d’acteurs publics et privés. Bien que la théorie de la gouvernance ait apporté des contributions bénéfiques à la science politique en réorientant les études vers les mécanismes de gouvernance et en remettant en question la centralité de l’État, elle suscite également des critiques. Trois critiques majeures incluent une prédisposition technocratique, la création d’un récit d’un État plus autonome, et la dépolitisation des problèmes sociaux complexes. Le concept de gouvernance peut devenir ambigu et élastique, conduisant à une vision simplifiée de l’efficacité comme but ultime de la gouvernance, tout en minimisant les questions de domination et de pouvoir dans les relations internationales.

20
Q

Textes

Louise Amoore et Marieke de Goede 2005 (Governance, Risk, and Dataveillance in the War on Terror)

A

Cet article propose une analyse critique de l’importance des techniques de gestion de risque dans la guerre contre la terreur. Les « évaluations de risque » sont la façon la plus importante de rendre le danger territorial mesurable et gérable. Cette gouvernance ciblée est un passage de la discipline qui gouverne individuellement les individus vers une « rupture » de l’individu et risque « gérables ». Cette gestion du risque à travers la globalisation passe par une représentation de deux « mondes » de la globalisation : un peuplé par des groupes légitimes et civilisés dont le comportement doit être sécurisé ; et l’autre peuplé par des personnes non civilisées et illégitimes dont le comportement suspicieux doit être ciblé et appréhendé. Cela se base sur une croyance d’une gouvernance utopique. L’impression de « policer » le comportement se base sur un comportement dans la sphère de l’illégitime qui se base sur une catégorisation de normalité et de suspicion, ainsi que de dichotomies entre des pratiques quotidiennes civiles et inciviles. En somme, la gestion de risque par la gouvernance ciblée se base sur une représentation en deux mondes de la globalisation : (1) légitime (2) illégitime. Pourtant, les espaces légitimes et illégitimes de la globalisation sont mutuels et interdépendants.

21
Q

Textes

Ole Jacob Sending et Iver B. Neumann 2006 (Governance to Governmentality: Analysing NGOs, states, and power)

A

Dans les années 1990, un nouvel axe de recherche sur la gouvernance a émergé, transformant la conception des États souverains dans la gestion des affaires internationales. Trois postulats clés ont caractérisé cette évolution, (1) soulignant l’étude de l’État en tant que processus plutôt qu’en tant qu’institution, (2) l’accroissement de l’importance des acteurs non étatiques au détriment de la puissance étatique, (3) et le déplacement de l’autorité politique vers des réseaux transnationaux. Cependant, les auteurs critiquent ces postulats, suggérant qu’ils négligent certains aspects cruciaux des relations entre acteurs étatiques et non étatiques (gouvernance). Pour remédier à cela, ils proposent d’adopter le concept de “gouvernementalité” de Foucault. La gouvernementalité met l’accent sur le pouvoir en tant que rationalité gouvernementale, où la société civile n’est pas considérée comme un espace dépourvu de pouvoir, mais plutôt comme un champ peuplé de sujets politiques autonomes.  Cette approche permet d’analyser comment les acteurs non étatiques façonnent la gouvernance sans que cela soit interprété comme un transfert de pouvoir, mais plutôt comme un changement dans la rationalité gouvernementale.

Cette perspective met en lumière la manière dont la société civile est redéfinie en tant qu’objet et sujet de gouvernement, soulignant l’importance croissante des sujets politiques autonomes. Les auteurs soutiennent que la gouvernance globale doit être étudiée à travers la lentille de la gouvernementalité pour comprendre comment les rationalités gouvernementales définissent les règles, pratiques et techniques, générant des actions et façonnant les acteurs impliqués. En effet, il faut théoriser les relations spécifiques entre les États et acteurs non étatiques, et la logique de processus de gouvernance. Pour ce faire, ils proposent d’utiliser le concept de « gouvernementalité » de Foucault.  Ce concept permet de souligner que le rôle des acteurs non étatiques dans le façonnage de la gouvernance globale n’est pas un transfert de pouvoir, c’est plutôt un changement de « rationalité gouvernementale », où la société civile passe d’objet passif, à une entité objet de sujet du gouvernement. Ce n’est donc pas en opposition du pouvoir de l’État, mais plutôt une façon dont fonctionne le pouvoir dans la société moderne. Ainsi, la gouvernance n’est pas seulement une redistribution de pouvoir, mais plutôt une transformation de la manière dont la société civile est gouvernée, mettant en avant des sujets politiques actifs plutôt que des objets passifs.

22
Q

Textes

John Agnew 1994 (Le piège territorial : Les présupposés géographiques de la théorie des RI)

A

Même lorsque le pouvoir politique est territorial, la territorialité n’implique pas nécessairement les pratiques d’exclusion mutuelle totale que les conceptions dominantes de l’État territorial moderne lui attribuent. Cependant, lorsque la territorialité de l’État est débattue par les théoriciens des relations internationales, la discussion se concentre principalement sur la persistance ou l’obsolescence de l’État territorial en tant qu’entité immuable plutôt que sur sa signification et sa signification dans différents contextes historiques et géographiques. Les événements contemporains remettent en question cette approche. La fin de la Guerre froide, l’augmentation de la vitesse et de la volatilité de l’économie mondiale, et l’émergence de mouvements politiques en dehors du cadre des États territoriaux suggèrent la nécessité de considérer la territorialité des États dans un contexte historique. La pensée conventionnelle repose sur trois présupposés géographiques (les États en tant qu’unités fixes d’espace souverain, la polarité intérieur-extérieur et les États en tant que “conteneurs” des sociétés) qui ont conduit au “piège territorial”.

23
Q

Textes

Nina Glick Schiller, Linda Basch et Cristina Szanton Blanc 1995 (From Immigrant to Transmigrant: Theorizing Transnational Migration)

A

La notion de transmigration se réfère aux migrants dont la vie quotidienne est profondément influencée par des connexions constantes au-delà des frontières nationales, et dont l’identité publique est configurée en relation à plus d’un État national. Contrairement aux migrants simplement en transit, ces individus sont pleinement incorporés dans la société d’accueil tout en maintenant des engagements significatifs avec leur État d’origine. Les raisons de la migration transnationale incluent la détérioration des conditions sociales et économiques, le racisme créant des situations d’insécurité, et le processus de “nation-building” qui génère des loyautés politiques dans chaque État. Les migrants d’aujourd’hui, facilités par les avancées des communications et du transport, trouvent parfois difficile ou indésirable une incorporation totale dans leur pays d’établissement, préférant maintenir des liens transnationaux. Une étude comparative ethnographique des transmigrants philippins et caribéens met en lumière l’importance des réseaux familiaux et des organisations dans la survie individuelle, la mobilité sociale, et même la participation politique tant dans les sociétés d’origine que dans les pays d’accueil. L’idée d’un État-nation déterritorialisé émerge, transcendant les frontières pour englober tous les migrants et leurs descendants, liant ainsi ces individus à la création et au renforcement de l’identité nationale, tout en illustrant un paradoxe où la transnationalisation coexiste avec un renouvellement et un renforcement des États-nations.

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Textes

Arjun Appadurai 2000 (Grassroots Globalization and the Research Imagination)

A

Dans cet article, Appadurai trace le contour et souligne les possibilités pour une mutation vers une « forte internationalisation » de la recherche qui commence à briser les barrières entre le « nord » et le « sud », entre le savoir « académique » et « activiste », et entre les « chercheurs des É-U qui sont suspicieux de toute forme de recherche axée sur les politiques » et les « chercheurs d’autres parties du monde qui se voient eux-mêmes comme profondément engagés dans les transformations sociales balayant leurs propres sociétés ». Il argue pour une recherche qui ne prend pas comme donnée la primauté de la production du savoir occidental. Une recherche qui peut commencer à « assister » les processus de « globalisation locale » qui a émergé pour contrer « les stratégies organisées des intérêts des États et corporatifs », mais qui manque souvent de vision des avantages économiques, politiques et pédagogiques de la contre-globalisation. C’est un appel à l’activité et légitimité de l’intellectuel public critique.

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Textes

Saskia Sassen 2004 (Introduire le concept de ville globale)

A

Dans le contexte de la mondialisation, l’auteur étudie l’affaiblissement du cadre national, et le renforcement du phénomène de globalisation font apparaître des conditions favorables à l’émergence de nouvelles échelles spatiales. Dans ce contexte émerge la « ville globale », où se concentrent ces divers échelons. Cette proposition est en opposition avec les discours dominants des années 1980 sur la globalisation suggérant la fin des villes. Elle souhaite introduire à l’analyse du globalisme les catégories de localisations territoriales et de processus de travail qui ont été éclipsées au profit de l’hypermobilité du capital et du pouvoir des FMN. En effet, de nombreuses ressources qui sont nécessaires aux économies globales sont enracinées dans l’espace comme les « villes globales ». ⇒ L’analyse de la « ville globale » met en évidence que le global se matérialise à travers des arrangements institutionnels localisés sur les territoires nationaux. La dispersion spatiale des activités économiques, mais cela contribue à la concentration territoriale. La localisation reste de façon disproportionnée au sein des pays développés. Cette perspective de « villes globales » contribue à identifier l’architecture organisationnelle complexe qui, en partie déterritorialisée, et en partie concentrée dans les villes, se joue des limites frontalières. L’analyse des villes permet de dépister l’ancrage de multiples dynamiques dans un réseau de lieux où prédominent les villes, et plus particulièrement les villes globales.

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Textes

Sidney Tarrow 2005 (Internationalism and Contention)

A

Dans son dernier livre, “Le Nouvelle Activisme Transnational,” Sidney Tarrow examine comment l’activisme politique évolue dans un monde de plus en plus mondialisé. Alors que de nombreux observateurs estiment que la politique contestataire est devenue globale, Tarrow soutient que les États nationaux restent des acteurs clés et que l’activisme transnational est en réalité enraciné dans le contexte des États-nations. En résumé, sa thèse est que si la mondialisation fournit les motifs de la protestation, l’internationalisme offre l’opportunité. En d’autres termes, la mondialisation fonctionne comme “une source d’intérêt, d’idéologie et de griefs” pour (certains) militants transnationaux, mais l’internationalisme fournit le cadre institutionnel et informel dans lequel une telle activité peut avoir lieu. En d’autres termes, l’internationalisme fonctionne comme une structure d’opportunité politique au niveau international. Bien que les processus d’internationalisation et de mondialisation offrent de nouvelles opportunités à l’activisme transnational, il soutient que sa signification ne peut être comprise sans comprendre à quel point il dépend encore des ressources et des opportunités fournies par les structures politiques des États-nations. Il décrit six processus impliqués dans l’activisme transnational, les classant en trois catégories : ceux qui se déroulent uniquement au niveau national mais sont motivés par des événements internationaux, ceux qui relient les arènes politique nationale et internationale, et ceux qui se déroulent principalement au niveau international. En résumé, Tarrow remet en question l’idée que l’activisme transnational soit totalement détaché des États nationaux et soutient que ces derniers restent des acteurs importants dans le paysage politique mondial.

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Textes

Jackie Smith, Samantha Plummer and Melanie M. Hugues 2017 (Transnational social movements and changing organizational fields in the late 20th and early 21st centuries)

A

Les dernières décennies ont été marquées par des changements spectaculaires sur la scène politique mondiale, notamment des changements dans les arrangements géopolitiques, une augmentation de la mobilisation populaire et de la contestation sur l’orientation de la mondialisation, ainsi que des efforts déployés par les élites pour canaliser ou freiner l’opposition populaire. Nous explorons comment ces facteurs affectent les changements dans la politique mondiale. Les populations organisationnelles sont façonnées par les interactions continues entre les acteurs de la société civile, des entreprises et des gouvernements opérant à plusieurs niveaux. Au cours des années 1990 et 2000, les acteurs économiques et gouvernementaux ont favorisé la « néolibéralisation de la société civile » et l’appropriation des concepts et pratiques du mouvement pour soutenir les intérêts des élites. Les pressions matérielles, calculs stratégiques et les efforts idéologiques des corporations et de leurs alliés élites ont amené certaines organisations initiant formulées pour promouvoir des approches critiques à la globalité économique à s’engager au sein de projet qui avancent les intérêts du capital global (ex. féminisme et libéralisme). On pourrait y voir l’échec du mouvement, mais c’est aussi un symbole de leur force, car ça amène les élites à y réagir. Tous les acteurs du mouvement n’ont pas été des témoins passifs de ce processus : ils se sont engagés dans d’intenses débats internes et ont adapté leurs stratégies organisationnelles pour faire avancer la transformation sociale. En somme, les mouvements sociaux ont répondu de leur côté en générant de nouvelles formes d’organisations et en ouvrant des espaces hybrides pour promouvoir des dialogues critiques, contrant la coopte des élites et amplifiant leur influence en politique globale.

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Textes

David Lake 2007 (Escape from the State of Nature: Authority and Hierarchy in the World Politics)

A

L’auteur remet en question les paradigmes dominants en relations internationales (RI), tels que le réalisme, le libéralisme et le constructivisme, qui considèrent le système international comme dépourvu d’autorité politique. Au contraire, l’auteur soutient que des relations hiérarchiques ont toujours existé, impliquant le transfert partiel de la souveraineté du régime subordonné à l’État dominant. Une relation politique est anarchique, si les unités (États) ne possèdent pas d’autorité sur l’autre. Une relation hiérarchique, quand une unité dominante possède l’autorité sur un second État, l’État subordonné. Il définit l’autorité politique comme une forme légitime de pouvoir dans laquelle l’État dominant a le droit d’ordonner à un autre État subordonné, qui reconnaît cette autorité en conformant son comportement en échange d’une stabilité sociale et d’une protection. Cette conception relationnelle de l’autorité remet en question la vision traditionnelle de l’autonomie politique. L’auteur propose des indicateurs pour mesurer la hiérarchie sécuritaire et économique, soulignant que la souveraineté n’est pas toujours indivisible. En testant son hypothèse sur les dépenses militaires de 1950 à 2000, l’auteur conclut que les États privilégient la subordination pour la protection plutôt que de s’engager dans l’équilibre du “self-help” traditionnel dans un système anarchique.

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Textes

Yves Dezalay and Bryant G. Garth 2021 (Legal Revolutions, Cosmopolitan Legal Elites, and Interconnected Histories)

A

La croissance globale du capitalisme financier et de l’économie néolibérale dans les 40 dernières années aide à produire une révolution légale dans le monde. Cela amène une prolifération de larges compagnies légales au sein des capitales mondiales et une tendance vers une réforme de l’éducation légale vers des approches É-U-centriques en éducation juridique. Cette révolution est associée à un engagement moderne à la méritocratie déployée contre les élites juridiques retranchées. L’impact est visible dans les pays majoritairement en Asie. Ce livre s’intéresse à la façon dont ces « révolutions » attaquent les hiérarchies juridiques et sont central à leur reproduction. Argument : le contrôle de la production des producteurs est appliqué principalement pour protéger ceux au haut de la hiérarchie. Il s’agit de mettre en œuvre une hiérarchie interne qui réserve l’accès aux positions du haut à une élite cosmopolitaine, avec souvent un large capital juridique et des diplômes d’écoles très sélectives. Ceux qui occupent les positions en haut sont présentés comme ayant monté à travers des processus méritocratiques, quand alors ils ont dépensé beaucoup de capital familial, social et économique, ce qui inclut l’accès à des universités exclusives. Le mixte de capital social et de méritocratique varie dans l’espace et dans le temps, mais les dynamiques de reproduction des élites sont générales.

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Textes

Michael Barnett et Raymond Duvall 2005 (Power in international politics)

A

Les auteurs soulignent la limitation de la compréhension traditionnelle du pouvoir dans les Relations Internationales (RI), qui se concentre souvent sur le contrôle d’un acteur sur un autre pour influencer son comportement. Ils proposent une approche plus nuancée en introduisant une taxonomie de la puissance, comprenant quatre formes distinctes : obligatoire, institutionnelle, structurelle et productive. Cette diversification vise à encourager une analyse plus approfondie des mécanismes de pouvoir, en tenant compte de différentes relations sociales et processus. Les types de pouvoir incluent la capacité d’imposer directement des actions (puissance obligatoire), le contrôle indirect par le biais d’institutions formelles et informelles (puissance institutionnelle), la constitution mutuelle des capacités par des structures sociales (puissance structurelle) et la production de sujets à travers des processus sociaux diffus (puissance productive). Les auteurs illustrent l’utilité de cette approche en examinant la gouvernance mondiale et l’Empire américain, soulignant que ces différentes formes de puissance interagissent souvent de manière complexe dans divers contextes sociaux.

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Textes

Achille Mbembe 2006 (Nécropolitique)

A

Mbembe avance l’hypothèse que l’expression ultime de la souveraineté repose sur le pouvoir de décider qui peut vivre et qui doit mourir, une idée qui s’inspire du concept de “biopouvoir” de Foucault. Selon Foucault, le biopouvoir représente un changement dans la logique du pouvoir, passant du contrôle de la mort à celui de la vie, en mettant l’accent sur la gestion et la normalisation de la population. Mbembe ajoute la notion de “nécropolitique” pour expliquer les formes contemporaines de soumission de la vie au pouvoir de la mort. Il critique le biopouvoir comme insuffisant, soulignant que la nécropolitique englobe des actions de mise à mort par l’État qui réduisent certaines populations à une “bare life,” les déshumanisant et les rendant vulnérables à des attaques. Mbembe illustre son argument en examinant des exemples tels que le conflit israélo-palestinien. La nécropolitique, pour lui, crée des “zones d’existences” pour les “morts vivants,” où la souveraineté individuelle sur le corps est anéantie, témoignant ainsi d’une forme contemporaine de subjugation de la vie au pouvoir de la mort.

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Qu’est-ce que l’éclectisme analytique?

A

Introduit par Sil et Katzenstein : L’idée est de partir non pas d’un cadre théorique, mais d’une question. Son but n’est ni de faire converger ou fusionner les théories existantes, mais plutôt d’emprunter des outils théories ici et là, sans se soucier de leur appartenance à des théories constituées, pour les appliquer à des questions concrètes. C’est toute approche qui vise à extraire, traduire et intégrer de manière sélective des éléments analytiques de théories ou de récits développés dans des paradigmes distincts, mais abordant des aspects connexes de problèmes de fond ayant un intérêt à la fois académique et pratique.

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Qu’est-ce qu’une sociologie des RI?

A

Une sociologie des RI implique une triple exigence : (1) Celle de considérer les faits internationaux comme des faits sociaux, et donc de les construire comme tels. (2) Celle de prendre en compte les effets des phénomènes sociaux en s’intéressant par exemple aux effets de l’irruption des sociétés dans l’arène internationale. (3) Reconsidérer, en les problématisant, les rapports entre le local, le transnational et l’international.

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Q

Que sont le biopouvoir et la bipolitique?

A

L’idée est abordée tout d’abord par Foucault. C’est un mécanisme d’exercice du pouvoir sur la population qui succède à la période de pouvoir souverain de l’État. Le pouvoir ne s’exerce pas uniquement sur des sujets, mais sur des populations composées d’êtres vivants et caractérisées par leur taux de natalité, de mortalité, de morbidité et leur état de santé. Le biopouvoir, soit le pouvoir sur la vie, s’est développé au courant du 18e s sous deux formes distinctes, mais interreliées : (1) Discipline qui assure des procédures de « dressages » sur le « corps humain comme machine », afin d’augmenter les aptitudes, forces, l’utilité et la docilité permettant alors son intégration à des systèmes de contrôle et à des systèmes économiques (2) L’aspect biologique du corps, soit la biopolitique qui est une série d’interventions et de contrôles. Ainsi, la vie est devenue un enjeu d’importance et prend le dessus sur le droit. On s’intéresse maintenant « au droit à la vie, au corps, à la santé, au bonheur, et à la satisfaction des besoins ». Ces nouvelles procédures de pouvoir ne relèvent plus du droit traditionnel, mais de la souveraineté.

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Antoine Vauchez 2013 (Le prisme circulatoire. Retour sur un leitmotiv académique)

A

Le concept de “circulation” dans les sciences sociales représente un outil méthodologique central pour étudier le transnationalisme, permettant de dépasser les limites des approches monographiques ou comparatives centrées sur des cadres nationaux clos. Toutefois, son utilisation engendre des pièges méthodologiques. La linéarité apparente de la circulation est souvent un continuum, les groupes transnationaux peuvent être surestimés et les espaces transnationaux ne sont pas des terrains de jeu sans frontières. En outre, les organisations internationales reflètent souvent des divisions historiquement enracinées, et la sociologie des champs peut sous-estimer l’instabilité des espaces transnationaux, notamment dans des domaines peu structurés nationalement comme l’expertise sur le terrorisme. Ainsi, repenser le meilleur cadre conceptuel pour appréhender ces espaces implique de reconnaître leur hétérogénéité et leur instabilité, en particulier pour des domaines non solidement établis au niveau national comme l’expertise en terrorisme, qui provient de divers spécialistes aux statuts variés et hybride des savoirs disciplinaires multiples.