désir et bonheur Flashcards
défaut du désir
La conception que le Marquis de Sade se fait du bonheur semble alors incompatible avec la vie sociale. On ne peut en effet satisfaire tous ses désirs qui sont parfois cruels et démesurés : si l’on adoptait, comme il le prône une certains anarchie du plaisir, en narguant les lois, ce serait à proprement parler la loi de la jungle. Chacun agirait pour sa propre personne et aurait peur de mourir ou d’être victime des désirs immodérés des autres. L’amour et l’amitié auraient-ils encore une sens dans un tel monde ? Ainsi l’on ne pourrait qualifier cette situation d’être victime des désirs immodérés des autres. L’amour et l’amitié auraient-ils encore une sens dans un tel monde ? Ainsi l’on ne pourrait qualifier cette situation d’état de bonheur puisque nous ne serions pas dans un état de tranquillité, de plénitude, de sérénité.
I- le caractère illimité du bonheur
le banquet platon
Pour illustrer l’origine du désir amoureux, Platon utilise le célèbre mythe des androgynes (Le Banquet). Il raconte que les dieux avaient créé au départ trois espèces : les hommes, les femmes et les androgynes (mi-hommes, mi-femmes). Chaque individu possédait quatre bras, quatre jambes, deux têtes et avait la forme d’une boule, qui roulait pour se déplacer. Un jour, ces individus partirent à l’assaut du ciel et du royaume des dieux. Pour les punir, les dieux décidèrent de les couper en deux. Depuis ce jour, chaque moitié recherche l’autre désespérément ainsi de reconstituer l’unité perdue.
Ce mythe illustre l’idée que tout désir serait une poursuite désespérée d’un idéal. Le désir fait partie de l’origine et de l’essence des hommes et meut chacun de leurs actes.
le caractère illimité du désir
B- L’image du tonneau percé de Platon
L’image du tonneau percé de Platon
Dans le Gorgias, Platon utilise l’image des tonneaux percés pour montrer qu’une vie de plaisirs ne peut pas permettre d’accéder au bonheur. En effet, puisque le propre du désir est de renaître sans cesse, chercher à être heureux en cumulant les plaisirs reviendrait à sans cesse remplir des tonneaux percés des mets les plus fins : ceux-ci ne seraient jamais remplis, et la quête de leur contenu serait infinie.
Cette image des tonneaux percés permet de montrer que le mécanisme du désir ne peut mener au bonheur : tenter d’être heureux en satisfaisant tous nos désirs revient ainsi à passer toute sa vie à courir après le bonheur, sans jamais l’atteindre.
II la force motrice de l’homme
L’inquiétude chez locke
chez Leibniz
Qu’un homme adonné au vin considère, qu’en menant la vie qu’il mène, il ruine sa santé, dissipe son bien, qu’il va se déshonorer dans le monde, s’attirer des maladies, et tomber enfin dans l’indigence jusqu’à n’avoir plus de quoi satisfaire cette passion de boire qui le possède si fort : cependant les retours de l’inquiétude qu’il sent à être absent de ses compagnons de débauche, l’entraînent au cabaret aux heures qu’il est accoutumé d’y aller, quoiqu’il ait alors devant les yeux la perte de sa santé et de son bien, et peut-être même celle du bonheur de l’autre vie : bonheur qu’il ne peut regarder comme un bien peu considérable en lui-même, puisqu’il avoue au contraire qu’il est beaucoup plus excellent que le plaisir de boire, ou que le vain babil d’une troupe de débauchés.
John Locke
Essais sur l’entendement humain
Dans ce texte, Locke montre que le désir est inquiétude, c’est-à-dire douleur ou souffrance liée à l’absence de ce que l’on considère comme un bien. Ainsi, l’ivrogne, même s’il sait qu’en se rendant au cabaret il ruine sa santé, sa réputation, et peut-être même sa vie, sera poussé chaque soir à y retourner. Car dès qu’il sent en lui naître cette inquiétude, il ne peut s’empêcher de chercher un moyen de la soulager.
L’inquiétude, ce qu’on nomme désir, est le principal aiguillon qui excite l’industrie et l’activité des hommes.
Leibniz
Nouveaux essais sur l’entendement humain
1765
Leibniz souligne le caractère positif du désir, car c’est ce dernier qui met en mouvement les hommes et les pousse au progrès. Pour satisfaire ses désirs, l’Homme fait des efforts. Le désir, compris comme inquiétude, est donc ce qui meut l’Homme dans tout ce qu’il entreprend.
le bonheur comme innacessible
Le bonheur est inaccessible
Il n’y a qu’une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux.
Schopenhauer
Le Monde comme volonté et comme représentation
1818
Pour Schopenhauer, l’existence de l’Homme est marquée par l’expérience du désir. Or le désir est un va-et-vient permanent entre souffrance liée à un manque et plaisir lié à la satisfaction d’un désir. L’Homme ne peut donc pas atteindre le bonheur, puisqu’il est pris dans ce mouvement. C’est donc une illusion de croire que la fin de son existence est le bonheur.
le bonheur est le but de l’existence humaine
Aristote
Ce n’est pas seulement en vue de vivre, mais plutôt en vue d’une vie heureuse qu’on s’assemble en une cité
Aristote
Les Politiques
IVe siècle avant J.-C.
Le bonheur est le but propre de la vie humaine. C’est pourquoi une société humaine, une cité, recherche la vie heureuse, et non simplement la vie ou la survie matérielle. Les hommes ne s’assemblent pas seulement pour les biens matériels, contrairement aux communautés animales.
une existence entre balancement manque / satisfaction
L’insatiabilité du désir est ce qui en fait une souffrance : il renaît sans cesse et l’impossibilité de le satisfaire entraîne au malheur.
Autrement dit, le plaisir engendré quand on satisfait un désir n’est qu’éphémère tandis que la souffrance est constante.
C’est ce que met en évidence le philosophe Schopenhauer.
Le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir. Comme une aumône qu’on jette à un mendiant, elle lui sauve la vie aujourd’hui pour prolonger sa misère jusqu’à demain.
Schopenhauer
Le Monde comme volonté et comme représentation
1818
Schopenhauer montre que le désir fait de l’existence une souffrance perpétuelle. En effet, quand on désire quelque chose que l’on n’a pas, on souffre de ne pas l’avoir. Mais si on finit par l’obtenir, la satisfaction n’est que momentanée : très vite, on veut satisfaire un nouveau désir.
Le désir semble donc être un mouvement sans fin, qui conduit l’Homme à la souffrance. La solution serait alors de ne plus rien désirer.
faire du désir la force motrice dans la recherche du bonheur
la route vers la béatitude
Mais au lieu de considérer le désir comme un élément empêchant le bonheur, on pourrait tenter de le considérer comme une force. En effet, si le désir est ce qui anime l’Homme, ce qui le pousse hors de lui, il pourrait être aussi ce qui l’amène vers le bonheur.
C’est ainsi que Spinoza nous propose de penser le désir : celui-ci serait ce qui pousse l’Homme à continuer d’exister.
Le Désir est l’essence même de l’Homme en tant qu’effort pour persévérer dans son être.
Spinoza
Éthique
1677
Pour Spinoza, le désir n’est pas quelque chose d’extérieur à l’Homme : c’est l’expression de son essence. En effet, notre corps tout comme notre esprit ont des désirs qui les incitent à continuer d’exister et à se développer conformément à leur nature. Il faut donc apprendre à suivre notre nature profonde, laquelle s’exprime par des désirs.
Pour Spinoza, le désir n’est pas provoqué par un objet extérieur : il le précède, et le crée comme objet. Autrement dit, c’est parce qu’on désire un objet qu’on pense qu’il est une chose bonne pour nous.
L’enjeu, dès lors, n’est plus de limiter nos désirs, ce qui est impossible, mais de connaître notre essence profonde. Il importe de connaître ce qui est conforme à notre nature, pour connaître les causes de nos désirs, et ainsi savoir lesquels satisfaire.
Spinoza invite donc à connaître les causes des désirs, afin d’apprendre à écarter ceux qui ne réalisent pas notre essence. C’est en empruntant ce chemin qu’il est possible d’accéder à la béatitude.
Conatus Le conatus (du verbe latin conor, qui signifie "s'efforcer" ou "tendre vers") selon Spinoza est "l'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être".
force motrice pour la route vers le bonheur la création de soi même selon bergson
La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal.
Bergson
L’Énergie spirituelle
La joie est une affirmation de la vie : c’est le signe que l’individu est parvenu à se dépasser lui-même. La joie est donc le signe de la capacité de l’individu à opérer une “création de soi par soi”, c’est-à-dire à augmenter son être.
L’affirmation de la puissance du désir ne conduit pas nécessairement à un rapport destructeur avec autrui et avec soi-même. Dans la joie, le désir est créateur, et sa force participe à un processus d’affirmation de soi-même et de construction de soi-même. C’est ce mouvement même qui conduit au bonheur d’être vraiment soi-même.