Cours 10 Flashcards
Qu’entend-on par l’idée d’extension de l’éthique?
L’idée d’extention de l’éthique réfère donc à ce processus progressif d’élargissement de la perspective morale, qui en vient à considérer des groupes qui n’étaient pas considérés auparavant (incluant peut-être les animaux et la nature également).
Comment la domination de l’homme sur la femme peut être liée au plan conceptuel à la domination de l’être humain sur la nature?
Ainsi, ces féministes vont proposer l’existence d’un schéma de domination traditionnel à la culture occidentale, qui partage une parenté symbolique avec la domination de la nature, pour expliquer leur rejet de ces deux formes de domination reliées selon elles.
Pour bien voir comment s’articule ce schéma de domination, il faut retourner vers l’histoire des idées.
Nous avons déjà présenté l’idée que l’anthropocentrisme découlait en partie du moins d’une posture philosophique présente depuis des milliers d’années et ayant influencé la culture occidentale.
«Être humain (homme), c’est dominer la nature»
connexion entre féminisme et végétarisme
Certaines philosophes féministes, dont Carol Adams, ont développé une position féministe très critique de la consommation de viande.
Pour elles, la domination de l’homme sur la femme serait liée à la domination de l’être humain sur la nature.
Une autre philosophe, Val Plumwood, va plus loin et affirme que l’anthropocentrisme est en fait un androcentrisme.
Donc, pour elles, rejeter la domination de l’homme sur la femme implique aussi de rejeter la domination de l’être humain (homme) sur la nature.
Cela implique donc selon elles qu’une féministe devrait également être végétarienne par souci de cohérence.
Selon Carol J. Adams, il y aurait des similitudes entre la façon dont parle de la viande et des femmes.
Selon elle, les deux termes sont utilisés en tant que référent absent.
Cela veut dire que quand on utilise le mot viande, on désigne par là un morceau de tissu animal désincarné (coupé du corps), ne renvoyant plus à l’animal complet et éventuellement individualisé.
On mange du porc, et non un bout de la patte de Babe…
un détour par le language
De la même façon, le terme «femme» peut être utilisé de manière générique et désincarnée, pour parler de la femme en tant qu’objet de désir sexuel par exemple.
On conçoit le désir pour la femme comme le désir pour des « morceaux de viande» ; des jambes, des fesses, des seins, et non comme envers une individualité à part entière.
Considérez également l’expérience de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles, pour qui l’expérience de l’abus sexuel se présente comme l’usage désincarné d’une partie de leur corps par l’abuseur, qui est «jetée» ensuite sans égard pour le fait qu’il ne s’agit pas d’un objet sexuel mais d’une personne à part entière.
schema de domination
L’existence de ce schéma de domination repose sur l’idée qu’il existe une hiérarchie «ontologique» entre les êtres.
Il y aurait des entités (Dieu, l’être humain, l’homme), qui seraient supérieures à d’autres (le vivant, la femme).
Au plan de la représentation philosophique, c’est comme si il y avait des couples d’opposition représentant cette hiérarchie ontologique (ex.: humain/animal).
Ce schéma de domination se déploierait par la suite en proposant une série d’oppositions conceptuelles qui cimenteraient l’appartenance symbolique de l’homme et de la femme, de l’humain et du vivant non-humain, à des règnes différents, hiérarchiques (donc impliquant un terme supérieur et un terme inférieur).
Ensuite, l’idée au plan éthique serait de dire que le supérieur peut et doit dominer sur l’inférieur.
