Chapitre 2 Le pouvoir impérial partagé. De la Tétrarchie au Ve siècle Flashcards
Tout d’abord, l’absence de règles officielles du principat a pour conséquence que, dès le Haut-Empire, le pouvoir impérial n’était pas toujours entre les mains d’une seule personne. Le princeps est celui qui :
cumule les magistratures, mais les magistratures
ont toujours été collégiales ; par conséquent, les fonctions remplies par le princeps peuvent être remplies par plusieurs personnes. C’est le cas depuis Auguste, qui avait associé progressivement Tibère à tous ses pouvoirs : surnom d’imperator, consulat,
puissance tribunicienne. Durant le Haut-Empire, toutefois, l’un des deux avait toujours prééminence sur l’autre, même s’il y a eu des expériences de collégialité presque à parts égales, comme Marc Aurèle et Lucius Vérus entre 161 et 169.
L’œuvre de Dioclétien a été mue par :
un grand pragmatisme, sans plan prédéfini ou vision particulière du pouvoir impérial, mais elle a indéniablement profondément transformé le pouvoir impérial et le gouvernement de l’empire. Bien des réformes réalisées sous la Tétrarchie dureront longtemps, mais le système parfaitement cohérent de transmission et de partage du pouvoir impérial ne va pas résister longtemps aux ambitions des fils des Tétrarques.
La mort des persécuteurs de Lactance. Lactance est né en :
Afrique vers 250 ; d’abord païen, il se convertit au christianisme et s’installe à Nicomédie dans les premières années du IVe siècle ; il y fait la connaissance de Constantin, à la cour duquel il travaillera ensuite, notamment comme précepteur de
son fils aîné Crispus. Son œuvre la plus célèbre est Institutions divines, un ouvrage théologique, mais il a aussi écrit un traité plus utile pour notre cours : De la mort des persécuteurs, une œuvre dans laquelle il tente de démontrer que tous les empereurs
qui ont persécuté les chrétiens ont connu des mots prématurées et horribles. Il attaque particulièrement les Tétrarques, sauf Constance Chlore, père de Constantin.
La passation de pouvoir se fait par la présentation du
nouvel empereur aux troupes ainsi que par la transmission d’un symbole de pouvoir :
le manteau de pourpre du général en chef (qu’on appelle le paludamentum depuis le Haut-Empire et qu’on appellera bientôt seulement purpura, la « pourpre », aux IVe et Ve siècles).
En 350, Constant est assassiné, victime d’un
usurpateur. Il faut dire un mot de cette usurpation, intéressante à plus d’un titre pour ce qu’elle révèle du pouvoir et pour ses conséquences. L’usurpateur en question est :
Magnence : les sources disent que ses parents, ou seulement sa mère, sont barbares (même si
l’on ne sait pas trop d’où) ; il a néanmoins fait carrière dans l’armée romaine, jusqu’à devenir capitaine des gardes. Son succès facile contre Constant (les troupes, puis les provinces occidentales se rallient à lui) montre que celui-ci était devenu impopulaire, et que les soldats préfèrent encore une fois l’un des leurs, fût-il d’origine barbare, à un fils de Constantin.
Valentinien, après quelques jours de réflexion, nomme Auguste…
… son frère Valens. Voici le récit que fait Ammien Marcellin de leur partage de l’empire.L’intérêt de ce texte est de montrer le partage qu’effectuent les deux nouveaux empereurs : l’un prend la tête de l’Occident, l’autre de l’Orient. On le voit, l’un des deux a la primauté, parce qu’il a été désigné par les soldats, et choisit d’abord ses hommes. Si Valentinien, Auguste senior, choisit l’Occident, c’est que la région semble encore à ce moment plus importante, peut-être aussi plus riche.
Par ailleurs, l’idée d’une division précoce a été
instrumentalisée a posteriori par :
l’Eglise catholique romaine à partir du VIe siècle :
tandis qu’en Orient, le patriarche de Constantinople était très lié à l’empereur, l’évêque de Rome s’est retrouvé en position d’imposer sa primauté sur l’Eglise occidentale ; le partage supposé de l’empire a été un moyen pour le pape de justifier par l’histoire son
émancipation de la tutelle de Constantinople.
