Sciences humaines - Références Flashcards

1
Q

?

  1. Pour ? : les universaux ont une existence distincte des objets, appartiennent au monde des idées ;
  2. Pour ? : les noms ne sont employés par les hommes que pour désigner ce qu’ils observent (nominalisme).
A

Querelle des « universaux » (= concepts généraux), au XIIe siècle

  1. Bernard de Clairvaux
  2. Pierre Abélard.
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2
Q

Règle de parcimonie selon laquelle il faut découper les hypothèses qui n’apportent rien au raisonnement.

A

« Rasoir d’Ockham »

📚 Guillaume d’Ockham, philosophe scolastique anglais du XIVe siècle et nominaliste.

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3
Q

I. Proposition scientifique = proposition réfutable.

II. « Tous les cygnes sont blancs » = conjecture scientifique.

→ Découverte d’un cygne noir = réfutation.

A

Karl Popper, Logique de la découverte scientifique, 1934

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4
Q

Homo sociologicus :

Primat de l’individu et son agrégation → société.

≠ Durkheim.

A

Raymond Boudon, « Théorie du choix rationnel ou individualisme méthodologique ? », 2004

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5
Q

I. Sciences de la nature : qu’on peut expliquer ;

vs.

Sciences de l’esprit qui nécessitent une démarche herméneutique :

Interprétation des manifestations concrètes de l’esprit humain.

II. On ne peut distinguer jugement de fait et jugement de valeur dans les sciences de l’esprit :

« il est, en soi, impossible de ne pas juger les faits qu’on expose ».

A

Wilhelm Dilthey, Introduction aux sciences de l’esprit, 1883

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6
Q

I. Le suicide désigne tout acte de mort résultant d’un acte positif de la victime qui savait ce résultat arriver.

II. A. Taux de suicide :

  • Au lieu d’étudier des unités indépendantes ;
  • L’auteur s’attache au total obtenu, qui est sui generis, disposant de sa propre unité et de sa propre nature, éminemment sociale.

B. L’auteur constate que l’influence des causes non sociales (psychopathologies, hérédité) est nulle.

→ Le phénomène du suicide permet de distinguer sociologie et psychologie, en mettant en évidence les irrégularités statistiques.

A

Durkheim, Le Suicide, 1897

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7
Q

I. Le congé hebdomadaire scolaire est le jeudi jusqu’en 1972, puis devient le mercredi → les auteurs constatent que le jour hebdomadaire de diminution du suicide chez les femmes se déplace avec le congé.

II. La thèse selon laquelle la charge des enfants diminue le suicide chez les femmes résiste à la réfutation par la comparaison avec le jour de congé du mercredi.

A

Baudelot et Establet, Suicide. L’envers de notre monde, 2006

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8
Q

I. Phénomène en réalité artificiel du fait d’une insuffisance de contrôle des techniques employées.

II. Par exemple:

Une variation concomitante n’est pas nécessairement synonyme de relation de cause à effet.

A

Artefact

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9
Q

I. Diversité des régimes politiques :

Classification entre monarchie, despotisme et république.

Chacune se caractérise par sa nature (structure du pouvoir) et par son principe (les passions humaines qui l’animent) :

  • Monarchie : noblesse héréditaire et privilège (principe : l’honneur) ;
  • Despotisme : un seul gouverne selon son caprice et sans lois (principe : crainte) ;
  • République démocratique : peuple souverain et sujet (vertu) ;
  • République aristocratique : une partie du peuple détient la puissance souveraine (idéal de l’auteur, démocratie tempérée).

II. Théorie des climats, qui est important pour la détermination du régime politique :

Par exemple, l’Asie connaît un esprit de servitude parce qu’elle n’a pas de vraies zones tempérées et que l’étendue de ses plaines est immense.

📚 La théorie des climats, bien qu’attribuée à Montesquieu, est présente dès l’Antiquité (Hippocrate, Aristote, Vitruve), puis perdure (Ibn Khaldoun, Boileau, Bodin).

A

Montesquieu, L’Esprit des lois, 1948

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10
Q

Définition des lois en sciences humaines :

Les lois sont « des rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ».

A

Montesquieu, De l’Esprit des lois, 1748

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11
Q

La démocratie n’a pas seulement un sens étymologique et politique, mais revêt surtout un sens social :

  • Égalisation des conditions et individualisme ;
  • Résistance à « l’empire moral des majorités ».
A

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, t. 1, 1835

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12
Q

La Révolution n’a pas été une rupture :

Le progrès de l’égalité a précédé la Révolution et en fut l’une des causes, et non la conséquence.

A

Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, 1856

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13
Q

I. 📚 La dialectique désigne :

  • Une méthode de discussion et de raisonnement dans l’Antiquité, dès les pré-socratiques ;
  • Une technique classique de raisonnement à l’époque médiévale, avec la contradiction thèse-antithèse et son dépassement par la synthèse.

II. Chez cet auteur, la dialectique est une théorie générale du monde qui avance par succession de contradictions résolues et de mouvements, que Marx appellera des « bonds successifs ».

A

Georg Hegel

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14
Q

Reprise de la dialectique hégelienne pour la « remettre sur pied » en substituant le matérialisme à l’idéalisme.

A

Karl Marx

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15
Q

I. A. Monographie moraliste des conditions de travail déplorables des ouvriers.

B. La constitution de la société industrielle s’accompagne d’une paupérisation relative de la classe ouvrière :

Apparition de la question sociale et de l’exclusion.

II. Dimension statistique :

Il s’agit alors d’identifier quantitativement les populations « dangereuses ».

📚 Une des premières études portant sur la famille en sociologie.

A

Louis René Villermé, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, 1840

  • (Médecin français, précurseur de la sociologie)
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16
Q

I. Premier à employer le terme de sociologie.

II. Père du positivisme, qui consiste selon sont auteur à « observer les faits à l’écart de tout jugement de valeur et énoncer des lois ».

A

Auguste Comte

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17
Q

I. La fonction principale de la division du travail est de produire de la solidarité sociale, en intériorisant des normes et des valeurs.

II. L’anomie :

  • Désigne la carence de légitimité des règles et des lois ;
  • Est un dérèglement social résultant du passage d’une forme de solidarité à une autre accompagnée d’un accroissement « anormal » de la conscience individuelle aux dépens de la conscience collective.
A

Émile Durkheim, De la Division du travail social, 1893

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18
Q

Le don et le contre-don :

  • ne se réduisent pas à un échange économique utilitaire ;
  • sont un fait social : matérialisation du lien social, installation de la réciprocité dans le temps, etc.
A

Marcel Mauss, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, 1923-1924

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19
Q

I. Neutralité axiologique nécessaire de la part du sociologue.

II. Trois idéaux types de légitimités de la domination :

  1. La domination traditionnelle : « croyance quotidienne en la sainteté des traditions » ; soit le caractère sacré de la domination : seigneurs dans la société féodale ;
  2. La domination charismatique repose sur la « soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire d’une personne » : prophète, chef militaire ;
  3. La domination légale rationnelle, qui repose sur « la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens » : direction administrative bureaucratique.

III. A. L’homme politique doit choisir entre :

  • L’éthique de la conviction : elle suppose une action parfaite. C’est l’éthique du savant ou du sage, qui ne veut pas assumer la responsabilité d’une action imparfaite ;
  • L’éthique de la responsabilité : elle suppose d’assumer le fait d’être la cause d’une action concrète dans le monde, de ses actes, et de leurs conséquences.

B. L’éthique de la responsabilité prend une dimension particulière chez l’auteur, elle consiste à assumer une éthique du relatif, à assumer la responsabilité d’une action même si elle produit des conséquences négatives. Ce doit être celle du politique.

A

Max Weber, Le Savant et le politique, 1919

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20
Q

Processus de rationalisation conduisant au désenchantement du monde :

≠ progrès de la connaissance.

A

Weber, Économie et société, 1921

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21
Q

Les faits sont toujours construits :

« le réel n’a jamais l’initiative puisqu’il ne peut répondre que si on l’interroge ».

A

Bourdieu, Chamboredon et Passeron, « Le métier de sociologue », 1968

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22
Q

I. L’habitus :

  • N’est pas une habitude, laquelle est un phénomène de reproduction d’un comportement inculqué par le milieu social ;
  • Il est un système de préférences ;
  • N’est pas non plus un automatisme automatisme ;
  • Mais il est une prédisposition à agir qui influence les pratiques des individus au quotidien.

II. L’habitus est un « système de […] structures structurées prédisposées à fonctionner comme des structures structurantes ».

⚠️ On distingue habitus de classe et habitus individuel.

A

Pierre Bourdieu, Le sens pratique, 1980

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23
Q

I. Mise en évidence d’un « effet d’agrégation ».

II. Par exemple, la ségrégation raciale dans l’espace urbain (« ségrégation résidentielle ») :

Si chacun désire appartenir à un environnement où au moins la moitié de ses voisins soit de la même catégorie que lui, il en résultera que presque tous les voisins de chaque individu appartiendront à la même catégorie que lui ;

→ La volonté de ne pas être minoritaire produit un effet de ségrégation qui excède largement cette aspiration et la caricature.

A

Raymond Boudon, Effets pervers et ordre social, 1977

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24
Q

Définition de la socialisation :

Elle désigne l’ensemble des processus par lesquels l’enfant construit son identité sociale.

→ Soit la « façon dont la société forme et transforme les individus ».

A

Muriel Darmon, La socialisation, 2016

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25
Q

I. Le rôle d’un individu désigne l’ensemble des comportements que les autres attendent de lui :

  • Un même individu peut remplir plusieurs rôles ;
  • Il existe une variance de rôle, c’est-à-dire plusieurs façons d’incarner le rôle.

II. A. Le statut d’un individu désigne l’ensemble des comportements d’autrui auquel un individu peut s’attendre.

B. La société ou une institution sanctionne généralement les comportements contraires.

A

Bourdieu, Passeron et Chamboredon, Le métier de sociologue, 1968

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26
Q

La socialisation primaire se déroule dans l’instance principale de socialisation que constitue la famille.

⚠️ En cas de discordance des messages, ceux de la famille ont tendance à l’emporter.

A

Annick Percheron, La socialisation politique, 1993

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27
Q

On remarque des pratiques éducatives différenciées précoces :

  • Le « comportement social » est stimulé chez les filles ;
  • Le plan moteur chez les garçons.
A

Marie Duru-Bellat, La tyrannie du genre, 2017

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28
Q

I. Il existe une socialisation horizontale, par les pairs.

II. Par exemple, les « bagarres » dans les cours de récréation sont assorties de règles :

  • Il est mal vu de frapper un enfant à terre ;
  • Ou encore qu’un grand tape un petit qui l’aurait insulté.
A

Julie Delalande, Des enfants entre eux. Des jeux, des règles, des secrets, 2009

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29
Q

Ce n’est que si l’environnement de l’individu est relativement pauvre et qu’il ne fournit pas de ressources de socialisation, que la personne se tourne naturellement vers les médias, qui deviennent sa source principale de socialisation.

A

Judith Lazar, Sociologie de la communication de masse, 1991

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30
Q

I. Le terme d’habitus est utilisé par l’auteur pour décrire « une disposition générale de l’esprit et de la volonté qui fait voir les choses sous un jour déterminé ».

II. L’habitus « oriente l’individu dans un sens défini pour toute la vie ».

A

Émile Durkheim, L’évolution pédagogique en France, 1904-1905

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31
Q

I. Le petit bourgeois en ascension est un « prolétaire qui se fait petit pour devenir bourgeois ».

II. Ainsi, d’origine populaire, il :

  • Limite sa descendance ;
  • Se replie sur la famille nucléaire ;
  • Investit beaucoup dans l’école ;
  • Pousse sa progéniture à la plus forte réussite possible.
A

Pierre Bourdieu, « Avenir de classe et causalité du probable », 1974

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32
Q

L’individualisme méthodologique est une posture épistémologique qui consiste à considérer que l’individu est « l’atome logique de l’analyse sociologique ».

A

Raymond Boudon, La logique du social, 1979

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33
Q

Pour l’auteur, l’individualisme se développe :

  • Dès la Renaissance : avec les humanistes, les grandes inventions et la Réforme protestante ;
  • Puis avec l’extension des relations marchandes et monétaires et la diffusion progressive de la citoyenneté démocratique.
A

Norbert Élias, Sur le processus de civilisation, 1959

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34
Q

Au sens général, ce qui ne peut pas être séparé ou divisé.

A

L’individu

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35
Q

Inquiétude à partir d’une extension des rapports marchands qui plonge les hommes dans « les eaux glacées du calcul égoïste ».

A

Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste, 1848

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36
Q

I. Démonstration de ce que les sociétés modernes sont bien caractérisées par une montée de l’individualisme sociologique.

II. Celui-ci, cependant :

  • Ne conduit pas au repli sur soi et à l’isolement ;
  • Mais à de nouvelles formes de relations sociales fondées sur des liens électifs.
A

François de Singly, Les uns avec les autres. Quand l’individualisme crée du lien, 2004

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37
Q

I. Pour être un individu, il faut bénéficier de « supports » :

  • La propriété privée pour les bourgeois des XVIIIe et XIXe siècles ;
  • La « propriété sociale » pour les salariés du XXe siècle.

II. A. Or, ces supports ne bénéficient pas à tous dans des conditions égales.

B. Par exemple, les remises en cause de l’État social, « l’effritement de la société salariale », la « déstabilisation des stables » réduisent considérablement la possibilité de certains d’être pleinement des individus.

A

Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, 1995

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38
Q

Le terme genre (« gender ») est utilisé dans cet ouvrage pour rendre compte des cas où l’écart entre le sexe social et le sexe biologique met mal à l’aise le patient psychanalysé.

📚 Le concept a été popularisé en France dans les années 1980 pour distinguer le sexe social du sexe biologique et dénaturaliser la conception du masculin et du féminin.

A

Robert Stoller, Sex and Gender, 1968

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39
Q

« La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’État ».

A

Article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948

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40
Q

I. La prohibition de l’inceste est le premier acte fondateur de l’organisation sociale par lequel « la nature se dépasse elle-même ».

II. Cette prohibition, présente dans toutes les sociétés :

  • Institue une dépendance mutuelle entre les familles ;
  • Conduisant à ce qu’« une famille ne saurait exister sans société ».
A

Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, 1967

📚 La prohibition de l’inceste fournit un exemple des « structures élémentaires » qui forment la culture.

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41
Q

I. À la fin du XVIIIe siècle, les jeunes gens commencent à prêter plus d’attention à leurs propres sentiments qu’à des considérations extérieures – propriété, souhait des parents – dans le choix d’un partenaire.

II. L’intrusion du sentiment dans trois domaines contribue à déloger la famille traditionnelle de ses positions :

  1. Les fiançailles ;
  2. Les relations entre la mère et l’enfant ;
  3. La ligne de démarcation entre la famille et la communauté environnante : naissance de la famille nucléaire moderne.
A

Edward Shorter, Naissance de la famille moderne, 1977

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42
Q

I. Transformation de la valeur accordée au mariage :

On se marie désormais pour « le bonheur de se marier ».

II. Le mariage :

  • N’est plus l’horizon commun obligatoire ;
  • Est l’objet d’un choix personnel au sein de la pluralité de choix désormais proposée : pacs et concubinage.
A

Irène Théry (sociologue), entretien au Monde, 2002

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43
Q

Dans les années 1920, deux mariages sur trois se concluaient à la suite d’une rencontre au bal, par le travail, dans le voisinage ou à l’occasion d’une rencontre chez un particulier.

Aujourd’hui, on assiste à une « privatisation de la sociabilité ».

A

Bozon et Rault, « De la sexualité au couple. L’espace des rencontres amoureuses pendant la jeunesse », 2013

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44
Q

I. Le Welfare State est conçu pour une société relativement homogène, au sein de laquelle l’immense majorité de la population dispose d’un emploi stable.

II. Il n’est pas conçu pour une société dans laquelle une part importante de la population se trouve de manière quasi permanente à l’écart du travail et ne participe que de manière marginale à la vie sociale.

A

François-Xavier Merrien, L’État-providence, 1997

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45
Q

I. Depuis le début des années 1980, le mécanisme de mutualisation des risques s’avère impuissant à endiguer la montée de l’exclusion.

II. Les sociétés sont obligées de trouver de nouveaux mécanismes de financement de cette charge sociale.

A

Pierre Rosanvallon, La nouvelle question sociale. Repenser l’État-providence, 1995

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46
Q

Les catégories socio-professionnelles les plus protégées par leur famille sont celles qui risquent le moins l’exclusion.

A

Esping Andersen, Social Foundations of Postindustrial Economies, 1999

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47
Q

I. A. L’incapacité juridique totale de la femme mariée est supprimée en 1938.

B. Mais le mari peut encore fixer la résidence du couple, s’opposer à une activité professionnelle de sa femme (supprimé par la loi en 1965).

II. Il exerce seul l’autorité paternelle jusqu’en 1970, lorsque l’autorité devient « parentale ».

A

L’émancipation familiale de la femme au sein de la société française

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48
Q

En matière de contraception et d’avortement, l’avortement est déclaré crime contre l’État, passible de la peine de mort.

Il faut attendre la loi Neuwirth de 1967 pour que soit autorisée la vente de contraceptifs, et la loi Veil de 1975 pour que soit autorisé l’avortement.

A

L’émancipation gestatrice de la femme au sein de la société française

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49
Q

Scolarisation des filles :

Texte obligeant les communes de plus de 800 habitants à avoir une école primaire de filles.

A

Scolarisation des filles

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50
Q

Le partage des tâches domestiques constitue « le nœud des inégalités hommes-femmes ».

A

Pascale Kremer (journaliste), « Le partage des tâches domestiques, nœud des inégalités hommes-femmes », Le Monde, 2001

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51
Q

I. Le 28 octobre 1791, Olympe de Gouges présentait à la Convention la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle sera guillotinée le 3 novembre 1793.

II. A. Il faudra attendre le 21 avril 1944 pour que paraisse une ordonnance reconnaissant le droit de vote et d’éligibilité aux femmes.

B. Celles-ci voteront pour la première fois aux élections municipales en 1945. Le préambule de la Constitution de 1946 pose le principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes.

III. A. La réforme constitutionnelle du 8 juillet 1999 est adoptée pour permettre l’adoption des lois favorisant l’accès égal des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.

B. La loi du 6 juin 2000 est votée, et s’applique pour la première fois lors des élections municipales de 2001.

A

L’émancipation politique des femmes au sein de la société française

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52
Q

Le terme culture reste fortement polysémique :

Plus de 150 définitions sont recensées dans la littérature anthropologique au milieu du XXe siècle.

A

Diversité de la notion de culture

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53
Q

Selon l’auteur, l’attitude tendant à placer son groupe au centre de toute chose est la plus ancienne et tend à réapparaître quand nous sommes placés dans une situation inattendue.

Elle conduit à répudier purement et simplement les formes cultures qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions.

Ainsi, les sociétés dites « historiques » ont toujours eu du mal à penser l’humanité dans sa diversité culturelle : la civilisation gréco-romaine qualifiait de « barbares » tous ceux qui n’appartenaient pas à sa culture.

A

Lévi-Strauss, Race et histoire, 1952

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54
Q

Au début du XXe siècle, le terme « civilisation » était plus utilisé par les penseurs français que celui de « culture ». Le terme « civilisation » a revêtu des sens différents au fil des siècles en Europe :

Au XVIIe siècle, il évoque l’adoucissement des mœurs et s’oppose à la barbarie (progrès) ;

Au XVIIIe siècle, vision évolutionniste du monde et croyance de l’évolution linéaire et continue du monde vers un avenir meilleur. Les penseurs des Lumières souhaitent l’intégration progressive des « peuples non civilisés » → justification de la colonisation;

Le XIXe siècle est caractérisé par l’emploi du terme au pluriel, pour signifier qu’une civilisation « est une culture qui s’est faite une place dans l’histoire »;

Fin XIXe/début XXe siècle, terme progressivement substitué à celui de culture.

A

Philippe Bénéton, Histoire des mots culture et civilisation, 1975

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55
Q

Les termes de «civilisation» et de «culture» ont connu des évolutions différentes en France et en Allemagne.

A

Norbert Élias, La civilisation des mœurs, 1939

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56
Q

L’ensemble des pratiques culturelles propres à un groupe à l’intérieur de la société globale mais avec des traits communs avec la culture de cette dernière:

Jazz et blues au sein de l’american way of life.

📚 Conception intégrationniste de la société.

A

La sous-culture

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57
Q

Les pratiques culturelles d’un groupe social qui s’opposent à la culture globale et cherchent à promouvoir l’instauration de nouvelles normes et valeurs:

Black panthers dans les années 1960.

📚 Conception conflictuelle de la société.

A

La contre-culture

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58
Q

« l’acculturation est l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraînent des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes ».

A

Herskovits, Linton et Redfield, « Memorandum on the study of acculturation », 1936

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59
Q

Il arrive que certains groupes culturels soient en situation de domination :

  • Lorsque le groupe dominé accepte les valeurs du groupe dominant, on parle d’assimilation ;
  • Lorsque l’acculturation est imposée, on parle de déculturation (imposition des langues d’Europe occidentale dans les empires coloniaux) ;
  • Si le processus conduit à la destruction des traits culturels fondamentaux du groupe, on utilise le terme d’ethnocide (Inuits ou Indiens d’Amérique).
A

Classification des dominations culturelles d’un groupe sur un autre

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60
Q

Les ménages affectent aujourd’hui près de 8 % de leurs dépenses au poste « loisirs et culture » contre 6,9 % en 1970.

A

Dépenses en matière culturelle

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61
Q

Les écrans sont devenus le support privilégié du rapport à la culture des Français.

A

Olivier Donnat, Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique : enquête 2008

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62
Q

En 2012, d’après l’Insee, 42 % des 25-39 ans n’ont lu aucun livre au cours des douze derniers mois.

Cependant, la plus grande diffusion de journaux gratuits et la lecture sur écran permettent de nuancer ces résultats.

A

Rapport à la lecture des Français adultes

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63
Q

Les hommes « reconnaissent sans difficulté leur éloignement croissant à l’égard du livre » et en 2012, 55 % d’entre eux déclarent ne pas lire de livre (contre 33 % des femmes).

A

Rapport à la lecture par genre

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64
Q

En 2012, 63 % des cadres et professions intellectuelles supérieures sont allés au théâtre ou au concert au moins une fois dans l’année, contre 23 % des ouvriers;

80 % ont lu au moins un livre au cours des douze derniers mois, contre 31 % des ouvriers.

A

Rapport à la lecture par classes sociales

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65
Q

Si l’accès des jeunes à la culture progresse globalement au fil des générations, les écarts se creusent entre les sexes au bénéfice des filles.

Mise en évidence la précocité des mécanismes de différenciation de la primo socialisation culturelle, les filles étant plus incitées à développer des capacités relationnelles, et les garçons une plus grande autonomie, le rôle de la mère apparaissant majeur dans la différenciation de genre.

A

Octobre et al. (L’Enfance des loisirs, 2010), en s’appuyant sur l’enquête Étude longitudinale française depuis l’enfanceELFE – menée depuis 2007 par l’INED et l’INSERM

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66
Q

La culture populaire est une culture du quotidien, produite par des gens ordinaires dans des activités banales et sans cesse renouvelées, et qui correspond à une manière de faire avec plutôt que de résister à la culture dominante.

A

Michel de Certeau, L’invention du quotidien, 1980

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67
Q

Bourdieu soutient que le découpage de l’espace social en culture légitime et culture illégitime structure les pratiques sociales.

→ stratégies de distinction qui ont pour objectif d’affirmer la spécificité de leur culture. Les pratiques culturelles sont marquées par une unité, celle-ci étant produite par l’habitus.

A

Pierre Bourdieu, La Distinction, 1979

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68
Q

Une approche sociologique de la culture populaire oscille entre deux pièges que sont le misérabilisme (Bourdieu) et le populisme.

Il existe bien une « domination symbolique de la culture bourgeoise sur la culture populaire ».

A

Grignon et Passeron, Le savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, 1991

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69
Q

L’auteur propose de reconsidérer le modèle de la légitimité culturelle à la lumière du modèle omnivore :

  • Les classes possédantes ne se distingueraient plus par la passion exclusive et savante pour une pratique, mais par l’éclectisme culturel (« omnivorousness ») ;
  • À l’opposé du modèle bourdieusien, c’est désormais dans les classes populaires que l’on va trouver le goût exclusif pour un genre (« univorousness »).
A

Richard A. Peterson, « Snob to omnivore : The implications of shifting tastes for arts and culture industries », 2002

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70
Q

La culture de masse conduit à une forme nouvelle d’aliénation inhérente à la société moderne et au développement des mass média.

Paradoxe :

La société libère l’homme de l’aliénation par la technique et la production, mais le soumet à l’asservissement à la culture produite par les mass media.

A

Herbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel, 1968

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71
Q

Le marché mondial des produits culturels subit une concentration qui évince les petites entreprises locales, notamment dans le secteur du divertissement.

Les individus reçoivent et utilisent les produits culturels à leur manière.

A

PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 1999

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72
Q

La mondialisation de la production et de la consommation de certains biens directement ou indirectement culturels n’implique nullement une tendance à la disparition des spécificités culturelles.

Une enquête sur les vignerons d’Arbois qui conservent leur culture du vin, sur les danses séculaires d’une école de danse de Madras, ou encore sur les élevages andalous de taureaux de combat permettra au témoin attentif de souligner la conservation d’une culture ancienne; et pourtant « tous portent blue-jeans et boivent Coca-Cola, mais leur vie est ailleurs et l’observateur superficiel n’y verra que du feu ».

A

Warnier, La mondialisation de la culture, 2008

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73
Q

Loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics

A

Interdiction du port de signes religieux dans les établissements du primaire et du secondaire

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74
Q

Démonstrations de ce qu’il est possible de déterminer une voie médiane rendant compatible égalité et différence.

Ainsi, « il n’y a pas de société multiculturelle possible sans le recours à un principe universaliste qui permette la communication entre des individus et des groupes socialement et culturellement différents. Mais il n’y a pas non plus de société multiculturelle possible si ce principe universaliste commande une conception de l’organisation sociale et de la vie personnelle qui soit jugée normale ou supérieure aux autres ».

A

Alain Touraine, Pourrons-nous vivre ensemble? Égaux et différents, 1997

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75
Q

L’intégration s’impose d’en haut, la cohésion vient d’en bas.

A

Dubet, Le travail des sociétés, 2009

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76
Q

Certains parlent de désinstitutionalisation ou de « déclin de l’institution ».

A

Dubet, Le Déclin de l’institution, 2002

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77
Q

La famille est confrontée au « démariage ».

A

Irène Théry, Le Démariage, 1993

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78
Q

« La “crise” du lien social est, par définition, une caractéristique des sociétés modernes. Elle n’est pas un raté du modèle, elle est constitutive du modèle. Nous serons en crise tant que nous serons dans des sociétés démocratiques »

A

François de Singly, Les uns avec les autres: quand l’individualisme crée du lien, 2003

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79
Q

Une dyade ne peut constituer l’unité sociale élémentaire dans la mesure où celle-ci constitue une interaction intime : si l’un des deux individus partie disparaît, la relation disparaît, ce qui signifie que cette relation reste fondamentalement marquée par ce que Simmel appelle « le caractère intime des relations à deux ».

Par conséquent, la dyade ne saurait constituer une unité logiquement et sociologiquement supérieure à ses éléments individuels : elle reste le lieu d’une relation dont aucune relation n’est le témoin.

À partir du moment où les relations sont saisies entre trois éléments et non plus deux (triade au sens de Simmel), elles cessent d’être interpersonnelles pour devenir impersonnelles :

La triade est ainsi l’unité élémentaire à partir de laquelle les réseaux sociaux se structurent : « dès qu’il y a association de trois, le groupe continue à exister, même si l’un de ses membres se retirent ».

A

Michel Forsé, « Les réseaux sociaux chez Simmel : les fondements d’un modèle individualiste et structural », 2002

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80
Q

Au sein d’un réseau social, il existe des « trous structuraux » :

Un trou structural est un lien non redondant entre deux contacts. Par exemple, si l’individu A est lié à B et B à D, A n’a pas besoin d’un lien direct avec D. Il existe donc un trou structural entre A et D.

A

Ronald Burt, « Le capital social, les trous structuraux et l’entrepreneur », 1995

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81
Q

Le « paradoxe de Milgram » ou « un petit monde » : expérience conduite par Travers et Milgram en 1969 montre que deux personnes choisies au hasard parmi les citoyens américains, sont reliées en moyenne par une chaîne de six relations.

→ film Six degrés de séparation, film américain réalisé par Fred Schepisi en 1993, avec Will Smith dans le rôle principal.

A

La relation entre individus dans le monde

(concept)

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82
Q

Avec le développement des technologies de l’information et de la communication, le degré de séparation a été mesuré de 4,74 sur le réseau social Facebook en 2011, 3,5 degrés en 2016.

A

La relation entre individus dans le monde

(mesure)

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83
Q

Pour l’auteur, le capital social est moins légitime que les autres capitaux qu’ils soient économique, culturel ou symbolique : capacité à se faire passer pour ce qu’on pense être.

Il existe et se maintient grâce aux capitaux économique et culturel, proportionnel à leur dotation, et a pour seul effet un effet multiplicateur de ces capitaux.

A

Pierre Bourdieu, Les formes de capital, 1986

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84
Q

La sociabilité est la forme la plus ludique et informelle de la socialisation :

« il s’agit d’un jeu au cours duquel “on fait” comme si tous étaient égaux ».

A

Georg Simmel, Sociologie et épistémologie, 1908

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85
Q

Les auteurs reprennent cette définition à propos de la bibliothèque du centre Pompidou, qui accueille tout public, non seulement une élite intellectuelle, mais également les catégories sociales les plus précaires :

« En ce sens, la bibliothèque du Centre Pompidou est à la fois un espace de sociabilité, au sens de Simmel, et un espace de citoyenneté ou plutôt un espace d’apprentissage de la citoyenneté ».

A

Paugam et Giorgetti, Des pauvres à la bibliothèque. Enquête au Centre Georges Pompidou, 2013

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86
Q

Publication d’un article dans lequel l’auteur considère que la vie sociale américaine est marquée depuis la fin des années 1970 par un déclin de la sociabilité (métaphore de l’individu qui joue au bowling en solitaire).

Le « capital social », entendu selon lui comme l’ensemble des relations de sociabilité et d’engagement dans la vie publique, a ainsi tendance à se réduire, dans la participation formelle (politique, civique, religieuse, syndicale) et informelle (sorties, réceptions, repas familiaux…).

A

Putman, “Bowling Alone: America’s Declining Social Capital”, 1995

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87
Q

Les enquêtes empiriques de l’Insee montrent cependant que le nombre quotidien d’interlocuteurs des individus tend à diminuer.

L’auteur impute cette baisse au vieillissement de la population, à la précarisation de l’emploi, à la montée du chômage, au déclin des commerces de proximité et à la mobilité géographique.

A

François Héran, « La sociabilité, une pratique culturelle », 1988

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88
Q

Il existe d’autres processus compensatoires de sociabilité : téléphonique, SMS, forums, réseaux numériques, jeu vidéo en ligne, etc.

Selon l’auteur, nous nous dirigeons vers des « sociabilités de substitution ».

A

Carole-Anne Rivière, La sociabilité téléphonique, thèse, 1999

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89
Q

I. Selon l’ouvrage, la rationalité et la religion ne s’opposent pas, mais le rationnel n’épuise pas l’essence de la religion.

II. L’auteur propose le concept de « numineux » pour désigner le sentiment religieux fondamental que l’on trouve dans toutes les religions.

A

Rudolf Otto, Le Sacré, 1917

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90
Q

I. Actualisation des travaux sur l’appartenance et les pratiques religieuses des Français.

II. La pratique du catholicisme décline :

  • 7 % des personnes interrogées lors de l’enquête déclarent se rendre à la messe au moins une fois par mois, contre 9 % en 2008).
  • on dénombrait 70 % de catholiques en France en 1981, contre 32 % en 2018 ;
  • la part des individus se déclarant sans religion est passé de 27 % à 58 % en quarante ans.
A

Pierre Bréchon et al., La France des valeurs (enquête), 2019

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91
Q

Pour Max Weber, la religion est « une façon d’agir en communauté ».

A

Définition sociologique de la religion

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92
Q

I. En France, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a été créée par l’État en 2002.

II. Elle avait pour mission d’observer et analyser le phénomène sectaire, et coordonner l’action préventive et répressive des pouvoirs publics à l’encontre des dérives sectaires.

III. Elle a disparu de l’organigramme gouvernemental en 2022.

A

Réponse institutionnelle aux sectes

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93
Q

I. Il existe des « affinités électives » entre le protestantisme et l’esprit du capitalisme.

II. A. Le protestantisme favorise une approche plus rationnelle du monde et dénonce les aspects superstitieux du catholicisme (refus des saints et du culte marial par exemple).

B. D’autre part, selon la thèse calviniste de la prédestination, l’affirmation selon laquelle il n’est pas possible de gagner le salut éternel par ses œuvres conduit à une angoisse métaphysique qui va trouver dans l’activité économique un dérivatif et dans la réussite matérielle un signe possible d’une élection divine.

III. Le capitalisme contemporain s’est affranchi de l’ascétisme qui l’accompagnait initialement :

« l’esprit de l’ascétisme religieux s’est échappé de la cage… le capitalisme vainqueur n’a plus besoin de ce soutien depuis qu’il repose sur une base mécanique ».

A

Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905

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94
Q

I. L’anthropologue et sociologue plaide pour une « gallicanisation de l’Islam français ».

II. La mise en place en 2003 d’un Conseil français du culte musulman s’inscrit dans cette stratégie. Cependant, le Président de la République l’a publiquement répudié en 2023.

A

Bruno Étienne ,Le Monde, débat, 2005

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95
Q

En juin 2012, le parlement danois a voté une loi imposant à l’église luthérienne (qui rassemble près de 80 % de la population du pays) de célébrer des mariages homosexuels : malgré ses protestations, le pouvoir politique s’est imposé.

A

Exemple de contrainte entraînée par l’absence de laïcité pour les Églises.

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96
Q

I. A. Le terme intégrisme est plutôt lié au catholicisme.

B. Il désigne la volonté de conserver l’intégralité de la doctrine catholique contre le modernisme.

II. À l’inverse, le Concile Vatican II (1962-1965) réalise un aggiornamento du catholicisme :

  • tant sur le plan liturgique : abandon du latin ;
  • que sur le plan doctrinal : reconnaissance de la liberté religieuse, abandon de l’accusation de déicide contre le peuple juif….
A

La notion d’intégrisme religieux

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97
Q

I. Reprise de la thèse de Weber : nous assistons, dans l’Occident moderne, à un « processus de dissolution et de retournement de l’immémoriale emprise organisatrice du religieux ».

II. Le devenir des sociétés contemporaines, depuis l’essor des techniques jusqu’à l’enracinement des procédures démocratiques, est un mouvement vers une société hors religion :

le monde d’aujourd’hui ne s’explique que par la sortie et l’inversion de l’ancienne économie religieuse.

A

Marcel Gauchet, Le Désenchantement du monde, 1985

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98
Q

I. A. Ouvrage dans lequel l’auteur relate son expérience, portant prétendument sur l’amélioration de la mémorisation via des décharges électriques, sous le contrôle de deux « psychologues » représentant l’institution.

B. Dans la majorité des cas (65 %), les individus testés à leur insu administrent trois chocs de 450 volts.

II. L’auteur en dégage deux conclusions :

  1. Le contrôle social conduit les individus conduit les individus à un comportement conforme à des normes qu’ils ne partagent pas obligatoirement (violence physique sur autrui). Dans ce cas, les déviants sont ceux qui refusent de poursuivre l’expérience;
  2. Le degré de conformité dépend du sentiment de légitimité de l’institution scientifique. En effet, dans l’expérience, sitôt que les deux psychologues simulent un désaccord, le nombre d’individus refusant de continuer s’accroît considérablement.
A

Stanley Milgram (psychologue américain), La Soumission à l’autorité, 1974

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99
Q

I. Notion d’entrepreneurs de morale, les acteurs qui se mobilisent pour qu’une activité donnée soit catégorisée socialement comme déviante.

II. Ainsi, la marijuana n’est devenue illégale aux États-Unis qu’à la suite d’une campagne orchestrée par des entrepreneurs de morale ; de même que celle qui fut organisée contre l’alcool dans les années 1920.

📚 Aujourd’hui, le développement de l’expertise comme argument de légitimation des décisions politiques conduit au développement de stratégies qui visent à disqualifier certaines pratiques à l’aide d’arguments qui se veulent légitimés par la communauté scientifique :

Les « entrepreneurs de normes » imposent donc une régulation qui se présente comme ayant un fondement scientifique et qui s’articule à la régulation imposée par la force publique.

A

Howard Becker, Outsiders, 1963

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100
Q

I. En France, depuis 1972, les infractions de type crimes et délits enregistrés pour la première fois par la police et la gendarmerie (à l’exception des infractions routières et de celles mesurées par des services spécialisés comme la Douane, l’Inspection du travail, les Impôts) sont regroupés dans un document appelé « état historique 4001 ».

II. L’enregistrement policier et judiciaire comporte des limites :

  • en cas de vol, il faut avoir déposé une plainte pour avoir droit à une indemnisation de la part de l’assurance ;
  • les déclarations sont donc très nombreuses ;
  • en revanche, il y a un biais important de sous déclaration en matière de violences aux personnes, susceptibles d’évoluer au cours du temps, comme les violences domestiques.
A

Recensement de la criminalité en France

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101
Q

I. Les individus qui ont le niveau d’éducation le plus élevé sont aussi ceux qui indiquent la plus forte victimation, ce qui a conduit certains sociologues à considérer que la victimation est aussi une construction sociale.

II. Ainsi, un acte considéré sans gravité aura un impact plus important dans un quartier aisé, un acte de vandalisme moins bien supporté dans un quartier où les gens n’y sont pas habitués.

A

Renaud Fillieule, Sociologie de la délinquance, 2001

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102
Q

La délinquance et le sentiment d’insécurité ne sont pas des phénomènes nouveaux au sein de la société française :

  • au début du XXe, délinquance urbaine consécutive à l’exode rural médias les « Apaches »;
  • phénomène des « blousons noirs » concomitant à l’émergence de la société de consommation à la fin des années 1950.
  • Dès cette époque, on évoque la « démission parentale ».
A

Laurent Mucchielli

Violences et insécurités, 2007

L’invention de la violence, 2011

Sociologie de la délinquance, 2018

(Historicité de la délinquance)

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103
Q

L’évolution permanente des lois peut rendre difficile les comparaisons de la déliquance dans le temps:

  • Décriminalisation de l’avortement en 1975 ;
  • Apparition du délit de harcèlement sexuel.
A

Laurent Mucchielli

Violences et insécurités, 2007

L’invention de la violence, 2011

Sociologie de la délinquance, 2018

(Perception de la délinquance)

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104
Q

I. La proportion des individus apportant une réponse affirmative à la question« avez-vous le sentiment d’être en insécurité dans votre vie quotidienne ? » dans les sondages menés depuis les années 1970, est stable sur le long terme.

II. En revanche, la réponse affirmative à la question « avez-vous le sentiment que l’insécurité est un problème central de politique générale ? » était d’un tiers à la fin des années 1990 et passe à plus de 50 % au milieu des années 2000.

→ le « sentiment d’insécurité » est fonction de l’évolution du discours public sur la délinquance.

A

Laurent Mucchielli

Violences et insécurités, 2007

L’invention de la violence, 2011

Sociologie de la délinquance, 2018

(Le sentiment de sécurité)

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105
Q

Les données statistiques font apparaître une hausse de la délinquance à partir de 1993, mais on observe un effet d’amplification lié :

  • à l’augmentation des activités policières, à la transformation en actes délictueux de comportement qui ne l’étaient pas jusqu’alors : par exemple, délit de « mendicité agressive » ;
  • voire à l’évolution des normes sociales transcrites judiciairement : violences et viols conjugaux, par exemple.
A

Laurent Mucchielli

Violences et insécurités, 2007

L’invention de la violence, 2011

Sociologie de la délinquance, 2018

(Tournant de la délinquance)

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106
Q

I. La structure des actes commis se transforme :

  • Le taux d’homicide et les agressions interpersonnelles restent stables depuis les années 1970 ;
  • On assiste en revanche à une hausse des vols et cambriolages portant pour la majorité d’entre eux sur des objets courants (téléphones, voitures).

II. Les violences contre les institutions sont croissantes et se produisent essentiellement dans les quartiers difficiles. Les principaux facteurs explicatifs de la délinquance résident donc :

  • dans l’affaiblissement du lien social ;
  • dans le développement d’une conflictualité ouverte qui est perçue par les populations comme leur seul moyen d’expression permettant une construction identitaire : émeutes de 2005, gilets jaunes en 2019, émeutes en 2023.
A

Laurent Mucchielli

Violences et insécurités, 2007

L’invention de la violence, 2011

Sociologie de la délinquance, 2018

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107
Q

I. L’âge d’entrée dans la délinquance est de plus en plus précoce (entre 10 et 15 ans), mais l’âge de sortie est la variable essentielle.

II. A. Dans les populations à risque, l’âge d’entrée s’apparente à un fait social normal au sens d’Émile Durkheim.

B. Or, dans certaines zones urbaines, ce changement de statut s’effectue plus difficilement, ce qui conduit à reproduire la vie délinquante après l’adolescence.

→ Les individus concernés entrent alors dans un processus de « carrière déviante » au sens de Howard Becker.

A

Laurent Mucchielli

Violences et insécurités, 2007

L’invention de la violence, 2011

Sociologie de la délinquance, 2018

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108
Q

Une inégalité peut se définir en sociologie comme « une différence dans les accès aux biens sociaux ou dans les traitements individuels, jugée assez généralement inacceptable et devant être corrigée ».

A

Galland et Lemel, Sociologie des inégalités, 2018

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109
Q

I. À Chicago, écart d’espérance de vie de trente ans entre :

  • le quartier d’Englewood : quartier pauvre et majoritairement composé de personnes noires ;
  • et celui de Streeterville : quartier riche et majoritairement composé de personnes blanches.

II. L’inégalité de revenu ne suffit pas à expliquer entièrement l’inégalité sociale concernant l’espérance de vie.

A

Enquête du City Health Dashboard de New York publiée en 2019

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110
Q

Mise en évidence d’un biais très important dans les attentes de l’école, qui valorise la culture cultivée, celle de la classe dominante, transmise en dehors de l’école.

A

Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers, 1964

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111
Q

« de facto, en moyenne les femmes sont perçues comme une main-d’œuvre moins fiables que les hommes. Les employeurs sont moins enclins à les embaucher et à les promouvoir ».

A

Hélène Périvier, «Récession, austérité et genre : étude comparative sur huit marchés du travail européen », 2018

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112
Q

Proposition de la doctrine de l’utilitarisme.

A

Jeremy Bentham, An Introduction to the Principles of Morals and Legislation, 1780

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113
Q

I. Renouvellement de la réflexion sur la question de la justice sociale.

II. Ensemble de biens premiers, soit naturels (santé et talents, non contrôlés par les institutions sociales), soit sociaux (libertés fondamentales, avantages socio-économiques) :

  • Les seconds doivent être répartis équitablement entre les membres de la société en tenant compte du fait qu’existe une inégale répartition des premiers entre ces membres ;
  • « maximin » = amélioration de la situation des moins bien lotis ;
  • « leximin » ;
  • « voile d’ignorance ».
A

John Rawls, Théorie de la justice, 1971

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114
Q

Lorsque des « conflits » culturels apparaissent (par exemple, celui du port du voile en France), proposition de rechercher et de conclure des « accommodements raisonnables ».

A

Commission Bouchard-Taylor, 2008

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115
Q

I. L’« interdiction totale de porter le kirpan à l’école dévalorise ce symbole religieux et envoie aux élèves le message que certaines pratiques religieuses ne méritent pas la même protection que d’autres ».

II. Le poignard porté à l’école doit cependant être placé sous les vêtements dans un fourreau cousu.

A

Cour suprême du Canada, 2006

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116
Q

I. Le philosophe américain, bien que prudemment favorable aux politiques de discrimination positive, reconnaît qu’un sentiment d’injustice peut apparaître.

II. En effet, ces politiques conduisent à « refuser la considération égale à des candidats blancs qui ne sont ni des participants aux pratiques racistes, ni des bénéficiaires directs de ces pratiques », alors qu’ils pourraient par ailleurs être plus qualifiés pour occuper ces postes.

A

Michael Walzer, Sphères de justice : une défense du pluralisme et de l’égalité, 1983

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117
Q

I. Le minimum conventionnel exprimé en termes réels.

II. Ce seuil est calculé à l’aide d’un panier de consommation exprimé en unités physiques dont on calcule la valeur monétaire (selon la Banque mondiale, 2,15 $/j. en 2022).

A

La « pauvreté absolue »

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118
Q

I. Comme le seuil de pauvreté relative s’accroît avec le revenu médian, on y a recours.

II. Il s’appuie sur le seuil une année donnée, mais n’est réévalué ensuite qu’avec l’indice des prix à la consommation durant les années suivantes.

A

L’« indicateur secondaire de Laeken »

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119
Q

Dit également (1°)

I. A. Elle est saisie par l’Insee dans le cadre des enquêtes permanents en condition de vie des ménages, sur la base de vingt-sept items de privation (absence de produits électroménagers, retards de paiements, etc.) permettant d’établir un (2°).

B. Les ménages subissant au moins huit restrictions de vie sur les vingt-sept sont catégorisés comme (3°).

II. Neuf millions de personnes ont été en situation de privation matérielle et sociale en 2022, soit 14 % de la population occupant un logement en France métropolitaine (4°).

A

La « pauvreté d’existence »

1° « pauvreté en conditions de vie »

2° « score des conditions de vie »

3° « pauvres en conditions de vie »

4° Insee, 2023

()

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120
Q

I. Cet indicateur repose sur l’idée d’une « autodéfinition » du pauvre.

II. Il s’inspire des travaux d’Amartya Sen (Repenser l’inégalité, 1992), qui propose d’appréhender la pauvreté à partir des capacités des individus à « se réaliser » :

liberté d’expression, dignité, respect de soi, participation à la vie sociale en général (capabilités).

A

La «pauvreté subjective»

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121
Q

Selon les thèses défendues par les tenants de la doctrine sociale de l’Église, il s’agit de condamner la misère qui pèse sur la majorité de la classe ouvrière tout autant que les excès du capitalisme ou encore la « tentation du socialisme » (Léon XIII encourage le syndicalisme chrétien).

📚 Pour les penseurs révolutionnaires, c’est la lutte des classes qui fera disparaître la misère en même temps que l’aliénation du prolétariat.

A

Encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII en 1891

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122
Q

Le travail salarié remplit dans l’après guerre la fonction de (1°) :

Il protège de la pauvreté et, dans le même temps, attribue un statut social à chacun.

A

Yves Barel, « Le grand intégrateur », 1990

1° «grand intégrateur »

123
Q

« Appel de l’Abbé Pierre » en 1954.

A

Moment de solidarité nationale.

124
Q

Création d’ATD Quart-Monde en 1957.

A

Mouvement en faveur de la solidarité mondiale

125
Q

À partir de la fin des années 1970, l’expression « nouvelle pauvreté » est de plus en plus utilisée :

  1. dans les productions scientifiques ;
  2. puis dans les discours politiques et médiatiques.
A

Prise de conscience contemporaine des inégalités

126
Q

Remontée des taux de pauvreté monétaire, notamment à partir de la crise de 2008.

A

Pauvreté récente

127
Q

I. Célèbre monographie, dans laquelle est mise en évidence le phénomène de délitement des liens sociaux subi par les ouvriers d’une petite ville industrielle.

II. En chronométrant le temps passé pour parcourir la rue centrale de la ville, l’auteur observe que les hommes chômeurs mettent plus de temps que les hommes titulaires d’un emploi alors que les femmes avec ou sans emploi mettent le même temps.

III. A. Il en conclut que les femmes sont « protégées » par les impératifs de tâches domestiques et familiales.

B. Leur statut de mère de famille les maintient ainsi « à l’intérieur » de la société même lorsqu’elles subissent une exclusion par le travail.

A

Paul Lazarsfeld, Les Chômeurs de Marienthal, 1933

128
Q

I. Étude de la façon dont, à la fin du Moyen Âge, la figure centrale de l’exclu passe du lépreux au « fou ».

II. En partant de l’hypothèse selon laquelle la folie n’est pas une donnée biologique mais un construit social, il observe que, durant l’âge préclassique (Moyen Âge, Renaissance), le « fou » est inséré à la vie sociale mais doté d’un statut ambigu : sacré et redouté, il est intimement lié au transcendant.

III. A. Lorsque viennent l’âge classique et le recul de la lèpre dans le monde occidental (du milieu du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle), une mutation de la pensée s’opère qui contribue à porter sur la folie un regard nouveau.

B. C’est l’ère du « grand renfermement » des fous, des oisifs, des mendiants, des vagabonds et homosexuels, cette pratique s’institutionnalisant avec l’ouverture de l’Hôpital général en 1656.

C. Le « fou » est alors exclu du monde social et le cartésianisme contribue à construire une ligne de partage entre la normalité (la raison) et l’anormalité (la déraison).

IV. A. En conformité avec les idéaux des Lumières, la folie entre dans le domaine médical et cesse de relever de la monstruosité.

B. Les « fous » deviennent objet de science : c’est la naissance de l’asile.

A

Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, 1972

129
Q

À partir des événements du « rodéo des Minguettes » (un quartier de Vénissieux) en 1981.

A

Développement en France le phénomène social des «banlieues».

130
Q

I. A. L’auteur montre que ce qui définit sociologiquement un pauvre est le fait qu’il reçoive une assistance de la part de la société.

B. Ainsi, « les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent de manques et de privations spécifiques, mais ceux qui reçoivent assistance ou devraient la recevoir selon les normes sociales ».

II. L’approche de l’auteur est interactionniste :

« le fait que quelqu’un soit pauvre ne signifie pas encore qu’il appartienne à la catégorie spécifique des pauvres. Il peut être un pauvre commerçant, un pauvre artiste, ou un pauvre employé, mais il reste situé dans une catégorie définie par une activité spécifique ou une position. C’est à partir du moment où ils sont assistés, peut-être même lorsque leur situation pourrait normalement donner droit à l’assistance, même si celle-ci n’a pas encore été octroyée, qu’ils deviennent partie d’un groupe caractérisé par la pauvreté».

A

Georg Simmel, Les Pauvres, 1907

131
Q

Selon des statistiques de l’ONU :

  • depuis 2008, la population urbaine est devenue majoritaire ;
  • elle devrait atteindre d’ici 2050, 6,7 Md d’individus, soit 70 % de la population mondiale, contre 55 % en 2018.
A

Évolution de la population urbaine mondiale

132
Q

À partir d’une conception évolutionniste de la société, certains auteurs considèrent que le développement industriel conduit progressivement à l’extinction du monde agricole, assimilé au monde rural.

A

Gervais et Servolin, Une France sans paysan, 1965

133
Q

I. En 2007, le Grenelle de l’environnement a proposé d’instituer un « remembrement écologique » visant à réparer les conséquences des politiques de remembrement agricole.

II. Le rôle de l’agriculture change :

  • elle doit non seulement nourrir le pays ;
  • mais également apporter des devises (expression de « pétrole vert » pour la France).

III. On estimait à 15 le nombre moyen de personnes nourries par un agriculteur français dans les années 1980, et à 60 en 2008.

A

Évolution de l’agriculture

134
Q

Environ 25 % des Français habitent dans des villes de moins de 2000 habitants. Ces villages sont souvent intégrés dans une aire urbaine plus large : la couronne périurbaine.

A

Les villages français

135
Q

En 2018 :

  • 23 % de la population mondiale vit dans une ville d’au moins un million d’habitants ;
  • 6,9 % dans une ville de plus de dix millions d’habitants (mégapole, selon l’ONU).
A

Habitants des grandes villes mondiales

136
Q

I. La concentration dans les grandes villes s’accentue actuellement.

II. A. Cela se traduit par l’émergence d’un nouveau concept de métapoles (villes de plus de 20 M d’habitants).

B. Une seule ville dépassait ce seuil en 2007, Tokyo. En 2018, on en compte 13, dont New Delhi et Shanghai.

A

Évolution des grandes villes mondiales

137
Q

I. Concept inventé en 1961 par le géographe Jean Gottmann, pour désigner un espace urbanisé polynucléaire formé de plusieurs agglomérations dont les banlieues se rejoignent.

II. A. Elles illustrent le phénomène de l’urbanisation en continu regroupant plusieurs dizaines de millions d’habitants.

B. Ainsi, la mégalopole japonaise de Tokaïdo regroupe 75 % de la population japonaise (environ 100 millions d’habitants) sur un ruban urbanisé de Tokyo à Fukuoka.

⚠️ Elles ne doivent pas être confondues avec les mégapoles.

A

Les mégalopoles

138
Q

I. Les premières villes apparaissent entre 6000 et 5000 avant J.-C., au Moyen-Orient et en Basse Mésopotamie avec Sumer comme emblème.

II. Le consensus existe sur le fait que c’est le préalable d’un surplus agricole qui fonde la ville.

A

Apparition des villes dans l’histoire

139
Q

I. A. Critique virulente de Proudhon qui voulait transformer les travailleurs en propriétaires de leur logement.

B. Le déracinement du prolétaire est la condition première d’une révolution prolétarienne.

II. A. L’auteur s’insurge contre le développement de l’accession pour les travailleurs, qu’il décrit comme une régression.

B. Les conditions de logement des ouvriers sont « infâmes », mais la crise du logement est un « mal secondaire », risquant d’occulter le rapport d’exploitation, fondement du capitalisme naissant.

A

Friedrich Engels, série d’articles «Sur la question du logement» écrits en 1872

140
Q

I. Une séparation est marquée entre ville et campagne, qui se manifeste par le fait que le bourgeois est l’habitant du bourg, libéré des sujétions féodales.

II. A. Pour échapper à la tutelle des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, les bourgeois formes des associations « jurées » pour se prêter aide mutuelle et se protéger des oppresseurs éventuels : c’est la naissance de la commune.

B. Le bourgeois occidental a donc un statut particulier (« franc-bourgeois »), défini par son appartenance citadine : « Les bourgeois relevaient d’un droit qui leur était commun mais qui n’était accessible qu’à eux seuls ».

A

Weber, Économie et Société, 1921

141
Q

L’auteur conceptualise la figure de l’étranger, à la fois extérieur et intégré à la société :

le citadin est à la fois indifférent aux mutations constantes qui l’entourent et en même temps « éveillé » par l’effervescence citadine.

A

Georg Simmel, La modernité : la femme, la ville, l’individualisme, 1902

142
Q

« J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »

A

Charles Baudelaire, L’Étranger, publié dans un journal en 1862

143
Q

Meursault, indifférent à l’enterrement de sa mère, tue un Maure d’un coup de pistolet puis lui tire quatre fois ensuite dans le corps. Il sera condamné à la guillotine.

📚 Emprunt inconscient et de réminiscence au titre du poème de Baudelaire, selon l’auteur.

A

Albert Camus, L’Étranger,1942

144
Q

I. Les « hobos » sont des sans-abri, travailleurs mobiles et sans attaches sociales.

II. Ils forment une véritable micro société avec ses lieux, ses lois non-écrites et même son université où l’on peut exprimer ses idées sociales.

A

Nels Anderson, Le Hobo, sociologie du sans-abri, 1923

145
Q

I. Les représentations subjectives des individus deviennent des éléments aussi réels pour eux que les situations objectives vécues.

II. On parle à ce sujet de «Théorème de Thomas » pour illustrer cette réflexion des sociologues de Chicago (1°) : « Quand les hommes définissent des situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences ».

If men define situations as real, they are real in their consequences. »)

→ Une croyance, même fausse, peut, si elle partagée par un nombre suffisant d’individus, créer les conditions de sa propre validation.

A

Perception de la réalité par les individus

1° William Isaac et Dorothy Swaine Thomas (1924)

146
Q

I. Mise en évidence des « effets de lieu » :

Selon l’auteur, l’espace habité (ou approprié) par les agents sociaux « fonctionne comme une sorte de symbolisation spontanée de l’espace social. Il n’y a pas d’espace, dans une société hiérarchisée, qui ne soit pas hiérarchisé et qui n’exprime les hiérarchies et les distances sociales, sous une forme (plus ou moins) déformée ».

II. De fait, les « sans domicile fixe » n’ont quasiment pas d’existence sociale.

A

Pierre Bourdieu, « Effets de lieu », 1993

147
Q

La critique et, généralement, la condamnation, de la grande ville en tant que telle (1°).

Sentiment qui remonte très loin (cf. mythe de Babel dans la Bible) jusqu’au pamphlet du géographe (2°), assumant une haine des grandes métropoles françaises :

« l’agglomération parisienne s’est comportée […] comme un groupe “monopoleur” dévorant la substance nationale».

A

1° L’urbaphobie

2° Jean-François Gravier, Paris et le désert français (1947

148
Q

Alfred Sauvy emploie cette expression pour insister sur les effets déstructurants de la croissance de la population des villes :

habitats marginaux, infrastructures notoirement insuffisantes, « bidonvilisation », goulots d’étranglements fonciers….

A

L’implosion urbaine

149
Q

I. En 2014, environ 863 M de personnes vivaient dans les bidonvilles dans les PED.

II. Par exemple, 90 % des urbains en Afghanistan.

A

Bidonvilles mondiaux

150
Q

Les catégories les plus favorisées de la société, tout en renforçant leur contrôle du territoire, cultivent « l’entre soi » (1°), conduisant à la constitution non seulement des ghettos des catégories sociales défavorisées et des « ghettos du gotha » (2°).

A

La ghettoisation des riches

1° Maurin, « Le ghetto français, enquête sur le séparatisme français », 2004

2° Pinçon et Pinçon-Charlot, Les Ghettos du gotha, 2010

151
Q

I. « la brutale invasion » des classes populaires dans le tissu urbain exerce une pression d’une telle violence sur les populations autochtones que ces dernières développent une véritable« psychose » à l’encontre des nouveaux arrivants.

II. Ceux-ci réagissent à cette perception en s’y conformant et deviennent des classes dangereuses selon un processus auto-réalisateur.

A

Louis Chevalier, «Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle», 1958

152
Q

La ségrégation socio-spatiale débouche sur le « séparatisme social », un processus de ségrégation résidentielle par le biais du prix élevé des habitations dans les quartiers favorisés.

📚 Cette dynamique connaît des formes extrêmes, notamment aux États-Unis, en Amérique latine et en Afrique du Sud, avec le développement des gated communities (ou communautés fermées), qui assurent une troisième fonction, celle de se prémunir contre la délinquance identifiée comme extérieure.

A

Maurin, Le Ghetto français, 2004

153
Q

Mouvement des gilets jaunes débuté en octobre 2018 = prise de parole de résidents dans des « territoires oubliés », la hausse des charges de transport les privant de ce choix de vie.

→ Conséquence de la spatialisation des rapports sociaux; retour des conflits de classes sociales.

A

Laferté et Paugam, « Après les gilets jaunes, repenser les classes sociales », Libération, 2018

154
Q

I. Pour Karl Marx (et certains sociologues non marxistes), le terme de classe est utilisé pour désigner toutes les formes de hiérarchies sociales.

II. C’est en ce sens que «Toute l’histoire de la société humaine jusqu’à ce jour est l’histoire de luttes de classes. » (1°).

A

La notion de classe en sociologie

1° Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste, 1848

155
Q

I. A. Les classes sociales se définissent à partir des rapports de production et d’échange.

B. Les classes n’existent pas en dehors de la lutte des classes qui porte notamment sur le partage du surplus économique.

II. Le philosophe distingue :

  • la classe en soi qui résulte de l’organisation objective de la production ;
  • la classe pour soi qui suppose la prise de conscience collective de ses intérêts.
A

La notion de classes sociales selon Karl Marx

156
Q

L’élite ou les élites sont définis de deux manières différentes mais complémentaires :

  1. L’élite est une catégorie sociale composée d’individus ayant la note la plus élevée dans leur branche d’activité. La définition est neutre et objective et souligne l’inégalité entre eux ;
  2. L’élite qui repose sur l’existence d’un pouvoir : ceux qui exercent des fonctions politiquement ou socialement dirigeantes. Distinction entre l’élite entre l’élite gouvernementale, qui joue un rôle dans la direction de l’État, et celle non gouvernementale. Les élites gouvernementales assurent leur pérennité par deux qualités contraires mais complémentaires : la coercition et le consentement. Il faut à la fois être souple (rusé) et avoir l’art de la persuasion ; de plus, il faut être capable d’utiliser la violence pour supprimer toute velléité de contestation. À ces deux qualités vont correspondre deux types psychologiques : les renards et les lions. Selon lui, on trouve rarement ces qualités chez les mêmes personnes.

⚠️ Les élites ne sont toutefois pas stables. Elles disparaissent pour des raisons démographiques et psychologiques. Pour durer, l’élite gouvernementale doit être sans cesse entretenue en nombre et en qualité par les familles issues des classes inférieures qui ont acquis certaines qualités psychologiques nécessaires à l’exercice du pouvoir. Elle doit aussi rejeter vers la masse les anciennes élites (thèse de la circulation des élites).

A

Pareto, Traité de sociologie générale, 1916

157
Q

I. Le prestige va amplifier et renforcer les inégalités de positions objectives.

II. C’est ce que l’auteur décrit comme « l’effet Matthieu », faisant référence à une phrase de l’évangile selon saint Matthieu :

« Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a ».

III. Par un processus d’auto-cumulativité, ces intellectuels, universitaires déjà reconnus, voient se multiplier les marques de déférence, ce qui augmente (parfois de manière surévaluée) le prestige déjà accumulé.

A

Robert King Merton, The Matthew effect in Science, 1968

158
Q

Les rapports entre l’âge social et l’âge biologique sont complexes :

Les élèves qui entrent dans les grandes écoles ont d’autant plus les attributs qu’ils sont proches du pôle du pouvoir ; « c’est par un abus de langage formidable que l’on peut subsumer sous le même concept des univers sociaux qui n’ont pratiquement rien de commun ».

A

Pierre Bourdieu, « La jeunesse n’est qu’un mot », entretien, 1978

159
Q

Thèse du « descenseur social » :

En s’appuyant sur des données de l’Insee, sur des sondages et une série d’entretiens qualitatifs, les auteurs montrent que les milieux populaires ont cessé de croire à l’efficacité du pacte républicain, à la réalité de l’État et à la solidarité nationale.

A

Guibert et Mergier, Le Descenseur social. Enquête sur les milieux populaires, 2006

160
Q

L’auteur constate un « émiettement des classes sociales » et propose un modèle « strobiloïde » où les groupes sociaux se répartissent en constellations qui ne sont pas hiérarchisées sur une échelle, mais se distribuent sur un espace à deux dimensions :

  1. La constellation populaire : ouvriers, employés, proches par leur niveau de revenus, d’éducation et de conditions de travail ; la moitié de la population ;
  2. La constellation centrale: les cadres supérieurs et les professions intermédiaires ; un quart de la population ;
  3. Les indépendants : les chefs d’entreprise, les artisans et les commerçants, les professions libérales et les agriculteurs exploitants. Cette constellation est très dispersée dans l’échelle des revenus et des diplômes ;
  4. L’élite et les pauvres forment les deux pointes de la toupie.

* Du grec strobilos, « toupie ».

A

Henri Mendras

161
Q

Le mouvement des gilets jaunes montre que « les classes sociales n’ont jamais disparu […], dans ce conflit, elles deviennent soudainement visibles aux yeux de tous ».

Une conscience de classe serait en train de se reconstituer puisqu’ « en se retrouvant sur les ronds-points, ils s’aperçoivent qu’à côté de chez eux, il y a des milliers de personnes qui vivent et pensent la même chose ».

A

Camille Peugny, Le Monde, entretien, 14 décembre 2018

162
Q

L’auteur démontre qu’entre 1953 et 1993, la fluidité sociale n’a cessé de progresser :

Les chances d’être cadre ou profession intellectuelle supérieure plutôt qu’ouvrier étaient 100 fois plus fortes en 1977 pour les fils de cadre ou de profession intellectuelle supérieure que pour les fils d’ouvrier, contre 39 en 1993 (1999) et 26 en 2003 (2017).

La dernière enquête sur la formation et la qualification professionnelle (FQP) montre que le ratio est désormais de 24.

A

Louis-André Vallet

«Quarante ans de mobilité sociale en France», 1999

« Mobilité entre générations et fluidité sociale en France », 2017

163
Q

Elle se définit par la relative faiblesse de la mobilité sociale contemporaine (on parle aussi de viscosité sociale).

Elle est liée àla transmission du statut public ou privé, ou encore de certains métiers : fils d’avocats, de commerçants, d’artisans, etc.

A

L’hérédité sociale

164
Q

I. L’auteur tente de démontrer, à partir de données statistiques, l’hérédité du « génie » et la nécessité d’une politique eugénique visant à encourager la fécondité des « élites » de la société.

II. Convaincu du caractère héréditaire des aptitudes sociales, il en conclut que les « grands hommes » naissent dans des familles de « grands hommes ».

📚 Cette conception eugéniste a eu une influence considérable jusqu’au milieu du XXe siècle.

A

Francis Galton, « Regression towards mediocrity in Hereditary Structure », 1886

165
Q

I. Après Galton, un deuxième courant lie les comportements de restriction volontaire des naissances et la volonté de mobilité ascendante.

II. Ici, le démographe, à travers le concept de « capillarité sociale », relie baisse de la fécondité en France et stratégie égoïste d’élévation dans l’échelle sociale.

Les individus se déchargent du poids de la reproduction : « Quand on vient de bas et que l’on vise haut, il faut, pour arriver, courir vite et ne point s’embarrasser de bagages encombrants».

A

Arsène, Dumont, Dépopulation et civilisation, 1890

166
Q

« la notion de classe gouvernante ou dirigeante » ne permet pas de saisir l’existence de plusieurs groupes de « statuts » détenteurs du pouvoir politique : les politiciens, les grands entrepreneurs et les chefs militaires de haut rang.

Cette « power elite », au-delà des luttes qui la traversent, est unie par des intérêts, une éducation et un prestige commun. Cette « élite au pouvoir » est liée à une massification de la société où l’apathie individuelle fait qu’aucun particularisme ne peut devenir collectif. Elle unifie à un niveau supérieur où se décident les enjeux nationaux et internationaux trois hiérarchies institutionnalisées : élites politique, économique et militaire.

A

Charles Wright Mills, L’Élite au pouvoir, 1956

167
Q

La mobilité sociale apparaît comme un instrument de pérennité de la classe bourgeoise :

« Plus la classe dominante est capable d’intégrer les hommes éminents des classes dominées, plus durable et dangereuse sera sa domination ».

A

Karl Marx, Le Capital, 1867

168
Q

Les auteurs notent le fait que les diplômes des grandes écoles donnant accès aux postes de dirigeants restent sociologiquement très fermés et que la croissance exponentielle des diplômés intermédiaires pour l’encadrement répond à une nécessité du système capitaliste.

A

Baudelot et Establet, L’école capitaliste en France, 1971

169
Q

La notion de « causalité du probable » désigne l’évaluation progressive par l’agent des chances d’accéder à telle ou telle position sociale qui le conduit progressivement à se restreindre pour donner un caractère d’inéluctabilité à son devenir social.

Le probable est alors devenu réalité : exemple du fils de notaire qui, après s’être essayé à des professions artistiques, reprend la charge de son père.

A

Pierre Bourdieu, « Avenir de classe et causalité du probable », 1974

170
Q

Aujourd’hui, la solidarité est mise à mal.

Durant les Trente Glorieuses, le « système de l’escabeau » assure la dynamique sociale.

La génération devient à partir des années 1980 un facteur de discrimination. La loi du progrès générationnel de long terme est devenue obsolète. Les actifs qui entrent sur le marché du travail au début des années 1980 sont confrontés à des rémunérations plus faibles et à une précarité accrue par rapport à leurs aînés.

On peut se poser la question de l’existence d’une nouvelle « gérontocratie » et d’une « lutte des âges » qui se substituerait à une lutte des classes.

A

Louis Chauvel, Le destin des générations - Structure sociale et cohortes en France du XXe siècle aux années 2010, 2014

171
Q

L’auteur étudie le rapport entre le diplôme relatif et le statut social relatif du fils par rapport au père.

Un fils ayant un diplôme plus élevé que son père devrait avoir un statut social plus élevé. Or, il n’en est pas toujours ainsi → Paradoxe d’Anderson.

A

Charles Arnold Anderson, « A Skeptical Note on the Relation of Vertical Mobility to Education », 1961

172
Q

Afin d’expliquer la répartition des positions sociales, l’auteur distingue distribution sociale et distribution scolaire :

  • Les structures sociales ne peuvent être modifiées par le système scolaire. Elles sont déterminées par des contraintes structurelles (économiques et technologiques);
  • Il y a une diversité des parcours scolaires et des inégalités des résultats. La réussite scolaire des individus en fonction de l’origine sociale s’explique par une succession de choix rationnels des familles, compte tenu de leur position dans l’espace social;
  • Reprise de l’analyse d’Anderson (1961) : le nombre de positions scolaires élevées augmente beaucoup plus vite que le nombre de positions sociales élevées ce qui entraîne mécaniquement une dévalorisation objective des diplômes scolaires sur le marché du travail ;
  • Effet de frustration relative(cf. James Davies, 1962) : l’élévation du niveau moyen de scolarisation accroit la frustration relative chez ceux dont la situation ne progresse pas autant.
A

Raymond Boudon, L’inégalité des chances, 1973

173
Q

L’auteur tire trois conclusions de son étude du phénomène de la mobilité descendante qui a marqué en profondeur la société française depuis les années 1970 :

  1. Une involution par rapport aux générations nées dans les années 1940 qui ont bénéficié d’un mouvement ascendant puissant et continu ;
  2. L’expérience du déclassement social n’est pas univoque : elle peut être scindée en deux types de vécu selon qu’on est enfant de cadre «populaire» (peu diplômés) ou de «dauphin» (cadre diplômé) :
  • Pour les premiers, ce vécu peut être qualifié de générationnel, comme le sentiment d’appartenir à une génération dont les conditions se sont dégradées («génération sacrifiée»). Ils sont le sentiment que l’école n’a pas tenu ses promesses et leur discours est contestataire, entrant en « rébellion » contre cette société qui ne les a pas récompensés de leurs efforts ;
  • Pour les seconds, le déclassement se vit sur le mode de l’échec personnel. Ils ne sont pas parvenus à reproduire la position du père. Ils se vivent comme les principaux responsables de leur trajectoire ;
  1. Les conséquences politiques du déclassement social sont un des facteurs explicatifs de la « droitisation » de la société française. Cantonnés à des emplois d’exécution et exposés à la précarité, les déclassés expriment la combinaison a priori paradoxale d’un souci de protection de l’État, d’une hostilité marquée au libéralisme économique et d’une faible préoccupation de redistribution sociale (discours fortement hostile aux chômeurs, rmistes et exclus).
A

Camille Peugny, Le déclassement, 2009

174
Q

Étude du budget des familles du Royaume de Saxe.

Trois catégories de familles :

  1. Les familles assistées ;
  2. Les familles de travailleurs pauvres ;
  3. Les familles aisées.

Plus une famille est pauvre, plus grande est la part de ses dépenses totales qu’elle est amenée à utiliser pour se procurer de la nourriture (respectivement 61 %, 55 % et 50 %)

→ loi d’Engel : « plus une famille est pauvre, plus grande est la part de ses dépenses totales qu’elle doit utiliser pour se procurer sa nourriture».

A

Ernst Engel, « Les conditions de la production et de la consommation du Royaume de Saxe », 1857

175
Q

Proposition d’une « seconde loi », validée ultérieurement par Engel, connue comme la « loi de Schwabe » :

« plus on est pauvre, plus est élevée la part relative que l’on doit dépenser pour l’habitation ».

A

Schwabe (directeur du bureau de la statistique à Berlin), La relation entre loyer et revenu à Berlin, 1868

176
Q

I. Le revenu agit bien sur un budget mais jamais de façon directe.

II. A. Son action s’exerce à travers le système des goûts et des préférences que les individus se sont formés dans leur milieu. Ces goûts sont influencés par les conditions sociales d’existence et de travail, les traditions familiales, la culture locale, le système de valeurs.

B. Ces « représentations sociales » font qu’à revenu égal, un ouvrier d’origine rurale ne mangera ni ne se logera de la même façon qu’un ouvrier d’origine urbaine.

III. A. L’auteur observe que parmi les besoins des ouvriers, lorsque leur niveau de vie s’élève, le besoin de logement est le moins développé, et qu’ils sacrifient ce dernier aux vêtements, aux distractions, à tout ce qui les met plus étroitement en contact avec les groupes de la rue, ou de leur classe.

B. Il considère que cela s’explique par ce que le goût de la vie de famille n’est pas devenu assez fort.

A

Maurice Halbwachs, La classe ouvrière et les niveaux de vie, 1912

177
Q

I. Pour les économistes ou les statisticiens, le niveau de vie est le plus souvent entendu comme un simple degré de bien-être économique et désigne la place occupée par un revenu sur une échelle monétaire, unique et linéaire.

II. Chez Halbwachs, le niveau de vie revêt une signification totalement différente, devenant un véritable concept : « plus qualitatif que quantitatif ».

A

Baudelot et Establet, Maurice Halbwachs: consommation et société, 1994

178
Q

Analyse du mode de consommation des riches américains du début du XIXe siècle, qu’il qualifie de consommation ostentatoire.

A

Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, 1899

179
Q

Elle est souvent à l’opposé du sens commun, voire du confort :

  • le signe l’emporte sur l’utilité, l’ostentation sur la satisfaction tirée de l’objet ;
  • cependant, elle perd de son efficacité à la campagne, où tout le monde sait tout sur tout.
A

La consommation ostentatoire

180
Q

I. A. « ce qui distingue le bourgeois, c’est la “distinction” ».

B. Comme il n’est pas possible d’instaurer une séparation matérielle entre les bourgeois et les autres classes sociales, ce sont des qualités personnelles qui vont séparer la bourgeoisie et constituer les barrières entre les classes.

C. L’auteur montre comment le costume a, dans cette perspective, une importance considérable pour la bourgeoisie.

II. A. Par ailleurs, la bourgeoisie adopte les modes lorsqu’elles n’étonnent plus.

B. « bientôt la nouveauté est devenue mode : elle est alors distinguée, elle n’est plus excentrique. Mais cela ne peut durer ; une fois qu’elle s’est étendue à toute la classe, elle ne tarde guère à la dépasser ; elle est imitée en dehors d’elle, et dès lors elle ne distingue plus […]. Quand la bonne a réussi à trop bien copier la robe de la dame […], ce qui était distingué est devenu commun et ne tardera pas à devenir vulgaire : il est nécessaire de le changer ».

A

Edmond Goblot, La Barrière et le niveau, 1925

181
Q

Selon l’auteur, le problème de l’égalité/inégalité n’est plus à l’ordre du jour. Il était lié à celui de la richesse et de la pauvreté.

📚 Pour l’idéologie égalitaire du bien-être, la croissance, malgré certains effets inégalitaires, implique une démocratisation d’ensemble à long terme.

A

John Kenneth Galbraith, L’ère de l’opulence, 1970

182
Q

I. La consommation est ambigüe :

« on ne consomme jamais l’objet en soi (dans sa valeur d’usage) – on manipule toujours les objets (au sens le plus large) comme signes qui vous distinguent soit en vous affiliant à votre groupe pris comme référence idéale, soit en vous démarquant de votre groupe par référence à un groupe de statut supérieur ».

Selon l’auteur, «la consommation se définit:

1. non plus comme pratique fonctionnelle des objets, possession, etc. ;

2. non plus comme simple fonction de prestige individuel ou de groupe ;

3. mais comme système de communication et d’échange, comme code de signes continuellement émis et reçus et réinventés, comme langage ».

A

Jean Baudrillard, La société de consommation, 1970

183
Q

L’auteur prend l’exemple de la télévision dans les années 1960 et montre qu’ « il y a ceux pour qui la TV est un objet, il y a ceux pour qui elle est un exercice culturel ».

A

Baudrillard, Pour une critique de l’économie politique du signe, 1972

184
Q

« la théorie qui fait de la consommation une fonction simple du revenu […] ne peut rendre raison des cas où le même revenu se trouve associé à des structures de consommation totalement différentes » :

Les classes populaires privilégie les produits bon marché et nourrissants, les professions libérales des produits savoureux, bons pour la santé, légers et ne faisant pas grossir. Poisson versus « plats élastiques ». Chez les bourgeois, tout est attente, les formes sont les rythmes.

A

Pierre Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, 1979

185
Q

L’auteure considère que la consommation, au-delà du moyen d’expression identitaire qu’elle représente, permet aussi de faire valoir des positionnements politiques et éthiques.

A

Sophie Dubuisson-Quellier, La consommation engagée, 2018

186
Q

I. Contre les conceptions humanistes et spiritualistes de son temps, l’auteur affirme que l’éducation est un fait social :

« chaque société […] a un système d’éducation qui s’impose aux individus avec une force généralement irrésistible ».

II. L’éducation ne peut ainsi pas être définie dans l’absolu, elle varie d’une époque à l’autre au cours de l’histoire et d’un groupe social à l’autre au sein de chaque société.

III. L’auteur propose la définition suivante :

« L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale ».

A

Durkheim, Éducation et sociologie, 1922

187
Q

Création des lycées de garçons.

A

1802

(Éducation)

188
Q

Loi Guizot (instruction primaire): ouverture obligatoire d’une école de garçons dans toute commune de 500 habitants, d’une école normale d’instituteur dans chaque département.

A

1833

(Éducation)

189
Q

Loi Falloux: reconnaissance de la coexistence des écoles publiques et privées; ouverture d’une école de filles dans les communes de plus de 800 habitants.

A

1850

(Éducation)

190
Q

Loi Jules Ferry rendant l’enseignement primaire obligatoire.

A

1881

(Éducation)

191
Q

Fixation de l’objectif « 80 % de chaque classe d’âge au niveau du baccalauréat ».

A

1985

(Éducation)

192
Q

Loi Debré sur l’enseignement privé (contrat avec l’État).

A

1959

(Éducation)

193
Q

Loi relative aux libertés responsabilités des universités.

A

2007

(Éducation)

194
Q

Création des Écoles supérieures de professorat et d’éducation (ESPE).

A

2013

(Éducation)

195
Q

1er septembre :

Les ESPE deviennent les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé).

A

2019

(Éducation)

196
Q

La France a connu trois révolutions scolaires :

  1. Les lois Ferry de 1881-1882: scolarisation de toute la tranche d’âge des 6/12 ans pour affirmer le régime républicain mis en place au milieu des années 1870 ;
  2. L’effort de construction d’établissements dans les années 1960 pour scolariser la totalité de la tranche d’âge des 12-16 ans, soit en collège, soit dans un établissement technique en vue de l’obtention d’un CAP ;
  3. L’accession de la majorité des jeunes au baccalauréat : en 1985, Jean-Pierre Chevènement formule le souhait de « 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat », ce qui se concrétisera environ vingt-cinq ans plus tard.

→ Ces évolutions conduisent à une massification (accroissement massif des effectifs d’élèves et d’étudiants) de l’enseignement secondaire puis de l’enseignement supérieur.

A

Selon Jean-Louis Auduc, Le système français éducatif aujourd’hui, 2019

197
Q

I. En 1851, 0,6 % d’une génération obtenaient le baccalauréat général ; en 1951, 5,3 % d’une génération ; après la création du bac technologique, en 1970, 20,1 % d’une génération obtenait le baccalauréat, la tendance s’accentuant avec la naissance du baccalauréat professionnel en 1985.

II. En 2021, ils étaient 83,1 %, et 79,3 % en 2023, avec un taux de réussite de 90,9 %.

A

Évolution de l’obtention du baccalauréat dans la population française

198
Q

La vision optimiste de l’accroissement des diplômés (stratégie de Lisbonne – 2000) est régulièrement combattue par des thèses qui mettent en avant la baisse du rendement des diplômes en tant que moyen d’insertion professionnelle (Paradoxe d’Anderson) et qui s’inquiètent d’un excès de diplômés et d’une pénurie des formations de type professionnel.

A

Controverse sur les diplômes

199
Q

I. Les auteurs contestent l’idée que l’école récompense le seul mérite des élèves.

II. Invoquer le « don pour les études », conduit à accepter un déterminisme biologique et à rejeter a priori toute explication sociologique. Or, la société est fondamentalement inégalitaire.

A

Bourdieu et Passeron, Les héritiers. Les étudiants et la culture, 1964

200
Q

Selon l’auteur, Bourdieu et Passeron ont procédé en deux temps :

  1. Ils ont mis en évidence « de manière statistique, et par là, indiscutable et objective, l’existence d’inégalités devant l’école », et les « inégalités d’accès à l’enseignement supérieur » ;
  2. Ils cherchent à expliquer les faits :

Il existe en France, dans les années soixante, une « élimination scolaire » dans laquelle « l’héritage culturel » joue un rôle important : « l’excellence scolaire (culture valorisée) est aussi la culture (au sens ethnologique) d’un groupe social, celle de la classe justement dite “cultivée”. L’école est censée transmettre une culture à ceux qui, par la famille, la possèdent déjà ».

A

Patrick Champagne, « “Les héritiers” de Bourdieu et Passeron : une analyse d’une grande actualité », 2018

201
Q

I. A. Les auteurs montrent (contrairement aux discours catastrophistes sur la baisse du niveau) que le niveau des connaissances augmente.

B. Parmi les enfants qui sont aujourd’hui au lycée, beaucoup auraient quitté l’école plus tôt il y a vingt ou quarante, accédant donc objectivement à un niveau de connaissance plus élevé.

II. Mais, en même temps que le niveau monte, les inégalités se creusent :

Les contenus d’enseignement sont très différents selon que l’on étudie la philosophie dans un grand lycée parisien ou dans une filière technologique de banlieue populaire.

A

Baudelot et Establet, Le niveau monte, 1989

202
Q

I. Les auteurs confirment leur diagnostic établi vingt ans plus tôt : sur le long terme, le niveau scolaire s’élève.

II. A. Mais sur le court terme récent, on assiste à une dégradation des résultats de l’enquête PISA (Programme for International Student Assessment de l’OCDE) :

Entre 2000 et 2006 (et les études plus récentes montrent que ce mouvement se poursuit) le score moyen des élèves français a baissé en compréhension de l’écrit comme des mathématiques.

B. Les auteurs montrent que cette baisse moyenne est principalement imputable à la dégradation des résultats des élèves les plus faibles. Le caractère élitiste et individualiste du système éducatif français, centré sur la réussite des meilleurs, conduit paradoxalement à une baisse du résultat moyen des élèves.

A

Baudelot et Establet, L’élitisme républicain, 2009

203
Q

Le déterminisme social mis en évidence par toutes les recherches conduites depuis les années 1960 :

Alors que les taux de redoublement ont beaucoup baissé, que les cycles ont été mis en place, que les programmes ont été réformés, on constate que 97,3 % des élèves issus d’un ménage dont la personne de référence est enseignante, accèdent à l’heure ou en avance en 6e, 94,4 % des enfants de cadre, mais seulement 66,6 % des enfants d’ouvriers non qualifiés.

A

Caille et Rosenwald, France, portrait social, 2006

204
Q

I. À la rentrée 2017: doublement des classes de CP et CE1 en REP(220 classes concernées, 60000 élèves). Amélioration en maths et en lecture selon le ministère, mais pénurie d’enseignants, alors que les REP+ sont moins attractives.

II. En 2018, les enfants de cadres et professions intellectuelles réussissent encore 1,11 fois plus leur baccalauréat que les enfants d’ouvriers.

III. L’accès à l’enseignement supérieur reste, encore aujourd’hui, fortement inégalitaire :

En 2018-2019, 34 % des étudiants ont des parents cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure, 12 % ouvriers et 17 % employés.

A

DEEP, 2019

205
Q

I. Les filles réussissent mieux à l’école que les garçons.

II. A. Pourtant, la surestimation des capacités masculines pousse les garçons à choisir plus fréquemment les filières mathématiques.

→ L’anticipation de l’avenir professionnel incite les filles à s’en détourner.

B. Par ailleurs, l’accès à une filière scientifique signifie l’entrée dans le jeu de la compétition scolaire, à laquelle les filles répugneraient

→ L’ « aversion des filles pour les maths » est donc une construction sociale qui s’appuie sur l’intériorisation des stéréotypes masculins et féminins.

C. À l’inverse, c’est le même processus qui explique la réussite globale des filles dans le système scolaire :

« les filles tirent parti de leur capacité à intérioriser les règles, à s’exprimer dans le cadre des conventions scolaires ».

A

Baudelot et Establet, Allez les filles!, 1992

206
Q

L’auteur retrace quarante années du parcours d’une famille algérienne installée en France depuis 1977.

Il met en évidence le rôle majeur de la transmission des savoirs par l’école en milieu populaire et l’importance du diplôme, mais aussi le poids du genre.

La famille Belhoumi compte huit enfants (cinq sœurs et trois frères). La fille aînée, Samira, qui arrive en France à sept ans ne parlant pas un mot de français, va très vite devenir une très bonne élève dès l’école primaire : « elle garde aujourd’hui encore un souvenir ébloui de l’école d’alors ».

Ce sont les deux sœurs aînées, Samira et Leïla, qui vont donner l’exemple. Elles suivent de très près la scolarité de leurs frères et sœurs en surveillant leur travail. Pourtant, les garçons vont avoir une scolarité chaotique ; l’auteur évoque « la liberté des garçons et un effet de quartier ».

Ils indiquent que l’école n’a pas été leur priorité, le groupe de copains passait avant. En outre, leurs parents donnaient aux garçons une plus grande liberté de sortir qu’à leurs filles.

Enfin, « si l’objectif affiché pour tous était bien le salut par l’école, il n’empêche que de petits signes étaient émis, faisant prendre conscience aux garçons qu’un destin de travailleur manuel ne leur était pas interdit ».

A

Stéphane Beaud, La France des Belhoumi, 2018)

207
Q

Le fait que certains élèves, dont les caractéristiques socioculturelles (origine sociale, lieu de résidence…) prédisposent à l’échec scolaire, connaissent des réussites brillantes.

Elle semble résulter du comportement des familles, notamment des mères, ainsi que du rapport au savoir des élèves.

A

La réussite paradoxale

208
Q

La division du travail est centrale dans l’amélioration dans la puissance productive du travail.

A

Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776

209
Q

L’auteur s’intéresse à ses conséquences physiques et morales :

« La subdivision du travail est l’assassinat d’un peuple ».

A

Karl Marx, Le Capital, 1867

210
Q

L’auteur consacre sa thèse à la division du travail, dont est issu son ouvrage éponyme.

A

Émile Durkheim, De la division du travail social, 1893

211
Q

I. Il commence sa carrière en 1878 comme ouvrier, puis devient chef d’équipe, et enfin ingénieur.

II. A. En tant que contremaître, il est confronté à ce qu’il appelle la « flânerie systématique » de ses subordonnés, pratique qui consiste à travailler lentement pour s’épargner d’accomplir une journée de travail « normale ».

B. Cette flânerie ne résulte pas, selon lui, de la psychologie individuelle de l’ouvrier, mais résulte de l’inefficacité des méthodes de direction et d’organisation du travail.

→ création d’un bureau d’organisation et méthodes pour y soumettre le processus de production, dont il enlève la compétence à l’atelier.

→ organisation scientifique du travail (OST).

A

Frederick Winslow Taylor

212
Q

La « flânerie systématique » est un mode de défense développé par la classe ouvrière contre le chômage (en prolongeant le temps d’occupation rémunéré) et contre l’usure trop précoce de sa force (tout accident ou maladie entraîne la perte complète du salaire).

Dès lors, « briser l’ouvrier de métier, libérer le procès de travail du pouvoir qu’il y exerce pour y instaurer la loi et la norme patronales, telle sera la contribution historique du taylorisme ».

A

Benjamin Coriat, L’Atelier et le chronomètre : essai sur le taylorisme, le fordisme et la production de masse, 1979

213
Q

Henry Ford dans installe ses chaînes de montage en 1914 à Détroit : rationalisation du travail et standardisation des produits. La durée de construction d’une Ford T passe de 12h30 à 1h30.

→ fordisme = rationalisation du mode d’organisation du travail taylorien avec la création des chaînes de montage et politique du “five dollars a day” (deux fois le salaire moyen) aux fins d’éviter le turn over et de trouver des débouchés supplémentaires, conditionné au travail depuis 6 mois, être âgés de 21 ans et mariés

A

Le fordisme

214
Q

Recherche dans l’usine Hawtorne et consiste à soumettre un groupe de six ouvrières à des conditions variables de travail. La productivité des ouvrières augmente presque tout le temps, et après cinq ans, elles produisent 30 % de plus qu’au début de l’étude :

  1. L’effet Hawtorne : l’intérêt de la direction pour le comportement des travailleurs est à l’origine des améliorations de leur productivité. Dès qu’on se préoccupe des travailleurs, leur travail semble plus « intéressant » ;
  2. Le salaire n’est pas l’incitant principal au rendement : le groupe observé définit ce qu’est un rendement journalier « honnête » et ce dernier fait l’objet d’un contrôle social.
A

Elton Mayo

215
Q

Le freinage ouvrier le ralentissement volontaire du rythme de travail :

  • Le quota consiste à ne pas dépasser un certain rendement pour ne pas faire baisser le prix de la pièce produite;

_ « Tirer au flanc » consiste à ralentir le rendement lorsque les objectifs semblent impossibles à atteindre (et se contenter du fixe minimal), notamment pour pouvoir négocier des hausses de prix à la pièce.

→ Les ouvriers ont un code social implicite et choisissent leur niveau de rendement.

A

Donald Roy publie des articles dans les années 1950 sur le freinage ouvrier

216
Q

I. A. L’automatisation transforme l’organisation et la structure professionnelle de l’entreprise→ l’enfer de la chaîne s’éloigne, la parcellisation du travail perd du terrain :

L’automatisation est un point d’aboutissement et non une rupture dans le déclin des « métiers » de l’industrie, au sens traditionnel, i.e. fondés sur des formes de qualification acquises par la formation et l’expérience personnelle dans une spécialité donnée ;

B. L’automatisation peut aboutir à restituer à l’ouvrier l’essentiel de ses prérogatives pour tout ce qui touche à l’organisation des rapports à son travail.

II. A. L’auteur met une condition centrale pour que le progrès technique puisse être aussi vécu comme un progrès social : l’ouverture des carrières ouvrières.

B. L’essentiel n’est pas au bureau des méthodes, mais dans les instances « politiques » de l’entreprise (comité d’entreprise, conseil d’administration).

A

Alain Touraine, L’évolution du travail ouvrier aux usines Renault, 1955

217
Q

I. Étude de la concurrence que se livrent les professions qui cherchent à se développer en s’emparant de pratiques pour établir et défendre des « juridictions » ou zones de contrôles.

II. A. Les frontières des compétences professionnelles ne sont pas fixes et peuvent être remises en cause. Par exemple en France, les masseurs-kinésithérapeutes ont longtemps bataillé pour que le terme de massage leur soit réservé.

B. Cela a conduit en 2008 à la distinction (par une ordonnance, distinction réaffirmée par la loi de modernisation de notre système de santé en 2016) entre les masseurs-kinésithérapeutes et les praticiens en massage bien être (ou modelage).

A

Andrew Abbott, System of Professions, 1988

218
Q

I. Dans les années 1950, Taiichi Ohno, ingénieur puis vice-président de la société Toyota, met en place un nouveau mode d’organisation du travail, le toyotisme, qui repose sur deux principes:

  1. Le « Kan-Ban »: système de régulation du débit qui est organisé de l’aval (moment du montage de l’automobile) vers l’amont (fabrication des pièces détachées), pour restreindre les stocks intermédiaires et les goulets d’étranglement : chaque poste reçoit une boîte avec des cartes d’instructions (« Kan-ban ») annonçant combien de pièces il faut exactement produire pour les besoins de l’aval (méthode du « juste à temps »);
  2. Le principe d’ « autonomation » : néologisme forgé à partir de la contraction des mots « autonomie » et « automation », pour désigner le fait de doter les machines d’un mécanisme d’auto-arrêt en cas de fonctionnement défectueux.

II. Cette voie japonaise est souvent résumée par une formule célèbre énonçant les cinq résultats recherchés : « zéro stock, zéro délai, zéro panne, zéro défaut, zéro papier ».

A

Le toyotisme

219
Q

I. Idée que « les nouvelles technologies nous font entrer dans une ère où la production pourra presque se passer de producteurs ».

II. Remise en cause la thèse d’Alfred Sauvy selon laquelle les emplois que le progrès technique contribue à détruire sont compensés par des créations d’emplois dans d’autres secteurs.

📚 Depuis, plusieurs rapports publiés par l’OCDE en 2019, selon lesquels l’automatisation devrait toucher un emploi sur deux dans les prochaines années. La robotisation entraîne une polarisation des emplois entre, d’une part, ceux exigeant un haut niveau de qualification et dont l’intelligence artificielle améliore la productivité, et, d’autre part, ceux exigeant peu de qualification mais ne pouvant pas être automatisés (tâches relationnelles comme le conseil, le soin, faire des cartons pour une entreprise de vente en ligne).

A

Rifkin, La fin du travail, 1996

220
Q

I. Une organisation peut être détournée de ses buts.

II. A. L’auteur étudie les échelons territoriaux de l’État (préfecture, Direction Départementale de l’Équipement).

B. Ceux-ci doivent pour le compte de l’échelon central contrôler les réactions locales et pour le compte de la société locale être à même de contrôler les intentions de l’échelon central, tout en gérant les pressions des notables locaux :

Existence d’un système « politico-administratif », marqué par une solidarité entre fonctionnaires de l’État et notables locaux qui se traduit par un assouplissement des procédures qui peuvent par exemple favoriser l’avancement d’un dossier.

A

Pierre Grémion, Le Pouvoir périphérique, 1976

221
Q

I. A. L’auteur qualifie d’organisation bureaucratique, toute organisation paralysée dans son activité par un excès de procédures et de règlements :

Plus un système est rigide et centralisé, plus le changement est difficile, dans la mesure où il présente les traits d’un mouvement descendant, pensé en haut, appliqué en bas.

B. En se centrant sur les relations de pouvoir au sein des organisations dont le fonctionnement repose sur des règles impersonnelles (étude de la SEITA et de l’administration des chèques postaux), il dégage l’existence d’un « cercle vicieux bureaucratique » :

  1. Ce cercle se développe dans des organisations fondées sur des règles impersonnelles ;
  2. Les règles ne peuvent pas tout prévoir, il existe des zones d’incertitudes ;
  3. Les membres de l’organisation cherchent à contrôler ces zones en vue d’accroître leur pouvoir ; lorsqu’ils y arrivent, ils créent des frustrations. Ces frustrations conduisent les acteurs à faire pression pour l’élaboration de nouvelles règles impersonnelles ;
  4. Les nouvelles règles ainsi produites créent, dans leur confrontation avec les règles antérieures, de nouvelles sources d’incertitudes.
A

Michel Crozier, Le Phénomène bureaucratique, 1963

222
Q

« toute unité légale, personne physique ou personne morale qui, jouissant d’une autonomie de décision, produit des biens et des services marchands ».

A

Définition de l’entreprise (Insee)

223
Q

Les conséquences pathologiques d’un affaiblissement ou d’un excès des règles sociales.

A

Les conflits, selon Durkheim

224
Q

I. Vision profondément conflictualiste des rapports sociaux.

II. A. Importance de la « lutte pour le classement » dans la lutte des classes.

B. Les classes n’ont pas d’existence en soi, ce sont des constructions théoriques au sein de l’espace social selon le volume et la structure des capitaux (« classe sur le papier »).

A

Pierre Bourdieu, La Distinction, 1979

225
Q

On assisterait depuis un quart de siècle à un « retour des classes sociales », en raison de la réunion de deux conditions :

  1. Une condition objective : émergence durable de groupes inégalement situés dans la sphère productive et inégalement dotés. Il faut désormais à un ouvrier six générations pour rattraper le niveau de vie d’un cadre, contre une seule pendant les Trente glorieuses ;
  2. Une condition subjective : une identité collective forte.

→ L’auteur propose une « spirale historique des classes sociales », où l’existence des classes sociales et les rapports conflictuels qui en découlent entretiennent des rapports dynamiques, avec un décalage plus ou moins grand.

A

Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », 2001

226
Q
A

La spirale historique des classes sociales de Chauvel (2001)

227
Q

I. La conflictualité a baissé considérablement sur le long terme parce que le contrôle de soi est devenu plus essentiel.

II. A. Selon l’auteur, c’est la conséquence d’un phénomène de très longue période propre à l’Occident qui commence à la Renaissance.

B. À partir du XVIe siècle, les hommes s’appliquent à refouler et contrôler ce qui a trait aux fonctions corporelles : manières de table, hygiène, habillement, etc.

A

Norbert Élias, La Civilisation des mœurs, 1939

228
Q

Le « processus de civilisation » va de pair avec le monopole progressif de l’État sur la violence.

A

Norbert Élias, La Société de cour, 2008

229
Q

I. Dans la société qui émerge au XVIIe siècle (celle de Louis XV), le recours à la violence est banni, les hommes doivent faire la preuve de leur excellence dans la maîtrise de leurs émotions.

II. Le développement du sport est lié au fait qu’il met à distance la violence et l’affrontement en les « mettant en règle », en développant une logique de compétition ordonnée et de réduction de cette violence, et une réduction des différences sociales.

III. Cependant, cette évolution n’est pas linéaire :

Le « hooliganisme » rejoue les formes les plus anciennes de configuration sociale en investissant le sport d’autres enjeux (exacerbation de la virilité, groupes informels).

A

Élias et Dunning, Sport et civilisation, 1994

230
Q

I. Formulation du célèbre paradoxe de l’action collective, ou Paradoxe d’Olson, en se fondant sur la théorie de l’action rationnelle.

II. Si un individu peut bénéficier des résultats d’une action collective (une augmentation de salaire à la suite d’une grève par exemple) sans supporter les coûts de cette action, il va adopter rationnellement un comportement de passager clandestin(“free rider”).

III. Mais comme tous les individus vont adopter le même raisonnement, l’action collective n’aura pas lieu.

📚 Ce type d’analyse peut expliquer le faible taux de syndicalisation en France.

A

Mancur Olson, La Logique de l’action collective, 1965

231
Q

I. « le bénéfice individuel de l’action collective n’est pas la différence entre le résultat espéré et l’effort fourni, mais la somme de ces deux grandeurs ».

II. L’acte de militer apporte lui-même des satisfactions aux militants :

  • plaisir et effervescence de l’action collective ;
  • gratifications symboliques aux yeux des autres.
A

Hirschman, Défection et prise de parole, 1995

232
Q

La « théorie de la frustration relative » a des origines anciennes :

« Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans se plaindre, et comme s’il ne les sentait pas, les lois les plus accablantes, les rejette violemment dès que le poids s’en allège. Le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait immédiatement précédé, et l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue. Le mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire. Tout ce qu’on ôte alors des abus semble mieux découvrir ce qui en reste et en rend le sentiment plus cuisant : le mal est devenu moindre, il est vrai, mais la sensibilité est plus vive.»

A

Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, 1856

233
Q

I. Étude comparée de diverses révolutions :

C’est lorsque la situation économique s’améliore et lorsque le pouvoir politique réduit son emprise autoritaire et tente des réformes que les révolutions éclatent (« courbe en J »).

II. Ce n’est donc pas la situation objective des individus qui est décisive pour déterminer leur orientation politique, mais leur situation relative. La frustration des membres d’un groupe soumis à des privations est plus faible lorsqu’il y a peu d’espoir d’amélioration. En cas d’amélioration, en revanche, cette frustration augmente davantage en proportion (augmentation de la frustration relative).

A

James Davies, Toward a theory of revolution, 1962

234
Q

Ils apparaissent à trois niveaux :

  1. La tendance générale au déclin des militants et adhérents parmi les salariés, avec des taux de syndicalisation très faibles (8 % en France, contre 30,9 % en 1949 ; plus élevé dans la fonction publique ; 10 % aux États-Unis) ;
  2. L’augmentation de l’abstention aux élections professionnelles et impact croissant des listes sans étiquette ;
  3. Décrue accélérée du nombre de jours de grève : malgré parfois un renouveau de l’action collective (grèves de novembre 1995, de la SNCF, des contrôleurs aériens et des intermittents en 2014, des pilotes de ligne en 2015), la tendance historique est à la décrue. Selon la Dares, le nombre de jours de grève pour 1000 employés est passé de 164 à 77 de 2005 à 2011 (58 en 2021).
A

Les manifestations de la crise du syndicalisme

235
Q

Le progrès humain évolue selon la loi des trois états :

  1. L’état théologique : phase durant laquelle l’esprit humain « se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels » ;
  2. L’état métaphysique : phase durant laquelle « les agents surnaturels de la société théologiques sont remplacés par les forces abstraites » ;
  3. L’état positif : phase dans laquelle l’esprit humain est arrivé à maturité, « reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues ».
A

Comte, Cours de philosophie politique, 1830

236
Q

I. Les valeurs ont une importance primordiale dans le changement social:

Une interprétation particulière de la doctrine calviniste de la prédestination donne naissance à une attitude à l’égard de l’activité économique conforme à l’esprit du capitalisme moderne.

II. A. En faisant abstraction des rapports de force et des inégalités, la démarche est complémentaire de celle de Marx. Il récuse l’idée d’une détermination causale unilatérale du changement : ni les forces économiques, ni les forces religieuses sont à elles seules des causes efficientes du changement.

B. Il souligne l’importance heuristique des concepts marxistes, mais également leur danger si on les présente comme ayant une validité empirique, voire si on les présente comme des forces agissantes réelles.

A

Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905

237
Q

« Il n’existe pas de théorie générale du changement social et il est impossible d’en concevoir une puisqu’elle serait une théorie générale de l’histoire. »

A

Mendras et Forsé, Le changement social. Tendances et paradigmes, 1997

238
Q

I. Au XVIIIe siècle, avec John Locke notamment, l’affirmation de la souveraineté des individus repose sur le concept de propriété de soi (“self-ownership”):

  • l’habeas corpus, soit le principe de la propriété de soi : la puissance publique ne peut imposer la « contrainte par corps» que dans des formes juridiques définies et limitatives ;
  • la propriété privée: cadre à la défense de la propriété de soi. Par exemple, le droit de perquisition de la police est strictement encadré et la « violation de domicile» est un délit → le corollaire d’une telle approche, c’est que celles et ceux qui ne disposent pas de propriété privée voient leur droit à la propriété de soi sérieusement menacé. Les vagabonds, les pauvres plus généralement ont été considérés comme une « classe dangereuse »; il en va de même pour le principe du suffrage censitaire et la position de Guizot à ce sujet.

II. A. La propriété sociale devient progressivement un fondement à l’extension de la solidarité.

B. Par propriété sociale, il faut entendre à la fois la propriété publique, mais aussi les formes diverses de redistribution.

→ L’État doit assurer à la fois la sécurité civile et la sécurité sociale.

A

Robert Castel, La montée des incertitudes, 2009

239
Q

I. Constat d’un déclin de l’idée de société ; essoufflement d’un certain mode de représentation de la vie sociale construit entre la seconde moitié du XIXe siècle et les années 1950 :

« la société ne peut plus être représentée comme un ensemble naturel intégré autour d’une culture, d’un mode de production, de fonctions ».

II. Deux processus :

  1. Un processus de désocialisation: émiettement des classes sociales, désenclavement des expériences de vie, ce qui tend à dissocier les pratiques culturelles de la position de classes ;
  2. Un processus de désinstitutionalisation : les grandes institutions n’ont plus vocation à transmettre les valeurs et les normes intériorisées par les individus. Par exemple :
  • L’école qui s’est historiquement construite sur le mode d’un « sanctuaire républicain » est aujourd’hui conduite à s’ouvrir sur le monde social ;

_ La famille n’est plus une institution car l’amour et l’intersubjectivité priment sur la transmission des règles ;

_ L’Église appelle moins au dogme qu’à la formation autonome du sujet à travers sa foi.

A

François Dubet, Le travail des sociétés, 2011

240
Q

I. Début du débat sur la postmodernité : sociétés contemporaines « postindustrielles » (économie) et « postmodernes » (culture).

II. Il observe un scepticisme croissant à l’égard des « grands récits » caractéristiques de la modernité :

Récit de l’émancipation par la raison et la connaissance, récit de l’égalisation des conditions par le droit, récit de l’émancipation de l’exploitation par la socialisation des forces productives, récit de la marche vers la société d’abondance par la croissance économique, etc.

III. Le point commun de ces « métarécits » est la référence à la raison. En fin de compte, c’est le rationalisme universaliste des Lumières qui est ici contesté :

  1. Les grilles de lecture du monde social construites dans le cadre de la modernité sont devenues inadéquates : la grille de lecture marxiste de la lutte des classes ne permet pas de percevoir l’importance des nouveaux mouvements sociaux. C’est ainsi que le postmodernisme a mis l’accent sur le droit à la différence, plutôt que sur la mise en avant de l’égalité ;
  2. Les sociétés « modernes » sont marquées par de nombreux événements historiques qui apparaissent comme contradictoires avec le projet de la modernité et peuvent même être considérés comme des produits de celle-ci :
  • Colonialisme, racisme, génocides, voire maintien de la pauvreté ;
  • Pire encore, la modernité, et notamment le développement scientifique et technique qui découle de la rationalité instrumentale, est source de risques majeurs pour l’humanité (dégradation de l’environnement, catastrophes industrielles).
A

Jean-François Lyotard, La Condition postmoderne: rapport sur le savoir, 1979

241
Q

I. Contre-pied des thèses post-modernistes : la modernité n’est pas en crise.

II. A. Limites de la rationalité instrumentale, mais portée émancipatrice de l’agir communicationnel.

B. Il y a deux dimensions de la modernité:

  1. Une dimension où la raison instrumentale fait prévaloir le marché, les bureaucraties, les contraintes techniques, etc. ;
  2. Une dimension où l’agir communicationnel permet de faire prévaloir les valeurs démocratiques et émancipatrices de la modernité. Il n’y a pas lieu de choisir entre apologie et rejet de la modernité, mais d’en faire un bilan critique, sans dissimuler ses méfaits et sans renoncer à ses valeurs essentielles.
A

Jürgen Habermas, «La modernité, un projet inachevé», 1981

242
Q

I. A. « l’accélération sociale est définie par une augmentation de la vitesse de déclin de la fiabilité des expériences et des attentes et par la compression des durées définies comme le “présent”».

B. Tout va plus vite et tout doit aller plus vite, ce qui a des effets majeurs sur les relations sociales, en particulier les relations familiales et les relations de travail. Les recompositions familiales comme les exigences de la flexibilité de l’emploi illustrent cette dynamique.

II. A. À l’origine de cette accélération se trouvent les technologies. L’intuition du sociologue repose sur le sentiment du manque de temps qu’il perçoit dans la société. Et paradoxalement, alors que la technique devrait libérer l’être humain des contraintes qui pèsent sur ses possibilités de produire, elle intensifie les rythmes de vie.

B. L’automobile, par exemple, a permis de raccourcir les distances au regard de celles qui pouvaient être parcourues à pied. Mais les distances parcourues ont été allongées.

C. De même, les frontières entre vie professionnelle et vie privée ont été gommées par les communications électroniques qui ne permettent plus de couper la communication. Ainsi assistons-nous à « l’augmentation du nombre d’épisodes d’action ou d’expérience par unité de temps ». Ainsi, plutôt qu’accroître le temps libre, la technologie le réduit en accélérant le changement social et le rythme de vie.

D. « Dans la modernité tardive, l’accélération sociale s’est transformée en un système autopropulsé qui n’a même plus besoin de la moindre force motrice externe. »

III. Il s’agit là d’une « nouvelle forme de totalitarisme » :

« dans la société moderne tardive, le pouvoir totalitaire consiste […] en un principe abstrait qui assujettit néanmoins tous ceux qui vivent sous sa domination ».

A

Hartmut Rosa*, Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, 2012

*Sociologue allemand

243
Q
A

Forces motrices de l’accélération : les moteurs

244
Q

Le pouvoir est une relation interindividuelle asymétrique (ressources ou capacités inégales des individus) :

« Le pouvoir d’une personne A sur une personne B, c’est la capacité de A d’obtenir que B fasse quelque chose qu’elle n’aurait pas fait sans l’intervention de A ».

A

Robert Dahl, The Concept of Power, 1957

245
Q

I. La domination « signifie la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé ».

II. « Toutes les dominations cherchent à éveiller et à entretenir la croyance en leur légitimité».

III. Donc, « tout rapport de domination comporte un minimum de volonté d’obéir, par conséquent un intérêt […] à obéir ».

A

Max Weber, Économie et société, 1921

(La domination)

246
Q

I. L’« l’État de police est celui dans lequel l’autorité administrative peut, d’une façon discrétionnaire et avec une liberté de décision plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l’initiative, en vue de faire face aux circonstances et d’atteindre à chaque moment les fins qu’elle se propose ».

II. À l’inverse, l’État de droit est « un État qui, dans ses rapports avec ses sujets et pour la garantie de leur statut individuel, se soumet lui-même à un régime de droit, et cela en tant qu’il enchaîne son action sur eux par des règles, dont les unes déterminent les droits réservés aux citoyens, dont les autres fixent par avance les voies et moyens qui pourront être employés en vue de réaliser les buts étatiques ».

A

Raymond Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l’État, 1920

247
Q

L’État de droit suppose que les ressortissants disposent :

  • d’un « droit au droit » (afin d’éviter l’arbitraire dans les décisions publiques) ;
  • et d’un « droit au juge » afin que les ressortissants puissent contester devant un juge indépendant les décisions de la puissance publique.
A

Bruno Oppetit, Droit et modernité, 1998

248
Q

Un régime politique est « la forme que prend dans un groupe social donné la distinction des gouvernants et des gouvernés » :

Une « certaine combinaison d’un système de partis, d’un mode de scrutin, d’un ou plusieurs types de décisions, d’une ou plusieurs structures de groupes de pression ».

A

Duverger, Manuel de droit constitutionnel et de sciences politiques, 1948

249
Q

I. Le développement du totalitarisme est le résultat de la disparition des classes et de l’avènement d’une société de masse (masses déracinées).

II. Le totalitarisme repose sur une idéologie qui a pour vocation d’expliquer l’histoire des sociétés humaines par la lutte des races (selon les nazis), la lutte des classes (selon les régimes communistes)

A

Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, 1951

250
Q

Théorie de la souveraineté populaire de Rousseau,

vs

théorie de la souveraineté nationale, formulée lors de la Révolution française.

A

Définitions concurrentes de la souveraineté

251
Q

I. La décentralisation trouve son origine historique sous l’Ancien Régime.

II. Cette centralisation du pouvoir posa les conditions d’un possible renversement du pouvoir :

« J’ai fait voir de quelle manière le gouvernement du roi, ayant aboli les libertés provinciales et s’étant substitué, dans les trois quarts de la France, à tous les pouvoirs locaux, avait attiré à lui toutes les affaires, les plus petites aussi bien que les plus grandes ; j’ai montré, d’autre part, comment, par une conséquence nécessaire, Paris s’était rendu le maître du pays dont il n’avait été jusque-là que la capitale, ou plutôt était devenu alors lui-même le pays tout entier. Ces deux faits, qui étaient particuliers à la France, suffiraient seuls au besoin pour expliquer pourquoi une émeute a pu détruire de fond en comble une monarchie qui avait supporté pendant tant de siècles de si violents chocs, et qui, la veille de sa chute, paraissait encore inébranlable à ceux mêmes qui allaient la renverser ».

A

Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, 1856

252
Q
  1. Une conception essentialiste : idée que l’appartenance à une Nation résulte du partage d’un certain nombre d’éléments « objectifs » (géographie, langue, religion, « race ») ;
  2. Une conception élective renvoyant à l’idée d’une citoyenneté qui dépasse les enracinements.
A

Les deux conceptions de la Nation

253
Q

Des Nations peuvent préexister à des États : cas de l’Allemagne ;

ou inversement : cas de la France.

A

Chronologie de la formation des États et des nations

254
Q

L’auteur définit le service public comme « toute activité dont l’accomplissement doit être assuré, réglé et contrôlé par les gouvernants parce que l’accomplissement de cette activité est indispensable à la réalisation et au développement de l’interdépendance sociale, et qu’elle est de telle nature qu’elle ne peut être réalisée complètement que par l’intervention de la force gouvernante ».

A

Léon Duguit, Traité de droit constitutionnel, 1911

255
Q

I. Si les jeunes sont relativement méfiants et distants vis-à-vis des institutions et des hommes politiques, cela ne se traduit pas, à proprement parler, par une dépolitisation.

II. Au contraire, ils sont très présents dans les mouvements sociaux : « les jeunes témoignent d’une relative disposition à la manifestation ».

A

Anne Muxel, L’expérience politique des jeunes, 2001

256
Q

I. En ce qui concerne les comportements politiques en fonction de l’âge, l’auteur montre que, dans une démocratie de plus en plus individualisée, les allégeances politiques et les identifications partisanes se sont relâchées pour toutes les générations.

II. Si le vote reste le moyen le plus efficace pour influencer les décisions politiques pour 59 % des Français, c’est le cas pour 70 % des plus de 65 ans et seulement 53 % des 18-24 ans.

A

Anne Muxel, Avoir 20 ans en politique. Les enfants du désenchantement, 2010

257
Q

I. L’auteur s’inspire du paradoxe de l’action collective de Mancur Olson (Logique de l’action collective, 1965) pour expliquer que l’engagement militant présente des gains : poste de responsabilités dans les partis, accroissement du capital social et culturel, meilleure intégration sociale.

II. Cependant, il change de perspective dans la façon d’opérer le calcul coûts/avantages pour les militants qui peuvent trouver une satisfaction dans l’exercice même de leur activité.

A

Daniel Gaxie, Explications du vote, 1989

258
Q

I. La déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) du 26 août 1789 reconnaît « les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme ».

II. A. Selon l’auteur, la DDHC ne crée pas de droit mais ne fait que les exposer (idée du citoyen abstrait, anhistorique et non situé).

B. « La liberté du citoyen est un attribut de sa personne ; inconditionnelle et métaphysique, elle s’attache à lui partout où il se trouve ».

C. « Le citoyen est une sorte de saint laïc auquel on accorde la qualité de membre du souverain, précisément parce que son désintéressement est un gage de l’usage prudent qu’il fera de sa souveraineté » (cf. Rousseau).

D. Selon cette conception, le peuple ne peut être confondu avec une collection d’individus, sa volonté n’est pas le produit d’une agrégation d’intérêts particuliers.

A

Georges Burdeau, La Démocratie, 1956

259
Q

« Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »

A

Art. 3 DDHC

260
Q

« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. »

A

Art. 3 C

261
Q
  1. Interdiction de toutes formes d’associations de travailleurs telles que les corporations ou syndicats (Loi Le Chapelier du 14 juin 1791) ;
  2. Absence de réelle décentralisation ;
  3. Non-constitution de corps de fonctionnaires à l’exception des corps techniques ;

Séparation stricte entre la fonction judiciaire et la fonction politico administrative : « Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler, de quelque manière que ce soit, les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leurs fonctions » (loi des 16 et 24 août 1790).

A

Suppression par les révolutionnaires de tous les corps intermédiaires entre les individus et l’État

262
Q

I. Le projet politique de la IIIe République s’est conduit dans un affrontement idéologique entre une conception fermée de la Nation, celle de l’Église catholique, et une conception ouverte de la Nation, celle des républicains.

II. A. Dans le cadre de la conception fermée de l’identité nationale, celle-ci est présentée « dans sa longue durée en privilégiant la permanence et le caractère exclusif de cette identité. Elle est ce qui se reproduit à l’identique dans le terme et assure une séparation avec l’étranger ».

B. La France est la « fille aînée de l’Église catholique ».

C. « Les nations reposent sur des données ethnoculturelles, des faits naturels et nécessaires (conception organique ou objective de la Nation) ».

III. A. Du côté des républicains, « l’identité nationale peut être acquise et non pas seulement prescrite ».

B. On pose l’identité nationale comme le « résultat d’un travail historiquement et culturellement daté d’homogénéisation culturelle qui vise à rendre identique les individus ».

C. La Nation est un construit social, une « conception contractualiste de la société » dans laquelle « l’école joue un rôle essentiel permettant à l’individu de prendre conscience de la Nation ». Elle repose sur une « reconnaissance mutuelle par l’ensemble des citoyens d’une appartenance à une communauté de valeurs ».

A

Yves Déloye, « La Nation entre identité et altérité», 1994

263
Q

« Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Chacun croît et pratique à sa guise, ce qu’il peut, comme il veut. Il n’y a plus de religion d’État[…]. Une Nation est un principe spirituel ».

A

Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une Nation?, 1882

264
Q

Loi Waldeck Rousseau de 1884

A

Reconnaissance légale des syndicats

265
Q

Selon l’art. 9 TUE, « Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre. La citoyenneté de l’Union s’ajoute à la citoyenneté nationale et ne la remplace pas. »

A

La citoyenneté de l’Union

266
Q

I. En 1958, l’abstention était de 22,8 % aux élections législatives et de 15,2 % au premier tour de l’élection présidentielle de 1965.

II. En 2022, elle était respectivement de 52,5 % et de 26,3 %.

III. Concernant les élections municipales, elle était de 25,2 % en 1959 contre 58,4 %, dans le contexte très particulier de la crise sanitaire (37 % en 2014).

IV. Pour les élections européennes, 39,3 % en 1979 et presque 50 % en 2019.

A

Évolution de l’abstention en France

267
Q

Étude devenue classique :

  • la participation électorale est positivement corrélée avec l’intégration sociale des individus ;
  • par exemple, taux de participation plus élevé dans les petites villes et les cantons ruraux qu’en zone urbaine.
A

Alain Lancelot, L’abstentionnisme électoral en France, 1968

268
Q

I. La montée de l’abstention n’est pas synonyme de dépolitisation.

II. Au contraire, selon l’auteur, on assiste à une montée de l’intérêt pour la politique :

  • alors qu’en 1962, seulement 32 % des Français déclaraient s’intéresser beaucoup ou assez à la politique, ils étaient 62 % en 2007 ;
  • depuis 2017, cet intérêt concerne 50 à 57 % d’entre eux.
A

Pierre Bréchon, La signification de l’abstention électorale, 2010

269
Q

« Paradoxe de l’électeur »

  1. Selon l’auteur, il n’est pas rationnel pour l’électeur de de rendre aux urnes (avantage quasi nul/coûts importants) :

En effet chacun d’eux peut se dire que son vote n’influencera pas le résultat de l’élection ;

  1. En revanche, le vote a des coûts (s’informer, aller au bureau de vote, renoncer à une sortie ou une activité, etc.) :

Le calcul coût-avantage devrait donc conduire chaque électeur à ne pas aller voter et donc, par effet d’agrégation, à un taux de participation nul.

A

Alessandro Pizzorno, Considérations sur les théories des mouvements sociaux, 1990

270
Q

I. Les abstentionnistes « hors du jeu » :

Ils déclarent un intérêt faible ou nul pour la politique, sont souvent peu diplômés, appartiennent à des catégories sociales défavorisées, vivent dans un environnement urbain dégradé, etc.

→ Existence d’un « cens caché » (Daniel Gaxie, Le Cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique, 1978): si le vote censitaire n’existe plus, tout se passe comme si certains individus, du fait de leur faible niveau de capital culturel, avaient un sentiment d’incompétence politique qui les conduit à l’abstentionnisme;

II. A. Les abstentionnistes « dans le jeu » :

Catégories socioprofessionnelles proches de celles des votants, mais mécontents de l’offre politique, expriment une méfiance à l’égard du personnel politique et des partis.

B. Ils sont impliqués dans la vie associative et sont plus souvent disposés que la moyenne à participer à des activités politiques non conventionnelles.

→ « abstentionnisme anti-politicien ».

A

Distinction au sein des abstentionnistes

271
Q

« le modèle sociologique et celui du choix rationnel (N.B.: avec vote sur enjeu) ne s’opposent […] pas, ils sont complémentaires, ils décrivent chacun un aspect de la réalité électorale ».

A

Mayer et Perrineau, Les comportements politiques, 1997

272
Q

La distinction entre action conventionnelle et action non conventionnelleest remise en cause :

« continuum de la participation politique ».

A

Favre et Fillieule, Stratégies de la rue, 1997

273
Q

La « participation non conventionnelle » (ou participation protestataire) concerne la participation à des manifestations, des grèves, des pétitions, des activités d’occupation de locaux, voire des activités illégales (faucheurs d’OGM) ou violentes :

« ce sont des actions collectives, qui mobilisent des groupes de citoyens plus ou moins nombreux, au nom de la défense d’intérêts communs. Ce sont des actions directes qui mettent face-à-face les citoyens et les détenteurs du pouvoir, sans passer par la médiation des élites, les canaux habituels de la démocratie représentative […]. Interrompant pour un temps le cours normal des choses, elles peuvent éventuellement mais non nécessairement déboucher sur des actions illégales (manifestation ou grève interdite, désobéissance civile) voire violentes ».

A

Mayer et Perrineau, Les Comportements politiques, 1997

274
Q

I. A. Un jeune chercheur américain, George Gallup, démontre avec succès en 1936 qu’il est possible en interrogeant 1500 personnes de prévoir la réélection de Roosevelt.

B. Le Literary Digest, prestigieux magazine américain avait quant à lui procédé à une enquête postale de deux millions d’électeurs sélectionnés à partir de l’annuaire téléphonique, pour prédire l’élection du candidat républicain.

II. En France, Jean Stœtzel, impressionné par ces résultats, crée l’Institut Français d’Opion publique (IFOP) en 1938 :

Le premier sondage que ce dernier réalise porte sur les accords de Munich, approuvés par 57 % des personnes interrogées. La pratique du sondage sera interdite par la censure. L’IFOP sera reconstitué à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

III. Aujourd’hui, huit grands instituts de sondage en France (BVA, IFOP, Opinion Way…).

A

Histoire des sondages

275
Q

Ces exigences ne sont pas évidentes, comme le démontre l’auteur avec un exemple :

Les résultats diffèrent sensiblement selon qu’on demande si les États-Unis doivent autoriser les discours publics contre la démocratie (21 % de pour) ou s’ils doivent interdire ces mêmes discours (39 % déclarant que ces discours ne doivent pas être interdits).

A

Frédéric Bon, Les élections en France, 1978

276
Q

I. Lorsque le sociologue observe que « toutes les opinions ne se valent pas », il n’émet pas un jugement personnel sur la valeur intellectuelle de ces opinions.

II. Cependant, contrairement à Bourdieu, il pense que l’opinion publique des instituts de sondage existe parce que ces derniers ont réussi à faire croire en la valeur « scientifique » de leurs enquêtes à transformer un simple artefact en réalité sociale.

A

Patrick Champagne, Faire l’opinion. Le nouveau jeu politique, 1990

277
Q

L’auteur considère qu’il existe quatre apports principaux des sondages à la démocratie :

  1. La sélection des gouvernants :
  • En l’absence d’élection primaires, les sondages participent à la sélection des candidats ;
  • Au moment du vote, les sondages permettent aux électeurs de pratiquer le « vote utile » et donc d’adopter un comportement stratégique ;
  1. Le contrôle des gouvernants : ils tiennent compte de l’état de l’opinion ;
  2. Le respect des droits de l’opposition : même si le système institutionnel favorise une surreprésentation du courant majoritaire, l’opposition peut faire entendre au travers des sondages son influence dans l’électorat ;
  3. Le concours du sondage à la culture de la liberté : le pluralisme et la diffusion de l’information sont favorables à la démocratie.
A

Alain Lancelot, «Sondages et démocratie», Opinion publique, 1984

278
Q

I. A. L’auteur emprunte à Alexis de Tocqueville l’exemple de la société française au moment de la Révolution.

B. On pouvait alors penser que la France avait rompu avec le catholicisme.

II. En fait, l’influence religieuse restera très forte par la suite → « Effet Tocqueville » :

Les individus n’ont pas d’opinion et se rallient à l’opinion dominante.

A

Raymond Boudon, Tocqueville aujourd’hui, 2005

279
Q

I. Le concept “d’agenda-setting” formulé par le journaliste Walter Lippmann évoque la capacité des médias à construire la réalité.

II. Il existe une nouvelle forme de propagande en démocratie qu’il dénomme « la fabrique du consentement ».

A

Walter Lippmann, Public opinion, 1922

280
Q

Mise en évidence de ce concept, caractérisé par le sentiment d’incompétence politique des catégories dominées socialement et culturellement.

A

Daniel Gaxie, Le cens caché, 1978

281
Q

I. La sociologue développe une autre conception erronée de l’opinion publique, à travers la thèse de la « spirale du silence » :

Ceux qui ont une opinion différente préfèrent se taire pour éviter l’isolement social, phénomène provoqué par les sondages d’opinion et les médias.

II. Ces médias limitent la diversité des opinions en raison d’un effet de suivisme (les individus se rallient à l’opinion dominante) et d’un effet de retrait (ceux qui ont des opinions dissidentes se retirent du débat public).

A

Élisabeth Noelle-Neumann, La spirale du silence, 1974

282
Q

I. Pour l’auteur, l’opinion publique est inhérente à la démocratie et les sondages constituent une contribution positive à la vie démocratique.

II. Ils favorisent le cadre d’une délibération collective.

A

Jürgen Habermas, L’espace public, 1962

283
Q

I. Le terme apparaît en 1855

II. Après la deuxième guerre mondiale, la discipline s’autonomise et est créé l’Institut National d’Etudes démographiques (INED), sous l’impulsion d’Alfred Sauvy.

A

La notion de démographie

284
Q

En France, la population comptait 68,4 M d’habitants au 1er janvier 2024, contre 38,4 M de Français en 1900.

A

Évolution de la population française depuis un siècle

285
Q

« La définition sociale des classes d’âge est l’objet de manipulations et elle engage toujours, à un degré ou à un autre, les rapports de force entre générations ».

A

Patrick Champagne, «Jeunes agriculteurs et vieux paysans. Crise de la succession et apparition du “troisième âge”», 1979

286
Q

L’analyse de la distribution par âge et par sexe est facilitée par la construction de cet histogramme :

  • en abscisse, on reporte les effectifs, et en ordonnée les âges ;
  • l’usage est de distinguer les hommes à gauche et les femmes à droite.
A

La pyramide des âges

287
Q

Position résolument hostile du directeur de recherche de l’INED à l’égard de l’enregistrement de données ethniques :

  • le concept d’identité ethnique n’est pas pertinent et renvoie à des réalités trop complexes pour que la statistique puisse en rendre compte (un « rebeu » de banlieue n’est pas un arabe d’Arabie saoudite) ;
  • de plus, « La catégorie ethnique, lorsqu’elle est introduite, devient prédominante, et fait oublier la dimension sociale des phénomènes observés, rendant tout phénomène explicatif impossible […] la catégorie ethnique “colle à la peau”, puisqu’elle ne peut bouger au cours de la vie. Il n’y a plus de mobilité possible ».
A

Alain Blum, « Les limites de la statistique », Le Monde, 2006

288
Q

« si les traitements nécessaires à la conduite d’études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient, sans méconnaître le principe énoncé par l’article 1er de la Constitution, reposer sur l’origine ethnique ou la race »

📚 Art. 1er C (en vigueur en 2007) : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. »

A

⚖️ CC, n° 2007-557 DC, Loi relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile

289
Q

Avant la guerre et dans les années qui la suivent, un peu plus de 50 000 naissances annuelles en France.

En 1950, 850 000 naissances sont recensées.

A

« Baby-boom »

290
Q

En 2023 (Insee, 2024): l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 1,68enfant par femme.

614 000 décès en France en 2018.

En 2023 en France, espérance de vie à la naissance :

  • hommes : 80 ans (pour la première fois);
  • femmes: 85 ans.

Le taux de mortalité infantile en France est passé de 52 ‰ en 1950 à 4,0 ‰ en 2023 (Insee, 2024).

A

Indicateurs actuels d’évolution de la population française

291
Q

I. En 2017, la France se classe au 21e rang des pays de l’Union européenne accueillant le plus de population immigrée sur son territoire par rapport à sa population totale (Eurostat).

II. Les immigrés représentaient en France 6,6 % de la population en 1931 et 10,3 % en 2022.

A

Immigration actuelle en France

292
Q

I La « transition démographique » est le paradigme dominant de la démographie depuis de ce démographe américain.

II. _ Il s’agit du passage_ :

  • d’un régime démographique traditionnel : natalité élevée, mortalité élevée, faible accroissement naturel) ;
  • à un régime démographique post-transitionnel : faible natalité, faible mortalité, faible accroissement naturel.
A

Franck Wallace Notestein, « Population – The long view », 1945

293
Q

10 000 av. J.-C.: population 10 M hab.

Début de l’ère chrétienne jusqu’à la fin du premier millénaire : 250 M.

1500: 500 M.

1800: 950 M.

1900: 1,7 Md.

1980: 4,4 Md.

1er janvier 2023: 8,0 Md (INED).

A

La diversité des évolutions démographiques

294
Q

Le développement durable est officialisé (origine rapport Brundtland de 1987 :

« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leur propres besoins ».

A

Sommet de la Terre à Rio en 1992

295
Q

I. Pour l’ONU, il s’agit de la mesure en hectare de la surface biologiquement productive pour satisfaire les besoins d’une population humaine de taille donnée.

II. Exemple le plus élevé : Qatar 15,7 ha/h.

France 2,2 planètes ;

Américains 4 planètes ;

Afghans 0,4.

A

L’empreinte écologique

296
Q

Le terme « Tiers-Monde » a été conçu par ce démographe.

A

Alfred Sauvy, « Trois mondes, une planète », 1952

297
Q
  • Conférence de Bucarest de 1974: polémique entre, d’une part, la Chine et le Tiers Monde et, d’autre part, les États-Unis et les pays développés sur nécessité de réduire la fécondité pour assurer le développement ;
  • Conférence de Mexico de 1984: François Mitterrand y affirme le principe : « aider le Tiers-Monde c’est s’aider soi-même » ;
  • Conférence du Caire en 1994 : débat entre, d’une part, les religions (christianisme/islam) hostiles à la contraception et l’avortement et, d’autre part, les partisans politiques de limitation des naissances. Les ONG posent le problème du statut de la femme ;
  • Conférence d’Adis Abeba de 2013 : aspects démographiques des migrations ;
  • Conférence de Nairobi de 2019 : thème central des inégalités et notamment des femmes.
A

Conférences des Nations Unies sur la population

298
Q

Selon le mercantiliste , « Il n’est de richesse ni de force que d’hommes ».

⚠️ À l’opposé du pessimisme malthusien, il existe donc une tradition populationniste.

📚 Cf. également la théorie du Mozart (Edmund Phelps, « Population Increase », 1968).

A

Jean Bodin, Les Six livres de la République, 1576

299
Q

Selon cet économiste à la Banque mondiale, la mise sous condition des ressources des prestations familiales en 2014 en France aurait contribué à accélérer la baisse du niveau de fécondité traditionnellement élevée du pays, notamment dans les classes les plus aisées – comptant jusqu’à 40 % de la baisse.

A

Nelly Elmallakh, “Fertility and Labor Supply Responses to Child Allowances: The Introduction of Means-Tested Benefits in France”, 2016

300
Q

Loi Goblet : laïcisation des maîtres des écoles primaires.

A

1886

(Éducation)

301
Q

Prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans.

A

1959

(Éducation)

302
Q

Loi Duruy: création d’une école de fille dans chaque commune de plus de 500 habitants; création des Caisses des écoles, étape vers la gratuité.

A

1867

(Éducation)

303
Q

Loi Paul Bert: ouverture d’une école normale de filles dans chaque département.

A

1879

(Éducation)