Sciences humaines - Apports détaillés - Lite et références Flashcards

1
Q

Querelle des « universaux » ,

A

Au XIIe siècle :

  1. Pour Bernard de Clairvaux : les universaux* appartiennent au monde des idées et ont une existence en soi distincte des objets (réalisme) ;
  2. Pour Pierre Abélard : les noms ne sont employés par les hommes que pour désigner ce qu’ils observent (nominalisme).

* Concepts généraux, propriétés ayant un caractère universel

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2
Q

Le« Rasoir d’Ockham »

A

Règle de parcimonie :

L’explication la plus simple parmi des explications concurrentes doit être privilégiée.

Guillaume d’Ockham, philosophe scolastique et nominaliste anglais du XIVe siècle.

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3
Q

Ce qui caractérise la science

A

I. Une proposition scientifique est une proposition réfutable.

II. Exemple de conjecture scientifique : « Tous les cygnes sont blancs ».

→ Découverte d’un cygne noir = réfutation de la proposition.

Karl Popper, Logique de la découverte scientifique, 1934

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4
Q

Opposé du holisme méthodologique

A

Individualisme méthodologique :

posture épistémologique qui consiste à considérer que l’individu est « l’atome logique de l’analyse sociologique ».

Boudon, La logique du social, 1979

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5
Q

L’atome

A

Homo sociologicus :

  • primat de l’individu ;
  • son agrégation → société.

≠ Durkheim.

Raymond Boudon, « Théorie du choix rationnel ou individualisme méthodologique ? », 2004

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6
Q

Dichotomie dans les sciences

A

Sciences de la nature : elles expliquent les phénomènes à partir de lois objectives ;

vs.

Sciences de l’esprit qui nécessitent une démarche herméneutique :

Interprétation des manifestations concrètes de l’esprit humain.

Wilhelm Dilthey, Introduction aux sciences de l’esprit, 1883

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7
Q

La limite propre aux sciences de l’esprit

(Neutralité)

A

On ne peut y distinguer jugement de fait et jugement de valeur :

« il est, en soi, impossible de ne pas juger les faits qu’on expose ».

Wilhelm Dilthey, Introduction aux sciences de l’esprit, 1883

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8
Q

Définition du suicide

A

Tout acte de mort résultant d’un acte positif de la victime qui savait ce résultat arriver.

Durkheim, Le Suicide, 1897

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9
Q

Méthode suivie pour mettre en évidence un phénomène social

A

Étude du taux de suicide :

  • Au lieu d’étudier des unités indépendantes ;
  • Observation du total obtenu, sui generis : unité propre et nature propre, éminemment sociale.

Durkheim, Le Suicide, 1897

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10
Q

Constat d’un phénomène social

A

L’influence des causes non sociales (psychopathologies, hérédité) sur la prévalence du suicide est nulle.

→ Le phénomène du suicide permet de distinguer sociologie et psychologie, par l’identification d’irrégularités statistiques.

Durkheim, Le Suicide, 1897

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11
Q

Illustration d’une résistance à la réfutation.

A

I. Jusqu’en 1972, le congé hebdomadaire scolaire est le jeudi.

II. Devient ensuite le mercredi.

→ le jour hebdomadaire de diminution du suicide chez les femmes se déplace avec le congé.

Baudelot et Establet, Suicide. L’envers de notre monde, 2006

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12
Q

Un artefact

A

I. Phénomène observé en réalité artificiel, du fait d’une insuffisance de contrôle des techniques employées.

II. Par exemple :

Variation concomitante ≠ relation de causalité.

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13
Q

Typologie des régimes politiques

A

I. Régimes politiques caractérisée par :

  • leur nature : structure du pouvoir (a) ;
  • leur principe : passions humaines qui l’animent (b).

II. A. Monarchie : (a) noblesse héréditaire et privilège ; (b) l’honneur.

B. Despotisme : (a) un seul gouverne selon son caprice et sans lois ; (b) la crainte.

C. République démocratique : (a) peuple souverain et sujet ; (b) la vertu ;

D. République aristocratique : (a) une partie du peuple détient la puissance souveraine ; (b) la modération (idéal de Montesquieu d’une démocratie tempérée).

Montesquieu, De l’Esprit des lois, 1948

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14
Q

Relation entre environnement et gouvernement

A

La théorie des climats détermine le régime politique :

Ainsi, Asie = esprit de servitude, car pas de vraies zones tempérées et plaines est immense.

📚 La théorie des climats est présente dès l’Antiquité (Hippocrate, Aristote, Vitruve), puis perdure (Ibn Khaldoun, Boileau, Bodin).

Montesquieu, De l’Esprit des lois, 1748

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15
Q

La définition des lois en sciences humaines

A

Les lois sont « des rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ».

Montesquieu, De l’Esprit des lois, 1748

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16
Q

La dimension sociale de la démocratie

A

La démocratie n’a pas seulement un sens étymologique et politique, mais revêt surtout un sens social :

  • Égalisation des conditions et individualisme ;
  • Résistance à « l’empire moral des majorités ».

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, t. 1, 1835

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17
Q

La signification de la révolution sur longue période

A

La Révolution n’a pas été une rupture :

Le progrès de l’égalité a précédé la Révolution et en fut l’une des causes, non la conséquence.

Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, 1856

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18
Q

Origine du concept de dialectique

A

📚 La dialectique désigne :

  • Une méthode de discussion et de raisonnement dans l’Antiquité, dès les pré-socratiques (dialektikḗ, litéralement « art de converser ») ;
  • Une technique classique de raisonnement à l’époque médiévale : contradiction thèse-antithèse et dépassement par la synthèse.

I. Ici, la dialectique est une théorie générale du monde qui avance par succession de contradictions résolues et de mouvements.

II. Marx les appellera des « bonds successifs ».

Georg Hegel, Science de la logique, 1812-1816

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19
Q

Renouvellement du concept de dialectique

A

Reprise de la dialectique hégelienne pour la « remettre sur pied » en substituant le matérialisme à l’idéalisme.

Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844

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20
Q

Une des premières études portant sur la famille en sociologie.

A

I. A. Monographie moraliste des conditions de travail déplorables des ouvriers.

B. Société industrielle = paupérisation relative de la classe ouvrière → apparition de la question sociale et de l’exclusion.

II. Dimension statistique :

Identifier quantitativement les populations « dangereuses ».

Villermé*, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, 1840

* (Médecin français, précurseur de la sociologie)

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21
Q

Apport d’Auguste Comte

A

I. Premier à employer le terme de sociologie.

II. Père du positivisme, qui consiste selon son auteur à « observer les faits à l’écart de tout jugement de valeur et énoncer des lois ».

Auguste Comte, Cours de philosophie positive, 1830-1842

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22
Q

Lien entre travail et société

A

Fonction principale de la division du travail :

produire de la solidarité sociale, en intériorisant des normes et des valeurs.

Émile Durkheim, De la Division du travail social, 1893

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23
Q

Origine de l’écart par rapport à la norme

A

L’anomie :

  • Désigne la carence de légitimité des règles et des lois ;
  • Est un dérèglement social résultant du passage d’une forme de solidarité à une autre accompagnée d’un accroissement « anormal » de la conscience individuelle aux dépens de la conscience collective.

Émile Durkheim, De la Division du travail social, 1893

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24
Q

La signification des cadeaux

A

Le don et le contre-don :

  • ne se réduisent pas à un échange économique utilitaire ;
  • sont un fait social : matérialisation du lien social, installation de la réciprocité dans le temps, etc.

Marcel Mauss, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, 1923-1924

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25
La démarche en sociologie
Neutralité axiologique nécessaire de la part du sociologue. ## Footnote Max Weber, *Le savant et le politique*, 1919
26
Typologie des sources de la domination dans une société
_Trois idéaux types de légitimités de la domination_ : 1. La domination traditionnelle ; 2. La domination charismatique ; 3. La domination légale rationnelle. ## Footnote Max Weber, *Le savant et le politique*, 1919
27
Le dilemme de l'homme politique
I. _L'homme politique doit choisir entre_ : - L'éthique de la conviction : action parfaite → éthique du savant ou du sage, qui ne veut pas assumer la responsabilité d’une action imparfaite ; - L'éthique de la responsabilité : assumer la responsabilité d’être la cause d’une action concrète dans le monde ; de ses actes et de leurs conséquences. ## Footnote Max Weber, *Le savant et le politique*, 1919
28
Effet de la rationalité sur les hommes
_Processus de rationalisation conduisant au désenchantement du monde_ : ≠ progrès de la connaissance. ## Footnote Weber, *Économie et société*, 1921
29
Un aspect de la démarche élémentaire des sciences sociales
_Les faits sont toujours construits_ : « *le réel n'a jamais l'initiative puisqu'il ne peut répondre que si on l'interroge* ». ## Footnote Bourdieu, Chamboredon et Passeron, *Le métier de sociologue*, 1968
30
Définition de l'*habitus* à l'origine
I. Le terme d’*habitus* désigne ici « *une disposition générale de l’esprit et de la volonté qui fait voir les choses sous un jour déterminé* ». II. L’*habitus* « *oriente l’individu dans un sens défini pour toute la vie* ». ## Footnote Émile Durkheim, *L’évolution pédagogique en France*, 1904-1905
31
Ce qui caractérise l'*habitus*
_L'*habitus*_ : - N'est pas une habitude, laquelle est un phénomène de reproduction d'un comportement inculqué par le milieu social ; - Il est un système de préférences ; - N'est pas non plus un automatisme ; - Mais il est une prédisposition à agir qui influence les pratiques des individus au quotidien. ## Footnote Pierre Bourdieu, *Le sens pratique*, 1980
32
Définition de l'*habitus*
L'*habitus* est un « *système de [...] structures structurées prédisposées à fonctionner comme des structures structurantes* ». ⚠️ On distingue *habitus de classe* et *habitus individuel*. ## Footnote Pierre Bourdieu, *Le sens pratique*, 1980
33
Un effet dans les phénomènes de regroupements sociaux
I. Mise en évidence d'un « *effet d'agrégation* ». II. _Par exemple, la ségrégation raciale dans l'espace urbain (« *ségrégation résidentielle* »)_ : La volonté de chaque individu d’avoir au moins la moitié de ses voisins issus de sa catégorie conduit à une ségrégation bien plus marquée que son intention initiale. ## Footnote Raymond Boudon, *Effets pervers et ordre social*, 1977
34
Définition de la socialisation
L’ensemble des processus par lesquels l’enfant construit son identité sociale. → La « *façon dont la société forme et transforme les individus* ». ## Footnote Muriel Darmon, *La socialisation*, 2016
35
Le rôle d'un individu dans une société
_Le *rôle* d’un individu désigne l’ensemble des comportements que les autres attendent de lui_ : - Un même individu peut remplir plusieurs rôles ; - Il existe une variance de rôle, c'est-à-dire plusieurs façons d’incarner le rôle. ## Footnote Bourdieu, Passeron et Chamboredon, *Le métier de sociologue*, 1968
36
Le statut d'un individu dans une société
I. L’ensemble des comportements d’autrui auquel un individu peut s’attendre. II. La société ou une institution sanctionne généralement les comportements contraires. ## Footnote Bourdieu, Passeron et Chamboredon, *Le métier de sociologue*, 1968
37
La source première de la socialisation
La socialisation primaire se déroule dans l’instance principale de socialisation que constitue la famille. ⚠️ En cas de discordance des messages, ceux de la famille ont tendance à l’emporter. ## Footnote Annick Percheron, *La socialisation politique*, 1993
38
La sociabilisation horizontale
I. Il existe une socialisation horizontale par les pairs. II. _Par exemple, les « *bagarres* » dans les cours de récréation sont assorties de règles_ : - Mal vu de frapper un enfant à terre ; - Qu’un grand tape un petit qui l’aurait insulté. ## Footnote Julie Delalande, *Des enfants entre eux. Des jeux, des règles, des secrets*, 2009
39
La sociabilisation de masse
Ce n’est que si l’environnement de l’individu est relativement pauvre et qu’il ne fournit pas de ressources de socialisation, que la personne se tourne naturellement vers les médias, qui deviennent sa source principale de socialisation. ## Footnote Judith Lazar, *Sociologie de la communication de masse*, 1991
40
Une manière d'évoluer socialement
I. Le petit bourgeois en ascension est un « *prolétaire qui se fait petit pour devenir bourgeois* ». II. _Ainsi, d’origine populaire, il_ : - Limite sa descendance ; - Se replie sur la famille nucléaire ; - Investit beaucoup dans l’école ; - Pousse sa progéniture à la plus forte réussite possible. ## Footnote Pierre Bourdieu, « Avenir de classe et causalité du probable », 1974
41
Les origines de l'individualisme
_Thèse : l'individualisme se développe_ : - Dès la Renaissance : humanisme, grandes inventions, Réforme protestante ; - Puis avec l’extension des relations marchandes et monétaires et la diffusion progressive de la citoyenneté démocratique. ## Footnote Norbert Élias, *Sur le processus de civilisation*, 1959
42
Un individu
Au sens général, ce qui ne peut pas être séparé ou divisé.
43
Inquiétude face à l'évolution sociale
Inquiétude causée par une extension des rapports marchands, qui plonge les hommes dans « *les eaux glacées du calcul égoïste* ». ## Footnote Marx et Engels, *Manifeste du Parti communiste*, 1848
44
Potentialité positive de l'individualisme
I. Démonstration de ce que les sociétés modernes sont bien caractérisées par une montée de l’individualisme sociologique. II. _Celui-ci, cependant_ : - Ne conduit pas au repli sur soi et à l’isolement ; - Mais à de nouvelles formes de relations sociales fondées sur des liens électifs. ## Footnote François de Singly, *Les uns avec les autres. Quand l’individualisme crée du lien*, 2003
45
Le soutien à l'individu par l'État
I. _Pour être un individu, il faut bénéficier de « *supports* »_ : - La propriété privée pour les bourgeois des XVIIIe et XIXe siècles ; - La « *propriété sociale* » pour les salariés du XXe siècle. II. Les remises en cause de l’État social, « *l’effritement de la société salariale* », la « *déstabilisation des stables* » réduisent considérablement la possibilité de s'accomplir pleinement comme individus. ## Footnote Robert Castel, *Les métamorphoses de la question sociale*, 1995
46
Origine du concept de genre
Le terme genre (« *gender* ») permet de rendre compte des cas où l’écart entre le sexe social et le sexe biologique met mal à l’aise le patient psychanalysé. 📚 _Le concept a été popularisé en France dans les années 1980 pour_ : - distinguer le sexe social du sexe biologique ; - dénaturaliser la conception du masculin et du féminin. ## Footnote Robert Stoller, *Sex and Gender*, 1968
47
Consécration juridique de la famille
« *La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’État* ». ## Footnote Article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948
48
Signification de la prohibition de l'inceste
I. _Prohibition de l’inceste_ : acte fondateur de l’organisation sociale par lequel « *la nature se dépasse elle-même* ». II. _Cette prohibition, présente dans toutes les sociétés_ : - institue une dépendance mutuelle entre les familles ; - car « *une famille ne saurait exister sans société* ». III. Exemple des « *structures élémentaires* » qui forment la culture. ## Footnote Claude Lévi-Strauss, *Les structures élémentaires de la parenté*, 1967
49
Changement moderne dans la signification du mariage
I. Fin XVIIIe siècle : les jeunes gens commencent à prêter plus d’attention à leurs propres sentiments qu’à des considérations extérieures – propriété, souhait des parents – dans le choix d’un partenaire. II. _L’intrusion du sentiment dans trois domaines contribue à déloger la famille traditionnelle de ses positions_ : 1. Les fiançailles ; 2. Les relations entre la mère et l’enfant ; 3. La ligne de démarcation entre la famille et la communauté environnante : naissance de la famille nucléaire moderne. ## Footnote Edward Shorter, *Naissance de la famille moderne*, 1977
50
Nouvelle finalité du mariage
I. _Transformation de la valeur accordée au mariage_ : On se marie désormais pour « *le bonheur de se marier* ». II. _Le mariage_ : - N’est plus un horizon commun obligatoire ; - Est une préférence au sein de la pluralité de choix désormais proposée : pacs et concubinage. ## Footnote Irène Théry (sociologue), entretien au Monde, 2002
51
Les lieux de mise en couple
I. _Dans les années 1920, deux mariages sur trois se concluaient_ : - à la suite d’une rencontre au bal ; - par le travail ; - dans le voisinage ; - à l’occasion d’une rencontre chez un particulier. II. Aujourd’hui, on assiste à une « *privatisation de la sociabilité* ». ## Footnote Bozon et Rault, « De la sexualité au couple. L’espace des rencontres amoureuses pendant la jeunesse », 2013
52
Les limites de l'État-providence
I. Le *Welfare State* est conçu pour une société homogène, au sein de laquelle la majorité de la population dispose d’un emploi stable. II. Il n'est pas conçu pour une société dans laquelle une part importante de la population se trouve de manière durable à l’écart du travail et ne participe que marginalement à la vie sociale. ## Footnote François-Xavier Merrien, *L’État-providence*, 1997
53
La difficulté à maintenir l'État-providence
I. Depuis le début des années 1980, le mécanisme de mutualisation des risques s’avère impuissant à endiguer la montée de l’exclusion. II. Les sociétés sont obligées de trouver de nouveaux mécanismes de financement de cette charge sociale. ## Footnote Pierre Rosanvallon, *La nouvelle question sociale. Repenser l’État-providence*, 1995
54
Paradoxe vis-à-vis de l'exclusion
Les catégories socio-professionnelles les plus protégées par leur famille sont celles qui risquent le moins l’exclusion. ## Footnote Esping Andersen, *Social Foundations of Postindustrial Economies*, 1999
55
L'émancipation familiale de la femme au sein de la société française
I. A. Suppression de l'incapacité juridique totale de la femme mariée en 1938. B. Le mari peut fixer la résidence du couple et s’opposer à une activité professionnelle de sa femme jusqu'en 1965. II. Autorité paternelle → « *parentale* » en 1970.
56
L'émancipation gestatrice de la femme au sein de la société française
I. La contraception était illégale et l’avortement déclaré crime contre l’État, passible de la peine de mort. II. A. Loi Neuwirth de 1967 : autorisation de la vente de contraceptifs. B. Loi Veil de 1975 : autorisation de l'avortement.
57
La première citoyenne
I. Le 28 octobre 1791, Olympe de Gouges présentait à la Convention la *Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne*. II. Elle sera guillotinée le 3 novembre 1793.
58
L'accès des femmes au droit de vote
I. Ordonnance du 21 avril 1944 reconnaissant le droit de vote et d’éligibilité aux femmes. II. Première participation aux élections municipales le 29 avril 1945. III. Alinéa 3 du préambule de la Constitution de 1946 : égalité des droits entre hommes et femmes.
59
Introduction de la parité en politique
I. La réforme constitutionnelle du 8 juillet 1999 est adoptée pour permettre l’adoption des lois favorisant l’accès égal des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. II. La loi du 6 juin 2000 est votée, et s’applique pour la première fois lors des élections municipales de 2001.
60
Origine des différences entre les sexes
_On remarque des pratiques éducatives différenciées précoces_ : - Le « *comportement social* » est stimulé chez les filles ; - Le plan moteur chez les garçons. ## Footnote Marie Duru-Bellat, *La tyrannie du genre*, 2017
61
Une source des différences de genre
Pascale Kremer (journaliste), « Le partage des tâches domestiques, nœud des inégalités hommes-femmes », Le Monde, 2001
62
Diversité de la notion de culture
_Le terme culture reste fortement polysémique_ : plus de 150 définitions sont recensées dans la littérature anthropologique au milieu du XXe siècle. ## Footnote Kroeber et Kluckhohn, *Culture: A Critical Review of Concepts and Definitions*, 1952
63
L'ethnocentrisme
I. Placer son groupe au centre de toute chose : attitude ancienne. B. Réapparition en situation d'incertitude. II. Cette attitude conduit à répudier les formes de cultures les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. III. _Les sociétés dites « *historiques* » ont toujours eu du mal à penser l’humanité dans sa diversité culturelle_ : la civilisation gréco-romaine qualifiait de « *barbares* » tous ceux qui n’appartenaient pas à sa culture. ## Footnote Claude Lévi-Strauss, *Race et histoire*, 1952
64
Le terme « *civilisation* » par rapport à celui de culture | (Principe)
I. Au début du XXe siècle, le terme « *civilisation* » devient plus employé par les penseurs français que celui de « *culture* », auquel il se substitue. II. Le terme « *civilisation* » a revêtu des sens différents au fil des siècles en Europe. ## Footnote Philippe Bénéton, *Histoire des mots culture et civilisation*, 1975
65
Le terme « *civilisation* » à l'origine | (XVIIe)
Au XVIIe siècle, le mot civilisation évoque l’adoucissement des mœurs et s’oppose à la barbarie (progrès). ## Footnote Bénéton, *Histoire des mots culture et civilisation*, 1975
66
Civilisation et Lumières | (XVIIIe)
I. _Au XVIIIe siècle_ : - vision évolutionniste du monde ; - croyance de l’évolution linéaire et continue du monde vers un avenir meilleur. II. Les penseurs des Lumières souhaitent l’intégration progressive des « *peuples non civilisés* » → justification de la colonisation. ## Footnote Bénéton, *Histoire des mots culture et civilisation*, 1975
67
Le terme civilisation au XIXe | (XIXe)
_Au XIXe siècle, emploi du terme civilisation au pluriel_ : pour signifier qu’une civilisation « *est une culture qui s’est faite une place dans l’histoire* ». ## Footnote Bénéton, *Histoire des mots culture et civilisation*, 1975
68
Emplois des mots civilisation et culture en France et en Allemagne
I. A. En France : « *civilisation* » : progrès des mœurs et des institutions. B. En Allemagne : « *Kultur* » met l'accent sur le développement intérieur de l’individu et sur la singularité nationale. II. _Divergence car trajectoires historiques distinctes_ : - État centralisé en France, valorisant l’uniformisation des comportements ; - Allemagne morcelée, où la culture = marqueur identitaire face à l’influence étrangère. ## Footnote Norbert Élias, *La civilisation des mœurs*, 1939
69
La sous-culture
L’ensemble des pratiques culturelles propres à un groupe à l’intérieur de la société globale mais avec des traits communs avec la culture de cette dernière. Ex. : jazz et blues dans l’*American way of life*. 📚 Conception intégrationniste de la société.
70
La contre-culture
Les pratiques culturelles d’un groupe social qui s’opposent à la culture globale et cherchent à promouvoir l’instauration de nouvelles normes et valeurs. Exemple : *Black panthers* dans les années 1960. 📚 Conception conflictuelle de la société.
71
Définition de l'acculturation
« *l’acculturation est l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraînent des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes* ». ## Footnote Herskovits, Linton et Redfield, « Memorandum on the study of acculturation », 1936
72
Définition de l'assimilation
Un groupe culturel accepte les valeurs d'un autre groupe culturel qui le domine. ## Footnote Denys Cuche, *La notion de culture dans les sciences sociales*, 2016
73
Définition de la déculturation
I. situation dans laquelle une acculturation est imposée par un groupe culturel qui en domine un autre. II. Par exemple, l'imposition des langues d’Europe occidentale dans les empires coloniaux. ## Footnote Denys Cuche, *La notion de culture dans les sciences sociales*, 2016
74
Définition de l'ethnocide
I. Le processus conduisant à la destruction des traits culturels fondamentaux d'un groupe. II. Par exemple : Inuits, Indiens d’Amérique. ## Footnote Denys Cuche, *La notion de culture dans les sciences sociales*, 2016
75
Dépenses en matière culturelle des Français
En 2017, les ménages consacrent en moyenne environ 1 000 € par an au poste « *loisirs et culture* », soit 3,8 % de leurs dépenses. II. Contre 6,9 % en 1970. ## Footnote Insee, *France, portrait social*, 2022
76
Évolution des supports de culture
Les écrans sont devenus le support privilégié du rapport à la culture des Français. ## Footnote Olivier Donnat, *Les pratiques culturelles des Français à l'ère numérique : enquête 2008*, 2009
77
Rapport à la lecture des Français adultes
En 2018, 40 % des 25-39 ans n’ont lu aucun livre au cours des douze derniers mois. Cependant, la plus grande diffusion de journaux gratuits et la lecture sur écran permettent de nuancer ces résultats. ## Footnote Insee, *France, portrait social*, 2021
78
Rapport à la lecture par genre : principe
Les hommes « *reconnaissent sans difficulté leur éloignement croissant à l’égard du livre* ». ## Footnote Olivier Donnat, *Les pratiques culturelles des Français à l'ère numérique : enquête 2008*, 2009
79
Rapport à la lecture par genre : chiffres
_En 2018_ : - 47 % des hommes déclarent ne pas lire de livre ; - Contre 29 % des femmes. ## Footnote Insee, *France, portrait social*, 2021
80
Rapport à la culture par classes sociales
_En 2022_ : - 45 % des cadres et professions intellectuelles supérieures sont allés au théâtre ou au concert au moins une fois dans l’année, contre 18 % des ouvriers ; - 83 % ont lu au moins un livre au cours des douze derniers mois, contre 62 % des ouvriers. ## Footnote Insee, *France, portrait social*, 2023
81
Différenciations culturelles entre sexes
I. A. L’accès des jeunes à la culture progresse globalement au fil des générations. B. Les écarts se creusent entre les sexes au bénéfice des filles. II. A. _Mise en évidence de la précocité des mécanismes de différenciation de la primo socialisation culturelle_ : - les filles sont plus incitées à développer des capacités relationnelles ; - les garçons une plus grande autonomie. B. Le rôle de la mère est majeur dans la différenciation de genre. ## Footnote Octobre et *al.*, *L’Enfance des loisirs*, 2010
82
Définition de la culture populaire
Une culture du quotidien, produite par des gens ordinaires dans des activités banales et sans cesse renouvelées, et qui correspond à une manière de faire avec plutôt que de résister à la culture dominante. ## Footnote Michel de Certeau, *L’invention du quotidien*, 1980
83
La légitimité de la culture
I. Les pratiques sociales sont structurées par le découpage de l’espace social en culture légitime et culture illégitime. → stratégies de distinction qui ont pour objectif d’affirmer la spécificité de chaque culture. II. Les pratiques culturelles sont marquées par une unité produite par l’*habitus*. ## Footnote Pierre Bourdieu, *La Distinction. Critique sociale du jugement*, 1979
84
Les écueils de l'approche sociologique de la culture populaire
I. Une approche sociologique de la culture populaire oscille entre deux pièges : le misérabilisme (Bourdieu) et le populisme. II. Il existe bien une « *domination symbolique de la culture bourgeoise sur la culture populaire* ». ## Footnote Grignon et Passeron, *Le savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature*, 1991
85
Évolution de la culture bourgeoise
_L'auteur propose de reconsidérer le modèle de la légitimité culturelle à la lumière du modèle omnivore_ : - Les classes possédantes ne se distingueraient plus par la passion exclusive et savante pour une pratique, mais par l’éclectisme culturel (« *omnivorousness* ») ; - À l’opposé du modèle bourdieusien, c’est désormais dans les classes populaires que l’on va trouver le goût exclusif pour un genre (« *univorousness* »). ## Footnote Richard A. Peterson, « *Snob to omnivore : The implications of shifting tastes for arts and culture industries* », 2002
86
La culture de masse
I. La culture de masse conduit à une forme nouvelle d’aliénation inhérente à la société moderne et au développement des *mass média*. II. _Paradoxe_ : La société libère l’homme de l’aliénation par la technique et la production, mais le soumet à l’asservissement à la culture produite par les *mass media*. ## Footnote Herbert Marcuse, *L’Homme unidimensionnel*, 1968
87
Concurrence mondiale en matière de culture
I. Le marché mondial des produits culturels subit une concentration qui évince les petites entreprises locales, notamment dans le secteur du divertissement. II. Les individus reçoivent et utilisent les produits culturels à leur manière. ## Footnote PNUD, *Rapport mondial sur le développement humain*, 1999
88
Les limites de la mondialisation culturelle
La mondialisation de la production et de la consommation de certains biens directement ou indirectement culturels n’implique nullement une tendance à la disparition des spécificités culturelles. ## Footnote Jean-Pierre Warnier, *La mondialisation de la culture*, 2017
89
Pérennité discrète des cultures anciennes
Une enquête sur les vignerons d’Arbois qui conservent leur culture du vin, sur les danses séculaires d’une école de danse de Madras, ou encore sur les élevages andalous de taureaux de combat permettra au témoin attentif de souligner la conservation d’une culture ancienne. ## Footnote Jean-Pierre Warnier, *La mondialisation de la culture*, 2017
90
Paradoxe de la culture mondialisée | (Paradoxe)
« *tous portent blue-jeans et boivent Coca-Cola, mais leur vie est ailleurs et l’observateur superficiel n’y verra que du feu* ». ## Footnote Jean-Pierre Warnier, *La mondialisation de la culture*, 2017
91
Interdiction du port de signes religieux dans les établissements du primaire et du secondaire
Loi du 15 mars 2004 *encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics*
92
Démonstration de ce qu’il est possible de déterminer une voie médiane rendant compatible égalité et différence
« *il n’y a pas de société multiculturelle possible sans le recours à un principe universaliste qui permette la communication entre des individus et des groupes socialement et culturellement différents. Mais il n’y a pas non plus de société multiculturelle possible si ce principe universaliste commande une conception de l’organisation sociale et de la vie personnelle qui soit jugée normale ou supérieure aux autres* ». ## Footnote Alain Touraine, *Pourrons-nous vivre ensemble ? Égaux et différents*, 1997
93
Distinction entre intégration et cohésion
L’intégration s’impose d’en haut, la cohésion vient d’en bas. ## Footnote Dubet, *Le travail des sociétés*, 2009
94
L'individu prime sur le social
I. es institutions (école, Église, armée, justice, famille, etc.), qui avaient autrefois un rôle structurant, intériorisé et légitimé, ne remplissent plus aujourd’hui la même fonction de manière stable et incontestée. II. Certains parlent de désinstitutionalisation ou de « *déclin de l’institution* ». ## Footnote Dubet, *Le Déclin de l’institution*, 2002
95
Un facteur d'affaiblissement de la famille en temps que noyau
La famille est confrontée au « *démariage* ». ## Footnote Irène Théry, *Le Démariage*, 1993
96
Nature de la crise sociale en démocratie
« *La “crise” du lien social est, par définition, une caractéristique des sociétés modernes. Elle n’est pas un raté du modèle, elle est constitutive du modèle. Nous serons en crise tant que nous serons dans des sociétés démocratiques* » ## Footnote François de Singly, *Les uns avec les autres. Quand l’individualisme crée du lien*, 2003
97
Essence de la dyade
_Une dyade ne peut constituer l’unité sociale élémentaire_ : - si l’un des deux individus partie disparaît, la relation disparaît; - relation reste marquée par « *le caractère intime des relations à deux* ». ## Footnote Michel Forsé, « Les réseaux sociaux chez Simmel : les fondements d’un modèle individualiste et structural », 2002
98
Limites de la dyade
_Une dyade n'est pas une unité sociale supérieure à ses éléments individuels_ : « *Elle reste le lieu d'une relation dont aucune relation n'est le témoin*. ». ## Footnote Michel Forsé, « Les réseaux sociaux chez Simmel : les fondements d’un modèle individualiste et structural », 2002
99
Définition de la triade
I. Les relations passant de deux à trois, passent d'interpersonnelles à impersonnelles. II. _La triade est l’unité élémentaire de la structuration des réseaux sociaux_ : « *dès qu’il y a association de trois, le groupe continue à exister, même si l’un de ses membres se retire* ». ## Footnote Michel Forsé, « Les réseaux sociaux chez Simmel : les fondements d’un modèle individualiste et structural », 2002
100
Les troux structuraux
I. _Dans un réseau social, des liens non redondant entre deux contacts_ : Individu A lié à B et B à D : trou structural entre A et D, ce dernier n'ayant pas besoin de lien avec A. II. Une personne qui occupe un trou structural joue un rôle d’intermédiaire stratégique entre ces groupes. ## Footnote Ronald Burt, « Le capital social, les trous structuraux et l'entrepreneur », 1995
101
La relation entre individus dans le monde | (concept)
_Le « *paradoxe de Milgram* » ou « *un petit monde* »_ : Expérience de Travers et Milgram en 1969 : deux citoyens américains choisis au hasard sont reliés en moyenne par une chaîne de six relations.
102
Adaptation de l'expérience conduite par Travers et Milgram en 1969
*Six degrés de séparation*, film américain réalisé par Fred Schepisi en 1993, avec Will Smith dans le rôle principal.
103
La relation entre individus dans le monde | (mesure)
_Avec le développement des technologies de l’information et de la communication, le degré de séparation a été mesuré sur le réseau social Facebook_ : - de 4,7 en 2011 ; - de 3,5 degrés en 2016. ## Footnote Ugander et *al.*, *The Anatomy of the Facebook Social Graph*, 2011 ; Edunov et *al.*, *Three and a half degrees of separation*, 2016
104
Les différences de légitimité entre capitaux
I. Le capital social représente la capacité à se faire passer pour ce qu’on pense être. II. Il est moins légitime que les autres capitaux, économique, culturel ou symbolique. ## Footnote Pierre Bourdieu, *Les formes de capital*, 1986
105
Les supports du capital social
_Le capital social_ : - existe et se maintient grâce aux capitaux économique et culturel ; - est proportionnel à leur dotation ; - a pour seul effet un effet multiplicateur de ces capitaux. ## Footnote Pierre Bourdieu, *Les formes de capital*, 1986
106
Définition de la sociabilité
_La forme la plus ludique et informelle de la socialisation_ : « *il s'agit d'un jeu au cours duquel “on fait” comme si tous étaient égaux* ». ## Footnote Georg Simmel, *Sociologie et épistémologie*, 1908
107
Application de la définition de la sociabilité de Simmel
I. À propos de la bibliothèque du centre Pompidou. II. _Celle-ci accueille tout public, non seulement une élite intellectuelle, mais également les catégories sociales les plus précaires_ : « *En ce sens, la bibliothèque du Centre Pompidou est à la fois un espace de sociabilité, au sens de Simmel, et un espace de citoyenneté ou plutôt un espace d’apprentissage de la citoyenneté* ». ## Footnote Paugam et Giorgetti, *Des pauvres à la bibliothèque. Enquête au Centre Georges Pompidou*, 2013
108
Le déclin moderne de la sociabilité
_La vie sociale américaine est marquée depuis la fin des années 1970 par un déclin de la sociabilité_ : Métaphore de l’individu qui joue au bowling en solitaire. ## Footnote Putnam, “Bowling Alone : America’s Declining Social Capital”, 1995
109
Évolution du capital social
I. Le « *capital social* » est ici entendu comme l’ensemble des relations de sociabilité et d’engagement dans la vie publique. II. _Il se réduit_ : - dans la participation formelle : politique, civique, religieuse, syndicale ; - comme informelle : sorties, réceptions, repas familiaux…. ## Footnote Putnam, “Bowling Alone : America’s Declining Social Capital”, 1995
110
L'évolution de la sociabilité en France
I. Les enquêtes empiriques de l’Insee montrent que le nombre quotidien d’interlocuteurs des individus tend à diminuer. II. _Selon l'auteur, cette baisse est imputable_ : - au vieillissement de la population ; - à la précarisation de l’emploi ; - à la montée du chômage ; - au déclin des commerces de proximité ; - à la mobilité géographique. ## Footnote François Héran, « La sociabilité, une pratique culturelle », 1988
111
Résolution du déclin de la sociabilité
Nous nous dirigeons vers des « *sociabilités de substitution* », ici une « *téléphonie de substitution* ». 📚 SMS, forums, réseaux numériques, jeu vidéo en ligne, etc. ## Footnote Carole-Anne Rivière, *La sociabilité téléphonique*, thèse, 1999
112
L'écart entre religion et rationalité
I. La rationalité et la religion ne s’opposent pas, mais le rationalité n’épuise pas l’essence de la religion. II. _Proposition du concept de « *numineux* »_ : le sentiment religieux fondamental que l’on trouve dans toutes les religions. ## Footnote Rudolf Otto, *Le Sacré*, 1917
113
Appartenance et pratiques religieuses des Français
_La pratique du catholicisme décline_ : - on dénombre 32 % de catholiques en France en 2018, contre 70 % en 1981 ; - 7 % des personnes interrogées déclarent se rendre à la messe au moins une fois par mois, contre 9 % en 2008 ; - la part des individus se déclarant sans religion est passé de 27 % à 58 % en quarante ans. ## Footnote Pierre Bréchon et *al*., *La France des valeurs* (enquête), 2019
114
Définition sociologique de la religion
Pour Max Weber, la religion est « *une façon d’agir en communauté* ». ## Footnote Willaime, *Sociologie des religions*, 1998
115
Réponse institutionnelle aux sectes
I. La *Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires* (Miviludes), créée par l’État en 2002 et toujours active. II. _Elle a pour mission_ : - d'observer et analyser le phénomène sectaire ; - de coordonner l'action préventive et répressive des pouvoirs publics à l'encontre des dérives sectaires.
116
Lien entre religion et régime économique | (Idée principale)
Il existe des « *affinités électives* » entre le protestantisme et l’esprit du capitalisme. ## Footnote Max Weber, *L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme*, 1905
117
Lien entre religion et régime économique | (Détail de la thèse)
I. _Le protestantisme_ : - favorise une approche plus rationnelle du monde ; - dénonce les aspects superstitieux du catholicisme (refus des saints, du culte marial...). II. A. Selon la thèse calviniste de la prédestination, il n’est pas possible de gagner le salut éternel par ses œuvres. B. _Cette affirmation conduit à une angoisse métaphysique qui va trouver_ : - dans l’activité économique, un dérivatif ; - dans la réussite matérielle, un signe possible d’une élection divine. ## Footnote Max Weber, *L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme*, 1905
118
Lien entre religion et régime économique | (Évolution)
_Le capitalisme contemporain s’est affranchi de l’ascétisme qui l’accompagnait initialement_ : « *l’esprit de l’ascétisme religieux s’est échappé de la cage… le capitalisme vainqueur n’a plus besoin de ce soutien depuis qu’il repose sur une base mécanique* ». ## Footnote Max Weber, *L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme*, 1905
119
Rapport entre Islam et république
I. L'anthropologue et sociologue plaide pour une « *gallicanisation de l’Islam français* ». II. A. La mise en place en 2003 d’un *Conseil français du culte musulman* s’inscrit dans cette stratégie. B. Cependant, le Président de la République l'a publiquement répudié en 2023, lui préférant le *Forum de l'Islam de France*. ## Footnote Bruno Étienne, Le Monde, *débat*, 2005
120
Exemple de contrainte entraînée par l'absence de laïcité pour les Églises.
_En 2012, le parlement danois a voté une loi imposant à l’église luthérienne (qui rassemble près de 80 % de la population du pays) de célébrer des mariages homosexuels_ : malgré ses protestations, le pouvoir politique s’est imposé.
121
La notion d'intégrisme religieux
I. A. Le terme « *intégrisme* » est plutôt lié au catholicisme. B. Il désigne la volonté de conserver l’intégralité de la doctrine catholique contre le modernisme. II. _À l’inverse, le Concile Vatican II (1962-1965) réalise un *aggiornamento* du catholicisme_ : - sur le plan liturgique : abandon du latin ; - sur le plan doctrinal : reconnaissance de la liberté religieuse, abandon de l’accusation de déicide contre le peuple juif….
122
Actualisation de la thèse de Weber | (idée de base)
Nous assistons, dans l’Occident moderne, à un « *processus de dissolution et de retournement de l’immémoriale emprise organisatrice du religieux* ». ## Footnote Marcel Gauchet, *Le Désenchantement du monde*, 1985
123
Actualisation de la thèse de Weber | (Thèse)
_Mouvement des sociétés contemporaines -essor des techniques, enracinement des procédures démocratiques- vers des sociétés hors religion_ : le monde d'aujourd'hui ne s'explique que par la sortie et l'inversion de l'ancienne économie religieuse. ## Footnote Marcel Gauchet, *Le Désenchantement du monde*, 1985
124
| (Description de l'expérience)
I. Expérience portant prétendument sur l’amélioration de la mémorisation via des décharges électriques, sous le contrôle de deux « *psychologues* » représentant l’institution. II. Dans la majorité des cas (65 %), les individus testés à leur insu administrent trois chocs de 450 volts aux fausses victimes. ## Footnote Stanley Milgram (psychologue américain), *La Soumission à l’autorité*, 1974
125
Expérience sociale sur la soumission à l'autorité | (Conclusions de l'expérience)
_Deux conclusions de l'expérience_ : 1. Le contrôle social conduit les individus conduit à un comportement conforme à des normes qu’ils ne partagent pas obligatoirement (violence physique sur autrui). Les déviants sont ceux qui refusent de poursuivre l’expérience ; 2. Le degré de conformité dépend du sentiment de légitimité de l’institution scientifique : sitôt que les deux psychologues simulent un désaccord, accroissement des refus de continuer. ## Footnote Stanley Milgram (psychologue américain), *La Soumission à l’autorité*, 1974
126
Les entrepreneurs de morale | (Définition)
Les acteurs qui se mobilisent pour qu’une activité donnée soit catégorisée socialement comme déviante. ## Footnote Howard Becker, *Outsiders*, 1963
127
Les entrepreneurs de morale | (Exemple)
I. La marijuana n’est devenue illégale aux États-Unis qu’à la suite d’une campagne orchestrée par des entrepreneurs de morale. II. De même, celle organisée contre l’alcool dans les années 1920. ## Footnote Howard Becker, *Outsiders*, 1963
128
Les entrepreneurs de morale | (Développements aujourd'hui)
I. A. Développement de l’expertise comme argument de légitimation des décisions politiques. B. Développement de stratégies visant à disqualifier certaines pratiques, à l’aide d’arguments supposément légitimés par la communauté scientifique. II. Les « *entrepreneurs de morale* » imposent une régulation au fondement supposément scientifique pour s’articuler à la régulation imposée par la force publique. ## Footnote Howard Becker, *Outsiders*, 1963
129
Recensement de la criminalité en France | (Dispositif)
En France, depuis 1972, les crimes et délits enregistrés pour la première fois par la police et la gendarmerie sont regroupés dans un document appelé « *état historique 4001* ». 📚 ≠ infractions routières et infractions mesurées par des services spécialisés comme la Douane, l’Inspection du travail, les Impôts.
130
Recensement de la criminalité en France | (Limites)
_L’enregistrement policier et judiciaire comporte des limites_ : - en cas de vol, déclarations nombreuses (plainte pour assurance) ; - sous-déclaration en matière de violences aux personnes, susceptibles d’évoluer au cours du temps, comme les violences domestiques.
131
Effets de l'intolérance à la délinquance
I. Niveau d’éducation le plus élevé = plus forte victimation → pour certains sociologues, la victimation est aussi une construction sociale. II. Un acte considéré sans gravité dans un quartier modeste, comme un acte de vandalisme, aura un impact plus important dans un quartier aisé, les gens n’y étant pas habitués. ## Footnote Renaud Fillieule, *Sociologie de la délinquance*, 2001
132
Historicité de la délinquance
_Délinquance et sentiment d’insécurité ≠ phénomènes nouveaux dans de la société française_ : - début du XXe, délinquance urbaine consécutive à l’exode rural : bandes de jeunes surnommées les « *Apaches* » ; - phénomène des « *blousons noirs* » concomitant à l’émergence de la société de consommation à la fin des années 1950 ; - dès cette époque, on évoque la « *démission parentale* ». ## Footnote Laurent Mucchielli, *Violences et insécurités*, 2007
133
Perception de la délinquance
_L’évolution permanente des lois peut rendre difficile les comparaisons de la déliquance dans le temps_ : - Décriminalisation de l’avortement en 1975 ; - Apparition du délit de harcèlement sexuel en 1992. ## Footnote Laurent Mucchielli, *Sociologie de la délinquance*, 2018
134
Le sentiment d'insécurité
I. La proportion stable dans le temps des individus répondant oui à la question : « *avez-vous le sentiment d’être en insécurité dans votre vie quotidienne ?* », dans les sondages menés depuis les années 1970. II. En revanche, la réponse affirmative à la question : « *avez-vous le sentiment que l’insécurité est un problème central de politique générale ?* » était d’un tiers à la fin des années 1990 et passe à plus de 50 % au milieu des années 2000. → le « *sentiment d’insécurité* » est fonction de l’évolution du discours public sur la délinquance. ## Footnote Laurent Mucchielli, *L’invention de la violence*, 2011 (à vérifier)
135
Tournant dans la perception de la délinquance
_Hausse de la délinquance à partir de 1993 selon données statistiques, mais_ : - augmentation des activités policières, comportements désormais considérés délictueux : délit de « *mendicité agressive* » ; - Évolution des normes sociales transcrites judiciairement : violences et viols conjugaux. ## Footnote Laurent Mucchielli, *Sociologie de la délinquance*, 2018
136
Évolution concrète de la délinquance
_Transformation de la structure des actes commis_ : - Taux d’homicide et agressions interpersonnelles stables depuis les années 1970 ; - Hausse des cambriolages et vols d'objets courants (téléphones, voitures). ## Footnote Laurent Mucchielli, *Sociologie de la délinquance*, 2018
137
Explication de la délinquance
I. Les violences contre les institutions sont croissantes, mais essentiellement dans les quartiers difficiles. II. _Les principaux facteurs explicatifs de la délinquance_ : - Affaiblissement du lien social ; - Développement d’une conflictualité ouverte, perçue par les populations comme leur seul moyen d’expression permettant une construction identitaire : émeutes de 2005, gilets jaunes en 2018-2019, émeutes en 2023. ## Footnote Laurent Mucchielli, *Sociologie de la délinquance*, 2018
138
Apprentissage de la déliquance
I. A. Âge d’entrée dans la délinquance de plus en plus précoce (10 à 15 ans). B. Dans les populations à risque, l’âge d’entrée = fait social normal au sens de Durkheim. II. A. L’âge de sortie est la variable essentielle. B. Dans certaines zones urbaines, ce changement de statut s’effectue plus difficilement, ce qui conduit à reproduire la vie délinquante après l’adolescence. → Les individus concernés entrent dans le processus d'une carrière déliquante, de « *carrière déviante* » au sens de Howard Becker. ## Footnote Laurent Mucchielli, *Sociologie de la délinquance*, 2018
139
Définition des inégalités
_Une inégalité peut se définir en sociologie comme_ : « *une différence dans les accès aux biens sociaux ou dans les traitements individuels, jugée assez généralement inacceptable et devant être corrigée* ». ## Footnote Galland et Lemel, *Sociologie des inégalités*, 2018
140
Exemple d'inégalités en pays développé
I. _À Chicago, écart d’espérance de vie de trente ans entre_ : - le quartier d’Englewood : pauvre et majoritairement noir ; - et celui de Streeterville : riche et majoritairement blanc. II. L’inégalité de revenu ne suffit pas à expliquer entièrement l’inégalité sociale concernant l’espérance de vie. ## Footnote Enquête du City Health Dashboard de New York publiée en 2019
141
Biais dans l'éducation
Mise en évidence d'un biais très important dans les attentes de l’école, qui valorise la culture cultivée, celle de la classe dominante, transmise en dehors de l’école. ## Footnote Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, *Les Héritiers*, 1964
142
Description de la discrimination des femmes sur le marché du travail
« *de facto, en moyenne les femmes sont perçues comme une main-d’œuvre moins fiables que les hommes. Les employeurs sont moins enclins à les embaucher et à les promouvoir* ». ## Footnote Hélène Périvier, « Récession, austérité et genre : étude comparative sur huit marchés du travail européen », 2018
143
L'utilitarisme
_Proposition de la doctrine de l’utilitarisme_ : principe éthique visant à maximiser le bien-être collectif par l'addition de toutes les utilités individuelles. ## Footnote Jeremy Bentham, *An Introduction to the Principles of Morals and Legislation*, 1780
144
Renouvellement de la justice sociale
_Ensemble de biens premiers, soit naturels (santé et talents, non contrôlés par les institutions sociales), soit sociaux (libertés fondamentales, avantages socio-économiques)_ : - Les seconds doivent être répartis équitablement entre les membres de la société en tenant compte du fait qu’existe une inégale répartition des premiers entre ces membres ; - « *maximin* » = amélioration de la situation des moins bien lotis ; - « *leximin* » = amélioration des moins biens lotis en remontant la chaîne ; - « *voile d’ignorance* ». ## Footnote John Rawls, *Théorie de la justice*, 1971
145
Une solution possible aux conflits culturels
_Lorsque des « *conflits* » culturels apparaissent (exemple port du voile en France)_ : proposition de rechercher des « *accommodements raisonnables* ». ## Footnote Commission Bouchard-Taylor, 2008
146
Protection de la liberté de conscience au Canada
I. L'« *interdiction totale de porter le kirpan à l’école dévalorise ce symbole religieux et envoie aux élèves le message que certaines pratiques religieuses ne méritent pas la même protection que d’autres* ». II. Le poignard à l’école sous les vêtements dans un fourreau cousu. ## Footnote Cour suprême du Canada, 2006
147
Le problème des politiques de discrimination positive
I. Le philosophe américain, prudemment favorable aux politiques de discrimination positive, reconnaît la possibilité d'un sentiment d’injustice. II. En effet, ces politiques conduisent à « *refuser la considération égale à des candidats blancs qui ne sont ni des participants aux pratiques racistes, ni des bénéficiaires directs de ces pratiques* », alors qu’ils pourraient par ailleurs être plus qualifiés pour occuper ces postes. ## Footnote Michael Walzer, *Sphères de justice : une défense du pluralisme et de l’égalité*, 1983
148
La « *pauvreté absolue* »
I. Le minimum conventionnel exprimé en termes réels. II. Ce seuil est calculé à l’aide d’un panier de consommation exprimé en unités physiques dont on calcule la valeur monétaire (selon la Banque mondiale, 2,15 $/j. en 2022).
149
Résolution du problème propre au calcul de la pauvreté relative
I. Comme le seuil de pauvreté relative s’accroît avec le revenu médian, on a recours à l’ « *indicateur secondaire de Laeken* ». II. Il s’appuie sur le seuil une année donnée, mais n’est réévalué ensuite qu’avec l’indice des prix à la consommation durant les années suivantes.
150
La « *pauvreté d’existence* »
Dit également « *pauvreté en conditions de vie* ». I. Saisie par l’Insee dans le cadre des enquêtes permanentes en condition de vie des ménages, sur la base de vingt-sept items de privation (absence de produits électroménagers, retards de paiements, etc.) → « *score des conditions de vie* ». II. Huit restrictions de vie sur les vingt-sept = ménages « *pauvres en conditions de vie* ».
151
État de la pauvreté en France
Neuf millions de personnes ont été en situation de privation matérielle et sociale en 2022, soit 14 % de la population occupant un logement en France métropolitaine. ## Footnote Insee, *La part des personnes en situation de privation matérielle et sociale augmente en 2022*, 2023
152
La « pauvreté subjective » 
I. = Idée d’une « *autodéfinition* » du pauvre. II. A. Inspiré d’Amartya Sen (*Repenser l’inégalité*, 1992). B. _Ce dernier propose d’appréhender la pauvreté à partir des capacités des individus à « *se réaliser* »_ : liberté d’expression, dignité, respect de soi, participation à la vie sociale en général (capabilités).
153
Doctrine sociale de l’Église
_L'encyclique *Rerum Novarum* du Pape Léon XIII en 1891,condamne_ : - la misère de la majorité de la classe ouvrière ; - les excès du capitalisme ; - la « *tentation du socialisme* » (Léon XIII encourage le syndicalisme chrétien). 📚 Pour les penseurs révolutionnaires, c’est la lutte des classes qui fera disparaître la misère en même temps que l’aliénation du prolétariat.
154
Fonction du travail salarié
_Le travail salarié remplit dans l’après guerre la fonction de « *grand intégrateur* »_ : Il protège de la pauvreté et, dans le même temps, attribue un statut social à chacun. ## Footnote Yves Barel, « Le grand intégrateur », 1990
155
Moment de solidarité nationale
« _Appel de l’Abbé Pierre_ » en 1954.
156
Mouvement en faveur de la solidarité mondiale
Création d’ATD Quart-Monde en 1957.
157
Prise de conscience contemporaine des inégalités
_À partir de la fin des années 1970, l’expression « *nouvelle pauvreté* » est de plus en plus utilisée_ : 1. dans les productions scientifiques ; 2. puis dans les discours politiques et médiatiques.
158
Pauvreté récente
Remontée des taux de pauvreté monétaire, notamment à partir de la crise de 2008.
159
Célèbre monographie | (Objet)
Mise en évidence du phénomène de délitement des liens sociaux subi par les ouvriers d’une petite ville industrielle. ## Footnote Paul Lazarsfeld, *Les Chômeurs de Marienthal*, 1933
160
Célèbre monographie | (Expérience)
_Chronométrage du temps passé pour parcourir la rue centrale de la ville_ : - Les hommes chômeurs mettent plus de temps que les hommes titulaires d’un emploi ; - Les femmes avec ou sans emploi mettent le même temps. ## Footnote Paul Lazarsfeld, *Les Chômeurs de Marienthal*, 1933
161
Célèbre monographie | (conclusion)
I. Les femmes sont « *protégées* » par les impératifs des tâches domestiques et familiales. II. Leur statut de mère de famille les maintient ainsi « *à l’intérieur* » de la société, même lorsqu’elles subissent une exclusion par le travail. ## Footnote Paul Lazarsfeld, *Les Chômeurs de Marienthal*, 1933
162
Étude de la folie | (Objet)
Étude de la façon dont, à la fin du Moyen Âge, la figure centrale de l’exclu passe du lépreux au « *fou* ». ## Footnote Michel Foucault, *Histoire de la folie à l’âge classique*, 1972
163
Étude de la folie | (Époque intermédiaire)
I. À l’âge classique, avec le recul de la lèpre en Occident (milieu du XVIIᵉ - fin XVIIIᵉ siècle), une mutation de pensée transforme le regard sur la folie. II. C’est l’ère du *grand renfermement* des fous, oisifs, mendiants, vagabonds et homosexuels, institutionnalisé par l’Hôpital général en 1656. III. Le *fou* est exclu du monde social, tandis que le cartésianisme établit une frontière entre raison et déraison. ## Footnote Michel Foucault, *Histoire de la folie à l’âge classique*, 1972
164
Étude de la folie | (Époque contemporaine)
I. Conformément aux idéaux des Lumières, la folie cesse de relever de la monstruosité pour entrer dans le domaine médical. II. Les « *fous* » deviennent objet de science : naissance de l’asile. ## Footnote Michel Foucault, *Histoire de la folie à l’âge classique*, 1972
165
Étude de la folie | (Époque initiale)
I. Hypothèse : la folie n’est pas une donnée biologique mais un construit social. II. _Durant l’âge préclassique (Moyen Âge, Renaissance), le « *fou* » est inséré à la vie sociale mais doté d’un statut ambigu_ : sacré et redouté, il est intimement lié au transcendant. ## Footnote Michel Foucault, *Histoire de la folie à l’âge classique*, 1972
166
Développement en France le phénomène social des « *banlieues* ».
_À partir des événements du « *rodéo des Minguettes* » (un quartier de Vénissieux) en 1981_ : - émeutes, voitures brûlées dans l'Est lyonnais (de Vénissieux à Vaux-en-Velin) ; - épreuve pour la gauche récemment arrivée au pouvoir ; → Naissance d'une nouvelle politique de la ville.
167
Définition sociologique des pauvres
I. Un pauvre est sociologiquement défini par le fait qu’il reçoive une assistance de la part de la société. II. Ainsi, « *les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent de manques et de privations spécifiques, mais ceux qui reçoivent assistance ou devraient la recevoir selon les normes sociales* ». ## Footnote Georg Simmel, *Les Pauvres*, 1907
168
Nature de l'approche sociologique des pauvres
_L’approche de l'auteur est interactionniste_ : - Être pauvre n’implique pas d’appartenir à la catégorie des pauvres : un commerçant, artiste ou employé démuni reste défini par son activité. - Seule le bénéfice de l’assistance, effective ou potentielle, fait entrer un individu dans un groupe caractérisé comme pauvre. ## Footnote Georg Simmel, *Les Pauvres*, 1907
169
Évolution de la population urbaine mondiale
_Selon des statistiques de l’ONU_ : - depuis 2008, la population urbaine est devenue majoritaire ; - elle devrait atteindre d’ici 2050, 6,7 Md d’individus, soit 70 % de la population mondiale ; - contre 55 % en 2018. ## Footnote ONU-Habitat, *Rapport sur la situation des villes dans le monde : « villes harmonieuses »*, 2008
170
Conception évolutionniste de la société
Le développement industriel conduit progressivement à l’extinction du monde agricole, assimilé au monde et rural. ## Footnote Gervais et Servolin, *Une France sans paysan*, 1965
171
Évolution de l'agriculture | (Institutions)
I. En 2007, Grenelle de l’environnement. II. Proposition d'instituer un « *remembrement écologique* » visant à réparer les conséquences des politiques de remembrement agricole.
172
Évolution de l'agriculture | (Rôle)
_Le rôle de l’agriculture change_ : - non seulement nourrir le pays ; - mais également apporter des devises (« *pétrole vert* » pour la France). III. On estimait : - à 15 le nombre moyen de personnes nourries par un agriculteur français dans les années 1980 ; - à 60 en 2008.
173
Les villages français
I. Environ 25 % des Français habitent dans des villes de moins de 2 000 habitants. II. Ces villages sont souvent intégrés dans une aire urbaine plus large : la couronne périurbaine.
174
Habitants des grandes villes mondiales
_En 2018_ : - 23 % de la population mondiale vit dans une ville d’au moins un million d’habitants ; - 6,9 % dans une ville de plus de dix millions d’habitants (mégapole, selon l’ONU).
175
Évolution des grandes villes mondiales
I. La concentration dans les grandes villes s’accentue. II. A. Émergence du concept de métapoles : villes de plus de 20 M d’habitants. B. Une métapole en 2007, Tokyo. C. En 2018, on en compte 13, dont New Delhi et Shanghai.
176
Les mégalopoles | (Définition)
_Concept du géographe Jean Gottmann ( 1961)_ : espace urbanisé polynucléaire formé de plusieurs agglomérations dont les banlieues se rejoignent. ⚠️ Elles ne doivent pas être confondues avec les mégapoles.
177
Les mégalopoles | (Sens et exemple)
I. Elles illustrent le phénomène de l’urbanisation en continu regroupant plusieurs dizaines de millions d’habitants. II. Ainsi, la mégalopole japonaise de Tokaïdo regroupe 75 % de la population japonaise (environ 100 millions d’habitants) sur un ruban urbanisé de Tokyo à Fukuoka.
178
Apparition des villes dans l'histoire
I. _Les premières villes sont apparues_ : - entre 6000 et 5000 avant J.-C. ; - au Moyen-Orient et en Basse Mésopotamie, avec la région de Sumer comme emblème. II. _Consensus_ : c’est le préalable d’un surplus agricole qui fonde la ville.
179
Thèse sur le logement ouvrier
I. Critique virulente de Proudhon qui voulait faire des travailleurs en propriétaires de leur logement. II. Le déracinement du prolétaire est la condition première d’une révolution prolétarienne. ## Footnote Friedrich Engels, série d’articles « Sur la question du logement » écrits en 1872
180
Justification d'une critique du logement ouvrier
I. Ll’accession au logement pour les travailleurs est une régression. II. A. Certes, les conditions de logement des ouvriers sont « *infâmes* ». Mais la crise du logement est un « *mal secondaire* », qui risque d’occulter le rapport d’exploitation, fondement du capitalisme naissant. ## Footnote Friedrich Engels, série d’articles « Sur la question du logement » écrits en 1872
181
Singularité du bourgeois | (Thèse)
_Une séparation est marquée entre ville et campagne_ : manifestée par le bourgeois, habitant du bourg, libéré des sujétions féodales. ## Footnote Weber, *Économie et Société*, 1921
182
Origine des bourgeois
I. _Pour échapper à la tutelle des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques_ : - les bourgeois formes des associations « *jurées* » pour se prêter aide mutuelle et se protéger des oppresseurs éventuels ; - c’est la naissance de la commune. II. _Le bourgeois occidental a donc un statut particulier (« *franc-bourgeois* »), défini par son appartenance citadine_ : « *Les bourgeois relevaient d’un droit qui leur était commun mais qui n’était accessible qu’à eux seuls* ». ## Footnote Weber, *Économie et Société*, 1921
183
Georg Simmel, *Philosophie de la modernité. T. 1. La femme, la ville, l’individualisme*, 1902
_L'auteur conceptualise la figure de l’étranger dans le citadin, à la fois extérieur et intégré à la société, c'est-à-dire à la fois_ : - indifférent aux mutations constantes qui l’entourent ; - en même temps « *éveillé* » par l’effervescence citadine.
184
Origine du thème de l'étranger
« *J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !* » ## Footnote Charles Baudelaire, *L’Étranger*, publié dans un journal en 1862
185
Albert Camus, *L’Étranger*, 1942
Meursault, indifférent à l’enterrement de sa mère, tue un Maure d’un coup de pistolet puis lui tire quatre fois ensuite dans le corps. Il sera condamné à la guillotine. 📚 Emprunt inconscient et de réminiscence au titre du poème de Baudelaire, selon l’auteur.
186
Nels Anderson, *Le Hobo, sociologie du sans-abri*, 1923
I. Les « *hobos* » sont des sans-abri, travailleurs mobiles et sans attaches sociales. II. Ils forment une véritable micro société avec ses lieux, ses lois non-écrites et même son université où l’on peut exprimer ses idées sociales.
187
Perception de la réalité par les individus
_« *Théorème de Thomas* » (William Isaac et Dorothy Swaine Thomas, sociologues de Chicago - 1928)_ : « *Quand les hommes définissent des situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences* » Les représentations subjectives des individus deviennent des éléments aussi réels pour eux que les situations objectives vécues. → Une croyance, même fausse, peut, si elle partagée par un nombre suffisant d’individus, créer les conditions de sa propre validation.
188
Mise en évidence des « *effets de lieu* »
I. L’espace habité (ou approprié) par les agents sociaux « *fonctionne comme une sorte de symbolisation spontanée de l’espace social. Il n’y a pas d’espace, dans une société hiérarchisée, qui ne soit pas hiérarchisé et qui n’exprime les hiérarchies et les distances sociales, sous une forme (plus ou moins) déformée* ». II. De fait, les « *sans domicile fixe* » n’ont quasiment pas d’existence sociale. ## Footnote Pierre Bourdieu, « Effets de lieu », 1993
189
L’urbaphobie
I. La critique et la condamnation de la grande ville en tant que telle. II. A. Déjà présent dans la Bible (mythe de Babel). B. _Il s'étend jusqu’au pamphlet du géographe Jean-François Gravier, *Paris et le désert français* (1947), assumant une haine des grandes métropoles françaises_ : « *l’agglomération parisienne s’est comportée […] comme un groupe “monopoleur” dévorant la substance nationale* ».
190
L'implosion urbaine
_Alfred Sauvy parle d’implosion urbaine pour insister sur les effets destructurants de la croissance de la population des villes_ : - habitats marginaux ; - infrastructures notoirement insuffisantes ; - « *bidonvilisation* » ; - goulots d’étranglements fonciers….
191
Bidonvilles mondiaux
I. A. À travers le monde, un citadin sur quatre vit dans un bidonville ou un établissement informel. B. 1,06 Md d'habitants dans les bidonvilles dans le monde. II. A. 50,2 % en Afrique subsaharienne. B. 90 % des urbains en Afghanistan. ## Footnote Onu Habitat, 2020
192
La ghettoisation des riches
I. Les catégories les plus favorisées de la société, tout en renforçant leur contrôle du territoire, cultivent « *l’entre soi* » (Maurin, « Le ghetto français, enquête sur le séparatisme français », 2004). II. Ceci conduit à la constitution non seulement des ghettos des catégories sociales défavorisées et des « *ghettos du gotha* » (Pinçon et Pinçon-Charlot, Les Ghettos du gotha, 2010).
193
Louis Chevalier, « Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle », 1958
I. A. « *la brutale invasion* » des classes populaires dans le tissu urbain exerce une pression violente sur les populations autochtones B. Ces dernières développent une véritable « *psychose* » à l’encontre des nouveaux arrivants. II. Ces derniers réagissent à cette perception en s’y conformant. Ils deviennent des classes dangereuses selon un processus auto-réalisateur.
194
Maurin, *Le Ghetto français*, 2004
La ségrégation socio-spatiale débouche sur le « *séparatisme social* », un processus de ségrégation résidentielle par le biais du prix élevé des habitations dans les quartiers favorisés. 📚 Formes extrêmes, aux États-Unis, en Amérique latine et en Afrique du Sud, avec le développement des gated communities (ou communautés fermées), qui assurent une troisième fonction, celle de se prémunir contre la délinquance identifiée comme extérieure.
195
Laferté et Paugam, « Après les gilets jaunes, repenser les classes sociales », Libération, 2018
Mouvement des gilets jaunes débuté en octobre 2018 = prise de parole de résidents dans des « *territoires oubliés* », la hausse des charges de transport les privant de ce choix de vie. → Conséquence de la spatialisation des rapports sociaux ; retour des conflits de classes sociales.
196
La notion de classe en sociologie
I. Pour Karl Marx, le terme de classe est utilisé pour désigner toutes les formes de hiérarchies sociales. II. C’est en ce sens que « *L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes de classes.* » (Marx et Engels, *Manifeste du Parti communiste*, 1848). 📚 La notion est aussi employée par certains sociologues non marxistes.
197
La notion de classes sociales selon Karl Marx
I. A. Les classes sociales se définissent à partir des rapports de production et d’échange. B. Les classes n’existent pas en dehors de la lutte des classes qui porte notamment sur le partage du surplus économique. II. _Le philosophe distingue_ : - *la classe en soi* qui résulte de l’organisation objective de la production ; - *la classe pour soi* qui suppose la prise de conscience collective de ses intérêts.
198
Pareto, *Traité de sociologie générale*, 1916 | (Première définition de l'élite ou des élites)
_Deux définitions complémentaires des élites_ : 1. la catégorie sociale composée d’individus ayant la note la plus élevée dans leur branche d’activité ; 2. l’élite qui repose sur l’existence d’un pouvoir : exercice de fonctions politiquement ou socialement dirigeantes, soit l'élite gouvernementale ou non gouvernementale.
199
Pareto, *Traité de sociologie générale*, 1916
I. _Les élites gouvernementales assurent leur pérennité par deux qualités contraires mais complémentaires_ : la coercition et le consentement. II. Il faut à la fois être souple (rusé) et avoir l’art de la persuasion ; de plus, il faut être capable d’utiliser la violence pour supprimer toute velléité de contestation. III. À ces deux qualités vont correspondre deux types psychologiques : les renards et les lions. ⚠️ Selon l'auteur, on trouve rarement ces qualités chez les mêmes personnes.
200
Pareto, *Traité de sociologie générale*, 1916 | (thèse de la circulation des élites)
I. Les élites ne sont pas stables. II. Elles disparaissent pour des raisons démographiques et psychologiques. III. _Pour durer, l’élite gouvernementale doit_ : - être entretenue en nombre et en qualité par les familles issues des classes inférieures qui ont acquis les qualités psychologiques nécessaires à l’exercice du pouvoir ; - rejeter vers la masse les anciennes élites.
201
L'« *effet Matthieu* »
I. Le prestige amplifie et renforce les inégalités de positions objectives. II. _« *effet Matthieu* », par référence à une phrase de l’évangile selon saint Matthieu_ : « *Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a* ». III. Par un processus d’auto-cumulativité, les intellectuels universitaires déjà reconnus voient se multiplier les marques de déférence. B. Ceci augmente le prestige déjà accumulé. ## Footnote Robert King Merton, *The Matthew effect in Science*, 1968
202
Complexité des rapports entre l’âge social et l’âge biologique
_Les rapports entre l’âge social et l’âge biologique sont complexes_ : - Les élèves qui entrent dans les grandes écoles ont d’autant plus les attributs de l'adulte qu’ils sont proches du pôle du pouvoir ; - « *c’est par un abus de langage formidable que l’on peut subsumer sous le même concept des univers sociaux qui n’ont pratiquement rien de commun* ». ## Footnote Pierre Bourdieu, « La jeunesse n’est qu’un mot », entretien, 1978
203
Guibert et Mergier, *Le Descenseur social. Enquête sur les milieux populaires*, 2006
_Thèse du « descenseur social »_ : - en s’appuyant sur des données de l’Insee, sur des sondages et une série d’entretiens qualitatifs ; - les milieux populaires ont cessé de croire à l’efficacité du pacte républicain, à la réalité de l’État et à la solidarité nationale.
204
Représentation originale des classes sociales
I. Constat d'un « *émiettement des classes sociales* ». II. _Proposition d'un modèle « *strobiloïde* » où les groupes sociaux se répartissent en constellations non hiérarchisées sur une échelle, mais distribuées sur un espace à deux dimensions_ : 1. Constellation populaire : ouvriers, employés ; la moitié de la population ; 2. Constellation centrale : cadres supérieurs et professions intermédiaires ; un quart de la population ; 3. Constellation des indépendants : chefs d’entreprise, artisans et commerçants, professions libérales et agriculteurs exploitants ; très dispersée dans l’échelle des revenus et des diplômes ; 4. L’élite et les pauvres forment les deux pointes de la toupie. | * Du grec strobilos, « toupie ». ## Footnote Henri Mendras, *La Seconde révolution française*, 1988
205
La conscience de classe contemporaine en France
I. Le mouvement des gilets jaunes montre que « *les classes sociales n’ont jamais disparu […], dans ce conflit, elles deviennent soudainement visibles aux yeux de tous* ». II. Une conscience de classe serait en train de se reconstituer puisqu’ « *en se retrouvant sur les ronds-points, ils s’aperçoivent qu’à côté de chez eux, il y a des milliers de personnes qui vivent et pensent la même chose* ». ## Footnote Camille Peugny, *Le Monde*, entretien, 14 décembre 2018
206
Louis-André Vallet « Quarante ans de mobilité sociale en France », 1999 « Mobilité entre générations et fluidité sociale en France », 2017 Enquête sur la formation et la qualification professionnelle (FQP).
I. _Entre 1953 et 1993, la fluidité sociale n’a cessé de progresser_ : - Les chances d’être cadre ou profession intellectuelle supérieure plutôt qu’ouvrier étaient 100 fois plus fortes en 1977 pour les fils de cadre ou de profession intellectuelle supérieure que pour les fils d’ouvrier ; - contre 39 en 1993 (1999) ; - Elles étaient de 26 en 2003 (2017) ; Le ratio est désormais de 24.
207
Bertaux, « L’hérédité sociale en France », 1970
I. L'hérédité sociale se traduit par la relative faiblesse de la mobilité sociale contemporaine (ou viscosité sociale). II. Elle est liée à la transmission du statut public ou privé, ou encore de certains métiers : fils d’avocats, de commerçants, d’artisans, etc.
208
Francis Galton, « Regression towards mediocrity in Hereditary Structure », 1886
I. Tentative de démonstration, à partir de données statistiques : - de l’hérédité du « *génie* » ; - de la nécessité d’une politique eugénique visant à encourager la fécondité des « *élites* » de la société. II. Convaincu du caractère héréditaire des aptitudes sociales, il en conclut que les « *grands hommes* » naissent dans des familles de « *grands hommes* ». 📚 Cette conception eugéniste a eu une influence considérable jusqu’au milieu du XXe siècle.
209
Théorie sur la baisse de la fécondité en France au XIXe
I. Après Galton, un deuxième courant lie les comportements de restriction volontaire des naissances et la volonté de mobilité ascendante. II. Ici, le démographe, à travers le concept de « *capillarité sociale* », relie baisse de la fécondité en France et stratégie égoïste d’élévation dans l’échelle sociale. Les individus se déchargent du poids de la reproduction : « *Quand on vient de bas et que l’on vise haut, il faut, pour arriver, courir vite et ne point s’embarrasser de bagages encombrants* ». ## Footnote Arsène Dumont, *Dépopulation et civilisation*, 1890
210
Charles Wright Mills, *L’Élite au pouvoir*, 1956
I. _« *la notion de classe gouvernante ou dirigeante* » ne permet pas de saisir l’existence de plusieurs groupes de « *statuts* » détenteurs du pouvoir politique_ : les politiciens, les grands entrepreneurs et les chefs militaires de haut rang. II. A. Cette « *élite au pouvoir* » (« *power elite* »), au-delà des luttes qui la traversent, est unie par des intérêts, une éducation et un prestige commun. B. Elle est liée à une massification de la société où l’apathie individuelle fait qu’aucun particularisme ne peut devenir collectif. C. _Elle unifie à un niveau supérieur où se décident les enjeux nationaux et internationaux trois hiérarchies institutionnalisées_ : élites politique, économique et militaire.
211
Fonction capitaliste de la mobilité sociale
_La mobilité sociale apparaît comme un instrument de pérennité de la classe bourgeoise_ : « *Plus la classe dominante est capable d’intégrer les hommes éminents des classes dominées, plus durable et dangereuse sera sa domination* ». ## Footnote Karl Marx, *Le Capital. Critique de l'économie politique*, 1867
212
Baudelot et Establet, *L’école capitaliste en France*, 1971
I. Les diplômes des grandes écoles donnant accès aux postes de dirigeants restent sociologiquement très fermés. II. La croissance exponentielle des diplômés intermédiaires pour l’encadrement répond à une nécessité du système capitaliste.
213
Pierre Bourdieu, « Avenir de classe et causalité du probable », 1974
I. _« *causalité du probable* »_ : - l’évaluation progressive par l’agent des chances d’accéder à telle ou telle position sociale, - qui le conduit progressivement à se restreindre pour donner un caractère d’inéluctabilité à son devenir social. II. _Le probable est alors devenu réalité_ : exemple du fils de notaire qui, après s’être essayé à des professions artistiques, reprend la charge de son père.
214
Louis Chauvel, *Le destin des générations - Structure sociale et cohortes en France du XXe siècle aux années 2010*, 2014
I. Aujourd'hui, la solidarité est mise à mal. II. A. Durant les Trente Glorieuses, le « *système de l’escabeau* » assure la dynamique sociale. B. À partir des années 1980, la génération = facteur de discrimination. C. La loi du progrès générationnel de long terme est devenue obsolète : les actifs qui entrent sur le marché du travail au début des années 1980 : rémunérations plus faibles, précarité accrue par rapport à leurs aînés. III. _Questions_ : - de l’existence d’une nouvelle « *gérontocratie* » ; - d’une « *lutte des âges* » qui se substituerait à une lutte des classes.
215
Charles Arnold Anderson, « A Skeptical Note on the Relation of Vertical Mobility to Education », 1961
_Un fils ayant un diplôme plus élevé que son père devrait avoir un statut social plus élevé_ : Or, il n’en est pas toujours ainsi → « *Paradoxe d’Anderson* ».
216
Raymond Boudon, *L’inégalité des chances*, 1973
_Distinction entre distribution sociale et distribution scolaire pour expliquer la répartition des positions sociales_ : - Les structures sociales ne peuvent être modifiées par le système scolaire, mais sont déterminées par des contraintes économiques et technologiques ; - Les parcours scolaires et résultats sont inégaux. La réussite scolaire des individus en fonction de l’origine sociale s’explique par une succession de choix rationnels des familles, compte tenu de leur position dans l’espace social ; - Reprise de l’analyse d’Anderson (1961) : le nombre de positions scolaires élevées augmente beaucoup plus vite que le nombre de positions sociales élevées → dévalorisation objective des diplômes scolaires sur le marché du travail ; - Effet de frustration relative (cf. James Davies, 1962) : l’élévation du niveau moyen de scolarisation accroit la frustration relative chez ceux dont la situation ne progresse pas autant.
217
Camille Peugny, *Le déclassement*, 2009 | (Dynamiques des trajectoires sociales)
_Trois conclusions d'une étude du phénomène de la mobilité descendante qui a marqué en profondeur la société française depuis les années 1970_ : 1. une involution par rapport aux générations nées dans les années 1940 qui ont bénéficié d’un mouvement ascendant puissant et continu.
218
Camille Peugny, *Le déclassement*, 2009 | (Expérience du déclassement)
I. _Trois conclusions d'une étude du phénomène de la mobilité descendante qui a marqué en profondeur la société française depuis les années 1970_ : 2. l’expérience du déclassement social n’est pas univoque. II. _Deux types de vécu selon qu’on est enfant de cadre « *populaire* » (peu diplômés) ou de « *dauphin* » (cadre diplômé)_ : 1. Pour les premiers, sentiment d’appartenir à une « *génération sacrifiée* » : l’école n’a pas tenu ses promesses ; discours contestataire, « *rébellion* » contre cette société qui ne les a pas récompensés de leurs efforts ; 2. Pour les seconds, déclassement vécu sur le mode de l’échec personnel, l'incapacité à reproduire la position du père ; ils se vivent comme les responsables de leur trajectoire.
219
Camille Peugny, *Le déclassement*, 2009 | (Conséquences politiques du déclassement)
I. _Trois conclusions d'une étude du phénomène de la mobilité descendante qui a marqué en profondeur la société française depuis les années 1970_ : 3. les conséquences politiques du déclassement social sont un des facteurs explicatifs de la « *droitisation* » de la société française. II. _Cantonnés à des emplois d’exécution et exposés à la précarité, les déclassés expriment la combinaison *a priori* paradoxale_ : - d’un souci de protection de l’État ; - d’une hostilité marquée au libéralisme économique ; - d’une faible préoccupation de redistribution sociale : discours fortement hostile aux chômeurs, rmistes et exclus.
220
loi d’Engel
« *plus une famille est pauvre, plus grande est la part de ses dépenses totales qu’elle doit utiliser pour se procurer sa nourriture* ». ## Footnote Ernst Engel, « Les conditions de la production et de la consommation du Royaume de Saxe », 1857
221
« *loi de Schwabe* »
« *plus on est pauvre, plus est élevée la part relative que l’on doit dépenser pour l’habitation* ». ## Footnote Schwabe (directeur du bureau de la statistique à Berlin), *La relation entre loyer et revenu à Berlin*, 1868
222
Maurice Halbwachs, *La classe ouvrière et les niveaux de vie*, 1912
I. Le revenu agit bien sur un budget mais jamais de façon directe. II. A. Son action s’exerce à travers le système des goûts et des préférences, influencés par les conditions sociales d’existence et de travail, les traditions familiales, la culture locale, le système de valeurs. B. Ces « *représentations sociales* » font qu’à revenu égal, un ouvrier d’origine rurale ne mangera ni ne se logera de la même façon qu’un ouvrier d’origine urbaine. III. A. _Lorsque le niveau de vie des ouvriers s’élève_ : - le besoin de logement est le moins développé ; - il est sacrifié aux vêtements et aux distractions, ce qui les met en contact avec les groupes de la rue, ou de leur classe. B. Parmi eux, le goût de la vie de famille n’est pas devenu assez fort.
223
Baudelot et Establet, *Maurice Halbwachs : consommation et société*, 1994
I. _Pour les économistes ou les statisticiens_ : le niveau de vie est le plus souvent entendu comme un simple degré de bien-être économique ; il désigne la place occupée par un revenu sur une échelle monétaire, unique et linéaire. II. _Chez Halbwachs, le niveau de vie est un concept « *plus qualitatif que quantitatif* ».
224
Thorstein Veblen, *Théorie de la classe de loisir*, 1899
Analyse du mode de consommation des riches américains du début du XIXe siècle, qu’il qualifie de consommation ostentatoire.
225
La consommation ostentatoire
_Elle est souvent à l’opposé du sens commun, voire du confort_ : - le signe (l’ostentation) l’emporte sur l’utilité (la satisfaction tirée de l’objet) ; - elle est inefficace à la campagne, où tout le monde sait tout sur tout. ## Footnote Thorstein Veblen, *Théorie de la classe de loisir*, 1899
226
Caractéristique du bourgeois
I. « *ce qui distingue le bourgeois, c’est la “distinction”* ». II. Séparation matérielle entre les bourgeois et les autres classes sociales impossible → ce sont des qualités personnelles qui vont constituer les barrières entre les classes. III. Le costume a, dans cette perspective, une importance considérable pour la bourgeoisie. ## Footnote Edmond Goblot, *La Barrière et le niveau*, 1925
227
La mode
I. La bourgeoisie adopte les modes lorsqu’elles n’étonnent plus. II. « *bientôt la nouveauté est devenue mode : elle est alors distinguée, elle n’est plus excentrique. Mais cela ne peut durer ; une fois qu’elle s’est étendue à toute la classe, elle ne tarde guère à la dépasser ; elle est imitée en dehors d’elle, et dès lors elle ne distingue plus […]. Quand la bonne a réussi à trop bien copier la robe de la dame […], ce qui était distingué est devenu commun et ne tardera pas à devenir vulgaire : il est nécessaire de le changer* ». ## Footnote Edmond Goblot, *La Barrière et le niveau*, 1925
228
John Kenneth Galbraith, *L’ère de l’opulence*, 1970
_Le problème de l’égalité/inégalité n’est plus à l’ordre du jour_ : Il était lié à celui de la richesse et de la pauvreté. 📚 _Idéologie égalitaire du bien-être_ : la croissance, malgré certains effets inégalitaires → démocratisation d’ensemble à long terme.
229
Définition sociologique de la consommation
I. La consommation est ambigüe : « *on ne consomme jamais l’objet en soi (dans sa valeur d’usage) – on manipule toujours les objets (au sens le plus large) comme signes qui vous distinguent soit en vous affiliant à votre groupe pris comme référence idéale, soit en vous démarquant de votre groupe par référence à un groupe de statut supérieur* ». _Selon l'auteur, « *la consommation se définit*_ : *1. non plus comme pratique fonctionnelle des objets, possession, etc. ;* *2. non plus comme simple fonction de prestige individuel ou de groupe ;* *3. mais comme système de communication et d’échange, comme code de signes continuellement émis et reçus et réinventés, comme langage* ». ## Footnote Jean Baudrillard, *La société de consommation*, 1970
230
La consommation différenciée des objets selon les classes sociales
_Exemple de la télévision dans les années 1960_ : « *il y a ceux pour qui la TV est un objet, il y a ceux pour qui elle est un exercice culturel* ». ## Footnote Baudrillard, *Pour une critique de l’économie politique du signe*, 1972
231
Variété des modes de consommation
I. « *la théorie qui fait de la consommation une fonction simple du revenu […] ne peut rendre raison des cas où le même revenu se trouve associé à des structures de consommation totalement différentes* ». II. A. Les classes populaires privilégient les produits bon marché et nourrissants : « *plats élastiques* » B. Les professions libérales des produits savoureux, bons pour la santé, légers et ne faisant pas grossir. C. Chez les bourgeois, tout est attente, les formes sont les rythmes. ## Footnote Pierre Bourdieu, *La Distinction. Critique sociale du jugement*, 1979
232
Sophie Dubuisson-Quellier, *La consommation engagée*, 2018
La consommation, au-delà du moyen d’expression identitaire qu’elle représente, permet aussi de faire valoir des positionnements politiques et éthiques.
233
L’éducation est un fait social
I. _Contre les conceptions humanistes et spiritualistes de son temps, l'auteur affirme que l’éducation est un fait social_ : « *chaque société […] a un système d’éducation qui s’impose aux individus avec une force généralement irrésistible* ». II. _L’éducation est relative_ : Au sein de chaque société, elle varie au cours de l'histoire et d’un groupe social à l’autre . III. _Proposition de définition_ : « *L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale* ». ## Footnote Durkheim, *Éducation et sociologie*, 1922
234
Loi générale sur l'instruction publique de 1802 | (Éducation)
Création des lycées de garçons.
235
 1833 | (Éducation)
_Loi Guizot (instruction primaire)_ : - ouverture obligatoire d’une école de garçons dans toute commune de 500 habitants ; - d’une école normale d’instituteur dans chaque département.
236
15 mars 1850 | (Éducation)
_Loi Falloux_ : - reconnaissance de la coexistence des écoles publiques et privées ; - obligation d'ouvrir une école de filles dans les communes de plus de 800 habitants.
237
1867 | (Éducation)
_Loi Duruy_ : - création d’une école de fille dans chaque commune de plus de 500 habitants ; - création des Caisses des écoles, étape vers la gratuité.
238
1879 | (Éducation)
_Loi Paul Bert_ : ouverture d’une école normale de filles dans chaque département.
239
1881 | (Éducation)
_Loi Jules Ferry_ : elle rend l’enseignement primaire obligatoire.
240
Laïcisation de l'école
_Loi Goblet de 1886_ laïcisation des maîtres des écoles primaires.
241
1959 | (Éducation - public)
_Réforme Berthoin_ : prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans.
242
1959 | (Éducation - modalités)
_Loi Debré sur l’enseignement privé_ : elle prévoit la contractualisation avec l’État.
243
| (Éducation)
Fixation de l’objectif de « *80 % de chaque classe d’âge au niveau du baccalauréat* ». ## Footnote Annonce par Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'éducation nationale, en 1985
244
2007 | (Éducation)
Loi *relative aux libertés et responsabilités des universités*.
245
2013 | (Éducation)
Création des *Écoles supérieures de professorat et d’éducation* (ESPE).
246
2019 | (Éducation)
Les ESPE deviennent les *Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation* (Inspé).
247
Explication des difficultés que connaît l'Éducation nationale en France aujourd'hui
_La France a connu trois révolutions scolaires_ : 1. **Les lois Ferry de 1881-1882** : scolarisation de toute la tranche d’âge des 6/12, ans pour affirmer le régime républicain mis en place au milieu des années 1870 ; 2. **L’effort de construction d’établissements dans les années 1960** pour scolariser la totalité de la tranche d’âge des 12-16 ans, soit en collège, soit dans un établissement technique en vue de l’obtention d’un CAP ; 3. **L’accession de la majorité des jeunes au baccalauréat** : en 1985, Jean-Pierre Chevènement formule le souhait de « *80 % d’une classe d’âge au baccalauréat* », ce qui se concrétisera environ vingt-cinq ans plus tard. → Massification (accroissement massif des effectifs d’élèves et d’étudiants) de l’enseignement primaire, secondaire puis supérieur. ## Footnote Jean-Louis Auduc, *Le système français éducatif aujourd’hui*, 2019
248
Évolution de l'obtention du baccalauréat dans la population française
I. A. 1851 : 0,6 % des membres d’une génération obtenaient le baccalauréat général. B. 1951, après la création du bac technologique : 5,3 % des membres d’une génération. C. 1970 : 20,1 %. La tendance s’accentue avec la naissance du baccalauréat professionnel en 1985. II. A. 2021 : 83,1 %. B. 2023 : 79,3 % ; taux de réussite de 90,9 %. ## Footnote Ministère de l'Éducation, *Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance*, 2023
249
Controverse sur les diplômes
_La vision optimiste de l’accroissement des diplômés (stratégie de Lisbonne de 2000) est régulièrement combattue par des thèses_ : - Qui mettent en avant la baisse du rendement des diplômes en tant que moyen d’insertion professionnelle (*Paradoxe d’Anderson*) ; - Qui s’inquiètent d’un excès de diplômés et d’une pénurie des formations de type professionnel.
250
Bourdieu et Passeron, *Les héritiers. Les étudiants et la culture*, 1964
I. Contestation de l’idée que l’école récompense le seul mérite des élèves. II. _Invoquer le « *don pour les études* », conduit_ : - À accepter un déterminisme biologique ; - À rejeter a priori toute explication sociologique ; → Or, la société est fondamentalement inégalitaire.
251
Démarche de Bourdieu et Passeron
I. _Selon l'auteur, Bourdieu et Passeron ont procédé en deux temps_ : 1. Mise en évidence « *de manière statistique, [de] l’existence d’inégalités devant l’école* », et des « *inégalités d’accès à l’enseignement supérieur* » ; 2. Explications : dans les années soixante en France, « *élimination scolaire* » dans laquelle « *l’héritage culturel* » joue un rôle important ; « *l’excellence scolaire (culture valorisée) est aussi la culture (au sens ethnologique) d’un groupe social, celle de la classe justement dite “cultivée”. L’école est censée transmettre une culture à ceux qui, par la famille, la possèdent déjà* ». ## Footnote Patrick Champagne, « “Les héritiers” de Bourdieu et Passeron : une analyse d’une grande actualité », 2018
252
Description de l'évolution récente de l'école en France
I. A. Contrairement aux discours préoccupés sur le niveau de l'école, celui-ci augmente. B. Parmi les enfants qui sont aujourd’hui au lycée, beaucoup auraient quitté l’école plus tôt il y a vingt ou quarante. Leur niveau de connaissance est donc objectivement plus élevé. II. _En même temps que le niveau monte, les inégalités se creusent_ : Les contenus d’enseignement sont très différents selon que l’on étudie la philosophie dans un grand lycée parisien ou dans une filière technologique de banlieue populaire. ## Footnote Baudelot et Establet, *Le niveau monte*, 1989
253
Baudelot et Establet, *L’élitisme républicain*, 2009
I. _Les auteurs confirment leur diagnostic établi vingt ans plus tôt_ : Sur le long terme, le niveau scolaire s’élève. II. _Mais dégradation des résultats de l’enquête PISA (*Programme for International Student Assessment* de l’OCDE)_ : Entre 2000 et 2006 (et les études plus récentes montrent que ce mouvement se poursuit) le score moyen des élèves français a baissé en compréhension de l’écrit comme des mathématiques. III. Les auteurs montrent que cette baisse moyenne est principalement imputable à la dégradation des résultats des élèves les plus faibles. Le caractère élitiste et individualiste du système éducatif français, centré sur la réussite des meilleurs, conduit paradoxalement à une baisse du résultat moyen des élèves.
254
Caille et Rosenwald, *France, portrait social*, 2006
_Les recherches depuis les années 1960 mettent en évidence un déterminisme social_ : - Les taux de redoublement ont beaucoup baissé, les cycles ont été mis en place et les programmes ont été réformés ; - Pourtant, 97,3 % des élèves issus d’un ménage dont la personne de référence est enseignante, accèdent normalement ou en avance en 6e ; - 94,4 % des enfants de cadre ; - Seulement 66,6 % des enfants d’ouvriers non qualifiés.
255
Ministère de l'Éducation, *Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance*, , 2019
I. _À la rentrée 2017_ : Doublement des classes de CP et CE1 en REP. → Amélioration en maths et en lecture selon le ministère, mais pénurie d’enseignants, alors que les REP+ sont moins attractives. II. _En 2018_ : Les enfants de cadres et professions intellectuelles réussissent encore 1,11 fois plus leur baccalauréat que les enfants d’ouvriers. III. _L’accès à l’enseignement supérieur reste, encore aujourd’hui, fortement inégalitaire_ : - En 2018-2019, 34 % des étudiants ont des parents cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure ; - 12 % ouvriers ; - 17 % employés.
256
Le genre à l'école
I. A. La surestimation des capacités masculines pousse les garçons à choisir plus fréquemment les filières mathématiques. B. _Incitent les filles à se détourner de la filière scientifique_ : - l’anticipation de l’avenir professionnel ; - l’entrée dans le jeu de la compétition scolaire. → L’ « *aversion des filles pour les maths* » est une construction sociale qui s’appuie sur l’intériorisation des stéréotypes masculins et féminins. II. A. Les filles réussissent mieux à l’école que les garçons. B. _Réussite globale des filles dans le système scolaire_ : « *les filles tirent parti de leur capacité à intérioriser les règles, à s’exprimer dans le cadre des conventions scolaires* ». ## Footnote Baudelot et Establet, *Allez les filles !*, 1992
257
Description de l'intégration d'une famille immigrée par l'école
I. A. Parcours d’une famille algérienne installée en France depuis 1977. B. _Rôles majeurs : - de la transmission des savoirs par l’école en milieu populaire ; - de l'importance du diplôme ; - du poids du genre. II. A. La famille Belhoumi compte huit enfants (cinq sœurs et trois frères). La fille aînée, Samira, qui arrive en France à sept ans ne parlant pas un mot de français, va très vite devenir une très bonne élève dès l’école primaire : « *elle garde aujourd’hui encore un souvenir ébloui de l’école d’alors* ». B. Les deux sœurs aînées, Samira et Leïla, suivent de très près la scolarité de leurs frères et sœurs en surveillant leur travail. C. Pourtant, les garçons vont avoir une scolarité chaotique : évocation de « *la liberté des garçons et un effet de quartier* »_ : - le groupe de copains passait avant ; - plus grande liberté de sortir aux garçons qu’aux filles par les parents ; - Enfin, « *si l’objectif affiché pour tous était bien le salut par l’école, il n’empêche que de petits signes étaient émis, faisant prendre conscience aux garçons qu’un destin de travailleur manuel ne leur était pas interdit* ». ## Footnote Stéphane Beaud, *La France des Belhoumi*, 2018)
258
La réussite paradoxale
I. Certains élèves, que les caractéristiques socioculturelles (origine sociale, lieu de résidence…) prédisposent à l’échec scolaire, connaissent des réussites brillantes. II. Elle semble résulter du comportement des familles, notamment des mères, ainsi que du rapport au savoir des élèves. III. Cf. Baudelot et Establet (1992), Stéphane Beaud (2018).
259
Adam Smith, *Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations*, 1776
La division du travail est centrale dans l’amélioration dans la puissance productive du travail.
260
Les conséquences physiques et morales de l'organisation du travail à l'ère du capitalisme
« *La subdivision du travail est l’assassinat d’un peuple* ». ## Footnote Karl Marx, *Le Capital. Critique de l'économie politique*, 1867
261
Émile Durkheim, *De la division du travail social*, 1893
Thèse consacrée à la division du travail, dont est issu cet ouvrage éponyme.
262
Frederick Winslow Taylor | (Trajectoire professionnelle)
Il commence sa carrière en 1878 comme ouvrier, puis devient chef d’équipe, et enfin ingénieur.
263
Frederick Winslow Taylor | (Expérience professionnelle)
I. _Contremaître, confronté à ce qu’il appelle la « *flânerie systématique* » de ses subordonnés_ : travailler lentement pour s’épargner d’accomplir une journée de travail « *normale* ». II. Cette flânerie résulte selon lui de l’inefficacité des méthodes de direction et d’organisation du travail.
264
Frederick Winslow Taylor | (Apports)
_Ses travaux seront à l'origine de_ : - La création d’un bureau d’organisation et méthodes pour y soumettre le processus de production, dont il enlève la compétence à l’atelier ; - L'organisation scientifique du travail (OST).
265
Le mode de défense développé par la classe ouvrière contre le chômage et contre l’usure trop précoce de sa force de travail
_La « *flânerie systématique* » est un mode de défense développé par la classe ouvrière contre_ : - De chômage (en prolongeant le temps d’occupation rémunéré) et contre l’usure trop précoce de sa force (tout accident ou maladie entraîne la perte complète du salaire) ; - Dès lors, « *briser l’ouvrier de métier, libérer le procès de travail du pouvoir qu’il y exerce pour y instaurer la loi et la norme patronales, telle sera la contribution historique du taylorisme* ». ## Footnote Benjamin Coriat, *L'Atelier et le chronomètre : essai sur le taylorisme, le fordisme et la production de masse*, 1979
266
Henry Ford | (Innovations)
I. _Il installe ses chaînes de montage en 1914 à Détroit_ : - Rationalisation du travail ; - Standardisation des produits. B. La durée de construction d’une Ford T passe de 12h30 à 1h30.
267
Le fordisme | (Organisation)
_Rationalisation du mode d’organisation du travail taylorien_ : - Création des chaînes de montage ; - Politique du *“five dollars a day”* (deux fois le salaire moyen) aux fins d’éviter le *turn over* et de trouver des débouchés supplémentaires, conditionné au travail depuis 6 mois, être âgés de 21 ans et mariés.
268
Elton Mayo | (Expérience)
I. Recherches dans les années 1920, à l’usine Hawtorne, qui a consisté à soumettre un groupe de six ouvrières à des conditions variables de travail. II. La productivité des ouvrières augmente presque tout le temps, et après cinq ans, elles produisent 30 % de plus qu’au début de l’étude.
269
Elton Mayo ## Footnote (Effet Hawtorne)
I. L’intérêt de la direction pour le comportement des travailleurs est à l’origine des améliorations de leur productivité. II. Dès qu’on se préoccupe des travailleurs, leur travail semble plus « *intéressant* ».
270
Elton Mayo | (Second constat)
**_Le salaire n’est pas l’incitant principal au rendement_** : Le groupe observé définit ce qu’est un rendement journalier « *honnête* » et ce dernier fait l’objet d’un contrôle social.
271
Donald Roy
_Le freinage ouvrier, soit le ralentissement volontaire du rythme de travail_ : - **Le *quota*** consiste à ne pas dépasser un certain rendement pour ne pas faire baisser le prix de la pièce produite ; - **« *Tirer au flanc* »** consiste à ralentir le rendement lorsque les objectifs semblent impossibles à atteindre (et se contenter du fixe minimal), notamment pour pouvoir négocier des hausses de prix à la pièce. → Les ouvriers ont un code social implicite et choisissent leur niveau de rendement. ## Footnote Articles publiés dans les années 1950 sur le freinage ouvrier
272
Alain Touraine, *L’évolution du travail ouvrier aux usines Renault*, 1955 | (Effets de l'automatisation)
_L'automatisation éloigne l'enfer de la chaîne et la parcellisation du travail_ : - point d’aboutissement et non une rupture ; - restitution possible à l'ouvrier de l’essentiel de ses prérogatives pour tout ce qui touche à l’organisation des rapports à son travail.
273
Alain Touraine, *L’évolution du travail ouvrier aux usines Renault*, 1955 | (Progrès technique et social)
I. _L'auteur met une condition centrale pour que le progrès technique puisse être aussi vécu comme un progrès social_ : L’ouverture des carrières ouvrières. II. L’essentiel ne se trouve pas au bureau des méthodes, mais dans les instances « *politiques* » de l’entreprise : comité d’entreprise, conseil d’administration.
274
Andrew Abbott, *The System of Professions. An Essay on the Division of Expert Labor*, 1988 | (Objet)
Étude de la concurrence que se livrent les professions qui cherchent à se développer en s’emparant de pratiques pour établir et défendre des « *juridictions* » ou zones de contrôles.
275
Andrew Abbott, *The System of Professions. An Essay on the Division of Expert Labor*, 1988 | (Délimitation des « juridictions »)
I. Les frontières des compétences professionnelles peuvent être remises en cause. II. Ainsi, en France, les masseurs-kinésithérapeutes ont longtemps bataillé pour que le terme de massage leur soit réservé : - ordonnance de 2008 distinguant entre les masseurs-kinésithérapeutes et les praticiens en massage bien être (ou modelage).
276
Le toyotisme
I. _Années 1950, Taiichi Ohno, ingénieur puis vice-président de la société Toyota, met en place un nouveau mode d’organisation du travail, le toyotisme, qui repose sur deux principes_ : 1. Le « *Kan-Ban* » ; 2. Le principe d’ « *autonomation* ». II. _Cette voie japonaise est souvent résumée par une formule célèbre énonçant les cinq résultats recherchés_ : « *zéro stock, zéro délai, zéro panne, zéro défaut, zéro papier* ».
277
Le « *Kan-Ban* »
I. Système de régulation du débit. II. A. Il est organisé de l’aval (moment du montage de l’automobile) vers l’amont (fabrication des pièces détachées). B. _Il a pour but de restreindre les stocks intermédiaires et les goulets d’étranglement_ : Chaque poste reçoit une boîte avec des cartes d’instructions (« *Kan-ban* ») annonçant combien de pièces il faut exactement produire pour les besoins de l’aval (méthode du « *juste à temps* »).
278
Le principe d’ « *autonomation* »
_Néologisme (« *autonomie* » et « *automation* »)_ : le fait de doter les machines d’un mécanisme d’auto-arrêt en cas de fonctionnement défectueux.
279
Évolution du travail
I. Idée que « *les nouvelles technologies nous font entrer dans une ère où la production pourra presque se passer de producteurs* ». II. Remise en cause la thèse d’Alfred Sauvy selon laquelle les emplois détruits par le progrès technique sont compensés par des créations d’emplois dans d’autres secteurs. ## Footnote Jeremy Rifkin, *La fin du travail*, 1996
280
L'automatisation
I. Plusieurs rapports ont été publiés par l’OCDE en 2019. II. A. L'automatisation devrait toucher un emploi sur deux dans les prochaines années. B. _Robotisation → polarisation des emplois_ : 1. haut niveau de qualification et productivité amplifiée par l’intelligence artificielle ; - peu de qualification mais non automatisables : tâches relationnelles (conseil), le soin, mise en cartons pour une entreprise de vente en ligne.
281
Pierre Grémion, Le Pouvoir périphérique, 1976
I. Une organisation peut être détournée de ses buts. II. A. Les échelons territoriaux de l’État : préfecture, Direction Départementale de l’Équipement doivent contrôler : - pour le compte de l'État, les réactions locales ; - pour le compte de la société locale, contrôler les intentions de l’échelon central, tout en gérant les pressions des notables locaux_ : B. Système « *politico-administratif* » : - solidarité entre fonctionnaires de l’État et notables locaux ; - qui se traduit par un assouplissement des procédures : par exemple, favoriser l’avancement d’un dossier.
282
Michel Crozier, *Le Phénomène bureaucratique*, 1963 | (Bureaucratie)
_L'auteur qualifie d’organisation bureaucratique, toute organisation paralysée dans son activité par un excès de procédures et de règlements_ : - plus un système est rigide et centralisé, plus le changement est difficile ; - il présente les traits d’un mouvement descendant, pensé en haut, appliqué en bas.
283
Michel Crozier, *Le Phénomène bureaucratique*, 1963 | (Le cercle vicieux bureaucratique)
I. Étude de la SEITA et de l’administration des chèques postaux. II. _Relations de pouvoir au sein des organisations dont le fonctionnement repose sur des règles impersonnelles → « *cercle vicieux bureaucratique* »_ : 1. les règles ne peuvent pas tout prévoir, zones d’incertitudes ; 3. Les membres de l’organisation cherchent à contrôler ces zones en vue d’accroître leur pouvoir, créant des frustrations, qui conduisent les acteurs à faire pression pour l’élaboration de nouvelles règles impersonnelles ; 4. Les nouvelles règles ainsi produites créent, dans leur confrontation avec les règles antérieures, de nouvelles sources d’incertitudes.
284
Définition de l'entreprise
« *toute unité légale, personne physique ou personne morale qui, jouissant d’une autonomie de décision, produit des biens et des services marchands* ». ## Footnote Insee
285
Les conflits, selon Durkheim
Les conséquences pathologiques d’un affaiblissement ou d’un excès des règles sociales.
286
Pierre Bourdieu, *La Distinction. Critique sociale du jugement*, 1979
I. Vision profondément conflictualiste des rapports sociaux. II. A. Importance de la « *lutte pour le classement* » dans la lutte des classes. B. Les classes n’ont pas d’existence en soi, ce sont des constructions théoriques au sein de l’espace social, en fonction du volume et de la structure des capitaux (« *classe sur le papier* »).
287
Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », 2001 | (Thèse)
_Depuis un quart de siècle, « *retour des classes sociales* », en raison de_ : 1. une condition objective : émergence durable de groupes inégalement situés dans la sphère productive et inégalement dotés : il faut six générations à un ouvrier pour rattraper le niveau de vie d’un cadre, contre une seule pendant les Trente glorieuses ; 2. Une condition subjective : une identité collective forte.
288
Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », 2001 | (Modèle)
Proposition d'une « *spirale historique des classes sociales* » : l’existence des classes sociales et les rapports conflictuels qui en découlent entretiennent des rapports dynamiques, avec un décalage plus ou moins grand.
289
La spirale historique des classes sociales de Chauvel (2001)
290
Norbert Élias, *La Civilisation des mœurs*, 1939
I. La conflictualité a baissé considérablement sur le long terme parce que le contrôle de soi est devenu plus essentiel. II. A. Conséquence d’un phénomène de très longue période propre à l’Occident qui commence à la Renaissance. B. _À partir du XVIe siècle, les hommes s’appliquent à refouler et contrôler ce qui a trait aux fonctions corporelles_ : Manières de table, hygiène, habillement, etc.
291
Norbert Élias, *La Société de cour*, 1969
Le « *processus de civilisation* » va de pair avec le monopole progressif de l’État sur la violence.
292
Élias et Dunning, *Sport et civilisation*, 1986
I. Dans la société qui émerge au XVIIe siècle (celle de Louis XV), le recours à la violence est banni, les hommes doivent faire la preuve de leur excellence dans la maîtrise de leurs émotions. II. Le développement du sport est lié au fait qu’il met à distance la violence et l’affrontement en les « *mettant en règle* », en développant une logique de compétition ordonnée et de réduction de cette violence, et une réduction des différences sociales. III. _Cependant, cette évolution n’est pas linéaire_ : Le « *hooliganisme* » rejoue les formes les plus anciennes de configuration sociale en investissant le sport d’autres enjeux (exacerbation de la virilité, groupes informels).
293
Mancur Olson, *La Logique de l’action collective*, 1965
I. Formulation du célèbre *paradoxe de l’action collective*, ou *Paradoxe d’Olson*, en se fondant sur la théorie de l’action rationnelle. II. A. Si un individu peut bénéficier des résultats d’une action collective (une augmentation de salaire à la suite d’une grève par exemple) sans supporter les coûts de cette action, il va adopter rationnellement un comportement de passager clandestin (*“free rider”*). B. Mais comme tous les individus vont adopter le même raisonnement, l’action collective n’aura pas lieu. 📚 Ce type d’analyse peut expliquer le faible taux de syndicalisation en France.
294
Utilité de l'engagement social
I. « *le bénéfice individuel de l’action collective n’est pas la différence entre le résultat espéré et l’effort fourni, mais la somme de ces deux grandeurs* ». II. _L’acte de militer apporte lui-même des satisfactions aux militants_ : - Plaisir et effervescence de l’action collective ; - Gratifications symboliques aux yeux des autres. ## Footnote Albert Hirschman, *Défection et prise de parole*, 1995
295
Origine de la « *théorie de la frustration relative* »
_La « *théorie de la frustration relative* » a des origines anciennes_ : « *Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans se plaindre, et comme s’il ne les sentait pas, les lois les plus accablantes, les rejette violemment dès que le poids s’en allège.* *Le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait immédiatement précédé, et l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer.* *Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue.* *Le mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire.* *Tout ce qu’on ôte alors des abus semble mieux découvrir ce qui en reste et en rend le sentiment plus cuisant : le mal est devenu moindre, il est vrai, mais la sensibilité est plus vive.* » ## Footnote Alexis de Tocqueville, *L’Ancien Régime et la Révolution*, 1856
296
Modélisation de la théorie de la « *frustration relative* »
I. _Étude comparée de diverses révolutions_ : C’est lorsque la situation économique s’améliore et lorsque le pouvoir politique réduit son emprise autoritaire et tente des réformes que les révolutions éclatent (« *courbe en J* »). II. _Ce n’est donc pas la situation objective des individus qui est décisive pour déterminer leur orientation politique, mais leur situation relative_ : 1. La frustration des membres d’un groupe soumis à des privations est plus faible lorsqu’il y a peu d’espoir d’amélioration ; 2. En cas d’amélioration, en revanche, cette frustration augmente davantage en proportion (augmentation de la frustration relative). ## Footnote James Davies, *Toward a theory of revolution*, 1962
297
Les manifestations de la crise du syndicalisme
_Trois niveaux_ : 1. _La tendance générale au déclin des militants et adhérents parmi les salariés, avec des taux de syndicalisation très faibles_ ; 2. L’augmentation de l’abstention aux élections professionnelles et l'impact croissant des listes sans étiquette ; 3. La décrue accélérée du nombre de jours de grève. ## Footnote Études de la Dares sur le nombre de jours de grève en France
298
La loi des trois états
_Le progrès humain évolue selon la loi des trois états_ : 1. **L’état théologique** : phase durant laquelle l’esprit humain « *se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels* » ; 2. **L’état métaphysique** : phase durant laquelle « *les agents surnaturels de la société théologiques sont remplacés par les forces abstraites* » ; 3. **L’état positif** : phase dans laquelle l’esprit humain est arrivé à maturité, « *reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues* ». ## Footnote Auguste Comte, *Cours de philosophie politique*, 1830-1842
299
Max Weber, *L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme*, 1905 | (Thèse principale)
_Les valeurs ont une importance primordiale dans le changement social_ : Une interprétation particulière de la doctrine calviniste de la prédestination donne naissance à une attitude à l’égard de l’activité économique conforme à l’esprit du capitalisme moderne.
300
Max Weber, *L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme*, 1905 | (Explication du changement social)
I. A. En faisant abstraction des rapports de force et des inégalités, la démarche est complémentaire de celle de Marx. B. _L'auteur récuse l’idée d’une détermination causale unilatérale du changement_ : Ni les forces économiques, ni les forces religieuses sont à elles seules des causes efficientes du changement.
301
Max Weber, *L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme*, 1905 | (Critique du marxisme)
L'auteur souligne l’importance heuristique des concepts marxistes, mais également leur danger si on les présente comme ayant une validité empirique, voire si on les présente comme des forces agissantes réelles.
302
Absence de définition du changement social
« *Il n’existe pas de théorie générale du changement social et il est impossible d’en concevoir une puisqu’elle serait une théorie générale de l’histoire.* » ## Footnote Mendras et Forsé, *Le changement social. Tendances et paradigmes*, 1997
303
Robert Castel, *La montée des incertitudes*, 2009 | (Constat historique)
_Au XVIIIe siècle, avec John Locke notamment, l’affirmation de la souveraineté des individus repose sur le concept de propriété de soi (*“self-ownership”*)_ : - **habeas corpus** ; - **propriété privée**.
304
L'*habeas corpus* | (*in* Robert Castel, *La montée des incertitudes*, 2009)
I. Affirmation au XVIIIe siècle, avec John Locke notamment. II. _Propriété de soi_ : la puissance publique ne peut imposer la « *contrainte par corps* » que dans des formes juridiques définies et limitatives.
305
La défense de la propriété de soi | (*in* Robert Castel, *La montée des incertitudes*, 2009)
I. Affirmation au XVIIIe siècle, avec John Locke notamment. II. Par exemple, le droit de perquisition de la police est strictement encadré et la « *violation de domicile* » est un délit. → Le corollaire d’une telle approche est que celles et ceux qui ne disposent pas de propriété privée voient leur droit à la propriété de soi sérieusement menacé. III. A. Les vagabonds, les pauvres plus généralement ont été considérés comme une « *classe dangereuse* ». B. Il en va de même pour le principe du suffrage censitaire et la position de Guizot à ce sujet.
306
Robert Castel, *La montée des incertitudes*, 2009 | (Thèse)
I. La propriété sociale devient progressivement un fondement à l’extension de la solidarité. II. Par propriété sociale, il faut entendre à la fois la propriété publique, mais aussi les formes diverses de redistribution. → L’État doit assurer à la fois la sécurité civile et la sécurité sociale.
307
François Dubet, *Le travail des sociétés*, 2009 | (Constat)
I. _Constat d’un déclin de l’idée de société_ : - essoufflement d’un certain mode de représentation de la vie sociale construit entre la seconde moitié du XIXe siècle et les années 1950 ; - « *la société ne peut plus être représentée comme un ensemble naturel intégré autour d’une culture, d’un mode de production, de fonctions* ». II. _Il identifie deux processus_ : 1. Un processus de désocialisation ; 2. Un processus de désinstitutionalisation.
308
François Dubet, *Le travail des sociétés*, 2009 | (Le processus de désocialisation)
_Processus de désocialisation_ : - émiettement des classes sociales ; - désenclavement des expériences de vie ; → tendance à dissocier les pratiques culturelles de la position de classes.
309
François Dubet, *Le travail des sociétés*, 2009
I. _Processus de désinstitutionalisation_ : Les grandes institutions n’ont plus vocation à transmettre les valeurs et les normes intériorisées par les individus. II. _Par exemple_ : - L’école qui s’est historiquement construite sur le mode d’un « *sanctuaire républicain* » est aujourd’hui conduite à s’ouvrir sur le monde social ; - La famille n’est plus une institution car l’amour et l’intersubjectivité priment sur la transmission des règles ; - L’Église appelle moins au dogme qu’à la formation autonome du sujet à travers sa foi.
310
Jean-François Lyotard, *La Condition postmoderne : rapport sur le savoir*, 1979 | (Caractère fondateur)
_Début du débat sur la postmodernité : sociétés contemporaines_ : - « *postindustrielles* » économie ; - « *postmodernes* » : culture.
311
Jean-François Lyotard, *La Condition postmoderne : rapport sur le savoir*, 1979 | (Thèse)
_Scepticisme croissant à l’égard des « *grands récits* » caractéristiques de la modernité_ : - récit de l’émancipation par la raison et la connaissance ; - récit de l’égalisation des conditions par le droit ; - récit de l’émancipation de l’exploitation par la socialisation des forces productives ; - récit de la marche vers la société d’abondance par la croissance économique, etc.
312
Jean-François Lyotard, *La Condition postmoderne : rapport sur le savoir*, 1979 | (Conclusion)
I. Le point commun des « *métarécits* » en voie d'effacement est la référence à la raison. II. _C’est le rationalisme universaliste des Lumières qui est contesté_ : 1. Les grilles de lecture du monde social issues de la modernité sont devenues inadéquates : - la grille de lecture marxiste de la lutte des classes ne correspond plus aux nouveaux mouvements sociaux : le postmodernisme a mis l’accent sur le droit à la différence, plutôt que sur la mise en avant de l’égalité ; 2. Les sociétés « *modernes* » sont marquées par de nombreux événements historiques contradictoires avec le projet de la modernité, alors qu'elles en sont les produits : - colonialisme, racisme, génocides, voire maintien de la pauvreté ; - le développement scientifique et technique qui découle de la rationalité instrumentale, est source de risques majeurs pour l’humanité : dégradation de l’environnement, catastrophes industrielles.
313
Jürgen Habermas, « La modernité, un projet inachevé », 1981
I. Contre-pied des thèses post-modernistes : la modernité n’est pas en crise. II. A. Limites de la rationalité instrumentale, mais portée émancipatrice de l’agir communicationnel\*. B. _Deux dimensions de la modernité_ : 1. la raison instrumentale fait prévaloir le marché, les bureaucraties, les contraintes techniques, etc. ; 2. l’agir communicationnel permet de faire prévaloir les valeurs démocratiques et émancipatrices de la modernité. III. Il n’y a pas lieu de choisir entre apologie et rejet de la modernité, mais d’en faire un bilan critique: méfaits et valeurs essentielles. ## Footnote * Agir communicationnel : type d'interaction sociale par laquelle les individus cherchent à parvenir à un accord mutuel par le biais du dialogue, plutôt que de recourir à la force ou à la manipulation
314
Hartmut Rosa*, *Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive*, 2012 *Sociologue allemand | (Thèse)
I. « *l’accélération sociale est définie par une augmentation de la vitesse de déclin de la fiabilité des expériences et des attentes et par la compression des durées définies comme le “présent”* ». II. _Tout va plus vite et tout doit aller plus vite_ : → effets majeurs sur les relations sociales, notamment familiales et de travail : recompositions familiales, exigences de la flexibilité de l’emploi.
315
Hartmut Rosa*, *Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive*, 2012 *Sociologue allemand
I. A. Les technologies sont à l’origine de l'accélération sociale. B. _Sentiment du manque de temps dans la société_ : - alors que la technique devrait libérer l’être humain des contraintes qui pèsent sur ses possibilités de produire ; - elle intensifie les rythmes de vie. II. L’automobile a permis de raccourcir le temps pour parcourir les distances, mais les distances parcourues ont été allongées. III. A. Les frontières entre vie professionnelle et vie privée ont été gommées par les communications électroniques, la communication n'étant plus interruptible. B. _On assiste à « *l’augmentation du nombre d’épisodes d’action ou d’expérience par unité de temps* »_ : plutôt qu’accroître le temps libre, la technologie le réduit en accélérant le changement social et le rythme de vie.
316
Hartmut Rosa*, *Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive*, 2012 *Sociologue allemand | (Conclusion sur l'accélération sociale)
I. « *Dans la modernité tardive, l’accélération sociale s’est transformée en un système autopropulsé qui n’a même plus besoin de la moindre force motrice externe*. » II. _Il s’agit là d’une « *nouvelle forme de totalitarisme* »_ : « *dans la société moderne tardive, le pouvoir totalitaire consiste […] en un principe abstrait qui assujettit néanmoins tous ceux qui vivent sous sa domination* ».
317
Robert Dahl, *The Concept of Power*, 1957
_Le pouvoir est une relation interindividuelle asymétrique (ressources ou capacités inégales des individus)_ : « *Le pouvoir d’une personne A sur une personne B, c’est la capacité de A d’obtenir que B fasse quelque chose qu’elle n’aurait pas fait sans l’intervention de A* ».
318
La domination
I. « *Toutes les dominations cherchent à éveiller et à entretenir la croyance en leur légitimité* ». II. Donc, « *tout rapport de domination comporte un minimum de volonté d’obéir, par conséquent un intérêt […] à obéir* ». III. La domination « *signifie la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé* ». ## Footnote Max Weber, *Économie et société*, 1921
319
Raymond Carré de Malberg, *Contribution à la théorie générale de l’État*, 1920 | (L’État de police)
L'« *l’État de police est celui dans lequel l’autorité administrative peut, d’une façon discrétionnaire et avec une liberté de décision plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l’initiative, en vue de faire face aux circonstances et d’atteindre à chaque moment les fins qu’elle se propose* ».
320
Raymond Carré de Malberg, *Contribution à la théorie générale de l’État*, 1920 | (L’État de droit)
L’État de droit est « *un État qui, dans ses rapports avec ses sujets et pour la garantie de leur statut individuel, se soumet lui-même à un régime de droit, et cela en tant qu’il enchaîne son action sur eux par des règles, dont les unes déterminent les droits réservés aux citoyens, dont les autres fixent par avance les voies et moyens qui pourront être employés en vue de réaliser les buts étatiques* ».
321
Bruno Oppetit, *Droit et modernité*, 1998
_L’État de droit suppose que les ressortissants disposent_ : - d’un « *droit au droit* », afin d’éviter l’arbitraire dans les décisions publiques ; - et d’un « *droit au juge* » afin que chacun puisse contester les décisions de la puissance publiquedevant un juge indépendant.
322
Duverger, *Manuel de droit constitutionnel et de sciences politiques*, 1948
_Un régime politique est « *la forme que prend dans un groupe social donné la distinction des gouvernants et des gouvernés* »_ : Une « *certaine combinaison d’un système de partis, d’un mode de scrutin, d’un ou plusieurs types de décisions, d’une ou plusieurs structures de groupes de pression* ». 
323
Hannah Arendt, *Les Origines du totalitarisme*, 1951
I. Le développement du totalitarisme est le résultat de la disparition des classes et de l’avènement d’une société de masse (masses déracinées). II. _Le totalitarisme repose sur une idéologie qui a pour vocation d’expliquer l’histoire des sociétés humaines_ : - Selon les nazis, par la lutte des races ; - Selon les régimes communistes, par la lutte des classes.
324
Définitions concurrentes de la souveraineté
1° Théorie de la souveraineté populaire : Rousseau, *Du Contrat social*, 1762 ; *vs* 2° théorie de la souveraineté nationale, formulée lors de la Révolution française : Siéyès, *Qu'est-ce que le Tiers État ?*, 1789. .
325
Alexis de Tocqueville, *L’Ancien Régime et la Révolution*, 1856
I. La décentralisation trouve son origine historique sous l’Ancien Régime. II. _Cette centralisation du pouvoir posa les conditions d’un possible renversement du pouvoir_ : « *J’ai fait voir de quelle manière le gouvernement du roi, ayant aboli les libertés provinciales et s’étant substitué, dans les trois quarts de la France, à tous les pouvoirs locaux, avait attiré à lui toutes les affaires, les plus petites aussi bien que les plus grandes ; j’ai montré, d’autre part, comment, par une conséquence nécessaire, Paris s’était rendu le maître du pays dont il n’avait été jusque-là que la capitale, ou plutôt était devenu alors lui-même le pays tout entier. Ces deux faits, qui étaient particuliers à la France, suffiraient seuls au besoin pour expliquer pourquoi une émeute a pu détruire de fond en comble une monarchie qui avait supporté pendant tant de siècles de si violents chocs, et qui, la veille de sa chute, paraissait encore inébranlable à ceux mêmes qui allaient la renverser* ».
326
Les deux conceptions de la Nation
1. _Une conception essentialiste_ : - Idée que l’appartenance à une Nation résulte du partage d’un certain nombre d’éléments « *objectifs* » (géographie, langue, religion, « *race* ») ; Fichte, *Discours à la nation allemande*, 1807 ; 2. _Une conception élective_ : - Elle renvoit à l’idée d’une citoyenneté qui dépasse les enracinements ; Ernest Renan, *Qu'est-ce qu'une nation ?*, 1882
327
Chronologie de la formation des États et des nations
Des nations peuvent préexister à des États : cas de l’Allemagne ; ou inversement : cas de la France.
328
Léon Duguit, *Traité de droit constitutionnel*, 1911
L'auteur définit le service public comme « *toute activité dont l’accomplissement doit être assuré, réglé et contrôlé par les gouvernants parce que l’accomplissement de cette activité est indispensable à la réalisation et au développement de l’interdépendance sociale, et qu’elle est de telle nature qu’elle ne peut être réalisée complètement que par l’intervention de la force gouvernante* ».
329
Anne Muxel, *L’expérience politique des jeunes*, 2001
I. Si les jeunes sont relativement méfiants et distants vis-à-vis des institutions et des hommes politiques, cela ne se traduit pas, à proprement parler, par une dépolitisation. II. _Au contraire, ils sont très présents dans les mouvements sociaux_ : « *les jeunes témoignent d’une relative disposition à la manifestation* ».
330
Anne Muxel, *Avoir 20 ans en politique. Les enfants du désenchantement*, 2010
I. _Comportements politiques en fonction de l’âge_ : dans une démocratie de plus en plus individualisée, les allégeances politiques et les identifications partisanes se sont relâchées pour toutes les générations. II. _Le vote reste le moyen le plus efficace pour influencer les décisions politiques_ : - pour 59 % des Français ; - pour 70 % des plus de 65 ans ; - pour 53 % des 18-24 ans.
331
Daniel Gaxie, *Explications du vote*, 1989
_Les militants peuvent trouver une satisfaction dans l’exercice même de leur activité_ : - Poste de responsabilités dans les partis ; - Accroissement du capital social et culturel ; - Meilleure intégration sociale.
332
Georges Burdeau, *La Démocratie*, 1956
📚 La déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) du 26 août 1789 reconnaît « *les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme* ». I. La DDHC ne crée pas de droit mais ne fait que les exposer (idée du citoyen abstrait, anhistorique et non situé). II. « *La liberté du citoyen est un attribut de sa personne ; inconditionnelle et métaphysique, elle s'attache à lui partout où il se trouve* ». III. « *Le citoyen est une sorte de saint laïc auquel on accorde la qualité de membre du souverain, précisément parce que son désintéressement est un gage de l'usage prudent qu'il fera de sa souveraineté* » (cf. Rousseau). IV. Le peuple ne peut être confondu avec une collection d’individus, sa volonté n’est pas le produit d’une agrégation d’intérêts particuliers.
333
Art. 3 DDHC
« *Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.* »
334
Art. 3 C
« *La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.* »
335
Suppression par les révolutionnaires de tous les corps intermédiaires entre les individus et l’État
1. Interdiction de toutes formes d’associations de travailleurs : corporations, syndicats... (Loi Le Chapelier du 14 juin 1791) ; 2. Absence de réelle décentralisation ; 3. Non-constitution de corps de fonctionnaires, à l’exception des corps techniques ; 4. Séparation stricte entre la fonction judiciaire et la fonction politico-administrative : « *Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler, de quelque manière que ce soit, les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leurs fonctions* » (loi des 16 et 24 août 1790).
336
Yves Déloye, « La Nation entre identité et altérité », 1994 | (Avènement de la Troisième république)
_Le projet politique de la IIIe République s’est conduit dans un affrontement idéologique entre_ : - une conception fermée de la Nation, celle de l’Église catholique ; - une conception ouverte de la Nation, celle des républicains.
337
Yves Déloye, « La Nation entre identité et altérité », 1994 | (Conception fermée de la nation)
I. Dans le cadre de la conception fermée de l’identité nationale, celle-ci est présentée « *dans sa longue durée en privilégiant la permanence et le caractère exclusif de cette identité. Elle est ce qui se reproduit à l’identique dans le terme et assure une séparation avec l’étranger* ». II. La France est la « *fille aînée de l’Église catholique* ». III. « *Les nations reposent sur des données ethnoculturelles, des faits naturels et nécessaires (conception organique ou objective de la Nation)* ».
338
Yves Déloye, « La Nation entre identité et altérité », 1994 | (Conception républicaine de la nation)
I. Du côté des républicains, « *l’identité nationale peut être acquise et non pas seulement prescrite* ». II. On pose l’identité nationale comme le « *résultat d’un travail historiquement et culturellement daté d’homogénéisation culturelle qui vise à rendre identique les individus* ». III. La Nation est un construit social, une « *conception contractualiste de la société* » dans laquelle « *l’école joue un rôle essentiel permettant à l’individu de prendre conscience de la Nation* ». Elle repose sur une « *reconnaissance mutuelle par l’ensemble des citoyens d’une appartenance à une communauté de valeurs* ».
339
Ernest Renan, *Qu'est-ce qu'une Nation ?*, 1882
« *Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Chacun croît et pratique à sa guise, ce qu’il peut, comme il veut. Il n’y a plus de religion d’État […]. Une Nation est un principe spirituel* ».
340
Reconnaissance légale des syndicats
Loi Waldeck-Rousseau de 1884
341
La citoyenneté de l’Union
Selon l’**art. 9 TUE**, « *Est citoyen de l'Union toute personne ayant la nationalité d'un État membre. La citoyenneté de l'Union s'ajoute à la citoyenneté nationale et ne la remplace pas.* »
342
Évolution de l'abstention en France
I. En 1958, l’abstention était de 22,8 % aux élections législatives et de 15,2 % au premier tour de l’élection présidentielle de 1965. II. A. En 2022, elle était respectivement de 52,5 % et de 26,3 %. B. Mais en 2024, elle était de 33,3 % au premier tour et de 33,4 % au second. III. Concernant les élections municipales, elle était de 25,2 % en 1959 contre 58,4 % en 2020, dans le contexte très particulier de la crise sanitaire (37 % en 2014). IV. Pour les élections européennes, 39,3 % en 1979, de presque 50 % en 2019, et de 48,5 % en 2024.
343
Alain Lancelot, *L'abstentionnisme électoral en France*, 1968
_Étude devenue classique_ : - La participation électorale est positivement corrélée avec l'intégration sociale des individus ; - Par exemple, taux de participation plus élevé dans les petites villes et les cantons ruraux qu'en zone urbaine.
344
Pierre Bréchon, *La signification de l'abstention électorale*, 2010
I. La montée de l’abstention n’est pas synonyme de dépolitisation. II. _Au contraire, on assisterait à une montée de l’intérêt pour la politique_ : - en 1962, seulement 32 % des Français déclaraient s'intéresser beaucoup ou assez à la politique ; - ils étaient 62 % en 2007. 📚 Depuis 2017, cet intérêt concerne 50 à 57 % d’entre eux.
345
Alessandro Pizzorno, *Considérations sur les théories des mouvements sociaux*, 1990
« *Paradoxe de l’électeur* » I. _Il n'est pas rationnel pour l'électeur de de rendre aux urnes (avantage quasi nul/coûts importants)_ : En effet, chacun d’eux peut se dire que son vote n’influencera pas le résultat de l’élection. II. _En revanche, le vote présente des coûts_ : - s’informer, aller au bureau de vote, renoncer à une sortie ou une activité, etc. ; - le calcul coût-avantage devrait donc conduire chaque électeur à ne pas aller voter et donc, par effet d’agrégation, à un taux de participation nul.
346
Distinction au sein des abstentionnistes
1. Les abstentionnistes « *hors du jeu* » ; 2. Les abstentionnistes « *dans le jeu* ». ## Footnote Anne Muxel, « L'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique ? », 2007
347
Les abstentionnistes « *hors du jeu* »
Ils déclarent un intérêt faible ou nul pour la politique, souvent peu diplômés, appartiennent à des catégories sociales défavorisées, vivent dans un environnement urbain dégradé, etc. → Existence d'un « *cens caché* » (Daniel Gaxie, *Le Cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique*, 1978) : si le vote censitaire n’existe plus, tout se passe comme si certains individus, du fait de leur faible niveau de capital culturel, avaient un sentiment d’incompétence politique qui les conduit à l’abstentionnisme. ## Footnote Anne Muxel, « L'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique ? », 2007
348
Les abstentionnistes « *dans le jeu* »
I. Catégories socioprofessionnelles proches de celles des votants, mais mécontents de l’offre politique, expriment une méfiance à l’égard du personnel politique et des partis. II. Ils sont impliqués dans la vie associative et sont plus souvent disposés que la moyenne à participer à des activités politiques non conventionnelles. → « *abstentionnisme anti-politicien* ». ## Footnote Anne Muxel, « L'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique ? », 2007
349
Mayer et Perrineau, *Les comportements politiques*, 1997
« *le modèle sociologique et celui du choix rationnel* (N.B. : avec vote sur enjeu) *ne s’opposent […] pas, ils sont complémentaires, ils décrivent chacun un aspect de la réalité électorale* ».
350
Favre et Fillieule, *Stratégies de la rue*, 1997
_La distinction entre action conventionnelle et action non conventionnelle est remise en cause_ : Il y a plutôt « *continuum de la participation politique* ».
351
Mayer et Perrineau, *Les Comportements politiques*, 1997
I. _La « *participation non conventionnelle* » (ou participation protestataire) concerne la participation à_ : - des manifestations ; - des grèves ; - des pétitions ; - des activités d’occupation de locaux ; - voire des activités illégales (faucheurs d’OGM) ou violentes. II. « *ce sont des actions collectives, qui mobilisent des groupes de citoyens plus ou moins nombreux, au nom de la défense d’intérêts communs. Ce sont des actions directes qui mettent face-à-face les citoyens et les détenteurs du pouvoir, sans passer par la médiation des élites, les canaux habituels de la démocratie représentative […]. Interrompant pour un temps le cours normal des choses, elles peuvent éventuellement mais non nécessairement déboucher sur des actions illégales (manifestation ou grève interdite, désobéissance civile) voire violentes* ».
352
Naissance des sondages aux États-Unis
I. Un jeune chercheur américain, George Gallup, démontre avec succès en 1936 qu'il est possible en interrogeant 1500 personnes de prévoir la réélection de Roosevelt. II. Le *Literary Digest*, prestigieux magazine américain avait quant à lui procédé à une enquête postale de deux millions d'électeurs sélectionnés à partir de l'annuaire téléphonique, pour prédire l'élection du candidat républicain.
353
Naissance des sondages en France
I. _En France, Jean Stœtzel, impressionné par les résultats de George Gallup, crée l'Institut Français d'Opion publique (IFOP) en 1938_ : Le premier sondage que ce dernier réalise porte sur les accords de Munich, approuvés par 57 % des personnes interrogées. II. La pratique du sondage sera interdite par la censure. III. L’IFOP sera reconstitué à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
354
Les instituts de sondages en France
Aujourd'hui, huit grands instituts de sondage en France : BVA, IFOP, Opinion Way...
355
Frédéric Bon, *Les élections en France*, 1978
I. L'exigence de formulation objective des questions posées aux sondés n'est pas évidente. II. _Par exemple, les résultats diffèrent sensiblement selon qu’on demande_ : - si les États-Unis doivent autoriser les discours publics contre la démocratie : 21 % sont pour ; - s’ils doivent interdire ces mêmes discours : 39 % déclarent que ces discours ne doivent pas être interdits.
356
Patrick Champagne, *Faire l'opinion. Le nouveau jeu politique*, 1990
_L'opinion publique des instituts de sondage existe parce que ces derniers ont réussi_ : - À faire croire en la valeur « *scientifique* » de leurs enquêtes ; - À transformer un simple artefact en réalité sociale.
357
Alain Lancelot, « Sondages et démocratie », *Opinion publique*, 1984
_Les sondages apportent à la démocratie_ : 1. **La sélection des gouvernants** : - En l’absence d’élection primaires, les sondages participent à la sélection des candidats ; - Au moment du vote, les sondages permettent aux électeurs de pratiquer le « *vote utile* » et donc d’adopter un comportement stratégique ; 2. **Le contrôle des gouvernants** : ils tiennent compte de l’état de l’opinion ; 3. **Le respect des droits de l’opposition** : même si le système institutionnel favorise une surreprésentation du courant majoritaire, l’opposition peut faire entendre au travers des sondages son influence dans l’électorat ; 4. **Le concours du sondage à la culture de la liberté** : le pluralisme et la diffusion de l’information sont favorables à la démocratie.
358
Raymond Boudon, *Tocqueville aujourd’hui*, 2005
I. A. L'auteur emprunte à Alexis de Tocqueville l’exemple de la société française au moment de la Révolution. B. On pouvait alors penser que la France avait rompu avec le catholicisme. II. _En fait, l’influence religieuse restera très forte par la suite → « *Effet Tocqueville* »_ : Les individus, même lorsque leur opion est différente, se rallient à l'opinion dominante.
359
Walter Lippmann, *Public opinion*, 1922
I. Le concept “*d’agenda-setting*” formulé par ce journaliste évoque la capacité des médias à construire la réalité. II. Il existe une nouvelle forme de propagande en démocratie qu’il dénomme « *la fabrique du consentement* ».
360
Daniel Gaxie, *Le cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique*, 1978
Mise en évidence de ce concept, caractérisé par le sentiment d’incompétence politique des catégories dominées socialement et culturellement.
361
La spirale du silence
I. _Conception erronée de l’opinion publique_ : Ceux qui ont une opinion différente préfèrent se taire pour éviter l'isolement social, phénomène provoqué par les sondages d'opinion et les médias. II. _Ces médias limitent la diversité des opinions en raison_ : - d’un effet de suivisme : les individus se rallient à l’opinion dominante ; - d’un effet de retrait : ceux qui ont des opinions dissidentes se retirent du débat public. ## Footnote Élisabeth Noelle-Neumann, *La spirale du silence*, 1974
362
Jürgen Habermas, *L'espace public*, 1962
I. L'opinion publique étant inhérente à la démocratie, les sondages constituent une contribution positive à la vie démocratique. II. Ils favorisent le cadre d'une délibération collective.
363
La notion de démographie
I. Le terme apparaît en 1855. II. Après la deuxième guerre mondiale, la discipline s’autonomise et est créé l’*Institut National d'Etudes démographiques* (INED), sous l’impulsion d’Alfred Sauvy.
364
Évolution de la population française depuis un siècle
En France, la population comptait 68,6 M d’habitants au 1er janvier 2025, contre 38,4 M de Français en 1900. ## Footnote Insee, *Chiffres-clés*, janvier 2025
365
Patrick Champagne, « Jeunes agriculteurs et vieux paysans. Crise de la succession et apparition du “troisième âge” », 1979
« *La définition sociale des classes d'âge est l'objet de manipulations et elle engage toujours, à un degré ou à un autre, les rapports de force entre générations* ».
366
La pyramide des âges
_Histogramme représentant la distribution par âge et par sexe de la population_ : - en abscisse, on reporte les effectifs, et en ordonnée les âges ; - l’usage est de distinguer les hommes à gauche et les femmes à droite.
367
Alain Blum, « Les limites de la statistique », Le Monde, 2006
_Position résolument hostile du directeur de recherche de l'INED à l'égard de l’enregistrement de données ethniques_ : - le concept d’identité ethnique n’est pas pertinent et renvoie à des réalités trop complexes pour que la statistique puisse en rendre compte (un « *rebeu* » de banlieue n’est pas un arabe d’Arabie saoudite) ; - de plus, « *La catégorie ethnique, lorsqu'elle est introduite, devient prédominante, et fait oublier la dimension sociale des phénomènes observés, rendant tout phénomène explicatif impossible [...] la catégorie ethnique “colle à la peau”, puisqu'elle ne peut bouger au cours de la vie. Il n'y a plus de mobilité possible* ».
368
⚖️ CC, n° 2007-557 DC, *Loi relative à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile*
« *si les traitements nécessaires à la conduite d'études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l'intégration peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient, sans méconnaître le principe énoncé par l'article 1er de la Constitution, reposer sur l'origine ethnique ou la race* »
369
Art. 1er C
« *La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.* »
370
« *Baby-boom* »
Avant la guerre et dans les années qui la suivent, un peu plus de 50 000 naissances annuelles en France. En 1950, 850 000 naissances sont recensées.
371
Indicateurs actuels d'évolution de la population française
I. En 2024, l’indicateur conjoncturel de fécondité recule à 1,62 enfant par femme. II. _En 2024_ : - 663 000 bébés sont nés ; - le taux de mortalité infantile en France est passé à 4,1 ‰ en 2024 (mais 3,7 ‰ en 2021), contre 52 ‰ en 1950 ; - 646 000 personnes sont décédées, soit +1,1 % par rapport à 2023 ; - soit un solde naturel de 17 000. III. _En 2024, espérance de vie à la naissance_ : - hommes : 80,0 ans (pour la première fois en 2023) ; - femmes : 85,6 ans. ## Footnote Insee, *Bilan démographique 2024*, 2025
372
Immigration actuelle en France
I. En 2017, la France se classe au 21e rang des pays de l'Union européenne accueillant le plus de population immigrée sur son territoire par rapport à sa population totale (Eurostat). II. _Les immigrés représentaient en France_ : - En 1831, 6,6 % de la population ; - En 2022, 10,3 %.
373
Franck Wallace Notestein, « Population – The long view », 1945
I La « *transition démographique* » est le paradigme dominant de la démographie depuis de ce démographe américain. II. _Il s’agit du passage_ : - D'un régime démographique traditionnel : natalité élevée, mortalité élevée, faible accroissement naturel ; - À un régime démographique post-transitionnel : faible natalité, faible mortalité, faible accroissement naturel.
374
La diversité des évolutions démographiques
10 000 av. J.-C. : population 10 M hab. Début de l'ère chrétienne jusqu'à la fin du premier millénaire : 250 M. 1500 : 500 M. 1800 : 950 M. 1900 : 1,7 Md. 1980 : 4,4 Md. 📚 Novembre 2022 : 8,0 Md. ## Footnote INED, Biraben, *L'évolution du nombre des hommes*, 2023
375
Sommet de la Terre à Rio en 1992
Le développement durable* y est officialisé : « *Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leur propres besoins* ». * Il trouve son origine dans le rapport Brundtland de 1987.
376
L'empreinte écologique
I. Pour l’ONU, il s'agit de la mesure en hectare de la surface biologiquement productive pour satisfaire les besoins d'une population humaine de taille donnée. II. A. Exemple le plus élevé : Qatar 15,7 ha/h. B. _Par ailleurs_ : - France 2,2 planètes ; - États-Unis : 4 planètes ; - Afghanistan 0,4.
377
Alfred Sauvy, « Trois mondes, une planète », 1952
Le terme « *Tiers-Monde* » a été conçu par ce démographe.
378
Conférences des Nations Unies sur la population
- **Conférence de Bucarest de 1974** : polémique entre, d'une part, la Chine et le Tiers Monde et, d'autre part, les États-Unis et les pays développés sur la nécessité de réduire la fécondité pour assurer le développement ; - **Conférence de Mexico de 1984** : François Mitterrand y affirme le principe : « *aider le Tiers-Monde c'est s'aider soi-même* » ; - **Conférence du Caire en 1994** : débat entre, d'une part, les religions (christianisme/islam) hostiles à la contraception et l'avortement et, d'autre part, les partisans politiques de limitation des naissances. Les ONG posent le problème du statut de la femme ; - **Conférence d'Adis Abeba de 2013** : aspects démographiques des migrations ; - **Conférence de Nairobi de 2019** : thème central des inégalités et notamment des femmes.
379
Jean Bodin, *Les Six livres de la République*, 1576
Selon le mercantiliste , « *Il n'est de richesse ni de force que d'hommes* ». ⚠️ À l’opposé du pessimisme malthusien, il existe donc une tradition populationniste. 📚 Cf. également la théorie du Mozart (Edmund Phelps, « Population Increase », 1968).
380
Impact des incitations financières sur la natalité
La mise sous condition des ressources des prestations familiales en 2014 en France aurait contribué à accélérer la baisse du niveau de fécondité traditionnellement élevée du pays, notamment dans les classes les plus aisées – comptant jusqu’à 40 % de la baisse. ## Footnote Nelly Elmallakh (économiste à la Banque mondiale, “Fertility and Labor Supply Responses to Child Allowances: The Introduction of Means-Tested Benefits in France”, 2016
381
Max Weber, *Le savant et le politique*, 1919 | (La domination traditionnelle)
_La « *croyance quotidienne en la sainteté des traditions* », le caractère sacré de la domination_ : Par exemple, les seigneurs dans la société féodale.
382
Max Weber, *Le savant et le politique*, 1919 | (La domination charismatique)
_Elle repose sur la « *soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire d’une personne* »_ : Par exemple, le prophète, le chef militaire.
383
Max Weber, *Le savant et le politique*, 1919 | (La domination légale rationnelle)
_Elle repose sur « *la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens* »_ : Par exemple, la direction administrative bureaucratique.
384
Émile Durkheim, *Les règles de la méthode sociologique*, 1895
« *Un fait social se reconnaît au pouvoir de coercition externe qu'il exerce ou est susceptible d'exercer sur les individus*. »