santé mentale Flashcards

1
Q

Mots qui désignent la personne vivant avec un problème de santé mentale:

A

Malade, patient, bénéficiaire, client,usager, utilisateur de service, personne psychiatrisée, personne utilisatrice de services de santé mentale

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2
Q

La santé: une notion devant être contextualisée

A
  • La santé se veut positive pure dit naturel, voire normal. C’est donc une notion normative, qui dépasse le seul état corporel.
  • Par conséquent, il existe un volet moral à la santé (le bien de la santé versus le mal de la maladie)

Cependant:

  • La notion de santé n’est ni fixe, ni stable.
  • Elle est absolument rattachée à son contexte.
  • C’est une notion hautement politique et donc truffée d’inégalités.
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3
Q

Réflexions sur la notion de santé selon Dejours

A

Affirme que la santé n’est pas un état pouvant être atteint, selon lui, c’est plutôt un idéal. Il ira jusqu’à dire que la santé n’existe pas.

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4
Q

Réflexion de Skrabanek sur la notion de santé

A

Affirme que la santé c’est le bonheur et que le bonheur c’est la santé.

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5
Q

Réflexion de l’OMS sur la santé

A

Affirme que la santé se traduit également en l’aptitude de contrôler son existence, à satisfaire ses besoins et à s’accomplir.

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6
Q

La maladie: expérience universelle, aux interprétations diverses:

A
  • la maladie incarne la face négative de l’existence en opposition à la santé.
  • Tout le monde fera l’expérience de la maladie.
  • Nous expose à notre vérité organique, à notre inévitable finitude.
  • Plus qu’un reprère biologique, elle occupe un rôle socialement défini. Elle est un état pourvu de signification sociale.
  • Elle est rattachée à son contexte.
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7
Q

Critique de la notion de santé

A
  • On dit que les causes d’une maladie doit être connu–> par contre dans maladie mentale, on ne connait pas vraiment la cause souvent, donc pourquoi dit-on maladie? On devrait dire trouble.
  • Le savoir médical de la santé est individualisant et décontextualisé.
  • La santé n’est pas équitablement répartie à travers la société, car elle dépend en grande partie de variables structurelles.
  • L’individu contemporain doit porter le fardeau de sa santé.
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8
Q

Éléments de repères pour une compréhension de la norme

A

1) L’absence d’extériorité
2) Une grammaire commune, un langage commun
3) Des normes explicites mais aussi souvent implicites
4) Une contrainte
5) La production d’individu… et de comportements problématiques
6) Un comportement moyen (sens statistique)
7) Des normes non-absolues

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9
Q

L’absence d’extériorité (Norme)

A

Les normes n’ont pas d’extérieur. En ce sens, il n’y a pas d’existence possible en dehors de celles-ci, il y a plutôt des écarts.

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10
Q

Une grammaire commune, un langage commun (norme)

A

Il en résulte que tout est une question d’écart. Ainsi, nous pouvons prendre de la distance par rapport aux normes, mais en aucun cas nous ne pouvons y échapper ou encore se situer à côté d’elles.

Ainsi, si l’on ne peut éviter de se référer aux normes, celles-ci constituent des référents communs aux individus, le vocabulaire d’une société en quelque sorte.

Sans norme, il n’y aurait pas de langage ni de communication possible, pas de vivre ensemble.

Exemple: Code de la route

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11
Q

Des normes explicites mais aussi, souvent implicites (norme)

A

Le «dit», l’«écrit» sont les aspects formels ou évidents des normes, mais une grade part de celles-ci demeurent dans le «non-dit» et donc dans l’informel.

C’est en ce sens qu’il est parfois difficile d’expliciter les normes puisque nous les intériorisons, le plus souvent, à notre insu. Certaines sont tellement ancrées qu’elles sont presque perçues comme naturelles.

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12
Q

Une contrainte (norme)

A

Les normes sont bien entendu contraignantes. Il faut s’y plier sous peine de sanctions éventuelles

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13
Q

La production d’individu et de comportements problématiques (norme)

A

Les normes servent à:

«Fabriquer», à «produire» des individus: (par autrui ou par soi)

Définir certains comportements comme «non-conformes» ou «problématiques», autrement dit, les marges

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14
Q

Un comportement moyen (sens statistique) (norme)

A

Les deux sens du mot norme:

1) Est normal ce qui est tel qu’il doit être
2) Ce qui se rencontre dans la majorité des cas d’une espèce déterminée ou ce qui constitue la moyenne

  • L’anormal se définit donc toujours par rapport à la norme
  • Au cours du 19e siècle, une conception de la norme comme moyenne s’est imposée.
  • Dans le jeu d’opposition (conforme/non conforme; normal/non normal), la discontinuité devient obsolète. L’anormal est dans la norme pourrait-on dire.
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15
Q

Des normes non-absolues

A

Les normes ne sont pas absolues et s’inscrivent dans une société donnée et à époque donnée (rattachées à un contexte).
Pour être plus précis, elles varient, en fonction:
-Du décor social;
-Des variables sociodémographiques

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16
Q

L’individu normal

A

L’individu «normal» n’est pas une figure idéale à atteindre.

L’individu «normal» est avant tout le résultat du produit des différentes normes sociales.

Pour être qualifié de «normal», il lui faut présenter une caractéristique additionnelle, celle de se conformer aux normes sociales en vigueur dans la société dans laquelle il vit.

Il lui faut donc être conforme.Se conformer aux normes sociales consiste en l’adoption de conduites, de manières de penser et de comportements les plus fréquents et les plus répandus au sein d’une société donnée.
L’individu «normal» ne présente donc pas de traits exagérés, mais adopterait les comportements les plus communs.

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17
Q

Les deux caractéristiques de l’individu normal

A

L’individu «normal» comprend donc, dans notre perspective, deux modalités inséparables:

1) La première est que cet individu, en tant qu’être socialisé, demeure le produit des normes sociales en vigueur dans la société.
2) La seconde est à saisir dans la conformité à ces différentes règles.

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18
Q

Des degrés de normalité

A

Bien entendu, l’individu peut prendre de la distance par rapport aux normes sociales environnantes.
En ce sens, nous sommes plus ou moins «normaux» selon notre écart vis-à-vis des normes.
Il n’existe donc pas un seul et unique individu «normal».
En effet, il y a différents degrés dans le fait d’être «normal», comme il existe différents stades de conformité.

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19
Q

La normalité: un processus dynamique

A

L’individu «normal» ne constitue pas un état latent, mais résulte d’un processus dynamique de va-et-vient constant de l’individu avec les normes sociales.
C’est ce jeu de «conformité» ou de «non-conformité» de l’individu avec les normes sociales qui l’entourent qui définissent sa position relative face au «normal».

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20
Q

Règles de l’individualité contemporaine

A

Un individu ne se bâtit pas de lui-même, on ne peut faire abstraction du social. Il est un produit de l’histoire, de la société et des inégalités sociales. Il est façonné par son environnement.

Nous ne sommes pas tous nés égaux! Nous n’avons pas toutes les même occasions (notion de capital social)

L’individu devient responsable de tout, même de ce qui n’est pas de son ressort, ce qui crée chez lui un malaise profond et sans visage.

Ce qui s’exprime à travers le langage de la souffrance.

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21
Q

La souffrance

A

Constat sociologique: Montée du langage de la souffrance; envahissement de notre quotidien, multiplication des «lieux d’écoute de la souffrance» (Fassin, 2006)

La souffrance = grammaire commune dans les sociétés contemporaines

La souffrance, et par ailleurs ce qui la cause, sont des faits de culture, ils doivent être socialement désignés et représentés, afin que la compassion puisse s’exercer. (Fassin, 2007)

C’est donc le discours qui l’entoure et la reconnaît, qui se transforme (souffrance donc réalité historique, lié à un contexte, construction sociale)

Quelques exemples…..
Conflits du travail (harcèlement psychologique/burnout)
Conflits de guerre (stress post-traumatique)
Souffrance sociale (souffrances découlant des inégalités socioéconomiques)

Chobeaux (2009, p. 38) parlera d’une «souffrance originelle, constitutive de l’humain, faite de l’obligation de l’acceptation des inédits symboliques et sociaux, plus largement de l’acceptation du report de la satisfaction des désirs.»

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22
Q

Souffrance et individu contemporain

A

L’individu contemporain (autonome et responsable), n’a d’autre choix que de s’auto-flageller devant ses fautes, ses échecs, ses malheurs et ses maladies: il porte le blâme d’être si imparfait.

Il souffre d’être lui-même, de sa personnalité, de son corps. Il souffre psychiquement, d’avoir à transporter seul un fardeau collectivement constitué (en lien avec les règles de la normativité sociale).

Ainsi, la souffrance a toujours un composante sociale (Blais, 2008).

L’individu martyr crie à tue-tête ce mal qui le secoue et dont les sources semblent jaillir de toute part: corps, travail, image, santé mentale, école, etc.

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23
Q

Souffrance psychique/souffrance sociale

A

Dès lors, la souffrance intime, ne pouvant être considérée du registre des comportements socialement rentables, devient une menace à la performance et doit être traitée comme un enjeu de santé publique.

Elle prend alors le statut d’une «maladie» et les moyens pour l’apaiser, la soulager prolifèrent (thérapies, médicaments, spiritualité, sport…)

Par contre: «La souffrance psychique n’est pas une maladie. La soulager, ce n’est pas donner un traitement».
(Zarifian, 2007, p. 110)

La souffrance psychique (donc individuelle), est socialement générée, elle se situe dans une rupture de communication, une impossibilité à mettre en mot, au sein de son propre discourssur elle-même = Parler de la souffrance, n’est pas LA souffrance en elle-même.

Elle est placée dans une contradiction qui force l’individu à inventer, réécrire rétrospectivement l’histoire de sa vie ( raconter le récit de ses malheurs) afin d’y découvrir des indices. Pourquoi ai-je «mal»?

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24
Q

Souffrance sociale

A

En 1995, Lazarus et Strohl donnaient une reconnaissance scientifique au concept de souffrance sociale dans un rapport public commandé par le gouvernement Français nommé: «Cette souffrance qu’on ne peut plus cacher».

Le concept de souffrance sociale fut également popularisé par Bourdieu, Dejours et Paugam à la fin des années 80 et au début des années 90.

Cependant, la souffrance sociale n’est pas le propre de la postmodernité, elle est intrinsèque au fait de vivre en société (Soulet 2007).

Freud (1929) faisait d’ailleurs référence à une souffrance d’origine sociale dans son livre Malaise dans la civilisation.

Cette forme de souffrance est liée au type d’organisation de la société et est éprouvée singulièrement par les individus.

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25
Q

Souffrance sociale et l’angoisse

A

L’intérêt est donc de déterminer les contours qu’elle prend dans un contexte donné, afin d’identifier les tensions qui la sous-tendent.

Dans une société traversée par de puissante dynamique d’individuation telle que la nôtre, occasionnant des exigences grandissantes d’autonomie et d’affirmation du sujet personnel, l’angoisse devient par le fait même l’un des aspects centraux de la souffrance.

Cette angoisse dépasse le sentiment de la peur, n’ayant aucun point d’ancrage spécifique, et ne pouvant être fuit directement.

Elle est donc diffuse et s’arrime à l’altérité du monde, stimulant le «souci de soi» et rendant la relation avec autrui tendue par la défiance.

L’angoisse isole, sépare et laisse l’individu vulnérable, pathologique.

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26
Q

Le paradoxe de la souffrance

A

Souffrance sociale et souffrance psychique sont donc nouées entre-elles.

Selon Fassin (2004, p. 9) la souffrance psychique désigne:
 « une manière particulière de souffrir par le social, d’être affecté dans son être psychique par son être en société» 

Bajoit (2007, p. 24) soutient que: «nous entrons dans une époque qui bannit la souffrance: que ce soit pour naître, pour apprendre, pour vivre ensemble, pour travailler, pour affronter la maladie ou la mort, nous ne voulons plus souffrir.»

Comment adresser ce paradoxe???? La souffrance est nécessaire, humaine et normale, tout en étant l’incarnation du mal, de la maladie, de la faute, de l’erreur et de la marge.

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27
Q

Hiérarchisation de la souffrance

A

La bonne et la mauvaise souffrance :
la première est vécue comme une épreuve, utile, nécessaire, temporaire, valorisée ou discrètement endurée.
la seconde, dérange, perdure et doit être cachée ou étouffée, traitée.
La seconde est celle ayant été médicalisée, pathologisée.

Mais rappelons que ce sont les exigences normatives contemporaines qui participent à produire l’individu souffrant, celui dont la santé mentale fait l’objet d’un investissement public considérable.

Il existe donc tout un arsenal de mécanismes et de services visant la régulation des souffrances et l’homogénéisation de l’expérience humaine.

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28
Q

Qu’est ce que la médicalisation

A

La médicalisation, selon Peter Conrad, est le processus par lequel des problèmes non-médicaux sont traités par le filtre de la maladie ou du trouble, elle prend la forme:

1) D’un investissement toujours plus poussé du «corps-objet»;
2) D’un élargissement de la catégorie du pathologique qui devient une potentialité contre laquelle il convient de s’outiller.

Ce «corps-objet» dont s’emparent le discours et la pratique médicale s’inscrit dans une conception de plus en plus idéologique de la santé, où la pathologie est conçue comme la punition d’un écart par rapport aux normes en vigueur, normes biologiques, socioculturelles, voire morales.

Dorénavant, «peu de dimension et de paramètre de la vie sont à l’abri de la logique d’une norme de la santé» (Blais 2006 : 151). En effet, on constate une diminution de ce qui est considéré normal, si bien qu’il est plus simple de négliger la source des problèmes (individualisation des maux). Il se manifeste alors une multiplicité de «marginaux», de malades qu’il faut guérir.

La médecine (discours et pratique) s’est emparée de ce «corps-objet» avec sa conception idéologique de la santé.

Tout se passe comme si le moindre aspect de notre vie quotidienne était susceptible de nous aider dans notre quête de santé;

Les activités sociales trouvent souvent une légitimation (au moins dans le discours marketing) lorsqu’elles participent au bien-être physique, social et psychologique de l’individu et lorsqu’elles s’inscrivent dans un objectif «thérapeutique».

Nous sommes devenus des êtres potentiellement malades; c’est pourquoi chacun de nos actes quotidiens, de nos temps morts, doit être utilisé pour améliorer notre «bien-être».

Une santé conçue de plus en plus de manière totale et totalisante nous amène à penser l’ensemble des actes quotidiens dans un rapport coût-bénéfice pour notre santé, l’inflation du terme de «thérapeutique» venant témoigner de cette quête de santé parfaite.

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29
Q

Mise en contexte de la médicalisation

A

La thématique de la médicalisation de la vie et de la société remonte au début du siècle passé. On reconnait au docteur Knock (1923) l’affirmation suivante : «les biens portants ne sont que des malades qui s‘ignorent».

Successivement en 1976, lors d‘un interview à la revue économique Fortune, Henry Gadsen, directeur exécutif de MSD (compagnie pharmaceutique), déclara que son rêve était de produire des médicaments pour les biens portants.

Plus récemment, un «incipit» d‘un article paru sur le British Medical Journal le 13 avril 2002, nous rappelait qu‘«on peut faire beaucoup d‘argent si l‘on arrive a convaincre les biens portants qu‘en réalité ils sont des malades».

Exemples des «nouvelles» expertises médicales:

Psychopathologisation des difficultés relationnelles; explication des difficultés conjugales; expertise dans le domaine judiciaire; domaine assurantiel et bancaire; prise en charge des personnes âgées, des enfants, des adolescents, de la ménopause, de la douleur et de toutes souffrances possibles; intervention dans le domaine du sport, mise en forme, recherche d’équilibre et d’énergie, etc.

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30
Q

médicalisation et médicamentation

A

La médecine et la psychiatrie participent (au nom de la santé publique) à la définition de normes de comportements dans tous les aspects de l’existence - (exemple du DSM).

On peut lier médicalisation à médicamentation, donc au recours aux médicaments dans la gestion des problèmes sociaux.

L’utilisation des médicaments débordent largement le champs médical : cosmétique, productivité, etc.

Exemple:

Une enquête a montré qu’aux États-Unis, en 1987, 37,3% des individus diagnostiqués comme dépressifs consommaient des antidépresseurs.

Dix ans plus tard, c’est 74,5% des individus «dépressifs» qui consommaient des antidépresseurs Olfson, M. et al. 2002. National Trends in the Outpatient Treatment of Depression. Journal of the American Medical Association, vol. 287, n°2, p.203.

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31
Q

Santéisation de la société

A

Pierret va encore plus loin et estime que nous sommes passé de la médicalisation de la société à une santéisation de celle-ci.

L’idéologie totalisation de la santé va au-delà du biologique, elle s’incère dans les comportements à adopter, à proscrire pour se maintenir «en santé». Et de ce fait, la santé devient individuelle et non socialement dépendante et constituée.

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32
Q

Santé mentale

A

Un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions de la vie, accomplir un travail productif, contribuer à la vie de sa communauté–> santé physique et mentale sont intimement liées.

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33
Q

Appréciation de l’état de santé mentale avec trois facteurs

A

1) affectif: utiliser ses émotions de façon appropriée
2) Cognitifs: Capacité d’une personne d’établir des raisonnements
3) Relationnels: capacité de la personne à composer de manière significative avec son environnement

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34
Q

État de santé mentale

A

Peut être évaluer en tenant compte de 2 continuums

1) Celui de la santé mentale (minimale à optimale)
2) Celui du trouble mental (présence ou absence)

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35
Q

AVANTAGES du continuum

A

unis 2 notions souvent mis en opposition

- rappel du caractère universel de la notion de santé mentale

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36
Q

Santé mentale globale

A

peut être mesurée en tenant compte de l’état de bien-être émotionnel, psychologique et social

3 niveau de description:

1) florissante
2) modérée
3) languissante

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37
Q

Problème de santé mentale (PSM)

A
  • Ensemble de différences qui résultent d’une perturbation des rapports personne/environnement.
  • Découlent de conditions de vie différentes–> entraîne différences d’adaptation sur le plan social.
  • fonctionnement social altéré.
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38
Q

Trouble =s mentaux modérés (TMM)

A
  • Doit répondre à certains critères diagnostics
  • Entrave le fonctionnement habituel d’un individu, nécessite un traitement
    EX: trouble de l’humeur, troubles anxieux
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39
Q

Troubles mentaux graves

A

Diagnostic avec observation de symptômes classifiés dans DSM

Détérioration et marquée du fonctionnement social et des capacités cognitives affectives et relationnelles

Termes: troubles ou maladies mentales se font en considérant qu’ils renvoient à des affectations reconnues cliniquement caractérisé par des allitérations de la pensée/ humeur/ comportement

EX: schizophrénie, trouble dépressif majeur, bipolaire

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40
Q

Terme maladie mentale

A

Par opposition à la maladie physique

Aspect bio et médical

sens biologique

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41
Q

Terme trouble mental

A
  • Renvoie à l’expérience de la maladie
  • Plus large et à privilégier
  • Fonctionnement biopsychosocial
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42
Q

Le sens des mots

Malade

A

Renvoit à une expérience intime et solitaire de la vie du malade

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43
Q

Le sens des mots

Patient

A

Personne qui consulte un soignant. Situation de dépendance vis-vis d’un professionnel. Remise en question par les personnes qui vivent un problème de santé mentale.

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44
Q

Le sens des mots

Personne psychiatrisée

A

Défini la personne par sa maladie

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45
Q

Le sens des mots

Bénéficiaire

A

Personne qui doit d’avantages qui lui sont concédés.

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46
Q

Le sens des mots

Usager

A

Qui a recours à un service public/ sujet + actif et volontaire.

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47
Q

Bénéfices de la collabo interprofessionnel

A
  • Accroissement des connaissances de la personne à son propos, amélioration de sa qualité de vie ainsi que de son état de santé.
  • Moins de visite chez le médecin, à l’urgence et plus grand accès aux soins de 1ere ligne.
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48
Q

5 types de CIP

A

Indépendante, en parallèle, par consultation/ références/ pratique de concertation/ services partagés

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49
Q

3 formes de CIP

A

Multidisciplinaire, interdisciplinaire, transdisciplinaire

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50
Q

3 niveaux d’offre de service en SM dans la communauté

A
  • Soutien de base non intensif (SBNI)
  • Soutien d’intensité variable (SIV)
  • Suivi intensif dans le milieu (SIM)
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51
Q

Soutien de base non intensif

A
  • Travail multidisciplinaire
  • Consultation de collègues au besoin
  • PI disciplinaire/ TS
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52
Q

Soutien d’intensité variable

A
  • Vise personne avec troubles mentaux graves avec fonctionnement social perturbé
  • Fréquence accrue de services
  • Travail multidisciplinaire, pourrait être interdisciplinaire
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53
Q

Soutien intensif dans le milieu

A
  • Contrer le phénomène de la porte tournante
  • Aller joindre les personnes dans leur milieu
  • Auprès des personne avec hospitalisation répétée, adhérant plus ou moins au traitement et dysfonctionnement majeur du fonctionnement
  • CIP inter et trans
  • Partage des tâches et des responsabilités
  • Baisse du risque d’épuisement professionnelle dû à la division du travail
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54
Q

Compétences requises

A
1- Approche centrée sur la personne, ses proches et la communauté
2- Communication
3_ prévention/ résolution de conflits
4- travail d'équipe
5- clarification des rôles
6- leadership
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55
Q

Les différentes périodes historiques de reconnaissance et de «gestion» de la souffrance psychique et sociale

A

1) Moyen Âge (500 - 1500) et Renaissance (1500 – 1600);
2) Hôpital général (17ème et 18ème siècle);
3) Période asilaire (19ème siècle – milieu du 20ème siècle);
4) Désinstitutionalisation (de 1950 à nos jours).

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56
Q

Le statut du fou au Moyen Âge et à la Renaissance

A

Le fou, le malade mental avait une liberté d’existence et une liberté de circulation;
Liberté d’existence : les sociétés médiévales toléraient le fou même si celui-ci demeurait marginalisé et stigmatisé (cf. idiot de village);

Liberté de circulation : le fou pouvait circuler de ville en ville. Si ce dernier dépassait les limites (comportement trop agité), on l’enfermait provisoirement dans une petite cellule à la frontière des villes.

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57
Q

Le Moyen Âge et la Renaissance: l’âge de la tolérance

A

Les troubles mentaux sont donc ici des comportements non-conformes mais non-problématiques;

Ils ne font pas l’objet d’interventions spécifiques (sauf dans de rares cas);
Rapport à l’espace: pas de restriction spécifique. On peut parler d’espace ouvert.

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58
Q

Le 17ème siècle: l’enfermement de tous les comportements problématiques dans un même lieu

A

Période d’intolérance importante à l’égard de la folie;

La présence du fou dans les familles et dans les villes devient intolérable.
Les causes ?

Début du 17ème siècle (en Europe et, plus particulièrement en France et en Angleterre), on assiste à l’édification de «l’organisation sociale, politique, étatique des sociétés capitalistes» (Foucault, 2001, p. 494) ;

Dans cette perspective, l’oisiveté, la flânerie, et les autres comportements non-productifs propre aux fous deviennent impossibles, intolérables, inconcevables.

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59
Q

Le 17ème siècle et la naissance de l’hôpital général

A

Période d’intolérance importante à l’égard de la folie;

La présence du fou dans les familles et dans les villes devient intolérable.
Les causes ?
Début du 17ème siècle (en Europe et, plus particulièrement en France et en Angleterre), on assiste à l’édification de «l’organisation sociale, politique, étatique des sociétés capitalistes» (Foucault, 2001, p. 494) ;

Dans cette perspective, l’oisiveté, la flânerie, et les autres comportements non-productifs propre aux fous deviennent impossibles, intolérables, inconcevables.

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60
Q

Le 17ème siècle et la naissance de l’hôpital général

A

Désormais, l’existence sociale, le statut social, va se définir presque exclusivement autour de l’organisation du travail;

Le fou - ne travaillant pas - n’a plus sa place dans la société, il n’est donc plus toléré, car il pose «problème»;

Parallèlement au milieu du 17ème siècle, on voit apparaître un certain nombre d’établissements…

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61
Q

L’hôpital général : un enfermement économique

A
  • La fonction de ces établissements étaient d’enfermer les fous, mais aussi les oisifs, les «chômeurs», les infirmes, les pères de familles «irresponsables», les mendiants, les prostituées, etc.;
  • Autrement dit, des individus posant problèmes «par rapport à l’organisation de la société selon les normes économiques formulées à cette époque» (Foucault, 2001, p. 495);
  • On assiste donc à la naissance d’un enferment, non pas pour des raisons médicales, mais principalement pour des considérations économiques.
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62
Q

L’hôpital général et le nouveau statut des troubles mentaux

A
  • Le fou est donc ici enfermé non pas en raison de ses troubles mentaux spécifiques, mais simplement (et au même titre) que d’autres individus marginaux parce qu’il pose problème vis-à-vis du système social et économique en place;

Les troubles mentaux, en tant que comportements non-conformes, deviennent à présent problématiques;
- Ce passage au problématique s’expliquent par les nouvelles normes économiques en vigueur;

  • Rapport à l’espace: restriction importante (espace clos). On peut parler d’espace fermé.
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63
Q

L’hôpital général comme lieu non médical

A

L’enfermement n’était donc pas médical:
Pas de médecins présent sur les lieux (sauf pour les maladies courantes, les maladies somatiques classiques comme les problèmes d’hygiène, etc.);

Les individus étaient traités comme des personnes incapables de s’intégrer à la société.
Les troubles mentaux ne faisaient pas l’objet d’un savoir spécifique;

Ces derniers étaient simplement considérés, comme d’autres formes de déviance, comme des comportements problématiques.

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64
Q

L’hôpital général et la police : le cas de la France

A

Avant le 17ème siècle, la police, comme corps de l’État, n’existait pas ;

Milieu du 17ème siècle: naissance de la police d’État (par le biais du même décret que celui qui a établi les hôpitaux généraux);

Naissance de la police afin de surveiller les individus (et éventuellement les punir) par rapport à leur intégration, leur engagement dans les nouvelles normes de travail de la société capitaliste naissante.

65
Q

La naissance du système asilaire

A

Fin du 18ème siècle (en particulier en France et en Angleterre), on assiste à la « libération» d’un certain nombre d’individus des établissements d’internement (infirmes, vieillards, oisifs, prostituées, libertins, etc.);
Ne sont restées que les personnes reconnues comme «malades mentaux»;

Ces nouveaux établissements deviennent des hôpitaux comprenant une population uniquement composée de malades. L’objectif devient ici de soigner et de guérir.
Pourquoi ce nouveau découpage et cette nouvelle fonction ?

66
Q

Le système asilaire et le capitalisme industriel

A

Fin du 18ème siècle et début du 19ème siècle: naissance et développement du capitalisme industriel;

Une des exigences de ce nouveau stade du capitalisme est «l’existence à l’intérieur de la société, d’une masse d’individus qui sont chômeurs et qui vont servir de régulation à la politique salariale des employeurs» (Foucault, 2001, p. 497);

Nécessité de disposer d’une partie de la population au chômage dans laquelle on pourra recruter et renvoyer au besoin (cf. concept d’armée de réserve chez Marx).

67
Q

Système asilaire, capitalisme industriel et chômage de masse

A

Ainsi, «ces grandes machines à éponger le chômage qu’étaient les maisons d’internement au XVIIe et au XVIIIe siècle non seulement n’étaient plus utiles, mais devenaient nuisibles, dangereuses» (Foucault, 2001, p. 497);

Avec le système asilaire mis en place, il s’agit de maintenir le chômage au plus haut niveau possible;

Le lien est clair ici entre, d’une part, les différentes étapes du capitalisme et, d’autre part, les différents statuts et formes de régulation de la folie.

68
Q

Quel statut pour Pinel?

A

Pinel est souvent présenté comme un humaniste, ayant permis la «libération» des fous, prônant l’hygiène morale (ancêtre de la psychothérapie);
Pour Foucault cette «libération» est de l’ordre du mythe. Deux éléments peuvent être mentionnés:
Création d’une armée de réserve; c’est-à-dire des raisons économiques (Foucault, 2001);

Nouvelle forme d’enfermement, par le biais d’une médicalisation de la folie : «Ôter leurs chaines aux aliénés des cachots, c’est ouvrir le domaine d’une liberté qui sera en même temps celui d’une vérification (…) constitution d’un domaine où la folie doit apparaître dans une vérité pure (Foucault, 1972, p. 585-586)

69
Q

Le nouveau découpage du système asilaire

A

Les troubles mentaux restent des comportements non conformes et problématiques.

Néanmoins, les autres comportements déviants (pères de familles «irresponsables», mendiants, etc.) sont moins problématiques, car le système économique en place en a besoin;

Le passage d’un comportement non-conforme problématique à un comportement non-conforme non-problématique (cf. autres comportements déviants que troubles mentaux) résulte du système économique et social en vigueur dans la société;

Les troubles mentaux vont maintenant faire l’objet d’un savoir spécifique (cf. psychiatre): définition du « pathologique » par rapport aux « normaux », mais aussi par rapport aux autres « déviants »;

En ce qui a trait au rapport à l’espace, on parle encore ici d’espace fermé pour le traitement et la régulation des troubles mentaux.

70
Q

Les institutions totalitaires : un monde spécifique

A

Goffman définit l’institution totalitaire (IT) comme un «lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées» (Goffman, 1968, p. 41);

Une des caractéristiques essentielles de l’IT est de fournir un traitement collectif, conforme à un système d’organisation bureaucratique, qui prend en charge tous les besoins de ceux qui y sont internés.

71
Q

Les caractéristiques des institutions totalitaires

A

Il existe deux univers sociaux et culturels à l’intérieur des IT: les surveillants et les surveillés, les reclus et le personnel employé (pas d’interpénétration);

Bien que les reclus entrent dans l’IT avec une culture importée de l’extérieur, un long séjour provoque inévitablement la déculturation, voire la désadaptation;

Le reclus entame donc sa carrière morale dès son entrée, qui le mène vers une dépersonnalisation certaine;

Dans l’IT, un système de punitions et de privilèges fait partie intégrante du mode d’organisation. Ce système de privilèges «constitue la charpente principale de l’édifice à l’intérieur duquel s’opère la restructuration de la personnalité» (Goffman, 1968, p. 100);

72
Q

La carrière morale du malade

A

Plutôt que de se limiter à un sens strictement professionnel, Goffman considère la carrière plus largement en tant que « contexte social dans lequel se déroule la vie de tout individu» (Goffman, 1968, p. 179);

Ce concept, au niveau micro, «s’applique à des significations intimes, que chacun entretient précieusement et secrètement, image de soi et sentiment de sa propre identité» et, au niveau macro, «se réfère à la situation officielle de l’individu, à ses relations de droit, à son genre de vie et entre ainsi dans le cadre des relations sociales» (Goffman, 1968, p. 179);

73
Q

Le début de la carrière: un processus de perte inévitable

A

L’entrée à l’hôpital peut s’effectuer occasionnellement de façon volontaire, mais en grande majorité, elle s’opère involontairement, par le biais d’un agent d’internement;

Au départ, l’individu possède un réseau de relations et une série de droits, mais dès son entrée à l’hôpital, il les aura pratiquement tous perdus. Ainsi, c’est par l’expérience de l’abandon, de la trahison et de l’amertume que s’amorce la carrière du malade mental.

74
Q

L’interné s’adapte à l’institution malgré quelques résistances

A

Entré à l’hôpital, l’interné tente de s’accrocher à l’extérieur, de préserver l’idée qu’il se fait de lui-même, par diverses techniques de distanciation

Cependant, graduellement il «se fait» à son milieu, alignant son destin à ceux qui partagent son statut institutionnel;

75
Q

L’organisation spatiale de l’hôpital

A

L’intérieur de l’hôpital est organisé en quartiers hiérarchiques, dont chacun possède un niveau différent de restrictions et de privations, considéré par le personnel comme une forme de traitements correspondant aux besoins des internés qui y séjournent.

On retrouve une même de description de l’hôpital comme institution totalitaire dans le livre Surveiller et Punir de M. Foucault (1975).

76
Q

Un «moi» imposé par l’institution

A

Les conditions objectives de l’organisation forment en partie le «moi» et modifie l’opinion que l’interné se fait de lui-même;

Ce «moi» reconstruit réside dans les dispositions d’un système social, il «n’est donc pas la propriété de la personne à qui il est attribué, mais relève plutôt du type de contrôle social exercé sur l’individu par lui-même et ceux qui l’entourent» (Goffman, 1968, p. 224).

77
Q

La vie dans une institution totalitaire

A

L’hôpital psychiatrique est une organisation règlementée à des fins utilitaires. Son système d’activités est donc coordonné dans le but d’atteindre certains objectifs, constamment affirmés, liés la «guérison» des malades (voir aussi Foucault dans Histoire de la folie à l’âge classique, 1972);

Goffman invoque l’obligation des membres de ce type d’organisation à participer aux activités;

La participation (même si elle est obligatoire) symbolise l’engagement et l’attachement à l’organisation et montre par ce fait même l’acceptation du participant de la définition de soi qui est impliquée par son activité.

78
Q

Adaptations primaires

A

Si un individu collabore à une organisation en participant à ses activités, il se transforme en collaborateur et devient un membre «normal» de celle-ci, ce que Goffman nommera l’«adaptation primaire» à l’organisation.

79
Q

Adaptations secondaires

A

Ce qui intéresse cependant davantage Goffman est ce qu’il nommera les «adaptations secondaires», qui représentent «toute disposition habituelle permettant à l’individu d’utiliser des moyens défendus, ou de parvenir à des fins illicites (ou les deux à la fois) et de tourner ainsi les prétentions de l’organisation relative à ce qu’il devrait faire ou recevoir, et partant à ce qu’il devrait être» (Goffman, 1968, p. 245);

Ces adaptations permettent à l’individu de s’écarter du rôle et du personnage que l’organisation lui a assigné;
Goffman nommera «vie clandestine de l’institution» l’ensemble des adaptations secondaires réalisées par l’ensemble des membres

80
Q

L’interprétation totalitaire et pathologique de la colère

A

À l’intérieur de l’hôpital, les moyens d’exprimer le mécontentement deviennent des symptômes de la maladie étiquetée.

Le refus de l’institution devient par ce fait même un signe d’affiliation à celle-ci;

Les malades sont pris dans un cercle vicieux, dans lequel tout comportement est interprété dans le registre de la santé et de la maladie;

Les adaptations secondaires représentent l’unique moyen de préserver son «moi» pré-institution, ou du moins une partie, un fragment.

81
Q

La désinstitutionalisation ou grand désenfermement

A

Le terme de grand désenfermement employée ironiquement par Castel réfère donc au grand renferment de l’hôpital général explicité par Foucault;

En effet, l’ensemble des comportements non-conformes problématiques est à nouveau réuni, mais cette fois-ci DEHORS;

Avec la désinstitutionalisation, on assiste donc, selon Castel, à l’abolition de «la clarté relative des anciens clivages entre les différentes catégories de population à contrôler» (Castel, 1981, p. 205).

82
Q

La désinstitutionnalisation

A

Les pratiques de désinstitutionalisation prônent le renvoi des individus dans leur milieu de vie, en régulant généralement leurs comportements et symptômes par la prise surveillée de médicaments psychotropes (espace ouvert);

On peut entre autres noter la mise sur le marché de la Chloropromazine (Largactil ou Thorazine) initialement utilisée pour les chirurgies, elle est recommandée dès 1952 pour le traitement de la maladie mentale. Ce médicament serait le premier antipsychotique.

Ce mouvement n’est pas exclusif au champs de la santé mentale, cependant c’est la première institution intervenant auprès de la déviance à appliquer un tel programme.

Le statut des troubles mentaux ne changent pas; il s’agit toujours d’un comportement problématique.

83
Q

Les trois aspects de la désinstitutionnalisation

A

Une philosophie – s’appuyant sur les droits et libertés des individus et qui vise à humaniser les soins de santé mentale.
Dans les années 1960, elle s’est exprimée sous deux formes principales : 1) l’abandon progressif de l’asile comme modèle d’intervention auprès des personnes vivant des troubles de santé mentale et; 2) le recours limité à l’hospitalisation.

Un processus – qui comporte trois composantes : 1) déshospitalisation; 2) non-institutionnalisation et; 3) réorganisation du système de soins.

Des faits – 1) diminution du nombre de lits dans les hôpitaux psychiatriques; 2) diminution de la durée des séjours en milieu hospitalier; 3) déploiement de services dans la communauté

84
Q

Un peu d’histoire

A

1839-1845 : Premier Asile - Montreal Lunatic Asylum, établi au troisième étage de la prison de Montréal.

1845 – Asile de Beauport (sous le contrôle des médecins anglophones)

À cette époque les asiles sont reconnus comme des instruments de contrôle social des populations indigentes urbaines.

À partir de 1875, et l’ouverture de l’Asile Saint-Jean-de-Dieu, se sont des communautés religieuses qui possèdent et administrent la majorité des institutions psychiatriques et que des francophones commenceront à y être internés.

85
Q

Remise en question de l’asile

A

Au Québec, quatre événements vont contribuer à remettre en question l’asile comme système d’intervention à l’égard de la maladie mentale :

1) l’arrivée dans le système psychiatrique d’une nouvelle petite bourgeoisie (les psychiatres «modernistes»)
2) une nouvelle conception de la maladie mentale– la maladie mentale, une maladie comme les autres, et donc guérissable;
3) la sensibilisation du public à l’égard des conditions de vie à l’asile suite à la parution du livre choc de Jean-Charles Pagé, Les fous crient au secours (ex-patient de Saint-Jean-de-Dieu);
4) la nomination d’une commission d’enquête sur les hôpitaux psychiatriques, qui sera ensuite chargée d’appliquer ses propres recommandations (commission Bédard). (Dorvil et Guttman, 1997, p.117)

86
Q

Première vague -1962-1970

A

Réforme Bédard du système psychiatrique traditionnel

Priorité accordée à la sorti des personnes des hôpitaux psychiatriques

Quatre raisons principales pour la désinstitutionnalisation : 1) des motifs humanitaires; 2) des motifs thérapeutiques; 3) des motifs économiques et; 4) la croyance des psychiatres en la curabilité́ de plusieurs types de maladie mentale.

Or, augmentation des dépenses publiques…

Selon les recommandations de la réforme Bédard, la régionalisation, différenciation et multiplication des services dans la communauté devaient être implantés afin de soutenir l’intégration des personnes psychiatrisées. Cependant, la sortie massive des patients ne s’est pas accompagnées des ressources nécessaires dans la collectivité.

87
Q

Deuxième vague – 1970-1988

A

La deuxième vague s’inscrit dans le cadre d’une réforme globale du système des services de santé et des services sociaux.

Cette réforme fut introduite par la commission Castonguay-Nepveu, chargée de faire une enquête, en 1966, sur la santé, le bien-être et la sécurité du revenu.

La réforme Castonguay est adoptée en 1971.

Elle introduit des changements importants sur le plan de l’administration et l’organisation des services socio-sanitaires.

Création de nouvelle nouvelles structures : les centres locaux de services communautaires (CLSC), les conseils régionaux de santé et des services sociaux (CRSSS), les départements de santé communautaire (DSC) et la distinction entre centre hospitalier de courte et de longue durée (Loi 65).

Tout comme sous la réforme Bédard, on a continué à négliger, sous la réforme Castonguay, l’aspect de l’intégration sociale et le maintien des personnes dans le milieu de vie.

88
Q

Syndrome de la porte tournante

A

Le syndrome de la porte tournante est apparu dès le milieu des années 1960.

Il s’agit ici de réadmission, de réhospitalisation ou de réinstitutionnalisation. Le syndrome de la porte tournante peut être défini comme étant le «va-et-vient incessant des patients psychiatriques entre l’hôpital (asile) et la communauté́. (Dorvil et Carpentier, 1996, p. 4)»

89
Q

Politique de santé mentale

A

1989 : Politique de santé mentale – découle du rapport Harnois

Adopte une approche biopsychosociale

primauté de la personne et partenariat

Les partenaires désignés sont la personne aux prises avec des problèmes de santé mentale, les familles ou les proches, les groupes communautaires et les intervenants du réseau des services de santé et des services sociaux.

La PSM entame également ce qui sera connu sous le nom du virage ambulatoire

90
Q

Le virage ambulatoire

A

Dans sa définition actuelle, le virage ambulatoire en santé mentale a la particularité de mettre l’accent non seulement sur tous les services, sauf l’hospitalisation dont il réduit d’ailleurs l’importance, mais également sur un transfert de responsabilités relevant de la psychiatrie à des organismes plus près de la population.

Ainsi, on octroie de nouveaux rôles aux C.L.S.C. en plus d’en compléter d’autres qui relèvent déjà de leur juridiction, si bien que ces organismes de première ligne a) répondront davantage aux demandes d’évaluation et de traitements et b) assumeront le suivi de patients souffrant de troubles sévères et persistants.

De même, on met sur pied des organismes communautaires voués à l’intégration sociale des patients par une assistance directe et une aide à leur entourage. (Bédard 1996, p.37)

91
Q

Plan d’action en santé mentale

A

PASM 2005-2010 – La force des liens

Objectif général : « doter le Québec d’un système rfficient de santé mentale reconnaissant le rôle des personnes utilisatrice et offrant l’accès à des services de traitement et de soutien pour les enfants, les jeunes et les adultes de tout âge ayant des troubles de santé mentale, ainsi que pour les personnes présentant un risque suicidaire » (MSSS, 2005, p.12)

Souhaite améliorer l’accès et la continuité des soins (centrée sur la première ligne)

PASM 2015-2020 – Faire ensemble et autrement (en continuité du dernier plan d’action)

92
Q

Définition des inégalités sociales

A

répartition inégale des chances et des risques dans la vie des individus et des groupes selon leur position dans l’espace social.

correspond à une différence de situations des individus en raison des ressources (éducation, revenu, capital social, etc.) ou de pratiques (santé, logement, emploi) qui peuvent être classées hiérarchiquement. (référence: Observatoire des inégalités)

Phénomène lié à la structure sociale, qui ne se réduit pas à des disparités de nature économique.

Pour être plus qu’une simple différence, l’attribut (santé, revenu, éducation, emploi) de l’inégalité sociale doit être chargée de sens (avoir une valeur importante) pour la société dans laquelle elle se manifeste.

Attention au déterminisme : danger des statistiques.
Le déterminisme se définit comme un enchaînement de cause à effet entre deux ou plusieurs phénomènes.

93
Q

ISS

A

Les progrès dans le domaine de la santé ne profitent pas à tous de manière équitable.

Les ISS ont eu tendance à s’accroître au cours des dernières années.

Elles traversent l’ensemble de la population, mais sans les études statistiques, elles peuvent passer inaperçues.

Ces statistiques sont mises de l’avant et étudiées par l’épidémiologie sociale, qui bouscule les préceptes de l’approche médicale de la santé en interpelant les fondements sociaux.

Épidémiologie: Discipline scientifique qui étudie la fréquence des maladies (incidence), leur répartition dans la société, les facteurs de risque et les décès liés à cette maladie.

Les ISS sont systématiques, socialement construites et donc injustes et modifiables.
Le social se traduit dans le biologique. Les inégalités produites par la société s’expriment dans le corps.
Disparités à travers un même pays.

94
Q

Ce qui peut cependant être dit à propos des ISS:

A

Différences systématiques, évitables et importantes dans le domaine de la santé, observées entre groupes sociaux.

Elle naissent dans l’organisation sociale et politique des pays.

Les facteurs sociaux statistiques utilisés pour les étudier sont appelés les déterminants sociaux de la santé.

Ils sont multiples et agissent en interactions complexes les uns avec les autres. Ils ont un lien direct avec la répartition sociale observée des comportements défavorables à la santé.

Ils se divisent en deux catégories: les déterminants structurels et les déterminants «intermédiaires» de la santé.

95
Q

Déterminants sociaux de la santé

A

Les déterminants structurels sont liés au contexte politique et économique du pays, ils influencent la répartition sociale de la population en fonction du revenu, de l’éducation, de la profession, du sexe ou des origines ethniques.

On y trouve : la gouvernance, les politiques macro-économique, les politiques sociales, les politiques publiques, la culture et les valeurs de la société, les revenus, l’éducation, l’occupation, etc.

Ce sont ces déterminants qui créent la distribution inégale des déterminants «intermédiaires».

96
Q

déterminants «intermédiaires»

A

renvoient aux conditions matérielles, psychologique, aux comportements, aux facteurs biologiques et génétiques, ainsi qu’au rôle de l’accès au système de santé.

Conditions matérielles : logement, qualité du quartier, consommation potentielle, environnement physique et de travail.

Facteurs psychosociaux : stress des conditions de vie et du travail, relation et soutien social.

Comportements: nutrition, activité physique, consommation de tabac et d’alcool, etc.

Pourquoi tant d’emphase sur le comportement alors que d’autres catégories sont ignorées dans les recommandations d’État?

97
Q

Déterminants sociaux de la santé

A

«[Le] Canada, […] a eu le mérite d’être l’un des premiers à élargir la palette des déterminants de la santé, la vision du monde qu’il présente est plus économique que sociale, arguant, par exemple, de l’importance de la prospérité plutôt que de la distribution de la richesse» (RIDDE 2004 : 344).

Prise de connaissance des déterminants sociaux de la santé par le gouvernement du Canada en 1974, par le rapport Lalonde.

Déterminants sociaux de la santé identifiés à cette époque: les habitudes de vie et l’organisation du système de soins.

Selon l’OMS, les facteurs principaux influençant la santé des Canadiens ne sont pas les traitement médicaux ou le choix de styles de vie, mais bien les conditions de vie.

Ses conditions ne sont pas nécessairement contrôlables, dans la majorité des cas, elles sont imposées.

98
Q

Quelques moyens pour agir sur les DSS

A

Reconnaître la source du problème et trouver des solutions pour celle-ci plutôt que de panser le symptôme.
Améliorer les conditions de vie des populations affectées.

Augmenter le salaire minimum et les prestations d’assistance sociale.
Utiliser des programmes et niveaux/échelles adaptés en ce qui a trait à la taxation.
Pousser à la syndicalisation les lieux de travail qui ne le sont pas.

Diminuer les frais de scolarité des collèges et universités pour les étudiants provenant de familles/ménages défavorisés.

Assurer le coût abordable des aliments de base : lait, oeufs, fruits et légumes, poisson/viande, etc.
Créer un programme d’aide au logement adapté aux besoins de la population et contextualisé.

99
Q

Déviance et stigmatisation

A

La stigmatisation est étroitement liée au concept de la déviance.

La déviance se définit par opposition à la conformité, elle représente le «non-respect des modèles idéologiques et comportementaux institutionnellement agréés» (Ackoun et Ansart, 1999 p.145).

Cependant, dans le cas de la stigmatisation, un individu n’est pas étiqueté «déviant» parce que son comportement viole les normes sociales établies, mais plutôt à cause de certaines caractéristiques sociales ou personnelles qu’il possède et qui mènent les «Autres» à l’exclure (Alcock, Erskine et May, 2002).

100
Q

Le stigmate

A

Le stigmate désigne un attibut ou une marque profondément discréditable de disgrâce sociale qui risque de devenir la cible de l’attention et des inquiétudes des autres, rendant difficile les interactions.(Turner, 2006, p.610).

La définition synthèse qu’offre Goffman (1975) du stigmate est la suivante: «un attribut qui jette un discrédit profond» (p.13).

Bien que les théories dans ce domaine aient évoluées depuis les quarante dernières années, les notions présentées par Goffman nous servent encore de base et de fondement.

101
Q

L’identité sociale

A

La société établit des procédés qui servent à répartir en catégories les acteurs sociaux et les groupes. Parallèlement, un ensemble d’attributs estimés naturels est associé à chacune de ces catégories (Goffman, 1975).

Goffman (1975) parlera de l’identité sociale qui se construit dans la prise de conscience de ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Par ailleurs, ces attentes deviennent normatives, elles représentent les exigences à atteindre.

Goffman (1975) constate que chaque personne possède deux types d’identité sociale, l’une réelle et l’autre, virtuelle.

L’identité virtuelle correspond à son «moi projeté» sur les autres, elle relève des systèmes de domination en vigueur et des rôles qui lui sont liés (Ackoun et Ansart, 1999).

L’identité réelle quant à elle, correspond à la singularité biographique d’une personne et n’est accessible qu’à divers degrés et par un nombre réduit de proches.

Par exemple, alors que leur identité réelle peut être le fait d’être au chômage et d’avoir la difficulté́ à se trouver un travail ou un logement, leur identité virtuelle est celle de personnes paresseuses, qui profitent du système, qui sont dangereuses et menacent l’ordre public ou bien qui dérangent les « bons » citoyens.

Goffman appelle «normaux», les personnes «qui ne divergent pas de ces attentes particulières» (Ibid., p.15).

102
Q

Interaction avec l’« inconnu »

A

Il est possible que l’inconnu rencontré possède un ou des attributs différents de ceux admis dans la catégorie qui lui est ouverte.

Dans la mesure où ces attributs sont considérés moins attrayants, l’inconnu s’en trouvera alors diminué aux yeux de l’individu, et tombera dans le rang d’un «individu vicié, amputé» (Goffman, 1975, p.12.).

L’attribut perçu en tant que tare s’appelle le stigmate, surtout si celui-ci entraîne une disgrâce ou un discrédit profond.

Il est important de souligner que tous les attributs déplaisant ne sont pas nécessairement des stigmates, uniquement ceux qui «détonnent par rapport au stéréotype que nous avons quant à ce que devrait être une certaine sorte d’individus» (Goffman, 1975, p.13).

Pour l’auteur, un stigmate représente plus spécifiquement le type de relation qui existe entre le stéréotype et l’attribut.

103
Q

Stigmate et discrimination

A

Goffman va même jusqu’à affirmer qu’une personne ayant un stigmate n’est plus considérée comme tout à fait humaine.

L’«Autre» se sent ainsi en droit de faire subir des mauvais traitements à cette personne, qu’il ne considère pas son égal.

C’est par ce postulat que Goffman déduit les causes de la discrimination, qui par ailleurs réduisent considérablement les «chances» d’un individu stigmatisé.

La discrimination est l’«action de séparer, de distinguer des individus ou des groupes selon des critères particuliers» (Ackoun et Ansart, 1999, p.150).

Théoriquement, elle peut être positive ou négative, cependant elle est utilisée par Goffman dans sa forme négative, dont résulte la désignation péjorative.

La discrimination est située dans les rapports de pouvoir et de domination régissant la société.

104
Q

Stigmate visible

A

Afin de mieux cerner la problématique de la stigmatisation en santé mentale, il est primordial de saisir la typologie du stigmate, car il peut être de deux ordres, soit physique, donc visible, soit invisible ou moral, mais qui peut être révélé (Ackoun et Ansart, 1999).

Pouvez-vous me donner des exemples de stigmates visibles et invisibles?

Aussi, un stigmate est relatif, puisque celui-ci doit être lié à un contexte et une époque, d’où l’importance de sa composante relationnelle. L’environnement doit être pris en compte dans l’analyse.

105
Q

Link et Phelan – théorie revisitée

A

Dans un effort de mieux cerner la problématique de la stigmatisation, Link et Phelan (2001) ont bonifié le concept.

Ils ajoutent à la définition initiale que l’attribut, plus que d’être une étiquette accolée «sur» l’individu, provient de l’internalisation, soit «dans» l’individu.

Link et Phelan (2001) perçoivent le stigmate tel que l’interaction de plusieurs composantes interreliées.

La première composante se situe au niveau du processus d’identification et d’étiquetage des différences.

La seconde est dans l’attribution de connotations négatives à certaines différences.

La suivante provient de la différenciation entre le «nous» et le «eux».

Par la suite, l’individu étiqueté subira de la discrimination et une perte de son statut initial.

Finalement, un enjeu de pouvoir doit être relié au processus, car la stigmatisation pour être effective doit être véhiculée par un individu, un groupe ou une structure qui possèdent la position de domination, et donc du pouvoir.

106
Q

Les processus de stigmatisation

A

Stigmatisation sociale

Goffman (1975) a identifié deux types de stigmates sociaux.

Deux points de vue sont en jeux: «l’individu stigmatisé suppose-t-il que sa différence est déjà connue ou visible sur place, ou bien pense-t-il qu’elle n’est ni connue ni immédiatement perceptible par les personnes présentes?» (p.14).

Dans le premier scénario, nous considérerons que cet individu est «discrédité», dans le second que qu’il est «discréditable».

Il est à noter que la majorité des personnes stigmatisées vivront les deux situations.

Face aux stigmates, afin de rationaliser l’animosité ressentie, habituellement fondées sur d’autres différences telles le revenu ou la classe sociale par exemple, l’individu «stigmatisant» devra se créer une théorie explicative que Goffman appelle «l’idéologie du stigmate» (Goffman, 1975, p.15), qui justifie l’infériorité du stigmatisé et le danger qu’il représente.

La société parvient ainsi à imposer ses conceptions négatives.

107
Q

Le stigmate envers soi (self-stigma)

A

Une autre facette de la stigmatisation est liée au point de vue du stigmatisé à propos du stigmate que la société lui a imposé, soit sur sa propre étiquette.

Ayant été socialisé au sein de la société créatrice de son stigmate, l’individu stigmatisé possède le même schème de référence que ceux qui le condamne.

108
Q

Stigmatisation envers soi - Conséquences

A

Les conséquences peuvent être très dommageables, puisque l’individu peut se refuser certaines opportunités ou services auxquels il a droit et ne pas utiliser la «voix» qui lui revient.

Kondrat et Teater (2009) expliquent que ce type de stigmatisation découle de la discrimination vécue, des stéréotypes prévalant dans la société et des préjugés.

L’individu stigmatisé a intériorisé les critères de la société et perçoit lui aussi les caractéristiques ou attributs qu’il possède comme quelque chose de profondément négatif.

Xiberras (1998) souligne que «cette cassure entre soi et ce que l’on exige de soi est caractéristique de la situation de l’individu stigmatisé» (p.114).

109
Q

Perception du stigmate

A

Bien qu’étroitement liée aux deux processus de la stigmatisation décrits, la perception du stigmate n’est pas toujours équivalente aux manifestations véhiculées par la société face au dit stigmate.

Ainsi, l’individu isolé par son étrangeté, protégé par ses propres images positives de soi, peut croire qu’il est une personne digne et équivalente en droit, malgré le fait qu’il constate que les autres ne sont pas disposés à l’accepter et à le traiter avec égalité (Xiberras, 1998).

Le stigmatisé peut donc être en accord ou en désaccord avec la société.

Il percevra la stigmatisation à son égard à degrés variables, selon ses croyances.

110
Q

Structures et stigmatisation

A

La stigmatisation implique une relation entre «soi» et l’«Autre», cependant l’«Autre» peut prendre des formes diverses.

Plus sournoise, mais aussi cruelle, la stigmatisation structurelle afflige l’individu au sein même des institutions qui lui viennent en aide.

111
Q

Stigmatisation par le langage

A

Le langage, les mots que l’on utilise sont très rarement neutres; ils sont pour la majorité colorée par la morale en vigueur, par les relations de pouvoir en place et par un statut social spécifique (Vojak, 2009).

En fait, ils ont un rôle clé dans le maintient de ces relations de pouvoir, mais ces sous-entendus passent habituellement inaperçus des groupes dominés, car ces termes «are constructed, sharped and reshaped by the dominant class» (Vojak, 2009, p.937).

Bien que le langage soit construit en grande partie par la classe dominante, la société ne croit généralement pas qu’il provient d’une construction sociale, mais bien d’une réalité objective.

Le langage est donc l’outil de stigmatisation idéal, puisque si insidieux.

112
Q

Langage stigmatisant et relation d’aide

A

Le langage de la relation d’aide, associé aux travailleurs sociaux entre autres, n’échappe malheureusement pas à cette logique (Becker dans Vojak, 2009).

Par exemple, le simple fait d’utiliser des catégories et des étiquettes pour classer les individus est un processus stigmatisant, car il reconnaît et identifie des différences qui ne sont pas désirées, telles «handicapé», «défavorisé», «à risque».

Ce type d’étiquetage établit par une figure d’autorité, dans ce cas le travailleur social, est d’autant plus dommageable qu’il transporte en lui le poids de l’opinion public (Vojak, 2009).

Ce type de langage peut aussi être appelé «le langage de l’exclusion», puisqu’il marginalise des groupes, resserre l’étau de la domination et renforce les politiques d’exclusion.

113
Q

mouvement antipsychiatrique

A

Le mouvement se développe en Angleterre à la fin des années 1950. Il connaît son «âge d’or» dans la foulée des évènements de 1968 et s’éteint quelques années plus tard.

David Cooper (1931-1986), docteur en médecine, est l’inventeur du terme «antipsychiatrie». Il écrira d’ailleurs la préface dans l’édition anglaise d’Histoire de la folie (forme abrégée).

Ce terme désigne une activité philosophique au sens nietzschéen, au sens où l’antipsychiatrie déconstruit ce qui lui préexiste (la psychiatrie) dans l’ordre des concepts et des gestes.

C’est donc dire que l’antipsychiatrie s’est construite en déconstruisant les théories, les concepts et les pratiques de la psychiatrie.

Cooper définit
l’antipsychiatrie comme une antidiscipline qui a pour but d’étudier le domaine où la discipline se trouve confrontée à un problème majeur.

Pour Cooper, se domaine est la schizophrénie. C’est d’ailleurs le point de départ de toute l’antipsychiatrie.

L’objectif de Cooper est de regarder dans son contexte humain réel, l’individu qu’on a étiqueté comme schizophrène, de rechercher comment cette étiquette lui a été donnée et par qui elle a été posée.

L’enjeu de l’antipsychiatrie est donc de prouver qu’il n’y a pas de maladie mentale, qu’il n’y a que des maladie sociales.

114
Q

Âge d’or des OCSM

A

Désinstitutionnalisation en santé mentale = besoins de ressources dans la collectivité et communautarisation des services (hors des hôpitaux).

1970-1972 - Augmentation rapide du nombre d’organismes communautaires en santé mentale (OCSM)

Développement des organismes de défense de droits en santé mentale et d’une approche « centrée sur les besoins » des personnes.

1986 - politique des mesures de désengorgement des urgences
Diversification encore plus importante des OCSM
Implantation des centres de crises et de services d’hébergement temporaire (afin de réduire le recours au urgence)

115
Q

Changement politique (OCSM)

A

1987 – publication du rapport Projet de politique en santé mentale pour le Québec : pour un partenariat élargi
Insiste sur la nécessité de recourir au OCSM pour soutenir la désinstitutionnalisation
Invite les OCSM à s’allier au réseau institutionnel en s’insérant dans la structure officielle de l’offre de soins en santé mentale
1989 – Politique de santé mentale (PSM) - une reconnaissance officielle
Endosse le recours au partenariat avec les OCSM pour la prestation des services en santé mentale
Insertion des groupes communautaires au sein du système public à travers les Plans régionaux de services (PROS)
Cependant, ce partenariat est inégal, car il était attendu que les OCSM s’alignent et complémentent les institutions publiques (et jamais l’inverse).

116
Q

Envers de la PSM

A

OCSM dépendent du financement de l’État
Priorité du réseau public
Influence considérable sur les pratiques des OCSM

Ce type de partenariat à portée atteinte à l’autonomie revendiquée par les OCSM et a plutôt agit comme une forme de régulation implicite.

La mise en place de diverses Tables de concertation rassemblant acteurs du communautaire, personnes utilisatrices et agents institutionnels, en plus d’ajouter à la charge de travail déjà̀ lourde des OCSM (entre autres, par l’augmentation du nombre de réunions et de participation aux actions concertées pouvant s’éloigner de la mission de base des organismes impliqués) a permis à l’État d’imposer la culture du réseau aux partenaires communautaires de manière parfois si subtile que peu de contestation fut entendue.

117
Q

Enjeux du partenariat

A

En 1991, la Loi 120 sur les services de santé et de services sociaux reconnaissait officiellement les organismes communautaires comme partenaires privilégiés des établissements du réseau institutionnel dans la planification et la distribution des services socio-sanitaires.

Les OCSM devraient maintenant répondre aux besoins et aux enjeux du réseau institutionnel pour recevoir leur financement.

Leurs services, par exemple, devaient viser directement le débordement des urgences ou le manque de lits.

De plus, par le biais d’ententes de services avec le milieu communautaire, le réseau a contribué à l’institutionnalisation de plusieurs ressources communautaires.

118
Q

Deux catégories OCSM

A

Selon White et Mercier (1989), les prérogatives des OCSM les séparent en deux catégories types, soit les structures intermédiaires et les ressources alternatives.
Il est à noter que certaines ressources se situent en marge de ces catégorisations ou adhèrent à certaines caractéristiques d’une catégorie sans toutefois y correspondre entièrement.

Au départ, l’ensemble des OCSM se qualifiait de ressources alternatives aux services institutionnels, mais le rapprochement avec le réseau institutionnel est venu transformer cette affiliation.

«Dans leur fondement originel les ressources alternatives souhaitaient offrir des services autres que les solutions psychiatriques habituelles. Or la reconnaissance par le Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS) - essentiel puisque le MSSS tient le cordon de la bourse – passe par une redéfinition des alternatives dont la fonction devient dès lors la complémentarité avec les établissements du réseau.» (Letendre, 1993, p. 230)

Une des conséquences de l’approche en partenariat privilégiée par la PSM et par la LSSS fut donc de créer une distinction entre les OSCM.

Aujourd’hui, nous entendons par «ressources alternatives», les organismes provenant habituellement d’une association volontaire, d’un groupe d’action communautaire ou d’un mouvement collectif.
Elles contestent l’institution psychiatrique, son appareil et sa technologie.
Elles privilégient une approche holistique des problématiques vécues par leurs usagers.

Les structures intermédiaires sont, quant à elles, le prolongement du réseau ou des entités extrahospitalières.
Le rapport de la commission Rochon (1988, p. 28) expliquait en ces termes le mandat des structures intermédiaires : « Les ressources intermédiaires ont été mises sur pied par le réseau institutionnel pour assurer la continuité des soins au patient qui a quitté le centre hospitalier ».
White et Mercier (1989, p. 71) expliquaient qu’au Québec, l’une des particularités des ressources intermédiaires est que l’une des données centrales à leur définition est précisément leur lien, voire même leur subordination, au réseau institutionnel.

119
Q

Particularités des OCSM

A

Il existe donc plusieurs approche au sein des OCSM. Il existe divers degrés de subordination aux prérogatives du réseau, mais la mission des organismes communautaires possède certaines particularités.
Les OCSM sont habituellement fortement ancrés dans la communauté.
Leur mandat s’éloigne de celui «curatif» de la psychiatrie.
La cible des interventions des OCSM est habituellement la réadaptation psychosociale.
Les OCSM, toutes catégories rassemblées, favorisent un recours moins fréquent à l’hospitalisation, une utilisation plus judicieuse des services publics, une diminution des symptômes et un accroissement de la qualité de vie des personnes qui utilisent leurs services.
Ces organismes contribuent au rétablissement, au développement de l’estime de soi, à la constitution d’un réseau social, à l’acquisition de nouvelles aptitudes, à l’accroissement du pouvoir d’agir sur l’environnement, à la défense des droits, ainsi qu’à la réduction de la stigmatisation envers les personnes ayant reçu un diagnostic psychiatrique.
Les OCSM sont très accessibles, situés en première ligne, et parviennent à rejoindre les personnes n’utilisant pas les services du réseau public ou n’y ayant pas accès.

120
Q

Catégories-types

A

Grenier et Fleury (2009), dans leur étude des 430 organismes communautaires en santé mentale (OCSM) implantés au Québec en 2006-2007, ont identifié neuf catégories-types en fonction de leurs objectifs et de la population desservie.
Ces catégories sont :

1) organisme de promotion de la santé mentale offrant des services à la population générale;
2) centre de crise et d’écoute desservant l’ensemble des troubles mentaux;
3) groupes d’aide aux familles et aux proches;
4) groupes offrant un milieu de vie et des activités dans leurs locaux;
5) groupes d’entraide où les services sont offerts par les pairs;
6) ressources d’hébergement 7 jours par semaine, 24 heures sur 24;
7) organismes de suivi dans la communauté;
8) organismes d’intégration au travail et;
9) groupes de défense de droits.

Ces catégories témoignent de la grande variété des services offerts.

Certains organismes peuvent se retrouver dans deux catégories ou plus.

121
Q

PSOC

A

Grenier et Fleury (2014), dans une étude subséquente, nous informent également qu’en 2012-2013, 412 OCSM étaient financés par le Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS) du Québec par la voie du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC).

Ce programme fut établi en 1994 afin de régionaliser le financement des groupes communautaires.

122
Q

Les approches alternatives

A

Durant les années 70 au Québec, se crée un espace d’expérimentation propice au développement de nouvelles pratiques et revendications : les ressources alternatives en santé mentale (RASM).

Bien qu’à cette époque l’ensemble des OCSM représentait une alternative à la psychiatrie traditionnelle (au sens où ils intervenaient dans la communauté, visaient la réadaptation et se distinguaient des services hospitaliers), certains se démarquèrent.

Ils souhaitaient revendiquer leur différence afin de se distinguer des autres OCSM qui s’associaient plus aisément au réseau et devenait une « extension » des services publics

123
Q

Un mouvement critique

A

Ces ressources, issues du mouvement antipsychiatrique européen initié par Cooper et Laing, des mouvements américains de défense de droits des personnes psychiatrisées (survivors) et du mouvement communautaire québécois découlant de la Révolution tranquille, se sont présentées comme alternative au discours biomédical, qui maintenait sa dominance même hors des murs de l’asile.

Elles se sont érigées en critique de la médicalisation de la folie et du mal-être.

Les RASM ont su développer des pratiques visant l’appropriation du pouvoir des individus et des communautés, incluant la possibilité́ de contester le pouvoir psychiatrique.

124
Q

Regroupement des RASM

A

Ces RASM décidèrent de se rassembler et de se doter d’une plateforme commune afin de dénoncer plus ouvertement les pratiques psychiatriques et la médicalisation des problèmes sociaux.

Le RRASMQ fut fondé en 1983 afin de veiller à la défense des droits et à la dénonciation des abus du système psychiatrique en place.

Il visait également la constitution de modèles pratiques et de lieux alternatifs, permettant d’aborder les problèmes de santé mentale « ailleurs » et « autrement » (Perron et Poirel, 2003).

Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec s’inscrit historiquement dans un courant de contestation et de remise en question des traitements offerts en psychiatrie et contribue à l’émergence d’un mouvement d’affirmation et d’innovation lié à une vision différente de la santé mentale et des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale. (RRASMQ, 2015)

125
Q

Les OCSM membres du RRASMQ

A

Les organismes communautaires membres de ce regroupement, bien qu’ayant des missions et des pratiques pouvant être très différentes les unes des autres, privilégient tous l’alliance entre l’intervenant et l’usager.

Cette flexibilité́ peut donc permettre la contextualisation des enjeux locaux.

D’ailleurs, l’un des objectifs du regroupement est d’éviter d’imposer à ses membres un modèle statique de pratiques, promulguant plutôt des orientations, valeurs et critiques collectives permettant à chacun d’adhérer à celles-ci, tout en maintenant leur autonomie.

Dans cette optique, l’une de leurs priorité́s est de favoriser « l’émergence et le développement de la parole et de l’action de l’usager » (RRASMQ, 2004, p. 3), afin que celui-ci puisse être un acteur engagé et diriger les luttes du regroupement.

Se voulant agents de changements et de renouvèlement,
les RASM misent sur une conception globale de la personne et de la communauté;
elles espèrent participer à la reprise de pouvoir de leurs usagers;
personnalisent l’accueil et;
encouragent l’ancrage dans une communauté réelle.

Elles contestent le quasi-monopole qu’exerce la perspective biomédicale dans le champ de la santé mentale et s’inscrivent dans un projet continu de changement sociaux.

126
Q

L’usager de services des RASM

A

Selon les convictions portées par le RRASMQ, l’usager doit être appelé́ à contribuer directement et pleinement à l’évaluation de ses besoins, des services et à participer au renouvèlement des pratiques.
Le vécu particulier de l’usager doit représenter une force et un savoir unique pouvant être mis à profit tant par les organismes que les personnes elles-mêmes.
Dans la perspective biomédicale, les contraintes du « traitement » l’emportent habituellement sur la reconnaissance et l’écoute de la personne qui souffre, sa subjectivité étant par le fait même évacuée des soins.
Le RRASMQ et ses membres considèrent, quant à eux, qu’il revient avant tout aux personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale de trouver des réponses appropriées à leurs besoins et leurs attentes.
C’est sur cette conviction que les RASM se sont constituées, défiant ainsi le fonctionnement du réseau public de santé et résistant aux discours dominants.

127
Q

Liens entre réseau et RASM et exprérience de l’usager

A

La collaboration entre le réseau public et les ressources alternatives demeure donc souvent conflictuelle.
Par contre, il est souvent encore plus complexe pour les usagers de dissocier les services publics, communautaires et alternatifs, et donc d’adhérer entièrement aux discours des RASM.
En effet, la majorité́ des usagers des services en santé mentale entretiennent des rapports avec toutes ces entités, car celles-ci font intimement partie de leur existence quotidienne et de leur trajectoire.
Ainsi, cette multiplicité́ d’appartenance doit être « gérée » par l’usager.

128
Q

3 mouvements principaux au Canada (1960):

A

Le mouvement antipsychiatrique

Le «mad mouvement»

Le mouvement des survivants et consommateurs de la psychiatrie

129
Q

1) Le mouvement antipsychiatrique

A

Dénonce la médicalisation du trouble mentale et les structures médicales «totalitaire»

Violence de la psychiatrie, qui s’impose sur les «détenus» (action coercition):

«Dans la mesure où la psychiatrie représente les intérêts, ou les prétendus intérêts, des hommes normaux, nous pouvons constater qu’en fait la violence en psychiatrie est au premier chef violence de la psychiatrie » (Cooper, 1970, p.31)

Revendications: abolition de la psychiatrie et ses diagnostics, outils & traitements.

130
Q

MAD MOUVEMENT

A

Critique du mentalisme/sanisme

Mentalisme : système d’oppression privilégiant un certain état mental (dès lors devenu la «norme») au détriment des autres

La folie est définie comme un état mental qui diverge de la norme: cet état est différent, mais pas essentiellement mauvais (argumente une distinction entre diversité et pathologie)

Revendique une dépathologisation des états mentaux qui divergent de la norme, une normalisation des expériences de la folie et une valorisation de la diversité psychique

La folie comme une facette identitaire

131
Q

3) Les survivants et consommateurs de la psychiatrie

A

Revendique la reconnaissance de la parole et du savoir des personnes ayant un vécu dans le système psychiatrique

Demande le respect du consentement dans les traitements et l’implication des personnes ayant un problème de santé mentale dans l’organisation des services

132
Q

Le rétablissement des années 1960

A

Le rétablissement, un concept «du terrain»

Dimensions :
Importance du savoir des personnes psychiatrisés;

Mis en opposition à l’idée de chronicité;

Importance de la collectivisation;

Importance de l’autonomie.

133
Q

Le rétablissement des années 1960: une éthique de changement social

A

Bref: outil de changement social?

On revendique l’autonomie d’un groupe social qui est pris en charge de façon autoritaire (asile);

On insiste sur la capacité de se sentir «bien» par l’autogestion, alors que l’opinion populaire associe la folie à un état durable et à l’incapacité.

134
Q

Le rétablissement comme état guéri

A

Prône la guérison totale et l’élimination de symptômes

Modèle médical

135
Q

Le rétablissement comme processus *

A

Sentiment de bien-être avec soi-même, autrui et la société

Modèle holistique, centré sur les forces

136
Q

Dimensions Conceptuelles du rétablissement aujourd’hui

A

L’espoir

L’identité (le travail identitaire, se retrouver, renforcer un sentiment d’être soi-même)

La productivité / fonctionnalité (un but dans la vie)

Autogestion

Bref: une éthique du soi?

137
Q

LE rétablissement, une définition par excès

A

Une définition par défaut

Le rétablissement est l’absence de problème de santé mentale OU Le rétablissement est l’absence de symptômes de problème de santé mentale.

Définition par «excès»
Le rétablissement n’est pas défini comme une absence de symptômes; ce n’est pas l’opposé du problème de santé mentale

Défini comme un processus d’amélioration de soi dans plusieurs sphères sociales (qui vont au-delà des symptômes de problème de santé mentale) : estime de soi, cultiver une identité, rapport aux autres, développement d’un nouveau réseau social, amélioration de son rôle dans la société

138
Q

1) Professionnalisation du rétablissement

A

Années 1960-1970: un concept «du terrain»

Années 1990-2000: inclut dans les pratiques d’intervention populaires (psychiatrie, psychologie, TS)

Un but guidant les pratiques d’interventions contemporaines dans le champ de la santé mentale

139
Q

3 approches dominantes dans l’intervention sociale

A

Le rétablissement clinique*

Le rétablissement alternatif

Le rétablissement psychosocial/écologique

140
Q

Le rétablissement clinique*

A

Accent mis sur l’adhésion aux traitements et stratégies prescrits par des spécialistes

Le travailleur social comme enseignant (détenteur des «bonnes pratiques», qu’il transmet au client)

141
Q

Le rétablissement alternatif

A

Favoriser un processus de guérison des dommages causés par les soins institutionnels

Favoriser l’appropriation de l’expérience du problème de santé mentale (aider la personne à se distancier de la définition médicale, afin de se rapprocher d’une définition plus spirituelle)

142
Q

Le rétablissement psychosocial / écologique *

A

Approches motivationnelles, axées sur les forces/solutions, et centrées sur la personne

Accompagnement de l’individu dans sa responsabilisation à l’égard de son bien-être et dans la découverte de pratiques singulières / personnalisées

143
Q

Exemples d’application de l’approche sur le rétablissement

A
  • La gestion autonome de la médication

«Redonner un sentiment de maîtrise sur sa vie» et favoriser le «réappropriation du pouvoir» en permettant l’exercice du choix libre et éclairé sur ses traitements

144
Q

«Scientifisation» du rétablissement

A

Informé par des données probantes

Quête de l’opérationalisation scientifique du rétablissement

Chercher des indicateurs permettant d’identifier une personne «en rétablissement»
Exemple: L’échelle «Illness Management and Recovery» (IMR), qui sert à mesurer le rétablissement

145
Q

3) Une médicalisation du rétablissement

A

Les pratiques associées au rétablissement sont élaborées dans les limites du dispositif médical (prise de médicament, le respect des prescriptions des professionnels)

Intégration du rétablissement dans les milieux hospitaliers

Intégration pratiques approuvées et recommandées par la médecine, la psychiatrie & les recherches scientifiques axées sur les données probantes dans la vie quotidienne

146
Q

4) Individualisation du rétablissement

A

Primauté accordée à l’autogestion: la compréhension de ses symptômes, l’acceptation du trouble mental, le développement de pratiques utiles dans la diminution des symptômes

Emphase sur le cheminement personnel et individuel néglige les inégalités sociales (qui peuvent mener aux problèmes de santé mentale ou complexifier le rétablissement

147
Q

L’approche axée sur les forces

A

Développée par Charles Rapp et Rick Gosha de la School of Social Welfare de l’Université du Kansas dans les année 1980.

Approche qui permet aux personne de reprendre du pouvoir sur leur vie en découvrant leurs forces et en les utilisant pour atteindre leurs buts.

Elle peut être considérée à la fois comme une philosophie d’intervention et comme un moyen concret d’offrir des services de soutien.

148
Q

Définition des force

A

Les « forces » renvoient aux qualités, aux talents, à̀ la culture des personnes et de la communauté́.

Pourquoi faire un inventaire des forces?

Afin d’aider la personne et l’intervenant à prendre conscience

Des compétences présente et utilisées dans le passé

Des connaissances accumulées à travers l’expérience de vie

Des ressources qu’elle possède et de celles qui sont disponibles

149
Q

Philosophie de l’approche

A

Les personnes désirent sensiblement les même choses, mais n’ont pas les même possibilités (ressources, santé, finance)

Malgré les différence et les inégalité, la majorité des personnes peuvent vivre une vie riche et satisfaisante dans leur communauté

La communauté joue un rôle important pour informer et sensibiliser la population, les familles et les personnes.

Il faut mettre l’accent sur les force et non sur les déficits : se centrer sur les forces augmente la motivation, tandis que de mettre l’accent sur les difficultés entraine un sentiment d’impuissance

150
Q

6 principes de l’approche

A

(1) L’accent est mis sur les forces plutôt que sur les faiblesses de la personne;
(2) Le milieu naturel est considérécomme une oasisde ressources;
(3) La personne est responsable de son propreprocessus de soutien;
(4) La relation entre la personne et son intervenant est primordiale et essentielle;
(5) L’intervention se faitsurtout dans le milieude vie;
(6) Les personnes aux prises avec une maladie mentale peuvent se rétablir et reprendre le contrôle de leur propre vie.

151
Q

Découverte des forces

A

Il est important de jetez un regard plus large que sur les seules caractéristiques individuelles dans l’approche axée sur les forces
La mise en évidence des forces vise à faire ressortir 4 type de forces:

Les qualités personnelles

Les habilités et talent (ses compétences)

Les intérêts et les aspiration (favorise la motivation)

Les forces environnementales/communautaire (force extérieurs qui peuvent aider la personne à atteindre ses buts)

152
Q

6 composantes essentielles de la découverte des forces

A

Réalisée dans un contexte qui a du sens pour la personne

Menée comme une discussion ouverte

Suit le rythme de la personne

Mise à jour continue

Utilise les mots de la personne

Complète et spécifique

153
Q

Notion de créneaux ou milieux

A

Selon Rapp et Goscha, il existe deux type de «créneaux» : certains sont habilitants d’autre contraigants

Créneaux contraignants : amènent les personnes ayant un trouble mental à être en marge de la société.

Dans ces milieux, les personnes sont définies en fonction de leur diagnostic et sont confinées dans des milieux réservés aux personnes ayant un trouble mental, ce qui restreint inévitablement leur intégration dans la communauté.

Ces créneaux limitent la possibilité que les personnes évoluent, identifient des objectifs à atteindre et développent des habiletés.

Les opportunités d’accomplissement ne sont pas mises de l’avant, ce qui favorise les conditions de pauvreté dans lesquelles les personnes vivent.

154
Q

Notion de Créneaux

A

Créneaux habilitants: favorisent l’intégration des personnes dans la communauté

Les créneaux habilitants sont des milieux de la communauté où il leur est possible d’actualiser leurs forces.

Ces créneaux permettent aux personnes de prendre conscience de leurs capacités et offrent des moyens afin qu’elles concrétisent leurs aspirations.

Ce sont des milieux où les personnes ne sont pas étiquetées en lien avec leur diagnostic. Elles sont plutôt considérées à part entière, ce qui agit à les normaliser.

Les interactions avec l’ensemble de la communauté sont favorisées, ce qui facilite la création d’un réseau social qui va au-delà des ressources en santé mentale.

Les créneaux habilitants favorisent les rôles sociaux reconnus et amènent les personnes à avoir un statut valorisant.

Les personnes doivent être en interaction dans ces créneaux habilitants afin d’y réaliser leurs projets. En intégrant de telles créneaux, il deviendra plus facile pour elles d’être impliquées socialement et de s’épanouir.

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Q

Relation avec l’aidant

A

Selon le modèle axé sur les forces, la relation entre l’aidant et l’aidé est centrale; il s’agit d’une collaboration entre les deux partis.

Cependant, dans cette approche il est souhaité que la personne se détache des ressources en santé mentale et développe des liens concrets avec la communauté et qu’elle développe donc un lien avec une personne qui pourra l’appuyer et l’accompagner dans ses démarches (hors du domaine de l’intervention)

Mead et Copeland (2000) stipulent que d’avoir un « mentor » aide la personne à identifier ce qui lui est nécessaire pour faciliter son rétablissement.

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Q

Évaluation des force

A

L’évaluation par les force est un outil, une approche qui permet aux personnes de s’approprier du pouvoir sur leur vie en découvrant ce qu’elle peuvent faire et les ressources qu’elle peuvent utiliser pour atteindre ses buts.

L’intervention se basesur une évaluation formelle, au moyen d’un outil d’évaluation des forces, des forces de la personne et des forces oudessoutiens à trouver dans son environnement.

Cet outil réunit des informationssurla situation actuelle de la personne, surses désirs et aspirationset surses ressourcespersonnellesdans lesaspects et domaines principauxde sa vie.

L’évaluation des forces sertensuite de base pourélaborer un programme personnalisé, qui établira un programmecommun de travailentre la personne qui reçoit les services et l’intervenantà un moment donné.

Tout comme le processus d’évaluation des forces, l’élaboration et la mise à jour régulière du programme personnalisé se font au rythme du client, se doivent d’être le plus précises possible, utilisent les propres mots du client et se servent d’un outil spécifique.

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Q

8 domaine de vie

A
Situation de vie
Finances
Travail/éducation
Réseau social/famille
Santé globale
Loisirs
Sexualité
Spiritualité
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Q

Obstacle au rétablissement

A

app et Goscha ont identifié des obstacles au rétablissement des personnes qui présentent des incapacités psychiatriques qu’ils nomment le « mur de Berlin » du rétablissement.

Le mentalisme

La pauvreté

L’isolement

La peur

Certaines pratiques professionnelles (micro-agression)

Structure du système de service en santé mentale