Quand la transition se passe mal : la dépression post-partum Flashcards
Le baby-blues
> Terme inventé par Yalom en 1968. Egalement nommé “syndrome du post-partum”
Présence chez la mère de pleurs, déprime, irritabilité, excitation et d’un sentiment de déréalisation. Grande labilité thymique et une fluctuation symptomatique importante
- un premier pic se produit dans les quelques heures qui suivent l’accouchement
- un second pic se produit entre le troisième et dixième jour, où les pleurs sont déclenchés par des événements mineurs et anodins
- il dure entre 12 et 24 heures
Prévalence du baby-blues
- Très difficile à établir en raison de la multiplicité des symptômes, de leur brièveté et de leur non spécificité (varie selon les études entre 30% et 80%)
- Pour certaines études, les seules larmes de joie ou une envie de pleurer constituent une forme de blues. Le symptôme le plus fréquent et le plus facilement identifiable est la présence de crises de larmes répétées
- Il est présent dans toutes les cultures des lesquelles le phénomène a été étudié (Europe, Amérique, Afrique)
- Il n’y a pas de rapport avec le déroulement de l’accouchement (travail long et pénible p. ex.)
Symptomatologie du baby-blues
Pleurs 50 à 70% Humeurs dépressives 20 à 60% Exaltation de l'humeur 10 à 40% Confusion 50% Troubles du sommeil 40%
L’humeur dépressive dans le baby-blues
L’humeur dépressive est un symptôme dont la prévalence diffère selon les études. Il ne s’agit pas d’une dépression clinique. Les mères expriment :
- Lassitude
- Abattement
- Tristesse et exaltation alternées
Chez 2% d’entre les mères, les symptômes dépressifs sont très marqués et peuvent être les signes précoces d’une dépression post-partum (dont le diagnostic n’est posé que dix jours après l’accouchement)
Le blues du post-partum est-il une entité pathologique ?
- Statistiquement parlant, clairement non, puisqu’il affecte en tout cas plus de la moitié des parturientes
- Il y a par contre une rupture du fonctionnement habituel et une altération des affects
- Le fait qu’il soit bref n’est pas exclusif de la pathologie (voir par exemple les attaques de panique), par contre il n’est pas chronique et récurrent
- On peut le considérer comme un trouble transitoire de l’adaptation
Etiologie du baby-blues
- L’étiologie du baby-blues n’est pas claire. Malgré qu’il se produise dans une période d’importants changements hormonaux, aucun lien spécifique n’a pu être fait avec une (ou des) hormone(s). Allaiter semble être un facteur protecteur contre le baby-blues
- Sur un plan psychoaffectif, il semble correspondre au deuil de l’enfant imaginaire; la mère reconnaît la réalité de l’enfant et réaménage les représentations qu’elle avait de lui ante-partum
- Dans ce sens précis, le blues aurait plutôt une valeur adaptative d’ouverture émotionnelle vers le monde extérieur
La dépression post-partum
> Dès la fin des années 1950, on se rend compte que les admissions de femmes en psychiatrie sont plus élevées dans les trois mois qui suivent une naissance
En 1968, au moment où Yalom décrit le baby-blues, Pitt décrit une dépression atypique suivant la naissance, la dépression post-partum (DPP) :
- dépression non psychotique
- sans idée suicidaire ou ralentissement psychomoteur
Une recherche montre que 10% de femmes non déprimées pendant la grossesse le deviennent dans les 8 semaines suivant l’accouchement
DPP dans CIM et DSM
- La DPP est répertoriée dans la CIM-10 sous la section F53 “Troubles mentaux et troubles du comportement associés à la puerpéralité”
- Dans le DSM IV, il s’agit d’une spécification (“début lors du post-partum”) des troubles de l’humeur. Le diagnostic exact de la DPP dans les termes du DSM serait : “épisode dépressif majeur léger débutant lors du post-partum”
- Dans le DSM V, il s’agit également d’une spécification (“début de la période péripartum”) des désordres dépressifs
- -> Elle n’est donc pas considérée comme un trouble spécifique
DPP, latence et signes
La DPP apparaît après une latence variable, avec deux pics : durant les 6 premières semaines, ou entre la 9ème et le 15ème mois du post-partum
Signes les plus caractéristiques :
- Sentiment d’incapacité physique à répondre aux besoins de l’enfant
- Absence de plaisir à prodiguer des soins à l’enfant
- Irritabilité, agressivité dirigée vers le père ou autres membres de la famille
- Phobies de pulsion
+ tout un ensemble de symptômes proches de la dépression “classique”
lien entree baby-blues et DPP
lien controversé
- difficile à trouver un lien “positif” entre les deux, les études donnant des résultats contradictoires quant à l’enchaînement qui ferait du baby-blues un précurseur ou un facteur de risque de la DPP
- il y a par contre un lien “négatif” : l’absence de blues est très fortement prédictif de l’absence de la DPP dans le post-partum tardif
Facteurs de risque pour la DPP
- Antécédents de dysménorrhées (menstruations douloureuses)
- Un baby-blues intense
- Des troubles anxieux, des traits obsessionnels
Parmi les autres facteurs étiologiques on identifie : - Un dysfonctionnement neuroendocrinien au niveau de la thyroïde
- Une moindre préparation à l’accouchement
- L’absence de soutien émotionnel lors de l’accouchement
- La non reprise d’un emploi
- L’isolement maternel (mères célibataires), mais les résultats sont controversés
- La qualité des relations de couple; dans le cas d’une relation conflictuelle, ou distante, la DPP est beaucoup plus probable. Elle est très liée avec l’insatisfaction conjugale
- Absence de soutien social
- Relation tendue, difficile ou absente avec sa propre mère
Prédicteurs
Dépression prénatale Basse estime de soi Stress lié à l'enfant Anxiété prénatale Stress de la vie Support social Relation maritale Historique de dépression Tempérament de l'enfant Grossesse non planifiée Statut socio-économique Baby-blues Statut marital 50% de femmes en dépression rapportent des conflits conjugaux; 50% des femmes qui rapportent un conflit conjugal ont des symptômes de dépression La dépression parentale affecte à son tour l'enfant
DPP - pronostic
> La durée des troubles est le plus fréquemment de 3 à 6 mois, et peut s’étendre jusqu’à 14 mois
Pour un pourcentage minoritaire des femmes, la DPP est par contre le début d’épisodes dépressifs récurrents, soit lors d’une grossesse suivante (de 30 à 50% de récidive), soit à une autre période de la vie
Un grand nombre de DPP sont confondues avec des doléances concernant le bébé, ou se manifestent par le biais de difficultés comportementales de l’enfant.
Facteurs de risque pour l’enfant
> Vulnérabilité génétique : les études sur les jumeaux montrent qu’un adulte à trois fois plus de risque que la normale de développer un trouble affectif s’il a un parent au premier degré qui a un trouble unipolaire
Facteurs constitutionnels : altération neuroendocrinienne durant la grossesse
Perturbation (disruption) de l’environnement prénatal
Interactions mère-enfant non optimales, sur- et sous- stimulations
Contexte psychosocial
Comportement interactif des mères dépressives
> Par comparaison avec le comportement interactif “standard”, une mère dépressive montre les caractéristiques suivantes :
- plus d’affects négatifs
- plus de retrait et de rejet de l’interaction
- tendance à parler, vocaliser moins
- tendance à montrer des comportements intrusifs
Deux styles différents :
- Certaines mères sont intrusives, sur-stimulantes et contrôlantes, particulièrement si le bébé est de sexe masculin
- Certaines mères sont en retrait, passives et sous-stimulantes