Module 1.4 : Quatre débats Flashcards

1
Q

De façon générale, en quoi consiste le ‘‘nouveau terrorisme’’?

A

Il s’agit de la théorie selon laquelle nous serions en présence, depuis les années 90, d’un nouveau type de terrorisme.

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2
Q

En quoi consiste la thèse de la continuité?

A

Elle s’oppose à la théorie du ‘‘nouveau terrorisme’’, c’est-à-dire que cette thèse stipule que les changements observés dans le terrorisme ne sont pas des changements fondamentaux.

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3
Q

Ce débat définitionnel entre continuité et nouveau terrorisme tourne autour de quels aspects (3)?

A

La structure des groupes terroristes, les tactiques privilégiées par ceux-ci et leur idéologie.

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4
Q

Quelle seraient les caractéristiques de l’évolution structurelle du nouveau terrorisme selon la première théorie (4)?

A
  • Les acteurs agissent de manière transnationale (ils n’ont pas besoin du soutien d’un État) et opèrent en réseaux (pas besoin d’un ancrage territorial; groupe sans frontières).
  • Les groupes sont flexibles dans leur organisation et ils sont résilients : le modèle d’organisation est lâche et les groupes n’ont pas de commandement centralisé, mais plutôt des groupuscules liés entre eux par des individus occupant des postes stratégiques dans le réseau.
  • Ils ont des moyens de communication modernes.
  • Prolifération d’amateurs et de loups solitaires : des individus aux motivations diverses mais sans liens formels avec les groupes en question et internet comme lieu de ressource (do it yourself terrorism).
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5
Q

Quelles seraient les caractéristiques de l’évolution tactique du nouveau terrorisme (2)?

A
  • La volonté des terroristes de faire le plus de victimes possible (on n,est plus dans la logique symbolique des victimes). Donc, le terrorisme est plus meurtrier et destructif.
  • Les membres veulent avoir des armes plus létales (armes de destruction massive). Depuis la chute de l’URSS, la disponibilité de ces armes est accrue; risque de bioterrorisme, terrorisme bactériologique, nucléaire voire chimique.
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6
Q

Quelles seraient les caractéristiques de l’évolution idéologique du nouveau terrorisme (3)?

A
  • Religion est devenue la source de toutes les inspirations (les terroristes seraient tous des fanatiques religieux).
  • Motivations religieuses ont supplanté les motivations politiques.
  • Leur justification/légitimation serait inscrite dans un référentiel religieux (violence est un acte divin, ‘‘nous vs eux’’ alimente le clash des civilisations et violence débridée due au caractère transcendantal du terrorisme*).

*Caractère transcendantal : ceux qui font les actes terroristes ne seraient pas contraints par les mêmes impératifs moraux, pratiques ou politiques que les groupes séculiers.

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7
Q

Quelle est la critique adressée à la théorie du ‘‘nouveau terrorisme’’ par les tenants de la thèse de la continuité?

A

Ils ne contestent pas la thèse qu’il y a eu des changements dans la scène terroriste, mais ils refusent de voir cela comme une rupture et le voient plutôt comme une évolution. Ces évolutions seraient dues à la fois au nouveau contexte international et aux innovations mises en place par les groupes terroristes eux-mêmes.

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8
Q

L’évolution du contexte géopolitique depuis la fin des années 80 a eu 3 conséquences sur les groupes terroristes existant. Lesquelles?

A
  • Les soutiens idéologiques et logistiques entre certaines grandes puissances (et leurs alliés) et les groupes terroristes disparaissent avec la fin de la guerre froide. Donc, les groupes cherchent de nouveaux soutiens ou réduisent leurs activités.
  • Ce vide idéologique et géopolitique international poussent des groupes à se tourner vers des références religieuses, différemment selon les régions.
  • Recyclage du ‘‘savoir-faire’’ terroriste.
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9
Q

Ce changement de contexte a la fin des années 80 est aussi accompagné par 3 autres conséquences, lesquelles?

A
  • La ‘‘renaissance’’ religieuse dans certains pays musulmans se traduit par une concurrence entre un Islam ‘‘traditionnel’’ et d’autres formes plus radicales (salafisme, wahhabisme).
  • Un ‘‘nouvel arc des crises’’ apparaît : le nombre de groupes d’inspiration islamique explose dans le Moyen-Orient et en Asie (les considérations territoriales locales restent toutefois importantes).
  • L’ancrage territorial est donc plus déterminant que jamais.
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10
Q

Quelles sont les critiques faites à l’égard de l’évolution structurelle du nouveau terrorisme (4)?

A
  • La dimension internationale des groupes ne serait pas nouvelle. Elle serait présente depuis 1960, sous la forme d’attaque de cibles étrangères (afin d’attirer l’attention sur la scène internationale et faire pression sur le gouvernement local) et d’attaques sur un territoire étranger (afin de délocaliser la lutte et changer le rapport de force en visant des cibles moins surveillées).
  • Le soutien (financier ou logistique) de certains pays vis-à-vis des groupes terroristes, ou leur ‘‘accueil’’ pour que les groupes mettent en place des camps d’entraînement sur le territoire de l’État étranger, par exemple.
  • Certains groupes terroristes fonctionnaient en réseaux avant 1990 afin de réduire les coûts de la répression (le groupe continue à fonctionner malgré l’arrestation d’un leader).
  • La nouveauté n’est pas dans les pratiques, mais dans la facilitation (grâce aux moyens de communication) d’augmenter l’autonomie des parties du réseau.
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11
Q

Quelles sont les critiques de l’évolution tactique (5)?

A
  • Il y a bien une augmentation du nombre de victimes lors des attentats, mais cela peut s’expliquer par le caractère exceptionnel du 11 septembre, de la guerre en Irak ou de la guerre civile en Syrie.
  • Le nombre de victimes a au contraire baissé en Europe de l’Ouest.
  • Notre perception s’est souvent biaisée après le 11 septembre; cela a été renforcé avec les attentats commis dans le cadre des guerres en Irak/Syrie/Afghanistan. Il faut donc se départir d’une vision occidentalo-centralisée; d’ailleurs, ce sont les populations musulmanes qui sont le plus touchées par les attentats terroristes depuis les années 90.
  • Les groupes ne sont pas portés davantage à utiliser des armes de destruction massive (les attaques biologiques/chimiques relèvent plutôt de l’exception). Ces armes sont peu accessibles, coûteuses, difficiles à manier et ne permettent pas un attentat ‘‘spectaculaire’’.
  • Les groupes ne sont pas prêts à franchir le seuil psychologique que représente l’utilisation d’armes de destruction massive.
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12
Q

Quelles sont les critiques de l’évolution idéologique (2)?

A
  • Il y a toujours eu de la violence au nom de la religion.(pas seulement des attentats terroristes).
  • La religion ne produit de la violence que selon 3 conditions.
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13
Q

Quelles sont les 3 conditions qui font en sorte que la religion devient productrice de violence selon Rapoport?

A

-Un sentiment de pertes (le monde se défait).
-La théologie se transforme en dogme protectionniste basé sur un nationalisme exclusiviste et le racisme.
‐ La croyance que seule la violence peut aider à préserver la foi.

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14
Q

Quelles conclusions devrait-on tirer du débat entre nouveauté et continuité (3)?

A
  • La continuité semble plus véridique entre le terrorisme d’avant 1991 et celui depuis.
  • Le terrorisme est un phénomène multiforme, complexe et évolutif tout au long de l’histoire de plusieurs sociétés.
  • Les terrorismes se transforment et évoluent sous les effets des pratiques des acteurs.
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15
Q

En quoi consiste le concept de ‘‘vague’’ proposé par Rapoport?

A

C’est un cycle d’activités dans une période de temps donnée, caractérisé par des phases de contraction et d’expansion. Sa dimension internationale fait que les groupes exercent des activités similaires dans différents pays.

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16
Q

Quelles sont les 4 vagues de terrorisme selon le texte de Rapoport?

A

La vague anarchiste (1880-1920), la vague anticoloniale (1920-1960), la vague de la ‘‘nouvelle gauche’’ (1960-1990) et la vague religieuse (depuis 1979).

17
Q

Quelles sont les limites du concept des vagues de Rapoport?

A
  • Il ne s’intéresse qu’au terrorisme international.
  • Cette internationalité est due au fait que des groupes ont les mêmes objectifs et tactiques existent dans différents pays, malgré leurs aspirations locales.
  • Il n’y a pas nécessairement qu’une seule forme de terrorisme par vague.
  • Les groupes terroristes peuvent exister sur plusieurs vagues, surtout les groupes nationalistes, mais la plupart ne durent que le temps d’une vague.
18
Q

Kaplan propose une cinquième vague, en quoi consiste-t-elle?

A

Ce serait le ‘‘nouveau tribalisme’’; elle aurait déjà commencé même si la 4e vague devrait durer jusqu’en 2025 environ. L’objectif des groupes de la 5e vague serait de créer un ‘‘nouveau monde’, une société utopique. Pour selon, on encouragerait les massacres à grande échelle, car ils permettraient de réaliser les objectifs du groupe et aux combattants de mourir dans ‘‘la gloire’’.

19
Q

Parker et Sitter remplacent le concept de vague par celui de souches. Qu’est-ce?

A

Les deux auteurs s’opposent à l’idée qu’une vague disparaisse lorsqu’elle ne peut plus inspirer de nouveaux groupes. Les vagues ne prendraient pas en compte les racines historiques profondes de chaque type de terrorisme. Il faut plutôt mettre l’accent sur la ‘‘contagion’’ (chaque groupe s’inspire des autres).

De plus, ils sont d’accord avec Rapoport sur l’idée que les nouveaux moyens de communication ont favorisé l’apparition d’un ‘‘terrorisme moderne’’, mais ils le placent vers 1850-60.

Ils soutiennent aussi qu’on peut identifier les premiers groupes de chaque souche, ceux qui auraient servi de modèle aux autres.

20
Q

Quelles seraient les 4 souches du terrorisme selon Parker et Sitter?

A

Le terrorisme nationalisme, le terrorisme religieux, le terrorisme socialiste et le terrorisme d’exclusion sociale.

21
Q

Quelles sont les limites du concept de souches (3)?

A
  • On peut se demander s’il s’agit d’un nouveau concept ou d’une simple reformulation.
  • Les catégories seraient problématiques : Parker et Sitter assimilent le mouvement anarchiste et la nouvelle gauche, et la catégorie du terrorisme d’exclusion sociale serait une catégorie ‘‘fourre-tout’’. De plus, les groupes évoluant constamment, il est difficile d’identifier la souche (la catégorie).
  • Rapoport insiste qu’il faut distinguer les vagues au-delà de la logique de contagion.
22
Q

Sur quoi porte le débat entre ‘‘top-down’’ et ‘‘bottom-up’’?

A

Il porte sur la logique organisationnelle des groupes et leur évolution. Les deux principaux auteurs sont Bruce Hoffman et Marc Sageman.

23
Q

À quoi correspond la conception ‘‘top-down’’?

A

Les groupes terroristes seraient des organisations structurées de façon hiérarchique (les ordres viennent ‘‘d’en haut’’).

24
Q

À quoi correspond la conception ‘‘bottom-up’’?

A

Les groupes seraient des organisations déstructurées et flexibles, avec des parties presque autonomes.

25
Q

Qu’est-ce que le ‘‘grassroots terrorism’’?

A

Il s’agit d’un terrorisme ‘‘venant d’en bas’’, idée défendue par Sageman, surtout depuis les attentats attribués à des individus d’inspiration djihadiste.

Exemples : attentat à Ottawa en 2014, Orlando en 2016, Paris en 2015.

26
Q

En quoi consiste l’idée de ‘‘l’ennemi de l’intérieur’’?

A

Il s’agit d’un terrorisme d’initiative locale, dont la préoccuptation est grande depuis 2004-5, surtout par la peur des loups solitaires. Cette stratégie est avalisée apr Al Qa’ida et Daesh lorsqu’ils appellent au ‘‘djihad individuel’’ (ne pouvant agir directement, le groupe appelle les musulmans à se soulever d’ex-mêmes au nom du djihad, surtout en Occident).

27
Q

Que pensent Sageman et Hoffman respectivement de l’idée de l’ennemi de l’intérieur?

A

Sageman pense que l’Internet aurait facilité l’apparition de ces loups solitaires, qui représentent l’une des plus grandes menaces pour l’Occident. Il met l’accent sur l’apparition de réseaux informels à défaut de véritable stratégie de recrutement de la part des groupes. Il s’agit donc d’un terrorisme partant du bas (bottom-up).

Pour Hoffman, il faut relativiser cette perte d’importance des réseaux formels = Al Qa’ida central est loin d’avoir dit son dernier mot. La structure continue d’avoir du poids et de l’influence sur
les actions commises en son nom.

28
Q

En quoi le financement du contreterrorisme est-il important, différemment selon l’approche top-down et selon l’approche bottom-up?

A

Si on privilégie l’approche top-down, il faut financier les institutions à vocation nationale ou internationale, comme la CIA ou l’armée. Si l’approche bottom-up est préférée, il faudrait financer les institutions à vocation locale, comme la police ou le FBI.

29
Q

Quelles sont les conclusions du débat top-down vs bottom-up?

A
  • La réalité est trop complexe pour dire si l’un ou l’autre a raison.
  • Les deux formes de terrorisme cohabitent actuellement et s’alimentent l’une l’autre.
  • Il est donc importent de penser le terrorisme dans sa pluralité et sa diversité.
30
Q

En quoi consiste le quatrième débat, celui d’individu vs groupe?

A

Il renvoie à la place de l’individu par rapport à l’influence du groupe (d’amis). Sageman, dans l’approche bottom-up, mettant l’accent sur l’influence qu’ont les groupes dans la radicalisation d’un individu. Une grande partie des terroristes d’un groupe se seraient connus avant de le rejoindre, et auraient décidé de le rejoindre ensemble (importance des liens interpersonnels, donc famille, amis, etc.).

31
Q

En quoi consiste la relation in-group/out-group?

A

Les liens interpersonnels renforcent l’appartenance et l’engagement individuel dans le groupe terroriste. Et plus les relations avec le groupe sont fortes, plus elles auront tendance à être exclusives = rejet de l’autre.

32
Q

Quels sont les 5 mécanismes de radicalisation selon mcCauley et Moskalenko?

A
  • Radicalisationdansungroupeformé d’individusquipossèdentlesmêmesdispositions.
  • Radicalisationd’ungroupeisolé etsouslamenace.
  • Radicalisationdegroupesenconcurrence.
  • Radicalisationdegroupess’opposantà l’État.
  • Radicalisationd’ungroupesousleseffetsdelacompétition interne au groupe.
33
Q

En quoi consiste l’effet d’entraînement?

A

-En mettant l’accent sur le groupe, Sageman cherche à relativiser la main mise de l’organisation terroriste sur ses membres (bottom‐up), mais aussi à relativiser l’influence de l’idéologie dans l’engagement d’individus dans des groupes terroristes (pas besoin d’être un ‘‘fanatique’’ pour commettre un attentat.
-Même lorsqu’un individu ne croit plus particulièrement dans les objectifs du groupe, il peut arriver qu’il y reste car quitter le groupe terroriste peut avoir un coût personnel (loyauté envers les amis).
-Attention toutefois de ne pas placer le blâme uniquement sur le groupe (un individu qui rejoint un groupe le fait généralement sur une base volontaire; mêmes valeurs, mêmes opinions). Le mythe du
‘‘brainwashing’’ est donc à remettre en question.

34
Q

Qu’est-ce qu’un loup solitaire?

A
  • À l’opposé de l’influence du groupe, la question se pose: est‐ce qu’un individu peut de lui‐même, sans l’influence d’amis ou d’une organisation, être amené à commettre un attentat?
  • Là encore, nous faisons référence à une dimension de l’approche bottom‐up (loups solitaires).
  • Un « loup solitaire » est un individu « who acted alone and outside of a formal organisational or command structure » (Phillips).
  • Le phénomène existe depuis longtemps, bien qu’il soit comme nous l’avons déjà précisé, parfois faussement associé au jihadisme.
35
Q

Quelles sont les limites de l’autoradicalisation?

A

-Il est parfois dit que les loups solitaires sont des personnes qui se sont auto‐radicalisés. Il faut être prudent face à de telles affirmations.
-On ne devient pas terroriste du jour au lendemain, et encore moins strictement par soi‐même, d’où l’importance de comprendre le processus de radicalisation en identifiant les logiques subjectives et
objectives qui ont conduit à la réalisation de l’acte.
-Dans la plupart des cas, les individus « radicalisés » ne sont pas isolés. Ils fréquentent des communautés de croyances, que ce soit dans le monde physique ou dans le monde virtuel. Les échanges qui s’y déroulent
viennent en quelque sorte asseoir les croyances des individus et les conforter.
-Là encore, il n’y a pas de réponse simple à ce débat. Les deux réalités évoquées coexistent et marquent de leur empreinte le terrorisme actuel.