Médicalisation et médication des problèmes psychosociaux Flashcards
1.1 Origines et fondements théoriques
• Courants d’analyse critique, années 1970: critique
de la psychiatrie, analyses féministes (médicalisation du corps féminin, médecine comme vecteur du contrôle patriarcal), « médicalisation de la vie ».
• Sociologie: médecine comme institution (a) de
régulation sociale (fonctionnalisme: notion de
« rôle du patient/rôle du médecin » - voir Parsons)
ou (b) de contrôle social (interactionnisme
symbolique: théories du labelling/étiquetage).
Forme de médicalisation
- Conceptuel
Manifestation : Modèle conceptuel et vocabulaire médicaux sont utilisés.
Implication médical : Restreinte : quelques
experts (ex : recherche). - Institutionnel
Manifestation : Adoption d’une approche
médicale par une organisation qui ne relève
pas du domaine médical (ex : école, CJ, tribunaux)
Implication médical : Contrôle de l’accès aux bénéfices, lesquels sont attribués si définition médicale est attribuée (ex : congés, remboursements, Rx) - Interactionnel :
Manifestation : Consultation médicale.
Implication médicale : Directe : diagnostic et
traitement (ex : prescription de Rx).
Système de médicament
La production, prescription et consommation de
médicaments constituent un système en soi.
- 1 - les patients individuels et leurs mds;
- 2- les organisations dans lesquelles les services sont dispensés;
- 3- les « tiers-payant » (assureurs publics ou privés);
- 4- les gouvernements;
- 5- les fournisseurs de Rx (cies pharmaceutiques)
- 6- autres acteurs (ex : instituts de recherche)
Le débat sur les médicaments psychotropes
• En termes de consommation dans les pays occidentaux, les psychotropes se classent au 2e rang, après les médicaments cardiotropes.
• Les problèmes pour lesquels ils sont prescrits et
consommés ne sont pas toujours clairement des maladies.
• Inquiétudes et questionnements : signe de
l’augmentation de la détresse psychosociale dans nos sociétés? Solution « palliative » en l’absence d’autres moyens d’atténuer la souffrance psychosociale? Recours exagéré car source de profits pour certains acteurs?
• Dans le domaine de la santé mentale, la détresse est souvent assimilée à la « maladie ». Cette équation encourage la prise de médicaments et élargit ses
indications.
• Cette tendance est renforcée par le mode d’organisation actuel du réseau de la santé et des services sociaux et les transformations des politiques sociales : en l’absence de services psychologiques et
psychosociaux gratuits ou dans des délais raisonnables, les services médicaux/psychiatriques constituent
souvent la seule option accessible
Prévalence chez les jeunes
• près d’un jeune sur deux a un diagnostic de trouble mental inscrit au dossier et près de deux jeunes sur cinq prennent un ou des médicaments psychotropes.
• Dans les Centres jeunesse, près de la moitié (44%) des jeunes sous médication psychotrope font l’objet de
multiples prescriptions
• Motifs les plus fréquents : comportements perturbateurs (trouble oppositionnel et troubles des conduites), trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. À noter : le cumul de diagnostics est présent chez un jeune sur quatre.
Impacts sur les interventions psychosociales:
• La médication peut contribuer positivement à l’action éducative et à la réadaptation thérapeutique (ex: meilleur fonctionnement au quotidien, réceptivité,
autocritique).
Conséquences indésirables
- Diminution du sentiment de responsabilité et de
l’implication de la famille. - Médication peut devenir un symbole de dépendance et nuire au développement de l’autonomie.
- La réduction des symptômes ne règle pas à elle
seule les difficultés sociales et celles de la vie quotidienne. - L’attention mise sur le diagnostic et ce qui l’entoure vient détourner l’attention qui devrait être portée sur le contexte entourant les comportements
Intervention
• Les intervenants se sentent peu outillés et disent
manquer de formation en psychopharmacologie pour
informer sur la gestion de la médication, ses effets ou sur les risques d’une mauvaise utilisation
• Parce qu’ils peuvent être facilement prescrits et que leurs effets sont rapides à court terme, les psychotropes sont souvent le traitement de premier choix. Quelle est la place faite aux interventions alternatives?
• Dans un contexte fortement médicalisé, il y a un danger que les intervenants psychosociaux délaissent leurs propres stratégies d’intervention, ayant en quelque sorte accepté que celles-ci sont peu disponibles ou trop coûteuses
A) Médicalisation des problèmes psychosociaux – 3 niveaux:
- (1) interactionnel (consultation médicale, diagnostic et prescription);
- (2) conceptuel (utilisation de concepts et de termes médicaux pour définir les problèmes vécus);
- (3) et institutionnel (le diagnostic médical comme condition d’accès aux services et aux ressources)
Selon Conrad (1995), médicaliser un problème, c’est ....
(1) définir un problème non-médical à l’aide de concepts médicaux (définition médicale – plutôt que sociale – de la nature du problème);
ou
(2) utiliser un vocabulaire médical pour décrire ce problème;
ou
(3) adopter une approche médicale pour expliquer ce
problème (étiologie : causes);
ou
(4) utiliser une intervention médicale pour le traiter.
Ou combinaison de ces modalités de médicalisation.