LA MÉMOIRE Flashcards

1
Q

Mémoire de Travail (9pts)
Après avoir introduit et définit le cadre général dans lequel ce situe cette théorie : Décrivez et détaillez le fonctionnement de chacune des composantes du modèle? (6pts : 2pts par composantes du modèle) Détaillez le rôle de l’administrateur central? (3pts)

A

Réponse question de Rédaction :
Beaucoup d’activités mentales nécessite de faire appel à une mémoire transitoire, du seul fait qu’elles se déroulent dans le temps et qu’elles nécessitent de coordonner des éléments. L’expression “mémoire de travail” est classiquement invoquée lorsqu’on cherche à rendre compte des contraintes temporelles et attentionnelles qui sont à l’œuvre dans les activités cognitives.
1. La boucle phonologique est un système spécialisé dans le maintien de l’information verbale, sous une forme phonologique. Elle est composée elle-même de deux parties: le registre phonologique (enregistrement “passif” des informations verbales), et un processeur d’autorépétition, appelé “boucle articulatoire”, qui implique une activité de la part du sujet. Des études ont montré que la mémoire à court terme était sensible aux propriétés phonologiques et articulatoires du matériel mémorisé, même si le matériel est présenté par écrit, ce qui traduit l’effet d’un “recodage” phonologique d’un matériel verbal écrit.
2. le bloc-notes visuo-spatial (ou Visuo-spatial Scratch Pad) est un sous système spécialisé dans le maintien et la manipulation temporaire d’images mentales.
3. L’Administrateur Central (ou Central Executive, ou Centre Exécutif), est un système attentionnel, de capacité limitée, qui est responsable des fonctions de contrôle et d’intégration de la mémoire de travail. Il sélectionne et exécute les processus contrôlés et les stratégies: quel système de stockage doit être utilisé (boucle phonologique ou visuo-spatial Scratch Pad: Baddeley parle leur sujet de “système esclave”, soumis à l’administrateur central)? L’administrateur central est un système qui doit permettre l’activation des informations pertinentes à un moment donné, et l’inhibition de celles qui ne sont plus pertinentes. Il assure ainsi la planification et la mise en œuvre de nouvelles activités, et en cas de besoin l’articulation entre plusieurs activités. Des études lui attribuent également un rôle dans la récupération contrôlée des informations en mémoire à long terme.

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2
Q

Mémoire procédurale & mémoire déclarative (2pts) Définissez ces deux types de mémoire.

A

1) La mémoire déclarative concerne des connaissances verbalisables, portant notamment sur des faits. Il s’agit du “savoir quoi”, à quel moment et dans quel lieu.
2) La mémoire procédurale concerne les savoir-faire mis en jeu dans l’utilisation d’objets physiques ou d’objets symboliques. Il s’agit du “savoir comment”.

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3
Q

La Mémoire de Travail (9pts)
Après avoir introduit et définit le cadre général dans lequel se situe cette théorie, décrivez et détaillez le fonctionnement de chacune des composantes du modèle. (6pts: 2pts par composantes du modèle) Détaillez le rôle de l’administrateur central. (3pts)

A

Beaucoup d’activités mentales nécessitent de faire appel à une mémoire transitoire, du seul fait qu’elles se déroulent dans le temps et qu’elles nécessitent de coordonner des éléments. L’expression “mémoire de travail” est classiquement invoquée lorsqu’on cherche à rendre compte des contraintes temporelles et attentionnelles qui sont à l’œuvre dans les activités cognitives. Selon Babbeley (1986), la mémoire de travail est un système constitué de trois composantes :
1- La boucle phonologique qui est un système spécialisé dans le maintien de l’information verbale, sous une forme phonologique. Elle est composée elle-même de deux parties :
1. le registre phonologique (enregistrement “passif” des informations verbales),
2. un processeur d’autorépétition, appelé “boucle articulatoire”, qui implique une activité de la part du sujet.
Des études ont montré que la mémoire à court terme était sensible aux propriétés phonologiques et articulatoires du matériel mémorisé, même si le matériel est présenté par écrit, ce qui traduit l’effet d’un “recodage” phonologique d’un matériel verbal écrit.
2- le bloc-notes visuo-spatial (ou Visuo-spatial Scratch Pad) est un sous système spécialisé dans le maintien et la manipulation temporaire d’images mentales.
3- L’Administrateur Central (ou Central Executive, ou Centre Exécutif), est un système attentionnel, de capacité limitée, qui est responsable des fonctions de contrôle et d’intégration de la mémoire de travail. Il sélectionne et exécute les processus contrôlés et les stratégies : quel système de stockage doit être utilisé (boucle phonologique ou visuo-spatial Scratch Pad : Baddeley parle leur sujet de “système esclave”, soumis à l’administrateur central).
L’administrateur central est un système qui doit permettre l’activation des informations pertinentes à un moment donné, et l’inhibition de celles qui ne sont plus pertinentes. Il assure ainsi la planification et la mise en œuvre de nouvelles activités, et en cas de besoin l’articulation entre plusieurs activités. Des études lui attribuent également un rôle dans la récupération contrôlée des informations en mémoire à long terme.

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4
Q

Mémoire procédurale & mémoire déclarative (2pts) Définissez ces deux types de mémoire.

A

La mémoire déclarative concerne des connaissances verbalisables, portant notamment sur des faits. Il s’agit du “savoir quoi”, à quel moment et dans quels lieux.
La mémoire procédurale concerne les savoir-faire mis en jeu dans l’utilisation d’objets physiques ou d’objets symbolique. Il s’agit du “savoir comment”.

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5
Q

La mémoire procédurale concerne les « savoirs-faire » mis en jeux dans l’utilisation des objets physiques (i.e., comment se servir des ciseaux pour couper un papier) ou d’objets « symboliques (i.e., comment procéder pour écrire la lettre A, B ou C).
Décrivez les formes élémentaires de la mémoire procédurale ainsi que l’expérience de Tolman et al. (1946) qui appuie l’hypothèse selon laquelle la mémoire procédurale ne se réduirait pas qu’à une procédure « sensori-motrice ». (p. 87-90)

A

La mémoire procédurale est souvent décrite par opposition à la mémoire déclarative. Cette dernière concernerait des données verbalisables qui porteraient sur des caractéristiques sémantiques et biographiques, alors que la mémoire procédurale serait plutôt axée sur les « savoir-faire ». On a effectivement démontré l’autonomie de l’une par rapport à l’autre, à travers l’étude de patients cérébrolésés comme H.M. H.M était en effet en mesure d’apprendre une tâche manuelle mais n’était ni en mesure de la verbaliser ni de se rappeler les étapes (ni les séances) nécessaires à son apprentissage. Il a donc conservé ses capacités procédurales alors que sa mémoire déclarative a fortement été affectée. On peut considérer la mémoire procédurale comme une instance de la mémoire qui nous permet de nous souvenir de l’utilisation d’objets (utiliser un tournevis), de procédures (démarrer une voiture), de mouvements (tenir en équilibre sur un vélo) mais aussi de mettre en place les comportements moteurs adaptés pour écrire, jouer de la musique, … Il peut également s’agir d’habilités plus complexes comme la résolution d’un casse-tête, comme par exemple la Tour d’ Hanoï. Cependant, historiquement on s’est d’abord intéressé aux apprentissages élémentaires en se basant notamment sur l’étude des animaux dans une perspective béhavioriste. Celle-ci postule notamment qu’un comportement s’apprend par le principe d’essai-erreur ; un comportement n’étant renforcé que s’il conduit de façon répétée à une satisfaction. Les chercheurs du courant behavioriste et associationniste se sont tout particulièrement concentrés sur les apprentissages pouvant être induits chez les animaux comme les rongeurs. Ils ont distingué deux formes de conditionnement selon la manière dont se réalise l’association stimulus-réponse ou situation-comportement :

1) Le conditionnement répondant, qui a été découvert grâce aux expériences de Pavlov, qui consiste à associer un stimulus conditionnel –arbitraire, comme le son d’une clochette- à un stimulus qui conditionne une réponse de la part de l’animal, comme par exemple la présentation de nourriture qui va faire saliver un chien. La présentation de nourriture sera dans ce cas le stimulus inconditionnel et la réponse du chien est le fait qu’il salive. Pavlov a observé qu’après plusieurs présentations du stimulus conditionnel en même temps que celle du stimulus inconditionnel, la réponse était donnée par l’animal en présence du seul stimulus conditionnel. On a donc modifié le comportement spontané du chien, c’est donc bien la preuve qu’un apprentissage a eu lieu, apprentissage qui nécessite la mémoire procédurale. Bien entendu, dans ce cas, le processus est largement inconscient et non contrôlé par l’animal.
2) Le conditionnement opérant qui attribue un rôle plus actif à l’animal. Skinner a mis ce phénomène en évidence. L’animal doit avant tout produire spontanément un comportement qui sera récompensé. Cette récompense est appelée “renforcement”. Par exemple l’oiseau qui va, par hasard, picorer dans un périmètre précis de sa cage colorée différemment obtiendra une portion de graines. Peu à peu, avec la répétition de cette expérience, il établira un lien entre le fait qu’il picore à cet endroit et le fait de recevoir de la nourriture. Cette association est durable puisque, s’il est confronté plus tard à la même situation, s’il voit un périmètre de la même couleur, il va automatiquement picorer à cet endroit. Ce comportement est à nouveau automatique, mais cet apprentissage résulte cette fois de l’action de l’animal. Ces deux formes d’apprentissage sont très basiques et adaptées principalement aux situations simples, où les réponses attendues sont limitées et les situations possibles restreintes. Toutefois cette vision du fonctionnement animal - ou des apprentissages humains simples - est peu adaptée à la complexité cognitive humaine. Depuis le courant cognitiviste on considère en effet que les individus font appel à des modèles intériorisés, les représentations mentales, qui leur permettent de construire une représentation structurée de l’ensemble des signaux qui caractérisent une situation, et qui permettent ainsi de réguler et planifier leur conduite. Ainsi Tolman et al. (1946) a mis en place un protocole expérimental dans lequel les rongeurs sont confrontés à une situation plus complexe, car ils doivent se repérer dans un labyrinthe en forme de croix pour obtenir de la nourriture, mais le chemin à effectuer n’est pas toujours le même selon la situation. De la nourriture est placée sur une des branches et le rat doit la retrouver. Dans un premier cas le rat est d’abord placé au nord et la nourriture à l’est, il doit donc tourner à droite, puis le rat est placé au sud et la nourriture à l’ouest ; il doit donc là encore tourner à droite ; il apprend donc une réponse. Dans une autre situation la nourriture est toujours à l’est et le rat doit donc tourner à droite s’il est au nord et à gauche s’il est au sud. C’est l’apprentissage de lieu. On mesure le temps mis par le rat pour retrouver sa nourriture. On constate qu’il met moins de temps dans la situation “apprentissage de lieu” que dans la situation “apprentissage de réponse”, et c’est d’autant plus vrai si le labyrinthe est entouré d’indices spatiaux qui vont permettre au rat de s’y repérer lors de son déplacement. Le rat a donc été en mesure de se construire une représentation mentale (spatiale) du labyrinthe et il s’y est référé pour adapter son comportement (déplacement). Il doit non seulement garder en mémoire la configuration de l’environnement, mais en plus il doit la modifier pour l’adapter à la situation actuelle en fonction de l’emplacement où il se trouve et au fur et à mesure des déplacements. En effet, pour Tolman, les apprentissages de procédures ne sont pas uniquement des réponses invariables : ils sont des comportements adaptables aux changements de situation. Des études ultérieures ont montré que la construction des représentations mentales était liée à la richesse de l’environnent, et que les rats habitués à un environnement riche étaient ensuite plus performants dans ce type d’apprentissage. Cela suggère que les apprentissages procéduraux ne sont pas limités aux apprentissages sensori-moteurs mais concernent également les apprentissages plus complexes, tels que la résolution de problèmes ainsi que l’a montré Cohen (1984) avec l’apprentissage de la Tour de Hanoï. La résolution de ce type de problèmes fait par exemple appel à la mémoire procédurale. Les résultats obtenus auprès de patients atteints du syndrome amnésique, incapables de retenir des informations verbalisables montrent que ces derniers présentent une amélioration de leurs performances avec l’entraînement. Comme les rats des expériences de Tolman, les sujets humains font moins d’erreurs et effectuent la tâche plus rapidement au fur et à mesure de la répétition. Ce type de résultats met en évidence le fait que les capacités procédurales complexes peuvent être préservées dans les amnésies rétrogrades et que les habiletés acquises le sont durablement. Cela suggère que ce type d’apprentissage se réalise indépendamment de la mémoire consciente, explicite, mais néanmoins que tous les éléments liés au contexte auxquels le sujet peut se référer - via ses propres connaissances - sont déterminants dans l’apprentissage procédural.

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6
Q

Rappelez les arguments empiriques qui étayent la distinction entre mémoire implicite et mémoire explicite.

A

D’un point de vue structural, une des premières distinctions faites sur les connaissances en mémoire à long terme concerne la mémoire déclarative (nos connaissances explicitables) et la mémoire procédurale (nos savoir-faire). Cette distinction ne rend cependant pas totalement compte des déficits observés dans certains syndromes amnésiques et notamment ne tiennent pas compte, d’un point de vue fonctionnel, du mode de récupération. Des auteurs ont alors proposé de distinguer une mémoire explicite correspondant à une récupération consciente et volontaire et une mémoire implicite correspondant à une activation non consciente des informations. C’est la mémoire explicite qui serait atteinte dans l’amnésie. Le déficit s’observerait alors seulement dans les tâches réclamant explicitement une récupération de l’information comme les tâches de rappel ou de reconnaissance. En revanche, dans des tâches où l’accès à l’information n’est pas volontaire, comme les tâches d’amorçage, on ne devrait pas observer de déficit chez les sujets amnésiques. Ces prédictions ont été testées par Warrington et Weiskrant (1970) dans une série d’expériences où ils ont comparé des sujets normaux et des sujets amnésiques. Ils ont ainsi soumis leurs sujets à l’apprentissage de plusieurs listes de mots, puis ont testé la mémorisation dans des tâches de rappel, de reconnaissance et de complétion de mots. Comme on peut s’y attendre, les sujets amnésiques ont été moins performants que les sujets normaux dans les deux premières tâches. En revanche, il n’y a pas de différence entre les deux groupes de sujets dans la tâche de complétion. Dans cette tâche, les sujets doivent compléter trois lettres commençant un mot. On observe une nette tendance, dans les deux groupes, à compléter les lettres par un mot appartenant aux listes précédemment apprises. Cette expérience montre, à travers le phénomène d’amorçage, que la récupération implicite des informations n’est pas altérée chez les sujets amnésiques, alors que la récupération explicite l’est. Cette dissociation étaye donc la distinction entre ces deux types de mémoire.

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7
Q

Deux formes de conditionnement (4pts)

Définissez les deux formes de conditionnement et donnez leurs auteurs.

A
  • Le Conditionnement “répondant” (Pavlov). Il s’établit par association entre deux stimulus. Le stimulus conditionnel, après présentation simultanée et répétée avec le stimulus inconditionnel, finit par provoquer seul la même réponse.
  • Le conditionnement “opérant” (Skinner). Il s’établit par renforcement répété d’un comportement produit au départ par hasard, finit par provoquer la production systématique de ce comportement, par association avec la situation dans laquelle il se produit.
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8
Q

Après avoir présenté la mémoire sémantique, présentez son organisation.

A

Pendant longtemps, la mémoire a été considérée comme un système unitaire dans lequel la durée de conservation des traces mnésiques dépendait fortement de la qualité de l’acquisition. A partir de la seconde moitié du XX ème siècle, la mémoire est considérée comme plurielle car elle comprend plusieurs registres. On aurait différents registres où chacun correspondrait à une étape du traitement de l’information. Ces différents registres se différencieraient par leur durée de stockage de l’information (la labilité), leur capacité de stockage (l’empan) et leur fonction. Ces différents registres ou mémoires sont les mémoires sensorielles, la mémoire de travail et la mémoire à long terme. La mémoire sémantique est le sous système de la mémoire à long terme. Elle stocke les connaissances résultant des acquisitions et des apprentissages, implicites ou explicites, faits sur le monde (nos connaissances portant sur le monde physique, biologique, social, psychologique).Ces connaissances proviennent de notre perception du monde mais sont aussi apportées par le langage, et en retour, elles sont verbalisables. En conséquence, la mémoire sémantique renvoie également pour l’individu à la connaissance de la langue, et en particulier à la connaissance du sens des mots. Les connaissances que nous possédons en mémoire sémantique, qui représentent notre savoir dit encyclopédique, ne sont pas issues uniquement des enseignements scolaires que nous avons reçus tout au long de notre vie. Nous y retrouvons toutes les connaissances que nous avons acquises, élaborées, grâce à notre contact avec le monde qui nous entoure. Toutes ces informations stockées ne sont pas conservées en mémoire indépendamment les unes des autres. En effet, n’importe quel individu est capable très rapidement d’identifier un objet, de le nommer, de le classer, d’en inférer des propriétés cachées à la perception, mais aussi de généraliser une propriété identifiée sur un objet à toute une catégorie. Cela est possible grâce à deux grands types de connaissances : 1. les concepts qui sont une idée à propos de quelque chose que l’on peut dénommer à parti des termes du langage , et 2. les schémas qui sont un ensemble de concepts reliés entre eux dans une organisation signifiante. Un concept se définit à la fois par les individus qui le constituent et par ses propriétés. Par exemple, le concept de fruit se définit par l’ensemble des fruits que nous connaissons : banane, fraise, pomme, poire, orange … mais également par les propriétés suivantes : a une peau, est comestible, est sucré, pousse sur un arbre, se mange en fin de repas … L’ensemble des individus qui constituent le concept forment son extension alors que les propriétés qui permettent de le décrire forment son intention. Tout cela suppose que l’organisation des informations en mémoire sémantique soit fondamentalement conceptuelle. Les premières modélisations de la mémoire sémantique se sont intéressées à l’organisation des représentations sémantiques des objets. Le modèle de Collins et Quillian (1969) est le plus connu. Dans ce modèle, les catégories d’objets sont organisées en mémoire sémantique sur le modèle des classifications réalisées par les sciences de la nature. Les catégories sont emboitées les unes dans les autres (par exemple, les animaux incluent les oiseaux, qui incluent à leur tour les moineaux, les pigeons, les pingouins …). Les catégories les plus générales sont appelées super-ordonnées (animal) et ont une extension importante (il y a beaucoup d’animaux dans le monde). Les catégories plus spécifiques sont appelées sous-ordonnées (moineaux) et ont une extension plus faible (il y a beaucoup moins de sortes de moineaux que de sortes d’animaux ). L’extension d’une catégorie renvoie aux individus qui lui sont rattachés. Si l’on déploie l’organisation du super-ordonné aux sous-ordonné, on se trouve devant un « arbre » de catégories, un arbre hiérarchique.

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9
Q

Selon le modèle de Collins et Quillian, de quoi dépend la récupération d’une information en mémoire ?

A

Le modèle de Colins et Quillian fait la prédiction importante que le temps mis pour récupérer une information en mémoire dépend de la distance sémantique entre les concepts, ou de celle entre les concepts et leurs traits (distance induite par le principe d’héritage). Ainsi, on suppose que le temps de vérification d’une simple phrase comme « Le requin est un animal », qui demande la récupération successive des informations « Le requin est un poisson » et « Le poisson est un animal » est plus long que celui de la vérification d’une phrase de type « Le requin est un poisson », pour laquelle le lien est direct. Ce sont les notions d’activation et de propagation de l’activation qui rendent compte le mieux du traitement des informations dans un tel réseau. On suppose, que lorsqu’un concept est activé, l’activation se propage le long des voies du réseau. Plus la distance sémantique est importante, plus cette activation prendra du temps pour parvenir à un autre point du réseau. c’est précisément cette hypothèse d’un temps de traitement déterminé par la distance sémantique qui est testée par Collins et Quillian. Les premières expériences de Collins et Quillian utilisant une tâche de vérification de phrases confortent cette hypothèse. On observe effectivement un effet de la distance sémantique.

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10
Q

Présentez le modèle de Collins et Quillian (1969).
Selon lui de quoi dépend le temps mis pour récupérer une information en mémoire ? Illustrez à l’aide d’un exemple. (4 pts)

A

Introduction
Au fil des découvertes et connaissances acquises sur le sujet, différentes mémoires ont été répertoriées. Ainsi la mémoire procédurale ou le ≪ savoir comment ≫ regroupe le savoir-faire dans l’utilisation des objets physiques, les procédures, les méthodes, le sensorimoteur, les habilités cognitives ou conditionnements. Mémoire peu verbalisable et souvent automatisée, elle s’oppose généralement à la mémoire déclarative, le ≪ savoir quoi ≫, connaissances verbalisables et symboliques. Sous-système de la mémoire à long terme (qui maintient en stock pour une durée illimitée une quantité infinie d’informations), la mémoire déclarative se constitue de deux autres pans de la mémoire : la mémoire épisodique liée en partie à l’histoire de vie et aux affectivités et la mémoire sémantique, connaissances littéraires du monde. L’ensemble de ces connaissances permet de donner un sens à ce qui nous entoure. Dans le cadre de la mémoire sémantique, souvent étudiée par des tâches verbalisables, il existe une organisation conceptuelle des informations qu’elle détient. Deux modélisations, basées sur le concept de réseau sémantique de catégories l’illustrent. Celui de Collins et Quillian en fait partie.
Le modèle de Collins et Quillian (1969)
Dans ce modèle, les catégories d’objets sont organisées en mémoire sémantique sur le modèle de la classification réalisée par les sciences de la nature.
-Les catégories sont emboîtées les unes aux autres. Par exemple les animaux incluent les oiseaux qui incluent à leur tour, moineaux, pigeons…
-Les catégories les plus générales sont appelées super-ordonnées (animal) et ont une extension importante, car il y a beaucoup d’animaux dans le monde.
-Les catégories plus spécifiques sont appelées sous-ordonnées (autruche, pingouins,…) et ont une extension plus faible.
-Si l’on déploie l’organisation du super-ordonné au sous-ordonné on se retrouve devant un arbre hiérarchique de catégories, formalisant une certaine distance sémantique entre les concepts. Exemple, selon ce modèle, de quoi dépend le temps mis pour récupérer une information en mémoire. Les categories sont donc classées des plus générales (super ordonnées) par exemple les animaux, aux plus spécifiques (sous-ordonnées), par exemple, les chiens. Elles s’emboitent les unes dans les autres, la catégorie des animaux incluant les catégories sous-ordonnées des chiens, des chats, des chevaux, qui elles-mêmes peuvent se retrouver respectivement comme catégories super-ordonnées des catégories sous-ordonnées des Epagneuls, des Siamois, des Alezans. Les catégories super-ordonnées comportent donc un maximum d’informations et ont une extension très large liée au grand nombre d’individus qu’elles comportent à l’inverse des catégories sous-ordonnées qui en comportent moins. On peut ainsi déployer un arbre hiérarchique de catégories séparées par la distance sémantique entre les concepts. Les différences entre les concepts sont définies par des traits communs aux individus de la catégorie au niveau général puis plus spécifiques au fur et à mesure que l’on descend dans la hiérarchie.
Conclusion
Cette distance sémantique est donc associée au temps de récupération des informations stockées en mémoire. En effet il sera plus long de récupérer les informations au niveau général qu’au niveau spécifique : par exemple si l’on veut vérifier que l’épagneul est un animal, il faudra remonter dans la hierarchie beaucoup plus haut que si l’on cherche a vérifier que c’est un chien.

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11
Q

Présentez le principe d’héritage des traits et expliquez en quoi il induit une économie cognitive dans le stockage des informations. Illustrez à l’aide d’un exemple. (4 points)

A

Dans le modele de Collins et Quillian, à chaque concept correspondent des propriétés spécifiques (par ex, pour une plante : avoir une tige, pousser dans la terre, …). Ces listes de traits sémantiques correspondent aux propriétés que nous connaissons des objets, à notre compréhension des objets. La mémoire sémantique est un réseau complexe qui lie entre eux les concepts et les traits. Les traits ne sont représentés qu’une seule fois au niveau le plus pertinent en vertu d’un principe d’économie cognitive. Les traits sont stockés au niveau le plus général et sont hérités par les catégories sous-ordonnées. C’est le principe d’héritage des traits. Ainsi, la propriété “avoir une tige” est stockée avec la catégorie “plante” et elle sera héritée par la catégorie “fleur” et par la catégorie “tulipe”, puisque ces catégories sont reliées entre elles selon une structure conceptuelle hiérarchisée.

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12
Q

Qu’est-ce que l’encodage ? Quel encodage pour quelle mémoire ? Vous pouvez vous appuyer sur l’expérience de Craig et Tulving (1975).

A

L’encodage consiste à transformer des contenus à apprendre afin de les stocker en mémoire pour une récupération ultérieure. L’encodage est donc le resultat d’un traitement qui peut être phonétique (les représentations sont phonologiques), visuel (les représentations sont imagées), sémantique (les représentations concernent le sens des mots), spatial …etc. L’encodage peut être explicite, sous le controle du sujet mais aussi implicite, sans que le sujet en soit conscient. L’encodage peut porter sur des procédures motrices ou symboliques (mémoire procédurale) ou sur du langage (mémoire déclarative). L’expérience de Craig et Tulving tente de démontrer que les performances de mémoire dépendent du type d’encodage sollicité. On demande aux sujets de répondre à des questions portant sur du matériel phonologique, visuel et sémantique. On mesure le temps de réponse aux questions. Dans la phase test, les sujets doivent rappeler le matériel sur lequel ils ont travaillé. Les résultats montrent que le rappel dépend du type d’encodage. Il est meilleur pour l’encodage visuel et encore supérieur pour l’encodage sémantique. De plus, les temps de réponse augmentent avec le type d’encodage. Une expérience complémentaire permettra d’affirmer que c’est la profondeur de l’encodage et non les temps de réponse qui facilite le rappel ultérieur. Le regroupement des informations par catégorie facilite l’encodage et donc la récupération des informations. La mémorisation d’une liste de mots appartenant à plusieurs catégories mais présentés aléatoirement est facilitée par le regroupement thématique. Les unités de regroupement correspondent à des unités en mémoire. Le principe du double encodage concerne un encodage qui peut être à la fois imagé et verbalisé d’une même information. La mémorisation d’une liste de mots ou d’un texte est facilitée par un double encodage, imagé et verbalisé. Si le sujet tente de créer une histoire a partir des mots à retenir, le rappel ultérieur sera bien meilleur.
Quel encodage pour quelle mémoire ? On dissocie la mémoire à court terme de la mémoire à long terme. La mémoire à court terme ou mémoire de travail permet de retenir une petite quantité d’informations après une seule présentation mais le rappel ne peut être différé. La mémoire à long terme permet de retenir une quantité plus importante d’informations mais nécessite un traitement plus complexe des données a mémoriser.
-L’encodage et la mémoire à court terme
La théorie de Baddeley, concerne la mémoire de travail. Plusieurs modules permettent de transformer les données issues de l’environnement. La boucle phonologique permet de stocker des informations verbalisées de manière passive mais aussi de manière active grâce au processeur articulatoire qui exige du sujet de répéter les éléments à mémoriser. Le bloc-notes visuo-spatial permet de stocker des informations visuelles et spatiales telles que celles que nous percevons lorsque nous lisons. Ces informations codées en mémoire de travail vont être contrôlées et traitées par l’administrateur central. Les recherches actuelles tendent à ne plus considérer la mémoire à court terme dissociée de la mémoire à long terme. Elle correspondrait en fait à la partie activée de la mémoire à long terme.
-L’encodage et la mémoire à long terme
On dissocie la mémoire sémantique de la mémoire épisodique. La première permet de retenir les connaissances générales du monde qui nous entoure grâce à nos perceptions et au langage. La seconde concerne les connaissances conceptualisées telles que les événements vécus (mémoire autobiographique). L’encodage portera alors sur les événements et le contexte d’apparition des événements (temps et espace). L’encodage représente la première étape de la mise en mémoire. Il s’agit d’un processus transformant les informations sensorielles en vue de leur stockage et d’une récupération ultérieure. Différents travaux ont montré que la qualité et la rapidité de l’encodage pouvaient varier en fonction de la nature des informations à mémoriser et du type de tâche effectuée. Deux types d’encodage ont pu être distingués : celui de la mémoire sémantique et celui de la mémoire épisodique. La spécificité de l’encodage en mémoire sémantique (c’est-à-dire dans la partie de la mémoire à long terme qui stocke les informations concernant les connaissances apprises et verbalisables) peut être illustrée par l’experience de Craig et Tulving (1975). Ces deux chercheurs ont proposé à des sujets des tâches nécessitant un traitement de plus en plus profond de mots : traitement perceptif (en l’occurrence visuel), traitement phonologique et enfin traitement sémantique. Dans un deuxième temps, une tâche de reconnaissance a permis de déterminer si les sujets se souvenaient des mots rencontrés précédemment. Les résultats montrent que plus un traitement est profond, plus il prend du temps. Parallèlement, plus le traitement est profond, meilleures sont les performances mnésiques par rapport au mot présenté. Ainsi, un encodage sémantique donne des performances mnésiques 4 fois supérieures à un encodage perceptif. Cette expérience nous montre donc que pour bien mémoriser, on a donc tout intérêt à bien comprendre et mettre du sens derrière les mots. Des études montrent de plus qu’au-delà de la dimension sémantique, l’encodage est d’autant plus efficace que les mots à mémoriser sont regroupés pour former une histoire ou qu’ils se doublent d’une image mentale (Pavio et al., 1968). Pour bien retenir, on a donc interêt à bien comprendre mais aussi à visualiser les éléments appris. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté que la qualité d’encodage était un révélateur du niveau d’expertise. Plusieurs études (notamment une tâche d’interprétation de radiographies menée par Myles et al. en 1988) démontrent en effet que les experts encodent les informations de manière plus pertinente par rapport au but fixé car ils utilisent des unités de connaissances, les chunks, présentant à la fois des aspects sémantiques mais aussi des aspects stratégiques. Des recherches menées dans le cadre de l’encodage en mémoire épisodique, c’est-à-dire la mémoire spécifique relative à la biographie de chaque individu, laissent apparaître un type d’encodage spécifique. Il apparaît en effet que l’encodage est réalisé en fonction des informations contextuelles. Ainsi, Smith (1979) a montré que lorsqu’un individu encode des informations vécues dans un contexte donné, ses résultats aux tâches de récupération sont d’autant meilleurs qu’il est remis dans un contexte identique ou lui rappelant ce contexte original (en l’occurrence, le même endroit, qu’il soit réel, représenté ou photographié). Il semblerait donc bien exister une spécificité de l’encodage en mémoire sémantique et en mémoire épisodique, ce qui pourrait en partie expliquer, dans les cas d’amnésie, une récupération de la mémoire épisodique particulièrement déficiente alors que la récupération en mémoire sémantique, pour sa part, est mieux préservée.

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13
Q

Qu’ont découvert les psychologues cognitivistes sur la façon dont on encode l’information pour la stocker en mémoire ?

A

La mémoire est un dispositif de traitement de l’information spécialisée dans le codage, le stockage et la récupération de l’information. L’encodage de l’information se fait au moment de la mémorisation, c’est le processus qui permet de se référer aux aspects du stimulus qui sont extraits pour former la base de la trace mnésique de ce stimulus. Autrement dit, il va rendre la récupération de l’information efficace à un moment ultérieur. Plusieurs psychologues cognitivistes se sont penchés sur la façon dont on pouvait encoder l’information pour la stocker en mémoire. Leurs études tendent toutes à montrer, de façons différentes, comment obtenir de meilleures performances mnésiques, ou du moins comment exploiter efficacement sa mémoire. Nous retracerons les différentes façons d’encoder l’information, elles-mêmes reliées à différents types de mémoires. Les travaux de Craik & Tulving (1975) traitent de l’encodage et de ses différents niveaux de traitements. La tâche du sujet est de répondre par oui ou par non à la question posée, en l’appliquant au mot qui va apparaître. Il doit répondre le plus vite possible sans faire d’erreurs. Ses temps de reponse sont enregistrés. Chacun des essais renvoie à l’une des trois conditions expérimentales. Dans la première condition, la question posée s’appuie sur les caractéristiques visuelles d’un mot ≪ Le mot est-il écrit en italique ? ≫ (traitement perceptif), la seconde porte sur les caractéristiques phonémiques ≪ Le mot rime-t-il avec serviette ? ≫ (traitement phonétique), et la troisième sur une caractéristique de la signification ≪ Le mot a-t-il un rapport avec le sport ? ≫ (traitement sémantique). Il en ressort qu’un encodage sémantique donne de meilleures performances mnésiques qu’un encodage perceptif. On constate également que la nature du traitement détermine le temps de réaction moyen. Les auteurs mettront par la suite en évidence que l’augmentation concordante du temps de traitement de l’information et de la reconnaissance correcte correspond à un traitement plus profond, lié à la nature de la question posée. Holyoak, Hogeterp et Yuille (1972), montrent le rôle de l’image mentale dans les performances mnésiques. On parle d’apprentissage associatif. Des paires de noms concrets sont accompagnées d’un dessin des deux objets correspondants, soit en interaction (un ballon sur un ordinateur), soit sans interaction (un ballon et un ordinateur). Dans une situation de rappel indicé, le rappel du mot-réponse à partir de la présentation du mot-stimulus est toujours plus élevé dans la première condition que dans la seconde. L’étude de Paivio, Rogers et Smythe (1968), explique ces effets facilitateurs en faisant l’hypothèse du double codage (sémantique et image). D’après les auteurs, le dessin d’un objet serait encodé sous une double forme, une représentation imagée et une représentation verbale associée au mot designant l’objet. La réponse pourrait donc être récupérée à partir de l’une ou de l’autre de ces deux formes, ce qui multiplie les chances de récupération de l’information en mémoire. Lorsque le matériel est composé de mots concrets, le codage imagé n’est pas systématique, mais il est très probable. Cependant les mots abstraits ne possédant pas nécessairement d’images mentales, le double codage devient très peu probable. Des différences entre les novices et les experts existent dans les caractéristiques des représentations en mémoire sémantique. La qualité de cette organisation en faveur des experts porte tant sur la différence de quantité d’informations que sur la qualité de leur organisation, qui leur permet d’utiliser des catégories plus abstraites que les novices, qui vont plutôt avoir tendance à traiter l’information en surface. Chase et Simons (1973), ont mené une étude sur les joueurs d’échecs experts, qui semblent capables de se rappeler et de reconnaitre un grand nombre de positions des pièces rencontrées dans les parties antérieures qu’ils ont jouées. Dans les recherches expérimentales faites sur l’expertise, on trouve toujours au centre de l’analyse des structures de connaissances spécifiques qui sont organisées en mémoire à long terme. Le chunk constitue la composante de base de cette structure. Il se défini comme une unité intégrée de connaissances, qui inclurait a la fois des éléments sémantiques et stratégiques. Ces chunks seraient en interaction avec les informations de la tâche en cours stockées en mémoire de travail, et les processus de résolution du problème posé. Smith (1979), publie une étude sur le rôle de l’encodage spécifique. On appelle encodage spécifique l’encodage en mémoire épisodique qui est réalisé avec des indices pris dans le contexte de l’information à mémoriser au moment de sa présentation. C’est justement ce qui constitue la différence avec la mémoire sémantique. Les deux types de mémoires sont déclaratifs, cependant, la memoire sémantique stocke des connaissances générales (la terre est ronde), tandis que la mémoire épisodique contient des événements marquants (événement politique). En mémoire épisodique les éléments sont contextualisés, ce qui fournit à l’individu des indices pour accéder au contenu de ces événements. L’expérience de Smith montre que plus les indices venant du contexte sont nombreux, plus la probabilité de récupération de l’information est importante. Ainsi, une même information peut être encodée en mémoire de plusieurs facons différentes. Autrement dit, plus une information aboutit à une (ou des) trace(s) mnésique(s) diversifiée(s), meilleur sera le rappel ultérieur.

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Q

Certains auteurs comme Baddeley (1986) considèrent la mémoire de travail comme un système constitué de trois composantes.
Décrivez le rôle et le fonctionnement de chacun de ces trois composantes.

A

Introduction
En 1885, Ebbinghaus a établi une distinction fonctionnelle entre deux formes de mémoire, qui ont été nommées par la suite mémoire à long terme (MLT) et mémoire à court terme (MCT). Classiquement la MCT est définie comme une instance de stockage temporaire à capacité limitée pouvant garder temporairement un nombre restreint d’informations, sous une forme qui permet difficilement leur rappel différé. Toutefois, il existe de nombreuses activités mentales qui nécessitent la coordination d’éléments d’informations stockées en MLT et leur maintien durant un bref instant. Ces éléments sont retenus très brièvement dans une mémoire transitoire lors de toute activité cognitive consciente. Selon Baddeley (1986), cette mémoire transitoire, qu’il appelle mémoire de travail (MT), remplit 2 fonctions :
-La première fonction est celle du traitement des informations, c’est-à-dire une fonction de transformation des éléments stockés pour les besoins de l’activité cognitive en cours (exemple : calcul mental ou lecture).
-La seconde fonction est celle de stockage temporaire des informations. La MT serait donc un système de mémoire dans lequel les étapes nécessaires au bon déroulement d’une activité mentale sont organisées de manière fonctionnelle. Afin d’être fonctionnel, ce système de mémoire est structuré, d’après Baddeley (1986), en trois composantes distinctes :
(1) la boucle phonologique,
(2) le calepin visuo-spatial,
(3) l’administrateur central.
1. La boucle phonologique permet de maintenir l’information verbale sous une forme phonologique. Ce système est composé de 2 sous-systèmes : le registre phonologique et la boucle articulatoire.
-> Le registre phonologique réalise un enregistrement passif des informations verbales, il ne requiert ainsi aucun effort particulier de la part du sujet.
-> La boucle articulatoire est un processus faisant appel à une activité volontaire de la part du sujet qui lui permet de réaliser une auto répétition phonologique pendant le traitement d’informations afin d’en faciliter le stockage en mémoire de travail. Ces deux sous-systèmes de la boucle phonologique ne fonctionnent pas systématiquement de pair. En effet, lorsque le matériel verbal à mémoriser n’a pas de signification, la mémorisation s’appuie uniquement sur les caractéristiques phonologiques du mot à mémoriser, et donc sur le processus d’auto répétition qui conditionne l’apprentissage ≪ par coeur ≫. Enfin, la boucle phonologique n’est pas impliquée que dans le traitement d’informations verbales auditives. En effet des informations écrites peuvent également être recodées phonologiquement. Actuellement l’importance capitale de la boucle phonologique est reconnue dans les activités de lecture, en particulier pour le traitement de phrases syntaxiquement complexes. L’existence de la boucle phonologique a été appuyée par l’étude de patients souffrant d’un syndrome amnésique de la MCT. Ces patients font preuve de difficultés à conserver en mémoire un matériel verbal sans signification, qui nécessite une auto répétition (un apprentissage ≪ par coeur ≫) des caractéristiques phonologiques des chaînes de caractères à retenir, et qui implique donc un fonctionnement efficient de la boucle phonologique (e.g., Vallar & Papagno, 1986).
2. Le calepin visuo-spatial permet le maintien et la manipulation temporaire d’images mentales. Dans ce calepin, les informations visuelles et spatiales peuvent etre stockées de manière indépendante. C’est grâce à ce système que le sujet peut maintenir en mémoire des informations visuelles qu’il pourra associer à des images mentales stockées en mémoire à long terme. De ce fait il pourra alors reconstituer une image mentale partielle, ou bien utiliser le matériel visuel nouvellement acquis pour entamer un processus de modification de l’image mentale stockée en mémoire à long terme (ou d’adaptation en fonction de l’activité cognitive en cours). Baddeley et Lieberman (1980) ont par exemple mis en évidence la fonction du calepin visuo-spatial grâce à une expérience. Dans cette expérience, les participants avaient pour consigne de retenir deux listes d’objets faisant référence à un code numérique identique pour un objet de chaque liste. Un premier groupe de participants devait utiliser la valeur sémantique des mots tandis que le deuxième groupe devait les apprendre par coeur. Lors du rappel, une tâche supplémentaire de poursuite visuelle leur est demandée. Seuls les participants ayant eu pour consigne d’apprendre les listes en associant visuellement les objets des 2 listes par leur code numérique identique étaient perturbés par la tâche distractive. Cette tâche ne perturbait pas les participants ayant appris par coeur les 2 listes sans autre consigne particulière. Ainsi, lors de l’apprentissage des 2 listes, les participants ne se basent pas uniquement sur la valeur sémantique des mots, c’est-à-dire leur aspect verbal, faisant intervenir la boucle phonologique. Ils peuvent également s’appuyer sur une information visuelle. Le fait que la tâche de poursuite visuelle perturbe le processus de mémorisation des objets par association imagée (premier groupe de participants) montre que la création d’images associées n’utilise pas qu’un lien sémantique mais aussi un lien d’imagerie mentale. Enfin, le calepin visuo-spatial semble également être sollicité dans les calculs d’ordre de grandeur.
3. L’administrateur central : c’est un système qui a un rôle de superviseur. Sa fonction est de répartir et de contrôler les tâches entre le calepin visuo-spatial et la boucle phonologique. Sa capacité est limitée dans le temps et dans la quantité d’informations à traiter. Son rôle de gestionnaire lui attribue l’activation de certaines informations au détriment des autres, qui doivent alors être inhibées. Parmi les informations sélectionnées, ce système a alors la charge de les planifier puis de les contrôler. Il a une composante fortement attentionnelle et il a d’ailleurs souvent été rapproché du superviseur attentionnel dans le modèle attentionnel de Norman & Shallice (1986).
Conclusions
Le modèle de Baddeley s’appuie ainsi sur les théories classiques qui avaient fait émerger la notion de mémoire à court terme. Il se construit ainsi de manière modulaire (chaque module remplissant une fonction à un niveau donné, indépendamment des autres modules), avec distinction nette entre deux systèmes : mémoire à court terme (ou de travail) et mémoire à long terme. Ce modèle de la mémoire de travail de Baddeley est actuellement remis en cause en ce qui concerne sa nature de ≪ système ≫. En relation avec les résultats récents sur les différences entre mémoire à court terme et mémoire à long terme, la mémoire de travail ne serait plus envisagée comme étant un système indépendant, mais plutôt comme un processus interne à la MLT, ayant comme résultat l’activation d’un sous-ensemble de la MLT. Dans le système à 3 composantes proposé par Baddeley (1986), il n’y a en effet aucune spécification sur la manière dont s’effectue l’intégration en MT de données récupérées en MLT. Or les sujets utilisent des connaissances établies de facon permanente en MLT (cf par exemple les travaux de Erikson & Kintsh, 1995 sur la mémoire experte). Baddeley a d’ailleurs successivement rajouté à son modèle un ≪ buffer ≫ épisodique. Cette quatrième composante serait une sorte de mémoire-tampon dont le rôle consiste à intégrer les informations en provenance des systèmes esclaves (boucle phonologique et calepin visuo-spatial) et les informations stockées en MLT.
Alan Baddeley est diplômé en Psychologie appliquée (Université de Cambridge). En 1974 il développe une théorie expliquant que la Mémoire de travail (MT) serait composée :
◻️ d’un Administrateur Central (système exécutif) qui permet :
-> le partage de l’attention et des ressources cognitives,
-> les prises de décision relatives au transfert dans la Mémoire à Long Terme des informations traitées [= le stockage] ;
Il remplit quatre fonctions :
-> 1) Coordonner les opérations liées à la réalisation de différentes activités.
-> 2) Rompre les automatismes : il s’agit d’inhiber des traitements automatiques afin de permettre la réalisation des traitements impliqués par la tâche.
-> 3) Sélectionner les informations qui doivent être traitées ou activées et inhiber celles qui doivent l’être.
-> 4) L’activation, le maintien en activité et la manipulation des informations ou des procédures stockées dans la mémoire à long terme.
◻️ et de deux systèmes “esclaves” du premier :
◽️ 1. la Boucle Phonologique qui permet une auto répétition mentale qui peut être considérée comme une répétition subvocale. Il y a donc un rafraîchissement constant de l’information à disposition de l’administrateur central. On utilise la boucle phonologique pour, par exemple, garder en tête un numero de téléphone : on se le répète dans la tête. Elle a pour fonction de traiter le matériel verbal. Elle comporte deux composantes :
▫️1. Une unité de ≪ stockage phonologique ≫ qui va traiter les informations provenant du langage. L’information y est conservée durant un temps bref (1,5 à 2 secondes).
▫️2. Un ≪ contrôle articulatoire ≫ qui gère l’articulation des unités phonologiques, et le langage intérieur mis en oeuvre lors de la répétition subvocale nécessaire au bon déroulement des raisonnements complexes.
◽️ 2. le Calepin Visuo-Spatial qui permet la coordination de l’imagerie mentale et d’effectuer les tâches visuo-spatiales : encoder les images (par exemple se souvenir de combien de fenêtres on a dans sa maison).
La preuve qu’il existe deux systèmes d’encodage dans la MT est que l’on peut montrer que la MT peut gérer en même temps une boucle de mots et une boucle d’images. Par contre elle ne peut pas gérer deux boucles de mots ou deux boucles d’images. Dans ce cas la première boucle apprise sera oubliée à cause de la capacité limitée de la MT. Le Calepin Visuo-Spatial stocke de façon temporaire les images visuo-spatiales et les maintient disponibles durant leur traitement. Il ≪ intègre les informations spatiales, visuelles et probablement kinesthésiques en une représentation unifiée qui peut être temporairement stockée et manipulée. ≫ (Baddeley)
Présenter le modèle de Cowan.
Cowan, propose une modélisation de la mémoire qui reprend la conception classique des modèles de traitement de l’information en y intégrant un stockage sensoriel ayant une durée de quelques millisecondes, une mémoire à long terme, un stockage à court terme correspondant à une partie active de la mémoire à long terme et un centre exécutif, lequel sélectionne une partie de l’information dans le stockage à court terme qui est le centre de l’attention. Une caractéristique importante de ce modèle est qu’une information peut être présente dans plusieurs composantes en même temps. Lorsqu’un stimulus arrive, il accède au stockage sensoriel qui préserve toutes ses propriétés physiques ou seulement quelques unes durant une période de quelques millisecondes. Pendant ce temps, l’information commence à être activée dans la mémoire à long terme, produisant le codage du stimulus et le stockage à court terme de la partie activée des codes fournis par la mémoire à long terme. Dans le cas ou les sujets sont très familiers à certains stimuli, les codes activés correspondants resteraient dans le stockage à court terme mais à l’extérieur de la conscience. Cependant, si les stimuli sont nouveaux ou possèdent une signification particulière pour les sujets, ils entrent dans le centre d’attention. Cowan propose donc de réinterpréter la notion de mémoire de travail dans le cadre d’une approche moniste ; il n’y aurait pas de mémoire intermédiaire entre les registres sensoriels et la mémoire à long terme.
Le modèle de la mémoire de travail de Baddeley repose sur deux présupposés :
(i) c’est la structure de traitement (l’administrateur central) qui impose des limitations tant en termes de quantités d’information (empan mnésique) qu’en termes de nature des traitements. L’administrateur central est en effet supposé opérer de facon séquentielle.
(ii) Cependant une grande partie de l’information traitée en mémoire de travail relève de nos connaissances, il est donc indéniable que la mémoire à long terme doit jouer un rôle important dans la construction des représentations, au cours des tâches finalisées, de la vie quotidienne, qui ressemblent peu, loin s’en faut, aux tâches artificielles utilisées dans les laboratoires. Ces considérations ont amené un certain nombre d’auteurs à proposer que la mémoire de travail soit vue comme une partie active de la mémoire à long terme. Selon Cowan, la mémoire de travail ne représente que la partie activée de la MLT. Cowan, au contraire de Baddeley, se situe donc dans une vision unitaire de la MT. Autrement dit, il n’y aurait pas spécifiquement de différence structurelle, mais seulement des différences fonctionnelles qui permettraient de rendre compte des différents ≪ modules ≫ ou fonctionnement de la MT. Selon cet auteur, la partie la plus activée de la mémoire de travail correspond à ce qu’il nomme le focus attentionnel. En effet, l’attention portée sur certaines des informations activées serait dépendante du degré d’activation de ces dernières, soit par la perception, sous la forme de stimuli, soit sous la forme d’informations récupérées par les phénomènes d’amorçage. En d’autres termes, moins une information serait activée, moins elle aura de chance de faire partie d’une représentation explicite, verbale ou imagée.

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Rappelez brièvement les différentes approches de l’organisation de la mémoire sémantique (7 points)

A

La mémoire sémantique est le sous-système de la mémoire à long terme où sont stockées les connaissances et les croyances d’un individu relatives à un concept. Ces représentations sont organisées en mémoire de façon à permettre l’identification, la dénomination ou le classement d’un objet particulier. L’organisation de la mémoire sémantique permet également de généraliser et de faire des inférences sur les propriétés cachées des objets. On doit à Collins et Quillian (1969) l’un des premiers modèles d’organisation de la mémoire sémantique. Dans ce modèle, les catégories ou concepts sont définis en intension par un ensemble de propriétés et en extension par un ensemble d’exemplaires. Les catégories sont structurées par une relation d’inclusion définissant un emboîtement des catégories subordonnées dans les catégories superordonnées. Ce modèle a mis en avant un principe d’économie cognitive selon lequel les propriétés d’un concept sont stockées au niveau le plus général permettant ainsi de minimiser la redondance dans le réseau sémantique. Ce principe est également associé à un principe d’héritage des propriétés selon lequel les niveaux subordonnés héritent des propriétés des niveaux superordonnés. Ce modèle est étayé par des résultats expérimentaux qui montrent que la vérification d’une propriété dépend du niveau de généralité où elle est stockée et que le temps de réponse est fonction de la distance qui sépare les concepts dans le réseau sémantique. Cependant, ce modèle, bien que séduisant, a été critiqué à cause de l’hétérogénéité des temps de réponses relevés pour différentes classes et par les prédictions liées à la notion de distance qu’on n’observe pas toujours en fonction du matériel expérimental utilisé (Rips, Shoben et Smith, 1973). Ces limitations ont amené à concevoir la notion de concept de façon plus relative. Rosch et Mervis (1975) ont ainsi proposé que les exemplaires dans une catégorie ne sont pas homogènes et que certains représentent mieux la catégorie que d’autres. On dit qu’ils sont typiques de la catégorie. Ainsi, si on demande aux sujets d’énumérer les exemplaires appartenant à une catégorie, on peut observer que les différents exemplaires n’apparaissent pas avec la même fréquence. Les mêmes auteurs remarquent également que dans les tâches de dénomination spontanée, un niveau d’organisation semble privilégié : le niveau de base, c’est-à-dire le niveau où les différences intracatégorielles sont minimisées et les différences intercatégorielles sont maximisées.
Bien que ces deux théories aient connu un grand succès, elles peinent à rendre compte de la variabilité de la catégorisation en fonction du contexte. Par ailleurs, les relations entre les traits sont insuffisamment prises en compte par les théories précédentes. Un concept, ce n’est pas simplement une liste de propriétés, c’est également des relations entre ces propriétés, notamment des relations causales ou la façon dont les objets interagissent. Ainsi on peut savoir qu’une voiture a un volant, un pare-brise, des roues mais ces connaissances ne sont pas déconnectées des connaissances d’arrière-plan qui nous informent sur la fonction de ces objets. Ces connaissances d’arrière-plan facilitent le classement des objets nouveaux (Murphy et Allopenna, 1994).

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Décrivez la conception de l’organisation de la mémoire sémantique proposée par Rosch et Mervis (1975) en vous appuyant sur les critiques adressées au modèle de Collins & Quillian (1969). (10 points)
NB. Cette réponse est composée en partie de textes d’étudiants qui ont répondu de façon particulièrement pertinente à la question.

A

Le stockage et l’organisation des connaissances acquises en mémoire sémantique sont une condition nécessaire pour que le monde prenne sens pour l’individu, qu’il le comprenne et qu’il puisse y agir. La mémoire sémantique contient essentiellement l’information nécessaire à l’utilisation du langage. Il s’agit d’un répertoire structuré des connaissances qu’un individu possède, notamment sur les mots et la signification des symboles verbaux. Ces connaissances sont donc verbalisables. Le contenu de la mémoire sémantique n’est pas une compilation anarchique de nos souvenirs. Organisé, il permet à l’individu d’y accéder rapidement et de s’en servir. Comment cette information est-elle organisée ? L’organisation des informations en mémoire sémantique est fondamentalement conceptuelle. Plusieurs hypothèses ont été émises sur l’organisation des significations ou des catégories en mémoire sémantique (Collins et Quillian, 1969 et par Rosch et Mervis, 1975) afin de chercher à rendre compte et de formaliser cette capacité de la cognition humaine de penser le monde. Les modèles proposés par Collins et Quillian (1969) et par Rosch et Mervis (1975) sont tous les deux fondés sur le concept de réseau sémantique de catégories. Le modèle de Collins & Quillian est le premier et le plus connu des modèles de l’organisation de la mémoire sémantique. Il est basé notamment sur le principe d’une hiérarchisation des concepts. Certains sont sous ordonnés à d’autres. Il intègre également la notion de traits qui sont attachés au concept le plus ordonné. Les concepts qui lui sont sous-ordonnés en héritent, ceci permettant une économie cognitive. Il découle de ces deux principes la notion de distance sémantique entre les concepts. La distance entre un concept et tous ceux qui lui sont directement sous-ordonnés est identique, de mesure 1. Ainsi la distance est de 1 entre les concepts vache et mammifère, de 1 entre mammifère et animal, de 2 entre vache et animal. Les expériences que font les auteurs de leur modèle confirment leurs hypothèses, mais les expériences répétées de Rops, Shoben et Smith (1973) donnent des résultats divergents qui viennent remettre en cause le modèle sur deux points. D’abord, les effets de la distance sémantique ne sont pas vérifiés et cela remet en cause le principe de la hiérarchisation des concepts au sein du réseau sémantique. Contrairement aux prédictions du modèle, ils constatent une hétérogénéité des temps de vérification enregistrés par les sujets sur des phrases simples. Par exemple les sujets mettent plus de temps à « vérifier que l’ours est un mammifère » qu’à « vérifier que l’ours est un animal », alors que la distance sémantique entre ours-mammifère est de 1 et ours–animal de 2. Cela remet directement en cause le principe de hiérarchie au sein du réseau. Ensuite les temps de comparaison de couples de concepts situés aux mêmes niveaux, comme ours-animal ou vache-animal, sont différents. Le premier est plus court que le second. Ceci indique que tous les concepts ne sont pas traités de la même façon et il s’ensuit une remise en cause du principe de même distance entre tous les concepts sous-ordonnés à un concept sur-ordonné commun. Le modèle de Collins et Quillian s’effondre donc et laisse place à une nouvelle théorie, la théorie de l’air de famille, proposée par Rosch et Mervis. Cette théorie introduit le principe de gradient de typicalité : certains concepts représentent mieux une catégorie que d’autres : ils se distribuent sur un gradient de typicalité. Les éléments typiques, c’est-à-dire ceux qui représentent le mieux une catégorie ont trois caractéristiques :
1) Ils mettent en relief certaines propriétés catégorielles. Par exemple, un moineau est plus typique de la catégorie « oiseaux » qu’une autruche, car les propriétés mises en relief pour cette catégorie sont la petite taille, le fait que l’oiseau vole et qu’il chante. Un moineau correspond bien à ces éléments, une autruche beaucoup moins…
2) Les propriétés liées à la familiarité ne sont pas universelles, elles dépendent de la culture des peuples. Par conséquent les oiseaux les plus typiques, pour reprendre notre exemple, ne seront pas les mêmes en France qu’en Mongolie.
3) Enfin, les éléments typiques d’une catégorie sont des représentants privilégiés en mémoire sémantique et sont donc traités plus rapidement que les autres, ce qui a l’avantage d’une économie cognitive.
Un autre principe introduit par la théorie de l’air de famille est celui de “représentant de niveau de base”. Ce niveau est un niveau d’abstraction catégorielle, ni très général, ni très spécifique. Le niveau de base est caractérisé par une forte homogénéité, qui a pour conséquence de minimiser les différences intra-catégorielles et de maximaliser les différences inter-catégorielles. Par exemple, le représentant « chat » est un représentant du niveau de base. Il y a en effet une forte homogénéité entre ce représentant et d’autres comme siamois, persan, angora. En outre, il se distingue aisément des représentants d’autres catégories de mammifères comme chien, cheval, vache. Par conséquent, les représentations du niveau de base conduisent à des temps de traitements beaucoup plus rapides que les autres représentations. On remarque d’ailleurs chez l’enfant de deux ans une proportion très importante de représentations de niveau de base. La théorie de l’air de famille introduit enfin deux types de traits différents : les traits perceptifs et structuraux et les traits fonctionnels. Les traits perceptifs et structuraux renvoient à des propriétés de couleur, de forme, de texture ou de partie des objets. Ils permettent le traitement des objets naturels. Les traits fonctionnels renvoient à l’usage que l’on fait des objets ou au comportement des êtres animés. Ils permettent le traitement des objets fabriqués. L’étude des sujets cérébro-lésés est instructive dans ce domaine. En effet, certains sujets cérébro-lésés ont des déficits catégoriels spécifiques. On note que les déficits spécifiques caractéristiques du vivant sont beaucoup plus courants que les déficits catégoriels mixtes touchant d’abord le non-vivant. La question de mécanismes de stockage et de récupération spécifiques aux catégories, liés à la nature de leurs traits se pose alors. Warrington et Shallice (1984) posent comme hypothèse que la dissociation vivant/non vivant serait le résultat d’une différence de relief dans le traitement des traits perceptifs et des traits fonctionnels. Les recherches actuelles portent sur l’hypothèse d’une corrélation entre ces deux types de traits. Si elle est vérifiée, on pourrait conclure à l’existence d’un mécanisme de compensation qui se mettrait en place et qui expliquerait les cas de déficit moins fréquents pour les objets non vivants que pour les objets vivants.
Néanmoins, la théorie de l’air de famille a été critiquée sur deux points. D’abord, il existe des effets contextuels sur les représentations. Ainsi, si on demande sans contexte, quel est le liquide le plus typique, la réponse est « l’eau ». Si on pose la même question en contexte (le matin), la réponse devient « le lait » ! Les processus de récupération doivent donc être précisés. Ensuite, la théorie de l’air de famille ne dit rien sur le fait que les représentations sont construites et modifiées, donc apprises. Ces critiques ont donné lieu à de nouvelles théories : les théories fondées sur les connaissances, qui postulent que les concepts sont plus que les seuls traits qui les composent. Ils impliquent également les connaissances des individus sur les liaisons causales entre traits notamment.

17
Q

Comment le vieillissement normal affecte-t-il les capacités mnésiques ? (6 points)

A

Il est assez trivial de dire que les capacités mnésiques se trouvent affectées par l’âge et que la capacité d’apprendre décline avec le vieillissement. Une des questions importantes sur laquelle se sont penchés un certain nombre de chercheurs a été de savoir si la diminution des capacités affectait globalement les différents aspects de la mémoire ou si seuls quelques aspects étaient particulièrement touchés. Les études sur le sujet montrent que toutes les capacités ne se trouvent pas également affectées. Certaines sont préservées notamment celles qui sont mises en oeuvre de manière automatique ou implicite comme estimer la fréquence d’un mot ou compléter un fragment de mot. En revanche, la mémorisation intentionnelle et contrôlée est systématiquement affectée par le vieillissement. Il est ainsi beaucoup plus difficile à des personnes âgées d’apprendre des listes de mots. Il semblerait donc que ce soit les capacités de fixation qui soient en cause, mais des travaux comme ceux de Eysenk (1974) suggèrent que ce sont plutôt les capacités de traitement qui sont en cause. En reprenant la procédure de Craik et Tulving, il a comparé l’effet de la profondeur de traitement chez des sujets jeunes et chez des sujets âgés. Ces résultats montrent que l’effet de la profondeur de traitement sur la mémorisation est beaucoup plus faible dans le second groupe. Cette mise en cause des capacités de traitement est renforcée par l’observation d’atteintes de la mémoire épisodique. Cette mémoire est très sensible aux effets de contexte puisqu’elle stocke les événements particuliers rencontrés par un individu. On observe chez les sujets âgés une difficulté à évoquer le contexte dans lequel une information a été rencontrée ou encore la modalité de présentation d’un stimulus. Une autre hypothèse a été avancée pour rendre compte de ces observations : celle d’un stockage séparé des informations contextuelles et des informations sur le contenu. Les atteintes de la mémoire épisodique proviendraient alors de la difficulté à récupérer les informations contextuelles servant d’indices de récupération aux informations de contenu. Cette dernière hypothèse est étayée par des études neuropsychologiques mettant en évidence le rôle de structures distinctes dans le stockage de ces deux types d’informations (Isingrini et Taconnat, 1997).