L'ATTENTION Flashcards
Contrôle Attentionnel (6pts)
Énumérez et définissez les 4 situations qui peuvent augmenter et diminuer la performance humaine.
◻️Deux situations peuvent améliorer la performance humaine : il s’agit de la Focalisation et de l’Inhibition.
◻️Deux autres la diminuent : la Distraction et l’Inattention.
▫️La Focalisation s’exerce dans des situations pour lesquelles une information est non seulement pertinente pour la tâche, mais aussi fortement prégnante.
▫️L’Inhibition est définie par les situations dans lesquelles le sujet prend en compte une information pertinente mais dont la valeur de prégnance est faible, il doit d’abord inhiber toutes les informations plus prégnantes et non pertinentes à la tâche à réaliser.
▫️La Distraction correspond aux situations où un objet ou Événement prégnant et non pertinent apparaît dans l’environnement et capture involontairement l’attention du sujet.
▫️L’Inattention correspond aux situations dans lesquelles le sujet oriente de façon involontaire (discrète) vers des informations non prégnantes et non pertinentes par rapport à l’activité en cours. Ces informations sont traitées de façon volontaire: le sujet devient inattentif, absorbé par ses pensées.
Modélisation du Partage Attentionnel (9pts)
Après avoir introduit et définit le cadre général dans lequel ce situe cette théorie :
◽️Quel est le postulat concernant la quantité de Ressources Attentionnelles et citez l’auteur de référence. (2pt)
◽️Expliquez et Justifiez comment Norman et Bobrow (1975) rendent compte quels sont les phénomènes attentionnels mis en évidence par des individus effectuant deux tâches conjointement. (2pts)
◽️Expliquez en faveur de quoi la notion de “pool central” a été abandonnée. (1pt)
◽️Introduisez et développez le modèle de Wikens, ainsi que son hypothèse pour expliquer la diminution des performances. (3pts)
◽️Expliquez, très succinctement, les perspectives de ce type de modélisation basée sur les ressources et citez Navon (1984) : comment considère-t-il cette théorie ? (1pt)
Réponse questions de Rédaction :
L’attention permet de gérer des activités simultanées nouvelles qui nécessitent un effort. L’attention semble indispensable aux informations et aux actions que l’individu n’a pas encore totalement mémorisées ou apprises.
L’attention se partage entre les tâches et gérer les tâches consiste à accorder des priorités entre les tâches pour maintenir une performance correcte. Les différents résultats sur l’attention alimentent un débat sur la nature de la limitation attentionnelle :
(1) en terme de quantité de ressources propres à chaque individu ou (2) en terme de canal unique qui ne pourrait être partagé au même moment. C’est dans ce débat sur les limitations de l’attention que s’inscrivent les théories sur les ressources attentionnelles.
◽️Le postulat adopté, concernant la quantité de ressources a été que le système cognitif humain, comparé au système informatique, doit posséder une quantité limitée d’énergie lui permettant de réaliser à un moment donné des opérations ou des traitements conduisant à une plus ou moins bonne performance (Navon, 1984)
◽️En 1975, Norman et Bobrow expliquent que toute performance a besoin de ressources ; la qualité de la performance obtenue dépendant de la quantité de ressources allouées. Lorsque deux tâches sont à réaliser conjointement, les ressources sont généralement allouées de façon non équitable entre elles ; provoquant ainsi une chute des performances pour l’une et un maintien des performances pour l’autre.
◽️La notion d’un pool central de ressources a été abandonnée en faveur de réservoirs multiples en ressources spécialisées, allouées préférentiellement à des traitements dont la spécificité dépend des différentes entrées perceptives (visuelle ou auditive), de la spécialisation hémisphérique (verbales ou non-verbales) et des sorties (phonatoire, oculomotrice ou motrice).
◽️Wikens (1984, 1992) a élaboré un modèle de ressources multiples pour expliquer le fonctionnement de l’attention dans les situations complexes où l’opérateur effectue plusieurs activités simultanées. Ce modèle stipule que l’information visuelle transitant par un canal de traitement indépendant des autres canaux perceptifs, ce type de traitement possèderait ses propres ressources. De même, dans les étapes cognitives, un canal de traitement serait dévolu à l’analyse des informations verbales et un autre à l’analyse des information visuo-spatiales. Enfin aux étapes de sortie, des ressources seraient spécifiquement dévolues soit aux réponses vocales, soit au réponses manuelles. De ce fait, la diminution des performances de deux tâches réalisées en même temps dépendrait essentiellement du degré de similarité entre ces tâches. Le niveau de performance sur chaque tâche sera fonction du nombre de canaux ou de réservoirs qu’elles partagent. Cependant aucun des modèles proposés sur la fonction de gestion en termes de division des ressources attentionnelles n’a permis de rendre compte parfaitement de la diversité des résultats obtenus, ni pu proposer un moyen objectif pour évaluer rigoureusement la quantité de ressources dont dispose chaque individu à un moment donné lorsqu’il réalise une activité simple ou complexe.
◽️L’impossibilité de répondre à ces questions a amené certains chercheurs pourtant reconnus comme d’éminents spécialistes du domaine, à remettre en cause la validité de la notion de ressources de l’attention et des modèles d’attention divisée qui en sont issus. Ils considèrent cette notion de ressources comme un “fourre-tout” théorique (Hirst, 1986; Navon, 1984) construit sur la base d’un raisonnement circulaire (Allport, 1980), car les preuves expérimentales obtenues ne sont pas suffisamment éloignées du concept. Par exemple, lorsque la réalisation simultanée de deux tâches n’a pas d’effet sur les performances, il est considéré que chacune des tâches puise dans un réservoir différent, si c’est l’inverse, ils suffit d’affirmer qu’il s’agit du même réservoir !
Présentez les différents modèles de l’attention de Cherry, Broabent et Treisman.
L’attention est un sujet d’étude déterminant en psychologie cognitive, et cela depuis le XIXème siècle notamment avec les travaux de Lange (1988), de Ribot (1889) ou James (1890). La mise à jour du modèle du système de traitement de l’information a permis à Broadbent et Anne Treisman d’envisager l’attention comme un mécanisme de filtrage ou d’atténuation des nombreuses informations collectées par nos organes sensoriels comme les yeux ou les oreilles. Ici on parle d’attention sélective c’est-à-dire du fait que je peux concentrer mon focus attentionnel sur une information et ignorer le reste. La première expérimentation a été réalisée par Cherry en 1953, au cours de laquelle elle a montré que pour pouvoir prêter attention sur une information donnée le sujet se calerait sur des critères physiques de l’information pour pouvoir ensuite les traiter plus profondément. Toutes les informations que l’on ne juge pas pertinentes ne vont pas être traitées par la suite. Il y aurait donc un filtre qui ferait passer ou non les informations. Cherry a développé la méthode du test de l’écoute dichotique à l’aide d’un casque stéréophonique dans lequel les informations vont être dichotomisées par l’envoi d’un message A dans l’oreille Gauche et d’un message B dans l’oreille droite. Le sujet a pour consigne d’écouter et de répéter l’un des 2 messages qui lui est présenté. Au cours de l’expérience on introduit des variations de type physique ou conceptuel sur le message à ignorer : changement de voix, introduction de sons, inversion de mots dans la phrase, mot d’une autre langue… Cherry a observé que les sujets peuvent écouter et répéter un message. Elle va demander aux sujets ce qu’ils ont perçu du message ignoré. Les sujets rapportent une capacité à relever les variations physiques et une incapacité à relever les variations conceptuelles. Ainsi l’attention correspondrait à un filtre disposé sur le canal de traitement de l’information. Ce filtre serait situé dans les premières étapes de traitement : c’est un filtre précoce. L’attention serait en fait représentée par ce filtre à partir duquel on aura ensuite un traitement en profondeur de l’information. En 1958, Broadbent propose sa théorie du filtre attentionnel en suggérant qu’on ne peut traiter qu’un input à la fois. D’après cette théorie, les stimuli peuvent être filtrés par le système perceptif grâce à l’attention et à partir de leurs attributs physiques. Dans ce modèle, l’attention a le rôle d’un filtre fonctionnel préalable à la phase de perception ou de reconnaissance de formes. Selon Broadbent avec ce modèle structural de l’attention il y a un unique canal n’ayant pas de mécanisme pour diviser l’attention. L’attention est présentée comme un canal à capacité limitée qui détermine le processus sériel du système perceptif. Ce filtre attentionnel est une sorte de goulot d’étranglement des informations rentrant dans le système. Celui-ci aurait une fonction adaptative qui permettrait de protéger le STI d’une surcharge cognitive et donc de sélectionner les informations pertinentes. Broadbent a précisé que ce filtre serait placé au tout début de la chaîne de traitement. C’est un filtre intra perceptif placé après les étapes de mémorisation sensorielles. Les informations non pertinentes sont effacées alors que les informations pertinentes sont traitées. Ce mécanisme permet de libérer de la place en MCT. En 1960, la théorie de Treisman propose que l’attention sélective serait un atténuateur (dans l’autre modèle on passe du tout au rien) qui fonctionnerait par seuil d’activation. Il existerait différents seuils d’activation selon le type de l’information. Le sujet a ici une part active dans le traitement attentionnel, on a donc une part de subjectivité dans ces traitements. Dans tous les cas, lorsqu’une information dépasse le seuil alors l’information est traitée sémantiquement et le sujet peut prendre conscience qu’il a traité cette information. On a ici un apriori : on a une hiérarchisation dans les traitements, à savoir que la perception est inconsciente et que l’on peut verbaliser tout ce qui est de plus haut niveau. Des chercheurs vont ensuite dénoncer cette théorie à l’aide de différents faits expérimentaux : la mémoire implicite et inconsciente. Nos comportements peuvent être influencés par des informations sémantiques qu’on n’a pas traitées consciemment. L’expérience d’écoute dichotique est reprise : le sujet reçoit des chocs électriques lorsque des mots sont répétés dans le message à ignorer. Les sujets ne voient pas la relation. Dans une deuxième phase, il n’y a plus de chocs électriques, mais on mesure l’activité électrodermale : lorsque les mots auparavant associés à un choc sont présentés, il y a une réponse électrodermale enregistrée. Le système cognitif a mémorisé une relation mot/choc, sans pour autant que le sujet en soit conscient.
Présentez l’éveil et la vigilance. En quoi se différencient-ils ? (5 points)
Réagir à la nouveauté et maintenir son attention : le maintien attentionnel.
Les variations de la demande en attention modifient le niveau d’éveil, et inversement, les variations du niveau d’éveil ont un effet sur la façon d’allouer l’attention aux différentes activités à exercer. Chacun d’entre nous a pu en faire le constat en s’apercevant d’actions involontaires réalisées plus particulièrement à certains moments de la journée, comme par exemple le suivi d’un itinéraire routier habituel à la place d’un itinéraire nouveau dans les premières heures du lever ou à des heures tardives de la journée. L’efficacité de nos performances dépend donc non seulement de la complexité de la tâche que nous avons à réaliser, de la familiarité ou de la nouveauté de la situation, mais aussi de notre niveau d’éveil à ce moment-là.
a. Le niveau d’éveil
Les mesures du niveau d’éveil se réalisent essentiellement par l’enregistrement sur la boite crânienne des ondes cérébrales, mais aussi grâce à l’utilisation d’indices physiologiques (tonus musculaire, rythmes respiratoire et cardiaque, dilatation pupillaire) et comportementaux (qualité des réponses dans la détection de signaux). Le niveau d’éveil se définit alors comme un seuil d’activation du système nerveux central (SNC) à partir duquel l’individu fournit une réponse comportementale en réaction à un stimulus présenté dans son environnement (Parasuraman, 1984). Notons que pour qu’il y ait maintien de cet état d’éveil cortical, mesuré par des tracés rapides et de bas voltages sur l’électroencéphalogramme, il est nécessaire que la formation réticulée (cf. part. 2, chap. 7), appartenant aux voies motrices descen- dantes qui permettent le contrôle de la posture et de la locomotion, soit régulièrement stimulée ou excitée. Cette formation réticulée s’étend sur toute la longueur du tronc cérébral et reçoit donc des informations de toutes origines : elle peut être activée de façon exogène par des stimulations environnementales ou bien de façon endogène par des stimulations propres au SNC (Bloch, 1973). La complexité d’une activité conduisant à une performance dépend conjointement de l’analyse des objets environnementaux nécessaires à sa réalisation et des opérations cognitives nécessaires à sa compréhension. D’après ce qui vient d’être énoncé précédemment, il paraît opportun de mettre en relation la complexité de cette activité avec le niveau d’éveil ou d’excitation corticale pour comprendre le niveau de performance. Cette relation a été formalisée depuis longtemps sous la loi de Yerkes-Dodson (voir fig. 2). Cette loi postule que la qualité des performances de n’importe quelle tâche se détermine selon une fonction en forme de U inversé, qui dépend du niveau d’éveil ou d’excitation corticale du sujet. Autrement dit, il existe un niveau optimal de performance lié à un certain degré d’excitation ou d’éveil. Une fois ce seuil franchi, les performances chutent. De plus, l’évolution de la courbe dépend de la complexité de la tâche à réaliser : le niveau optimal des performances est plus bas pour une tâche complexe que pour une tâche plus simple, et ce niveau est atteint plus rapidement ; c’est-à-dire qu’un niveau d’éveil plus faible permet de l’atteindre. À l’origine, les auteurs de cette loi l’ont formalisée à partir de résultats obtenus par un groupe de souris apprenant par un renforcement de type pavlovien à discriminer la luminosité de deux portes de labyrinthe. Cette loi a montré son caractère généralisable du fait qu’elle ait pu être vérifiée à de nombreuses reprises chez l’humain : par exemple, exposer des personnes à un bruit de fond continu augmente leur niveau d’éveil, ce qui retarde d’autant plus la chute de leurs performances d’autant que l’épreuve à réaliser est simple. Au contraire, le manque de sommeil modifie les performances toujours dans le respect de cette loi (Kahneman, 1973). Par conséquent, les facteurs influençant les performances de tout individu à travers le niveau d’excitation corticale sont à la fois d’origine physiologique et psychologique. C’est pourquoi les chercheurs distinguent les termes d’éveil et de vigilance. Si le niveau d’éveil d’un individu dépend plutôt des rythmes biologiques et sociaux qui évoluent essentiellement en cycles de vingt-quatre heures (on utilise le terme de rythme circadien), la vigilance est plutôt du ressort de l’état d’alerte d’un individu qui indique une préparation à l’apparition d’un événement.
b. La vigilance
Mackworth a proposé en 1957 la définition suivante de la vigilance : « état de préparation à détecter et à répondre à certains changements qui apparaissent à des intervalles de temps aléatoires dans l’environnement ». Ce qui signifie que le caractère prévisible de l’apparition d’un événement, sans toutefois connaître le moment exact de sa venue, conduit l’individu à anticiper celle-ci en se préparant à y répondre. En 1978, Posner propose d’utiliser l’expression d’alerte phasique pour l’état psychologique qui caractérise l’individu dans cette situation d’attente active. Il oppose ainsi l’alerte phasique (système involontaire d’orientation et de préparation motrice) à l’alerte tonique (système autonome de tonicité musculaire). Pour se retrouver dans cet état de vigilance ou d’alerte phasique, l’individu doit avoir préalablement perçu un premier signal, car l’apparition d’un nouveau signal ou stimulus entraîne une modification positive de la réceptivité du SNC à toute stimulation ultérieure que l’on nomme activation. En effet, des études préalables sur le comportement animal ou du nouveau-né humain ont montré que l’apparition d’un stimulus nouveau provoquait des réponses caractéristiques, tant du point de vue physiologique, à travers la durée de la fixation oculaire et le rythme de succion, que neurologique, à travers l’onde cérébrale spécifique appelée onde d’expectation d’amplitude négative ou Contingent Negative Value. L’alerte phasique ou vigilance est par conséquent l’état d’un individu qui oriente ses sens de façon involontaire vers un objet nouveau ou inattendu afin de mieux l’analyser ou de mieux analyser tout objet qui apparaîtra dans la même zone spatiale. À la question « combien de temps peut-on rester dans cet état ? », les études semblent indiquer que la durée maximale d’un maintien efficace sans nouvelle apparition est aux alentours de trois secondes (Richard, 1980). Ces résultats vont à l’encontre de l’idée courante qui suppose qu’un individu peut rester vigilant durant de longues périodes. Cette erreur provient de la confusion entretenue entre les notions de vigilance et d’attention.
Contrôle Attentionnel
Enumérez et définissez les 4 situations qui peuvent augmenter et diminuer la performance humaine. (6 points)
Deux situations peuvent améliorer la performance humaine : la Focalisation et l’Inhibition.
Deux autres la diminuent : la Distraction et l’Inattention.
◻️ La Focalisation s’exerce dans des situations pour lesquelles une information est non seulement pertinente pour la tâche, mais aussi fortement prégnante.
◻️ L’Inhibition est définie par les situations dans lesquelles le sujet prend en compte une information pertinente mais dont la valeur de prégnance est faible, il doit d’abord inhiber toutes les informations plus prégnantes et non pertinentes à la tâche à réaliser.
◻️ La Distraction correspond aux situations où un objet ou évènement prégnant et non pertinent apparaît dans l’environnement et capture involontairement l’attention du sujet.
◻️ L’Inattention correspond aux situations dans lesquelles le sujet oriente de façon involontaire (discrète) vers des informations non prégnantes et non pertinentes par rapport à l’activité en cours. Ces informations sont traitées de façon volontaire : le sujet devient inattentif, absorbé par ses pensées.
L’orientation attentionnelle exogène est-elle automatique ? (7 points)
Une des premières fonction de l’attention est de permettre de se focaliser sur un stimulus particulier. C’est ce qu’on appelle l’orientation attentionnelle. L’attention peut être dirigée par les buts que l’individu s’est fixé dans la situation présente, par exemple chercher à repérer dans la foule une personne avec laquelle il a rendez-vous. On parle alors d’attention attentionnelle endogène. L’attention peut également être réorientée par un signal dans l’environnement comme un coup de klaxon d’un automobiliste. C’est ce qu’on appelle l’orientation attentionnelle exogène. S’il paraît assez naturel de penser que l’attention endogène est contrôlée, puisque dirigée par les buts du sujet, la question se pose pour l’attention exogène. Une des tâches permettant d’étudier le type de contrôle de ces deux formes d’attention est la tâche d’indiçage spatial. Elle consiste à présenter une cible en périphérie d’un écran en demandant au sujet de fixer le point central. Les cibles sont précédées de deux types d’indices :
(i) un indice central, sous la forme d’une flèche pointant vers le lieu probable de l’apparition de la cible et permettant de manipuler l’orientation endogène de l’attention,
(ii) un indice périphérique, sous la forme d’une mise en surbrillance de la zone probable d’apparition de la cible et permettant de manipuler l’orientation exogène de l’attention.
Les résultats montrent que le temps de réponse est plus court dans ces deux conditions que dans une situation contrôle sans indice. Ils montrent également que le temps de réponse est plus court pour un indice périphérique que pour un indice central, ce qui étaye le caractère automatique de l’orientation attentionnelle exogène. Cela ne veut pour autant pas dire que la capture de l’attention par un événement extérieur soit irrépressible. Des études récentes sur la capture attentionnelle montre que celle-ci est modulée par les caractéristiques des objets et par la nature de la tâche en cours au moment de la capture. Ainsi, un objet singulier dans un ensemble d’objets peut faciliter la détection d’un objet cible s’il lui ressemble, en revanche l’objet singulier peut rendre cette détection plus difficile s’il ressemble aux distracteurs. Dans le même ordre d’idée, la capture de l’attention est plus difficile lorsque le sujet réalise une tâche complexe que lorsqu’il réalise une tache simple (Ruz et Lupianez, 2002). De tels résultats remettent en cause une conception de type modulaire de l’orientation attentionnelle exogène.
Comment gère-t-on des activités concomitantes d’un point de vue attentionnel ? (10 points)
L’attention permet la focalisation des ressources cognitives sur un stimulus, mais elle peut également se partager entre plusieurs sources d’informations ou entre plusieurs activités. La gestion d’activités concomitantes, c’est-à-dire d’activités simultanées, est assez fréquente dans vie quotidienne, mais c’est surtout dans la psychologie du travail qu’on s’y est intéressé. Deux approches théoriques s’affrontent pour rendre compte de ce type de partage attentionnel.
1. La première de ces approches est représentée par le courant théorique qui postule l’existence d’un canal unique de traitement. Ce canal serait caractérisé par une capacité limitée, mais surtout par un traitement séquentiel de l’information. De ce point de vue, les deux tâches ne pourraient pas être traitées simultanément. La question de la gestion du partage attentionnel consiste alors à se demander comment la priorité est à accordée à une tâche plutôt qu’à une autre. Cette approche est celle de Broadbent dans son modèle de 1958, comme celle de Baddely et Hitch, 1974. Dans ces modèles, la fonction principale de l’attention est alors de filtrer les informations en mémoire à court terme. C’est avec le paradigme de la double tâche que ces hypothèses sont testées. Ce paradigme consiste à donner aux sujets une tâche principale, qu’ils doivent accomplir le mieux possible, et une tâche secondaire. On observe en général que la performance de la tâche principale varie en sens inverse de l’exigence sur la tâche secondaire. Ces résultats sont cependant contredits par des résultats comme ceux d’Allport & Al (1972). Dans son expérience, ils demandent aux sujets, pianistes de leur état, de déchiffrer une partition inconnue en même temps qu’ils lisent une liste de mots présentés à une cadence très rapide. Leurs résultats montrent que, moyennant un entraînement, les sujets étaient capables de gérer les deux tâches conjointement aussi bien que séparément. Pour Broadbent, ces résultats peuvent s’interpréter en termes d’anticipation s’appuyant sur la redondance de l’information. Le débat n’est cependant pas clos. Des auteurs comme Norman et Bobrow (1975) ou Navon (1984) ont alors proposé une conception mettant davantage l’accent sur la quantité de ressources disponibles, expliquant que, lorsque deux tâches sont à réaliser, la répartition de ces ressources n’est pas équitable. Une telle approche permet donc de rendre compte, aussi bien que l’hypothèse du canal unique, des résultats observés dans les situations de double tâche. Cette notion de quantité de ressources disponibles est cependant très difficile à opérationnaliser et à mesurer. Wickens (1984, 1992) propose alors un modèle de ressources multiples où chaque canal perceptif serait indépendant des autres et disposerait de ses propres ressources. La difficulté des doubles tâches proviendrait alors d’un problème de gestion du temps et de synchronisation entre les tâches. Mais ce modèle, comme le précédent, est limité par la définition même de la mesure de la quantité de ressources allouées à une tâche.
Expliquez comment les émotions peuvent affecter le contrôle attentionnel. (7 points)
Le contrôle de l’attention est un ensemble de mécanismes cognitifs permettant à un individu de gérer les informations concernant la ou les tâches en cours et ainsi d’adapter au mieux son comportement en fonction des buts qu’il poursuit. Ces mécanismes permettraient ainsi de sélectionner dans une situation les informations sur lesquelles il faut se focaliser ou, dans les situations de doubles tâches, celle qui à un moment donné se verra attribuer les ressources attentionnelles. Selon Mischel et Ayduck (2004) le contrôle attentionnel revêtirait deux aspects :
1) l’un orienté vers l’obtention d’une performance, la réalisation d’une activité,
2) l’autre orienté vers des stratégies de gratification afin de conserver la motivation.
Le va et vient entre ces deux aspects du contrôle attentionnel permettrait l’autorégulation. Ce mécanisme serait lié à une intention permettant de déclencher l’initiation à l’action, l’inhibition des réponses surapprises et la résistance à la tentation de distraction et constituerait un premier pas vers la constitution de nouveaux automatismes. Pour Eisenberg et al (2004) la régulation liée à l’émotion serait nécessaire pour gérer l’attention et la motivation. Le contrôle constituerait alors une partie de l’autorégulation. Il porterait sur l’inhibition de certaines réponses tandis que la régulation de l’émotion pourrait échapper au contrôle volontaire. Cependant, ces deux traits semblent corrélés chez un même individu rendant difficile la distinction expérimentale de l’impulsivité réactive (régulation des émotions) et l’inhibition comportementale (contrôle cognitif), bien que le DSM IV propose cette distinction pour les enfants hyperactifs avec ou sans déficit d’attention.
Comment peut-on définir l’attention ? Dans quels domaines l’attention est-elle importante ? (10 points)
Historiquement, une des premières définitions modernes de l’attention nous vient de William James (1890/1952) : ≪ C’est la prise en compte par l’esprit, sous une forme claire et nette, d’un objet ou train de pensée parmi une multitude d’objets disponibles simultanément. La focalisation, la concentration de la conscience sont son essence même. Cela implique de se retirer de certaines choses pour en traiter efficacement d’autres. ≫
L’attention est donc ici vue comme une capacité de concentration ou de focalisation sur un objet précis. Boujon (2007) précise que cette faculté doit être considérée comme une interface dynamique du système cognitif, tout comme la mémoire de travail qui lui est intimement liée : lien qui expliquerait le fait qu’elle ne peut traiter qu’un nombre très limité d’items simultanément (Cavanagh, 2004). Les premières théories cognitives de l’attention supposaient que cette dernière reposait sur un filtrage précoce de l’information. Dans le modele de Broadbent (1958), les informations sensorielles arrivent jusqu’à un goulot d’étranglement qui nécessite une prise de décision sur le signal à traiter, en fonction de ses caractéristiques physiques. Notons également que le traitement sensoriel s’effectue en parallèle, le filtrage permettant de déterminer quels signaux auront accès à la conscience. On a donc le passage d’un traitement parallèle à un traitement séquentiel suite à cette sélection. Ce filtrage exclusivement physique a été par la suite remis en question par les travaux de Treisman, (1960 ; 1964 ; 1969). En effet, il est également possible de filtrer l’information sur une base sémantique, postérieure à l’analyse des caractéristiques physiques d’un signal. Elle propose alors une modification du modèle de Broadbent par le biais de sa théorie de l’atténuation. Elle suppose ainsi que les messages traités sont atténués en fonction des objectifs, mais pas totalement exclus sur la base de leurs caractéristiques physiques. La sélection sémantique peut alors s’appliquer à tous les messages, que ceux-ci soient atténués ou non. Il sera cependant plus difficile d’appliquer un critère de sélection sémantique sur un message atténué. Les travaux de Treisman et Geffen (1967) viennent renforcer cette conception. Broadbent (1982) intégrera ultérieurement la notion d’atténuation de Treisman à son modèle en y ajoutant la notion d’amplification de certaines catégories sémantiques en fonction des objectifs (attente plus grande pour un type d’information). Nous ne nous étendrons pas plus avant sur le débat entre filtrage précoce ou tardif de l’attention, mais nous retiendrons ici la notion d’atténuation et d’amplification (ou d’activation) qui permettent d’effectuer un tri des informations qui accèdent à la conscience. L’attention regroupe en outre des phénomènes psychologiques variés (Styles, 2006). Ce terme est utilisé en référence à tous les aspects de la cognition que le sujet peut contrôler, qui sont limités en termes de capacités et de ressources, mais aussi aux méthodes qui permettent de gérer ces contraintes (Shiffrin, 1988). C’est pour ces raisons que l’attention n’est plus aujourd’hui vue comme un phénomène unique et homogène (Allport, 1993), mais plutôt comme un système complexe (Camus, 1996). Cohen, Aston-Jones et Gilzenrat (2004, p.71) précisent que : ≪ L’attention est la propriété émergente du système cognitif qui permet à ce dernier de traiter avec succès certaines sources d’informations au détriment d’autres afin d’atteindre des objectifs ≫ Ils ajoutent que la différence entre l’aspect contrôlé ou automatique de l’attention n’est pas dichotomique, mais plutôt graduée. Certains processus sont ainsi plus automatiques que d’autres et varient dans leur automaticité en fonction du contexte dans lequel ils se produisent. Ces mêmes auteurs précisent par la suite que l’attention représente l’influence modulable de certaines représentations cognitives sur le choix et l’importance du traitement d’autres représentations. Ils supposent donc que diverses représentations sont en compétition pour l’accès à la conscience et que le rôle de l’attention est de biaiser cette compétition (par des processus ascendants ou descendants). Une représentation cognitive étant ici constituée d’un ensemble organisé d’informations et correspondant à une connaissance durable au sujet de laquelle il est possible de prendre une décision pour l’action, ou qui contribue à cette prise de décision (Camus, 1996). Ces représentations cognitives ne sont pas nécessairement verbales et conscientes, mais peuvent aussi être imagées, ou motrices (Camus, 1996, p.12) : ≪ L’attention permet ainsi de contrôler, régler ou moduler la quasi-totalité de nos activités psychologiques tant que celles-ci s’appuient sur des représentations (perceptives, conceptuelles et motrices). ≫
Enfin, pour Cohen (1993), l’attention n’est pas un processus unitaire, mais une classe de processus cognitifs et comportementaux produisant des effets qu’il est possible de détecter. L’attention a pour fonction de réduire la quantité d’informations (le nombre de stimuli) nécessitant un traitement supplémentaire de la part du cerveau. On peut donc parler ici de système attentionnel, ce qui permet de souligner l’existence d’une organisation cognitive des processus attentionnels, d’une distribution de ceux-ci sur une grande partie de nos activités psychologiques et d’une plasticité des interactions entre ce système et les autres systemes de traitement de l’information (Camus, 1996). Ainsi, l’attention est plus considérée aujourd’hui comme un système qui gère les priorités pour les actes moteurs, la conscience et la mémoire (Posner, 1994) que comme un goulet d’étranglement sensoriel précoce (Broadbent, 1958). Posner précisait également en 1994 que les études par neuroimagerie de l’époque confirmaient déjà le rôle de l’attention dans l’amplification de l’activité neuronale dans certains sites sensoriels et moteurs ou les computations prennent place. Posner et Petersen (1990) indiquent que le système attentionnel est anatomiquement séparé du système de traitement des informations qui réalise des opérations sur des inputs spécifiques. Ils ajoutent que l’attention est composée de trois sous-systèmes attentionnels dans le cerveau :
1. Un système attentionnel postérieur (lobes occipitaux et pariétaux) associé à l’orientation vers des événements sensoriels et à l’attention perceptive.
2. Un système attentionnel antérieur (lobes frontaux) qui est associé avec le contrôle cognitif et la sélection de l’action (traitement focalisé conscient et volontaire).
3. Un systeme d’éveil (arousal) associé avec l’attention soutenue et la vigilance (tronc cérébral).
L’attention n’est donc pas une propriété générale d’un centre isolé, ni une fonction générale du cerveau opérant comme un tout. Pour Cavanagh (2004), l’attention est un ensemble de fonctions reposant sur des routines, qui varient selon les niveaux de traitement. Au niveau sensoriel, la conscience n’a pas accès aux routines, innées pour certaines et acquises au cours de l’exercice des sens pour d’autres. Au niveau supérieur se trouvent les routines de l’attention, qui ont un état initial et final verbalisable (les étapes intermédiaires sont des routines sensorielles) et qui sont initiées consciemment pour atteindre un objectif (ex : suivre une cible, sélectionner un élément). Le dernier niveau est le niveau cognitif, composé de plusieurs routines de l’attention. Les étapes sont donc ici verbalisables, et l’attention est intégrée dans une tâche plus complexe. Afin d’éclaircir notre propos, nous allons définir l’attention (ou système attentionnel) en trois étapes (selon le travail de Boujon, 2007), en commencant par ses caractéristiques. Il nous faudra ensuite présenter les différentes fonctions de l’attention pour finalement exposer son rôle dans le controle cognitif.
1) Les caractéristiques de l’attention
Très souvent, l’attention est considérée comme une capacité de sélection ou de tri permettant à certaines informations d’être perçues ou analysées. Ce tri peut bien entendu être effectué selon une grande variété de critères (ex. : sensoriels, de localisation, catégoriels, conceptuels). Cet aspect sélectif est directement relié à la notion de focalisation de l’attention. Camus précise à ce sujet (1996) : ≪ La selection porte toujours sur une représentation cognitive. La représentation concernant la cible doit être dissociée des représentations concernant les distracteurs. Cette séparation s’effectue à l’aide d’un double mouvement de magnification de la représentation de la cible et d’inhibition de celles des distracteurs. Il convient de ne pas confondre le caractère central de ces opérations cognitives avec la nature des critères retenus pour distinguer les cibles et les distracteurs. Les critères peuvent porter sur des qualités perceptives, ou cognitives, mais dans tous les cas la sélection concerne des représentations, ce qui s’effectue nécessairement à un niveau cognitif de traitement. ≫ Ainsi, la selection porte toujours sur une représentation cognitive et repose sur l’association entre inhibition (ou attenuation) et amplification (reposant sur certaines attentes). L’intensité (ou le degré de focalisation) de cette fonction est également soumise à des variations et peut aboutir au fait d’ignorer des signaux de l’environnement, ou au contraire à ne pas réussir à en faire abstraction. Cet aspect essentiel de l’attention correspond à la quantité d’information sélectionnée et traitée à un instant T. Mis a part ces caractéristiques assez générales, le fonctionnement de l’attention possède des propriétés spécifiques. Parlons tout d’abord de l’engagement de l’attention. Il est soit endogène, c’est-à-dire contrôlé intentionnellement par le sujet (attention ≪ volontaire ≫ de James), soit exogène (attention ≪ réflexe ≫ de James), ce qui signifie que c’est le contexte qui active l’attention automatiquement. Ce dernier type d’engagement de l’attention est plus rapide que le premier. L’attention endogène est souple et peut être utilisée consciemment à n’importe quelle étape du traitement de l’information, cependant, sa capacité est limitée, contrairement à l’attention activée (engagée) automatiquement. L’engagement automatique de l’attention est déclenché par un changement brutal d’énergie détecté même dans les régions qui ne sont pas dans le focus de l’attention ; alors que l’orientation volontaire permet au sujet de réorienter intentionnellement son attention sur une information recherchée. L’attention exogène ne sert qu’a réorienter l’attention, l’attention endogène prenant immédiatement le relais une fois que l’information est devenue consciente (Camus, 1996). L’engagement de l’attention peut donc s’effectuer de manière automatique ou délibérée. L’attention volontaire va ainsi permettre de résister aux distractions, mais peut manquer de flexibilité ; alors que l’attention dont l’engagement est exogène va permettre de surveiller continuellement l’environnement, mais peut entrainer une distraction continuelle (Camus, 1996). L’orientation et le focus de l’attention ne sont ensuite pas forcément identiques à la focalisation sensorielle. En outre, l’attention peut se concentrer sur les résultats de l’action (focus externe) ou sur les procédures permettant de réaliser une action (focus interne). Cette orientation implique le désengagement de l’attention de la position actuelle, le déplacement proprement dit et le réengagement de l’attention dans la position nouvelle (Posner, 1994). Le fait de passer d’un type de focalisation a un autre est un ≪ blink ≫ ou clignement attentionnel. De même, la focalisation sur un élément particulier peut entraîner une cécité attentionnelle à d’autres éléments de l’environnement (Boujon, 2007).
2) Les différents types/fonctions d’attention
Plusieurs fonctions (dépendant de sous-systèmes attentionnels différents) caractérisent l’attention, à commencer par le maintien attentionnel. Cette attention soutenue signifie que l’attention varie en fonction des caractéristiques temporelles de la tâche. Ce maintien se met en place de manière importante lorsqu’une tâche requiert de la persistance de la part du sujet sur une durée significative. Il correspond à un état de préparation à détecter un type de stimulation dans l’environnement (attente active), stimulation ayant une importance particulière pour le sujet (Boujon, 2007). L’attention soutenue requiert donc le maintien de la sélection sensorielle, une certaine intensité, tout comme la sélection des réponses sur la durée. Elle est donc vulnérable aux déficits de chacune de ces fonctions (Cohen & O’Donnell, 1996). L’attention ne peut d’ailleurs pas être indéfiniment engagée, puisqu’elle draine nos ressources mentales (Camus, 1996). Selon cet auteur, la recherche sur l’attention soutenue va se confondre avec l’étude de l’éveil dans ses manifestations toniques et phasiques (niveau neurophysiologique) ou avec le concept de vigilance (au niveau comportemental). Il est donc important de souligner que pour que l’attention soit possible, ≪ il faut au préalable que le sujet ait repris conscience et il faut qu’il manifeste une présence au monde plus ou moins dynamique et une présence à soi qui lui permette d’exercer un certain contrôle sur lui-même et sur l’environnement. Mais la réciproque n’est pas vraie, un sujet parfaitement éveillé peut se trouver dans l’incapacité de focaliser son attention. ≫ (Camus, 1996). Le niveau d’éveil est le seuil d’activation du système nerveux central à partir duquel l’individu fournit une réponse comportementale en réaction à un stimulus présenté dans son environnement. L’éveil est donc une condition nécessaire de l’attention. L’eveil correspond à un état physiologique ainsi qu’à un état psychologique et subjectif. Quant à la vigilance, elle correspond aux différents états qui sont caractérisés par la conjonction d’une certaine configuration d’activités électriques corticales et d’un comportement sensori-moteur, cognitif et affectif (Vion-Dury & Blanquet, 2008). Les états de vigilance recouvrent notamment l’éveil, le sommeil lent, ainsi que le sommeil paradoxal.
La sélection attentionnelle, est une autre fonction de l’attention. Elle permet de donner la priorité à certains éléments plutot qu’à d’autres de manière volontaire. Cette sélection s’initie tout d’abord par une sélection de la région physique de l’environnement sensoriel pour contrôler les entrées, suivi d’un filtrage de quelques éléments dans cette région pour des traitements plus profonds, ce qui aboutit à une selection de représentations en mémoire parmi celles activées. Cette sélection repose sur des représentations, et peut être le fruit d’un engagement endogène ou exogène de l’attention. L’attention, grâce au partage attentionnel permet de gérer plusieurs activités ou tâches de manière simultanée, et ce de manière plus ou moins efficace en fonction de l’expertise dans les tâches en question et du nombre de canaux qu’elles partagent dans leur réalisation (sensoriels, moteurs ou cognitifs). On peut traiter plusieurs informations perceptives en même temps si elles sont de différentes natures ou exécuter des actions dans de multiples systèmes moteurs, mais il est impossible de traiter plusieurs choses dans un système unique sans provoquer des interférences.
3) Le controle de l’attention
Comme nous venons de le voir, le contrôle de l’attention est le résultat de facteurs exogènes et endogènes. Suite à cette orientation de l’attention, celle-ci doit être maintenue pour que le traitement des stimuli soit effectif. Ainsi, l’attention peut aboutir à l’inhibition d’un stimulus pour en traiter un autre prioritairement (ce qui donne lieu a un amorcage négatif : ce stimulus sera ensuite plus long à traiter, étant donne son ≪ inactivation ≫ initiale). L’inhibition permet en d’autres termes d’atténuer des représentations cognitives ou des réponses apprises et automatiquement enclenchées (Styles, 2006). Le pendant de cette inhibition, nous l’avons vu, est la focalisation, c’est-à-dire le fait de centrer son attention sur un seul élément. La focalisation et l’inhibition sont deux éléments indissociables de la sélection attentionnelle évoquée plus haut. Par ailleurs, l’attention contrôle le nombre d’éléments traités et activés simultanément en mémoire de travail. Cette dernière correspond à un processus de gestion temporaire des différentes représentations cognitives (Baddeley, 1993). Cette mémoire de travail est un gestionnaire de ressources susceptibles d’être utilisées de manière efficace compte tenu des impératifs de la situation et maintient activement disponibles les informations pertinentes à l’action en cours, que ce soit par rapport aux objectifs à long ou à court terme (Camus, 1996). On estime celle-ci très coûteuse en processus attentionnels. Les tâches qui requièrent des processus contrôlés nécessitent une attention plus coûteuse. La demande des tâches en attention volontaire influence la capacité à réaliser plusieurs tâches simultanément (Cohen, 1993). Il y a deux processus différents d’attention selon Styles (2006) : un type de traitement qui peut être rapidement adopté par les intentions conscientes du sujet, et l’autre type de traitement qui se déroule automatiquement en dehors du contrôle conscient. Les processus automatiques nécessitent de l’attention, puisqu’ils peuvent rentrer en conflit avec des tâches proches, alors que dans des tâches plus éloignées il n’y a pas d’interférence. L’automaticité ne signifie donc pas qu’il y a absence d’implication de l’attention. Comme nous l’avons déjà souligné au debut de cette partie, il semblerait que les processus automatiques et contrôlés ne se différencient pas par la présence ou l’absence de contrôle, mais par le degré nécessaire dudit contrôle. Selon Neumann (1984), l’automaticité ne serait pas un processus mais une émergence qui nécessite que certaines conditions soient réunies. Elle se produit lorsque des compétences stockées en mémoire à long terme (plan d’action et de sélection d’informations) sont activées par les informations en entrée. Lorsque cela n’est pas possible, plusieurs processus attentionnels interviennent pour permettre la mise en place de l’action ou du traitement de l’information. Grâce à l’apprentissage, les actions qui avaient besoin de contrôle attentionnel conscient deviennent automatiques (Gopher, 1993). Ainsi, le degré avec lequel une personne contrôle volontairement son attention se situe sur un continuum reliant les compétences automatiques à celles plus contrôlées, et tous les processus attentionnels ne nécessitent pas que le sujet en ait conscience (Cohen, 1993 ; Cavanagh, 2004). Camus (1996) précise par ailleurs (p.105) : ≪ Certaines données suggèrent que l’attention se restructure au cours de l’automatisation en permettant de se focaliser sur de nouvelles informations ou de nouvelles représentations non disponibles au début de l’apprentissage. Il est donc possible de suggérer que le contrôle attentionnel de l’activité s’exerce à la fois à travers des composantes contrôlées et des composantes automatiques du traitement. ≫ Selon Anderson (1983), les objectifs sont nécessaires et cruciaux pour susciter le contrôle volontaire de l’attention et produire des comportements. Le contrôle volontaire de l’attention est requis dans les tâches qui impliquent la prise de décision ou la planification, impliquent la correction d’erreurs, sont mal assimilées ou contiennent de nouvelles séquences, sont jugées comme dangereuses ou techniquement difficiles, ou encore requièrent d’inhiber une réponse très habituelle et automatique (Normal et Shallice, 1986).
Conclusions
Nous pouvons donc dire que l’attention est un système qui repose sur des routines ou processus variant dans leur degré d’automatisme et de conscience en fonction de leur niveau de traitement. L’attention possède de surcroît certaines caractéristiques spécifiques comme le degré de sélectivité, l’intensité, l’engagement (endogène ou exogène) mais aussi le focus (interne ou externe). Soumise à des clignements et susceptible de cécité pour certains éléments, le maintien de l’attention dépend également du niveau d’éveil du sujet. L’attention peut par ailleurs être classée en trois types différents :
1) Le maintien attentionnel, qui correspond plutôt à un état d’attente ou d’alerte à un type de stimulus particulier ;
2) la sélection attentionnelle active d’un type de stimulus dans l’environnement ;
3) le partage attentionnel entre plusieurs tâches ou stimuli de manière plus ou moins efficace en fonction du degré de complexité de ces stimuli et du nombre de canaux de traitement qu’ils ont en commun.
Le contrôle lié à l’attention permet quant à lui de favoriser certains stimuli par rapport à d’autres, de la réorienter et de déterminer (dans une marge assez limitée) le nombre d’éléments à traiter simultanément. L’apprentissage permet de rendre ce contrôle intégré au schéma d’une tâche, ce qui rend le contrôle automatique. L’attention nécessite également une tendance a être dirigée vers des buts, sans quoi il n’y aurait pas de pression pour prêter attention à quoi que ce soit (Cohen, 1993b. L’attention dépend par ailleurs des ressources disponibles, qui déterminent le niveau optimal de performance possible pour une fonction comportementale particulière. Les limites de l’attention structurelles dépendent de la capacité des canaux sensoriels, de la capacité de la mémoire de travail, de la vitesse de traitement, et des caractéristiques spatiotemporelles du système (Cohen & O’Donnell, 1993). Selon ces mêmes auteurs, la capacité attentionnelle est également influencée par les variations naturelles ou imposées des énergies de l’individu. Ces propriétés énergétiques incluent l’arousal, la motivation et l’effort généré. L’attention est modulée par la nature de la tâche, la nature des entrées ou des codes, le degré d’expertise, le caractère plus ou moins automatique des compétences concernées, l’inégale importance de la charge mentale en mémoire de travail, la vigilance, les niveaux d’éveil, la durée de l’exercice, le moment de la journée, l’intérêt, l’entrain, le plaisir, la motivation et l’âge. Ce système complexe qu’est l’attention est donc au coeur du système cognitif et soutient son fonctionnement à toutes les étapes. De même, elle est liée au système métacognitif, s’orientant alors sur un objet qui est la cognition, ses processus et ses produits. Elle est par là même, essentielle aux processus d’apprentissage et d’interaction avec le monde, et constitue une des bases sur lesquelles reposent les compétences métacognitives, et notamment le suivi de ses propres activités. Si les processus de base de l’attention (atténuation et amplification) ne s’acquièrent pas progressivement (Camus, 1996), il y a cependant un développement de la structuration dynamique des différents processus de base de l’attention en un système attentionnel efficace et fonctionnel au cours du développement (Camus, 1996) : ≪ La structuration dynamique des différents processus de base en un système attentionnel efficient dépend naturellement de la maturation des structures sous-jacentes et de l’exercice des fonctions correspondantes et, de ce point de vue, le développement de l’attention accompagne le développement cognitif de la structure représentative chez l’enfant, l’adulte et le sujet âgé. ≫
Quelles sont les théories développées par les psychologues cognitivistes pour expliquer leurs observations sur les processus attentionnels ? (10 points)
L’attention est une fonction cognitive. Elle permet d’être plus efficace lors de la réalisation d’une tâche sensori-motrice ou cognitive (mémoire, langage, perception, raisonnement). Elle est placée dans les étapes intermédiaires, situées entre l’objet présent dans l’environnement et l’action appropriée à la tâche. L’attention participe à la prise de conscience des informations perçues, à détecter la nouveauté, à sélectionner les informations pertinentes nécessaires, à gérer et à planifier les différentes actions appropriées. La sélection des informations et la gestion des priorités des actions ou informations répondent à la contrainte du traitement cognitif humain. Cette contrainte fait référence à la limitation de la structure même de l’analyse humaine ou de la capacité du nombre d’éléments que le système est capable d’analyser conjointement. Il existe un débat sur la nature de cette limitation. Le modèle de la sélection attentionnelle et celui du partage attentionnel rendent compte de cette opposition.
-> Le modèle de la sélection attentionnelle, explique les contraintes par la limitation des informations pouvant être traitées simultanément.
-> Le modèle du partage attentionnel explique les contraintes par la quantité de ressources disponibles au moment de la tâche en fonction des caractéristiques de cette tâche. Ainsi Broadbent a été le premier à proposer un modèle de traitement de l’information. Ce modèle se caracterise par la séquentialité de toutes les étapes d’analyse et la limitation du nombre d’informations pouvant être traitées conjointement par les étapes intermédiaires. Au coeur de ce système se trouve un filtre sélectif qui limite le nombre d’informations accédant simultanément dans le canal de traitement cognitif. Ce canal est donc non partageable au même moment. Ce filtre selectif est un mécanisme attentionnel qui permet de sélectionner les informations en MCT, dont l’ordre d’importance dépend des mécanismes de la MLT. Ainsi, Broadbent situe l’attention au centre du fonctionnement entre la mémoire à court terme et à long terme et permet de faire l’interface entre ces deux types de mémoires.
À partir de cette première conception du traitement des informations, d’autres chercheurs ont proposé d’autres modèles.
-»> Baddeley (1996) propose le modèle de la mémoire de travail, composé de 3 sous systèmes, dont l’administrateur central a la fonction de gérer la répartition des ressources en fonction de cette contrainte limitative. Cette gestion des tâches sera assumée par l’attention.
-»> Cowan (1988) propose le modèle moniste de la mémoire, afin de rendre compte de l’importance du focus attentionnel dans le traitement des informations et de l’accès direct aux représentations en MLT dans le traitement des informations.
Dans tous ces modèles, l’attention a une place importante et permet de gérer les contraintes limitatives de la quantité d’information pouvant être traitée simultanement. Mais une autre explication que celle de la capacité limitée du nombre d’informations pouvant être traitées conjointement a été avancée pour expliquer la baisse des performances dans la réalisation de 2 tâches simultanées. Ainsi Allport et ses équipes (1972), a partir de l’expérience de Cattell sur l’impression de sens et du mouvement du pianiste, ont permis de montrer que l’on pouvait, avec un peu d’entrainement, réussir à réaliser parfaitement 2 tâches simultanément (lire une partition et un texte lu). Broadbent explique que ce résultat provient de la redondance des informations contenues dans les tâches à réaliser. Cette redondance permet l’aiguillage de l’attention entre 2 ou plusieurs activités simultanées. Donc la réalisation de 2 tâches en même temps dépend de l’allocation des ressources pour réaliser chacune de ces tâches. Cette allocation n’est pas forcément équitable entre les tâches.
-»> Wickens (1984) propose un modèle des ressources multiples pour expliquer le fonctionnement de l’attention lors de la réalisation de tâches complexes. Ce modèle est basé sur 4 dimensions :
1) la modalité d’entrée sensorielle de présentation (visuelle ou auditive),
2) le code de traitement (spatial ou verbal),
3) les modalités de sorties (verbale ou manuelle)
4) l’étape de traitement (central ou tardif).
Selon ce modèle, les réservoirs multiples en ressources spécialisées sont alloués préférentiellement. Ainsi, une tâche audio-verbale et une tâche visuo-spatiale à réaliser simultanément auront des performances moins dégradées car elles utilisent des ressources séparées. Inversement deux tâches audio-verbales utilisent les mêmes réservoirs de ressources et auront des performances dégradées. Le partage des ressources nécessaires au traitement d’une tâche complexe, impliquant au moins deux modalités différentes, permet d’expliquer une bonne performance, malgré la quantité d’informations à intégrer. La performance baisse si le traitement doit utiliser un seul réservoir de ressources, entrainant ainsi la notion de limitation de la quantité d’informations à traiter simultanément. L’attention a donc une fonction importante dans la bonne réalisation des tâches cognitives et sensori-motrices. Elle permet de gérer la contrainte de la capacité limitée du traitement cognitif lors de la réalisation de tâches complexes correspondant a la vie quotidienne de l’homme. L’attention est donc omniprésente dans notre activité ordinaire.
Quelles sont les théories développées par les psychologues cognitivistes pour expliquer leurs observations sur les processus attentionnels ?
Introduction
L’attention occupe une place centrale dans l’activité cognitive et dans toute activité humaine. James (1890) en donne une définition qui reste fondamentale : ≪ L’attention est la prise en compte par l’esprit, sous une forme claire et précise, d’un seul élément ou d’une suite d’idées parmi d’autres possibles. La focalisation et la concentration de la conscience en sont les manifestations. L’attention nécessite qu’on renonce à certaines choses pour se concentrer sur d’autres. ≫
Le contrôle attentionnel est nécessaire à l’homme car s’il peut percevoir simultanément plusieurs informations grâce aux cinq sens, il ne peut fournir qu’un nombre de réponses limité. L’analyse cognitive des différentes informations mémorisées est donc indispensable. Différents modèles sont proposés par les chercheurs pour rendre compte de l’attention en tant que fonction cognitive. Vont s’opposer alors, les modèles de filtre dont le précurseur est Broadbent (1958), modèles dits de sélection attentionnelle, et ceux dits de partage attentionnel.
Développement
◽️Broadbent parle de goulot d’étranglement permettant de protéger du trop plein d’informations. Le filtre a une fonction adaptative qui permet d’éviter la surcharge cognitive et de sélectionner l’information pertinente.
◽️Broadbent & Treisman (1958) proposent le modèle du traitement de l’information. Ils envisagent l’attention comme un mécanisme de filtrage des informations amenées par les sens. Ce filtre attentionnel permet de sélectionner les informations en mémoire à court terme. Cette sélection se fait en fonction des connaissances stockées en mémoire à long terme concernant l’importance des informations. L’attention se situe donc à l’interface de ces deux types de mémoire : MCT et MLT.
◽️Le phénomène de Cocktail Party décrit par Cherry (1953) rend caduque l’idée que l’attention effectue le tri des informations à la source. Les étapes du traitement sont alors séquencées. Certaines caractéristiques physiques sont analysées en parallèle, sans nécessiter d’attention. D’autre part, l’apparition soudaine ou une singularité particulière capturent immédiatement l’attention. Treismann (1960) considère que l’attention atténuerait sans éliminer les objets perceptifs non pertinents. Il existerait un état initial et un état final entre lesquels se situent des routines (des opérations mentales et cognitives non verbalisables).
◽️Allport & al (1972) ont montré, en étudiant la façon dont le pianiste effectue d’une part une tâche de lecture et d’autre part une tâche motrice, que l’attention pouvait être divisée en plusieurs tâches différentes.
◽️Wickens (1984 ; modèle des ressources multiples) proposera un modèle de fonctionnement de l’attention pour réaliser des tâches complexes. Il comporterait 4 niveaux : d’entrée sensorielle, de codage du traitement, de modalités de sortie puis de traitement.
◽️Cowan (1988 ; modèle moniste)
Dans le modèle de Cowan, issu des modèles du traitement de l’information, nous trouvons un stockage sensoriel de courte durée (quelques millisecondes), un stockage à court terme (partie active de la mémoire à long terme) , une mémoire à long terme, et un centre exécutif qui va selectionner un partie de l’information présente dans le stockage à court terme : celui-ci est défini comme le centre de l’attention. Dans ce modèle, une même information peut être présenté à ces différents niveaux de stockage, avec une propagation de l’information du stockage perceptif au stockage à long terme, ce dernier activant un stockage à court terme. Cowan distingue deux situations : dans les situations ou les sujets sont très familiarisés aux stimuli, l’activation à court terme se fait non consciemment ; par contre, dans les situations nouvelles ou prégnantes (singletons), le centre exécutif place les représentations de ces stimuli de manière volontaire dans le centre d’attention. La capacite de stockage à court terme est réduite dans ce modèle à trois ou quatre éléments.
◽️ Cavannagh (2004) considère l’attention comme un agent intervenant dans différentes routines du système cognitif, dont certaines peuvent être verbalisées et d’autres non, selon les étapes. L’attention se trouverait ainsi à la frontière entre les étapes automatiques de type perceptif non verbalisables et les étapes cognitives conscientes et verbalisables. Les théories actuelles de l’attention opposent 2 modes de traitement :
1. Un mode de traitement automatique : irrepressible, très rapide, fonctionnement en parallèle pour différentes activités, effet facilitateur sur la performance ; les experts mettent en oeuvre ces automatisations.
2. Un mode de traitement contrôlé : déclenché volontairement, après un délai de quelques millisecondes, touche une activité après l’autre, facilitateur de la tâche privilégiée et inhibiteur des activités concurrentes, traitement plus conscient. Par exemple, un joueur novice de piano met en place ce type d’attention.
Conclusion
L’attention a une fonction importante dans la bonne réalisation des tâches cognitives et sensori-motrices. Elle permet de gérer la contrainte de la capacité limitée du traitement cognitif lors de la réalisation de tâches complexes correspondant à la vie quotidienne de l’homme. L’attention est donc omniprésente dans notre activité ordinaire.
Présenter le modèle de Cowan.
Cowan, propose une modélisation de la mémoire qui reprend la conception classique des modèles de traitement de l’information en y intégrant un stockage sensoriel ayant une durée de quelques millisecondes, une mémoire à long terme, un stockage à court terme correspondant à une partie active de la mémoire à long terme et un centre exécutif, lequel sélectionne une partie de l’information dans le stockage à court terme qui est le centre de l’attention. Une caractéristique importante de ce modèle est qu’une information peut être présenté dans plusieurs composantes en même temps. Lorsqu’un stimulus arrive, il accède au stockage sensoriel qui préserve toutes ses propriétés physiques ou seulement quelques-unes durant une période de quelques millisecondes. Pendant ce temps, l’information commence à être activée dans la memoire à long terme, produisant le codage du stimulus et le stockage à court terme de la partie activée des codes fournis par la mémoire à long terme. Dans le cas ou les sujets sont très familiers à certains stimuli, les codes activees correspondants resteraient dans le stockage à court terme mais à l’extérieur de la conscience. Cependant, si les stimuli sont nouveaux ou possèdent une signification particulière pour les sujets, ils entrent dans le centre d’attention. Cowan propose donc de réinterpréter la notion de mémoire de travail dans le cadre d’une approche moniste ; il n’y aurait pas de mémoire intermédiaire entre les registres sensoriels et la mémoire à long terme.
Le modèle de la mémoire de travail de Baddeley repose sur deux présupposés :
1. c’est la structure de traitement (l’administrateur central) qui impose des limitations tant en termes de quantités d’informations (empan mnésique) qu’en termes de nature des traitements. L’administrateur central est en effet supposé opérer de facon séquentielle.
2. Cependant une grande partie de l’information traitée en mémoire de travail relève de nos connaissances, il est donc indéniable que la mémoire à long terme doit jouer un rôle important dans la construction des représentations, au cours des tâches finalisées, de la vie quotidienne, qui ressemblent peu, loin s’en faut, aux tâches artificielles utilisées dans les laboratoires. Ces considérations ont amené un certain nombre d’auteurs à proposer que la mémoire de travail soit vue comme une partie active de la mémoire à long terme. Selon Cowan, la mémoire de travail ne représente que la partie activée de la MLT. Cowan, au contraire de Baddeley, se situe donc dans une vision unitaire de la MT. Autrement dit, il n’y aurait pas spécifiquement de différence structurelle, mais seulement des différences fonctionnelles qui permettraient de rendre compte des différents ≪ modules ≫ ou fonctionnements de la MT. Selon cet auteur, la partie la plus activée de la mémoire de travail correspond à ce qu’il nomme le “focus attentionnel”. En effet, l’attention portée sur certaines des informations activées serait dépendante du degré d’activation de ces dernières, soit par la perception, sous la forme de stimuli, soit sous la forme d’informations récupérées par les phénomènes d’amorçage. En d’autres termes, moins une information serait activée, moins elle aura de chance de faire partie d’une représentation explicite, verbale ou imagée.
Présentez le paradigme d’amorçage négatif. Que met il en évidence ? (5 points)
Le paradigme d’amorçage négatif
En plus du mécanisme de facilitation de l’information pertinente, l’attention génère une inhibition active de l’information distractive (Neill, 1977). Le paradigme d’amorçage négatif a été élaboré pour valider cette affirmation. Le principe est le suivant : deux stimuli S1 et S2 sont présentés en même temps. Dans une première présentation, appelée phase amorce, les sujets doivent tout d’abord identifier l’objet cible S1 tout en ignorant le second objet S2. Dans la présentation suivante, appelée phase test, l’objet cible présenté S’l est totalement nouveau ou bien correspond à l’objet anciennement inhibé S2. Selon le modèle précédemment cité de sélection de l’attention (Broadbent, 1958), la rapidité pour identifier efficacement S’l ne devrait pas être différente dans la condition où celui-ci est nouveau ou anciennement inhibé. Par contre, si l’inhibition de S2 demeure active pendant plusieurs secondes, elle devrait venir interférer avec sa sélection dans la présentation suivante. Autrement dit, une information récemment inhibée peut devenir temporairement moins accessible à un traitement ultérieur qu’une nouvelle information neutre. Dalrymple-Alford et Budayr (1966) en ont fourni la première démonstration expérimentale en reprenant le paradigme de Stroop. Les auteurs ont observé que la dénomination de la couleur de l’encre était plus lente pour des couleurs correspondant au mot précédemment ignoré (par exemple, il est plus difficile de dénommer la couleur du mot JAUNE écrit en vert lorsqu’il est précédé du mot VERT écrit en rouge). Ils en conclurent que pour chaque item la suppression du nom du mot distracteur était nécessaire afin de produire une réponse sur la couleur appropriée. La réponse devient alors temporairement moins accessible que les noms d’autres couleurs. De la même manière, Tipper (1985) réitère ces effets de suppression dans une épreuve d’identification de figures. Il nommera cet effet l’amorçage négatif. Depuis ces premières démonstrations de l’effet d’amorçage négatif, des effets similaires ont été observés dans une grande variété d’épreuves d’attention sélective. Tipper et ses collaborateurs ont observé des effets d’amorçage dans les épreuves d’identification en présentant des dessins d’objets, des lettres et des mots, dans des épreuves de catégorisation, des épreuves d’appariement de lettres ou des formes, des épreuves de comptage et des épreuves de localisation.