L'imagerie cérébrale: un outil au service de la psychopathologie Flashcards
Qu’a suscité le développement des techniques d’imagerie cérébrale?
Beaucoup d’attentes dans le domaine de la psychologie cognitive
Notamment son application à la recherche des bases cérébrales des processus mentaux
Quels sont les objectifs des neurosciences cognitives avec les techniques d’imagerie cérébrale?
Aspects topographiques
Mais surtout mieux comprendre la nature et l’organisation des processus mentaux.
Quelle question découle de ces objectifs?
L’imagerie fonctionnelle peut-elle nous apprendre quelque chose sur la psychopathologie, cad sur la nature des processus mentaux sous-jacents aux troubles psychiatriques?
Qu’est ce qui doit guider l’application de l’imagerie à l’étude des troubles mentaux?
La psychopathologie
Exemple de la dépression: 1ère expérience
1/ Dépression associée à un excès de focalisation sur soi de type analytique proche de la rumination. Diminution de ce biais associée à une diminution de rechute = rôle causal.
2/ Opérationnalisation de la focalisation sur soi comme une référence à soi
3/ Utilisation de l’IRMf pour comparer sujets sains et déprimés pendant tâche de référence à soi.
Résultats:
Sujet sain: activation des structures corticales médianes dont cortex médian préfrontal (CMPF)
Sujet déprimé: activation spécifique du CPMF dorsal
Id. après 6 semaines de traitement anti-dépresseur.
Tache contrôle: pas de différence entre les 2 groupes
= profil d’activation spécifique de la dépression = marqueur trait spécifique de la vulnérabilité dépressive?
Exemple de la dépression: 2ème expérience
Id; expérience précédente mais
Comparaison sujet sain vs sujet avec dimension tempérale à risque accru de dépression mais sans atcd
Résultats:
Hyperactivation du CPMF dorsal chez patients à risque.+ hyperactivation des structures corticale médianes postérieures impliquées dans la mémoire autobiographique
= Référence à soi chez le patient déprimé est caractérisé par une hyperactivation du CPMF dorsal
Que permet le recours à des paradigmes expérimentaux inspirés par la psychopathologie?
D’augmenter la probabilité d’identifier des biomarqueurs cérébraux de certains processus mentaux associés aux troubles mentaux.
Que permettrait le recours à l’imagerie en psychopathologie?
Aujourd’hui troubles mentaux sont définis sans référence à la physiopathologie.
L’imagerie permettrait l’intégration de biomarqueurs cérébraux à la nosographie psychiatrique mais sans rejeter la pathologie si le biomarqueur est absent.
Il faudrait alors savoir en quoi, à clinique identique, des patients présentant ou non tels biomarqueurs sont différents et notamment en terme de réponse thérapeutique.
Processus mentaux contrôlés et automatiques
Processus contrôlé: caractère conscient, volontaire, coûteux et susceptible d’être inhibé.
Processus automatique: absence d’au moins une des caractéristiques du processus contrôlé.
Problèmes posés par les processus automatiques
Parfois pas rapportables par le sujet car non conscients
Parfois difficilement inférables à partir de mesure comportementales.
Apports de l’imagerie sur les processus automatiques
Peut mettre en évidence des activations cérébrales pouvant témoigner de processus mentaux automatiques
Exemple de la dépression et des processus automatiques
Patients déprimés: amygdale plus réactive lors de traitements de stimuli émotionnels négatifs.
Vs groupe témoin
Si perception consciente: différence ++
Si perception inconsciente: résultats plus contrastés
Suggère l’existence de processus mentaux non conscients focalisant les ressources cognitives des patients déprimés sur des signaux émotionnels négatifs, tels que postulés dans la théorie cognitive de la dépression.
Que se passe-t-il la plupart du temps lorsque l’on observe l’activation d’une région cérébrale à l’IRMf alors qu’elle n’était pas attendue?
La discussion des résultats de l’étude comporte souvent des spéculations sur les processus mentaux associés à cette activation, basé sur un raisonnement de type “inférence inverse”
Inférence inverse
Inversement de la relation causale mis en évidence de façon expérimentale: on cherche à partir de la conséquence observée (=activation cérébrale) la cause (= relation entre le comportement et la situation)
Sur quel syllogisme repose l’inférence inverse?
1/ Dans notre étude la région R a été activée pendant la tâche T
2/ Lors de précédentes études, quad le processus mental M était engagé, la région R était activée
Donc 3/ L’activation de R suggère l’implication du processus M pendant la tâche T
Problème du raisonnement de base de l’inférence inverse
Il est logiquement invalide et pourtant souvent associé a des publications de très haut niveau
Exemple du paradigme du Cyberball
Méthode:
Jeu d’échanges de balles avec 2 autres joueurs.
En réalité, les 2 autres joueurs sont un ordi programmé pour exclure progressivement le sujet.
Résultats:
Condition exclusion: activation significative du CCA dorsal et de l’insula antérieure vs condition d’inclusion
Conclusion:
CCA dorsal et insula antérieure retrouvée auparavant dans la perception de la douleur physique
Donc il a été conclu que l’aversion au rejet social (indispensable à la survie des animaux sociaux comme l’homme, aurait pu se développer sur la base de la nociception pour le rendre aversif
Limites de l’inférence inverse
1/ Caractère logiquement invalide et confiance dans la probabilité P(M/R)
2/ Précision de la définition de R
Limites de l’inférence inverse: caractère logiquement invalide
Pour que la conclusion 3 soit vraie en partant de 1, il faut que la 2 soit formulée comme suit:
R est activé si et seulement si M est engagé.
Sinon l’activation de R peut être du à un autre processus mental activant les mêmes régions cérébrales.
La confiance en l’inférence inverse est donc calculable à partir du théorème de Bayes et montre que cette confiance augmente:
- plus la spécificité d’activation de R est élevée
- plus P(R/non M) est faible
- plus P(M/T) est élevée
Limites de l’inférence inverse: définition de R
La région R est-elle vraiment la même.
Des études montrent que des variations de quelques millimètres peuvent affecter la confiance que nous pouvons avoir dans l’inférence inverse
Intérêts de l’inférence inverse
1/ Intérêt heuristique pour certaines régions cérébrales présentant une sélectivité d’activation ++ pour certains processus mentaux (ex: noyaux accubens et processus de récompense)
2/ inférence inverse est un outil puissant pour générer des hypothèses secondairement réfutables sur la nature des processus mentaux ou leurs relations.
En conclusion, quelle opportunité peut amener l’imagerie cérébrale?
Si on part du postulat qu’un processus mental spécifique possède une signature neurale spécifique alors l’imagerie cérébrale peut permettre de proposer une taxonomie cérébrale des processus mentaux “plus objective”