I.A. Citations de Bouvier dans l'Usage du Monde Flashcards
Intro sur les motivations du voyage
« Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » p.10
Une odeur de melon, à Belgrade
« Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations. » p.14
Une odeur de melon, sur l’ironie
« comment savoir si l’ironie est rétrograde ou progressiste ? » p.20
Une odeur de melon, contre l’érudition et les études de sa jeunesse
« Pendant mes années d’études, j’avais honnêtement fait de la « culture » en pot, du jardinage intellectuel, des analyses, des gloses et des boutures ; j’avais décortiqué quelques chef-d’œuvre sans saisir la valeur d’exorcisme de ces modèles, parce que chez nous l’étoffe de la vie est si bien taillée, distribuée, cousue par l’habitude et les institutions que, faute d’espace, l’invention s’y confine en des fonctions décoratives et ne songe plus qu’à faire « plaisant », c’est-à-dire : n’importe quoi. Il en allait différemment ici ; être privé du nécessaire stimule, dans certaines limites, l’appétit de l’essentiel. » p.23
La vertu purgatoire du voyage
« La vertu du voyage, c’est de purger la vie avant de la garnir. » p.27
Sur les Tziganes de Serbie
« Ils en empruntent la musique [au folklore de la province où ils se trouvent], comme tant d’autres choses, et la musique est sans doute la seule qu’ils restituent après l’avoir empruntée. » p.39
Sur la route de Macédoine sur le lien entre nourritures du corps et de l’esprit
« Une salivation émotive accompagne l’appétit qui prouve à quel point dans la vie de voyage, les nourritures du corps et celles de l’esprit ont partie liée. Projets et mouton grillé, café turc et souvenirs. » p.51
Sur la route de Macédoine : le voyage et les pensées
« Porté par le chant du moteur et le défilement du paysage, le flux du voyage vous traverse, et vous éclaircit la tête. Des idées qu’on hébergeait sans raison vous quittent ; d’autres au contraire s’ajustent et se font à vous comme les pierres au lit d’un torrent. Aucun besoin d’intervenir ; la route travaille pour vous. On souhaiterait qu’elle s’étende ainsi, en dispensant ses bons services, non seulement jusqu’à l’extrémité de l’Inde, mais plus loin encore, jusqu’à la mort. » p.51-53
Sur les voyages immobiles
« À mon retour, il s’est trouvé beaucoup de gens qui n’étaient pas partis, pour me dire qu’avec un peu de fantaisie et de concentration ils voyageaient tout aussi bien sans lever le cul de leur chaise. Je les crois volontiers. Ce sont des forts. Pas moi. J’ai trop besoin de cet appoint concret qu’est le déplacement dans l’espace. » p.53
Sur la réduction nécessaire pour le voyage
« Le voyage fournit des occasions de s’ébrouer mais pas – comme on le croyait – la liberté. Il fait plutôt éprouver une sorte de réduction ; privé de son cadre habituel, dépouillé de ses habitudes comme d’un volumineux emballage, le voyageur se trouve ramené à de plus humbles proportions. Plus ouvert aussi à la curiosité, à l’intuition, au coup de foudre. » p.72