Gouverner les empires coloniaux Flashcards
B. Exploitation, mise en valeur ou prédation?
Fiche de révision : Exploitation, mise en valeur ou prédation ?
B) Exploitation économique des colonies
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Raisons économiques de la conquête :
- Les penseurs marxistes, comme Lénine, voient dans l’impérialisme le stade ultime du capitalisme, où les grandes puissances coloniales cherchent à étendre leur domination pour trouver de nouveaux débouchés économiques.
- Cependant, la part des colonies dans la balance commerciale des économies européennes reste limitée, à l’exception de certains secteurs comme le coton ou le caoutchouc.
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Spoliation des terres et question de la propriété :
- L’appropriation des terres coloniales est complexe, souvent accompagnée de séquestrations et de dépossessions.
- La mise en cadastre est utilisée pour légitimer la propriété des terres, mais cela peut entraîner la spoliation des populations autochtones.
- Exemple en Algérie : perte de 7 millions d’hectares de terres entre 1830 et 1919, divisées entre l’État, les particuliers et les sociétés capitalistes.
C) Esclavage et travail forcé
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Abolition de l’esclavage et développement du travail forcé :
- L’esclavage est progressivement aboli au XIXe siècle, mais la fin de la traite n’entraîne pas la fin du travail forcé.
- Exemples d’abolition : congrès de Vienne (1815), abolition en 1833 en Angleterre et en 1848 en France.
- Le travail forcé se développe, notamment par le biais de compagnies concessionnaires.
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Exemples de travail forcé :
- Congo belge : propriété personnelle du roi Léopold II, où des pratiques d’exaction et de travail forcé sont mises en place par des compagnies privées, provoquant un scandale international.
- En France, des concessions sont accordées à des compagnies coloniales, entraînant également des pratiques de travail forcé.
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Conséquences humanitaires :
- Le sous-investissement colonial entraîne des famines et des crises alimentaires, aggravant les conditions de vie des populations autochtones.
- Exemples de famines : en Inde (1876-1878) provoquée par la destruction des cultures vivrières par la couronne britannique, et en Algérie (1867) causant un million de morts.
Conclusion
Les colonies européennes sont souvent exploitées économiquement, que ce soit par le biais de la spoliation des terres, du développement du travail forcé ou de l’exploitation des ressources naturelles. Ces pratiques ont des conséquences humanitaires désastreuses pour les populations autochtones, contribuant à la perception de la colonisation comme une entreprise de prédation et d’exploitation.
A. Quel État colonial?
A) Caractéristiques de l’État colonial
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Diversité des statuts coloniaux :
- Absence d’un modèle unique d’État colonial, chaque puissance coloniale adopte des approches différentes en fonction des territoires conquis.
- Les colonies européennes présentent une variété de statuts et de systèmes administratifs, mais partagent certaines caractéristiques communes.
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Inclination aux intermédiaires de gouvernement :
- Les autorités coloniales s’appuient souvent sur des élites locales ou des chefs traditionnels pour gouverner les territoires conquis.
- Ces intermédiaires jouent un rôle crucial dans l’administration et le maintien de l’ordre colonial.
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Systèmes juridiques pluriels :
- Les colonies européennes mettent en place des systèmes juridiques distincts pour les citoyens européens et les populations autochtones.
- Par exemple, en Algérie, il existait une distinction entre les citoyens français et les “musulmans” soumis à un statut juridique particulier.
B) Le cas de l’empire colonial français
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Distinction entre citoyen et sujet :
- En Algérie, jusqu’en 1865, le gouvernement est assuré par des militaires. Le Senatus Consultum divise la population entre les citoyens français et les “musulmans”, ces derniers ayant une nationalité française sans être citoyens.
- L’ordonnance de 1870 (décret Crémieux) accorde la citoyenneté française aux juifs, mais la dichotomie entre citoyens et sujets reste présente.
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Code de l’indigénat :
- Introduction progressive du Code de l’indigénat, un système juridique spécifique appliqué aux populations autochtones dans les colonies françaises.
- Dates clés :
- 1875 : Introduction du Code de l’indigénat en Algérie.
- 1881 : Extension du Code de l’indigénat en Cochinchine.
- 1887 : Application du Code de l’indigénat en Afrique occidentale française (AOF), en Afrique équatoriale française (AEF) et en Nouvelle-Calédonie.
- 1897 : Extension du Code de l’indigénat en Annam et au Tonkin.
Conclusion
L’État colonial présente une diversité de statuts et de systèmes administratifs, mais il se caractérise par une inclination aux intermédiaires de gouvernement, la mise en place de systèmes juridiques pluriels et souvent discriminatoires, et une faible européanisation des territoires conquis. En particulier, l’empire colonial français a institué le Code de l’indigénat, un instrument de domination et de contrôle des populations autochtones dans ses colonies.
C. Européennes et Européens dans les sociétés coloniales
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Installation d’Européens en Algérie :
- Les Européens restent minoritaires dans les colonies, représentant en moyenne 0,5% de la population, mais atteignant 10% en Algérie.
- Naturalisation des Européens en 1834, avec une évolution de leur composition : d’abord principalement des militaires, puis des administrateurs, et enfin des femmes.
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L’empire, une voie d’émancipation pour les Européennes ?
- Les Européennes les plus privilégiées, comme les sages-femmes et les médecins, trouvent des opportunités d’émancipation dans l’empire.
- Exemple en Nouvelle-Zélande où les femmes européennes obtiennent le droit de vote en 1873.
- Certaines Européennes critiquent les pratiques coloniales, comme Hubertine Auclert avec son ouvrage “Les femmes arabes en Algérie” en 1900, dénonçant la colonisation française comme co-responsable des maltraitances infligées aux femmes autochtones.
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Enjeux politiques des relations interraciales :
- Les relations entre Européens et autochtones deviennent un enjeu politique et social dans les colonies, remettant en question le prestige de l’homme blanc.
- Les autorités coloniales tentent de maintenir la séparation entre les populations européennes et autochtones, avec une surveillance importante et des interdictions de mariages mixtes.
- Les sociétés coloniales sont caractérisées par des différences, des inégalités et des contacts, avec une séparation juridique entre les différentes populations.
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Exemples de Saigon et Madagascar :
- À Saigon en 1900, on observe à la fois une séparation entre les populations européennes et autochtones, mais aussi des interactions et des contacts entre elles.
- Des dynamiques similaires se retrouvent à Madagascar, illustrant la complexité des relations interraciales dans les sociétés coloniales.
Conclusion
Les sociétés coloniales sont marquées par des interactions complexes entre Européens et autochtones, avec des enjeux d’émancipation pour certains groupes européens et des tensions sociales et politiques liées aux relations interraciales. Ces dynamiques reflètent les inégalités et les différences juridiques entre les différentes populations dans les colonies.
Expansion et administration GB + Fr
France sous Napoléon III :
- Expansion en Afrique :
- Faidherbe, gouverneur militaire, étend le contrôle français au Sénégal, en menant des campagnes contre les Toucouleurs.
- Il développe à partir de 1857 les tirailleurs sénégalais, des unités indigènes, pour maintenir le contrôle dans la région.
- La “pacification” de l’Algérie se poursuit, avec la soumission de la Grande Kabylie en 1857, consolidant ainsi la domination française.
- Le peuplement européen s’intensifie, notamment dans des régions comme la Mitidja et la région d’Oran.
- La Nouvelle-Calédonie devient un centre d’exploitation du nickel, une ressource stratégique.
Grande-Bretagne sous Victoria :
- Organisation de l’Empire britannique :
- Le Canada accède au statut de dominion en 1867, devenant ainsi un État autonome au sein de l’Empire.
- L’Australie continue de servir de colonie pénitentiaire, favorisant ainsi son peuplement européen.
- La fin de l’Empire moghol en 1858 marque le début du British Raj, avec Victoria proclamée impératrice des Indes en 1876.
- L’armée britannique assure la protection des Européens et réprime les révoltes indigènes, comme à Ceylan en 1848.
- Le modèle politique britannique est exporté, avec la création du parti du Congrès en Inde en 1885, adoptant des principes démocratiques.
Consolidation des empires :
- Administration et contrôle :
- Des administrations civiles et militaires françaises et britanniques sont installées dans les colonies pour assurer le contrôle et la gestion des territoires.
- Les autorités coloniales répriment les révoltes indigènes, telles que les émeutes de Montréal en 1849 et 1853 au Canada.
- Les colonies bénéficient d’investissements dans les infrastructures et de politiques de peuplement européen pour renforcer le contrôle métropolitain.
- Les modèles économiques et politiques des métropoles sont implantés dans les colonies, favorisant l’intégration des territoires colonisés dans le système impérial.
Le “Royaume arabe” de Napoléon III :
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Concept et inspiration :
- Inspiré par les idées saint-simoniennes, notamment celles d’Ismaël Urbain, Napoléon III développe l’idée d’un “Royaume arabe” en Afrique, différent d’une colonie traditionnelle, où il serait souverain.
- Il envisage une approche plus respectueuse et inclusive envers les populations arabes, plutôt que la domination coloniale classique.
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Actions et voyages :
- Napoléon III effectue deux voyages en Afrique en 1860 et 1865 pour promouvoir sa vision du “Royaume arabe” et établir des politiques concrètes.
- Il ordonne la restitution de terres à des tribus arabes, cherchant à établir des relations de confiance avec les populations locales.
- Il envisage d’accorder la nationalité française à certains chefs arabes, dans le but de les intégrer dans son projet politique.
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Abd-el-Kader :
- Symbolisant sa politique arabe, Napoléon III montre un profond respect et une amitié pour Abd-el-Kader, ancien résistant à la colonisation française.
- Il libère Abd-el-Kader, qui devient une figure emblématique de la politique arabe de Napoléon III.
- Installé à Damas, Abd-el-Kader devient un allié de la France au Proche-Orient et protège les chrétiens lors des massacres de 1860, renforçant ainsi l’influence française dans la région.
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Réception et controverses :
- La politique arabe de Napoléon III est mal comprise par les gouverneurs militaires et les colons français, qui préfèrent une approche plus coercitive et dominatrice.
- Malgré ses intentions louables, le projet du “Royaume arabe” rencontre des obstacles et des résistances sur le terrain, notamment en raison de l’opposition des intérêts coloniaux établis.
Grande mutinerie des Cipayes (1857-1859) :
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Contexte :
- Les Cipayes étaient des soldats indigènes servant dans l’armée britannique des Indes orientales.
- La mutinerie éclate en 1857 dans la partie nord du sous-continent indien, motivée par diverses causes, notamment le mécontentement des soldats vis-à-vis des pratiques de l’administration coloniale britannique, comme l’introduction de nouvelles cartouches graissées avec de la graisse de bœuf et de porc, contraire aux croyances religieuses hindoues et musulmanes.
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Déroulement :
- Les Cipayes se soulèvent contre les Britanniques, prenant le contrôle de plusieurs villes stratégiques, dont Delhi en mai 1857.
- La mutinerie se propage rapidement dans d’autres régions, entraînant des combats violents entre les Cipayes et les forces britanniques.
- Les Britanniques déploient environ 35 000 hommes pour réprimer la révolte, tandis que les Cipayes sont estimés à plus de 250 000.
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Événements clés :
- En septembre 1857, Delhi est reprise par les Britanniques, entraînant l’exécution de l’empereur moghol Bahadur Shah II et de ses fils.
- En mars 1858, Lucknow, un autre bastion de la révolte, tombe également aux mains des Britanniques.
- La répression de la mutinerie est brutale, avec une répression sanglante menée par les forces britanniques, entraînant la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes, y compris des civils innocents.
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Conséquences :
- La Grande Mutinerie des Cipayes marque un tournant dans l’histoire de l’Inde, mettant en lumière le mécontentement généralisé envers la domination britannique et renforçant le mouvement pour l’indépendance.
- Les Britanniques renforcent leur emprise sur l’Inde après avoir réprimé la révolte, mais l’événement laisse une marque indélébile dans la conscience collective indienne et alimente les mouvements nationalistes ultérieurs.