Ecrivains Latins Flashcards

1
Q

Tacite

A

TACITE (55 env.-120)

L’œuvre de Tacite pose aux lecteurs modernes, aux savants, aux lettrés, de nombreux problèmes. Certes, tous s’accordent à en reconnaître l’extrême beauté littéraire. Tacite apparaît bien comme « le plus grand peintre de l’Antiquité » ; mais on lui adresse un reproche très grave : on conteste sa valeur d’historien, on nie à la fois son objectivité et la rigueur de son information, on se défie de ce témoin trop passionné. D’autre part, les choses sont rendues plus complexes par certaines difficultés d’interprétation : chacun sait que le style de Tacite recherche volontiers l’obscur et l’ambigu ; cela (joint à d’autres raisons, peut-être) le conduit à préserver dans sa pensée certaines zones d’ombre : en fin de compte, ce juge si terrible des empereurs est-il un ennemi de l’Empire ? Là aussi, les appréciations des Modernes ont divergé.

Telles sont les diverses questions auxquelles on essaiera de répondre en étudiant le destin personnel de Tacite, le contenu de son œuvre, et son style. Une idée majeure semble devoir s’imposer : Tacite n’est pas seulement un artiste, mais d’abord un penseur, et sa pensée n’est pas simple. Cette complexité permet à l’historien de ne s’asservir à aucune thèse trop tranchée ; chez lui, la conscience du possible se joint toujours à celle de l’idéal (fût-ce au prix d’une inquiétude poignante et amère), la volonté de vivre le présent et d’assurer l’avenir s’accorde avec la fidélité au passé, le sens de l’universel avec l’amour de Rome : au tournant de l’Empire, qui prend conscience de sa propre décadence, Tacite apparaît à la fois comme le dernier témoin de la Rome classique et comme l’annonciateur des devoirs nouveaux.

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Q

Ciceron

A

CICÉRON (~106-~43)
Écrit par Alain MICHEL, Claude NICOLET

Homme d’État, orateur prodigieux, théoricien de l’éloquence, mais aussi philosophe, Cicéron a été victime, aux yeux de la postérité, de tous ses dons ; il a été surtout victime du fait d’être devenu trop tôt, de son vivant même, un auteur « classique » et scolaire, faisant toujours un peu figure d’écrivain égaré dans la politique. Une tradition moderne, qui remonte à Mommsen, a, de parti pris, tenté de condamner l’homme privé et public, de décrier le politicien et même de rabaisser le philosophe qui ne serait qu’un « adaptateur » brillant et superficiel : Cicéron, s’il a des amis, a toujours beaucoup d’ennemis. Une « réhabilitation », comme voudraient la tenter les auteurs de cet article, serait de peu d’intérêt s’il ne s’agissait que de défendre une mémoire. Il est plus intéressant de montrer que cette réhabilitation permet d’écarter plusieurs contresens invétérés, concernant aussi bien la carrière, l’action politique, l’œuvre théorique que la philosophie de Cicéron. Du coup, on lui restitue une dimension, une cohérence, une humanité qui justifient son prodigieux succès culturel : car sur lui repose en partie l’« humanisme ». Il est intéressant aussi de savoir que cette tradition qui traite l’homme, le politique et le penseur avec tant de désinvolte mépris a été systématiquement forgée par ceux-là mêmes qui l’avaient assassiné – Octave et ses complices – assassinant, du même coup, les libertés romaines.

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3
Q

Plaute

A

PLAUTE (~254 env.-~184)

Des « enfances » du théâtre comique latin, il n’est guère permis que de nous interroger sur quelques traditions populaires et religieuses le plus souvent confondues, et sur un petit nombre d’informations historiques dues surtout à Tite-Live (Histoire romaine, VII, II). En outre, que peut-on juger de ces vivaces manifestations du rire sur le tréteau que furent, à l’origine, le mime, de souche sicilienne ou de la Grande-Grèce, tout ensemble parade clownesque et sujet d’irrévérence, qui finit dans l’indécence et la grossièreté, et l’attellane campanienne, théâtre de types caricaturaux, qui préfigure la commedia dell’arte et le répertoire des « pupazzi » français du Guignol ? En effet, à partir du moment où succède à ces jeux scéniques du terroir la comédie de modèle grec, il ne demeure que peu de chose : trois titres incertains d’un prestigieux écrivain venu de Tarente, Livius Andronicus, qui « créa » le nouveau théâtre à Rome, de courts fragments de son contemporain Naevius, et trois cents vers du Gaulois Statius – ce qui compte peu au regard des vingt-six comédies de Plaute et de Térence.

Encore plus mal connues sont les suites d’un genre littéraire après lequel le théâtre latin paraît revenir, à travers l’atellane et le mime, à ses tendances primitives. Le regret de tant de richesses perdues nous incite à aborder avec force prudence l’examen d’une œuvre comme celle de Plaute.

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4
Q

Tite-live

A

TITE-LIVE (~59 env.-17)
L’historien latin le plus fécond, celui dont l’œuvre conservée est la plus considérable, Tite-Live est aussi celui qui a fixé pour des siècles l’image de la Rome primitive puis républicaine et qui a résumé en une synthèse puissante l’œuvre des historiens romains qui l’avaient précédé et dont le lent travail est difficilement saisissable, puisque l’on ne possède plus que des fragments de leurs écrits. Contemporain d’Auguste (qui était né en 63), témoin de la formation de l’empire, il contribua à redonner à ses contemporains le sentiment de la grandeur romaine, que les guerres civiles pouvaient faire oublier. Bien que l’empereur le traitât volontiers de « pompéien » et affectât de croire qu’il s’était rallié de mauvais gré à l’ordre nouveau, lui-même appuyait sa propre politique sur les valeurs traditionnelles de la Rome aristocratique illustrées par l’histoire de Tite-Live et appréciait hautement celui-ci.

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5
Q

Plutarque

A

PLUTARQUE (46 env.-env. 120)
Écrit par François FUHRMANN

Plutarque est une des figures marquantes de l’hellénisme antique tardif, dont l’activité se situe à la charnière des ier et iie siècles après J.-C. De son œuvre il subsiste une partie considérable, composée de deux blocs d’importance sensiblement égale : d’une part, celui que l’on désigne depuis la Renaissance, par suite d’une généralisation abusive du nom de Moralia, ou Œuvres morales, d’autre part, celui qui est constitué par les biographies d’hommes célèbres, ou Vies. Ces derniers, qui appartiennent tous au monde politique et militaire de la Grèce et de Rome, sont, à quelques exceptions près, associés, puis comparés par paires – un Grec, un Romain : ce sont les Vies dites Parallèles –, selon une technique un peu stéréotypée, mais avec une remarquable qualité de narration. Bien que ne se voulant nullement œuvre d’historien, les Vies constituent une mine de renseignements précieux concernant l’histoire de l’Antiquité. Elles ont fréquemment été reliées de préférence, ou même exclusivement, au nom de Plutarque. À tort, assurément. Car si les Œuvres morales contiennent des écrits rudimentaires, artificiels ou oiseux, elles offrent aussi de nombreux textes d’une haute valeur éthique, d’un intérêt philosophique, voire métaphysique, non négligeable, ou dépositaires d’un savoir éclectique.

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6
Q

Seneque

A

SÉNÈQUE (~4-65)

Sénèque, Juste de Gand
Lucius Annaeus Seneca, homme d’État, philosophe stoïcien, auteur de tragédies, précepteur de prince, représente, par la variété même des aspects de son activité, une des figures les plus intéressantes de l’époque impériale. Son œuvre de moraliste a exercé une influence capitale sur la formation de la pensée occidentale. Elle enthousiasma le Moyen Âge et la Renaissance, tout spécialement Montaigne. Dans le monde moderne, l’intérêt pour la morale de Sénèque a beaucoup diminué, mais, avec les progrès des méthodes historiques et philologiques, son œuvre apparaît de plus en plus comme une source précieuse pour la connaissance des courants philosophiques de l’époque hellénistique et impériale.

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7
Q

Pline l ancien

A

PLINE L’ANCIEN (23-79)

Pline l’Ancien – ainsi nommé pour le distinguer de son neveu et fils adoptif Pline le Jeune – fut parfois appelé Pline le Naturaliste. Le seul ouvrage qui reste de lui est en effet une Histoire naturelle. Et, malgré l’importance de ses écrits historiques qui constituent l’une des principales sources de Tacite, son « enquête sur la nature » s’est imposée comme une sorte de bilan du savoir de l’époque. C’est ce qui lui a valu de traverser heureusement les siècles.

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8
Q

Pline le jeune

A

PLINE LE JEUNE (61 env.-114)

Le renom de Pline le Jeune est dû à sa correspondance. Ses lettres à Trajan, dont il fut l’un des hauts fonctionnaires, sont, avec les réponses de l’empereur, un bon document sur les méthodes de l’administration impériale. Moins spontanée que celle de Cicéron, sa correspondance privée compose une sorte de journal de sa vie où se mêlent aux détails quotidiens l’éloquence, l’essai philosophique, ou de morale stoïcienne le tout dans une langue élégante et d’une agréable lecture.

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9
Q

Petrone

A

PÉTRONE, lat. TITUS PETRONIUS NIGER (mort en 65/66)

Sous le nom de Pétrone, on possède des fragments d’un roman latin, dont le titre est donné par les manuscrits sous la forme Satiricon (c’est-à-dire « Histoires mêlées »), l’auteur y étant appelé Petronius Arbiter. La partie conservée consiste d’abord en « extraits longs », contenus dans un manuscrit de Leyde, puis dans le récit du festin de Trimalchion (Cena Trimalchionis), transmis par un manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris, enfin des « extraits courts », connus par divers manuscrits. L’ensemble est très lacunaire, et le fil du récit se laisse malaisément reconstituer.

Il est vain de chercher dans ce roman une condamnation morale de l’époque néronienne ; les épisodes érotiques ne sont que des « divertissements », certains allant jusqu’à la farce ; l’inspiration épicurienne (sérénité devant la mort, mépris de la superstition) est plus profonde. Le Satiricon, très imité par les conteurs latins du XVIIe siècle, est à l’origine du genre picaresque.

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10
Q

Ovide

A

OVIDE (~43-17)

Ovide appartient à la génération qui vécut le passage du premier siècle avant J.-C. au premier siècle après. Même si cette époque tout entière a reçu la dénomination de siècle d’Auguste, Ovide fut ce que H. Fraenkel appela « un poète entre deux mondes ». Vie en province, vie à Rome, vie d’exil ; ce sont trois étapes très simples qui ne rendent pas compte de la complexité d’une œuvre originale dans sa variété et sa cohérence. La logique de la « philologie » a longtemps relégué le poète au second plan, pour cause de verbiage, de rhétorique, de facilité, etc. Mais il sort peu à peu de son ère de malédiction grâce à des chercheurs qui ne se contentent plus de classifications périmées. Et sa vie posthume a pris des formes diverses dont le déchiffrement n’est pas encore terminé. De Sénèque le Rhéteur, disant ses qualités de bon étudiant, à Picasso, illustrant de son trait hardi certains épisodes des Métamorphoses, beaucoup d’artistes et de penseurs ont travaillé au devenir d’Ovide.

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11
Q

Horace

A

HORACE (~65-~8)
Écrit par Jacques PERRET

Horace (Quintus Horatius Flaccus) est avec Virgile, son contemporain et son ami, le plus célèbre des poètes latins. Très admiré de son vivant, il a exercé une grande influence sur tout le développement de la poésie dans les littératures modernes. Il doit cette situation à l’intérêt de sa personne, vive, malicieuse, indépendante et à la qualité d’une œuvre composée de recueils lyriques eux-mêmes très variés (Épodes, Odes) et de pièces plus détendues (Satires, Épîtres) écrites aux confins de la narration autobiographique et de la réflexion morale.

À travers d’innombrables lecteurs, Horace a été l’un des ferments de la culture et de l’humanité européennes. Sentiment aigu de la fragilité et de la légèreté de la vie ; attention souriante à ce qu’elle nous apporte ; courage pour y être présent.

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12
Q

Virgile

A

VIRGILE (~70-~19)

Déjà célèbre en son temps, tenu en haute estime par l’empereur Auguste, Virgile est apparu très tôt comme le plus grand poète de Rome. Il l’est assurément par la perfection technique de tout ce qu’il a écrit, par l’étendue de sa sensibilité, la profondeur de ses intuitions. De surcroît, les Romains ont eu l’impression de recevoir de lui l’image idéale qu’ils avaient à se former d’eux-mêmes. Après la dislocation de l’Empire, il est demeuré le représentant le plus éminent de l’humanité romaine, voire des grandeurs de l’âme païenne ; c’est à ce titre qu’il tient tant de place dans l’œuvre de Dante.

Aux temps modernes, sa gloire n’a guère subi d’éclipses ; chaque époque littéraire, chaque âge de la sensibilité trouvant des raisons de s’intéresser à lui : maître de noblesse et de pathétique au XVIIe siècle ; animateur au XVIIIe siècle de bergeries suaves ; pour les romantiques, poète de la nature vierge. Vers la fin du XIXe siècle, les universitaires ont affecté un moment de ne lui reconnaître qu’un talent distingué. On l’a, depuis, redécouvert comme prophète de la réconciliation humaine dans une cité universelle, comme poète des grandeurs du travail humain. Claudel, Giono, Valéry, si différents, l’ont également admiré. La philologie la plus scrupuleuse doit bien reconnaître qu’en dépit de leur diversité ces interprétations s’enracinent toutes dans la réalité d’une œuvre que le temps jusqu’ici semble avoir moins usée qu’enrichie.

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13
Q

Lucrèce

A

LUCRÈCE (~98 env.-~55)

Lucrèce
L’esprit des Latins n’est guère, par nature, porté sur la pure spéculation philosophique ou scientifique. Cicéron est un habile propagateur des idées grecques et un juriste, Sénèque un moraliste ; et quand on parle de la littérature scientifique à Rome, il s’agit soit de traités techniques comme ceux de Caton le Censeur, de Varron, de Columelle pour l’agriculture, de Vitruve sur l’architecture, de Celse pour la médecine, de Pomponius Mela pour la géographie, de Frontin sur l’arpentage et le service des eaux, soit de compilations, plus ou moins méthodiques, dont la plus connue est celle de Pline l’Ancien, l’Histoire naturelle, soit d’œuvres où l’érudition scientifique ou pseudo-scientifique, voire la fiction, s’allie tant bien que mal à la poésie, comme dans Manilius et dans Lucain. Tout cela témoigne, certes, dès le temps cicéronien, d’une réelle curiosité et d’un goût marqué pour les recherches, mais il n’y a qu’une œuvre où se trouvent justement et fortement composés l’esprit du savant, la pénétration du philosophe et l’inspiration du poète, c’est celle de Lucrèce, qui a marqué dans l’histoire de Rome l’avènement éclatant de la pensée latine.

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14
Q

Epicure

A

ÉPICURE (~341-~270)
Écrit par Graziano ARRIGHETTI

Quand Épicure fonda son école à Athènes, en 306 avant J.-C., la vie culturelle de la Grèce était dominée par les deux grandes écoles qui avaient recueilli l’héritage de Platon et d’Aristote : l’Académie et le Lycée. Épicure eut clairement conscience qu’il lui fallait mener sa bataille philosophique contre elles et contre la culture dont elles étaient l’expression. Aussi la formation de sa pensée fut-elle déterminée non pas seulement par la crise que traversait alors la civilisation grecque, mais plus encore par la nécessité d’opposer un système philosophique solide au prestige de ces deux écoles. Si le choix de l’idéal qu’il assignait à la philosophie – le bonheur de l’homme – était une réaction naturelle à la désagrégation de la ville-État dans laquelle l’homme-citoyen avait trouvé traditionnellement la possibilité de se réaliser et de satisfaire ses aspirations, sa polémique s’engageait contre les écoles qui n’avaient pas su inventer de solutions adaptées à cette mutation et aux difficultés qu’elle engendrait. C’est pourquoi Épicure n’opposa pas à ses adversaires une culture différente de la leur, mais un nouveau genre de vie, une manière distincte de concevoir le monde et l’homme. Ainsi s’explique qu’Épicure ne cherche pas une originalité absolue dans les éléments singuliers qui composent l’ensemble de son système – au contraire, peu de systèmes sont aussi largement tributaires de la spéculation philosophique antérieure que le sien : de Démocrite à Aristote, des sophistes aux cyrénaïques. L’un des mérites d’Épicure fut de savoir harmoniser ces éléments disparates en un ensemble cohérent.

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15
Q

Democrite

A

DÉMOCRITE (~460?-? ~370)
Écrit par Fernando GIL, Pierre-Maxime SCHUHL

Démocrite d’Abdère est un contemporain (un peu plus jeune) de Socrate (468-399), auquel il a longtemps survécu. Son nom est lié à celui d’un maître plus ancien, Leucippe, sur lequel nous savons peu de choses, mais qui passe pour avoir été l’élève de Zénon d’Élée. Nous sommes également mal renseignés sur la vie de Démocrite auquel on prêta de grands voyages en Orient. Il était l’auteur de nombreux traités formant un ensemble encyclopédique.

Démocrite est avant tout le fondateur de la première forme d’une grande philosophie : l’atomisme, il apporte par là une solution au problème posé par Parménide d’Élée, qui a affirmé l’unité de l’être et son immobilité : en dehors de l’être, ne reste que le non-être, le néant. Ce non-être, pour Démocrite, a une existence : c’est le vide qui permet le mouvement. Quant à l’être de Parménide, Démocrite le partage en corps insécables, les atomes, qui sont, comme l’être parménidéen, impassibles et impérissables. Ils ne se distinguent que par des déterminations spatiales. C’est la « figure » qui fait d’eux des formes (en grec « idées ») rondes ou anguleuses ou crochues, etc. C’est l’assemblage, l’accrochage de ces atomes dans le vide qui constitue les corps. Il se produit un tourbillon, au sein duquel s’effectue un triage. Et ainsi se forment les mondes, par des causes purement mécaniques.

De cette intuition est née une physique, certes encore fort primitive, mais qui s’engageait sur une voie d’avenir. Quant aux impressions sensibles et qualitatives, elles n’ont, pour Démocrite, aucune valeur absolue ni authentique, car elles résultent du passage d’atomes de formes diverses à travers les pores des organes des sens.

Enfin, il nous est parvenu sous le nom de Démocrite un certain nombre de fragments, morceaux, courtes maximes qui prônent modération et sérénité. Démocrite n’y apparaît nullement comme « le philosophe qui rit » de la légende.

On sait qu’Épicure adopta la physique démocritéenne, à quelques légères modifications près ; le poème de Lucrèce en offre un tableau d’ensemble. Et il n’est pas nécessaire de souligner l’importance de l’atomisme dans la science et la philosophie de tous l […]

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16
Q

Herodote

A

HÉRODOTE (~484 env.-~425)

Hérodote - Halicarnasse (Asie Mineure)
Hérodote est le premier historien grec, et déjà les Anciens l’appelaient le père de l’histoire. Son œuvre témoigne donc de la naissance d’un genre.

Cela ne veut pas dire que l’on ne rencontre avant lui aucune espèce de tentative pour relater des événements passés. Les Grecs avaient eu d’abord dans l’épopée un modèle de récit littéraire qui, pour une part au moins, était censé concerner des héros ayant existé et des exploits réels ; ils avaient eu ensuite, peu avant Hérodote, des récits mythiques en prose (traitant de la fondation des villes ou bien des généalogies), dont le contenu était déjà un peu plus historique ; et, d’autre part, ils avaient récemment cherché à mieux connaître les divers pays de la terre : Hécatée avait voyagé et tenté d’y voir clair dans les traditions locales. Mais il n’y avait pas eu d’historien.

Le fait qu’Hérodote soit devenu le premier historien de la Grèce (et du monde occidental) s’explique en partie par les circonstances de sa vie.

  1. Le moment et le lieu créent l’historien
    Hérodote est né à Halicarnasse peu avant 480 – autrement dit en Asie Mineure, et au moment des guerres médiques. Or, l’Asie Mineure était depuis un siècle le théâtre d’une activité intellectuelle frémissante. Tous les premiers philosophes grecs, ou presque, étaient d’Asie Mineure : l’école de Milet se trouvait célèbre avec Thalès, Anaximandre, Anaximène ; d’autres philosophes étaient d’Éphèse, ou de Samos. Et il est clair que cette floraison stimulait le désir du savoir. Hécatée, le prédécesseur d’Hérodote, était, lui aussi, de Milet.
17
Q

Appien

A

APPIEN, grec APPIANOS ( IIe s.)

Historien grec. Né à Alexandrie, Appien entreprend des études de droit, s’installe à Rome, se fait naturaliser citoyen et réussit à devenir le familier d’Hadrien, d’Antonin le Pieux et de Marc Aurèle. Il exerce au palais diverses fonctions, dont celle d’intendant des domaines de l’Empire. Très au courant des rouages de l’administration impériale, bien renseigné sur les Antonins et leur politique, ayant accès aux archives impériales, Appien, lorsqu’il prend sa retraite, écrit en grec une Histoire romaine en vingt-quatre livres, dont quatorze ont été perdus. Restent les passages sur l’Espagne, Hannibal, Mithridate, l’Illyrie et ceux qui sont consacrés aux guerres civiles. Loin de vouloir, comme ses confrères, dresser un tableau général et synthétique de l’histoire romaine, Appien, en érudit, nous donne des renseignements souvent de première main sur les peuples et les nations que Rome eut à combattre ou à soumettre. S’il se place du point de vue romain, justifiant implicitement l’impérialisme des conquêtes, il montre un goût pour la vérité et une certaine impartialité qui se retrouvent dans son style clair, précis, sans emphase ni déclamations épiques ou héroïques, fait plutôt rare chez les historiens de cette époque.

18
Q

Catulle

A

CATULLE (~82-~52)

Peu d’œuvres antiques sont aussi fertiles en surprises que les poésies de cet « Alexandrin », avec leurs contrastes de ton, de facture, d’inspiration. Peu d’œuvres antiques, cependant, sont animées, emportées par un souffle lyrique d’une aussi constante authenticité. Le chantre de Lesbie a conféré au sentiment amoureux une nouvelle dimension : une profondeur d’émotion et d’attachement inconnue avant lui, en poésie, dans un cœur masculin.

La vie dissolue qu’a menée Catulle ne l’a point empêché d’être un martyr de la foi en la morale des ancêtres : pietas (soumission à la volonté divine, accomplissement de tous nos devoirs, humains comme religieux), fides (respect de la foi jurée), concordia des unanimi. S’il est resté, à tous égards, marqué par son terroir transpadan, le Véronais n’en reflète pas moins une « urbanité » romaine en pleine mutation, et aussi le climat éthique et oratoire qui fut celui du siècle de Cicéron.

Héritier, certes, de la plus savante virtuosité hellénistique, Catulle a su, en même temps, exploiter toutes les ressources de la langue et de la poésie populaires. Son art fait concourir avec bonheur imagerie, syntaxe et rythmes à la traduction des conflits psychologiques, jusque dans les affabulations des grands poèmes narratifs. Semblable maîtrise artistique triomphe dans une diatribe, souvent très crue, contre les rivaux en littérature ou en amour, ou contre les scandales de la haute société.

Fureur, jalousie, haine font perdre à Catulle toute mesure. Mais l’amitié, le deuil fraternel, le sentiment de la nature, la passion amoureuse ont trouvé, dans ses vers, des accents d’une justesse éternelle.

19
Q

Dion Cassius

A

DION CASSIUS (155 env.-apr. 229)

Historien grec. Né à Nicée en Bithynie, Dion Cassius est un homme politique d’une certaine audience. Son père est gouverneur de la Cilicie sous le règne de Commode (180-192) ; lui-même est consul suffectus sous Septime Sévère (193-211), puis consul ordinaire en 229. À partir de cette date, il se consacre à la rédaction de son Histoire romaine en quatre-vingts livres, dont nous sont parvenus les livres XXXVI à LX (de ~ 68 à 46), les débuts des livres XVII (jusqu’à la fin de la deuxième guerre punique), LXXIX et LXXX (années 217-219), dont on connaît le contenu à travers l’œuvre d’auteurs tardifs. Provincial, Dion y exprime son opposition formelle à la prédominance exclusive de l’Italie et du sénat dans le gouvernement de l’Empire. D’abord favorable à la dynastie des Sévères, il montre ensuite une grande hostilité à Septime Sévère dont la politique l’a déçu.