Cours 3 Flashcards
Décrit la construction du moi individuel par l’emprunt de soi sociaux (chez l’enfant et chez l’internaute adulte).
La manipulation du soi dans Internet peut faire penser aux jeux des enfants dans leur expérimentation du social.
Le moi se construit chez l’enfant par l’essai ludique de différents sois (G. H. Mead).
C’est en empruntant différents alter, qu’ego se construit chez l’enfant.
L’enfant découvre cependant qu’il existe des sois possibles et d’autres qui ne le sont pas.
En effet, contrairement à ce qui se passe pour l’enfant en voie de socialisation, le milieu d’appartenance de l’adulte-internaute n’est pas là pour le censurer dans l’essai de nouveaux sois.
L’adulte-internaute devient ainsi le démiurge (créateur) d’une partie de lui-même qui n’existe que dans son imaginaire.
Décrit l’enfermement virtuel
A. Touraine à propos du sujet moderne: «le sujet est une réflexion de l’individu sur sa propre identité: le sujet n’existe que dans le décalage (écart) par rapport à des déterminants impersonnels, que ceux-ci soient liés au corps (pulsions et désirs) ou à la société (normes et rôles).
C’est en résistant à ces déterminismes (pulsionnels et sociaux) que l’individu devient sujet, l’enjeu étant de pouvoir vivre son autonomie et de construire sa propre vie.»
Alors que, jusqu’à récemment, les normes sociales disciplinaient l’individu et le portaient à accepter sa condition, elles l’assigneraient aujourd’hui à devenir lui-même sans autre référence que sa propre volonté: on n’espèrerait plus collectivement dans le futur, il faut réussir personnellement dans le présent.
Dans ce contexte, la construction de soi virtuels viserait à combler le vide qu’expérimente l’individu entre la conception surévaluée qu’il se fait de lui-même (idéal du moi) et la perception de sa réelle condition (moi).
Un certain enfermement virtuel peut ainsi conduire à la dissolution de l’individu dans sa réalité virtuelle avec le développement d’une attitude schizophrèno-autistique.
Le moi n’est plus ainsi l’ensemble organisé d’attitudes des autres que l’on assume soi-même. L’individu ne part plus des sois qui le constituent socialement pour arriver au moi individuel.
L’individu serait à la recherche d’un accord parfait avec lui-même.
Il rechercherait à faire disparaitre la distance critique introduite par le «je» (comme médiateur avec l’environnement social) et les frustrations que cette distance révèle.
Le moi ainsi livré à lui-même aurait toutes les chances de devenir que passions instinctuelles ou conformité à la mode (choix d’une caricature du moi ou encore un va-et-vient sans fin entre ces deux caricatures du moi)
Il s’agit d’une dynamique de dépersonnalisation.
Décrit l’enfermement réticulaire
Un autre type d’oubli de soi présent dans Internet est la dissolution du moi dans des cyber-nous communautaires.
La multiplication des tribus (définit ici autour d’une certaine homogénéité de penser) et autres communautés médiatiques en constitue le paysage.
Ici, ce n’est pas un souci de débat et d’ouverture qui anime les participants, mais un désir de communion et d’échange entre égaux (semblables !!??).
On recherche alors la fusion plutôt que la contradiction, la reconnaissance plutôt que la connaissance, la valorisation de soi plutôt qu’une remise en question.
Le fait d’avoir ainsi toujours sa tribu à l’écoute, rassure et encourage dans son existence.
Paradoxalement cependant, les individus existent alors davantage comme les porteurs d’un stéréotype minoritaire que comme des sujets autonomes.
Décrit l’ouverture identitaire.
La manipulation d’identité(s) dans Internet (comme ailleurs) peut cependant présenter une conséquence moins pessimiste (que les précédentes): celle de l’expérimentation critique des limites du moi par le sujet (individu).
Ici, l’individu s’essaie à différents sois virtuels, non pour s’y perdre mais, au contraire, pour mieux se situer et mieux se penser (se connaitre) dans sa capacité créatrice (volonté d’actualisation ou d’émancipation!?).
En questionnant les limites du moi, l’emprunt de sois virtuels interpelle le «je» (qui sert à se relier à cet autrui généralisé).
Évidemment, l’emprunt de sois virtuels a beaucoup de chances de conduire à du conformisme identitaire ou, dans le pire des cas, à du communautarisme.
Mais, il n’est pas impossible d’imaginer que ces emprunts expriment aussi l’espoir de l’individu d’être autre chose qu’un moi satisfait de ses pulsions, de ses intérêts ou de ses rôles sociaux (illustrant ainsi un désir d’exister autrement).
Winnicott décrit l’internet comme un espace potentiel. Explique sa vision.
En permettant à l’individu d’y projeter ses illusions, Internet pourrait aussi être apparenté à ce que Winnicott appelle «l’espace potentiel» (espace intermédiaire entre la réalité psychique interne et le principe de réalité externe; espace transitionnel ou objectivité et subjectivité se confondent).
Il n’est pas interdit de penser que cet espace transitoire (Internet comme espace transitionnel) pourrait aussi aider l’individu à se replacer dans le monde, à repenser ses limites, à mieux établir les frontières de son moi et les raisons (motivations, explications, fonctions) de ses sois.
La manipulation (pas nécessairement dans un sens péjoratif) de soi par un individu dans Internet peut donc être comprise ou analysée comme une extériorisation transgressive et à faible coût social de son exigence (désir, besoin) d’être un sujet créatif (besoin d’actualisation, d’émancipation!?) au-delà des déterminations, des statuts et des rôles (donc des exigences sociales) qui le freinent socialement.
Plus particulièrement, la manipulation de soi dans Internet parlerait de la souffrance ou de la difficulté de l’individu contemporain d’être un sujet capable de relever le défi de la gestion de son identité.
Qu’est-ce que le travail (statut) compulsif et modernité?
Chez certains individus, le statut de «travailleur» englobe l’identité tout entière.
Le perfectionnisme, le besoin de contrôle et l’hyperactivité dominent alors l’existence de certains de ces individus, jusqu’à l’impossibilité de se détacher de leur activité (dans ce cas, le travail). Ici, s’arrêter équivaut presque à se perdre à l’intérieur d’un vide et d’un abîme (angoisse existentielle) auxquels on est incapable de faire face, sauf en se laissant complètement engloutir par l’action (ici, le travail).
Dans ce contexte, on parle aujourd’hui de dépendance au travail. On souligne ainsi comment le travail, au lieu d’être au service de l’accomplissement de soi, peut devenir l’occasion et la cause d’un épuisement du Soi.
Lorsque le travail devient une (la seule?) finalité, un nombre élevé de personnes appartient alors à la catégorie des travailleurs compulsifs.
Comment peut-on se construire par le travail (statut et identité) ?
Travailler, ce n’est pas seulement produire ou fabriquer, ce n’est pas seulement transformer le Monde, c’est aussi se transformer soi-même, se produire soi-même.
Par le travail, l’individu se forme et se transforme tout en se révélant à lui-même (et au autres).
Cependant, le travail, chez certains individus, peut devenir un tombeau de la subjectivité.
Dès lors que l’individu développe une relation compulsive avec son travail, l’individu s’épuise dans une tentative de combler un manque qui devient vite un trou noir sans issue. Comme si son existence n’était qu’un objet vide à remplir de frénésie.
En effet, lorsque le travail devient une fin en soi, c’est le désir qui risque d’être étouffé lorsque la subjectivité (individuation) disparaît sous le voile d’un conformisme à un devoir pressant (dynamique de dépersonnalisation).
Lorsque le travail devient l’unique moyen d’être-au-monde (de se sentir vivant), l’individu ne peut plus sortir du cercle vicieux de n’être rien d’autre qu’un rôle (un travail).
Quelles sont les conséquences du travail compulsif ?
En se projetant dans le travail (statut) et en se réduisant à lui, l’individu cherche à atteindre l’idéal du moi que son surmoi lui impose (entre autres à travers les besoins de reconnaissance et d’appartenance) sans jamais pouvoir l’atteindre complètement.
Le travail se transforme alors en une activité sans fin puisque l’idéal, en tant que tel, sera inatteignable.
C’est ainsi que le travail que l’on pratique afin d’atteindre l’idéal ne peut jamais s’arrêter, jusqu’à ce que l’individu ne soit plus capable d’exister en dehors de son travail et, éventuellement, même à l’intérieur du travail.
Qu’est-ce qui permet à l’individu de sortir de la dépendance au travail ?
C’est l’écoute de soi (introspection !?) qui permet à l’individu de sortir de la dépendance au travail, et qui rend possible un travail différent, un travail qui est à la fois une action dans le monde et une évolution de sa personnalité.
C’est la distance (établie) entre soi et son travail (flexibilité identitaire?) qui permettra au travail de donner ses fruits à l’intérieur d’un projet personnel:
- sans qu’il ne devienne compulsif
- sans qu’il n’arrive à effacer la subjectivité (individuation).