Corps Esprit Flashcards
De la nature des choses, Lucrèce
Le corps et l’ame peuvent paraître fondamentalement unis. Si le platonisme opère une disjonction entre l’ame et le corps à partir de l’idée selon laquelle l’ame évoluerait dans le souvenir d’une existence passée, corps et ame semble toutefois difficilement dissociables. En effet cette idée soulignerait une certaine immortalité de l’ame, laquelle préexisterait et survivrait au corps. Or peu d’éléments le prouve. Telle est la réfutation apportée par Lucrèce dans De la nature : “ Si l’ame est de nature immortelle, et se glisse dans le corps au temps de la naissance, pourquoi du temps passé ne gardons-nous mémoire, et de nos actions n’avons-nous nulle trace ?” C’est donc en s’appuyant sur l’absence supposée de mémoire de l’ame que Lucrèce conteste la thèse de la séparation de l’ame et du corps et y substitue celle d’une association entre ces deux entités. Dès lors, l’ame ne pourrait évoluer que dans un corps donné ce qui scelle son caractère mortel, la mort de l’ame interviendrait en meme temps que la mort physique. Ainsi cette thèse invite à penser que le corps et l’ame sont profondément soudés.
De l’ame, Aristote “L’ame est au corps ce que la vue est à l’œil, explique Aristote”
L’ame peut etre conçu comme le principe moteur du corps. Le rapport corps et esprit est souvent envisagé comme dualiste. En effet, auparavant, l’ame était refusé aux esclaves, comme parfois aux animaux encore aujourd’hui. Si cela était vrai, il n’y aurait aucune distinctions entres le corps en tant qu’organisme et la machine, puisque leurs organes se plient aussi aux règles mécaniques de la nature. Pourtant, contrairement à un automate, le corps semble posséder en lui une force capable de s’autoréguler et se développer, en vertu de laquelle le corps vivant serait en perpétuelle devenir. Dans la conception aristolicienne, cette capacité de puissance s’explique par la présence de l’ame. Le philosophe conçoit cette capacité comme un acte, quand la matière, elle n’est que puissance : l’ame est une énergie agissante et efficace par opposition à la matière inerte. Elle ne serait donc pas extérieure au corps mais plutôt la forme et le principe moteur interne à lui. “L’ame est au corps ce que la vue est à l’œil, explique Aristote” (De l’ame). L’ame et le corps serait donc indisociable. Ainsi l’ame ne pourrait etre comprise que sous le prisme de son imbricateur intime et nécessaire avec le corps.
Phédon, Platon
Le corps peut sembler inférieur à l’esprit. L’un est immatériel et léger, l’autre est lent et pesant. Fondamentalement, le corps est pour le sujet le centre de son expérience des limites de la réalité physique. Vu de cette manière, le corps apparaît comme un frein à l’épanouissement de l’esprit, qu’il dégrade en l’imprégnant de ses servitudes. Platon le caractérise ainsi comme le “tombeau de l’ame” en se fondant sur deux raisons. Le philosophe le conçoit tout d’abord comme une entrave relative à l’épanouissement spirituel. En effet, la contrainte du travail dont d’écoule la rareté du temps libre, la dégradation de la santé et les cycles de la vie affective empêchent l’homme de philosopher. L’entrave du corps à l’esprit est également, d’une certaine manière, absolue. Le corps est de manière générale, une source constante de trouble pour l’ame : il la distrait, il lui transmet les illusions des sens et de l’imagination, si bien qu’elle ne peut atteindre l’objectivité propre à la vérité. Seule la mort lui permettrait donc de s’élever à l’idéal platonicien de la sagesse. “Si nous voulons jamais avoir une pure connaissance de quelque chose, il nous faut nous séparer de lui (le corps) et regarder avec l’ame seule les choses en elles-memes. Nous n’aurons, semble-t-il, ce que nous désirons et prétendons aimer, la sagesse, qu’après notre mort[…] mais pendant notre vie, non pas” (Phédon). Le corps peut donc apparaître comme une entité inférieure, un fardeau à l’égard de l’esprit.