CHAPITRE 6: STRUCTURE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE ACTUELLE Flashcards
Objectif 1 : Comprendre comment la structure sociale peut être appréhendée à partir de critères objectifs et subjectifs
La structure sociale désigne la manière dont la société est organisée en groupes sociaux différenciés. Elle peut être analysée à partir de critères objectifs (revenus, profession, diplôme…) et subjectifs (sentiment d’appartenance, perception de sa position sociale).
Les critères objectifs de différenciation sociale :
Les catégories socioprofessionnelles (PCS) permettent de regrouper les individus selon leur profession et leur statut.
Les inégalités économiques : différences de revenus, de patrimoine et d’accès aux ressources.
Les inégalités culturelles et scolaires : le niveau de diplôme influence fortement la position sociale et les opportunités professionnelles.
Les inégalités territoriales : la répartition géographique influe sur les conditions de vie (ex. fractures entre quartiers aisés et populaires).
Les critères subjectifs : identification sociale et perception des inégalités
Le sentiment d’appartenance à un groupe social joue un rôle clé dans la structuration de la société.
La conscience de classe : un individu peut se reconnaître dans un groupe social et se mobiliser avec d’autres pour défendre ses intérêts (ex. ouvriers dans le marxisme).
Les représentations sociales influencent la perception des inégalités et la position sociale ressentie par chacun.
➡️ Conclusion : La structure sociale ne repose pas uniquement sur des critères économiques et professionnels. Les perceptions subjectives et les représentations collectives jouent un rôle fondamental dans la hiérarchisation sociale.
Objectif 2 : Comprendre les principales évolutions de la structure socioprofessionnelle en France depuis la seconde moitié du XXe siècle
Depuis les années 1950, la structure socioprofessionnelle française a profondément évolué sous l’effet de transformations majeures :
Réduction de la part des agriculteurs, passant de plus de 20 % en 1950 à environ 1,5 % aujourd’hui.
Diminution des artisans, commerçants et chefs d’entreprises, avec une légère remontée depuis les années 2000 grâce au travail indépendant.
Forte baisse des ouvriers, passant de plus de 30 % des actifs en 1954 à 19 % en 2022.
Progression des employés, atteignant 30 % dans les années 2000 avant de redescendre à 26 % en 2022.
Augmentation des cadres et professions intermédiaires :
Les cadres sont passés de 2,9 % en 1954 à 22 % en 2022.
Les professions intermédiaires sont passées de 5,8 % à 25 % sur la même période.
Ces évolutions s’expliquent par quatre dynamiques principales :
Salarisation : augmentation du nombre d’emplois salariés, offrant protection sociale et stabilité, au détriment des travailleurs indépendants.
Tertiarisation : développement des emplois dans le secteur des services, qui regroupe aujourd’hui près de 80 % de la population active.
Élévation du niveau de qualification : hausse des diplômes et des emplois qualifiés, notamment due à la massification scolaire.
Féminisation des emplois : intégration croissante des femmes sur le marché du travail, bien que des inégalités salariales persistent.
Objectif 3 : Connaître les théories des classes et de la stratification sociale et comprendre les débats actuels sur leur pertinence
Les théories des classes sociales
Karl Marx (XIXe siècle) :
La société est structurée en deux classes antagonistes : bourgeoisie (détentrice du capital) et prolétariat (force de travail exploitée).
La lutte des classes est inévitable, car les prolétaires prennent conscience de leur exploitation et se mobilisent pour défendre leurs intérêts.
Max Weber (XXe siècle) :
Il distingue trois ordres dans la stratification sociale :
Économique : différenciation selon les revenus et patrimoines.
Social : prestige et reconnaissance sociale (ex. niveau d’instruction).
Politique : influence dans la compétition pour le pouvoir.
Contrairement à Marx, il ne considère pas que l’appartenance à une classe entraîne automatiquement un conflit.
Débats sur la pertinence de l’analyse en termes de classes sociales
Hétérogénéité croissante des groupes sociaux : les distances intra-classes se creusent (ex. ouvriers qualifiés vs. non qualifiés), ce qui fragilise la cohésion des classes sociales.
Perte d’identification subjective : la précarisation et l’évolution des emplois affaiblissent le sentiment d’appartenance à une classe.
Montée de l’individualisation : valorisation des parcours individuels, développement des primes au mérite, désyndicalisation, affaiblissement des collectifs de travail.
Rôle des rapports de genre : persistance des inégalités hommes-femmes (écarts de salaire, précarité accrue chez les femmes, temps partiel subi).
Mais les inégalités restent structurantes
Renforcement des distances inter-classes : creusement des écarts de niveau de vie, comme illustré par les inégalités de revenus post-crise de 2008 et les revendications des Gilets jaunes.
L’entre-soi des élites : la bourgeoisie conserve une forte conscience de classe et met en place des stratégies de distinction (écoles, réseaux, quartiers privilégiés).
➡️ Conclusion : Si l’individualisation et l’hétérogénéité des classes ont affaibli l’analyse marxiste classique, les inégalités persistantes et l’entre-soi des élites montrent que les classes sociales restent une réalité structurante de la société française.