Chapitre 2 : L'identité de la personne Flashcards
Double aspect de l’identité
Identité personnelle et sexuelle
Droit au nom
CEDH 1994 Burghatz c/ Suisse: consacre le nom “comme englobant dans une certaine mesure le droit de l’individu de nouer et de développer des relations avec ses semblables” (impossibilité pour un mari d’avoir les 2 noms, violation des art 8 et 14 combinés)
2 questions: choix du nom et changement de nom (admet des limitations pour le dernier)
Possibilité pour une femme de porter son nom de jeune fille
CEDH 2004 Ünal Tekel c/ Turquie: l’interdiction de porter son nom de jeune fille est contraire à l’art 14 combiné à l’art 8. La pratique des États montre qu’il est parfaitement possible que l’unité de la famille soit préservée et consolidée lorsqu’un couple marié choisit de ne pas porter un nom de famille commun.
Droit au prénom
CEDH 1996 Guillot c/ F: l’impossibilité d’appeler sa fille “Fleur de Marie” ne fait pas obstacle à l’art 8 (plus grande liberté depuis 1993)
Droit de connaître ses origines
CEDH 1989 Gaskin c/ R-U: droit pour un enfant placé dans des familles pendant son enfance d’accéder à son dossier
CEDH 2003 Odièvre c/ F: sur l’accouchement sous X, droit à connaître ses origines (art 8) pour permettre le “développement personnel” des individus mais le système français relève de la marge d’appréciation nationale (accouchement sous X: pas considéré comme ingérence active de l’Etat mais manquement à l’obligation positive d’agir pour garantir le respect effectif de la vie privée)
=> condamnation de l’accouchement anonyme italien CEDH 2012 Godelli c/ Italie
Pas de consensus sur l’anonymat des donneurs de gamètes dans le cadre d’une PMA
Droit de connaître ses origines prime sur le respect du cadavre
CEDH 2006 Jäggi c/ Suisse: ouvre la possibilité à un enfant né hors mariage de connaître sa véritable origine par un test ADN
CEDH 2011 Pascaud c/ F: violation de l’art 8 du fait du refus de l’État de reconnaître la filiation après le décès du père
Définition de l’identité sexuelle
fait pour un individu de se reconnaître comme un homme ou comme une femme (≠ sexe d’assignation mentionné à l’état civil et ≠ préférence sexuelle) => le transsexualisme concerne l’identité sexuelle
L’obligation de changement de sexe à l’état civil
Plusieurs étapes:
1°CEDH 1992 B c/ F: la F viole le droit au respect de la vie privée en refusant le changement de sexe et de prénom sur les papiers d’identité (dont l’usage est fréquent ≠ R-U pas condamné)
2°CEDH 2002 Goodwin c/ R-U: nouvelle définition du sexe en considérant que les considérations biologiques ne suffisent pas, la Cour insiste sur la meilleure acceptation sociale du transsexualisme, droit reconnu à la mise en conformité de leur sexe juridique avec leur sexe social (marge d’appréciation réduite pour cette mise en conformité)
3°CEDH 2015 Y.Y. c/ Turquie: imposer l’infertilité du demandeur méconnaît le droit au respect de la vie privée
=>adaptation du droit français dans la loi de modernisation de la justice du 21e s
4°CEDH 2017 Garçon et Nicot c/F: la condition d’irréversibilité de l’apparence est un manquement à l’obligation positive de garantir le droit au respet de la vie privée (“l’exercice du droit au respect à la vie privée ne peut être subordonnée à la renonciation de l’exercice du droit au respect de l’intégrité physique”)
Mariage et filiation des transsexuels
CEDH 2002 Goodwin c/ R-U: la requérante invoquait une violation de l’art 12 =>les transsexuels ne doivent pas être privés du droit de se marier et l’incapacité pour un coupe de concevoir un enfant ne saurait constituer un obstacle au mariage.
Question pour les couples mariés avant la conversion: relève de la marge d’appréciation. Solution britannique de laisser choisir entre mariage et modification de l’état civil ne porte pas une atteinte disproportionnée aux art 8 et 12 selon la Cour (dès lors qu’il existe des unions civiles)
Filiation: marge d’appréciation mais pas de doute sur la possibilité pour une personne transsexuelle d’accéder à l’adoption ou à la PMA.
Éléments constitutifs de l’intimité de la personne
Art 8:
- vie privée et familiale
- correspondance
- domicile
Extension du domaine de la vie privée
-vie privée personnelle:
1°sexualité, liberté sexuelle, autonomie personnelle (opérer des choix relativement à son propre corps)
2°intégrité physique: l’art 8 prend le relais de l’art 3 lorsque les atteintes à l’intégrité n’atteignent pas un niveau de gravité suffisant
3°identité, origines, données médicales (accès et protection contre la divulgation
4°question de l’avortement
-vie privée sociale (reconnue par CEDH 1992 Niemietz c/ Allemagne):
1°droit de nouer et de développer des relations avec ses semblables
2°droit au développement personnel (Pr Marguénaud: “droit d’aller vers les autres muni d’un passeport social reflétant le mieux sa personnalité”)
3°droit d’accès à l’adoption
L’orientation sexuelle constitue un des aspects les plus intimes de la vie privée
CEDH 2001 Dungeon c/ R-U: condamnation de la législation d’Irlande du Nd pénalisant l’homosexualité
Accès aux données médicales
CEDH 1998 McGinley c/ R-U: droit d’accès au dossier médical pour des militaires ayant participé à des essais nucléaires
Absence de droit à l’avortement
CEDH 2010 A., B. et C. c/ Irlande: l’art 8 ne consacre pas de droit à l’avortement, ample marge d’appréciation des États et possibilité d’obtenir des soins médicaux en Irlande ou d’avorter à l’étranger.
Droit de nouer et de développer des relations avec ses semblables
CEDH 1992 Niemietz c/ Allemagne : extension de la vie privée à l’activité professionnelle, le domicile peut inclure des locaux professionnels (perquisition du domicile d’un avocat)