Chapitre 1 Elément de base des processus socio-cognitifs Flashcards
(33 cards)
Approche Adaptative
Elle tente de cerner les mécanismes individuels qui contribuent au parcours professionnel : personnalité, valeurs, engagement, capacités de raisonnement notamment. On pourrait dire qu’elle est « interactionniste » au sens où elle articule les caractéristiques de l’environnement professionnel et celles de l’individu.
Approche Reproductive
Elle s’intéresse d’abord aux processus qui tendent à maintenir la hiérarchie sociale, ici dans le cadre professionnel : normes de jugement, stéréotypes, discrimination par exemple.
On peut la qualifier de « constructiviste » dans la mesure où elle considère que la « réalité » du travail est construite, sur la base de «grilles de lectures » qui orientent nos façons de percevoir, de juger, d’agir, tout cela dans un contexte organisationnel traversé par des logiques de maintien de la hiérarchie en place.
Polyphasie cognitive
Elle fut introduite par Moscovici dans son étude pionnière sur la réception de la psychanalyse en France (1961), où il décrit l’hétérogénéité sociocognitive du champ des représentations.
Fait référence à la coexistence de systèmes cognitif, c’est à dire différent genres de connaissances et différents types de rationnalités.
La polyphasie cognitive se réfère donc à un état où différents genres de connaissances, utilisant différents types de rationalités peuvent coexister chez un individu ou au sein d’un groupe.
La connaissance est alors conçue comme une forme dynamique se renouvelant sans cesse et qui peut manifester autant de rationalités que requises par l’infinie variété des situations socioculturelles de l’expérience humaine. L’utilisation d’une forme de connaissance ou d’une autre dépend des nécessités de l’environnement social et de la configuration socio-psychologique de chaque champ. Ces différentes formes coexistent plutôt qu’elles ne s’excluent ; au lieu de dépasser des formes socialement considérées comme « arriérées », « primitives » ou «infantiles », les communautés humaines puisent continuellement dans les différentes ressources que chaque forme de connaissance offre.
Niveau d’analyse de Doise
Les quatre niveaux proposés par Doise sont :
-le niveau intra-individuel (niveau 1)
-le niveau inter-individuel (niveau 2)
-le niveau positionnel/catégoriel (niveau 3)
-le niveau idéologique/croyances (niveau 4)
Le niveau 1 est celui des recherches qui placent au centre de leurs analyses processus fortement dépendants des caractéristiques individuelles (le sexe, la personnalité, les capacités cognitives, la génétique…)
Le niveau 2 s’intéresse aux facteurs impliqués dans les interactions. Nous pouvons citer quelques exemples : le nombre de personnes qui échangent
dans un groupe, la fréquence des interactions entre individus, la méthode pédagogique utilisée qui va susciter des échanges directs ou indirects…
Le niveau 3 accorde une place importante au statut social. Ainsi, la catégorie socio-professionnelle, la nature du métier, le genre (masculin/féminin…) sont des exemples de catégories sociales qui peuvent être prises en compte.
Enfin le niveau 4 traite des facteurs idéologiques, des croyances, des représentations sociales partagées.
Ces quatre niveaux d’analyses sont rarement étudiés de manière exclusive. La grande majorité des recherches combinent deux ou trois niveaux d’analyses simultanément. Ainsi, on peut chercher à comprendre l’effet du sexe(N1) du salarié sur la manière dont il va être évalué par ses collègues ou ses managers (N3), selon son type de personnalité (N1) et la fréquence des échanges avec ses collègues (N2).
Niveau d’analyse de Doise
Les quatre niveaux proposés par Doise sont :
-le niveau intra-individuel (niveau 1)
-le niveau inter-individuel (niveau 2)
-le niveau positionnel/catégoriel (niveau 3)
-le niveau idéologique/croyances (niveau 4)
Le niveau 1 est celui des recherches qui placent au centre de leurs analyses processus fortement dépendants des caractéristiques individuelles (le sexe, la personnalité, les capacités cognitives, la génétique…)
Le niveau 2 s’intéresse aux facteurs impliqués dans les interactions. Nous pouvons citer quelques exemples : le nombre de personnes qui échangent
dans un groupe, la fréquence des interactions entre individus, la méthode pédagogique utilisée qui va susciter des échanges directs ou indirects…
Le niveau 3 accorde une place importante au statut social. Ainsi, la catégorie socio-professionnelle, la nature du métier, le genre (masculin/féminin…) sont des exemples de catégories sociales qui peuvent être prises en compte.
Enfin le niveau 4 traite des facteurs idéologiques, des croyances, des représentations sociales partagées.
Ces quatre niveaux d’analyses sont rarement étudiés de manière exclusive. La grande majorité des recherches combinent deux ou trois niveaux d’analyses simultanément. Ainsi, on peut chercher à comprendre l’effet du sexe(N1) du salarié sur la manière dont il va être évalué par ses collègues ou ses managers (N3), selon son type de personnalité (N1) et la fréquence des échanges avec ses collègues (N2).
Le niveau intra-individuel (niveau 1)
Il caractérise les modèles qui portent sur les caractéristiques « intrinsèques » des sujets, et la façon dont ceux-ci traitent l’information provenant de l’environnement, et y réagissent. Le contexte social n’y a pas de statut particulier ; il est appréhendé en qualité de stimulus. Les travaux d’Adorno (Adorno et al., 1950) se situent à ce niveau d’explication. Postulant l’existence d’une structure mentale stable qui expliquerait certains comportements exceptionnels (en référence au soutien apporté aux Nazis), l’auteur élabore le concept de Personnalité Autoritaire. Cependant, si l’appel au pouvoir explicatif de la « nature humaine » (cf. Deconchy, 2000) est la base de l’argumentation d’Adorno, celle-ci se révèle, en elle-même, incapable d’expliquer le passage à l’acte. On voit alors que l’évocation d’autres facteurs, et d’autres niveaux d’analyses, est indispensable (les travaux de Rockeach vont y contribuer dans une certaine mesure).
Le niveau intra-individuel (niveau 1)
Il caractérise les modèles qui portent sur les caractéristiques « intrinsèques » des sujets, et la façon dont ceux-ci traitent l’information provenant de l’environnement, et y réagissent. Le contexte social n’y a pas de statut particulier ; il est appréhendé en qualité de stimulus. Les travaux d’Adorno (Adorno et al., 1950) se situent à ce niveau d’explication. Postulant l’existence d’une structure mentale stable qui expliquerait certains comportements exceptionnels (en référence au soutien apporté aux Nazis), l’auteur élabore le concept de Personnalité Autoritaire. Cependant, si l’appel au pouvoir explicatif de la « nature humaine » (cf. Deconchy, 2000) est la base de l’argumentation d’Adorno, celle-ci se révèle, en elle-même, incapable d’expliquer le passage à l’acte. On voit alors que l’évocation d’autres facteurs, et d’autres niveaux d’analyses, est indispensable (les travaux de Rockeach vont y contribuer dans une certaine mesure).
Le niveau inter-individuel et situationnel (niveau 2)
Il caractérise les travaux portant sur des processus d’interaction tels qu’ils se déroulent dans une situation donnée. Ici la définition du contexte est limitée aux caractéristiques de la situation expérimentale. Les rôles sociaux, et les insertions sociales des sujets en dehors de la situation, ne sont pas pris en compte dans l’analyse des observations. Les études traitant de la conformité (Asch, 1951) sont typiques de ce niveau d’analyse. Nous précisons dès maintenant que ces deux premiers niveaux d’analyse n’auront qu’une
place marginale dans le cadre de ce travail. C’est pour cette raison qu’ils n’ont été abordés que très rapidement. La justification de ce moindre intérêt viendra un peu plus loin, lorsque sera exposé le type d’analyse que nous mènerons.
Le niveau positionnel (niveau 3)
Il mobilise des explications ayant trait aux positions sociales des individus telles qu’elles peuvent exister à l’intérieur, mais aussi en dehors, de la situation expérimentale. Les célèbres expérimentations de Milgram (1974) sur la soumission à l’autorité sont emblématiques de ce niveau d’analyse, bien que l’auteur n’ait jamais précisé exactement quel type principal d’explication il sollicitait. Mais ce flou interprétatif est aussi l’occasion de souligner l’intérêt qu’il y a à articuler plusieurs niveaux d’analyse. En effet, Doise rappelle que l’état agentique étudié au cours de ces expériences suscite chez Milgram différents types d’explications. Si l’on analyse le passage à l’état agentique comme une interaction marquée par la mise en acte, de la part d’un sujet, des prescriptions d’un autre individu, la référence aux rapports inter-individuels et intra-individuels suffit. Cependant, les différentes variantes de l’expérience montrent que le statut de l’expérimentateur (celui qui ordonne) influe nettement sur le taux d’obéissance. Une analyse de niveau positionnel est alors nécessaire. Mais il semble aussi que Milgram complète ses explications par l’évocation de l’idéologie dominante. En l’occurrence, le fait que les sociétés occidentales fassent de la science un champ de pratiques socialement valorisé et légitimé, peut expliquer la soumission des sujets à des ordres, contraires à la morale.
Le niveau idéologique (niveau 4)
Les travaux de Milgram, bien sûr, mais aussi ceux de Lerner ou de Deconchy se situent à ce niveau d’explication. La Croyance en un Monde Juste (Lerner, 1980) illustre très bien un processus idéologique visant à justifier l’ordre social et ses inégalités. L’auteur expliquera les résultats observés au cours des expériences sur « la victime innocente » par l’existence chez les gens d’une conviction que le monde est juste, et que par conséquent les personnes qui souffrent méritent nécessairement leur sort. Les travaux de ce type, même s’ils ne représentent pas la part essentielle des recherches en psychologie sociale, révèlent le poids important de facteurs positionnels et idéologiques dans les phénomènes touchant au thème de l’ordre social.
Le niveau idéologique (niveau 4)
Les travaux de Milgram, bien sûr, mais aussi ceux de Lerner ou de Deconchy se situent à ce niveau d’explication. La Croyance en un Monde Juste (Lerner, 1980) illustre très bien un processus idéologique visant à justifier l’ordre social et ses inégalités. L’auteur expliquera les résultats observés au cours des expériences sur « la victime innocente » par l’existence chez les gens d’une conviction que le monde est juste, et que par conséquent les personnes qui souffrent méritent nécessairement leur sort. Les travaux de ce type, même s’ils ne représentent pas la part essentielle des recherches en psychologie sociale, révèlent le poids important de facteurs positionnels et idéologiques dans les phénomènes touchant au thème de l’ordre social.
Approche cognitive
L’approche cognitive s’intéresse surtout aux facteurs de niveau 1
Approche de la cognition sociale
L’approche de la cognition sociale qui traite d’abord des processus cognitifs envisagés comme rationnels pouvant être biaisés par des facteurs de niveaux 3 et 4
Approche Socio-cognitive
L’approche socio-cognitive se caractérise par deux présupposés majeurs. Le premier concerne la notion de “social”, le second traite de la notion de “connaissance”.
L’approche socio-cognitive considère les variables sociales dans leur acception la plus complète, c’est à dire qu’elle attache une importance majeure aux variables de niveaux 3 et 4. A la différence de l’approche cognitive qui s’intéresse surtout aux facteurs de niveau 1, ou de l’approche de la cognition sociale qui traite d’abord des processus cognitifs envisagés comme rationnels pouvant être biaisés par des facteurs de niveaux 3 et 4, l’approche sociocognitive postule que le statut social et les facteurs idéologiques déterminent prioritairement les processus individuels. Dans l’approche socio-cognitive les chercheurs font l’hypothèse que les individus sont d’abord des êtres sociaux, sur lesquels pèsent des mécanismes qui leur “échappent” en grande partie (les rôles sociaux attachés aux statuts profesionnels par exemple, ou encore les déterminations idéologiques). De fait, cette approche ne compare pas les attitudes, les comportements des individus à un idéal rationnel pur, mais au contraire, pose comme “naïve” l’idée que les individus seraient spontanément orientés vers la recherche d’attitudes ou de comportements “rationnels” scientifiquement. Le bain social dans lequel l’individu évolue guide la constrution de ses répères moraux, idéologiques, et l’enjeu est d’abord de comprendre l’influence de ce bain social, et non de mesurer les écarts à ce qui serait jugé comme étant un “bon” comportement, ou une “bonne” attitude. Le statut de la connaissance est envisagée dans la prolongation de ce premier présupposé. Si la connaissance peut être rationnelle (celle produite par les scientifiques), elle est au quotidien, très souvent, orientée par des critères de valeurs, sous tendus par des normes sociales plus ou moins explicites. La connaissance produite par les individus, dans la plupart des situations quotidiennes, n’est donc pas essentiellement dirigée vers la constrution de savoirs scientifiquement purs, mais socialement acceptables, désirables.
Mécanismes de perception endogroupe et exogroupe :
La question de la perception de celui appartenant à l’autre groupe (exogroupe) ou de celui appartenant à mon groupe (endogroupe) est fondamentale en psychologie sociale. Elle touche à nos appartenances sociales, et à la manière dont elles guident notre perception du monde. Deux facteurs majeurs doivent être notés. Le premier concerne le déséquilibre des jugements portés entre l’exogroupe et l’endogroupe, en défaveur de l’exogroupe. C’est ce que l’on l’exodéfavoritisme (ou l’endofavoritisme). Pour résumer, toute chose égale par ailleurs, je “préfère” quelqu’un de mon groupe par rapport à l’autre groupe. L’étude classique de Tajfel (cf cours) sur le paradigme des groupes minimaux est exemplaire. Elle illustre que notre appartenance à un groupe, bien que très ponctuelle (quelques minutes dans l’étude), sur des critères sans enjeux pour l’individu (la préférence de tel tableau dans l’étude), détermine significativement notre manière de percevoir ceux de “mon groupe” en opposition à “l’autre groupe”. Cette préférence se traduit par des comportements et des décisions de discrimination durant l’expérience. Dans l’expérience ces discriminations n’ont aucune conséquence sur les individus, mais l’étude illustre à quel point nos appartenances groupales quotidiennes (notre service d’entreprise, notre club, notre association, notre pays…) influencent fortement, et parfois avec des conséquences importantes, notre perception d’autrui.
Le second processus majeur en lien avec les perceptions endogroupe et exogroupe touche à la hiérarchie sociale des groupes. Lorenzi-Cioldi évoque la distinction entre groupes dominants et groupes dominés. Les recherches qu’il a menées indiquent que la façon dont nous percevons, et dont nous évoquons l’endogroupe et l’exogroupe est significativement influencée par le statut social de ces groupes. Les groupes dominants sont perçus comme étant composés d’individus ayant des points communs, mais aussi des particularités qui les distinguent les uns des autres. Cela serait moins vrai lorsqu’il s’agit d’évoquer des groupes dominés, pour lesquels nous aurions “en tête” une image beaucoup plus compacte et homogène de ce type de groupe (“ils se ressemblent tous”). D’autre part, ce facteur jouerait également un rôle important dans la manière de se définir soi-même, selon notre groupe d’appartenance. Ainsi, les membres des groupes dominants se décriraient comme étant plus distincts les uns des autres, alors que les membres des groupes dominés se décriraient plus semblables entre eux. Selon Lorenzi-Cioldi cette homogénéisation par eux mêmes des membres des groupes dominés aurait une fonction de protection identitaire basée sur un sentiment d’appartenance fort, et d’un destin commun qui constituerait un ciment social
majeur.
Ethnocentrisme
Les travaux de Levine et Campbell ont pour intérêt d’avoir servi de relais entre les recherches de Sumner (1906) sur l’ethnocentrisme, et celles qui se développeront ensuite au cours des années 1970. Summer avait contribué à poser les bases de recherches sur les rapports inter-groupes, en étant le premier à introduire dans les débats le concept d’ethnocentrisme. Dans son approche, l’ethnocentrisme se caractérise par la tendance à percevoir et évaluer les autres groupes sociaux, par rapport au point de référence qu’est son propre groupe d’appartenance. Cela nous conduirait à n’utiliser que nos propres grilles de lectures culturelles, pour appréhender les particularités des autres groupes. Il serait donc inévitable que, audelà
de l’incompréhension potentielle, ce soit la dévalorisation et le rejet qui découlent de l’ethnocentrisme.
En effet, ils reprennent le concept d’ethnocentrisme élaboré par Summer, mais en lui adjoignant d’autres particularités que la seule distinction entre l’endogroupe et l’exogroupe, notamment l’hypothèse que cette distinction ne s’opère pas simplement sur des critères objectifs (de pratiques, de moeurs…), mais qu’elle conduit aussi ne pas appliquer les mêmes principes d’évaluation et d’interprétation. Ils proposent le concept de “stéréotype universel” pour désigner le fruit de ces processus.
Stéréotype universel
Le stéréotype universel reflèterait la tendance à évaluer positivement les critères de jugement quand il s’agit de son propre groupe, et négativement quand il s’agit de groupes extérieurs. Levine et Campbell établissent une liste comparative des jugements selon qu’ils concernent l’endogroupe (gras) ou l’exogroupe (italique), en voici quelques exemples :
Voir son groupe comme vertueux et supérieur.
Voir l’autre groupe comme méprisable, immoral et inférieur.
Voir son groupe comme pacifique.
Voir l’autre groupe comme agressif.
Notre groupe est honnête et digne de confiance.
L’autre groupe n’a pas le sens de l’honnêteté ni de code moral.
Endogroupe
Dans le groupe
Exogroupe
Extérieur au groupe
Catégorisation sociale
La catégorisation sociale concerne deux choses : d’une part les processus dynamiques qui nous conduisent à ranger, classer, catégoriser des objets sociaux dans telle ou telle catégorie, d’autre part le résultat de ces processus, qui est la catégorie elle-même.
Lorsque la psychologie sociale reprend cette notion de la psychologie cognitive, et lui accole le qualificatif “sociale”.
En portant son attention sur des objets sociaux, elle rend nécessaire la prise en compte de la valeur sociale de l’objet traité.
Cela pose donc la question de l’identité sociale de l’individu (Tajfel, 1981) comme un élément important dans la catégorisation
Biais d’accentuation
Contraste (dans le cas des différences entre groupes), et assimilation (dans le cas de la ressemblance entre éléments d’un même groupe). Le biais d’accentuation consiste à percevoir des éléments issus de groupes différents, comme étant beaucoup plus différents qu’ils ne le sont en réalité. Pour résumer : deux individus issus de deux groupes seront perçus comme beaucoup plus différents qu’en réalité (contraste), alors que deux individus d’un même groupe seront perçus comme étant beaucoup plus semblables qu’en réalité (assimilation). Les travaux sur le biais d’accentuation ont d’abord été menées dans le cadre de recherches en psychologie cognitive, et même si l’on y retrouve des auteurs ancrés dans la psychologie sociale (Tajfel et Wilkes, 1963), les objets sur lesquels était analysé ce biais d’accentuation n’avaient pas une connotation sociale très forte. Ainsi ,dans leur étude Tajfel et Wilkes (1963) demandaient aux participants de catégoriser des lignes de longueursdifférentes, selon plusieurs conditions expérimentales : lignes associées à des lettres, ou sans association de lettres. La valeur sociale des éléments perceptifs (lignes et lettres) est dans ce cas toute relative. Mais les apports théoriques de ces travaux vont permettre de développer des recherches mobilisant des éléments ayant une dimension sociale plus évidente. Ainsi le biais d’accentuation va être également mobilisé pour comprendre les biais de perception, selon qu’ils concernent notre propre groupe (endogroupe), ou un groupe auquel nous n’appartenons pas (exogroupe).
Biais d’accentuation
Contraste (dans le cas des différences entre groupes), et assimilation (dans le cas de la ressemblance entre éléments d’un même groupe). Le biais d’accentuation consiste à percevoir des éléments issus de groupes différents, comme étant beaucoup plus différents qu’ils ne le sont en réalité. Pour résumer : deux individus issus de deux groupes seront perçus comme beaucoup plus différents qu’en réalité (contraste), alors que deux individus d’un même groupe seront perçus comme étant beaucoup plus semblables qu’en réalité (assimilation). Les travaux sur le biais d’accentuation ont d’abord été menées dans le cadre de recherches en psychologie cognitive, et même si l’on y retrouve des auteurs ancrés dans la psychologie sociale (Tajfel et Wilkes, 1963), les objets sur lesquels était analysé ce biais d’accentuation n’avaient pas une connotation sociale très forte. Ainsi ,dans leur étude Tajfel et Wilkes (1963) demandaient aux participants de catégoriser des lignes de longueursdifférentes, selon plusieurs conditions expérimentales : lignes associées à des lettres, ou sans association de lettres. La valeur sociale des éléments perceptifs (lignes et lettres) est dans ce cas toute relative. Mais les apports théoriques de ces travaux vont permettre de développer des recherches mobilisant des éléments ayant une dimension sociale plus évidente. Ainsi le biais d’accentuation va être également mobilisé pour comprendre les biais de perception, selon qu’ils concernent notre propre groupe (endogroupe), ou un groupe auquel nous n’appartenons pas (exogroupe).
Bais de perception d’homogénéité endogroupe et d’hétérogénéité exogroupe
Lorsque l’on s’intéresse aux relations intergroupes, il est une évidence à ne pas négliger : l’individu qui est étudié fait nécessairement partie de l’un de ces groupes. Il appartient donc à un groupe, quand l’autre, ou les autres groupes, ne sont pas le ou les siens. On parle d’endogroupe (le groupe de l’individu) et d’exogroupe (l’autre groupe). De fait, la perception de son propre groupe, et des autres groupes, va nécessairement être déterminée par la nature des relations sociales que ces groupes entretiennent (concurrence, coopération, liens hiérarchiques, domination…). Le biais d’homogénéité exogroupe consiste à décrire les membres de l’exogroupe comme étant beaucoup plus semblables, ou identiques, qu’ils ne le sont en réalité. A l’inverse, le biais d’hétérogénéité endogroupe conduit à décrire les membres de l’endogroupe comme étant beaucoup plus différents les uns des autres qu’ils ne le sont en réalité. Les premières études à mettre en évidence ces biais ont été réalisées dans le prolongement des travaux de Tajfel et Wilkes (1963), dans le but de situer dans un environnement avec une dimension sociale plus forte, les effets d’assimilation et de contraste (Park et Rothbart, 1982 ; Ostrom et Sedikides, 1992). Mais une étape supplémentaire va être franchie lorsque les chercheurs vont constater que ces biais d’homogénéité et d’hétérogénéité sont d’autant plus marqués que les groupes en présence sont dans des rapports dissymétriques. Le chercheur qui a fourni la plus grande contribution à ce champ d’investigation est Lorenzi-Cioldi (1988, 2002). Ses travaux sur les groupes dominants vs groupes dominés sont déterminants.
Endofavoritisme
Au-delà des biais perceptifs liés aux relations intergroupes, il est possible de repérer des processus de discrimination découlant de l’appartenance groupale. Evoquer la discrimination active immédiatement dans nos esprits certains faits d’actualité : discrimination dans l’emploi, le logement, le salaire, basée sur des critères de sexe, de couleur de peau, d’âge, par exemple. Si ces cas de discrimination ont une base clairement ancrée dans les rapports sociaux dissymétriques, il est intéressant de noter que les premiers travaux ayant traité des processus engendrant la discrimination, l’endofavoritisme et l’exodéfavoritisme, ont utilisé des groupes n’ayant pas de préexistence à l’étude elle-même. C’est ce que l’on nomme le paradigme des groupes minimaux (PGM), que l’on associe généralement aux premiers travaux menés par Tajfel, Billig, Bundy et Flament (1979). Dans cette expérience, les participants étaient des élèves du secondaire, auxquels on avait, au préalable, fait réaliser une courte tâche de jugement de préférence de plusieurs tableaux abstraits de deux artistes, Klee et Kandinsky, mais sans leur donner cette information. Puis on informait chaque participant que ses réponses indiquaient qu’il préférait soit les tableaux de Klee ou de Kandinsky, et que par conséquent il appartenait à l’un ou l’autre des deux groupes d’élèves identifiés selon leurs préférences. Cependant, les noms des autres élèves composant les deux groupes n’étaient pas révélés. Puis l’expérience se poursuivait par une tâche de rétribution : à l’aide de plusieurs matrices (ou modèles de combinaisons de récompenses), les participants devaient décider des rémunérations que recevraient deux de leurs camarades. Ces camarades peuvent appartenir au même groupe ou aux deux groupes. Les participants ne savent pas à quels camarades précisément iront les récompenses : ils connaissent uniquement le groupe et le numéro de code de chacun des camarades qu’ils doivent récompenser. Les participants ne se rémunèrent jamais eux-mêmes.
Cette tâche est restée célèbre sous le nom de “matrice de Tajfel”. En voici un exemple.
Pour chaque matrice, les participants sont informés du groupe auquel appartient le sujet qui recevra l’une des valeurs de la ligne du haut, et le groupe de celui qui recevra l’une des valeurs du bas. Il est demandé aux participants de choisir une seule colonne pour rémunérer les deux camarades.
Prenons un exemple : il est indiqué que la ligne du haut correspond aux récompenses potentielles pour un camarade du même groupe que le participant, et que la ligne du bas concerne ce que va recevoir un camarade de l’autre groupe. On remarquera qu’une seule colonne correspond à une récompense identique (17/17). A droite du tableau, les récompenses pour son propre groupe (ligne du haut) sont plus importantes qu’à gauche, mais on voit aussi que les récompenses de l’autre groupe (ligne du bas) dépassent celles qui reviendront à son propre groupe (par ex. 23/29). A gauche du tableau c’est l’inverse : les récompenses allant à son propre groupe sont toujours plus élevées que celles de l’autre groupe.
Les participants ont dans ce cas le choix entre deux stratégies : soit donner beaucoup à un camarade de leur propre groupe (partie droite) mais simultanément donner encore plus à un membre de l’exogroupe, soit donner moins au camarade de son propre groupe (partie gauche), mais simultanément donner encore moins au membre de l’exogroupe.
Les résultats obtenus dans cette configuration par Tajfel, indiquent que c’est la plupart du temps la deuxième stratégie qui est retenue. Autrement dit, plus que le gain absolu, les participants sont attachés à ce que les membres de leur groupe (endogroupe) reçoivent plus que ceux de l’exogroupe, même si cela implique de renoncer à une récompense dans l’absolu plus élevée.
Comment interpréter théoriquement ces résultats ? Tajfel s’appuie sur le concept d’identité sociale. Selon lui, l’individu tend à rechercher une identité sociale positive, ce qui sous-entend que son propre groupe soit valorisé. Dans la majorité des situations, la valorisation de son propre groupe passe par la comparaison sociale avec d’autres groupes. Ainsi, dans l’expérience, les participants tendaient à maximiser le résultat de cette comparaison sociale, en choisissant la solution qui accentuait la différence au profit de l’endogroupe.