Sénat - Éco Études Flashcards
Étude empirique mettant en évidence un effet pro-concurrentiel de l’euro, qui a abouti à une convergence des prix du commerce intra-zone de biens et services :
Avant la mise en place de la monnaie unique, les prix dans la zone euro étaient de 15 % plus élevés que dans le reste de l’Union européenne ; après 1999, l’écart passe à 8,1 %.
⚠️ Néanmoins, cet effet est beaucoup moins important qu’aux États-Unis.
Martin et Méjean, 2010
Mise en évidence d’une relation linéaire empirique entre le taux de croissance (du PIB) et la variation du taux de chômage.
En dessous d’un certain seuil de croissance, le chômage augmente ; au-dessus de ce seuil, il diminue, à élasticité constante.
Okun (Loi d’), 1962
De 2002 à 2016, plus de cinquante réformes de l’emploi ont été votées par le Parlement en France, soit une par trimestre.
Cette instabilité, paradoxalement accompagnée d’une grande stabilité de l’indicateur de protection de l’emploi, a nui à la crédibilité et à l’efficacité des mesures prises.
Bruno Coquet, 2016
Modèle indiquant que l’augmentation exogène de la finance peut affecter négativement la productivité globale des facteurs, et donc la croissance.
Elle bénéficie disproportionnellement à des projets qui exigent des garanties élevées et dont la productivité est faible.
Ainsi, une mauvaise répartition des talents vers un secteur financier excessivement important pourrait avoir un effet négatif sur la croissance économique.
Cecchetti et Kharroubi, 2015
Modèle d’offre d’exportations et de demande d’importations qui incorpore le risque de change et qui analyse son impact sur les prix et les quantités d’équilibre des biens échangés sur le marché.
La seule variable inconnue des producteurs et de leurs fournisseurs et clients est le taux de change.
Le modèle prédit que la volatilité du taux de change aura un impact négatif sur le volume des échanges, mais pas sur le prix d’équilibre, qui dépend du degré relatif d’aversion au risque des acteurs.
Hooper et Kohlhagen, 1978
⚠️ De Grauwe (1988) critique la fonction d’utilité retenue, selon laquelle les producteurs sont absolument averses au risque.
Les excédents primaires sont plus faciles à atteindre qu’à maintenir sur une longue période.
Sur une période de 50 ans, seuls 11 pays sur 87 ont enregistré des excédent primaires de plus de 2,5 % du PIB sur cinq ans ou plus.
Zeng, 2014, “Determinants of the Primary Fiscal Balance”
Modèle étudiant la relation entre croissance et taux de change :
1° La volatilité du taux de change a un impact négatif sur la croissance ;
2° Plus un pays est financièrement développé, plus il a intérêt à adopter un taux de change flexible ;
3° Un pays dont le secteur du crédit privé n’est pas assez développé sera plus sensible aux chocs de changes et devrait donc préférer un régime de change fixe.
Aghion et al., 2009
La transition démographique est en cours en Afrique subsaharienne depuis quelques décennies.
Il a déjà été mis en évidence (Barro, 1991 ; Mankiw, Romer et Weil, 1992) que la baisse de la fertilité qui accompagne les dernières étapes de la transition démographique introduit la possibilité d’un dividende démographique et une fenêtre d’opportunité pour la croissance économique :
- augmentation du revenu ;
- augmentation de la participation des femmes au travail ;
- amélioration de l’investissement dans la santé et l’éducation des enfants, ce qui augmente leur productivité ultérieure sur le marché du travail ;
- la modification de la structure de la population par classes d’âge peut affecter le taux d’épargne national et l’investissement ;
- il peut y avoir une rétroaction positive lorsque la croissance économique contribue en retour à la baisse de la fertilité et d’autres bénéfices économiques.
Karra, Canning et Wilde, 2021
I. À travers la notion, désormais largement popularisée, de « double dividende », la théorie économique postule que la fiscalité environnementale peut procurer simultanément deux avantages à la collectivité :
1° le premier « dividende » réside dans la réduction de la pollution et des dommages qui en découlent, et est permis par le caractère incitatif de la fiscalité (« l’effet incitatif du signal-prix sur les comportements ») ;
2° le second « dividende » s’attache à l’usage des recettes procurées par cette fiscalité. Il s’agit du gain collectif, disjoint du bénéfice environnemental, et permis par une utilisation pertinente des recettes budgétaires générées par la taxe (ou, le cas échéant, par les enchères).
II. Bien qu’une fiscalité écologique ait vocation à réduire son assiette en dissuadant les comportements nuisibles à l’environnement, ses recettes ne sont jamais nulles.
Crassous, Quirion, Ghersi et Combet, « Taxe carbone - Recyclage des recettes et double dividende », Conseil économique pour le développement durable (CEDD) – 2009
Il est préférable de taxer là où offre et demande sont peu sensibles aux prix. En effet, la hausse marginale de l’impôt conduit à des effets de substitution, notamment sous la forme de dépenses. Il faut donc privilégier des agents dont l’activité est moins sensible aux prix.
En d’autres termes, le taux d’imposition sur chaque marché doit être inversement proportionnel aux élasticités-prix compensées de l’offre et de la demande.
⚠️ Cet article a été critiqué car son raisonnement conduit à des situations jugées inéquitables, voire à taxer les plus pauvres en faveur des plus riches : à imposer les produits de première nécessité plutôt que les produits de luxe, le travail plutôt que le capital, les dépenses de santé plutôt que celles de loisirs, etc.
Ramsey (règle de), 1927
Pour les pays de la zone euro, libeller les exportations en euro tend à réduire le degré de tarification au marché :
- une hausse de 10 points de pourcentage de la part de l’euro comme monnaie de facturation des importations en provenance des pays hors zone euro ;
- réduit le poids des répercussions de taux de change sur les prix à l’importation de près de 7 points de pourcentage.
Gräb et Lafarguette, 2015
I. Le modèle de Solow et Swan fournit un cadre théorique cohérent avec la comptabilité de la croissance mais n’est pas réaliste :
Il sous-estime les effets positifs de l’accumulation du capital sur l’accroissement de la population et oublie un facteur de production accumulable, le capital humain.
II. Les dépenses d’éducation doivent donc être traitées comme un investissement et non comme une consommation.
⚠️ Le nouveau modèle proposé est encore imparfait : la croissance à l’équilibre stationnaire ne dépend toujours que de facteurs exogènes, la démographie et le progrès technique.
Mankiw, Romer et Weil, 1992
I. A. De 1998 à 2005, la croissance allemande stagne à 1,2 % annuel, avec une récession en 2003. Le chômage atteint 11,1 % en 2005.
B. Dans les années qui suivirent, le chômage baissa, n’augmentant presque pas durant la Grande récession. En 2011, la balance commerciale de l’Allemagne atteignait 1 758 Md$.
II. A. L’effet des réformes Hartz est surestimé.
B. Ce sont plutôt les institutions du marché du travail allemand et la réaction endogène du système de négociation collective, d’une grande rapidité et flexibilité face à la crise, qu’il faut créditer du mérite d’avoir favorisé le redressement allemand.
Dustmann et al., 2014
Neuf propositions de ressources propres pour réformer le financement de l’UE sans augmenter les contributions des États membres, parmi lesquelles :
- Le remplacement des contributions fondée sur le PIB par une taxe carbone commune ;
- Un IS commun ;
- Une TVA réformée commune ;
- Une taxe sur le secteur financier.
Rapport Monti, 2017
Les crises de change de troisième génération qui sont survenues à partir de juillet 1997, d’abord en Thaïlande, puis dans d’autres économies d’Asie orientale, ainsi qu’au Brésil et en Russie, ont reposé sur le secteur financier :
1° Ces pays avaient en commun de s’être endettés en dollars, souvent à court terme ;
2° Par conséquent, une dévaluation de la monnaie avait pour effet d’alourdir la charge de la dette libellée en monnaie étrangère ou de stopper net les entrées de capitaux.
Corsetti, 1998
I. Une voiture Honda est faite de 20 à 30 000 éléments produits par des centaines d’entreprises différentes.
L’idée révolutionnaire d’Henry Ford, dont le rêve d’autosuffisance totale dans la production automobile fut réalisé dans son usine située au confluent des fleuves Rouge et Detroit (États-Unis), s’est révélée être à contre-courant de l’histoire de l’économie.
Les décennies passant, l’idée d’intégrer verticalement toutes les étapes de la production s’est montrée inadaptée aux objectifs des entreprises transnationales (ETNs).
II. Les gains de productivité sont devenus de plus en plus dépendants de la division internationale du travail entre entreprises, qui vendent des inputs intermédiaires à d’autres entreprises, générant un réseau complexe de relations commerciales.
Bartelme et Gorodnichenko, 2015
Mécanisme des flux d’espèces et de prix.
A. Si les banques d’un pays X mènent une politique monétaire inflationniste (augmentation du crédit et de la monnaie en circulation), les prix des biens produits dans le pays X et les revenus nominaux vont augmenter :
- Les importations vont devenir moins chères ;
- Les biens produits en X vont devenir plus chers à l’exportation.
→ La balance commerciale se détériore : davantage d’or/monnaie étrangère sort du pays, moins d’or/monnaie étrangère rentre, la possibilité d’offrir du crédit diminue, ainsi que l’offre de monnaie, l’équilibre initial de change se rétablit.
B. A l’inverse, un pays dont la compétitivité-prix* augmente :
- Voit augmenter son solde extérieur courant ;
- Accumule des réserves en or/monnaie étrangère ;
- Voit une hausse de la demande, et donc du niveau général des prix.
→ le taux de change réel s’apprécie.
* Compétitivité-prix : capacité à produire des biens et des services à des prix inférieurs à ceux des concurrents pour une qualité équivalente
Hume, 1752, Of money
I. Lors de la crise asiatique de 1997, les sorties nettes de capitaux :
- provenant des cinq pays les plus touchés, en l’occurrence la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et la Corée ;
- ont dépassé en quelques mois les 100 milliards de dollars, soit environ 10 % de leur PIB agrégé.
II. Deux théories s’opposent habituellement sur les causes de cette crise :
1° Les déséquilibres structurels et la faiblesse des politiques macroéconomiques ;
2° Les modifications arbitraires des anticipations du marché.
III. Seule une synthèse de ces deux positions peut expliquer la complexité de la crise. Celle-ci résulte de l’interaction entre une faiblesse structurelle et des marchés internationaux de capitaux volatiles : une supervision insuffisante des secteurs de la banque et de la finance et la transmission rapide de la crise entre des pays liés par le commerce et le crédit à court terme.
IV. Le rôle joué dans la crise conduit à reposer la question de la vitesse optimale du développement financier, étant préférable de développer les outils de supervision financière et bancaire avant de s’ouvrir au commerce extérieur.
Pesenti et Tille, 2000
Des emplois stables, via notamment des restrictions au licenciement :
- s’ils réduisent la capacité des entreprises à ajuster leur productivité par la modification de leurs effectifs, favorisent l’acquisition de capital humain spécifique ;
- Pour les entreprises innovantes, élèvent le coût anticipé de l’échec.
→ Les restrictions à l’emploi incitent à l’innovation au sein des entreprises existantes, plutôt que par des mécanismes schumpétériens de « destruction créatrice ».
Scarpetta et Tressel, 2004
I. Proposition d’un modèle théorique avec des citoyens inégalement dotés en capital et où l’imposition finance l’investissement public et la redistribution.
II. Plus les inégalités augmentent, plus le taux d’imposition augmente également et plus la croissance se réduit. Ceci ne vaut seulement que pour des niveaux élevés d’imposition : l’imposition et les dépenses publiques qui sont associées à des niveaux plus faible d’inégalités augmentent la croissance.
En effet, plus la répartition primaire des revenus est inégalitaire, plus l’électeur médian vote en faveur d’une fiscalité redistributive, jusqu’au point où le taux de prélèvement sur les revenus élevés, qui redistribue la rente vers le facteur travail et la consommation des plus pauvres, devient un frein à l’accumulation de capital et donc à la croissance.
Alesina et Rodrik, 1994
La réforme « Fornero » de 2011 en Italie a relevé l’âge de retraite des travailleurs sans transition.
Les entreprises les plus touchées par cette mesure ont réduit l’embauche de jeunes, ce qui montre qu’il y a des effets de court terme des mesures de report de l’âge à la retraite. Sur 150 000 emplois perdus chez les 18-24 ans dans les années qui ont suivi la grande récession, 36 000 sont attribuables à cette réforme.
Boeri, Garibaldi et Moen, 2016
I. A. L’Union économique et monétaire a amélioré l’absorption transfrontalière des chocs au travers du partage privé du risque, même après la crise dans le secteur financier.
B. La comparaison de cette capacité d’absorption avec celle des États-Unis montre qu’en Europe, la part non lissée d’un choc asymétrique reste très élevée.
II. A. Cela s’explique d’abord par des marchés de capitaux et du travail transfrontaliers beaucoup moins développés.
B. Par conséquent, améliorer le partage privé du risque dans les États membres de la zone euro, particulièrement au travers des marchés de capitaux, demeure une politique prioritaire.
Nikolov, 2016
Notion de liquidité interne :
1° La liquidité interne est la capacité du système financier à mobiliser et à redistribuer les revenus présents et futurs engendrés dans l’économie ;
Par exemple, le marché peut répartir les bénéfices futurs des entreprises, en émettant des obligations et des actions ;
2° Face à un choc de liquidité global, la liquidité interne n’est pas suffisante et l’économie a besoin de liquidité externe que seul un acteur public peut fournir : le gouvernement, la banque centrale ou une institution comme le Fonds monétaire international.
Tirole et Holmström, 1998
Concept de Niru (noninflationary rate of unemployment) revisité en Nairu (Non accelerating inflation rate of unemployment)
I. Il s’agit du « taux de chômage d’équilibre vers lequel le chômage converge, en l’absence de chocs d’offre temporaires, une fois que le processus d’ajustement dynamique de l’inflation est achevé » (OCDE).
II. Il permet deux mesurer deux éléments :
1° Le chômage structurel, qui est à peu près égal au Nairu ;
2° L’écart entre le taux de chômage effectif et le Nairu, qui donne une indication sur les futures évolutions du taux de chômage.
Modigliani et Papademos, 1975
James Tobin
1° Plan d’action pour les services financiers élaboré par la Commission, pour l’intégration des services financiers.
Il visait à remédier à la très grande fragmentation de la gestion d’actifs, de la banque de détail, du capital-risque et du financement des PME.
⚠️ D’après (2°), « Des évolutions favorables en matière d’intégration financière ont été observées ces dernières années, notamment en ce qui concerne les relations de paiement de montant élevé, les taux spécifiques du marché des prises en pension garanties et, très progressivement, les volumes de prêts bancaires aux particuliers, mais elles ne se sont généralement pas manifestées sur les marchés boursiers. »
1° Livre blanc de la Commission européenne, 2005, « Politique des services financiers 2005-2010 » ;
2° BCE (2020).
Théorie néoclassique de la répartition
« en concurrence parfaite, les facteurs de production sont rémunérés à leur productivité marginale »
John Bates Clark, 1899
I. Dans un modèle sous hypothèse de plein-emploi :
Les plus aisés ayant une proportion à l’épargne plus importante, un accroissement des inégalités et de la part dans le revenu national des plus aisés augmente, toutes choses égales par ailleurs, l’épargne et par conséquent l’investissement et la croissance.
Les riches épargnent en effet plus que les pauvres : l’accroissement des inégalités se révèle alors favorable au taux de croissance, à condition que la richesse accumulée par la fraction la plus riche de la population soit investie dans les industries qui dégagent les gains de productivité (« théorie du ruissellement » de la richesse sur l’ensemble de l’économie).
En d’autres termes, il faut :
1° que l’augmentation du revenu des plus aisés ne s’accompagne pas d’une baisse équivalente de leur épargne ;
2° que l’augmentation d’épargne se traduise par une augmentation de l’investissement productif ;
3° et que l’augmentation de l’investissement se traduise par une augmentation de la croissance (et non pas seulement par une croissance plus capitalistique).
Kaldor, 1957
Les inégalités de salaires, qui proviennent d’inégalités dans les rendements de l’éducation, encouragent l’offre de compétences, et même si ce n’est pas désirable en soi, cela peut augmenter le niveau de vie pour tout le monde.
Deaton, 2013
I. Revue du débat économique qui s’est tenu dans les années 1990 sur la croissance asiatique.
II. Les articles de Young (1992) et Krugman (1994) ont été critiqués par d’autres économistes qui ont mis en évidence un taux de croissance plus élevé de la productivité globale des facteurs à Singapour.
Iwata, Khan et Murano, 2003
I. La littérature économique n’a pas été capable d’arrêter une position claire sur la réalité de l’effet Rose, notamment au sein de la zone euro. Ses effets sur le commerce ont été considérés, selon les études, comme allant de nuls à plutôt positifs.
II. Ces résultats non concluants s’expliquent d’abord parce que la recherche n’a pas su écarter les biais endogènes impliqués par la participation à une union monétaire (liens historiques et institutionnels par exemple).
III. Une union monétaire, en diminuant les frais de transaction, sera d’autant plus efficace que le commerce y est déjà développé notamment via des accords de libre-échange. Il y a ici renversement de causalité.
⚠️ Les variables à étudier font donc ici défaut.
Head et Mayer, 2014
En étudiant les probabilités de transition entre quatre statuts – emploi formel, emploi informel, chômage et inactivité – dans les pays émergents, il est mis en évidence que les personnes employées dans le secteur informel tendent à y rester et que lorsqu’elles en sortent, c’est pour entrer dans le chômage ou l’inactivité.
L’emploi informel n’est pas du tout une porte d’entrée vers l’emploi formel.
OCDE, Perspectives de l’emploi 2015
L’analyse de la dynamique des revenus régionaux en Europe met en évidence le fait que la convergence d’une région donnée dépend fortement du niveau de développement de ses voisines, conduisant à de véritables « clubs de convergence ».
Le Gallo et Dall’erba, 2006
I. Observation de la forte hétérogénéité des trajectoires de croissance forte dans certains pays en développement.
Pourquoi certains pays se développent et atteignent des taux élevés et durables de croissance (7 % en moyenne par an pendant au moins 25 ans depuis), alors que d’autres n’y arrivent pas ?
II. 13 pays remplissent ce critère des 7 %, mais se présentent comme très hétérogènes :
- démocratiques et pluralistes comme le Japon ou la Corée du Sud, à parti unique comme la Chine ;
- ayant opté pour des politiques d’exportation et d’attrait des IDE (Singapour, Hong Kong, la Malaisie), de substitution des importations par des productions (Brésil), d’investissement (Japon).
→ Le lien entre institutions et croissance est complexe et non-linéaire.
Commission sur la croissance et le développement, Rapport Spence, 2008
Proposition d’une régulation par le marché de l’offre de monnaie.
L’auteur s’appuie sur les expériences de free banking en Ecosse au XVIIIe siècle et aux Etats-Unis de 1836 à 1866.
Hayek, 1976, Denationalization of Money - The argument refined
À partir d’un panel de 155 pays sur la période 1970-2000, confirmation qu’avoir simultanément un ancrage monétaire* et une parfaite mobilité des capitaux limite considérablement la marge de manœuvre de la politique monétaire.
Ce résultat est robuste :
- Quels que soient le groupe de pays et la période retenus ;
- Et quelles que soient la classification des régimes de change et les variables de contrôle utilisées.
* Un ancrage monétaire (en anglais « peg ») consiste, pour une Banque centrale, à instaurer un lien fixe entre la monnaie nationale et une devise étrangère ou un panier de devises étrangères, avec une possibilité de fluctuations très limitée par rapport à un cours central. La fixité des taux de change cherche généralement à recrédibiliser une monnaie nationale auprès des investisseurs, à limiter l’inflation et à tempérer les taux d’intérêt.
Shambaugh, 2004
Description du cycle du crédit :
baisse du prix des actifs
↓
baisse de la valeur du collatéral
↓
baisse de l’offre de crédit
↓
baisse des investissements et du PIB
↓
baisse des profits attendus
↓
baisse du prix des actifs
Kiyotaki et Moore (modèle de), 1997
Synthèse de plusieurs études sur le rapport entre salaire minimum et demande de travail :
1° Les résultats trouvés par Card et Krueger (1994) peuvent être nuancés : ils peuvent varier en fonction du groupe de contrôle (en l’espèce, leur étude portait sur les fast-foods) ;
2° Confirmation des résultats de l’étude de Kramarz et Philippon (2000) : en France, une augmentation de 1 % du salaire minimum diminue la probabilité de conserver son emploi de 1,3 % pour les hommes, et de 1 % pour les femmes.
Cahuc et Carcillo, 2014
I. Les caractéristiques du marché du travail évoluent lentement, alors que les taux de chômage ont connu des variations spectaculaires sur les décennies 1950 à 2000.
II. Interprétation proposée de cette contradiction apparente :
1° Il existe des explications qui reposent sur l’effet des chocs sur le taux de chômage naturel ;
2° D’autres explications reposent sur les caractéristiques propres des institutions du marché du travail, qui influeraient sur le taux de chômage naturel ;
3° Les auteurs avancent que une explication reposant sur l’interaction entre chocs et institutions.
Ainsi, les institutions du marché du travail influencent la vitesse à laquelle chaque économie s’adapte à des chocs tels que les chocs pétroliers dans les années 1970 ou la hausse des taux d’intérêt réels dans les années 1980.
Ainsi, les économies qui se portaient bien dans les années 1960 se sont révélées mal armées pour absorber les chocs macro-économiques des années 1970 et 1980, puis les chocs structurels liés à la mondialisation des années 1990 et 2000.
Blanchard et Wolfers, 2000
I. Le rôle de prêteur en dernier ressort est défini comme celui de la banque centrale ou du gouvernement qui apporte une assistance aux intermédiaires financiers sous la forme de prêts d’urgence, de garanties, ou d’acquisitions d’actifs pour procurer les liquidités ou la santé financière requises pour mettre un terme aux paniques bancaires fondées sur des retraits de dépôts à court terme.
II. A. Le statut de prêteur en dernier ressort revêt la caractéristique d’un pouvoir politique, il doit donc résulter d’une négociation politique.
Or, le principe de Bagehot demeure une référence pour les banquiers centraux : c’est le sort du système financier qui prévaut, et non celui des banques considérées individuellement.
B. En passant empiriquement en revue les statuts de nombreuses banques centrales depuis les années 1960, les auteurs ne peuvent établir aucun lien entre leurs pouvoirs et des facteurs observables tels que le PIB/habitant, le régime politique ou le ratio endettement privé/PIB.
→ Ils semblent donc bien plutôt refléter une idiosyncrasie politique.
Calomiris, Flandreau et Laeven, 2016
Sur le marché du travail, les employeurs peuvent avoir du mal à voir quels sont les meilleurs candidats à l’embauche.
Les meilleurs travailleurs peuvent signaler leurs talents aux entreprises en obtenant des diplômes universitaires. Le diplôme n’a pas de valeur intrinsèque.
Toutefois, cela ne fonctionne que si le signal est crédible : si les travailleurs à faible productivité obtiennent facilement un diplôme, alors ils peuvent se prétendre efficaces.
Michael Spence, “Job Market Signalling“, 1973
I. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont profondément modifié les habitudes de travail et les interactions entre les individus. Elles ont fait évoluer les pratiques des entreprises et de l’administration.
II. L’importance accordée à l’innovation est remise en question : comparée au progrès technologique (notamment le développement des semi-conducteurs dans la puissance de calcul informatique), elle n’a joué en fait qu’un rôle relativement modeste, qui ne justifie pas sa place centrale dans les théories modernes de la croissance économique.
III. Les politiques économiques devraient donc mettre l’accent sur la remise en cause de leurs modèles pour tenir compte du progrès technologique.
Jorgenson et Vu, 2016
I. Le taux d’entrée et de sortie (turnover) sur le marché des entreprises aux États-Unis et en Europe sont similaires. Il est plus facile pour des petites entreprises de s’insérer sur un marché, mais la plupart des entreprises en sortent avant d’avoir atteint un niveau de production rentable.
II. Dans les économies développées, un tiers des gains de productivité du travail proviennent du processus de création et destruction, les deux tiers restants se faisant à l’intérieur des entreprises existantes.
III. Les anciennes entreprises contribuent aux gains de productivité en investissant et en substituant du capital au travail, les nouvelles plutôt en augmentant la PGF.
IV. Aux États-Unis, les entreprises naissent petites, mais celles qui survivent font plus que doubler leur effectif en deux ans, tandis qu’en Europe, elles croissent de 10 à 20 % seulement.
Bartelsman, Scarpetta et Schivardi, 2003
I. Selon cette méta-analyse, une hausse du salaire minimum n’a pratiquement aucun effet perceptible sur l’emploi.
Passage en revue de 1500 études, dont la presque totalité concluent que l’effet d’une hausse du salaire minimum n’a presque pas d’effet sur l’emploi, les résultats se retrouvant dans une écrasante majorité autour d’une élasticité avoisinant zéro, avec un effet très légèrement négatif toutefois.
Ce résultat s’explique parce que le choc que représente une augmentation du salaire minimum ne représente qu’une part modeste de l’ensemble de leurs coûts. L’étude classique se focalise sur l’effet négatif de cette augmentation sur les revenus de l’employeur, mais ce dernier peut recourir à d’autres canaux d’ajustement.
II. Les hausses du salaire minimum ont en revanche un effet positif sensible sur le turnover des salariés, qui représente un autre coût pour les employeurs, en rendant plus facile le recrutement de nouveaux employés, en incitant ceux en poste à rester ou à augmenter leur productivité.
John Schmitt, 2013
Mandaté par le Conseil de stabilité financière pour évaluer les conséquences macroéconomiques de Bâle III, qui renforçait les exigences en capital des banques.
Il conclut à ce que Bâle III entraînerait une hausse modeste des taux de prêts et un faible repli de leur volume, si bien que la croissance du PIB serait plus faible de 0,03 point par année pendant plusieurs années (35 quarters), puis contrebalancé par une hausse équivalente du PIB durant plusieurs années.
⚠️ À l’époque, « guerre des chiffres » entre les régulateurs et le lobby bancaire qui publie des prévisions beaucoup plus pessimistes (exemple : ?). Les scénarios contrefactuels ne sont évidemment pas connus.
Macroeconomic Assessment Group, 2010
Fédération française des banques en 2010
Il vaut mieux ne pas coordonner de bonnes politiques que coordonner de mauvaises politiques :
- La coordination peut se limiter à la stabilisation des taux de change alors que l’équilibre économique mondial nécessiterait plutôt des modifications de parité ;
- Les problèmes de coordinations peuvent constituer des alibis permettant aux gouvernements de rejeter leurs mauvais résultats sur leurs partenaires : comment, par exemple, demander à Bonn ou Tokyo de prendre des décisions permettant de réduire le déficit américain ?
- Des obstacles constitutionnels peuvent s’opposer à la possibilité de participer à des accords de coopération.
Martin Feldstein, 1988
I. Alors qu’une grande incertitude demeurait sur l’incidence de l’informatique sur la productivité depuis les années 1980, il faudra attendre 1995 pour que des gains apparaissent, plus de quarante ans après la première commercialisation d’un ordinateur (UNIVAC en 1951).
II. Entre 1995 et 2000 (avant le krach boursier de 2001-2002) :
- les investissements dans les TIC ont contribué à 37 % de la croissance de la productivité du travail aux Etats-Unis ;
- les industries TIC ont contribué à 58 % de la croissance de la PGF.
Jorgenson, Ho et Stiroh, 2008
📚 Étude empirique fondée sur des hypothèses de concurrence parfaite, avec une approche néoclassique de recherche de la perte de bien-être et des estimations en équilibre partiel.
A. En 1990, les droits de douane sur les importations de jus d’orange étaient de 20 % en équivalent ad valorem.
Les auteurs calculent une perte sociale pour les consommateurs américains de 70 millions de dollars, soit 13 % de la consommation de jus d’orange.
B. Les coûts nets en bien-être pour préserver les emplois aux États-Unis par des politiques commerciales protectionnistes sont extrêmement élevés :
- Ils sont estimés en moyenne à 54 000 dollars par emploi protégé, ce qui est bien supérieur au coût moyen d’un travailleur ;
- En ce qui concerne le coût aux consommateurs seulement, le prix moyen par emploi protégé est estimé au coût exorbitant de 170 000 dollars.
Hufbauer et Elliott, 1994
I. Modèle de croissance développé en 1987 puis amélioré en tenant compte des critiques. Il repose sur quatre idées inspirées de Schumpeter :
1° La croissance de long-terme résulte de l’innovation. Sans innovation, l’économie est stationnaire. L’économie stationnaire prévaut avant le capitalisme et fonctionne à l’image d’une boucle fermée se reproduisant à l’identique ;
2° L’innovation ne tombe pas du ciel et est un processus éminemment social. Elle résulte en effet de décisions d’investissement de la part des entrepreneurs. Contrairement aux classiques et à la vision marxiste, l’entrepreneur de Schumpeter ne se rattache à aucun groupe social particulier. Il est celui qui innove (Schumpeter distingue les inventeurs et les entrepreneurs qui innovent). Il répond aux incitations positives ou négatives données par les institutions et les politiques publiques : ainsi, un pays qui connaît l’hyperinflation ou une protection des droits de propriété insuffisante découragera l’innovation ;
3° Le concept de destruction créatrice : les nouvelles innovations rendent les innovations antérieures obsolètes ;
4° La croissance de la productivité peut être engendrée soit par l’innovation « à la frontière » soit par l’imitation de technologies plus avancées. Plus un pays se développe (c’est-à-dire se rapproche de la frontière technologique), plus c’est l’innovation qui devient le moteur de la croissance et prend le relais de l’accumulation du capital et du rattrapage technologique (de l’imitation).
II. A. Le taux de croissance de la production dépend :
- de la probabilité qu’une innovation découle de la recherche ;
- de la taille de cette innovation ;
- de la taille de l’économie (l’innovation rapporte davantage sur un grand marché) ;
- de la part des profits dans la valeur ajoutée : une part élevée incite à l’innovation, car la rente correspondante est importante.
B. → L’effort d’innovation est moindre quand :
- l’innovation est facilement réplicable (absence de système de brevets) ;
- la concurrence est forte sur le marché des biens (la rente d’innovation diminue).
Aghion et Howitt (Modèle de), 1992
Dès lors que les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distribution de revenus financée par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à épargner, en prévision de hausses d’impôts futures.
L’effet des dépenses publiques sur l’économie est totalement indépendant de la nature que prend le financement des dépenses, entre un impôt, l’emprunt ou la création monétaire. Dans ces conditions, la relance est sans effet sur la demande.
→ il s’agit dans tous les cas d’un impôt, au mieux différé.
- Si l’imposition pour financer la politique de relance est immédiate, les agents doivent y consacrer une partie de leurs revenus ;
- Si la politique de relance est financée par la dette publique, elle pousse les agents à épargner, en prévision de hausses d’impôts futures ;
- Une politique de relance financée par la création monétaire pousse également les agents à épargner, en prévision de l’érosion future de la monnaie.
Barro (Effet Ricardo-Barro), 1974
I. Les déterminants principaux d’une monnaie internationale sont :
1° L’inertie : la formation d’habitudes, des coûts irrécupérables, des rendements croissants liés aux réseaux ou un manque de solutions alternatives crédibles. Il explique le décalage de 70 ans entre le moment où les États-Unis sont devenus la première économie mondiale et où le dollar a détrôné la livre sterling ;
2° Le poids économique : les monnaies des économies les plus grandes en termes de production et d’échanges internationaux, dont les marchés financiers sont les plus profonds et les plus liquides, tendent à être utilisées internationalement. L’incitation, pour un agent économique, à accepter la monnaie émise par un pays donné dépend de la fréquence de ses échanges commerciaux avec les résidents de ce pays ;
3° La crédibilité : les monnaies stables, d’un point de vue domestique et extérieur, sont attrayantes pour les non-résidents comme réserves de valeur.
II. Un système monétaire multipolaire serait sans doute souhaitable.
A. Le risque parfois avancé d’instabilité d’un système monétaire multipolaire, par des retraits massifs d’agents craignants pour la valeur future de leurs avoirs, serait limité :
- par le degré de substituabilité entre les monnaies de réserve ;
- par les politiques des gestionnaires de réserves officielles, dotés d’une vision de long terme et plus enclins à la recherche de la stabilité ;
- comme l’ont montré la crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraines, même lorsque des pays émetteurs de réserves doivent faire face à des chocs de grande ampleur, la capacité de rééquilibrage des portefeuilles de réserves peut rester limitée.
B. Il y a des avantages à la multipolarité :
- elle contribuerait à résorber d’éventuelles pénuries d’actifs sûrs dans la mesure où l’offre de ces actifs pourrait être plus élastique pour répondre aux besoins croissants de l’économie mondiale et à la demande des économies de marché émergentes ;
- elle serait un facteur de discipline plus important pour les politiques des émetteurs de monnaie de réserve, qui devraient s’employer à résoudre rapidement toute détérioration de leurs fondamentaux face aux pressions découlant de l’existence de concurrents.
III. L’évolution vers la multipolarité est de toute façon probable, compte tenu des développements de l’euro et du renminbi.
Cœuré, 2015, Le rôle international de l’euro: théorie, pratique, et perspectives
I. Selon le premier auteur, la différence de PIB par habitant entre les États-Unis et l’Europe ne reflète pas une performance économique insuffisante de la zone euro.
Les productivités seraient comparables, mais la différence de PIB s’expliquerait une « préférence pour le loisir » des Européens :
Tandis que les Américains auraient choisi d’allouer leurs gains de productivité à leurs revenus, les Européens les auraient alloué à leurs loisirs, en choisissant de travailler moins longtemps.
⚠️ Cette analyse est contestée par le troisième auteur, appelé à commenter les deux autres :
La productivité européenne peut être surestimée parce qu’une partie importante des personnes faiblement qualifiées, à faible productivité, est exclue du marché du travail.
II. Pour le second auteur, malgré l’existence d’un processus d’intégration économique très avancé et unique au monde, l’Europe demeure encore une collection d’exceptions nationales qui empêchent toute généralisation excessive. À l’idée d’une Europe au marché du travail uniformément rigide, il oppose l’extrême flexibilité du marché britannique ; à celle d’un choix à faire entre protection sociale et compétitivité, il oppose l’ensemble de l’Europe du Nord. Pour lui, l’avancée de l’intégration européenne ne résoudra pas mécaniquement les problèmes de chaque État en l’absence d’arbitrages nationaux.
⚠️ Pour le troisième auteur, le fond de l’affaire réside dans l’absence de choix fait entre deux modèles : celui d’une souveraineté collective appuyée par des moyens incitatifs (budget européen), celui d’un modèle concurrentiel où les plus dynamiques tireraient les autres vers le haut.
Blanchard et Wyplosz, Deux thèses hétérodoxes sur l’économie européenne,
Pisani-Ferry, Contrepoint (même publication)
2004
Une assurance chômage généreuse et plus longue est plus susceptible de favoriser une période de travail plus longue, y compris si son effet direct est d’accroître la durée au chômage. Cette étude valide empiriquement la thèse selon laquelle une plus grande durée au chômage permet un appariement de meilleure qualité sur le marché du travail.
Alors que la plupart des études sur le rapport entre assurance chômage et emploi se concentrent sur ses effets directs, cette étude empirique étudiant un panel de ménages dans huit pays de l’Union européenne se concentre sur l’un de ses effets indirects, la durée d’emploi après une période de chômage, en raison d’un meilleur appariement. La période minimale envisagée est de six mois.
Tatsiramos, 2006, “Unemployment Duration and Subsequent Employment Stability”
A partir de calculs de FEERs, le dollar US apparaît légèrement surévalué compte tenu du déficit courant ajusté.
Pour résorber l’excès de déficit, le dollar devrait se déprécier de 3,2 % en termes réels effectifs.
Cline, 2018
Un des enseignements des crises financières de 1997-1998 dans les pays émergents est que la libéralisation des mouvements de capitaux ne doit pas être recommandée à tous les pays, comme l’OCDE et le FMI le croyaient avant ces crises, mais seulement à des pays déjà développés et dont les institutions financières sont robustes.
Kose et al., 2006
I. Modèle dans lequel coexistent deux catégories d’agents :
- les agents informés qui acquièrent une information coûteuse ;
- les agents non informés qui observent uniquement les prix.
II. A. S’il n’y a pas de bruit sur le marché, toute l’information est transmise – plus ou moins rapidement – aux agents non informés par l’intermédiaire des prix. Sur un marché efficient, les prix reflétant toute l’information disponible, chaque agent informé pense qu’il peut arrêter de payer l’information et faire aussi bien qu’un agent non informé qui, lui, ne paie rien et observe l’information au travers des prix.
B. Il s’ensuit un désintérêt à investir dans l’acquisition d’information. Si tous les agents informés font de même, ils vont tenter d’inférer l’information à partir du système de prix qui ne contiendra plus aucune information. Il n’existe donc pas d’équilibre concurrentiel.
→ Si l’acquisition d’information est coûteuse et si les prix reflètent toutes les informations disponibles, comme le postule l’hypothèse des marchés efficients, alors il n’y a aucune incitation à payer ce coût mais dans ce cas, le prix de marché ne peut révéler l’information disponible.
Grossman et Stiglitz (paradoxe de), 1980
I. De nos jours, des institutions financières, les shadow banks, fournissent des prêts à long terme aux acteurs économiques en se finançant à court terme sur les marchés, les titres ainsi acquis servant de collatéraux :
- les shadow banks ne sont pas soumises aux obligations de réserves imposées par la banque centrale ;
- la création monétaire est assurée pour une part non négligeable par ce shadow banking.
II. La capacité à lever de la dette à court terme est limitée par la valeur des actifs. Cette valeur peut elle-même se trouver pénalisée par les ventes au rabais.
III. Lorsque les marchés connaissent une crise, les shadow banks sont à l’origine d’une externalité sociale négative, car ces activités de transformation ne permettent pas d’internaliser le coût social des ventes au rabais :
- en situation de crise, le seul moyen pour les shadow banks d’honorer leurs engagements est de vendre « au rabais » leurs actifs : elles payent ainsi leur dette à court terme, mais contribuent à l’abaissement du coût des actifs ;
- Elles ne paient pas les conséquences financières importantes de cette vente « au rabais ».
Stein, 2010
I. A. La réforme Hartz IV, qui comportait une réduction significative de l’indemnisation des chômeurs de longue durée, a réduit le taux du chômage structurel de 1,4 point.
B. Les réformes Hartz I à III l’ont abaissé de 1,5 point.
II. Ces réformes ont joué un rôle important dans les bonnes performances du marché du travail durant la Grande récession.
Krebs et Scheffel, 2013
I. Elle prévoit une procédure de résolution pour les banques systémiques.
II. Elle anticipe une telle crise en fixant le montant minimum de fonds propres et d’engagements éligibles des banques (Minimum Requirements for Own Funds and Eligible Liabilities - MREL), afin de limiter la mobilisation des dépôts des clients ou des fonds publics en cas de faillite.
III. Les filiales européennes de la banque russe Sberbank ont été déclarées en faillite par le Conseil de résolution unique fin février 2022, après l’annonce des sanctions européennes.
Bank Recovery and Resolution Directive (BRRD) du 15 mai 2014
Directive du 15 mai 2014 « pour le redressement et la résolution des banques ».
(Directive du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 établissant un cadre pour le redressement et la résolution des établissements de crédit et des entreprises d’investissement)
Elle est entrée en vigueur le 1er janvier 2015.
L’impact négatif d’une réforme structurelle ne peut pas être contrecarré par une politique monétaire plus expansionniste, lorsque le pays concerné se trouve dans l’une des situations suivantes :
- Il a adopté un régime de change fixe ;
- Il fait partie d’une union monétaire ;
- Les taux d’intérêt de sa banque centrale sont déjà à zéro et ne peuvent être abaissés.
Eggertsson, Ferrero et Raffo, 2014, “Can Structural Reforms Help Europe ?”
Les indicateurs de la base de données de la Banque mondiale pour évaluer la qualité de la gouvernance sont les suivants :
1° La qualité de la démocratie représentative ;
2° La stabilité politique ;
3° L’efficacité de l’administration ;
4° La qualité de la réglementation ;
5° Le respect de l’Etat de droit ;
6° La lutte contre la corruption.
Kaufman, Kraay et Mastruzzi, 2008
I. Critique des baisses de charges ciblées sur les bas salaires (baisses de charges Juppé, Pacte de responsabilité 2015) qui ont peu aidé la compétitivité du secteur manufacturier exportateur. Ces entreprises emploient en effet moins de travailleurs peu qualifiés à bas salaires et leur compétitivité-coût ne serait donc pas améliorée par ce type de baisses de charges.
II. Des allégements de cotisations sociales sur le travail qualifié devraient être plus favorables à l’emploi que ceux sur le travail non qualifié.
⚠️ Cette thèse est répandue dans les milieux industriels, qui mettent en avant un effet de compétitivité. Ce fut l’argument principal sous-tendant l’extension en avril 2016 du Pacte de responsabilité au-delà de 1,6 SMIC et jusqu’à 3,5 SMIC dont le fondement se trouvait dans le rapport Gallois.
Koléda, 2015
La plupart des économistes s’accordent sur les effets distributifs de la protection de l’emploi : pour les salariés qui en bénéficient, elle diminue le risque de perte d’emploi, mais l’augmente pour ceux qui n’en bénéficient pas.
Beuve, Paris et Schurich-Rey, 2017
Indicateurs synthétiques mesurant l’intensité de la réglementation des marchés des biens et services dans les pays de l’OCDE :
- Les différences de la pression réglementaire expliquent partiellement les différences de taux de croissance de la PGF : la corrélation est négative ;
- La comparaison entre les situations en 1998 et en 2003 montre une convergence des indicateurs agrégés de la réglementation sur le marché des biens vers des niveaux faibles.
Nicoletti et Scarpetta, 2005
I. La réforme des retraites de 2010 en France a procédé à un relèvement de 2 ans en seulement 5 ans de l’âge d’ouverture des droits (de 60 à 62 ans).
Elle entraîné une hausse du taux d’activité des personnes de 60 ans (+24 points pour les hommes, +22 points pour les femmes), qui s’est répartie en 2/3 d’emploi et 1/3 de chômage.
Il y a donc eu, à court terme, une hausse simultanée du taux d’emploi et du taux de chômage des seniors.
II. Par ailleurs, les comportements avant 60 ans peuvent aussi avoir été affectés par un effet « horizon » : les personnes adaptent en partie leurs comportements en fonction de la distance à laquelle ils se trouvent de l’âge normal de la retraite. On parle d’effet horizon lorsque le décalage de l’âge d’accès à la retraite entraîne un décalage similaire de l’ensemble des transitions de fin de carrière.
Dubois et Koubi, 2016
La crise financière de 2008 a été suivie d’un déficit durable de demande agrégée.
Gourinchas et Rey, 2016
I. La « bonne gouvernance », c’est-à-dire la qualité des institutions, mesurée par les indicateurs de la Banque mondiale :
- est corrélée au niveau de développement (le PIB par tête ou revenu) ;
- n’est pas corrélée à la vitesse de développement (la croissance de moyen-long terme).
II. Certaines variables institutionnelles facilitent le décollage économique et d’autres aident à soutenir une croissance économique de long terme et rendent possible un rattrapage économique :
1° La « bonne gouvernance » ne ressort pas comme une priorité pour le décollage économique. Elle le devient dans un second temps, ainsi que l’ouverture du système de régulation sociale, lorsque, bénéficiant d’une croissance soutenue et prolongée, un pays cherche à converger avec les pays développés ;
2° Dans les autres pays en développement (non-convergents), la priorité réside dans la construction de capacités d’anticipation stratégique et de coordination entre élites.
Meisel et Ould Aoudia, 2007
Des taux d’intérêt bas incitent les investisseurs à prendre davantage de risques pour obtenir des rendements plus élevés, leurs rendements de référence s’ajustant lentement.
Par ailleurs, plus les marchés financiers apparaissent fiables longtemps, plus ils suscitent de demande : l’émergence de toute une gamme d’intermédiaires, dont la taille et l’appétit pour le risque peuvent s’accroître au cours du cycle, renforce la volatilité macroéconomique.
Rajan, 2005
📚 L’article avait fait débat à l’époque de sa publication, mais s’est révélé presque prophétique en 2008.
Une explication possible aux crises de change de deuxième génération (comme celles intervenues en Europe en 1992-1993) correspond aux situations de conjonction d’une économie peu prospère et d’anticipations défavorables des agents privés, qui s’attendent à une inflation.
→ Ces derniers vont exiger des salaires plus élevés pour compenser leur perte de pouvoir d’achat anticipée :
- Si la production est contrainte par l’offre, cela entraîne une hausse du chômage ;
- à moins que le gouvernement ne dévalue sa monnaie pour restaurer les bénéfices des entreprises.
⚠️ Il s’agit de l’extension à l’économie ouverte du modèle d’incohérence temporelle de Barro et Gordon (1983) en transposant la tentation de créer davantage d’inflation à celle de dévaluer pour abaisser le taux de chômage.
Jeanne, 1996
Théorie du Mozart
I. Plus une population est forte, plus la probabilité qu’il y ait un Mozart dans cette population, c’est-à-dire un génie ou un entrepreneur schumpétérien, augmente.
Par conséquent, plus les potentiels de croissance et de développement seront forts.
II. L’innovation peut donc résulter de la croissance démographique.
“One can hardly imagine, I think, how poor we would be today were it not for the rapid population growth of the past to which we owe the enormous number of technological advances enjoyed today. . . . If I could re-do the history of the world, halving population size each year from the beginning of time on some random basis, I would not do it for fear of losing Mozart in the process.”
I. Phelps, Population increase, 1968.
II. Michael Kremer, 1993, Population Growth and Technological Change
Si les négociations sont complètement centralisées (au niveau national), un syndicat va modérer ses revendications salariales car il internalise l’impact du salaire sur l’emploi.
Au contraire, si les négociations sont complètement décentralisées (au niveau des entreprises), il n’y a plus de surplus à partager car chaque entreprise est en concurrence parfaite.
Ce n’est que lorsque les négociations se font à un niveau intermédiaire que le pouvoir de marché de chaque branche sur son marché se traduit par un salaire trop élevé et un emploi trop faible.
⚠️ La courbe en cloche entre degré de centralisation de négociation et taux de chômage est toutefois peu confirmée par les travaux empiriques.
Calmfors et Driffill, 1988
Mise en évidence d’un effet d’hystérèse :
Une fois qu’on a laissé s’accroître le chômage, celui-ci ne peut revenir immédiatement à sa valeur d’équilibre de long terme (le Nairu de long terme) qu’au prix d’une hausse de l’inflation.
Trois canaux à la suite de l’allongement du non-emploi :
1° dégradation du capital humain ;
2° baisse de l’accumulation du capital physique ;
3° baisse de la négociation salariale.
Cette hypothèse alourdit considérablement la responsabilité des politiques macro-économiques dans la lutte contre le chômage : une politique budgétaire ou monétaire restrictive, par exemple, qui pèse temporairement sur la demande, pourrait conduire à une hausse persistante du taux de chômage.
Si cet effet est avéré, cela signifie en particulier que les banques centrales ont un rôle à jouer dans la réduction du chômage non seulement à court terme, mais également à long terme.
Cette théorie, de prime abord convaincante, voit sa pertinence empirique discutée.
Blanchard et Summers, 1986
Depuis l’introduction de l’euro, les échanges intra-zone n’ont pas significativement augmentés.
Cependant, le volume des échanges peut-être un indicateur trompeur : d’autres paramètres comme la réglementation, le cadre juridique, les impôts ou la barrière de la langue peuvent influer sur ce volume.
L’euro a probablement joué un rôle positif en la matière en ce qu’il a contribué à maintenir des prix plus bas et moins volatiles, et spécialement dans la zone euro.
Fontagné et al., 2009