Sénat 2025 - Éco Études Flashcards
Le chercheur en économie politique, lorsqu’il étudie un processus de décision, ne voit pas en ressortir le résultat d’un processus de maximisation, malgré la présence de ressources rares et le conflit entre objectifs.
Le résultat qu’il observe est plus largement influencé par des variables endogènes : les règles, les procédures, les institutions, les influences politiques, etc.
Ce qu’il étudie, c’est une organisation sociale et ce qui en résulte.
Buchanan, Les limites de la liberté, 1975
L’impact négatif d’une réforme structurelle ne peut pas être contrecarré par une politique monétaire plus expansionniste, lorsque le pays concerné se trouve dans l’une des situations suivantes :
- Il a adopté un régime de change fixe ;
- Il fait partie d’une union monétaire ;
- Les taux d’intérêt de sa banque centrale sont déjà à zéro et ne peuvent être abaissés.
Eggertsson, Ferrero et Raffo, 2014, “Can Structural Reforms Help Europe ?”
L’espérance de vie des Noirs américains était inférieure à celle des habitants du Kérala, en Inde, qui présente un IDH assez élevé.
On peut en déduire que le revenu monétaire peut être un mauvais indicateur des conditions de vie.
Amartya Sen, 1999, Development as Freedom
Le programme de la recherche économique des quatre dernières décennies peut être lu, rétrospectivement, comme une tentative systématique et couronnée de succès, de mettre à bas de son piédestal la statue du dirigeant omniscient, tout-puissant et bienveillant (qui était l’approche traditionnelle de la politique économique), devenu impuissant, voué à des actions inutiles, voire nuisibles, considéré comme manquant de clairvoyance et d’information, et traduisant la pression d’intérêts privés tels que ceux des bureaucrates.
Avinash Dixit, The Making of Economic Policy, 1996
Jean-Jacques Laffont, « Étapes vers un État moderne : une analyse économique », 1999
La banque centrale peut tolérer des fluctuations raisonnables de l’inflation autour de son objectif de référence.
Elle doit en revanche tout faire pour éviter les situations extrêmes, c’est-à-dire les événements :
- dont la probabilité est faible ;
- mais dont les effets disruptifs sont extrêmement élevés, en raison des hystérèses qu’ils peuvent causer.
Lars Svensson, 2004
« Une politique monétaire réussie ne repose pas tant sur le contrôle efficace des taux sur les dépôts à vue ou même des variations de l’indice des prix à la consommation, que sur la capacité à influencer de la façon désirée les anticipations de marché concernant ces variables ».
Woodford, 2001
Proposition de déléguer à des autorités budgétaires indépendantes la fixation du solde budgétaire.
Le gouvernement et le parlement conservent toute latitude sur les niveaux d’impôts et de dépenses.
→ Cela devrait permettre de réconcilier la recherche de crédibilité de l’objectif de soutenabilité de la dette en longue période et la flexibilité en courte période rendue nécessaire par les aléas économiques.
L’auteur s’inspire de la quête de la règle monétaire idéale dans les années 1980, qui s’est avérée vaine et a conduit à confier à une institution spécialisée, au mandat défini, la responsabilité de fixer de façon indépendante les taux d’intérêt.
Wyplosz, 2005, “Fiscal Policy : Institutions vs. Rules”
Récapitulatif de la notion de principal/agent :
Le principal (l’actionnaire, le manager ou le banquier), qui délègue une tâche à l’agent (le chef d’entreprise, les employés ou l’entreprise), n’a pas toutes les informations sur les capacités et les performances de ce dernier, ce qui conduit généralement à des situations sous-optimales.
La décentralisation de l’information dans une organisation octroie à ses membres certaines rentes informationnelles, qui affectent l’allocation des ressources.
Le recours à la technique du contrat peut être une solution pour surmonter ce problème.
Cette relation principal/agent n’est pas spécifique aux organisations complexes. On peut observer des conflits d’intérêts dans le cas de relations bilatérales impliquant seulement un principal et un agent : vendeur/acheteur, propriétaire terrien/métayer, financier/entrepreneur ; etc.
Laffont et Martimort, 2001
La solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision – notamment en cas de problèmes de crédibilité et d’incohérence temporelle.
⚠️ Pour autant, si ces problèmes touchent la politique étrangère, personne n’imagine de la confier à une agence, parce que les changements fréquents de situation impliquent sans cesse de prendre des décisions pour lesquelles un gouvernement démocratiquement responsable est seul légitime → les préférences sociales n’y sont pas stables et les critères de performance pas définis du tout.
Alesina et Tabellini, 2007
Éliminer tous les droits de douane et barrières réglementaires ne suffit pas à rendre un territoire parfaitement intégré → des frictions subsistent :
- Barrières légales et informationnelles qui constituent des obstacles résiduels, invisibles, mais puissants ;
- Les entreprises, ne pouvant exporter que sur les marchés où elles disposent d’un contact, ne cherchent pas toujours ce contact directement mais s’adressent à leur réseau déjà existant de contacts.
Chaney, 2014, “The Network Structure of International Trade”
Il vaut mieux ne pas coordonner de bonnes politiques que coordonner de mauvaises politiques :
- La coordination peut se limiter à la stabilisation des taux de change alors que l’équilibre économique mondial nécessiterait plutôt des modifications de parité ;
- Les problèmes de coordinations peuvent constituer des alibis permettant aux gouvernements de rejeter leurs mauvais résultats sur leurs partenaires : comment, par exemple, demander à Bonn ou Tokyo de prendre des décisions permettant de réduire le déficit américain ?
- Des obstacles constitutionnels peuvent s’opposer à la possibilité de participer à des accords de coopération.
Martin Feldstein, 1988
Modèle canonique de la nouvelle macroéconomie keynésienne sur la faiblesse de l’utilité de la coordination des politiques monétaires.
Le manque de coordination n’est pas toujours un problème, même dans un monde de forte interdépendance économique.
Au contraire, l’amélioration continuelle des institutions de politiques monétaires au niveau intérieur peut rendre les mécanismes de coordination partielle superflus, voire contre-productifs.
Des travaux ultérieurs ont cependant pu remettre en cause ce premier résultat, qui reste discuté.
Obstfeld et Rogoff, 2002
Les institutions financières et commerciales seraient mieux acceptées par l’opinion des pays avancés, si des organisations spécialisées en charge de l’environnement, de la santé et du travail disposaient de compétences et de moyens à la hauteur des problèmes posés par le réchauffement de la planète, les grandes pandémies ou les migrations internationales.
Jacquet, Pisani-Ferry et Tubiana, 2002, Gouvernance mondiale, rapport du CAE
Un projet d’union monétaire devrait être accompagné de la mise en place d’un budget à hauteur de 5-7 % du PIB, et de 7,5 à 10 % si la défense était inclue.
Comme le risque de chocs asymétriques affectant un pays ne peut être exclu, une coordination peut devenir contre-productive et un certain degré de fédéralisme budgétaire doit être conservé pour offrir la flexibilité nécessaire.
McDougall (rapport), 1977
L’Union européenne s’est construite par l’effort des politiques, tandis que la population lui restait indifférente, en escomptant simplement un intérêt économique. Elle a tiré sa légitimité de ses résultats, non d’un mandat politique conféré par les citoyens.
Mais désormais, l’Union européenne devrait se doter d’une gouvernance plus démocratique et responsable avant de pouvoir continuer l’approfondissement de son intégration économique.
Habermas, The Lure of Democracy, 2015
Concept de « péché originel ».
Il désigne la situation d’un pays émergent ou en développement qui se finance en monnaie étrangère, ajoutant un risque de change à la question de la soutenabilité. Par conséquent, ses limites d’endettement raisonnables sont plus basses que dans les pays qui empruntent dans leur propre monnaie.
Eichengreen, Hausmann et Panizza, 2002, « Le péché originel : le calvaire, le mystère et le chemin de la rédemption »
La notion de politique budgétaire renvoie surtout à la fonction de stabilisation.
Il s’agit de jouer sur les impôts et les dépenses publiques afin :
- d’amortir les oscillations du cycle économique ;
- de maintenir un niveau d’emploi élevé ;
- de contrer les poussées d’inflation ou de déflation.
⚠️ Comprise de cette façon, la politique budgétaire est une création du XXe siècle.
Paul Samuelson, 1953, L’Économique
Le Japon a recouru de façon répétée à la politique budgétaire comme outil de politique monétaire (de 1992 à 1995, de 1998 à 2000), mais les résultats ont été décevants, en raison de l’échec du gouvernement à nettoyer le secteur bancaire, les banques zombies s’avérant incapables de prêter pour relancer l’investissement privé.
Bayoumi, 2000
Historiquement, les pays de l’OCDE n’ont pas durablement enregistré d’excédents primaires supérieurs à six points de PIB.
Lorsque les calculs ont montré que la Grèce devrait enregistrer des excédents bien supérieurs pour réduire son endettement, les investisseurs en ont conclu qu’elle était hors d’état de rembourser ses dettes.
Darvas, Pisani-Ferry, Sapir, 2011
Étude empirique de la dette publique portant sur 44 pays et deux siècles.
I. Dans les pays développés, il n’y a aucune relation systématique entre l’endettement et l’inflation.
II. Mise en évidence, par une observation de données en longue période (deux siècles), qu’il n’y a aucun lien évident entre endettement et croissance jusqu’à un taux d’endettement de 90 % mais qu’au-delà, la croissance moyenne diminuerait. Il faudrait alors promouvoir des politiques de rigueur, c’est-à-dire de réduction de l’endettement.
⚠️ Cette étude est discutée, notamment en raison du fait que la période de dépassement de 90 % de dette/PIB par les États-Unis correspond à leur engagement dans la seconde guerre mondiale, pour les limites statistiques dans l’exploitation de leurs données par les auteurs.
Reinhart et Rogoff, 2010
1° Mise en évidence des effets de composition
À taille donnée, les effets d’une hausse ou d’une baisse du déficit peuvent différer sensiblement :
- selon qu’elle procède par la dépense ou la recette ;
- selon la nature des dépenses et des recettes concernées.
→ Un ajustement budgétaire rapide et passant par une baisse des dépenses peut être compatible avec une croissance de la consommation privée et de la production ;
2° ⚠️ Cette conclusion est discutée.
1° Alesina et Ardagna, 2010 ;
2° Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011.
En cas de restructuration de la dette d’un État, le cadre institutionnel doit être conçu de façon à trouver un juste équilibre entre l’intérêt de ce dernier et celui des prêteurs :
- Une restructuration trop coûteuse pour le pays débiteur implique des pertes de bien-être pour ses citoyens et l’incite à différer cet événement ;
- Une restructuration trop facile incite les Etats à s’endetter et les prêteurs à demander des primes de risque élevées.
Buchheit et al., 2013
La réaction de la politique monétaire affecte fortement le multiplicateur budgétaire.
Ainsi, pour une expansion budgétaire temporaire de deux ans :
- Le multiplicateur est significativement plus élevé lorsque la politique monétaire est totalement accommodante (pas de changement de taux directeur nominal) ;
- Il est moins élevé lorsque la politique monétaire répond de façon endogène à l’action budgétaire.
Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models
Une probabilité de restructuration de la dette souveraine plus élevée augmente la prime de risque demandée par les prêteurs.
Les pays présentant un risque de défaut voient alors ce risque amplifié par l’inertie des taux d’intérêt :
- Tant que la banque centrale ne perd pas le contrôle du taux d’intérêt, elle peut baisser son taux directeur pour compenser l’augmentation de la prime de risque ;
- Lorsque son taux d’intérêt nominal tombe à zéro, elle ne peut plus jouer ce rôle.
→ Les taux d’intérêt nominaux bloqués à zéro augmentent donc le multiplicateur budgétaire pour les pays en bonne santé financière et le réduisent pour les pays en difficulté.
Corsetti et al., 2012
Ce prolongement du modèle IS-LM fait du régime de change l’un des déterminants essentiels du multiplicateur keynésien.
I - Dans un petit pays, sous l’hypothèse keynésienne de sous-emploi des ressources, lorsque le capital est mobile :
A. En régime de changes flottants, le multiplicateur est faible, voire nul si le capital est parfaitement mobile entre pays relativement petits, du fait de l’appréciation endogène du taux de change (hausse des taux d’intérêt du fait de l’offre de monnaie constante, entrée de capitaux), entraînant une perte de compétitivité à l’exportation : la demande publique évince ici non l’investissement des résidents, puisque le taux d’intérêt est fixé au niveau mondial, mais la demande nette des non-résidents pour les exportations nationales.
B. En régime de change fixe, le multiplicateur est élevé, car il y a peu d’éviction.
II - En l’absence de mobilité des capitaux, les résultats s’inversent :
A. En régime de change flexible, la détérioration de la balance courante suite à l’expansion budgétaire conduit à une dépréciation de la monnaie et à une amélioration de la compétitivité à l’exportation, renforçant l’effet sur la demande de l’expansion initiale.
B. En régime de change fixe, la détérioration des transactions courantes se traduit par une perte de réserves et par une contraction monétaire qui contrarient l’expansion initiale.
⚠️ Ce modèle fait également dépendre le multiplicateur keynésien du degré de développement financier d’un pays, de son degré d’ouverture au monde et de la mobilité des capitaux qui y circulent.
Mundell-Fleming (Modèle de) :
Mundell, 1963, “Capital Mobilitéy and Stabilization Policy under Fixed and Flexible Exchange Rates” ;
Fleming, 1962, “Domestic financial policies under fixed and floating exchange rates”
Constat, au moyen d’une approche narrative (cf. Romer et Romer, 2010) portant sur 3500 mesures, que dans les pays de l’OCDE, les hausses d’impôts et les réductions des dépenses entraînent :
- une baisse de la production…
- …dont l’impact négatif est significativement plus important dans le cas des hausses d’impôts que dans le cas des réductions des dépenses.
→ Les consolidations budgétaires fondées sur la baisse des dépenses tendent à avoir des effets négatifs sur le PIB moins marqués, voire inexistants, tandis que celles fondées sur des hausses d’impôts ont un impact fortement négatif.
Alesina et al., 2017
Proposition de réforme du cadre budgétaire européen :
1° Une règle budgétaire centrée sur la dépense primaire nette des mesures nouvelles en recettes, avec une cible de dépense fonction du niveau d’endettement ;
2° Un fonds de stabilisation pour la zone euro destiné à aider les États à absorber les chocs d’ampleur, financé par des contributions nationales ;
3° Un renforcement de l’union bancaire par la mise en place d’une assurance des dépôts commune et une limitation de l’exposition des banques au risque de concentration de leurs actifs sur un seul pays souverain ;
4° Un actif sûr commun à caractère synthétique ;
5° L’introduction, en dernier recours, de procédures de restructurations souveraines.
Bénassy-Quéré et al., 2018
1° Les désaccords partisans sur l’allocation de la dépense publique ;
2° L’incapacité des électeurs actuels à lier les électeurs futurs ;
→ conduisent à des problèmes d’incohérences temporelles.
Chaque parti, lorsqu’il est au pouvoir, va procéder à des choix de dépenses qui ne sont pas optimaux pour l’avenir :
Il va dépenser de façon excessive sur ses priorités, car en cas d’alternance politique, l’opposition n’y consacrera qu’une faible part des ressources.
Tabellini et Alesina, 1990, “Voting on the budget deficit”
Les facteurs favorisant l’adoption de règles budgétaires :
- un PIB par habitant élevé ;
- des institutions démocratiques ;
- une structure fédérale ;
- l’existence de contre-pouvoirs ;
- la stabilité politique.
Egalement :
- un taux de dépendance vieillesse élevé ;
- un régime de change fixe ou de ciblage de l’inflation ;
- l’ouverture financière.
Eldbadawi, Schmidt-Hebbel et Soto, 2015
L’impact de la politique budgétaire varie au cours du temps, selon les conditions économiques.
Les recherches sur les États-Unis suggèrent que le multiplicateur des dépenses y varie de zéro en période de forte croissance, à 1,5 dans les années de récession.
⚠️ Le coût d’une consolidation budgétaire, en termes de production, est donc plus important en temps de crise qu’en temps normal.
Auerbach et Gorodnichenko, 2012
Théorie de la Debt-deflation.
A l’époque de la grande crise, la déflation provoque une hausse de l’encours réel de la dette qui pousse les emprunteurs au désendettement, ce qui entretient la chute des prix en même temps que la contraction de la masse monétaire.
→ L’effort fait pour sortir du surendettement accroît l’endettement.
Pour sortir d’une telle crise, il faut élever le niveau moyen des prix et le stabiliser à l’aide des instruments appropriés : le secrétaire au Trésor et la Fed ont donc un rôle à jouer.
⚠️ À court terme, la politique monétaire peut donc affecter positivement le PIB du fait de l’existence d’un endettement élevé des agents économiques.
📚 Cet article sera un point de départ pour toute une tradition de recherche, encore vivante aujourd’hui, qui prend en compte les facteurs financiers dans la dynamique macro-économique de court terme.
Irving Fisher, 1933
Une politique monétaire susceptible de relancer l’économie en encourageant la dépense peut aussi créer de l’aléa moral auprès des investisseurs.
En effet, les conditions monétaires déterminées par les banques centrales sont un facteur déterminant de la prise de risque des investisseurs : plus ces conditions monétaires sont souples, moins la réalisation du risque est coûteuse.
Cette politique monétaire peut ainsi semer les germes de la prochaine crise financière. Elle peut alors être un moteur des cycles financiers observés sur longue période.
Borio, 2014
À partir de données américaines sur la période 1980-2008 : dans l’ensemble, une politique monétaire restrictive accroît les inégalités, tandis qu’une politique expansionniste les réduit.
Coibion et al., 2012
Dans les pays en développement, l’efficacité de l’indépendance de la banque centrale dépend aussi de la qualité globale des institutions.
Le ciblage d’inflation est un régime monétaire qui ne permet pas d’améliorer le cadre institutionnel si la qualité institutionnelle n’est pas suffisante.
⚠️ Cela ne signifie pas que de bonnes institutions politiques garantissent pour autant le succès de réformes économiques.
Acemoglu et al., 2008
Le mouvement de transparence des banques centrales s’est essentiellement accompli entre 1998 et 2010, pour quatre raisons :
1° La transparence est la contrepartie de l’indépendance des banques centrales, pour des raisons de contrôle démocratique ;
2° Elle participe du mouvement plus large en faveur de la transparence des gouvernements, à la demande des citoyens ;
3° Elle est un moyen d’améliorer l’efficacité des politiques monétaires, par le guidage des anticipations et le lissage de leurs effets ;
4° Elle accroît la crédibilité des engagements des banques centrales.
Dincer, Eichengreen et Geraats, 2019
La coopération internationale en matière de politique monétaire risque d’être contreproductive en l’absence de possibilité d’engagement crédible à une règle de politique monétaire, à moins de menacer l’indépendance de la banque centrale :
- En équilibre non coopératif, la politique monétaire est soumise à deux influences de sens opposés : un biais inflationniste causé par la volonté (infructueuse) de créer des « surprises » d’inflation et un biais déflationniste, provoqué par la tentative (vaine) de déprécier le taux de change réel au détriment du voisin ;
- En équilibre coopératif, cette dernière incitation disparaît, et le biais inflationniste de la politique monétaire est plus fort, ce qui réduit le bien-être des deux pays.
→ L’équilibre non coopératif est un moindre mal.
Rogoff, 1985
Les systèmes financiers sont généralement plus développés dans les pays plus riches, avec des banques et intermédiaires financiers de plus grande taille et des marchés d’actions plus profonds.
Par ailleurs, une tradition juridique anglo-saxonne, une forte protection des droits des actionnaires, de bonnes normes comptables, de faibles niveaux de corruption et l’absence d’assurance des dépôts tendent à favoriser des systèmes financiers fondés sur le marché plutôt que sur les banques.
Dermirgüç-Kunt et Levine, 1999
Il pourrait y avoir une « taille optimale » du secteur financier.
En effet, un développement financier trop important peut aussi induire une mauvaise allocation de capital humain, à cause de salaires excessifs dans le secteur financier (phénomène de brain drain : que de jeunes docteurs en mathématiques préfèrent les salles de marché à la recherche fondamentale est individuellement rationnel, mais coûteux pour la société).
La relation entre profondeur financière et bien-être économique pourrait donc suivre une courbe en cloche.
Cœuré, 2014
C’est grâce aux paris de la finance que les innovations radicales peuvent être concrétisées dans les structures de la production et dans les modes de vie.
Schumpeter, Les Cycles des affaires, 1939
Étude du financement public d’une guerre par un gouvernement.
L’effet de ce financement public sur les revenus des ménages est totalement indépendant de sa nature, qu’il prenne la forme d’un emprunt ou d’un impôt :
- En cas d’imposition, les agents doivent immédiatement y consacrer une partie de leurs revenus ;
- Si le gouvernement se finance par des obligations, les agents épargnent en prévision des hausses d’impôts futures.
Ricardo (Equivalence ricardienne), 1820, “Essay on the Funding System”
Les auteurs étudient plusieurs économies de l’OCDE.
En isolant les mesures spécifiquement destinées à redresser les finances publiques, ils montrent que les consolidations sont, sauf rares exceptions, de nature à déprimer l’activité.
Leurs estimations recoupent celles du FMI dans ses perspectives de l’économie mondiale 2010.
En effet, l’intensité de la consolidation est mesurée par l’évolution du solde primaire ajusté du cycle. Or, cette évolution ne reflète pas uniquement les mesures discrétionnaires visant à l’assainissement des finances publiques. Elle est aussi le résultat, par exemple :
- De mesures restrictives prises en vue d’écarter le risque de surchauffe ;
- De mesures de soutien prises au bout d’un certain temps pour limiter l’effet d’une consolidation ;
- Ou encore de l’évolution du prix d’actifs qui peut venir la gonfler (ou la déprimer) via les recettes d’impôts sur les plus-values ou via les conséquences d’un effet de richesse sur la demande interne et, en conséquence, sur les recettes associées.
→ L’étude des auteurs surmonte ces difficultés en les écartant.
Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011
I. A. Selon ce modèle, tous les pays ayant atteint un niveau critique de développement financier devraient converger en terme de croissance, bien que l’effet s’atténue lorsque la production est déjà développée.
B. Le développement financier dans les pays moins avancés leur permettrait de tirer un meilleur parti des transferts de technologie, car il deviendrait de plus en plus nécessaire au fur et à mesure que la frontière de production est repoussée.
II. L’extension de la finance pourrait soutenir la croissance aux premières étapes du développement économique, mais pas dans les économies avancées.
Aghion et al., 2005
I. Modèle canonique de crise de liquidité :
1° Les prêts intermédiaires par les banques sont supérieurs à des prêts et emprunts décentralisés sur les marchés parce que les banques peuvent mutualiser le risque de liquidité des déposants individuels et fournir ainsi une assurance ;
2° Il y a des équilibres multiples parce que la confiance d’un déposant individuel est affectée si les autres déposants retirent leur argent ;
3° Dans le modèle, il y a deux équilibres possibles :
- un équilibre paréto-efficace dans lequel les déposants font confiance à la banque ;
- un équilibre de marché où tous les déposants retirent leur argent - « ruée » ou « panique » bancaire - qui peut être fatal à la banque si son financement repose trop sur les dépôts.
II. A. ⚠️ Dans le modèle, rien ne permet de prédire quel équilibre va émerger. Une panique peut être déclenchée par une rumeur, par la nouvelle d’une première vague de retraits ou par la faillite d’une autre banque. Elle revêt bien souvent un caractère auto-réalisateur.
B. Le modèle met en évidence la nécessité pour les établissements bancaires de posséder des réserves de fonds propres fortes.
Diamond et Dybvig, 1983
Pour éviter les paniques financières, il faut prêter libéralement aux banques solvables, contre des garanties solides et à un taux d’intérêt élevé (afin de lutter contre l’aléa moral).
Bagehot (Principe de), 1873
Mise en évidence de la sensibilité à l’information.
A. La maximisation du bien-être requiert l’ignorance symétrique (entre deux agents économiques) de la solvabilité des débiteurs dont la dette est utilisée comme collatéral : cette situation est supérieure à celle d’une information symétrique ou même d’une information parfaite.
B. La dette constitue la monnaie optimale pour le commerce. La dette constitue également le collatéral optimal pour la dette :
1° Quand la dette est utilisée comme collatéral pour un contrat portant sur un autre emprunt, elle réduit l’incitation à s’informer sur son remboursement, rendant la dette moins sensible à l’information, c’est-à-dire plus liquide. Cette liquidité est optimale pour l’économie ;
2° Cependant, une information négative rendue publique (choc) sur la valeur du collatéral d’une dette peut rendre cette dette sensible à l’information. La valeur du collatéral diminue alors à mesure que les agents cherchent à réduire sa détention (sélection adverse), conduisant à une crise financière lorsque le phénomène se répand.
Dang, Gorton et Holmström, 2012
I. Mise en évidence de la sensibilité à l’information :
- la monnaie est insensible à l’information en période de stabilité des prix (caractéristique d’une unité de compte) ;
- à l’opposé, les actions sont très sensibles à l’information : leurs valeurs fluctuent en temps réel en fonction des anticipations des investisseurs sur les dividendes futurs.
II. La panique financière de 2007-2008 a pris place sur le marché des repo, qui étaient collatéralisés (« prêts sécurisés ») :
- Les inquiétudes des agents concernant la liquidité des sûretés utilisées comme collatéraux ont conduit à une hausse des décotes (haircuts) auxquelles donnaient lieu les repo, c’est-à-dire à une augmentation du montant requis de collatéral pour une transaction donnée ;
- Avec la baisse de la valeur des actifs utilisés comme collatéraux et la hausse simultanée des décotes, le système bancaire américain a fini par devenir illiquide pour la première fois depuis la Grande dépression ;
→ Les comportements des agents peuvent être irrationnels par rapport aux risques portés par leurs contreparties, entraînant des clôtures massives de positions, des augmentations de la volatilité et l’assèchement de la liquidité du marché.
Repo (Sale and Repurchase Agreement) : marché de refinancement d’actifs financiers négociables (obligations, BTAN, certificats de dépôt, actions…) à un taux d’intérêt négocié entre les deux parties contractantes (il ne s’agit pas nécessairement d’une activité de shadow banking - les banques centrales y recourent - mais de nombreuses shadow banks opèrent sur ce marché).
Gorton et Metrick, 2012
I. Lorsque la valeur marchande des titres que les acteurs économiques apportent en garantie de leurs emprunts diminue, leur capacité d’emprunt se réduit et des contraintes de crédit apparaissent.
II. La diminution de la capacité d’endettement des acteurs non financiers pèse sur la demande globale.
⚠️ Ce phénomène s’aggrave encore plus lorsque, dans le cadre d’un épisode de déflation, les prix à la consommation baissent régulièrement, gonflant ainsi la valeur réelle de la dette, comme ce fut le cas lors de la Grande dépression.
Irving Fisher, 1933
I. Lorsque le taux long est « trop bas », les prix des actifs à long terme sont « trop élevés » :
1° Lorsque les prix des actifs augmentent, les bilans des intermédiaires financiers ont tendance à gonfler. Ceci crée une situation de capital excédentaire, ce qui encourage à son tour à l’augmentation de l’effet de levier ;
2° Or une hausse de la valeur de marché des actifs détenus par les emprunteurs potentiels permet à ces derniers de proposer plus d’actifs en collatéral afin d’obtenir de nouveaux prêts.
II. Une courbe des rendements de court et de long terme assez plate réduit les revenus que les banques tirent de la transformation de la maturité des prêts :
- Par conséquent, un relèvement des taux courts les conduit à diminuer leur offre de crédit.
⚠️ La gestion de la courbe des rendements est un élément fondamental des instruments macroprudentiels.
Adrian et Shin, 2011