Sénat 2025 - Éco Études Flashcards
Le chercheur en économie politique, lorsqu’il étudie un processus de décision, ne voit pas en ressortir le résultat d’un processus de maximisation, malgré la présence de ressources rares et le conflit entre objectifs.
Le résultat qu’il observe est plus largement influencé par des variables endogènes : les règles, les procédures, les institutions, les influences politiques, etc.
Ce qu’il étudie, c’est une organisation sociale et ce qui en résulte.
Buchanan, Les limites de la liberté, 1975
L’impact négatif d’une réforme structurelle ne peut pas être contrecarré par une politique monétaire plus expansionniste, lorsque le pays concerné se trouve dans l’une des situations suivantes :
- Il a adopté un régime de change fixe ;
- Il fait partie d’une union monétaire ;
- Les taux d’intérêt de sa banque centrale sont déjà à zéro et ne peuvent être abaissés.
Eggertsson, Ferrero et Raffo, 2014, “Can Structural Reforms Help Europe ?”
L’espérance de vie des Noirs américains était inférieure à celle des habitants du Kérala, en Inde, qui présente un IDH assez élevé.
On peut en déduire que le revenu monétaire peut être un mauvais indicateur des conditions de vie.
Amartya Sen, 1999, Development as Freedom
Le programme de la recherche économique des quatre dernières décennies peut être lu, rétrospectivement, comme une tentative systématique et couronnée de succès, de mettre à bas de son piédestal la statue du dirigeant omniscient, tout-puissant et bienveillant (qui était l’approche traditionnelle de la politique économique), devenu impuissant, voué à des actions inutiles, voire nuisibles, considéré comme manquant de clairvoyance et d’information, et traduisant la pression d’intérêts privés tels que ceux des bureaucrates.
Avinash Dixit, The Making of Economic Policy, 1996
Jean-Jacques Laffont, « Étapes vers un État moderne : une analyse économique », 1999
La banque centrale peut tolérer des fluctuations raisonnables de l’inflation autour de son objectif de référence.
Elle doit en revanche tout faire pour éviter les situations extrêmes, c’est-à-dire les événements :
- dont la probabilité est faible ;
- mais dont les effets disruptifs sont extrêmement élevés, en raison des hystérèses qu’ils peuvent causer.
Lars Svensson, 2004
« Une politique monétaire réussie ne repose pas tant sur le contrôle efficace des taux sur les dépôts à vue ou même des variations de l’indice des prix à la consommation, que sur la capacité à influencer de la façon désirée les anticipations de marché concernant ces variables ».
Woodford, 2001
Proposition de déléguer à des autorités budgétaires indépendantes la fixation du solde budgétaire.
Le gouvernement et le parlement conservent toute latitude sur les niveaux d’impôts et de dépenses.
→ Cela devrait permettre de réconcilier la recherche de crédibilité de l’objectif de soutenabilité de la dette en longue période et la flexibilité en courte période rendue nécessaire par les aléas économiques.
L’auteur s’inspire de la quête de la règle monétaire idéale dans les années 1980, qui s’est avérée vaine et a conduit à confier à une institution spécialisée, au mandat défini, la responsabilité de fixer de façon indépendante les taux d’intérêt.
Wyplosz, 2005, “Fiscal Policy : Institutions vs. Rules”
Récapitulatif de la notion de principal/agent :
Le principal (l’actionnaire, le manager ou le banquier), qui délègue une tâche à l’agent (le chef d’entreprise, les employés ou l’entreprise), n’a pas toutes les informations sur les capacités et les performances de ce dernier, ce qui conduit généralement à des situations sous-optimales.
La décentralisation de l’information dans une organisation octroie à ses membres certaines rentes informationnelles, qui affectent l’allocation des ressources.
Le recours à la technique du contrat peut être une solution pour surmonter ce problème.
Cette relation principal/agent n’est pas spécifique aux organisations complexes. On peut observer des conflits d’intérêts dans le cas de relations bilatérales impliquant seulement un principal et un agent : vendeur/acheteur, propriétaire terrien/métayer, financier/entrepreneur ; etc.
Laffont et Martimort, 2001
La solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision – notamment en cas de problèmes de crédibilité et d’incohérence temporelle.
⚠️ Pour autant, si ces problèmes touchent la politique étrangère, personne n’imagine de la confier à une agence, parce que les changements fréquents de situation impliquent sans cesse de prendre des décisions pour lesquelles un gouvernement démocratiquement responsable est seul légitime → les préférences sociales n’y sont pas stables et les critères de performance pas définis du tout.
Alesina et Tabellini, 2007
Éliminer tous les droits de douane et barrières réglementaires ne suffit pas à rendre un territoire parfaitement intégré → des frictions subsistent :
- Barrières légales et informationnelles qui constituent des obstacles résiduels, invisibles, mais puissants ;
- Les entreprises, ne pouvant exporter que sur les marchés où elles disposent d’un contact, ne cherchent pas toujours ce contact directement mais s’adressent à leur réseau déjà existant de contacts.
Chaney, 2014, “The Network Structure of International Trade”
Il vaut mieux ne pas coordonner de bonnes politiques que coordonner de mauvaises politiques :
- La coordination peut se limiter à la stabilisation des taux de change alors que l’équilibre économique mondial nécessiterait plutôt des modifications de parité ;
- Les problèmes de coordinations peuvent constituer des alibis permettant aux gouvernements de rejeter leurs mauvais résultats sur leurs partenaires : comment, par exemple, demander à Bonn ou Tokyo de prendre des décisions permettant de réduire le déficit américain ?
- Des obstacles constitutionnels peuvent s’opposer à la possibilité de participer à des accords de coopération.
Martin Feldstein, 1988
Modèle canonique de la nouvelle macroéconomie keynésienne sur la faiblesse de l’utilité de la coordination des politiques monétaires.
Le manque de coordination n’est pas toujours un problème, même dans un monde de forte interdépendance économique.
Au contraire, l’amélioration continuelle des institutions de politiques monétaires au niveau intérieur peut rendre les mécanismes de coordination partielle superflus, voire contre-productifs.
Des travaux ultérieurs ont cependant pu remettre en cause ce premier résultat, qui reste discuté.
Obstfeld et Rogoff, 2002
Les institutions financières et commerciales seraient mieux acceptées par l’opinion des pays avancés, si des organisations spécialisées en charge de l’environnement, de la santé et du travail disposaient de compétences et de moyens à la hauteur des problèmes posés par le réchauffement de la planète, les grandes pandémies ou les migrations internationales.
Jacquet, Pisani-Ferry et Tubiana, 2002, Gouvernance mondiale, rapport du CAE
Un projet d’union monétaire devrait être accompagné de la mise en place d’un budget à hauteur de 5-7 % du PIB, et de 7,5 à 10 % si la défense était inclue.
Comme le risque de chocs asymétriques affectant un pays ne peut être exclu, une coordination peut devenir contre-productive et un certain degré de fédéralisme budgétaire doit être conservé pour offrir la flexibilité nécessaire.
McDougall (rapport), 1977
L’Union européenne s’est construite par l’effort des politiques, tandis que la population lui restait indifférente, en escomptant simplement un intérêt économique. Elle a tiré sa légitimité de ses résultats, non d’un mandat politique conféré par les citoyens.
Mais désormais, l’Union européenne devrait se doter d’une gouvernance plus démocratique et responsable avant de pouvoir continuer l’approfondissement de son intégration économique.
Habermas, The Lure of Democracy, 2015
Concept de « péché originel ».
Il désigne la situation d’un pays émergent ou en développement qui se finance en monnaie étrangère, ajoutant un risque de change à la question de la soutenabilité. Par conséquent, ses limites d’endettement raisonnables sont plus basses que dans les pays qui empruntent dans leur propre monnaie.
Eichengreen, Hausmann et Panizza, 2002, « Le péché originel : le calvaire, le mystère et le chemin de la rédemption »
La notion de politique budgétaire renvoie surtout à la fonction de stabilisation.
Il s’agit de jouer sur les impôts et les dépenses publiques afin :
- d’amortir les oscillations du cycle économique ;
- de maintenir un niveau d’emploi élevé ;
- de contrer les poussées d’inflation ou de déflation.
⚠️ Comprise de cette façon, la politique budgétaire est une création du XXe siècle.
Paul Samuelson, 1953, L’Économique
Le Japon a recouru de façon répétée à la politique budgétaire comme outil de politique monétaire (de 1992 à 1995, de 1998 à 2000), mais les résultats ont été décevants, en raison de l’échec du gouvernement à nettoyer le secteur bancaire, les banques zombies s’avérant incapables de prêter pour relancer l’investissement privé.
Bayoumi, 2000
Historiquement, les pays de l’OCDE n’ont pas durablement enregistré d’excédents primaires supérieurs à six points de PIB.
Lorsque les calculs ont montré que la Grèce devrait enregistrer des excédents bien supérieurs pour réduire son endettement, les investisseurs en ont conclu qu’elle était hors d’état de rembourser ses dettes.
Darvas, Pisani-Ferry, Sapir, 2011
Étude empirique de la dette publique portant sur 44 pays et deux siècles.
I. Dans les pays développés, il n’y a aucune relation systématique entre l’endettement et l’inflation.
II. Mise en évidence, par une observation de données en longue période (deux siècles), qu’il n’y a aucun lien évident entre endettement et croissance jusqu’à un taux d’endettement de 90 % mais qu’au-delà, la croissance moyenne diminuerait. Il faudrait alors promouvoir des politiques de rigueur, c’est-à-dire de réduction de l’endettement.
⚠️ Cette étude est discutée, notamment en raison du fait que la période de dépassement de 90 % de dette/PIB par les États-Unis correspond à leur engagement dans la seconde guerre mondiale, pour les limites statistiques dans l’exploitation de leurs données par les auteurs.
Reinhart et Rogoff, 2010
1° Mise en évidence des effets de composition
À taille donnée, les effets d’une hausse ou d’une baisse du déficit peuvent différer sensiblement :
- selon qu’elle procède par la dépense ou la recette ;
- selon la nature des dépenses et des recettes concernées.
→ Un ajustement budgétaire rapide et passant par une baisse des dépenses peut être compatible avec une croissance de la consommation privée et de la production ;
2° ⚠️ Cette conclusion est discutée.
1° Alesina et Ardagna, 2010 ;
2° Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011.
En cas de restructuration de la dette d’un État, le cadre institutionnel doit être conçu de façon à trouver un juste équilibre entre l’intérêt de ce dernier et celui des prêteurs :
- Une restructuration trop coûteuse pour le pays débiteur implique des pertes de bien-être pour ses citoyens et l’incite à différer cet événement ;
- Une restructuration trop facile incite les Etats à s’endetter et les prêteurs à demander des primes de risque élevées.
Buchheit et al., 2013
La réaction de la politique monétaire affecte fortement le multiplicateur budgétaire.
Ainsi, pour une expansion budgétaire temporaire de deux ans :
- Le multiplicateur est significativement plus élevé lorsque la politique monétaire est totalement accommodante (pas de changement de taux directeur nominal) ;
- Il est moins élevé lorsque la politique monétaire répond de façon endogène à l’action budgétaire.
Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models
Une probabilité de restructuration de la dette souveraine plus élevée augmente la prime de risque demandée par les prêteurs.
Les pays présentant un risque de défaut voient alors ce risque amplifié par l’inertie des taux d’intérêt :
- Tant que la banque centrale ne perd pas le contrôle du taux d’intérêt, elle peut baisser son taux directeur pour compenser l’augmentation de la prime de risque ;
- Lorsque son taux d’intérêt nominal tombe à zéro, elle ne peut plus jouer ce rôle.
→ Les taux d’intérêt nominaux bloqués à zéro augmentent donc le multiplicateur budgétaire pour les pays en bonne santé financière et le réduisent pour les pays en difficulté.
Corsetti et al., 2012


