Sénat 2025 - Éco Études Flashcards

1
Q

Le chercheur en économie politique, lorsqu’il étudie un processus de décision, ne voit pas en ressortir le​ résultat d’un processus de maximisation, malgré la présence de ressources rares et le conflit entre objectifs.

Le résultat qu’il observe est plus largement influencé par des variables endogènes : les règles, les procédures, les institutions, les influences politiques, etc.

Ce qu’il étudie, c’est une organisation sociale et ce qui en résulte.

A

Buchanan, Les limites de la liberté, 1975

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2
Q

L’impact négatif d’une réforme structurelle ne peut pas être contrecarré par une politique monétaire plus expansionniste, lorsque le pays concerné se trouve dans l’une des situations suivantes :

  • Il a adopté un régime de change fixe ;
  • Il fait partie d’une union monétaire ;
  • Les taux d’intérêt de sa banque centrale sont déjà à zéro et ne peuvent être abaissés.
A

Eggertsson, Ferrero et Raffo, 2014, “Can Structural Reforms Help Europe ?”

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3
Q

L’espérance de vie des Noirs américains était inférieure à celle des habitants du Kérala, en Inde, qui présente un IDH assez élevé.

On peut en déduire que le revenu monétaire peut être un mauvais indicateur des conditions de vie.

A

Amartya Sen, 1999, Development as Freedom

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4
Q

Le programme de la recherche économique des quatre dernières décennies peut être lu, rétrospectivement, comme une tentative systématique et couronnée de succès, de mettre à bas de son piédestal la statue du dirigeant omniscient, tout-puissant et bienveillant (qui était l’approche traditionnelle de la politique économique), devenu impuissant, voué à des actions inutiles, voire nuisibles, considéré comme manquant de clairvoyance et d’information, et traduisant la pression d’intérêts privés tels que ceux des bureaucrates.

A

Avinash Dixit, The Making of Economic Policy, 1996

Jean-Jacques Laffont, « Étapes vers un État moderne : une analyse économique », 1999

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5
Q

La banque centrale peut tolérer des fluctuations raisonnables de l’inflation autour de son objectif de référence.

Elle doit en revanche tout faire pour éviter les situations extrêmes, c’est-à-dire les événements :

  • dont la probabilité est faible ;
  • mais dont les effets disruptifs sont extrêmement élevés, en raison des hystérèses qu’ils peuvent causer.
A

Lars Svensson, 2004

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6
Q

« Une politique monétaire réussie ne repose pas tant sur le contrôle efficace des taux sur les dépôts à vue ou même des variations de l’indice des prix à la consommation, que sur la capacité à influencer de la façon désirée les anticipations de marché concernant ces variables ».

A

Woodford, 2001

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7
Q

Proposition de déléguer à des autorités budgétaires indépendantes la fixation du solde budgétaire.

Le gouvernement et le parlement conservent toute latitude sur les niveaux d’impôts et de dépenses.

→ Cela devrait permettre de réconcilier la recherche de crédibilité de l’objectif de soutenabilité de la dette en longue période et la flexibilité en courte période rendue nécessaire par les aléas économiques.

L’auteur s’inspire de la quête de la règle monétaire idéale dans les années 1980, qui s’est avérée vaine et a conduit à confier à une institution spécialisée, au mandat défini, la responsabilité de fixer de façon indépendante les taux d’intérêt.

A

Wyplosz, 2005, “Fiscal Policy : Institutions vs. Rules”

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8
Q

Récapitulatif de la notion de principal/agent :

Le principal (l’actionnaire, le manager ou le banquier), qui délègue une tâche à l’agent (le chef d’entreprise, les employés ou l’entreprise), n’a pas toutes les informations sur les capacités et les performances de ce dernier, ce qui conduit généralement à des situations sous-optimales.

La décentralisation de l’information dans une organisation octroie à ses membres certaines rentes informationnelles, qui affectent l’allocation des ressources.

Le recours à la technique du contrat peut être une solution pour surmonter ce problème.

Cette relation principal/agent n’est pas spécifique aux organisations complexes. On peut observer des conflits d’intérêts dans le cas de relations bilatérales impliquant seulement un principal et un agent : vendeur/acheteur, propriétaire terrien/métayer, financier/entrepreneur ; etc.

A

Laffont et Martimort, 2001

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9
Q

La solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision – notamment en cas de problèmes de crédibilité et d’incohérence temporelle.

⚠️ Pour autant, si ces problèmes touchent la politique étrangère, personne n’imagine de la confier à une agence, parce que les changements fréquents de situation impliquent sans cesse de prendre des décisions pour lesquelles un gouvernement démocratiquement responsable est seul légitime → les préférences sociales n’y sont pas stables et les critères de performance pas définis du tout.

A

Alesina et Tabellini, 2007

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10
Q

Éliminer tous les droits de douane et barrières réglementaires ne suffit pas à rendre un territoire parfaitement intégré → des frictions subsistent :

  • Barrières légales et informationnelles qui constituent des obstacles résiduels, invisibles, mais puissants ;
  • Les entreprises, ne pouvant exporter que sur les marchés où elles disposent d’un contact, ne cherchent pas toujours ce contact directement mais s’adressent à leur réseau déjà existant de contacts.
A

Chaney, 2014, “The Network Structure of International Trade”

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11
Q

Il vaut mieux ne pas coordonner de bonnes politiques que coordonner de mauvaises politiques :

  • La coordination peut se limiter à la stabilisation des taux de change alors que l’équilibre économique mondial nécessiterait plutôt des modifications de parité ;
  • Les problèmes de coordinations peuvent constituer des alibis permettant aux gouvernements de rejeter leurs mauvais résultats sur leurs partenaires : comment, par exemple, demander à Bonn ou Tokyo de prendre des décisions permettant de réduire le déficit américain ?
  • Des obstacles constitutionnels peuvent s’opposer à la possibilité de participer à des accords de coopération.
A

Martin Feldstein, 1988

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12
Q

Modèle canonique de la nouvelle macroéconomie keynésienne sur la faiblesse de l’utilité de la coordination des politiques monétaires.

Le manque de coordination n’est pas toujours un problème, même dans un monde de forte interdépendance économique.

Au contraire, l’amélioration continuelle des institutions de politiques monétaires au niveau intérieur peut rendre les mécanismes de coordination partielle superflus, voire contre-productifs.

Des travaux ultérieurs ont cependant pu remettre en cause ce premier résultat, qui reste discuté.

A

Obstfeld et Rogoff, 2002

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13
Q

Les institutions financières et commerciales seraient mieux acceptées par l’opinion des pays avancés, si des organisations spécialisées en charge de l’environnement, de la santé et du travail disposaient de compétences et de moyens à la hauteur des problèmes posés par le réchauffement de la planète, les grandes pandémies ou les migrations internationales.

A

Jacquet, Pisani-Ferry et Tubiana, 2002, Gouvernance mondiale, rapport du CAE

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14
Q

Un projet d’union monétaire devrait être accompagné de la mise en place d’un budget à hauteur de 5-7 % du PIB, et de 7,5 à 10 % si la défense était inclue.

Comme le risque de chocs asymétriques affectant un pays ne peut être exclu, une coordination peut devenir contre-productive et un certain degré de fédéralisme budgétaire doit être conservé pour offrir la flexibilité nécessaire.

A

McDougall (rapport), 1977

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15
Q

L’Union européenne s’est construite par l’effort des politiques, tandis que la population lui restait indifférente, en escomptant simplement un intérêt économique. Elle a tiré sa légitimité de ses résultats, non d’un mandat politique conféré par les citoyens.

Mais désormais, l’Union européenne devrait se doter d’une gouvernance plus démocratique et responsable avant de pouvoir continuer l’approfondissement de son intégration économique.

A

Habermas, The Lure of Democracy, 2015

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16
Q

Concept de « péché originel ».

Il désigne la situation d’un pays émergent ou en développement qui se finance en monnaie étrangère, ajoutant un risque de change à la question de la soutenabilité. Par conséquent, ses limites d’endettement raisonnables sont plus basses que dans les pays qui empruntent dans leur propre monnaie.

A

Eichengreen, Hausmann et Panizza, 2002, « Le péché originel : le calvaire, le mystère et le chemin de la rédemption »

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17
Q

La notion de politique budgétaire renvoie surtout à la fonction de stabilisation.

Il s’agit de jouer sur les impôts et les dépenses publiques afin :

  • d’amortir les oscillations du cycle économique ;
  • de maintenir un niveau d’emploi élevé ;
  • de contrer les poussées d’inflation ou de déflation.

⚠️ Comprise de cette façon, la politique budgétaire est une création du XXe siècle.

A

Paul Samuelson, 1953, L’Économique

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18
Q

Le Japon a recouru de façon répétée à la politique budgétaire comme outil de politique monétaire (de 1992 à 1995, de 1998 à 2000), mais les résultats ont été décevants, en raison de l’échec du gouvernement à nettoyer le secteur bancaire, les banques zombies s’avérant incapables de prêter pour relancer l’investissement privé.

A

Bayoumi, 2000

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19
Q

Historiquement, les pays de l’OCDE n’ont pas durablement enregistré d’excédents primaires supérieurs à six points de PIB.

Lorsque les calculs ont montré que la Grèce devrait enregistrer des excédents bien supérieurs pour réduire son endettement, les investisseurs en ont conclu qu’elle était hors d’état de rembourser ses dettes.

A

Darvas, Pisani-Ferry, Sapir, 2011

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20
Q

Étude empirique de la dette publique portant sur 44 pays et deux siècles.

I. Dans les pays développés, il n’y a aucune relation systématique entre l’endettement et l’inflation.

II. Mise en évidence, par une observation de données en longue période (deux siècles), qu’il n’y a aucun lien évident entre endettement et croissance jusqu’à un taux d’endettement de 90 % mais qu’au-delà, la croissance moyenne diminuerait. Il faudrait alors promouvoir des politiques de rigueur, c’est-à-dire de réduction de l’endettement.

⚠️ Cette étude est discutée, notamment en raison du fait que la période de dépassement de 90 % de dette/PIB par les États-Unis correspond à leur engagement dans la seconde guerre mondiale, pour les limites statistiques dans l’exploitation de leurs données par les auteurs.

A

Reinhart et Rogoff, 2010

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21
Q

Mise en évidence des effets de composition

À taille donnée, les effets d’une hausse ou d’une baisse du déficit peuvent différer sensiblement :

  • selon qu’elle procède par la dépense ou la recette ;
  • selon la nature des dépenses et des recettes concernées.

Un ajustement budgétaire rapide et passant par une baisse des dépenses peut être compatible avec une croissance de la consommation privée et de la production ;

⚠️ Cette conclusion est discutée.

A

Alesina et Ardagna, 2010 ;

Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011.

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22
Q

En cas de restructuration de la dette d’un État, le cadre institutionnel doit être conçu de façon à trouver un juste équilibre entre l’intérêt de ce dernier et celui des prêteurs :

  • Une restructuration trop coûteuse pour le pays débiteur implique des pertes de bien-être pour ses citoyens et l’incite à différer cet événement ;
  • Une restructuration trop facile incite les Etats à s’endetter et les prêteurs à demander des primes de risque élevées.
A

Buchheit et al., 2013

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23
Q

La réaction de la politique monétaire affecte fortement le multiplicateur budgétaire.

Ainsi, pour une expansion budgétaire temporaire de deux ans :

  • Le multiplicateur est significativement plus élevé lorsque la politique monétaire est totalement accommodante (pas de changement de taux directeur nominal) ;
  • Il est moins élevé lorsque la politique monétaire répond de façon endogène à l’action budgétaire.
A

Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models

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24
Q

Une probabilité de restructuration de la dette souveraine plus élevée augmente la prime de risque demandée par les prêteurs.

Les pays présentant un risque de défaut voient alors ce risque amplifié par l’inertie des taux d’intérêt :

  • Tant que la banque centrale ne perd pas le contrôle du taux d’intérêt, elle peut baisser son taux directeur pour compenser l’augmentation de la prime de risque ;
  • Lorsque son taux d’intérêt nominal tombe à zéro, elle ne peut plus jouer ce rôle.

Les taux d’intérêt nominaux bloqués à zéro augmentent donc le multiplicateur budgétaire pour les pays en bonne santé financière et le réduisent pour les pays en difficulté.

A

Corsetti et al., 2012

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25
Q

Ce prolongement du modèle IS-LM fait du régime de change l’un des déterminants essentiels du multiplicateur keynésien.

I - Dans un petit pays, sous l’hypothèse keynésienne de sous-emploi des ressources, lorsque le capital est mobile :

A. En régime de changes flottants, le multiplicateur est faible, voire nul si le capital est parfaitement mobile entre pays relativement petits, du fait de l’appréciation endogène du taux de change (hausse des taux d’intérêt du fait de l’offre de monnaie constante, entrée de capitaux), entraînant une perte de compétitivité à l’exportation : la demande publique évince ici non l’investissement des résidents, puisque le taux d’intérêt est fixé au niveau mondial, mais la demande nette des non-résidents pour les exportations nationales.

B. En régime de change fixe, le multiplicateur est élevé, car il y a peu d’éviction.

II - En l’absence de mobilité des capitaux, les résultats s’inversent :

A. En régime de change flexible, la détérioration de la balance courante suite à l’expansion budgétaire conduit à une dépréciation de la monnaie et à une amélioration de la compétitivité à l’exportation, renforçant l’effet sur la demande de l’expansion initiale.

B. En régime de change fixe, la détérioration des transactions courantes se traduit par une perte de réserves et par une contraction monétaire qui contrarient l’expansion initiale.

⚠️ Ce modèle fait également dépendre le multiplicateur keynésien du degré de développement financier d’un pays, de son degré d’ouverture au monde et de la mobilité des capitaux qui y circulent.

A

Mundell-Fleming (Modèle de) :

Mundell, 1963, “Capital Mobilitéy and Stabilization Policy under Fixed and Flexible Exchange Rates” ;

Fleming, 1962, “Domestic financial policies under fixed and floating exchange rates”

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26
Q

Constat, au moyen d’une approche narrative (cf. Romer et Romer, 2010) portant sur 3500 mesures, que dans les pays de l’OCDE, les hausses d’impôts et les réductions des dépenses entraînent :

  • une baisse de la production…
  • …dont l’impact négatif est significativement plus important dans le cas des hausses d’impôts que dans le cas des réductions des dépenses.

→ Les consolidations budgétaires fondées sur la baisse des dépenses tendent à avoir des effets négatifs sur le PIB moins marqués, voire inexistants, tandis que celles fondées sur des hausses d’impôts ont un impact fortement négatif.

A

Alesina et al., 2017

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27
Q

Proposition de réforme du cadre budgétaire européen :

1° Une règle budgétaire centrée sur la dépense primaire nette des mesures nouvelles en recettes, avec une cible de dépense fonction du niveau d’endettement ;

2° Un fonds de stabilisation pour la zone euro destiné à aider les États à absorber les chocs d’ampleur, financé par des contributions nationales ;

3° Un renforcement de l’union bancaire par la mise en place d’une assurance des dépôts commune et une limitation de l’exposition des banques au risque de concentration de leurs actifs sur un seul pays souverain ;

4° Un actif sûr commun à caractère synthétique ;

5° L’introduction, en dernier recours, de procédures de restructurations souveraines.

A

Bénassy-Quéré et al., 2018

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28
Q

1° Les désaccords partisans sur l’allocation de la dépense publique ;

2° L’incapacité des électeurs actuels à lier les électeurs futurs ;

→ conduisent à des problèmes d’incohérences temporelles.

Chaque parti, lorsqu’il est au pouvoir, va procéder à des choix de dépenses qui ne sont pas optimaux pour l’avenir :

Il va dépenser de façon excessive sur ses priorités, car en cas d’alternance politique, l’opposition n’y consacrera qu’une faible part des ressources.

A

Tabellini et Alesina, 1990, “Voting on the budget deficit”

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29
Q

Les facteurs favorisant l’adoption de règles budgétaires :

  • un PIB par habitant élevé ;
  • des institutions démocratiques ;
  • une structure fédérale ;
  • l’existence de contre-pouvoirs ;
  • la stabilité politique.

Egalement :

  • un taux de dépendance vieillesse élevé ;
  • un régime de change fixe ou de ciblage de l’inflation ;
  • l’ouverture financière.
A

Eldbadawi, Schmidt-Hebbel et Soto, 2015

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30
Q

L’impact de la politique budgétaire varie au cours du temps, selon les conditions économiques.

Les recherches sur les États-Unis suggèrent que le multiplicateur des dépenses y varie de zéro en période de forte croissance, à 1,5 dans les années de récession.

⚠️ Le coût d’une consolidation budgétaire, en termes de production, est donc plus important en temps de crise qu’en temps normal.

A

Auerbach et Gorodnichenko, 2012

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31
Q

Théorie de la Debt-deflation.

A l’époque de la grande crise, la déflation provoque une hausse de l’encours réel de la dette qui pousse les emprunteurs au désendettement, ce qui entretient la chute des prix en même temps que la contraction de la masse monétaire.

→ L’effort fait pour sortir du surendettement accroît l’endettement.

Pour sortir d’une telle crise, il faut élever le niveau moyen des prix et le stabiliser à l’aide des instruments appropriés : le secrétaire au Trésor et la Fed ont donc un rôle à jouer.

⚠️ À court terme, la politique monétaire peut donc affecter positivement le PIB du fait de l’existence d’un endettement élevé des agents économiques.

📚 Cet article sera un point de départ pour toute une tradition de recherche, encore vivante aujourd’hui, qui prend en compte les facteurs financiers dans la dynamique macro-économique de court terme.

A

Irving Fisher, 1933

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32
Q

Une politique monétaire susceptible de relancer l’économie en encourageant la dépense peut aussi créer de l’aléa moral auprès des investisseurs.

En effet, les conditions monétaires déterminées par les banques centrales sont un facteur déterminant de la prise de risque des investisseurs : plus ces conditions monétaires sont souples, moins la réalisation du risque est coûteuse.

Cette politique monétaire peut ainsi semer les germes de la prochaine crise financière. Elle peut alors être un moteur des cycles financiers observés sur longue période.

A

Borio, 2014

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33
Q

À partir de données américaines sur la période 1980-2008 : dans l’ensemble, une politique monétaire restrictive accroît les inégalités, tandis qu’une politique expansionniste les réduit.

A

Coibion et al., 2012

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34
Q

Dans les pays en développement, l’efficacité de l’indépendance de la banque centrale dépend aussi de la qualité globale des institutions.

Le ciblage d’inflation est un régime monétaire qui ne permet pas d’améliorer le cadre institutionnel si la qualité institutionnelle n’est pas suffisante.

⚠️ Cela ne signifie pas que de bonnes institutions politiques garantissent pour autant le succès de réformes économiques.

A

Acemoglu et al., 2008

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35
Q

Le mouvement de transparence des banques centrales s’est essentiellement accompli entre 1998 et 2010, pour quatre raisons :

1° La transparence est la contrepartie de l’indépendance des banques centrales, pour des raisons de contrôle démocratique ;

2° Elle participe du mouvement plus large en faveur de la transparence des gouvernements, à la demande des citoyens ;

3° Elle est un moyen d’améliorer l’efficacité des politiques monétaires, par le guidage des anticipations et le lissage de leurs effets ;

4° Elle accroît la crédibilité des engagements des banques centrales.

A

Dincer, Eichengreen et Geraats, 2019

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36
Q

La coopération internationale en matière de politique monétaire risque d’être contreproductive en l’absence de possibilité d’engagement crédible à une règle de politique monétaire, à moins de menacer l’indépendance de la banque centrale :

  • En équilibre non coopératif, la politique monétaire est soumise à deux influences de sens opposés : un biais inflationniste causé par la volonté (infructueuse) de créer des « surprises » d’inflation et un biais déflationniste, provoqué par la tentative (vaine) de déprécier le taux de change réel au détriment du voisin ;
  • En équilibre coopératif, cette dernière incitation disparaît, et le biais inflationniste de la politique monétaire est plus fort, ce qui réduit le bien-être des deux pays.

→ L’équilibre non coopératif est un moindre mal.

A

Rogoff, 1985

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37
Q

Les systèmes financiers sont généralement plus développés dans les pays plus riches, avec des banques et intermédiaires financiers de plus grande taille et des marchés d’actions plus profonds.

Par ailleurs, une tradition juridique anglo-saxonne, une forte protection des droits des actionnaires, de bonnes normes comptables, de faibles niveaux de corruption et l’absence d’assurance des dépôts tendent à favoriser des systèmes financiers fondés sur le marché plutôt que sur les banques.

A

Dermirgüç-Kunt et Levine, 1999

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38
Q

Il pourrait y avoir une « taille optimale » du secteur financier.

En effet, un développement financier trop important peut aussi induire une mauvaise allocation de capital humain, à cause de salaires excessifs dans le secteur financier (phénomène de brain drain : que de jeunes docteurs en mathématiques préfèrent les salles de marché à la recherche fondamentale est individuellement rationnel, mais coûteux pour la société).

La relation entre profondeur financière et bien-être économique pourrait donc suivre une courbe en cloche.

A

Cœuré, 2014

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39
Q

C’est grâce aux paris de la finance que les innovations radicales peuvent être concrétisées dans les structures de la production et dans les modes de vie.

A

Schumpeter, Les Cycles des affaires, 1939

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40
Q

Étude du financement public d’une guerre par un gouvernement.

L’effet de ce financement public sur les revenus des ménages est totalement indépendant de sa nature, qu’il prenne la forme d’un emprunt ou d’un impôt :

  • En cas d’imposition, les agents doivent immédiatement y consacrer une partie de leurs revenus ;
  • Si le gouvernement se finance par des obligations, les agents épargnent en prévision des hausses d’impôts futures.
A

Ricardo (Equivalence ricardienne), 1820, “Essay on the Funding System”

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41
Q

Les auteurs étudient plusieurs économies de l’OCDE.

En isolant les mesures spécifiquement destinées à redresser les finances publiques, ils montrent que les consolidations sont, sauf rares exceptions, de nature à déprimer l’activité.

Leurs estimations recoupent celles du FMI dans ses perspectives de l’économie mondiale 2010.

En effet, l’intensité de la consolidation est mesurée par l’évolution du solde primaire ajusté du cycle. Or, cette évolution ne reflète pas uniquement les mesures discrétionnaires visant à l’assainissement des finances publiques. Elle est aussi le résultat, par exemple :

  • De mesures restrictives prises en vue d’écarter le risque de surchauffe ;
  • De mesures de soutien prises au bout d’un certain temps pour limiter l’effet d’une consolidation ;
  • Ou encore de l’évolution du prix d’actifs qui peut venir la gonfler (ou la déprimer) via les recettes d’impôts sur les plus-values ou via les conséquences d’un effet de richesse sur la demande interne et, en conséquence, sur les recettes associées.

→ L’étude des auteurs surmonte ces difficultés en les écartant.

A

Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011

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42
Q

I. A. Selon ce modèle, tous les pays ayant atteint un niveau critique de développement financier devraient converger en terme de croissance, bien que l’effet s’atténue lorsque la production est déjà développée.

B. Le développement financier dans les pays moins avancés leur permettrait de tirer un meilleur parti des transferts de technologie, car il deviendrait de plus en plus nécessaire au fur et à mesure que la frontière de production est repoussée.

II. L’extension de la finance pourrait soutenir la croissance aux premières étapes du développement économique, mais pas dans les économies avancées.

A

Aghion et al., 2005

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43
Q

I. Modèle canonique de crise de liquidité :

1° Les prêts intermédiaires par les banques sont supérieurs à des prêts et emprunts décentralisés sur les marchés parce que les banques peuvent mutualiser le risque de liquidité des déposants individuels et fournir ainsi une assurance ;

2° Il y a des équilibres multiples parce que la confiance d’un déposant individuel est affectée si les autres déposants retirent leur argent ;

3° Dans le modèle, il y a deux équilibres possibles :

  1. un équilibre paréto-efficace dans lequel les déposants font confiance à la banque ;
  2. un équilibre de marché où tous les déposants retirent leur argent - « ruée » ou « panique » bancaire - qui peut être fatal à la banque si son financement repose trop sur les dépôts.

II. A. ⚠️ Dans le modèle, rien ne permet de prédire quel équilibre va émerger. Une panique peut être déclenchée par une rumeur, par la nouvelle d’une première vague de retraits ou par la faillite d’une autre banque. Elle revêt bien souvent un caractère auto-réalisateur.

B. Le modèle met en évidence la nécessité pour les établissements bancaires de posséder des réserves de fonds propres fortes.

A

Diamond et Dybvig, 1983

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44
Q

Pour éviter les paniques financières, il faut prêter libéralement aux banques solvables, contre des garanties solides et à un taux d’intérêt élevé (afin de lutter contre l’aléa moral).

A

Bagehot (Principe de), 1873

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45
Q

Mise en évidence de la sensibilité à l’information.

A. La maximisation du bien-être requiert l’ignorance symétrique (entre deux agents économiques) de la solvabilité des débiteurs dont la dette est utilisée comme collatéral : cette situation est supérieure à celle d’une information symétrique ou même d’une information parfaite.

B. La dette constitue la monnaie optimale pour le commerce. La dette constitue également le collatéral optimal pour la dette :

1° Quand la dette est utilisée comme collatéral pour un contrat portant sur un autre emprunt, elle réduit l’incitation à s’informer sur son remboursement, rendant la dette moins sensible à l’information, c’est-à-dire plus liquide. Cette liquidité est optimale pour l’économie ;

2° Cependant, une information négative rendue publique (choc) sur la valeur du collatéral d’une dette peut rendre cette dette sensible à l’information. La valeur du collatéral diminue alors à mesure que les agents cherchent à réduire sa détention (sélection adverse), conduisant à une crise financière lorsque le phénomène se répand.

A

Dang, Gorton et Holmström, 2012

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46
Q

I. Mise en évidence de la sensibilité à l’information :

  • la monnaie est insensible à l’information en période de stabilité des prix (caractéristique d’une unité de compte) ;
  • à l’opposé, les actions sont très sensibles à l’information : leurs valeurs fluctuent en temps réel en fonction des anticipations des investisseurs sur les dividendes futurs.

II. La panique financière de 2007-2008 a pris place sur le marché des repo, qui étaient collatéralisés (« prêts sécurisés ») :

  • Les inquiétudes des agents concernant la liquidité des sûretés utilisées comme collatéraux ont conduit à une hausse des décotes (haircuts) auxquelles donnaient lieu les repo, c’est-à-dire à une augmentation du montant requis de collatéral pour une transaction donnée ;
  • Avec la baisse de la valeur des actifs utilisés comme collatéraux et la hausse simultanée des décotes, le système bancaire américain a fini par devenir illiquide pour la première fois depuis la Grande dépression ;

→ Les comportements des agents peuvent être irrationnels par rapport aux risques portés par leurs contreparties, entraînant des clôtures massives de positions, des augmentations de la volatilité et l’assèchement de la liquidité du marché.

Repo (Sale and Repurchase Agreement) : marché de refinancement d’actifs financiers négociables (obligations, BTAN, certificats de dépôt, actions…) à un taux d’intérêt négocié entre les deux parties contractantes (il ne s’agit pas nécessairement d’une activité de shadow banking - les banques centrales y recourent - mais de nombreuses shadow banks opèrent sur ce marché).

A

Gorton et Metrick, 2012

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47
Q

I. Lorsque la valeur marchande des titres que les acteurs économiques apportent en garantie de leurs emprunts diminue, leur capacité d’emprunt se réduit et des contraintes de crédit apparaissent.

II. La diminution de la capacité d’endettement des acteurs non financiers pèse sur la demande globale.

⚠️ Ce phénomène s’aggrave encore plus lorsque, dans le cadre d’un épisode de déflation, les prix à la consommation baissent régulièrement, gonflant ainsi la valeur réelle de la dette, comme ce fut le cas lors de la Grande dépression.

A

Irving Fisher, 1933

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48
Q

I. Lorsque le taux long est « trop bas », les prix des actifs à long terme sont « trop élevés » :

1° Lorsque les prix des actifs augmentent, les bilans des intermédiaires financiers ont tendance à gonfler. Ceci crée une situation de capital excédentaire, ce qui encourage à son tour à l’augmentation de l’effet de levier ;

2° Or une hausse de la valeur de marché des actifs détenus par les emprunteurs potentiels permet à ces derniers de proposer plus d’actifs en collatéral afin d’obtenir de nouveaux prêts.

II. Une courbe des rendements de court et de long terme assez plate réduit les revenus que les banques tirent de la transformation de la maturité des prêts :

  • Par conséquent, un relèvement des taux courts les conduit à diminuer leur offre de crédit.

⚠️ La gestion de la courbe des rendements est un élément fondamental des instruments macroprudentiels.

A

Adrian et Shin, 2011

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49
Q

Approbation des régimes de résolution.

L’ordre d’imputation des pertes doit être le suivant :

1° Les actionnaires de la banque ;

2° Les créanciers obligataires juniors (ex : les détenteurs de dettes contractuellement convertibles en actions) ;

3° Les créanciers obligataires seniors ;

4° En dernier viennent les déposants, à l’exclusion des dépôts garantis.

A

Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board), 2014

50
Q

Le système d’étalon de change-or, par lequel toutes les monnaies étaient convertibles en dollar à taux fixe, et le dollar lui-même convertible en or, portait en lui une contradiction structurelle :

  • Pour répondre à la demande de liquidité internationale, il fallait émettre beaucoup de dollars ;
  • Mais pour maintenir la confiance dans la monnaie américaine, il fallait limiter les émissions de dollars par rapport aux réserves d’or de la Fed.
A

Rueff, Le péché monétaire de l’Occident, 1971

51
Q

La présence de dollars à l’actif et au passif du bilan des banques non américaines signifie que la politique monétaire américaine affecte les conditions de crédit dans d’autres pays que les États-Unis :

  • lorsque la réserve fédérale baisse son taux d’intérêt, le crédit devient moins cher non seulement aux États-Unis, mais aussi dans les pays dont les banques s’appuient davantage sur un financement en dollar ;
  • inversement, ces banques souffrent davantage d’une pénurie de financement lorsque le dollar s’apprécie, ce qui les conduit à réduire l’offre de crédit qu’elles apportent.
A

Bruno et Shin, 2015

52
Q

Modèle permettant de mettre en évidence une relation négative entre le risque de change et l’ouverture au commerce international :

Une entreprise dont l’activité consiste à vendre un bien unique à l’étranger, qu’elle produit sans consommation intermédiaire importée, va prendre sa décision de production sans connaître à l’avance la valeur du change. La variabilité de son profit repose alors entièrement sur celle du taux de change.

A

Clark, 1973, “Uncertainty, exchange risk, and the level of International trade”

53
Q

Modèle étudiant la relation entre croissance et taux de change :

1° La volatilité du taux de change a un impact négatif sur la croissance ;

2° Plus un pays est financièrement développé, plus il a intérêt à adopter un taux de change flexible ;

3° Un pays dont le secteur du crédit privé n’est pas assez développé sera plus sensible aux chocs de changes et devrait donc préférer un régime de change fixe.

A

Aghion et al., 2009

54
Q

Mise en évidence du rôle des écarts de productivité pour expliquer les différences de niveaux de prix entre pays de niveaux de développement différents.

A. Les pays en phase de rattrapage ont une productivité inférieure aux économies avancées dans les secteurs ouverts à la concurrence, alors que les écarts de productivité sont négligeables dans les secteurs protégés.

B. Si les prix des biens échangeables sont donnés par la parité de pouvoir d’achat (PPA), l’existence d’une productivité inférieure dans les secteurs exposés a pour corollaire une infériorité des salaires dans ces mêmes secteurs.

C. Quand la main-d’œuvre est entièrement mobile ou quand la fixation des salaires est guidée par la solidarité, il y a égalisation entre les secteurs :

Dans les secteurs protégés, les salaires sont également plus bas que dans les économies avancées.

D. Si la productivité dans les secteurs abrités est similaire à celle des économies avancées et si le taux de change nominal est déterminé par la parité de pouvoir d’achat dans les secteurs ouverts :

  • les biens et les services échangeables devraient coûter moins cher dans un pays en rattrapage que dans les économies avancées :

→ d’où un niveau général des prix inférieur.

A

Balassa, 1964 ; Samuelson, 1964

effet Balassa-Samuelson

⚠️ Il s’agit deux contributions séparées.

55
Q

Le degré de tarification au marché varie beaucoup d’un pays à l’autre et d’un secteur à l’autre :

  • Il est faible pour les grandes nations exportatrices (États-Unis, Allemagne, Chine) ;
  • Il est plus important pour les produits manufacturés comme l’alimentation, l’habillement, les armes à feu, les produits chimiques ou optiques.

En moyenne, sur l’ensemble des pays et des produits, une dépréciation de 10 % entraîne une hausse des prix en monnaie nationale d’environ 2 %.

A

Gaulier et al., 2008

56
Q

Proposition de méthode de calcul​ du taux de change d’équilibre comportemental (Behavioral Equilibrium Exchange Rate – Beer)

I. Il s’agit d’obtenir le taux de change effectif réel qui permet l’équilibre des comptes courants à long terme.

II. Il est calculé à partir des relations économétriques de long terme entre le taux de change réel et ses déterminants macro-économiques, principalement la position extérieure nette, les termes de l’échange et le différentiel de productivité (effet Balassa-Samuelson).

III. ⚠️ Il découle de régularités historiques et ne peut pas s’appliquer en cas de rupture structurelle (par exemple, le Beer du dollar est calculé sur une période où l’appétit pour le dollar est particulièrement élevée du fait de l’absence d’alternative à cette monnaie de réserve internationale). Il est donc complémentaire au Feer.

A

Clark et Macdonald, 1998

57
Q

Pour une banque centrale, une réaction vigoureuse face à un choc commun peut aussi être une façon de « forcer » les autres banques centrales à agir de façon aussi déterminée.

→ Cette réaction sert ainsi d’outil de coordination implicite.

A

Eichengreen, 2013

58
Q

Modèle relatif à la « guerre des monnaies » qui peut survenir lorsque le taux d’intérêt nominal est à zéro, c’est-à-dire lorsque l’excédent d’épargne au niveau mondial ne peut plus être éliminé à travers une baisse des taux.

I. En raison de ces rigidités, la production est déterminée par la demande globale dès lors que la demande mondiale pour les actifs financiers excède leur offre à la borne inférieure zéro.

Lorsque l’économie est dans une trappe à liquidités mondiale :

  • soit toutes les régions subissent une trappe à liquidité permanente, soit elles n’en subissent aucune, dans la mesure où ils font face au même taux d’intérêt naturel ;
  • toute chose égale par ailleurs, un pays subit une trappe à liquidité plus sévère que la moyenne lorsque sa capacité à produire des actifs financiers est plus faible que sa propre demande pour ces actifs ;
  • pour la même raison, dans cet environnement, un grand pays avec une forte pénurie d’actifs peut faire basculer l’économie mondiale dans une trappe à liquidité mondiale en exerçant des pressions à la baisse sur les taux d’intérêt d’équilibre.

II. Dans un tel environnement, l’équilibre du marché mondial des capitaux est obtenu à travers une baisse de la production :

1° Le pays présentant le plus gros excès de demande d’actifs exporte son épargne ;

2° L’économie nationale attire des capitaux étrangers ;

3° Sa monnaie s’apprécie et sa récession est pire qu’en autarcie.

→ L’économie étrangère a donc « exporté » une partie de sa récession en accumulant une position extérieure nette positive.

⚠️ L’effet est d’autant plus fort que la monnaie nationale est un actif sûr*.

La seule manière pour l’économie nationale d’éviter cette aggravation de la crise serait d’émettre davantage de dettes (= baisse de l’offre) via une politique budgétaire expansionniste.

III. La répartition de la récession entre les différents pays dépend alors des taux de change.

* Un actif liquide dont la valeur tend à augmenter en période de crise.

A

Caballero, Farhi et Gourinchas, 2015

59
Q

Étude sur le secteur financier américain :

Depuis les années 1990, la finance attire des personnes très qualifiées au détriment des autres secteurs, en leur offrant une prime salariale substantielle (avant la crise, jusqu’à 50 % de plus pour un même niveau de formation).

L’industrie financière a attiré trop de talents, il y a trop de banquiers et pas assez d’ingénieurs, alors que le coût unitaire de production des services financiers a probablement augmenté.

A

Philippon et Reshef, 2012

60
Q

Il n’est pas souhaitable de conserver durablement des contrôles de capitaux :

Les taxes type Tobin ou les obligations de mise en réserve à la chilienne (en vigueur au Chili de 1991 à 1998) ne sont pas suffisantes pour décourager les sorties de capitaux lorsque les anticipations de dépréciation de la monnaie nationale deviennent fortes ;

Les taxes et les contrôles administratifs peuvent être contournés grâce aux innovations financières et à l’existence de paradis fiscaux ;

Il est très difficile de distinguer les « bons » des « mauvais » flux de capitaux a priori : tous seront pareillement pénalisés.

A

Garber et Taylor, 1995

61
Q

Depuis l’introduction de l’euro, les échanges intra-zone n’ont pas significativement augmentés.

Cependant, le volume des échanges peut-être un indicateur trompeur : d’autres paramètres comme la réglementation, le cadre juridique, les impôts ou la barrière de la langue peuvent influer sur ce volume.

L’euro a probablement joué un rôle positif en la matière en ce qu’il a contribué à maintenir des prix plus bas et moins volatiles, et spécialement dans la zone euro.

A

Fontagné et al., 2009

62
Q

Étude empirique mettant en évidence un effet pro-concurrentiel de l’euro, qui a abouti à une convergence des prix du commerce intra-zone de biens et services :

Avant la mise en place de la monnaie unique, les prix dans la zone euro étaient de 15 % plus élevés que dans le reste de l’Union européenne ; après 1999, l’écart passe à 8,1 %.

⚠️ Néanmoins, cet effet est beaucoup moins important qu’aux États-Unis.

A

Martin et Méjean, 2010

63
Q

Remise en cause de l’efficacité des interventions de change lorsque celles-ci sont stérilisées*, ce qui est généralement le cas dans les économies avancées.

⚠️ Ces interventions semblent accroître plutôt que réduire l’instabilité des cours.

* Une intervention stérilisée est une intervention de la Banque centrale qui n’implique pas de changement dans la base monétaire nationale.

A

Sarno et Taylor, 2001, “Official intervention in the foreign exchange market : Is it effective and, if so, how does it work ?”

64
Q

Au moyen d’une étude empirique portant sur des données de la Federal Reserve et de la Bundesbank, les auteurs mettent en évidence un troisième canal de transmission de la politique de change*, l’effet de signal :

1° Même lorsque la plupart des agents qui interviennent sur le marché jugent une monnaie désalignée, la présence de chaînes mimétiques ou de chartistes peut retarder le retour vers l’équilibre ;

2° Par conséquent, même une intervention stérilisée peut avoir un effet significatif sur le taux de change, en jouant sur les anticipations : l’effet de l’intervention de la banque centrale sur le taux de change est renforcé quand il est connu du public.

* Les deux canaux traditionnels de transmission des interventions sur le taux de change sont le canal monétaire et l’effet de portefeuille.

A

Dominguez et Frankel, 1993

65
Q

I. Les cinq conditions pour qu’une monnaie devienne internationale :

Être émise par un grand pays ou une grande zone monétaire ;

Être utilisée pour libeller des actifs échangés sur des marchés profonds et liquides ;

Être stable sur les plans interne (inflation) et externe (taux de change stable ou du moins ne se dépréciant pas tendanciellement) ;

Bénéficier d’un environnement réglementaire sécurisant et d’une stabilité financière ;

Être soutenue par des attributs de pouvoir non économiques (force militaire, place dans les forums internationaux, etc.).

II. L’euro remplit bien le premier, le troisième (rôle de la BCE) et le quatrième critères, mais pas le deuxième, car son secteur bancaire est trop développé et ses marchés financiers trop fragmentés et surtout pas le dernier, l’influence géopolitique de l’europe en tant que telle faisant défaut, contrairement à celle des États-Unis.

III. L’euro a donc jusqu’à présent échoué à prendre le rôle de monnaie de réserve internationale. La fenêtre de tir pourrait se refermer avec la montée du renminbi.

A

Bénassy-Quéré, 2015

66
Q

La crise financière de 2008 a été suivie d’un déficit durable de demande agrégée, c’est-à-dire une insuffisance de la demande globale nécessaire pour stimuler la croissance économique, en raison notamment :

  • Du choc sur la confiance et la consommation ;
  • De la réduction de l’effet de levier de l’endettement et du déstockage des dettes ;
  • Des politiques de restriction budgétaire.
A

Gourinchas et Rey, 2016

67
Q

I. Modèle de compétition fiscale entre deux pays produisant différents produits et se livrant une concurrence monopolistique. On identifie deux types de travailleurs : les travailleurs mobiles et non mobiles. On distingue également entre un équilibre dispersé (l’industrie et les travailleurs mobiles sont répartis entre les deux pays) et aggloméré (l’industrie et les travailleurs mobiles sont concentrés dans un pays).

II. En équilibre dispersé, l’équilibre des travailleurs mobiles sera perturbé en cas de hausse de la redistribution de ceux-ci vers les travailleurs immobiles, y compris si cette hausse est coordonnée entre les pays. Cette perturbation se produit pour les taux d’imposition trop élevés.

III. En cas d’équilibre aggloméré, la taxe optimale pour conserver ses travailleurs mobiles n’est pas nécessairement la plus faible dans le pays possédant l’agglomération. En effet l’agglomération produit une rente, qui peut être consacrée à la production de biens publics, attractifs pour le facteur de production mobile. Pour diminuer l’effet de la concurrence fiscale, à la rente d’agglomération, peut donc s’ajouter une dynamique suscitée par l’accumulation des biens publics​ : la présence d’entreprises en un même lieu crée les ressources nécessaires à la production de biens (infrastructures, éducation, etc.) qui, à leur tour, attireront de nouvelles entreprises.

IV. Plus les échanges sont libéralisés et les droits de douane abaissés, plus l’effet d’agglomération est renforcé, ce qui augmente la possibilité que toutes les industries et les travailleurs finissent dans une seule agglomération.

A

Andersson et Forslid, 2003

68
Q

La concurrence fiscale ne mène pas nécessairement vers un moins-disant, car certains pays bénéficient de rentes d’agglomération leur permettant de maintenir des taux d’imposition plus élevés sans souffrir d’une délocalisation des activités.

Ces rentes sont liées aux économies d’échelle qui incitent les entreprises à concentrer leur activité en un petit nombre de lieux, pourvu que les coûts de transport entre les lieux de production et les marchés ne soient pas trop élevés (arbitrage proximité/concentration).

A

Baldwin et al., 2003

69
Q

I. A. Les mesures qui stimulent la participation féminine au travail :

  • l’application d’un traitement fiscal plus neutre au second apporteur de revenu (par rapport aux personnes célibataires) ;
  • les incitations fiscales encourageant le partage de l’emploi rémunéré entre conjoints ;
  • les subsides aux dépenses de garde d’enfants ;
  • les congés parentaux rémunérés.

B. Contrairement aux subsides aux dépenses de garde d’enfants, les prestations pour enfant exercent un effet négatif sur la participation féminine en raison de l’effet revenu.

II. La fiscalité introduit des distorsions excessives dans les décisions de participation des femmes mariées par rapport à celles des hommes et des femmes célibataires. En effet, dans le cadre d’un impôt sur le revenu à taux progressif, un deuxième salaire élève le taux moyen d’imposition du foyer.

Un traitement fiscal plus neutre du second revenu dans un foyer aurait donc un impact positif sur le taux de participation des femmes au marché du travail.

L’idéal serait d’imposer les femmes mariées et les mères de famille moins lourdement que les femmes célibataires et les hommes, car leur offre de travail est plus élastique par rapport aux taux d’imposition marginaux, mais cette proposition se heurterait au principe d’égalité.

A

Jaumotte, 2003

70
Q

I. Les baby-boomers ont des situations de fortunes extrêmement hétérogènes.

II. Les auteurs proposent une méthodologie pour calculer l’éducation financière des agents. Trois questions simples sont posées :

1° Si les chances de tomber malade sont de 10 %, et que la population comprend 1 000 personnes, combien de personnes sont malades ?

2° Si une loterie offre 2 M$ de prix, et qu’il y a cinq gagnants, combien gagne chacun d’eux ?

3° Enfin une question portant sur la notion d’intérêts composés.

III. Il apparaît que la plupart des ménages ne savent pas répondre correctement aux trois questions, ce qui implique qu’ils ne maîtrisent pas les rudiments de gestion des risques et d’allocation de portefeuille.

Or, il y a une forte corrélation entre la capacité à répondre aux questions et le niveau de fortune des populations au moment de leur retraite, ce qui met en évidence la difficulté à planifier la retraite (ici, les populations latino et noires).

A

Lusardi et Mitchell, 2007, 2014

71
Q

I. Trois questions très simples (issues de Lusardi et Mitchell, 2014) sont posées à un échantillon représentatif de la population adulte française :

1° La première porte sur le calcul d’un intérêt composé ;

2° La deuxième sur l’effet de l’inflation sur le pouvoir d’achat réel ;

3° La capacité à hiérarchiser le risque associé à différents produits financiers.

II. En 2011, d’après une enquête, un tiers seulement des Français auraient été capables de répondre correctement à chacune de ces questions.

Selon des comparaisons internationales, cette éducation financière variait récemment d’un peu plus de 3 % en Russie et en Roumanie à 53 % en Allemagne. Elle varie aussi considérablement selon le niveau d’études, les préférences politiques, etc.

III. Si l’éducation financière joue bien un rôle sur la vision de long terme et le portefeuille des investisseurs, elle est loin d’être le déterminant majeur de la propension à investir dans l’économie. Améliorer les connaissances économiques des jeunes épargnants sera loin d’être le remède miracle. D’autres leviers sont possibles : fiscalité, coûts de transactions, informations, culture du risque, optimisme, etc.

A

Arrondel, 2017

72
Q

Pour étudier la prise de décision face au risque, l’économie orthodoxe repose sur la théorie de l’utilité espérée de Von Neuman et Morgenstern.

Les auteurs vont introduire une rupture dans la théorie de la décision en situation de risque, en démontrant que les anticipations des ménages ne sont généralement pas rationnelles et sont souvent incohérentes.

En effet, les agents utilisent des heuristiques*, ce qui présente le défaut de les conduire à des biais de comportement. Les auteurs les mettent en évidence : ils identifient l’optimisme, le conservatisme, l’aversion au risque dans le domaine des gains et le goût pour le risque dans le domaine des pertes.

* L’heuristique (du grec ancien εὑρίσκω, heuriskô, « je trouve ») est « l’art d’inventer, de faire des découvertes » en résolvant des problèmes à partir de connaissances incomplètes. Ce type d’analyse permet d’aboutir en un temps limité à des solutions acceptables. Celles-ci peuvent s’écarter de la solution optimale.

A

Kahneman et Tversky, 2000

73
Q

Les instruments de tarification fondés sur le principe du pollueur-payeur sont des moyens utiles et efficaces pour internaliser les coûts environnementaux et encourager l’économie circulaire.

En 2002, l’Irlande a introduit une taxe élevée sur les sacs plastiques (0,15 € par sac). En un an, la consommation de ces sacs a chuté de 90 %, pour un coût d’administration correspondant à seulement 3 % des recettes, celle-ci pouvant se superposer à des prélèvements déjà existants.

A

Ferreira, Convery et McDonnell, 2007, The Most Popular Tax in Europe? Lessons from the Irish Plastic Bags

74
Q

En étudiant les probabilités de transition entre quatre statuts – emploi formel, emploi informel, chômage et inactivité – dans les pays émergents, il est mis en évidence que les personnes employées dans le secteur informel tendent à y rester et que lorsqu’elles en sortent, c’est pour entrer dans le chômage ou l’inactivité.

L’emploi informel n’est pas du tout une porte d’entrée vers l’emploi formel.

A

OCDE, Perspectives de l’emploi 2015

75
Q

Dans les années 1980, la nouvelle école classique bat en brèche l’idée d’un arbitrage entre inflation et chômage, même à court terme. Si les anticipations sont rationnelles, les hausses de salaires reflètent à tout moment les hausses des prix.

⚠️ La réponse des néo-keynésiens a été la justification théorique de l’existence de rigidités nominales par les « coûts de menu » ou l’emboîtement des contrats.

A

Lucas, 1981

76
Q

Comme les rentes de monopole d’une entreprise sont souvent partiellement appropriées par les salariés, il est moins difficile de réformer le marché du travail lorsque le marché des biens et des services est dérégulé (et que les rentes sont donc faibles).

Selon ce modèle :

  • à court terme, la dérégulation du marché du travail affecte les travailleurs en réduisant la part salariale mais sans influencer l’emploi ;
  • à long terme, l’augmentation de la part des profits attire de nouvelles entreprises, ce qui entraîne un renforcement de la concurrence, une remontée du salaire réel à son niveau initial et une baisse du niveau du chômage.
A

Blanchard et Giavazzi, 2001

77
Q

I. Étude empirique du marché français de l’emploi de 2003 à 2014, à partir de l’enquête Emploi de l’Insee, ainsi que de l’impact spécifique de la crise de 2008 sur le fonctionnement de ce marché.

II. A. Après la crise, les allers/retours entre le chômage et l’emploi représentent près de six transitions sur dix, ce qui témoigne de l’instabilité du marché du travail.

B. Le risque de basculement vers le chômage dépend fortement du type de contrat de travail, ce qui atteste de la dualité du marché du travail : il est dix fois plus important pour les salariés en intérim et six fois plus important pour les salariés en CDD que pour les salariés en CDI.

C. Sur le marché français (📚 comme dans d’autres pays européens) : les nouveaux entrants alternent, généralement pendant plusieurs années, emplois de courte durée et chômage, avant d’accéder à un contrat à durée indéterminée.

Ceci aboutit à une moindre productivité, à des salaires plus faibles et à un accès plus difficile aux marchés du crédit et du logement.

D. « Déstabilisation des stables »* : après la crise, malgré son atténuation par des mesures de flexibilité interne, on assiste également à une réduction de la durée des CDI. En outre, plus d’un tiers des CDI sont rompus avant la fin de la première année, qui concerne d’abord les moins de vingt-cinq ans et les plus de cinquante-cinq ans.

* Selon l’auteur, les stables sont ceux qui ont réalisé les trois quarts de leur carrière chez le même employeur.

A

Flamand, 2016

78
Q

Mise en évidence d’un effet d’hystérèse :

Une fois qu’on a laissé s’accroître le chômage, celui-ci ne peut revenir immédiatement à sa valeur d’équilibre de long terme (le Nairu de long terme) qu’au prix d’une hausse de l’inflation.

Trois canaux à la suite de l’allongement du non-emploi :
1° dégradation du capital humain ;
2° baisse de l’accumulation du capital physique ;
3° baisse de la négociation salariale.

Cette hypothèse alourdit considérablement la responsabilité des politiques macro-économiques dans la lutte contre le chômage : une politique budgétaire ou monétaire restrictive, par exemple, qui pèse temporairement sur la demande, pourrait conduire à une hausse persistante du taux de chômage.

Si cet effet est avéré, cela signifie en particulier que les banques centrales ont un rôle à jouer dans la réduction du chômage non seulement à court terme, mais également à long terme.

Cette théorie, de prime abord convaincante, voit sa pertinence empirique discutée.

A

Blanchard et Summers, 1986

79
Q

I. L’incertitude ex ante sur la répartition des gains d’une réforme, en termes de gagnants et de perdants, induit un biais en faveur du statu quo. Il ne s’agit pas ici d’aversion au risque ou d’irrationalité, mais d’un manque d’information qui réduit mécaniquement la population susceptible d’adhérer ex ante à une réforme qui lui serait bénéfique ex post.

II. En conséquence, une réforme potentiellement bénéfique pour une majorité de la population peut être démocratiquement rejetée. Ceci explique pourquoi il est si difficile pour les politiques de mettre en œuvre certaines politiques recommandées par les économistes.

A

Fernandez et Rodrik, 1991

80
Q

Il peut se former des biais en faveur du statu quo sur le marché du travail :

1° La coalition susceptible de soutenir une redistribution par l’impôt n’est pas la même que celle qui soutient un contrôle des inégalités par la fixation du salaire minimum. La seconde solution peut donc être préférée, même si elle est économiquement moins efficace.

2° Les institutions créent leur propre soutien puisqu’une fraction de la population ne serait pas employée sans elles : il s’agit d’une rente dans ce cas précis, qui augmente d’autant la résistance à la réforme qu’elle sera forte.

3° La résistance à la réforme atteint son maximum à la fin d’une récession économique.

A

Saint-Paul, 2000

81
Q

De 2002 à 2016, plus de cinquante réformes de l’emploi ont été votées par le Parlement en France, soit une par trimestre.

Cette instabilité, paradoxalement accompagnée d’une grande stabilité de l’indicateur de protection de l’emploi, a nui à la crédibilité et à l’efficacité des mesures prises.

A

Bruno Coquet, 2016

82
Q

Les contrôles de capitaux font partie de la boîte à outils et leur usage peut s’avérer adéquat sous certaines conditions.

⚠️ Cependant, ils ne doivent pas se substituer aux ajustements macro-économiques nécessaires, comme l’ajustement du taux de change.

A

FMI, 2012, “The Liberalization and Management of Capital Flows : An Institutional View”

83
Q

À partir d’une estimation économétrique réalisée sur un panel d’économies émergentes de 1995 à 2008 :

Il est mis en évidence que les contrôles sur les entrées de capitaux, accompagnés de mesures prudentielles visant à limiter les bulles de crédit, sont efficaces pour réduire la vulnérabilité de ces pays aux conséquences éventuelles d’un arrêt brutal des entrées de capitaux.

A

Ostry et al., 2012

84
Q

Les crises de change de troisième génération qui sont survenues à partir de juillet 1997, d’abord en Thaïlande, puis dans d’autres économies d’Asie orientale, ainsi qu’au Brésil et en Russie, ont​ reposé sur le secteur financier :

1° Ces pays avaient en commun de s’être endettés en dollars, souvent à court terme ;

2° Par conséquent, une dévaluation de la monnaie avait pour effet d’alourdir la charge de la dette libellée en monnaie étrangère ou de stopper net les entrées de capitaux.

A

Corsetti, 1998

85
Q

I. Les déterminants principaux d’une monnaie internationale sont :

L’inertie : la formation d’habitudes, des coûts irrécupérables, des rendements croissants liés aux réseaux ou un manque de solutions alternatives crédibles. Il explique le décalage de 70 ans entre le moment où les États-Unis sont devenus la première économie mondiale et où le dollar a détrôné la livre sterling ;

2° Le poids économique : les monnaies des économies les plus grandes en termes de production et d’échanges internationaux, dont les marchés financiers sont les plus profonds et les plus liquides, tendent à être utilisées internationalement. L’incitation, pour un agent économique, à accepter la monnaie émise par un pays donné dépend de la fréquence de ses échanges commerciaux avec les résidents de ce pays ;

3° La crédibilité : les monnaies stables, d’un point de vue domestique et extérieur, sont attrayantes pour les non-résidents comme réserves de valeur.

II. Un système monétaire multipolaire serait sans doute souhaitable.

A. Le risque parfois avancé d’instabilité d’un système monétaire multipolaire, par des retraits massifs d’agents craignants pour la valeur future de leurs avoirs, serait limité :

  • par le degré de substituabilité entre les monnaies de réserve ;
  • par les politiques des gestionnaires de réserves officielles, dotés d’une vision de long terme et plus enclins à la recherche de la stabilité ;
  • comme l’ont montré la crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraines, même lorsque des pays émetteurs de réserves doivent faire face à des chocs de grande ampleur, la capacité de rééquilibrage des portefeuilles de réserves peut rester limitée.

B. Il y a des avantages à la multipolarité :

  • elle contribuerait à résorber d’éventuelles pénuries d’actifs sûrs dans la mesure où l’offre de ces actifs pourrait être plus élastique pour répondre aux besoins croissants de l’économie mondiale et à la demande des économies de marché émergentes ;
  • elle serait un facteur de discipline plus important pour les politiques des émetteurs de monnaie de réserve, qui devraient s’employer à résoudre rapidement toute détérioration de leurs fondamentaux face aux pressions découlant de l’existence de concurrents.

III. L’évolution vers la multipolarité est de toute façon probable, compte tenu des développements de l’euro et du renminbi.

A

Cœuré, 2015, Le rôle international de l’euro: théorie, pratique, et perspectives

86
Q

I. Dans un régime d’imposition optimal, la perte d’efficience induite par le système fiscal est réduite lorsque les taux d’imposition marginaux sont inférieurs pour les individus dont l’offre de travail est plus élastique et donc plus sensible aux taux d’imposition marginaux.

II. Par conséquent, dans un couple, le taux optimal d’impôt sur le revenu pour l’arbitrage entre le travail et le loisir ou l’investissement dans le foyer est plus bas pour la personne qui gagne moins que le conjoint qui apporte le revenu principal du foyer.

A

Boskin et Sheshinski, 1983

87
Q

Filet mondial de sécurité financière (Global Financial Safety Net)

L’ensemble des mécanismes nationaux, bilatéraux, régionaux ou multilatéraux existant pour absorber d’éventuels renversements des flux de capitaux privés.

L’ensemble de mécanismes et d’instruments visant à procurer une assurance pour prévenir ou traiter les crises de balance des paiements en fournissant de la liquidité internationale. Il se compose des réserves de change, des accords de swap entre banques centrales, des ressources du FMI, et des arrangements financiers régionaux.

Il atteignait 10 000 Md de DTS, soit 13 000 Md$ fin 2020

A

FMI, Perks et al., 2021

88
Q

I. Formalisation d’une courbe de Beveridge, en compilant 12 années de données issues de la situation du Royaume-Uni entre 1946 et 1958.

II. Relation théorique inverse entre le taux de chômage et le taux d’emploi vacants :

  • Quand le taux de chômage est faible, le taux d’emploi vacant est élevé ;
  • À l’inverse, quand le taux de chômage est élevé, le taux d’emploi vacant est faible.

III. À fonctionnement du marché du travail inchangé (absence de choc conjoncturel par exemple), l’économie se déplace le long de la courbe de Beveridge. Deux types d’évolution sont possibles :

  1. Une détérioration du fonctionnement du marché se traduit par un déplacement de la courbe tout entière vers la droite ;
  2. A contrario, un meilleur appariement la déplace vers la gauche.

IV. Une réforme structurelle du marché doit donc consister :

  • Non pas à un déplacement vers la gauche, le long de la courbe ;
  • Mais à un déplacement vers la gauche de l’ensemble de celle-ci.
A

Dow, 1958

89
Q

L’offre de travail d’un individu résulte d’un arbitrage entre travail et loisir.

A

Becker, 1965

90
Q

La deuxième moitié du XXe siècle a vu une forte augmentation du taux d’emploi des femmes et de leurs salaires, en raison notamment de la hausse de leur capital humain.

A

Becker, 1964

91
Q

La baisse de la fécondité dans les pays du Nord est liée à l’augmentation de la valeur du temps, en particulier pour les femmes.

A

Becker, 1981

92
Q

Des emplois stables, via notamment des restrictions au licenciement :

  • s’ils réduisent la capacité des entreprises à ajuster leur productivité par la modification de leurs effectifs, favorisent l’acquisition de capital humain spécifique ;
  • Pour les entreprises innovantes, élèvent le coût anticipé de l’échec.

→ Les restrictions à l’emploi incitent à l’innovation au sein des entreprises existantes, plutôt que par des mécanismes schumpétériens de « destruction créatrice ».

A

Scarpetta et Tressel, 2004

93
Q

Des expérimentations contrôlées aux États-Unis et d’autres programmes menés en Europe ont conduit aux conclusions suivantes :

1° Les vérifications strictes des droits à l’indemnisation-chômage et le contrôle de l’activité des chômeurs n’ont pas d’effet significatif sur la réduction de la période de chômage, mais permettent seulement de réduire le nombre de demandes indues de droits ;

2° Un accompagnement individualisé des chômeurs, c’est-à-dire des conseils et aides personnalisés et un suivi renforcé permet :

  • de réduire significativement la durée du chômage ;
  • d’offrir à ses bénéficiaires l’accès à des emplois mieux payés (⚠️ ce qui est un indicateur de la qualité de l’appariement) ;
  • Cet accompagnement doit intervenir le plus tôt possible dans la période de chômage pour produire des effets.
A

Fougère, 2000

94
Q

I. Selon le premier auteur, la différence de PIB par habitant entre les États-Unis et l’Europe ne reflète pas une performance économique insuffisante de la zone euro.

Les productivités seraient comparables, mais la différence de PIB s’expliquerait une « préférence pour le loisir » des Européens :

Tandis que les Américains auraient choisi d’allouer leurs gains de productivité à leurs revenus, les Européens les auraient alloué à leurs loisirs, en choisissant de travailler moins longtemps.

⚠️ Cette analyse est contestée par le troisième auteur, appelé à commenter les deux autres :

La productivité européenne peut être surestimée parce qu’une partie importante des personnes faiblement qualifiées, à faible productivité, est exclue du marché du travail.

II. Pour le second auteur, malgré l’existence d’un processus d’intégration économique très avancé et unique au monde, l’Europe demeure encore une collection d’exceptions nationales qui empêchent toute généralisation excessive. À l’idée d’une Europe au marché du travail uniformément rigide, il oppose l’extrême flexibilité du marché britannique ; à celle d’un choix à faire entre protection sociale et compétitivité, il oppose l’ensemble de l’Europe du Nord. Pour lui, l’avancée de l’intégration européenne ne résoudra pas mécaniquement les problèmes de chaque État en l’absence d’arbitrages nationaux.

⚠️ Pour le troisième auteur, le fond de l’affaire réside dans l’absence de choix fait entre deux modèles : celui d’une souveraineté collective appuyée par des moyens incitatifs (budget européen), celui d’un modèle concurrentiel où les plus dynamiques tireraient les autres vers le haut.

A

Blanchard et Wyplosz, Deux thèses hétérodoxes sur l’économie européenne,

Pisani-Ferry, Contrepoint (même publication)

2004

95
Q

De la Préhistoire à la fin du Moyen-Âge, le revenu moyen dans le monde fluctue autour de 450 $ (2007) par habitant et par an.

Il passe à 650 $ annuels entre 1400 et 1800.

Décollant avec la révolution industrielle, il dépasse les 1500 $ à la veille de la première guerre mondiale.

En 2003, il atteint 6 500 $.

D’après les projections de l’auteur, le PIB par habitant moyen atteindrait 11 700 dollars en 2030.

A

Maddison, 2007

96
Q

I. A. Une mutation des croyances a été opérée en Europe entre 1500 et 1700 : les hommes ont pris conscience qu’ils pouvaient utiliser la science pour contrôler leur destin mais aussi la Nature.

B. L’affirmation d’une culture européenne spécifique aurait été le facteur décisif des transformations économiques et sociales relevant de la révolution industrielle, expliquant la « grande divergence » avec la Chine.

II. Des explications culturelles permettent ainsi de relier l’explosion de la croissance aux Lumières en Europe et à leurs deux piliers :

  • la compréhension de la nature (à la base du progrès technique) ;
  • l’idée que le pouvoir et le gouvernement doivent servir la société dans son ensemble.

Les synergies puissantes entre ces deux idées ont déclenché et soutenu l’explosion de la croissance. Le progrès est finalement devenu une valeur en soi.

A

Mokyr, 2017

97
Q

Il a fallu longtemps pour que l’invention de l’électricité affecte (positivement) la productivité.

En étudiant l’introduction de l’électricité aux Etats-Unis, l’auteur montre que, pour qu’une usine profite au mieux de l’électricité, elle devait restructurer radicalement sa façon de travailler.

Le gain de productivité n’est apparu que dans les années 1920, soit quarante ans après l’apparition de la première centrale électrique.

A

Paul David, 1990, « The dynamo and the computer »

98
Q

I. Les TIC suscitent un type d’innovations qui affectent beaucoup moins la productivité que les précédentes vagues d’innovations :

  • L’emploi global a été beaucoup plus lié au PIB qu’à l’informatisation ;
  • et, à l’exception de la fin des années 1990 où les investissements ont été massifs dans les matériels et équipements, les promesses de gains de productivité liés aux TIC n’ont pas été tenues.

II. L’analyse rejoint celle d’Acemoglu et al. (2014), selon lesquels l’impact des industries ICT (Information, Communication et Technologie) sur la productivité n’est visible que sur les secteurs en question, qui ne représentent qu’une modeste part du PIB, mais non sur le reste de l’économie.

A

Gordon, 2016

99
Q

I. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont profondément modifié les habitudes de travail et les interactions entre les individus. Elles ont fait évoluer les pratiques des entreprises et de l’administration.

II. L’importance accordée à l’innovation est remise en question : comparée au progrès technologique (notamment le développement des semi-conducteurs dans la puissance de calcul informatique), elle n’a joué en fait qu’un rôle relativement modeste, qui ne justifie pas sa place centrale dans les théories modernes de la croissance économique.

III. Les politiques économiques devraient donc mettre l’accent sur la remise en cause de leurs modèles pour tenir compte du progrès technologique.

A

Jorgenson et Vu, 2016

100
Q

Les variables qui exercent un effet significatif sur le PIB par tête de long terme sont :

La qualité du capital humain : niveau d’éducation, espérance de vie ;

Le bon fonctionnement des marchés : degré de concurrence, distorsions introduites par l’intervention de l’État, corruption ;

La stabilité macroéconomique (notamment la stabilité des prix) ;

L’instabilité politique (guerres, coups d’état, ou simplement alternance entre partis politiques).

A

Barro et Sala-ì-Martin, 1995, Economic Growth

101
Q

Au niveau mondial, la redistribution opérée par les impôts et transferts a un impact limité sur les inégalités.

Celles-ci dépendent bien davantage :

  • Des forces motrices de la rémunération du capital et du travail ;
  • De l’impact politique et économique cumulatif de la concentration du revenu ;
  • Du rôle des inégalités de patrimoine.
A

Piketty, 2013, Le capital au XXIe siècle

102
Q

I. A. Fonction de production à facteurs complémentaires qui adapte la théorie de Keynes au long terme :

1° La première contribution cherche à dynamiser la théorie keynésienne pour en faire un modèle de la croissance de long terme ;

2° Puisqu’à court terme, le seul effet de l’investissement est celui du multiplicateur keynésien de la demande, la seconde montre que l’investissement joue également un rôle sur l’offre.

B. Il s’agit de l’ancêtre des modèles de la théorie de la croissance exogène, notamment du modèle de Solow (1956).

II. Les modèles, qui ne se prétendent pas réalistes, prédisent un déséquilibre croissant entre capital et travail, jusqu’à ce que l’insuffisance de capital bride la croissance.

III. La croissance économique étant instable, cela justifie l’intervention de l’État.

A

Harrod, 1939, et Domar, 1946 (Modèle Harrod-Domar)

⚠️ Il s’agit de deux contributions séparées. Elles ont fourni une justification théorique aux politiques d’aide à la reconstruction de l’immédiat après-guerre (plan Marshall de 1947).

103
Q

I. Modèle constituant toujours aujourd’hui un cadre de référence de l’analyse néoclassique de la croissance.

II. Sur le sentier de croissance :

  • les marchés sont en équilibre ;
  • les facteurs de production sont substituables ;
  • le rendement marginal du capital est décroissant : l’incitation à investir disparaît quand le rendement marginal est égal au coût d’usage du capital.

II. Le modèle s’appuie sur deux courbes majeures : celle de l’augmentation de l’épargne, et donc du capital, et celle de la dépréciation du capital. La dépréciation est représentée par une courbe linéaire, tandis que l’épargne cesse de croître après une certaine quantité dépassée.

En effet, l’incitation à accumuler du capital diminue au fur et à mesure que l’économie croît, et elle disparaît lorsqu’une hausse supplémentaire du stock de capital coûte davantage qu’elle ne rapporte en termes de production.

III. Toute économie atteint à un moment un point où toute augmentation des facteurs de production n’engendrera plus d’augmentation de la production par tête. Ce point correspond à l’état stationnaire, où chaque économie est censée converger à terme.

Cette prédiction étant irréaliste, un facteur supplémentaire doit expliquer la poursuite de la croissance : c’est le progrès technique. Les équations ne permettant pas d’établir son origine, il est exogène au modèle, et ainsi appelé « résidu ».

A

Solow, 1959 et Swan, 1956 (Modèle de)

Modèle constituant toujours aujourd’hui un cadre de référence de l’analyse néoclassique de la croissance.

104
Q

Analyse du processus de destruction créatrice par lequel une innovation majeure conduit à la disparition de la génération précédente de produits ou de procédés.

Les entrepreneurs engagent des ressources pécuniaires et humaines pour trouver et exploiter les technologies nouvelles. Ils risquent à tout instant d’être évincés par une innovation concurrente, mais tant que l’innovation concurrente n’est pas là, l’entreprise innovante fait du profit.

La perspective de ce profit constitue l’incitation à innover, et c’est parce que ce profit est construit sur l’élimination des innovations de la génération précédente que l’auteur parle de destruction créatrice.

A

J. Schumpeter, 1942, Capitalisme, Socialisme et Démocratie

105
Q

Exemple de « dépendance au sentier » (Path Dependency) :

1° Adopté dans les années 1870 par l’un des premiers fabricants de machines à écrire, la société Remington, le clavier QWERTY minimisait le risque d’enchevêtrement des touches quand l’utilisateur frappait rapidement. Il a été repris par tous les concurrents, alors même que les études ont montré qu’il n’était pas optimal ;

2° Le système DSK (Dvorak Simplified Keyboard), breveté en 1932, qui permettait de frapper beaucoup plus vite, n’a pas réussi à le supplanter. Le système QWERTY s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui sur les claviers d’ordinateurs, alors que la raison initiale de son existence a disparu depuis bien longtemps.

A

Paul David, 1985, “Clio and The Economics of QWERTY : The constraints of history”

106
Q

I. Le commerce, via la réduction des barrières commerciales et les progrès des technologies de la communication, a contribué à mondialiser les chaînes de valeur globales (CGV).

Ce phénomène a renforcé la concurrence et élevé la productivité d’ensemble.

II. Les CGV ont tendance à s’organiser au niveau régional.

A

Baldwin, 2016, The Great Convergence

107
Q

I. La différenciation des produits est une stratégie visant à introduire une distinction entre, d’une part, le produit fabriqué et vendu par l’entreprise et, d’autre part, les produits des concurrents.

Le but est de réduire l’âpreté de la concurrence quand il y a homogénéité des produits proposés par les différentes entreprises, et donc quand il y a substituabilité entre eux. Le producteur qui différencie son produit réussit ainsi à s’approcher des conditions du monopole (production assurée par une seule entreprise), même si celui-ci est limité dans l’espace et dans le temps.

II. Ce comportement reproduit par plusieurs entreprises sur un marché conduit à une situation de concurrence monopolistique.

A

Edward Chamberlin, The theory of monopolistic competition, 1933

108
Q

Les inégalités de salaires, qui proviennent d’inégalités dans les rendements de l’éducation, encouragent l’offre de compétences, et même si ce n’est pas désirable en soi, cela peut augmenter le niveau de vie pour tout le monde.

A

Deaton, 2013

109
Q

Les moins favorisés accroîtraient leur endettement pour soutenir leur consommation lorsque leur revenu stagne. Le gouvernement peut être tenté de réagir à une hausse des inégalités par un assouplissement des conditions de crédit pour les ménages les plus pauvres, ce qui peut finalement conduire à des situations de surendettement.

📚 Empiriquement contesté par (2°).

A

Rajan, 2010

Cournède et Denk (2017)

110
Q

L’augmentation des inégalités qui a réduit les revenus des 95 % du bas de la pyramide a commencé autour de 1980. Pour stabiliser son niveau d’endettement, ce groupe aurait dû réduire la proportion de son revenu consacré à la consommation, ce qu’il n’a pas fait jusqu’en 2006, et son endettement a drastiquement augmenté, contrairement au top 5 % des revenus. Durant la Grande récession, la réduction attendue s’est produite, avec la baisse de la consommation du bottom 95 %.

Cette accentuation des inégalités et le niveau de demande qui en découle expliquerait en partie la lenteur de la reprise.

A

Cynamon et Fazzari, 2015

111
Q

I. Proposition d’un modèle théorique avec des citoyens inégalement dotés en capital et où l’imposition finance l’investissement public et la redistribution.

II. Plus les inégalités augmentent, plus le taux d’imposition augmente également et plus la croissance se réduit. Ceci ne vaut seulement que pour des niveaux élevés d’imposition : l’imposition et les dépenses publiques qui sont associées à des niveaux plus faibles d’inégalités augmentent la croissance.

En effet, plus la répartition primaire des revenus est inégalitaire, plus l’électeur médian vote en faveur d’une fiscalité redistributive, jusqu’au point où le taux de prélèvement sur les revenus élevés, qui redistribue la rente vers le facteur travail et la consommation des plus pauvres, devient un frein à l’accumulation de capital et donc à la croissance.

A

Alesina et Rodrik, 1994

112
Q

Les institutions sont définies comme « les règles du jeu dans la société ou, plus formellement, les contraintes créées par les hommes qui régissent les interactions humaines ».

A la suite de Coase, l’auteur met l’accent sur les coûts de transaction qu’induit un environnement institutionnel de faible qualité et insiste sur l’importance de la sécurité des contrats.

Les institutions ont donc joué un grand rôle pour permettre la Révolution industrielle. Le décollage des futurs pays avancés doit presque tout au développement des brevets, qui ont rendu possibles les innovations.

A

North, 1990

113
Q

Théorie de l’origine juridique :

Les pays comme la France et ses anciennes colonies, s’inscrivant dans une tradition de droit civil héritée du droit romain, souffriraient d’un Etat pesant, voire spoliateur, d’une réglementation faisant obstacle à l’initiative économique – bref d’institutions moins flexibles qui conduisent à un développement moins rapide.

Au contraire, le Royaume-Uni et ses anciennes colonies, qui ont hérité d’une Common Law fondée sur la jurisprudence, bénéficieraient d‘institutions plus flexibles et d’une meilleure protection des droits de propriété.

📚 Legal Origins Theory. Cf. “La Legal Origins Theory : droit, économie, idéologie”, Vandenbulke, 2017/1, RIDE

A

La Porta, Lopez-de-Silanes, Shleifer et Vishny, “The Quality of Government”, 1999

114
Q

I. Réplication des études françaises (Kramarz et Philippon, 2000) et américaines (Card et Krueger, 1994) en appliquant la même méthode aux données des deux pays :

Elle consiste à analyser à la fois les effets directs d’un changement du salaire minimum réel et les effets résultant des différents comportements des individus proches les uns des autres dans la distribution des salaires à la suite de ces hausses ou baisses du salaire minimum réel.

II. Elle confirme qu’une hausse du salaire minimum est beaucoup plus défavorable à l’emploi en France qu’aux Etats-Unis.

A

Abowd et al., 2000

115
Q

I. À partir des études disponibles, les auteurs ont conclu que les allégements de cotisations sociales antérieures à 1997 ont accru l’emploi de 200 000 à 400 000 unités, pour un coût net par emploi de l’ordre de 8000 à 28 000 €.

II. Les allègements de cotisation sociale sur les bas salaires peuvent avoir un effet positif sur l’emploi en raison de deux effets qu’elles peuvent entraîner :

1° Un « effet de substitution et d’assiette » : la baisse du coût relatif du travail par rapport au capital conduit à une nouvelle combinaison des facteurs de production favorable à l’emploi ;

2° Un « effet volume » : la baisse des coûts de production induit une baisse des prix de vente ainsi que des prix de consommation. Cela génère à la fois une hausse de la compétitivité à l’extérieur, une hausse du pouvoir d’achat à l’intérieur, ce qui stimule la demande et donc la création d’emploi.

III. Les effets des allégements de cotisations sociales patronales sur l’évolution des salaires sont a priori ambigus :

  • La baisse du chômage ainsi que le partage du surplus entre salarié et employeur peuvent conduire à une hausse des salaires négociés ;
  • Inversement, la progressivité des taux de cotisation peut limiter la progression des salaires, en rendant plus coûteuse pour l’employeur l’augmentation de salaire avec les gains de productivité.

⚠️ Les études empiriques existantes ne permettent pas de conclure à l’existence d’effets significatifs de « trappe à bas salaires ».

A

Nouveau et Ourliac, 2012

116
Q

En 2014 en France, 60 % des chômeurs au sens du BIT n’avaient pas dépassé le secondaire.

Pour rappel, c’était alors le cas de 23 % des 15-64 ans en France, contre seulement 10 % aux Etats-Unis et 9 % en Pologne.

A

France Stratégie, 2016, « Quels leviers pour l’emploi ? »

117
Q

I. L’introduction en 2015 d’un salaire minimum fédéral allemand a donné lieu à controverses, mais il ne semble pas qu’elle ait nui à l’emploi agrégé.

II. Cependant, les premières évaluations indiquent qu’elle l’a réduit :

  • dans les Länder de l’Est, où la proportion de salaires inférieurs au nouveau minimum légal était sensiblement plus importante ;
  • ainsi que dans les entreprises faisant face à une concurrence intense.
A

Bossler et Gerner, 2016

118
Q

Synthèse de plusieurs études sur le rapport entre salaire minimum et demande de travail :

1° Les résultats trouvés par Card et Krueger (1994) peuvent être nuancés : ils peuvent varier en fonction du groupe de contrôle (en l’espèce, leur étude portait sur les fast-foods) ;

2° Confirmation des résultats de l’étude de Kramarz et Philippon (2000) : en France, une augmentation de 1 % du salaire minimum diminue la probabilité de conserver son emploi de 1,3 % pour les hommes, et de 1 % pour les femmes.

A

Cahuc et Carcillo, 2014

119
Q

Hypothèse de « routinisation »

I. L’adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC) :

  • réduit la demande pour des tâches routinières et prévisibles qui peuvent être automatisées et exécutées par des robots ;
  • et augmente simultanément la demande des tâches non répétitives, analytiques et intellectuelles.

II. A. Le remplacement des tâches routinières concerne les travailleurs situés au milieu de la distribution des salaires comme les ouvriers qualifiés et les employés de bureau. Il augmente la demande en salariés très qualifiés qui occupent des emplois dans la tranche supérieure de la distribution des salaires (chefs d’entreprise, dirigeants, cadres et autres professionnels hautement qualifiés).

B. En même temps, la réduction de la demande d’emploi en salariés intermédiaires entraîne une augmentation mécanique de l’emploi dans les postes à bas salaire par la déqualification des travailleurs à salaire intermédiaire licenciés et par les changements d’opportunité d’emploi pour les jeunes arrivant sur le marché du travail.

A

Autor, Levy et Murnane, 2003

120
Q

L’importance croissante du capital immatériel pourrait aider à comprendre la dynamique potentiellement structurelle derrière la « stagnation séculaire ».

On peut identifier quatre canaux de compréhension de ce phénomène :

1° Les difficultés croissantes à correctement mesurer l’investissement via des actifs intangibles ;

2° La spécificité du capital immatériel a généré plus d’externalités ;

3° Le fait que cette spécificité a également exacerbé l’écart entre les entreprises à la frontière technologique de leur secteur et les autres ;

4° Des externalités décroissantes des actifs intangibles liées possiblement à la difficulté des nouvelles entreprises à s’approprier le capital immatériel ou à la nature de type « recherche de rente » d’une part des actifs intangibles.

A

Haskel et Westlake, 2017

121
Q

I. La financiarisation peut se définir comme la prise par la finance d’une place de plus en plus grande dans la vie économique. Elle est observable au travers des indicateurs de la comptabilité nationale, par exemple la place de la valeur ajoutée du secteur financier dans le PIB.

II. A. La financiarisation se traduit généralement par une augmentation des inégalités (b. ?) : les ménages les plus aisés profitent le plus des opportunités offertes par le crédit, y ayant un meilleur accès. Par conséquent, à l’opposé de l’hypothèse de (c. ?), il apparaît que l’accumulation du crédit contribue au creusement des inégalités.

B. L’exploitation d’une base de microdonnées en zone euro montre que l’hypothèse de (c. ?) ne s’y confirme pas (a.).

III. Une plus grande place pour les actions cotées dans le financement de l’économie se traduit aussi par davantage d’inégalités de revenu (a.).

A

a. Cournède et Denk, 2017
b. Cournède et Denk, 2015
c. Rajan, 2010

122
Q

Les politiques socio-fiscales d’allégements sur les bas salaires :

  • auraient permis la survie de certaines entreprises à faible productivité et positionnées sur des produits de médiocre qualité ;
  • décourageant ainsi la réallocation des facteurs de production vers les entreprises les plus performantes ;
  • et perpétuant une orientation défavorable de l’appareil productif vers des emplois pour lesquels la France n’a pas d’avantage comparatif.
A

Carbonnier et al., 2015